Comme à chaque début d'été, voilà donc l'heure de dresser notre bilan des douze derniers mois écoulés. Douze mois qui, en réduisant toujours plus la surproduction d'articles, se seront révélés EXTRÊMEMENT RICHES et constructifs pour l'avenir.
Sur la question du déploiement Périphérie->Centre de la lutte révolutionnaire de classe et la définition des peuples niés par la construction des grands États modernes comme campagnes de la Guerre populaire en Europe (les autres 'campagnes' essentielles étant les ghettos urbains des grandes métropoles avec leurs indigènes intérieurs), Servir le Peuple a encore avancé et même réalisé deux GRANDS BONDS en avant :
1°/ un bond QUANTITATIF avec la production d'un grand nombre d'articles de grande valeur théorique, participant à l'élaboration d'une pensée révolutionnaire des prolétariats d'Hexagone et d'Europe : En finir avec la 'France', appareil politico-militaire et idéologique de nos oppresseurs ! ; En finir avec la 'France', appareil politico-militaire et idéologique de nos oppresseurs ! (suite) ; En finir avec la 'France' (3) : l'État bourgeois contemporain et nos tâches ; QUESTIONS NATIONALES ET LUTTES DE CLASSE : L’ÉTAT ESPAGNOL ; État moderne, État contemporain, questions nationales et luttes de classe : LE ROYAUME-UNI ; Le Royaume-Uni (suite) ; État bourgeois contemporain, questions nationales et luttes de classe : l'Italie
2°/ un bond QUALITATIF vers la mise en pratique de ces théories : SLP est désormais clairement engagé dans la libération populaire-révolutionnaire occitane aux côtés des camarades de Sheisau Sorelh.
Dans le cadre de ce développement quantitatif et qualitatif pour développer l'antagonisme et la lutte révolutionnaire là où nous sommes (moitié sud de l'Hexagone, nommée Occitanie), face à notre ennemi l’État bleu-blanc-rouge 'français' du Capital et des monopoles, nous avons tout dernièrement témoigné notre solidarité internationaliste aux forces de libération révolutionnaires d'Andalousie et du Pays de Galles.
Au Pays Basque et en Irlande, la 'dissidence' contre la capitulation réformiste traître (déjà ancienne - années 1990 - dans le dernier cas, récente - 2010/2011 - dans le premier) se développe à grands pas ; nous pouvons ainsi saluer des initiatives lumineuses et remplies d'espoir comme Euskal Iraultza Sozialista (Révolution socialiste basque) en Euskadi ou le Republican Network for Unity en verte Erin. Les communistes révolutionnaires de libération occitane que nous sommes appuient fermement ce type d'initiatives en développement, aux côtés de camardes internationalistes comme Libération Irlande ou de camarades marxistes-léninistes d'Euskal Herria que nous connaissons.
Nous avons peut-être quelque peu délaissé, et l'on peut nous le reprocher mais nos forces restent limitées, l'actualité internationale. Nous n'avons plus produit de grandes traductions francophones d'informations des principaux fronts de la Guerre populaire (Inde, Philippines etc.) ou d'autres fronts de résistance des peuples (Palestine, Amérique latine) comme nous le faisions auparavant. Nous avons cependant continué à relayer les initiatives de solidarité avec la Guerre populaire en Inde, et la TRÈS IMPORTANTE VICTOIRE remportée récemment par celle-ci, 'lavant' largement les très dures pertes subies ces dernières années. Nous avons donné des nouvelles de la Guerre populaire dans l’État turc, toujours bien présente et infatigable mais peu relayée, car demeurant d'intensité moindre qu'en Inde ou aux Philippines. Nous avons rendu hommage, pour le 40e anniversaire de son atroce assassinat fasciste, au camarade Ibrahim Kaypakkaya, fondateur du maoïsme anatolien : nous y annoncions, à cette occasion, que l'implication du gouvernement AKP (branche turque des Frères musulmans) dans les évènements en Syrie allait prochainement faire exploser les contradictions de classe et inter-bourgeoises dans ce pays... et deux semaines plus tard, éclatait à Istanbul le grand mouvement populaire de Taksim/Gezi ! Encore deux semaines plus tard, éclataient des évènements insurrectionnels du même type au Brésil (autre grand 'émergent' sur une ligne 'tiers-mondiste soft power'), que nous avons également relayés avec les camarades du PCmF ou encore du site internationaliste Auba Vermelha.
Aux Philippines, les 'pourparlers' dans lesquels s'était engagé le Front National Démocratique du PCPh, avec le nouveau gouvernement 'libéral' de Benigno 'Noynoy' Aquino, se sont conclus sur une impasse, montrant une nouvelle fois que la seule négociation possible, c'est le fusil avec cet État fantoche de l'impérialisme US. D'ailleurs, des négociations du même type en Colombie, avec les FARC-EP révisionnistes armées, ne donnent guère de résultats plus concluants et apparaissent encore une fois pour ce qu'elles sont : une pure diversion de l'État oligarchique comprador.
