Au sujet du mouvement des Bonnets rouges, on peut aussi (encore une fois) vous inviter à lire cette mise au point par des militant-e-s libertaires breton-ne-s ayant participé aux mobilisations :
Une autre vision des Bonnets rouges
Toujours sur le même sujet, l’OC-FR et le PCmF ont récemment publié la très juste (bien qu’un peu obséquieuse à notre avis) réponse suivante à un communiqué du ROCML (dont l’OC-FR est issue par scission et dont SLP a été quelques mois ‘‘compagnon de route’’ avant de prendre des distances salutaires), qui les attaquait à mots couverts :
Communiqué en réponse au communiqué du ROCML "Carhaix et Quimper, deux manipulations"
À la fin de l’article OC-FR/PCmF, on apprend que ces derniers, pour leur relatif soutien à la manif de Quimper, se seraient vus traités de ‘‘fascistes rouges’’ par des éléments du ROCML… À ce tarif-là, par déduction, nous à SLP devrions carrément être des néo-nazis ! Ceci nous oblige (et autorise) donc à publier les commentaires suivants (à l’origine ce sont des commentaires Facebook, donc ne vous formalisez pas si c’est un peu ‘décousu’), afin de mettre quelques points sur les i… Nous précisons bien qu’il s’agit là de la position de SLP et SLP seul, validée par le Comité de Construction du PCR des Terres d’Òc, et non de celle de l’OC-FR et du PCmF qui est en lien ci-dessus.
Voici ces (modestes) commentaires :
Nous pensons qu'il y avait moyen de faire encore plus bref (que l’article de l’OCFR). La position du ROCML (que voici dans le texte, histoire qu'il n'y ait pas d'embrouille) : "Si des travailleurs sont conduits à servir de force d’appoint à l’une ou l’autre fraction de la bourgeoisie, la raison fondamentale en est la domination sans partage chez les exploités des illusions et pratiques réformistes de collaboration de classe propagées par tous les courants politiques de gauche et de la gauche radicale. Illusions qui font obstacle à l’émergence d’un véritable Parti communiste seul capable de conduire les travailleurs à lutter pour ses seuls intérêts de classe face à la bourgeoise. Si ce Parti existait, il serait possible de défendre des mots d’ordre de classe contre les licenciements plutôt que de s’unir aux exploiteurs locaux qui n’ont pour but que leurs profits, même s’il faut pour cela sacrifier l’emploi d’ouvriers trompés qui manifestent avec eux aujourd’hui" ; et bien cela s'appelle tout simplement BOTTER EN TOUCHE, et joliment avec ça.
"Ah oui il faudrait qu'il y ait un Parti révolutionnaire du prolétariat"... oui, ce serait bien en effet. Beaucoup mieux que maintenant. Il faudrait. "Yakafaukon"... Mais bon : il n’y en a pas, pas de massif et audible en tout cas. Rien qui ressemble de près ou de loin à la SFIC des années 1920-30 avec sa CGTU, ni même à la galaxie ML/mao des années 1968-75 (PCMLF, GP, UCFML, GOP et compagnie)... Cela, le prolétariat et les autres classes populaires l'auront remarqué, merci. Par contre, au détour d'une buvette CGT en manif ou d'une navigation sur le net, ils/elles peuvent être amené-e-s à rencontrer des gens qui PRÉTENDENT être cela dans un futur le plus proche possible : ROCML, OCFR, PCmF, CC-PCRÒC... (pour ne parler que des forces ML et MLM). Et ce qu'ils/elles sont en droit d'attendre de ces gens prétendant être leur avant-garde de demain, c'est une POSITION sur des évènements comme ceux de Bretagne, qu'ils vivent directement s'ils/elles sont sur place, ou sinon par la une des JT tous les soirs à 20h (et des journaux gratuits tous les matins dans le bus). Une POSITION. "Tout sera réglé quand y aura le Partiiiiiii", ce n'est pas une position, désolés.
