PRISON - Plus de 200 détenus de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas ont signé une pétition pour demander l'amélioration de leurs conditions de détention, a indiqué dimanche l'avocat de l'un des détenus, confirmant une information d'Aujourd'hui en France.
"Il n'y a aucune activité pour les détenus à Corbas", affirment-ils. "Ici, il n'y a que la lutte et la boxe. Huit détenus sur 600 y participent (...) et vous en avez 592 qui crèvent en cellule", est-il écrit.
"Comment cette administration peut refuser les PlayStation et autres effets personnels de ceux qui sont transférés à Corbas alors qu'ils ont été autorisés à cantiner ces biens dans d'autres établissement pénitentiaires ?", interrogent également les détenus, qui dénoncent un "abus de pouvoir".
A propos des cantines, "infectes", ils reprochent à l'administration de leur vendre les produits "au prix fort". "Cette prison vous met à la diète", poursuivent-ils.
"Nous sommes privés de liberté, et non pas de vivre", affirment les signataires dans ce texte.
Me David Metaxas, défenseur d'un des détenus à l'origine de la mobilisation - transféré depuis en centrale - a annoncé son intention de saisir dès aujourd'hui le procureur général de Lyon et le garde des Sceaux, Michel Mercier. "Il appartient à l'autorité de tutelle de faire respecter les droits des détenus" sans quoi "nous introduirons un recours administratif", a-t-il ajouté.
"On observe une longue série de dysfonctionnements" dans ce centre de détention, "on a serré la vis au maximum" et certains détenus "ne peuvent pas voir leur avocat" ou avoir des parloirs, selon Me Metaxas, qui accuse entre autres l'architecture de cette nouvelle prison, le manque de surveillants et la surpopulation carcérale.
Deux hommes et une femme ont mis fin à leurs jours à la prison de Lyon-Corbas depuis le début de l'été.
(AFP)
Hasard ou coïncidence, un mouvement similaire court actuellement aux Etats-Unis, après la très médiatisée (en Amérique du Nord) grève de la faim de Pelican Bay (un documentaire d'il y a quelques années avait montré les conditions effroyables de détention dans cette prison de haute sécurité californienne : isolement, division ethnique et guerre des gangs permanente, prisonniers tirés à vue depuis les miradors, viols etc.) :
GRÈVE DE LA FAIM DES PRISONNIERS CALIFORNIENS
Le début d’un mouvement contre les prisons
Partisan No7 • Le 27 août 2011
La grève de la faim amorcée dans la section à sécurité supermaximale de la prison d’État de Pelican Bay en Californie a peut-être été temporairement suspendue à la fin juillet, mais la lutte pour les droits des prisonniers, y compris ceux des prisonniers politiques qui s’opposent au système capitaliste, est loin d’être terminée.
Les grévistes de Pelican Bay ont souffert d’une perte de poids extrême et ont vraiment mis leur vie en danger. Ceux qui ont participé au mouvement ont également été victimes de représailles, alors qu’on leur a retiré du temps de cour et certaines possibilités de travail. Les grévistes ont averti que de nouvelles actions de protestation seront entreprises si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Parmi ces revendications, on retrouve une nourriture suffisante, la fin de l’isolement carcéral à long terme, l’abolition de la politique qui force les détenus à fabriquer des mensonges au sujet de leurs codétenus, et la fin des punitions de groupe fondées sur la race.
La suspension de la grève se voulait une démonstration de bonne foi, en réponse aux concessions symboliques faites par les autorités carcérales de l’État (on a par exemple permis aux détenus d’apposer des calendriers sur les murs de leurs cellules, quoiqu’à leurs propres frais). Les autorités se sont de plus engagées à étudier la possibilité d’apporter d’autres changements plus significatifs.
Au Canada, le nouveau projet de loi du gouvernement conservateur en matière de lutte à la criminalité coûtera quelque 5 milliards de dollars. Les coûts pourraient même augmenter jusqu’à 15 milliards de dollars d’ici 2015! On prévoit que la population carcérale augmentera de 30% à la suite de sa mise en vigueur.
Plus de 2 500 cellules supplémentaires seront construites au sein des institutions existantes; cela aura pour effet que des établissements à sécurité moyenne seront convertis en établissements hybrides. En général, les prisons dans lesquelles on retrouve plusieurs niveaux de sécurité sont gérées comme si elles étaient à sécurité maximale. Les personnes qui devraient être détenues dans des conditions de sécurité minimale sont alors soumises à un environnement faits de fils barbelés et de miradors. Ce sont les pauvres, les personnes marginalisées et les «fauteurs de trouble» qui osent prendre la parole qui se retrouveront dans ces nouvelles cellules.
Non seulement les prisons géantes cachent-elles les ravages que le capitalisme sème dans les communautés, mais elles sont également utilisées par le gouvernement canadien comme un moyen de financer ses amis au sein des grandes sociétés. Nous devons dénoncer cette volonté de la part de nos oppresseurs d’envoyer en prison un plus grand nombre encore de nos camarades. Nous devons lutter pour la liberté de tous les prisonniers et toutes les prisonnières!