Nous avons informé nos lecteurs/trices sur les développements du nouveau mouvement révolutionnaire maoïste au Népal, certes laborieux après des années de ramollissement sur les bancs de la Constituante et d'espérance en la 'grande révolte populaire' promise par le liquidateur Prachanda. Mais, néanmoins, 'il se passe' quelque chose là-bas et plutôt dans le bon sens, et nous voulons appuyer cela avec internationalisme prolétarien conséquent, sans jouer les 'puristes' distributeurs de bons et mauvais points. Le fait que 1°/ nous ayons pu reconnaître certaines erreurs d'appréciation au cours de la période 2006-2010 et que 2°/ l'existence bien réelle d'éléments révolutionnaires ou, en tout cas, pas totalement pourris de révisionnisme, se soit traduite par la fondation d'un nouveau Parti, ce qui n'est pas rien, n'a pas fait cesser les attaques dogmato-sectaires de certains cyber-'maoïstes' (se rêvant en petits Staline ou Gonzalo) contre nous. Nous n'en avons cure : les chiens aboient, la caravane de la lutte révolutionnaire des peuples passe ; et leur absence totale de matérialisme dialectique s'étale toujours plus chaque jour qui passe, qu'ils émanent de la 'France' intello-parisienne ou de la 'Belgique' universitaire qui est son pitoyable appendice (comme lorsqu'ils font l'apologie contre-révolutionnaire de la construction des États modernes, aujourd'hui impérialistes, qui nous oppriment). Paille et crottin jusqu'aux oreilles, les bouseux occitans que nous sommes leur chions copieusement et fièrement à la raie ; d'ores et déjà, ils n'existent plus, balayés car le sens de l'Histoire est pour nous - et non pour eux.
Nous avons, par des études et documents historiques (1 - 2 - 3 - 4), travaillé à rappeler aux masses francophones l'héroïque histoire révolutionnaire des peuples d'Afrique et d'Amérique latine, continents où le capitalisme impérialiste fait des ravages, les pseudo-'alternatives' ('bolivarisme' Chavez-Morales-Correa vs 'africanisme' sauce Kadhafi, Gbagbo, Algérie ou Afrique du Sud) s'effondrent jour après jour sous leurs contradictions, et la lutte révolutionnaire (n'en déplaise à ceux qui se pignolent sur la Colombie, le Chiapas ou le 'détour' au Pérou) est quelque peu dans le creux de la vague ; alors que ces peuples qui ont maintes fois montré leur héroïsme méritent clairement mieux.
Suite à la mort du dirigeant 'radical' Hugo Chavez au Venezuela, nous avons 'croisé le fer' (1 - 2 - 3) pour refuser, comme d'autres très nombreuses organisations et groupes marxistes-léninistes et maoïstes, y compris des membres de la 'coalition anti-népalaise' de 2011-2012 (collectif Odio de Clase, UOC-mlm de Colombie etc. !), la qualification de fasciste pour ce dirigeant réformiste bourgeois (et les régimes idéologiquement proches sur le continent) ; qualification délirante et ultra-dangereuse qui relève selon nous du schématisme et qui, comme disait Dimitrov dans les années 1930, "désoriente les masses populaires dans la lutte contre leur pire ennemi".
La Tempête arabe est retombée... pour le moment. En Tunisie, en Égypte, en Libye avec l'appui militaire direct des impérialistes occidentaux, et dans une certaine mesure au Maroc, des forces appartenant ou liées à la Confrérie des Frères musulmans sont arrivées au pouvoir, tandis que d'autres forces plus 'radicales', 'salafistes', en profitent pour proliférer à travers toute l'Afrique du Nord, le Sahara et le Proche-Orient. Ces forces ont été analysées par SLP comme des représentantes du capitalisme d'en bas (avec ses couches plus ou moins aisées), un capitalisme ANCIEN et doté d'une forte conscience de lui-même, puisqu'il remonte au Moyen-Âge tout comme le capitalisme européen (simplement, il n'a pas pu se développer suffisamment pour empêcher ce dernier de le surpasser et le dominer) ; tandis qu'en face, les régimes monarchiques comme 'républicains' représentent typiquement la BOURGEOISIE BUREAUCRATIQUE qui 'modernise par en haut' au service de l'impérialisme (occidental comme hier soviétique et aujourd'hui russe ou chinois). Mais ce capitalisme 'd'en bas', avec sa forte conscience de classe et son caractère ultra-réactionnaire, est absolument incapable de mener une réelle révolution démocratique (celle que souhaitaient la jeunesse et les masses pauvres qui se sont soulevées) : au 'mieux', une fraction peut se transformer en nouvelle bourgeoisie bureaucratique pour restructurer l’État semi-colonial, 'tout changer pour que rien ne change' [1].