En ce qui le concerne, le Comité de Construction du Parti communiste révolutionnaire des Terres d'Òc assume les positions suivantes, publiées sur SLP :
http://servirlepeuple.over-blog.com/article-breizh...
http://servirlepeuple.over-blog.com/article-esclave...
http://servirlepeuple.over-blog.com/article... (point 1 mais le 3 et le 4 sont en relation aussi)
http://servirlepeuple.over-blog.com/article... (tout les points sont plus ou moins en relation)
Bien sûr d'aucuns diront que c'est "intellectualoïde"... toujours la même rengaine pour ensuite pondre des communiqués CGT ou LO "améliorés".
(Et puis nous allons un petit peu sur le fond du texte ROCML et là) énormissimou : "Aujourd’hui, l’organisation du mouvement ouvrier révolutionnaire est inexistante. Le prolétariat n’a aucun moyen de s’exprimer de manière indépendante des partis bourgeois."... Ah bon ? Il nous semblait pourtant qu'il y avait quelque chose appelé le ROCML, certes petit mais premier et invincible noyau fondateur du Grand-Parti-qu'il-faut-à-la-classe-ouvrière, sous les 4 lumineuses bobines de Marx-Engels-Lénine-Staline... Waouh la confiance en soi ! Tout un texte pour dire en définitive : "le problème... ben c'est que nous les auteurs de ces lignes on sert à rien, en fait".
Et puis le gros titre mensonger, la presse bourgeoise nous y avait habitués et peut-être l'Huma de l'époque Marchais (il faudrait trouver des exemplaires...), mais pour des ML c'est quand même violent : "CARHAIX ET QUIMPER, DEUX MANIPULATIONS"... ok, donc ni-ni a priori... sauf que non. Le ROCML a bel et bien une position : "Cependant le ROCML estime que c’est à Carhaix que les communistes devaient être". Cela pour "diffuser l’esprit de classe parmi les travailleurs et pour en démasquer les buts politiques", mais aussi parce que fondamentalement "l’appel à manifester à Carhaix contenait avec raison la nécessité de faire entendre des revendications des travailleurs. Il était juste de se démarquer des buts réactionnaires de la manifestation de Quimper". Autrement dit la CGT, le FdG et compagnie avaient "raison" dans leur tissu de langue de bois mensongère, bien plus digne de Brejnev que de "Saint" Staline sur lequel le ROCML se pignole. Leur seul tort, en "agitant le spectre de la chouannerie", aurait été d'avoir des "buts politiques" : "se poser en alternative à la gauche du gouvernement PS". Ah ok, on comprend mieux. Il fallait donc "diffuser l’esprit de classe parmi les travailleurs" (par "travailleurs" entendre les 4 tondus syndicalistes professionnels et un tambour qu'il y avait à Carhaix, environ 1.000 personnes apparemment, principalement des "militants professionnels", des permanents, des DS, quelques fonctionnaires sans doute et la "militance" FdG et EELV), histoire sans doute qu'ils apprennent à s'exprimer de manière indépendante... sous l’œil vigilant des buros cégétistes et mélenchonistes. Le tort des appelants n'étant pas de n'avoir STRICTEMENT RIEN COMPRIS à ce qui est en train de se passer, car strictement rien compris à la lutte populaire révolutionnaire comme mouvement SE DÉPLOYANT DES PÉRIPHÉRIES VERS LES CENTRES ; et même PIRE que cela : de DÉFENDRE ouvertement l'autorité du Centre parisien, ignoblement défiée par ces "identitaires" de Bonnets rouges, ces "petits bourgeois chouans" (au passage, la Basse-Bretagne n'était pas tellement le bastion de la Chouannerie, qui était plutôt la Haute-Bretagne, la Mayenne et l'Anjou)… Mais simplement de "servir des buts réformistes". Quand on ne sait plus comment maquiller son jacobinisme culturel ! (sans doute bien ancré dans les esprits pour des profs et autres serviteurs du système qu'ils prétendent combattre)... no comment.