Pour plus d’information:
prisonerhungerstrikesolidarity.wordpress.com
Bien sûr, des petits malins trouveront rigolo de qualifier cette article de "mal venu" : "et vous les communistes alors, ça vous connaît les prisons, les camps de travail, le goulag" etc. etc.
Certes, les systèmes pénitentiaires soviétique ("goulag", nom sinistre mais qui veut simplement dire... administration pénitentiaire) et chinois ("laogai" qui veut dire "rééducation par le travail") n'étaient pas des lieux de villégiature tous roses bonbon. Certes, il était sans doute largement prisonnier des conceptions limitées de son époque, abstraction faite de la juste haine de classe contre les réactionnaires... Néanmoins, l'idée y était déjà : "rééduquer", réhabiliter, améliorer le condamné et non l'éliminer, pendant un certain temps ou définitivement. Le système capitaliste, avec ses inégalités et sa mentalité de "guerre de tous contre tous", produit irrémédiablement des délinquants et des criminels, soit pour l'appât du gain, soit que leur rapport aux autres soit venu à relever du trouble mental. Face à cela, la société capitaliste élimine, son système pénal est purement "immunitaire" (sans compter, bien sûr, la répression politique des révolutionnaires et autres insurgé-e-s). La société socialiste, elle, en dehors d'exercer la dictature du prolétariat contre les réactionnaires, se donne pour but de réhabiliter les individu-e-s que le capitalisme a rendu-e-s inaptes à la vie en collectivité (en plus, bien sûr, de faire disparaître les causes sociales de la criminalité !). La peine de mort, plusieurs fois abolie et rétablie (puis conservée définitivement par les révisionnistes...) ne concernait que les crimes contre-révolutionnaires ou de droit commun les plus graves (en Chine, elle était beaucoup plus rare qu'aujourd'hui !). Les peines excédant 10 ans étaient rarissimes (et généralement pour activité contre-révolutionnaire grave). Et le travail obligatoire, aujourd'hui mis en parallèle avec les travaux forcés de Cayenne ou du Sud des USA, voire avec les camps nazis (où il visait à tuer !), ne visait pas à "faire expier" mais avant tout à "réapprendre la vie sociale". D'ailleurs, il était généralement rémunéré ! Bien sûr, les méthodes du 20e siècle n'étaient sans doute pas au point, et dans beaucoup de cas ce fut un échec ; et bien sûr il y avait des gens jugés "non-réhabilitables" qui ne le seraient pas aujourd'hui. Ce n'est pas un modèle pour les communistes d'aujourd'hui, que ce soit bien clair. La "manière socialiste" de réduire (et un jour, faire disparaître) la criminalité est encore (presque totalement) à imaginer...
Ce qu'il faut dire, et sur quoi il faut bien insister, car il faut faire le bilan critique des expériences socialistes passées sur la base de la réalité et non de la propagande, c'est que le système pénal socialiste n'était pas cet "archipel" de camps d'extermination par le travail, le froid et la faim, que nous décrivent les propagandistes contre-révolutionnaires, notamment le célèbre tsariste, pro-Franco et pro-Pinochet SOLJENYTSINE, dont le premier torche-cul qualifié de bouquin était consacré à se scandaliser... d'avoir été soigné de son cancer (!), mais aussi d'autres, comme Robert Conquest. Il suffit pour s'en convaincre de lire cette étude, en insistant bien sur le fait (même si le site est "stal") qu'elle se base pour l'essentiel sur des travaux d'historiens OCCIDENTAUX et ANTICOMMUNISTES (mais simplement épris de vérité historique) : Ce que les études russes montrent*. Rien à idéaliser, rien dont on puisse chanter les louanges, mais un système pénal finalement très (trop ?) ordinaire (c'était en URSS, en Chine c'était encore différent).
A la même époque, comme encore aujourd'hui mais de manière plus "soft" et "présentable", le système capitaliste visait à l'élimination des "monstres" qu'il a lui-même engendré (et bien sûr, mais c'est une autre histoire, de ceux et celles qui le contestent un peu trop radicalement). Ainsi le célèbre "bagne de Cayenne" (ensemble de colonies pénitentiaires en Guyane), où la mortalité atteignait... 40% en 1942 (18% la même année dans les camps soviétiques, pour les mêmes raisons : difficultés de ravitaillement pendant la guerre). Les marlous de la "Belle" époque parlaient d'ailleurs de "guillotine sèche". Et encore, c'était un bagne pour "blancs" : on n'ose donc imaginer ce qu'il en était dans les bagnes pour colonisé-e-s.
Dignes ancêtres pour les POURRISSOIRS que sont aujourd'hui les prisons en Hexagone et dans tous les pays capitalistes occidentaux...
[ Toujours intéressant à étudier : le célèbre Surveiller et Punir de Michel FOUCAULT ]
[ * Ainsi, à titre d'exemple, la mortalité en prison aujourd'hui en France se situe entre 0,4 et 0,5% (39 à 49 pour 10.000). C'était le taux du "goulag" en 1952-53, lorsque la médecine a commencé à approcher de son niveau actuel - et c'était, pourtant, l'époque où il y avait le plus de prisonniers ! ]