La situation des pays du Golfe et de la péninsule arabique est à considérer 'à part', car dans ces pays, sans la manne pétrolière il n'y aurait pas grand chose, sinon des éleveurs nomades et quelques pêcheurs. Depuis le milieu du siècle dernier, la manne du pétrole y a transformé la population bédouine 'de souche' en une oligarchie ultra-privilégiée, reposant sur les épaules d'un maigre 'menu peuple' et, surtout, d'une force de travail immigrée qui représente par endroit 80% de la population (la Libye soi-disant 'populaire' avait un peu développé ce schéma, mais avec une population travailleuse immigrée de l'ordre de 20-25%). Historiquement, cette oligarchie a été farouchement pro-'monde libre', ne pouvant évidemment tolérer la moindre idée 'sociale' ou 'national-progressiste' venue d'URSS ou de Chine en son royaume. Mais depuis 25-30 ans, la suraccumulation de milliards de pétro-dollars et la soif de réinvestir et de valoriser ceux-ci a amené des fractions croissantes de cette oligarchie, des éléments des appareils d'État (à l'image des services pakistanais qui ont appuyé et appuient encore les talibans afghans) voire des États tout entiers comme le Qatar à entrer en 'dissidence' et en conflit avec les impérialistes (occidentaux comme russes et chinois) et les régimes bureaucratiques à leur solde, pour tenter de se construire une base d'accumulation sous forme de 'nouveau califat'. Là se trouve la source du financement de toutes les forces 'islamistes', de type Frères musulmans comme salafistes ou djihadistes [2].
Quoi qu'il en soit, dans une manœuvre idéologique impeccablement préparée, les médias impérialistes qui nous avaient chanté les 'printemps arabes' nous servent maintenant les trémolos sur l''hiver islamiste', sous entendant bien sûr que l'on aurait peut-être bien fait de conserver les anciennes équipes dirigeantes, 'pires des régimes à l'exception de tous les autres'. Les communistes doivent évidemment rejeter et ne faire aucune concession à ce type de discours. Les forces populaires révolutionnaires de ces pays étaient, il faut être réaliste, trop faibles pour permettre une prise de pouvoir 'de type Octobre' ou le déclenchement d'une Guerre populaire ; ce qui a automatiquement placé les islamistes en 'pole position'. Mais la contestation populaire se poursuit contre des 'ravalements de façade' extrêmement grossiers, et les avant-gardes révolutionnaires sont en décantation et lente construction : les efforts de tous les communistes de la planète doivent tendre à appuyer cela (et non à regretter, comme certains, que ce qu'il s'est passé se soit passé et, finalement, que Ben Ali, Moubarak & co soient tombés...).
En Syrie, Bachar el-Assad et sa clique 'social'-fasciste sont toujours en place, et la révolte populaire légitime de 2011 a cédé la place à une épouvantable guerre civile de 'tous contre tous', où les aspirations démocratiques des masses du peuples contre le régime se sont mêlées (avant d'être écrasées par eux) aux sectarismes confessionnels (sunnites/alaouites/chrétiens) et chauvins (contre les Palestiniens, la Syrie en compte un demi-million), aux contradictions inter-expansionnistes régionales (entre Turquie AKP, Arabie, Qatar, Iran etc.) et inter-impérialistes (Occident/Israël qui comptent, cependant, leurs courants pro-Assad ou en tout cas très réticents devant l'expansion djihadiste, vs Russie/Chine). Servir le Peuple attirait l'attention sur cela dès les premiers instants du soulèvement, n'en déplaise à la mauvaise foi honteuse de certains révisionnistes voire 'marxistes-léninistes' voire même 'maoïstes' (tous unis, pour le coup, contre la juste conception communiste du monde !) ; tout en tenant ferme idéologiquement contre les tentatives abjectes de sacrer le criminel (laquais bureaucratique de Moscou et Téhéran) Assad en 'héros anti-impérialiste de la résistance des peuples' ou autres délires dans le genre.
Nous ne faisons cependant pas systématiquement de notre position, sur ce sujet, une ligne de démarcation absolue (preuve que le sectarisme n'est pas de notre côté !), sans quoi nous n'aurions pas par exemple mis dernièrement en avant la gauche révolutionnaire andalouse, qui sans exception est sur une ligne de soutien inconditionnel à la résistance et à la survie du régime, ni les camarades du (n)PCI (avec lequel nous avons encore d'autres divergences), ou les camarades maoïstes se rattachant à la revue 'Maoist Road', qui partagent pour beaucoup ces positions (cela dit, c'est sans doute dans la position du PCmF que nous nous reconnaissons le plus) ; ni n'entretiendrions non plus de camaraderie avec l'OCML-VP qui elle, pour le coup, est sur une position beaucoup trop 'angélique' envers l'insurrection : en réalité, la diversité des positions reflète simplement, selon nous, la complexité de la situation !