À un moment donné, il faut savoir : soit un mouvement est "corporatiste" soit il est DE MASSE... donc forcément interclassiste. Dans le sens où, les corporations n'existant plus depuis 1791, ce que l'on entend par "corporatiste" aujourd'hui veut en réalité dire "sectoriel" : mouvement STRICTEMENT de fonctionnaires, mouvement STRICTEMENT de postiers ou de cheminots ou de dockers, mouvement STRICTEMENT étudiant, mouvement STRICTEMENT de salariés d'une boîte qui ferme ou d'un secteur qui s'effondre localement, et dont les autres boîtes ou secteurs n'ont strictement rien à battre. Autrement dit, tous les mouvements qui peuvent être aussi massifs qu'ils veulent mais qui ne feront JAMAIS une révolution ni un début de commencement, puisque les secteurs sociaux non concernés s'en tapent. A contrario, un mouvement DE MASSE va PAR DÉFINITION être INTERCLASSISTE et PAR DÉFINITION (dixit Lénine) amener sont lot de "fantaisies (et d'éléments, et d'activistes !) réactionnaires". Mais c'est pourtant le seul truc qui commence à avoir un intérêt dans une lutte prolongée pour la prise de pouvoir révolutionnaire. La première chose que nous DÉFENDONS ouvertement chez les "Bonnets rouges", c'est que c'est sans doute l’un des premiers mouvements DE MASSE que nous amène la phase terminale de la crise générale du capitalisme EN HEXAGONE MÊME (avant il y avait eu le LKP, mais c'était de l'autre côté de l'Atlantique). Bien plus sans doute que le mouvement des retraites en 2010, et celui-ci concernait de toute façon UNE mesure gouvernementale : la "réforme des retraites". Là, les Bonnets rouges - comme le LKP hier - sont un soulèvement GÉNÉRAL contre la situation d'un territoire (d'une PÉRIPHÉRIE) donné, la Bretagne, même si les médias mettent en avant la question de l'écotaxe parce que c'est la question qui permet de dire que "le problème de l'emploi ce sont les charges sur les entreprises". Mais la question qui secoue actuellement la Bretagne, en réalité, ce n’est pas l'écotaxe : c'est "la Bretagne coule, SOS" ! Ce qui, quelle que soit l'issue du mouvement, peut commencer à amener chez certaines personnes un début de compréhension des enjeux véritables : le système capitaliste BBR, la place et le rôle de la Bretagne dedans... et comment en sortir, ce qui amène forcément à la conclusion "dieub ha sokialour" (libération et socialisme), autrement dit RÉVOLUTION. Alors qu'un mouvement contre une "réforme" des retraites, eh bien c'est contre une "réforme" des retraites, point à la ligne. À partir de là, si le gouvernement recule c'est cool, on rentre dans les chaumières ; s'il recule à moitié c'est moitié cool et la moitié rentre dans les chaumières (l'autre moitié continue quelques semaines puis s'essouffle) ; et s'il ne recule pas on le sanctionne aux prochaines élections, en espérant que les nouveaux gouvernants reviennent (au moins partiellement) dessus, ce qu'ils ne feront pas, mais ce que la gauche ne fait pas, remettre la droite ne le fera pas non plus, bref le serpent se mord la queue.
Notre position de communistes révolutionnaires occitans est claire, d'autant plus claire que nous avons connu il y a longtemps (1907) un mouvement de même nature (agricole au départ, puis interclassiste). Ce qu'il se passe aujourd'hui en Bretagne est le strict équivalent de ce mouvement, et du LKP en 2009 aux Antilles : le VENT DE LA PÉRIPHÉRIE QUI SE LÈVE ET DÉFIE LE CENTRE. La crise du capitalisme plonge une terre et son Peuple dans la misère, et ce peuple réagit. Avec son lot de positions et d'idées non-communistes, forcément puisque le mouvement est interclassiste (et la conception communiste du monde, de toute façon, est encore très faible dans les masses populaires). Aujourd'hui, on nous dira que le LKP était une coalition syndicale et n'avait rien à voir avec un mouvement soi-disant "à la solde des patrons". Sauf que d'une, il y avait certainement autant de petits capitalistes (formels ou informels) dans le LKP que dans les Bonnets rouges actuels, puisque ce n'était pas un mouvement contre une mesure en particulier mais contre l'effondrement du pouvoir d'achat (pour cause de monopole de la distribution, aggravant la situation "ultra-périphérique" des îles). Et de deux, les mêmes qui diront cela pointaient en 2009, avec un œil de vigiles du temple BBR, les "tentations séparatistes" et autre "racisme anti-blancs" du mouvement antillais.
