La dynamique fondamentale du postmofascisme, du postmodernisme au service de l'ordre : la politique du trou noir.
Créer un trou noir, ou du moins un brouillard, un brouillage radio complet, au centre fondamental de chaque problème du monde qui nous entoure.
Ce cœur fondamental ne serait "pas si important" et il serait "réductionniste", "déterministe", ou simplement oppresseur (voulant silencier les opprimé-e-s) de "tout vouloir y ramener".
De cette manière, se forme la CERTITUDE pour le Système... que tous ces problèmes ne seront jamais résolus. Car on ne peut pas les résoudre si on en nie le "nœud". Au "mieux", on rénovera les choses sous des apparences plus "safe".
Il est temps que nous comprenions, que nous nous gravions dans la tête cette dimension contre-révolutionnaire fondamentale de l'entreprise postmoderne.
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Concrètement : je crois que je viens de réaliser qu'il y a une problématique passée inaperçue dans le bouquin de Blanchard.
En fait, ça va peut-être (la débauche d'images sexuelles) au delà du simple "argument de vente"...
Ça va à ce qu'en liant intrinsèquement le colonialisme à une appropriation du corps des femmes / dévirilisation des hommes, et vous aurez sans doute constaté que la plupart des images sont en noir et blanc, autrement dit "ça date" ; en faisant de cela le leitmotiv pratiquement, et non une conséquence... eh ben quelque part on sous entend qu'un "bon" colonialisme (ou néocolonialisme) pourrait exister. Si les colons, soldats impérialistes, expats etc. ne font pas ça, ou du moins, si on ne peut pas l'empêcher ("les hommes n'étant que des hommes"...) mais on s'en indigne médiatiquement et on punit ce qui sort au grand jour.
Parce qu'on aura relégué au second plan ce qui est le vrai fond de l'affaire : la dépossession d'un pays, d'un peuple de sa terre, de ses ressources, du fruit de son travail (et effectivement l'asservissement de la force de travail peut devenir esclavage sexuel pour les femmes, ou dans une optique de crime de guerre et de nettoyage ethnique, "il en sortira des métis et ce sera déjà mieux que des purs sauvages", certes, mais...).
Par exemple il me semble que des atrocités qui nous remontent quotidiennement de Palestine, il y en a finalement peu de ce registre.
"L'armée la plus morale du monde", n'est-ce pas... Une armée mixte, qui fait fouiller les femmes indigènes par des femmes par exemple. Les Palestiniens sont tellement dans le non-être, "là mais ne devant pas l'être", n'ayant de réelle vocation que de partir, qu'il n'y a qu'un relatif asservissement de leur force de travail et pas vraiment d'entreprise de s'approprier les Palestiniennes. Je crois même que si une telle affaire devait buzzer, il y aurait spectacle de procès et condamnation des auteurs (quitte à les libérer au bout d'un an ou deux).
Alors donc, en Palestine, pas de colonialisme ? C'est l'argument que n'importe quel sionard de gauche pourrait sortir.
«La grande question de la colonisation, ce n’est pas la conquête des territoires, c’est le partage des femmes, assure l’historienne Christelle Taraud, qui fait partie des cinq coordinateurs de l’ouvrage, enseignante à Columbia University. S’installer dans le ventre de la femme, déviriliser les hommes, c’est la domination la plus radicale, inscrite dans le sang et plus seulement dans le sol.»
https://www.liberation.fr/debats/2018/09/21/colonies-les-racines-d-un-racisme-nomme-desir_1680447
Ce genre de coup de pied dans le matérialisme le plus élémentaire me dérange...
Il ne fait aucun doute que la dimension sexuelle de l'impérialisme (colonialisme direct, indirect etc.) n'a pas disparu et ne disparaîtra pas.
Rendre l'impérialisme 'safe' ne consiste pas et ne peut pas consister à ce que cela disparaisse.
Pour que quelque chose soit safe, il suffit que les gens soient woke et que les violences soient call-out.
C'est ça le concept, qui n'a jamais consisté à ce que les problèmes soient résolus et disparaissent. D'ailleurs ils ne le peuvent (au bout de la logique postmo) pas vraiment, car les violences sont pratiquement 'dans la nature' immuable des groupes sociaux auteurs.
Un impérialisme 'safe' ne serait donc pas un impérialisme sans violences, notamment sexuelles, le continuum serait tout à fait là ; mais un impérialisme où l'on serait woke à leur sujet, et les call-outerait.
Dès lors, dans l'esprit de nos chers postmos, le monde aurait changé. Commencé à changer, du moins.
Puisque de toute façon, la conquête d'un pays (appropriation par le conquérant, dépossession de son peuple) n'est pas la "grande question" (WTF !!!), cf. la citation ci dessus.
[Et d'ailleurs... Il est toujours extrêmement intéressant de regarder les lauréats du PRIX NOBEL (de la Paix surtout)) pour saisir "l'esprit du temps" ; et en l'occurrence cette année, les heureux récompensés semblent indiquer un mouvement totalement dans le sens de ce que nous venons de dire, à savoir, rendre plus "safe" le (néo) colonialisme, avec le docteur congolais Denis Mukwege, engagé corps et âme contre le viol de guerre dans ce pays ; mais attention, sans oublier bien sûr ("en même temps"...) de cibler "l'impérialisme islamiste" avec la yézidie Nadia Murad, rescapée de la mise en esclavage sexuel de plusieurs milliers de femmes de cette communauté par Daesh : https://mobile.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/offensive-jihadiste-en-irak/nadia-murad-prix-nobel-de-la-paix-est-un-etendard-de-la-blessure-yezidie-pour-l-association-des-yezidis-de-france_2972137.htm]