Il y a en fait, dans toutes ces forces communistes révolutionnaires, une incapacité à comprendre la notion de 'régression féconde', terme forgé par certains intellectuels progressistes, en rien suspects de prôner la charia, en Algérie au début des années 1990, et qui signifie, en quelque sorte, un 'repli tactique' du mouvement réel de l'histoire. Les choses se posent en réalité ainsi :
- Après qu'un certain nombre de régimes (Égypte, Algérie, Libye, Syrie, Irak, Afghanistan), tous plus pourris, mafieux et antipopulaires les uns que les autres, se soient présentés sous les oripeaux du 'socialisme' et de l'amitié avec l'URSS, les idées de socialisme et de communisme sont considérablement discréditées dans les pays arabes et musulmans. Les masses urbaines relativement éduquées prônent pour la 'démocratie' à l'occidentale, en mode 'social-libéral', les masses rurales et urbaines populaires peu instruites pour un 'magma' idéologique national-islamiste.
- En l'absence d'un mouvement communiste avec un Parti dirigeant, il ne put y avoir de révolution consciente et organisée, de processus révolutionnaire consciemment dirigé du capitalisme vers le communisme.
- PAR CONSÉQUENT, lorsqu'un régime ne peut plus gérer les contradictions sociales, on s'achemine vers un EFFONDREMENT non-conscient et désorganisé, une 'balkanisation', comme cela s'est tant de fois produit dans cette partie du monde depuis les premières écritures cunéiformes jusqu'à l'Empire ottoman en 1918.
La réalité, c'est que la satrapie de Moscou et Téhéran dirigée par le clan Assad, avec son appendice/protectorat libanais, explose sous ses contradictions qu'ont rendues intenables 15 voire 20 ans de restructurations 'néolibérales' suite à l'effondrement de l'URSS ; et que nous n'y pouvons strictement rien, sinon 'rêver' que Salah Jedid n'ait jamais été renversé en 1970 et que les choses aient suivi un autre cours, mais cela s'appelle de la politique-fiction, pas du matérialisme scientifique. Exactement comme nul ne pouvait strictement rien à la situation en Algérie au début des années 1990, à part rêver qu'après l'indépendance au million de martyrs les choses aient suivi un autre cours...
Il y a bien, en Syrie, des gens comme Salameh Kaileh, des révolutionnaires fermement opposés à la sanglante satrapie assadienne, sans être pour autant favorables à un émirat salafiste lapideur et coupeur de mains type Front Al-Nosra... Mais ils sont hélas trop peu nombreux et isolés. Une révolution démocratique-populaire anti-impérialiste en Syrie dans les prochaines décennies passe donc hélas par la case 'chaos' actuelle : une 'régression féconde'. Il est absolument absurde d'espérer qu'une résistance victorieuse du régime ouvre une quelconque perspective révolutionnaire ou progressiste : si une telle perspective pouvait exister, depuis 43 ans, on s'en serait aperçu ! Une (fort improbable) victoire du camp Assad ne se solderait que par un massacre (en punition) d'encore quelques dizaines de milliers de Syrien-ne-s, et les choses reprendraient leur cours de la dernière décennie (croit-on que les oligarques entourant Bachar vont subitement se transformer en serviteur du peuple ??), autrement dit : reculer pour mieux sauter. Il est tout aussi absurde d'espérer en l'ultra-minorité progressiste et anti-impérialiste que compte sans doute la rébellion, si celle-ci ne s'est pas déjà terrée dans le désespoir. Il n'y a devant nous qu'un système qui s'effondre, condamné à s'effondrer et ce n'est que de ses ruines que quoi que ce soit de progressiste pourra se lever ; et la responsabilité de cela incombe avant tout aux révisionnistes du temps de la Guerre froide, de Moscou, de Damas et du monde entier, qui ont offert le pays à ce clan 'nationaliste' bourgeois criminel et d'ailleurs, leurs héritiers le défendent encore bec et ongle (faut-il s'en étonner ? ce qui est déplorable, c'est de voir des camarades révolutionnaires conséquents tomber eux aussi dans ce travers, par contagion...).