Quand les fonctionnaires ou les employés publics ou les profs bougent, ce sont toutes les catégories qui bougent, des C aux A, sauf le grand dirlo et ses 3 acolytes qui sont justement là (payés) pour que les gens bossent et non fassent grève. Les niveaux de revenu vont facilement de 1 (prolétariat) à 3 SMIC (bonne petite bourgeoisie, quasi moyenne). Quand une boîte licencie et que l'on ne sait pas qui va être de la charrette, pareil, tout le monde va bouger sauf les représentants physiques du Capital employeur qui sont justement là pour mettre en place la "restructuration". De 1 à 3 SMIC idem. Des syndicalistes pro-ANI et des antis. Des gens pour qui avec une grosse indemnité ça ira à l'aise jusqu'à retrouver du boulot (sous un an maxi) et d'autres qui sont sûrs de tomber dans l'exclusion. Si quelqu'un à d'autres exemples de "mouvements sociaux" actuellement, nous voulons bien, mais nous, nous n'en voyons pas.
C'est donc strictement du pareil au même que les Bonnets rouges, sauf que dans ce mouvement il y a aussi des non-salariés (agriculteurs, artisans, transporteurs indépendants, petits patrons, pêcheurs etc.). Dans tous les cas, ces mouvements font face à un symptôme localisé (dans un secteur, une entreprise ou une "région") de la crise du capitalisme, et la solution est portée NON PAS PAR LA CLASSE OUVRIÈRE (fétichisme ouvriériste) mais par la CONCEPTION COMMUNISTE DU MONDE, qui reflète le CARACTÈRE SOCIAL DE LA PRODUCTION (incarné physiquement par les ouvriers et autres petits salariés) face à la PROPRIÉTÉ PRIVÉE (par une minorité) DES MOYENS DE PRODUCTION et l'appropriation privée (inégalitaire) du produit. Dans tous les cas, imposer suffisamment cette conception communiste dans un mouvement quel qu'il soit, c'est beaucoup de boulot. Autant dans telle boîte que dans telle autre. Autant dans le privé que dans le public ou les administrations. Autant à Quimper qu'à Carhaix. Il n'y a PAS DE VOIE FACILE ; en revanche il y a de la gravité pour des "ML" à (en définitive) rechercher une telle voie. "Easy roads are always sure to lose" (Song for Marcella, chanson en l'honneur de Bobby Sands). Évidemment que l'on ne va pas faire de l'agit-prop dans un mouvement ouvertement réactionnaire, n'existant que dans ce but comme la "Manif pour tous", où les révolutionnaires seraient en danger physique grave voire mortel pour un résultat dérisoire (convaincre un ou deux homophobes de ne plus l'être ?). Mais la manif de Quimper et le mouvement breton actuel n'ont rien à voir avec cela, que le ROCML ne fasse pas semblant de ne pas le comprendre.
Qu'il ose plutôt (enfin) dire le fond de sa pensée : ce qui le dérange dans les Bonnets rouges plus que dans un autre mouvement social, c'est la remise en cause "régionaliste-identitaire-tout-caca-pas-beau" du SYSTÈME-FRANCE, le défi d'une Périphérie au Centre parisien du capitalisme BBR.
En conclusion, on en revient à ce que SLP a toujours dit et répété depuis son "choix" (quelque peu forcé, mais en tout cas nullement regretté) de septembre 2010 : le ROCML, en définitive, c'est le PCOF d'il y a 30 ans... Les mêmes ingrédients font les mêmes recettes. La seule différence c'est qu’il ne faudra sans doute pas 30 ans pour que cela devienne le PCOF d'aujourd'hui, autrement dit un petit écuyer de l'aile gauche de l'Armée idéologique du Capital…