C'est affreux mais c'est ainsi. Ceux qui critiquent notre 'ni-ni', notre refus de défendre le 'progressisme' et l''anti-impérialisme' de pacotille du régime ou (moins nombreux) de semer les illusions sur la 'révolution', ont-ils autre chose de réaliste à proposer ? Non, on l'a dit : ils n'ont que les absurdités ci-dessus mentionnées ; et pour les révisionnistes et les 'vieux stals' farouchement pro-Assad, on l'a dit, ils portent très largement la responsabilité de la situation... Voudraient-ils que nous disions ce que nous aurions souhaité ? Pas de problème ! Nous aurions souhaité une Révolution d'Octobre au Levant, ou le début d'une héroïque Guerre populaire comme en Chine, au Vietnam, au Pérou ou au Népal hier et aujourd'hui aux Philippines ou en Inde. Mais pour cela, il fallait un Parti révolutionnaire conséquent (quantitativement et qualitativement), qui n'existait et n'existe toujours pas... Le cadre, il faut le dire, était complexe et pas ultra-propice, avec l''anti-impérialisme' et l''antisionisme' du régime, très largement d'une hypocrisie totale (la clique au pouvoir regardant rarement autre chose que ses intérêts, et ceux de ses 'partenaires' russes et iraniens), mais suffisant pour abuser beaucoup de forces progressistes et communistes du pays (et des pays voisins), et pour que les premiers soubresauts populaires attirent immédiatement (comme l'odeur du sang attire les requins) des manœuvres impérialistes occidentales pour en finir avec ce 'poil à gratter' régional, même s'il y a aussi, en Occident comme en Israël, des courants impérialistes beaucoup plus 'prudents' voire hostiles à une Syrie sans Assad, mosaïque 'somalienne' d'émirats djihadistes... particulièrement à l'extrême-droite de l'échiquier politique (historiquement 'pragmatique' et 'vision à long terme' ; tandis que les courants bourgeois 'libéraux', 'sociaux-libéraux' à la BHL, 'néoconservateurs' US par opposition aux 'paléos' beaucoup plus réservés, sont plus 'idéalistes', 'à court terme' et du genre à refaire 500 fois les mêmes erreurs - Afghanistan il y a 30 ans, Irak il y a 10 ans et Libye... il y a deux ans).
La seule chose dont on peut être certain, n'en déplaise à la propagande d'un Meyssan au service de ses argentiers du Kremlin, c'est que sans Assad les sionistes d'Israël dormiront bien moins tranquilles qu'aujourd'hui (même s'il y en a un certain nombre, parmi eux, pour croire le contraire). Le Hezbollah ne disparaîtra pas avec Assad car 1°/ l'expansionnisme iranien qui le finance n'a pas besoin d'Assad (c'était plutôt le contraire...) et n'a d'ailleurs rien à voir avec la présidence d'un Ahmadinejad ou d'un autre Tartempion (il a une base capitalistique, des capitaux d'origine pétrolière suraccumulés), 2°/ (surtout) le 'Parti de Dieu' a sa base dans la réalité sociale libanaise, celle d'une communauté chiite marginalisée et misérable : cette réalité lui a donné naissance et ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Il pourrait aider, près de la frontière libanaise, à sécuriser un réduit pour Assad et ses partisans, réduit qui survivrait alors dans une haine viscérale d'Israël et de l'Occident, coupables à ses yeux d'avoir 'tout fomenté', et qui n'aurait plus rien à perdre. La résistance PROGRESSISTE palestinienne et libanaise continuera son chemin sans un régime qui ne l'a de toute façon jamais vraiment aidée (jamais sans contrepartie pour ses intérêts, en tout cas), voire tout au contraire (intervention au Liban en 1976 contre les 'palestino-progressistes', etc.). Et dans les zones qui seront tombées aux mains de la rébellion, pulluleront les djihadistes sunnites incontrôlables...
C'est la raison pour laquelle d'importants courants israéliens, comme d'ailleurs les 'impérialismes profonds' occidentaux, ne sont pas réellement pressés d'apporter un soutien massif à l'insurrection, encore moins après le précédent libyen et la prolifération djihadiste qu'il a entraîné dans tout le Sahara. Le plus vraisemblable serait qu'ils penchent pour un 'règlement au sommet' (départ du clan Assad et des clans les plus compromis avec lui, mais maintien de la structure du régime), solution pour laquelle pencheraient également 'à tout prendre' les Russes, les Chinois et autres puissances 'émergentes' (les djihadistes caucasiens, notamment, sont très nombreux dans les troupes rebelles et Moscou ne veut pas entendre parler d'un 'sanctuaire' syrien pour eux, mais est bien conscient qu'Assad n'est plus sauvable).
Insécurité qui ira croissant, donc, pour l’État d'apartheid sioniste et les officines impérialistes dans les pays arabes, mais également pour les régimes arabes eux-mêmes, même ceux désormais dirigés par les Frères musulmans ou reconnus 'islamiquement conformes' par eux (Qatar), car ils restent considérés comme 'mécréants' par les salafistes ultras, et même les monarchies du Golfe (car ce sont des courants de l'oligarchie de ces pays qui appuient les djihadistes, pas les monarchies elles-mêmes, également considérées comme 'mécréantes' et 'vendues aux Croisés').
Cependant, s'il y a effectivement quelque chose de très triste et une grande victoire pour l'impérialisme, c'est qu'autour de la place-forte sioniste de l'impérialisme s'était constitué, dans la dernière décennie, un 'bloc de résistance' alliant de plus en plus fermement des forces national-islamistes (Hamas, Hezbollah, Jihad palestinien etc.), aussi bien chiites que sunnites, des forces nationalistes 'classiques' comme le Baas et ses branches dans les différents pays (Saïka chez les palestiniens, par exemple), des courants dissidents du Fatah (Barghouti/'Martyrs d'Al-Aqsa') ou divers 'nassériens' etc., et des forces 'progressistes', 'socialisantes' et 'marxisantes' comme le FPLP, le FDLP, les PC palestinien (PPP) et libanais (PCL) ou les multiples PC syriens, etc. etc. Ce 'bloc' a aujourd'hui totalement volé en éclat sur la question syrienne, puisque le Hamas a suivi le Qatar et l'AKP turc dans le soutien à la rébellion, tandis que le Jihad islamique palestinien et le Hezbollah restent fidèles à leur alignement historique iranien et appuient même (le dernier, surtout) militairement le régime baasiste ; les émanations directes de celui-ci, comme la Saïka, le FPLP-CG (FPLP 'Jibril') ou le PSNS (fascistoïde) le soutiennent évidemment aussi ; les progressistes palestiniens (FPLP etc.) ou encore les communistes libanais ont adopté une position de neutralité tendant, toutefois, de plus en plus vers un soutien critique à Assad devant l'ingérence impérialiste et 'golfienne' croissante ; et les communistes et progressistes de Syrie même (outre le PC révisionniste 'historique' qui a toujours été fidèle au Baas) ont totalement éclaté entre ces trois positions... L'on peut dire, en fait, que quoi qu'il advienne à présent du régime Assad (chute, maintien à grand renfort de massacres ou repli sur le djebel alaouite), l'impérialisme et le sionisme ont remporté une victoire tactique immédiate, mais stratégiquement (à long terme) s'est ouverte une boîte de Pandore qui leur coûtera très, très cher dans les décennies à venir. Il vaudrait pratiquement mieux pour eux que des Partis révolutionnaires marxistes émergent et prennent en main le mouvement réel 'proprement' ; car dans le schéma actuel ce sont plutôt des dizaines de petits 11-Septembre qui s'annoncent !
Au niveau révolutionnaire hexagonal, une nouvelle organisation est née : les ex-JCML de la région lyonnaise et d'Auvergne (Arpitanie et Occitanie du Nord, donc) ont rompu avec le ROC-ML 'central' pour former l'Organisation communiste Futur Rouge, sur une ligne assumant beaucoup plus nettement le maoïsme (comme troisième, supérieur et actuel développement de la science marxiste) ainsi que la question des peuples niés par l’État français (ces campagnes de la Guerre populaire hexagonale selon nous), avec moins ce côté "question subsidiaire encombrante", "plus vite on traite plus vite on s'en débarrasse" typique des 'vieux ML', que l'on dénotait encore chez le ROC. Le nouvelle organisation a déjà développé des contacts fructueux avec le PCmF, le FRAP/Cause du Peuple et le Comité de Soutien à la Révolution en Inde, contacts qui ont notamment permis l'organisation d'une Journée de Solidarité avec le Guerre populaire indienne à Clermont-Ferrand. Tout ceci va franchement dans le bon sens.
Mais au niveau réactionnaire et fasciste, 'droite radicale', la décantation s'est aussi poursuivie, dans un sens beaucoup plus inquiétant et lourd de menaces. À l'UMP, la ligne 'décomplexée' de Jean-François Copé (ayant récupéré à son service l''éminence grise' maurassienne Patrick Buisson) était loin de faire l'unanimité dans ce ramassis de vieux démocrates-chrétiens, libéraux et sociaux-libéraux 'humanistes', radicaux 'valoisiens' à la Borloo, 'gaullistes sociaux' à la Fillon et écolo-sociaux-libéraux à la NKM... Qu'importe ! Il s'est imposé à la présidence du mouvement par un putsch interne contre son rival Fillon, avalisé par une Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales (COCOE) à sa solde ; avant d'envisager aujourd'hui ni plus ni moins que... la même chose au niveau du pays : un 'nouveau 1958', autrement dit un coup d'État réactionnaire-autoritaire. Puis, l''affaire' de la tentative 'socialiste' de donner quelques droits démocratiques bourgeois aux personnes homosexuelles a ouvert les portes à un déferlement réactionnaire sans précédent depuis des décennies. Tous les sondages annoncent à présent, si l'élection présidentielle avait lieu demain, un candidat Hollande balayé dès le premier tour par l'UMP... et le FN. La stratégie de 'respectabilité' de ce dernier, rappelant de plus en plus celle des Croix-de-Feu du colonel La Rocque sous le Front populaire (1936-39), permet de jeter des passerelles toujours plus importantes vers la droite 'républicaine' 'dure', cette Fédération républicaine des Vallat et Henriot de notre époque, l'aile 'décomplexée' de l'UMP autour de Copé, Mariani et Luca (Droite populaire), Peltier et Didier (Droite forte), avec Patrick Buisson en arrière-plan ; tout en dégageant un 'espace' à sa droite pour des groupes ultras qui se multiplient à toute vitesse : Jeunesses nationalistes d'Alexandre Gabriac, ultra-catholiques de Civitas ou du Renouveau français, Bloc identitaire et ses multiples groupes associés (Nissa Rebela à Nice, Recounquista du côté de Cannes et Fréjus, 'Maquisards' à Grenoble et 'Allobroges' en Savoie, 'Projet apache' à Paris, Rebeyne à Lyon etc. etc.), 'Union de la Droite nationale' MNR-NDP-PdF (scissionnistes du FN sur la ligne "si Gollnisch revient, on revient"), 'Front Comtois' en Franche-Comté ou Vlaam Huis/Opstaan dans le Nord, Vox Populi et Loups Turons en Touraine, 'nationalistes autonomes' ou encore les boneheads 'solidaristes' de Serge Ayoub qui ont assassiné le camarade Clément Méric... Un panorama évoquant toujours plus les années 1930 [sur la réflexion que nous avons poursuivie, au long de cette année, au sujet du fascisme, lire également Considérations diverses : Encore une fois sur la question du fascisme (22/10/2012)] [3].
En définitive, s'impose de plus en plus le sentiment diffus que l'étape historique qui a vu naître Servir le Peuple va en se refermant. Dans la 'Guerre populaire à l'étape zéro' qui se livre (déjà) de facto en Hexagone, qui n'a quelque part jamais cessé depuis la proclamation de la 'République' bourgeoise sur les ruines sanglantes et fumantes des Communes de Paris et de nostre Occitània (1871), une NOUVELLE ÉTAPE s'ouvre, avec ses lumineux espoirs et ses noirs périls.
LE CHEMIN EST TORTUEUX, MAIS L'AVENIR EST LUMINEUX : il s'appelle la Cité universelle communiste, où tous les Peuples exploités et opprimés de la planète, Occitans ou Bretons, Basques ou Picards ou Ch'tis, Corses ou Irlandais, Grecs ou Portugais, Turcs ou Chinois, Kurdes ou Tamoul, Capverdiens ou Kabyles du bled ou de l''immigration', auront leur place dans la Grande Fraternité humaine ; Free at last !
[1] : En Égypte, cette contradiction entre capitalisme bureaucratique ‘d’en haut’ et ‘capitalisme d’en bas’ islamiste – en fait, un redoutable billard à trois voire quatre ou cinq bandes : armée pilier du capitalisme bureaucratique, Frères musulmans pro-Qatar, salafistes liés à l’Arabie saoudite grande rivale du Qatar, opposition libérale bourgeoise et camp communiste/socialiste/progressiste – vient de se dénouer par un coup d’État militaire destituant le président frère-musulman Mohamed Morsi, et appuyé par le mouvement libéral (El Baradei), les salafistes (mais ils ont peu à peu pris leurs distances)… et une partie du camp progressiste (au nom de la ‘laïcité’), ce qui est, comme en 1992 en Algérie, une grande erreur et un grand problème de conception du monde de la part de celui-ci. Entre capitalisme bureaucratique ‘d'en haut’ (en uniforme galonné) et ‘capitalisme d’en bas’ à longue barbe, les authentiques révolutionnaires n’ont pas à choisir ni à prendre parti, mais au contraire à construire un pôle de mobilisation conséquent pour la Guerre anticapitaliste du Peuple !
[2] : Depuis la rédaction de cet article, les choses ont pris un tournant et le ‘remuant’ émir du Qatar a, le 24 juin dernier, annoncé son ‘abdication’ au profit de son fils – qui devient à 33 ans le plus jeune chef d’État arabe. Pour certains éléments ‘progressistes/anti-impérialistes’ arabes comme René Naba, cette ‘retraite anticipée’ serait le fruit de pressions occidentales pour – enfin – mettre fin au double jeu du seigneur de Doha ; en réaction, peut-être, à son rôle de soutien à l’insurrection islamiste au Mali, qui a fini par nécessiter l’intervention militaire directe de l’impérialisme BBR en janvier dernier, opération qui a déjà coûté la vie à 6 soldats tricolores... L’éviction de Morsi (Frère musulman, lié au Qatar), en Égypte (cf. ci-dessus), est peut-être à considérer dans le prolongement de ce ‘passage de main’ dynastique.
[3] : Et ce qui est certain, c’est que ce n’est pas avec des thèses délirantes selon lesquelles Chavez (et Morales, Correa, Fidel Castro etc.) voire… Mandela sont/étaient des fascistes ; ou des thèses mêlant nihilisme national (‘un seul drapeau le drapeau rouge’, ‘les nations ont fait leur temps’, trips sur une espèce de Fédération intergalactique à la Star Trek etc. etc.) et défense ultra-franchouillarde de la ‘nation’ française, c'est-à-dire en réalité l’État moderne prison des peuples construit entre le 13e et le 18e siècle, avec son accompagnement artistique/intellectuel académique et ses pseudo-idéologues ‘humanistes’ (humanisme aussitôt généré aussitôt piétiné, à cette époque…), que l’on va faire efficacement barrage à cela ! Les fascistes se revendiquent à 99% de la ‘France’, même lorsqu’ils se revendiquent par ailleurs d’une ‘patrie charnelle’ locale sur la ligne de Maurras et Mistral (‘nous provençaux, flamme unanime, sommes de la grande France, franchement et loyalement’) ; et lorsqu’ils sont séparatistes (certains éléments en Elsass ou en Breizh), ils la reconnaissent également… puisqu’ils veulent s’en séparer, sur une ligne de suprématisme racial ‘germain’ ou ‘celte’ vis-à-vis d’une ‘France’ ‘bougnoulisée’ et… latine (donc sur une ligne avant tout anti-occitane, voir les thèses de Céline à ce sujet : s’il n’y avait que les ‘riantes’ campagnes et petites villes du Nord de la Loire, cela irait peut-être, mais avec le ‘Sud’ et ses ‘narbonoïdes dégénérés’, Paris/‘Bamako-sur-Seine’, Roubaix/Tizi-Ouzou et Marseille ‘capitale algérienne de l’inculture’, c’est niet…). La première tâche des antifascistes authentiques est donc de DÉCONSTRUIRE la ‘France’ comme construction politico-militaire et idéologique (et non nation), de la démasquer comme une Grande Prison (doublée à partir du 17e siècle d’un Empire ultramarin, générant à partir du 20e des colonies intérieures) où TOUS LES PEUPLES ont été, sont et seront logés à la même enseigne (de merde, d’exploitation, d’embrigadement idéologique, de plumage financier et hier de tranchées et de boucheries militaires) ; à l’exception des ‘bons français’ qui ne sont pas un peuple mais une couche socio-idéologique de petits, moyens et grands bourgeois… et de pacoulins aliénés, imbéciles heureux d’être nés quelque part (du moment que c’est bleu-blanc-rouge) et autres villageois sans prétentions ! Célébrer les ‘classiques’ académiques des programmes de lycée, c’est célébrer cette construction politico-militaire et idéologique, et montrer son APPARTENANCE à cette couche (dans sa version ‘culturée’) qui est tout sauf le prolétariat révolutionnaire !
Comme l’écrivait en 2004, au sujet de ses codétenus du mouvement de libération révolutionnaire breton Emgann, le camarade Giuseppe Maj du (nouveau) PCI : Bien sûr nous allons vers une fusion au niveau mondial de toutes les nations et de toutes les races dans un seul organisme social. Mais il y a deux manières bien distinctes pour marcher dès maintenant vers la future fusion (tout comme il y a deux manières bien différentes de marcher dès à présent vers la future disparition des artisans, des paysans individuels, des petits commerçants,...) : 1°) La manière bourgeoise. Son essence est la soumission des nations et des peuples les plus faibles, leur oppression et leur effacement. Des gens hypocrites et trompeurs justifient et acceptent cette manière car le résultat serait inéluctable et ils se dressent avec haine contre ceux qui s’opposent à la manière bourgeoise (souvent en arguant des formes de luttes désespérées bien qu’héroïques qu’ils emploient quand ils ne voient pas d’autres voies). 2°) La manière prolétarienne. Son essence est la mobilisation à tous les niveaux de chaque couche des masses populaires pour élargir ses droits et ses pratiques démocratiques et résoudre les problèmes de son développement civil en collaborant avec les masses populaires de toutes les nations pour construire ensemble une société mondiale plus avancée. (…) Le mouvement communiste a démontré dans la pratique même qu’il marche vers la fusion des nations justement en réalisant universellement le droit à l’autodétermination nationale et, de manière plus générale, les droits démocratiques, l’initiative et la libération des masses populaires.