Il ne sera pas question, ici, de grands développements théoriques, les différents thèmes ayant déjà été abordés cent fois – et la ligne de SLP, toujours été claire et ferme en la matière ; mais simplement de s’en payer une bonne tranche avec le nouvel étalage de ridicule de nos ‘copains’/détracteurs ultra-gauchistes… et de mettre quelques petites choses au clair en passant.
Après avoir insulté et dressé le ‘procès’ de Servir le Peuple sur des faits ‘de forum’ allant (grosso modo) de janvier 2010 au printemps 2011 (à se demander si ces gens-là ont, accessoirement, une vie), le ‘centre’ (de quoi ?) ‘mlm’ de Belgique, devenu (malgré des travaux de qualité, comme sur la Guerre populaire en pays impérialiste et avancé) un pitoyable appendice du ‘p’’c’’mlm’/’Voie lactée’ (comme, de toute manière, la Belgique universitaire n’est qu’un appendice grotesque de la ‘France’ intello-parisienne), nous a promis de ‘régler’ prochainement ‘leur compte’ à ‘nos amis’ italiens du (n)PCI, et à leur ‘électoralisme putride’. Comme si le fait qu’ils soient des SATELLITES du ‘p’’c’’mlm’ impliquait que Servir le Peuple, pour avoir traduit un certain nombre de documents (jugés intéressants) du (n)PCI ainsi que leur Manifeste Programme, soit un ‘satellite’ de celui-ci – hélas, nos chers bons cons, il n’en est nullement ainsi et SLP n’a jamais hésité non seulement à avoir des désaccords avec le (n)PCI, mais encore à les assumer publiquement.
Nous attendons donc avec impatience (et non sans une certaine jubilation) leur ‘brillant’ article… sauf que lorsque celui-ci paraîtra, cela fera longtemps que le (n)PCI aura (par avance) répondu : c’est le deuxième article du (n)PCI (extrait de La Voce n°37) traduit et reproduit ici. La position des camarades y est expliquée clairement et, disons le tout net : pour nous, la THÉORIE de ‘l’intervention dans le petit théâtre de la politique bourgeoise’, de ‘l’irruption’ dans le ‘moment électoral’, est foncièrement JUSTE ; par opposition à l’’abstentionnisme de principe’ non seulement d’ennemis politiques comme le ‘p’’c’’mlm’ ou son satellite bruxellois, mais aussi d’organisations amies comme le PCm d’Italie, le PCmF, le PCR du Canada etc., position consistant à ‘appeler’ les masses à l’abstention, puis à se féliciter du taux élevé (éventuellement en progression, ce qui est classique dans un capitalisme en crise générale) de celle-ci. L’abstention en tant que telle ne signifie nullement un début de ‘prise de conscience’ révolutionnaire ; elle peut tout aussi bien signifier une tendance à la résignation, à l’indifférence et à l’apathie, ou encore une évolution vers des positions fascistes. L’appel à l’abstention s’inspire du slogan ‘No Votar !’ de la Guerre populaire péruvienne, mais nous ne sommes justement pas au Pérou, pays (en tout cas dans la 'campagne profonde') pratiquement sans 'société civile', où les élections consistent en la collecte des bulletins de vote par les caciques locaux en faveur de tel ou tel candidat de l'oligarchie, et où refuser de voter, au mépris des menaces et des violences, est un acte de classe hautement antagonique. Dans les pays, au contraire, impérialistes ou de manière générale capitalistes très avancés, à façade ‘démocratique libérale’, le ‘moment électoral’ récurrent (rarement plus de 3 ans sans ‘échéances’) est au contraire un élément essentiel de la ‘société civile’ (selon Gramsci ; du ‘spectacle’ diraient les situationnistes), comme instrument de contrôle des masses ; et il n’est pas possible pour les révolutionnaires de lui tourner simplement le dos en se pinçant les narines. Le ‘moment’ électoral est un ‘moment’ où, durant quelques mois, éventuellement 6 mois en cas d’échéance ‘nationale’ (présidentielle/législatives), voire presque un an aux États-Unis pour la présidentielle fédérale, la politique (bourgeoise) fait ‘irruption’ (par les médias, les affiches dans la rue etc.) dans la vie quotidienne des masses populaires. Les communistes doivent mettre à profit ce moment, y ‘intervenir’ pour en faire un ‘moment’ particulier d’agitation et de propagande. Affirmer cela est JUSTE. C’est au niveau de la mise en pratique de cette théorie que ce que font le (n)PCI et les CARC (‘organisation générée’ du (n)PCI pour le travail ‘au grand jour’) peut être critiqué – et SLP le critique sans hésitations. Il y a quelques années (c’est décrit dans l’article en lien), les CARC pouvaient encore présenter leurs propres listes à des élections locales et cela permettait un travail conséquent d’agitation et de propagande. Mais depuis, la situation en Italie s’est compliquée, il faut un (grand) nombre minimum de signatures ‘citoyennes’ pour pouvoir présenter une liste et les CARC/(n)PCI ont commencé à appeler à voter pour des représentants de la ‘gauche’ bourgeoise (comme le juge ‘anti-corruption’ De Magistris à Naples ou l’ex-avocat d’Öçalan, Giuliano Pisapia, à Milan), voire carrément des populistes aux relents nauséabonds comme le comique Beppe Grillo : une ‘tactique’ électorale aux forts relents de ‘moins pire’ ou en affirmant voter pour le candidat qui ‘foutra le bordel’ dans la mécanique institutionnelle bien huilée de la ‘République pontificale’… Mais là, pour le coup, le (n)PCI contredit
lui-même sa propre position de La Voce de mars 2011 : il se fait électoraliste ; car si ‘bordéliser le système’ peut être une forme tout à fait respectable de lutte, la ‘bordélisation’ des assemblées représentatives ou de l’appareil administratif local est conçue ici comme une véritable ‘attaque au cœur de l’État’ susceptible de déclencher une crise révolutionnaire ; autrement dit, il serait ‘possible d'instaurer le socialisme par la voie électorale et parlementaire’ - ce qui n'est évidemment pas le cas. L’Histoire regorge [et le (n)PCI le rappelle lui-même dans son article en lien ci-dessus] d’exemples où considérer les instances légiférantes électives comme le ‘cœur’ (à ‘attaquer’) du pouvoir d’État capitaliste a conduit d’authentiques Partis révolutionnaires à ‘s’institutionnaliser’ et à devenir réformistes, voire carrément des auxiliaires ‘de gauche’ de la classe dominante : si tel était le cas, ce serait évidemment déplorable de la part des auteurs de tant de textes qui ont (littéralement) forgé la conscience politique de SLP, et du magnifique Manifeste Programme – mais cela n’impliquerait nullement qu’il faille mettre ces textes au pilon, car alors, il faudrait aller au bout de la logique : la dérive du PCF de Thorez impliquerait de rejeter aux ‘poubelles de l’histoire’ Politzer, et même le Komintern de 1919, les écrits de Lénine et Staline, qui ont ‘engendré’ la SFIC ; le révisionnisme de Togliatti et Berlinguer impliquerait de brûler l’œuvre de Gramsci, etc.
Pour Servir le Peuple, si l’on veut ‘intervenir’ dans le ‘moment électoral’ de la ‘démocratie’ bourgeoise, d’autres pistes peuvent être explorées ; comme, par exemple, puisque ce qui compte n’est pas d’avoir des élu-e-s, mais l’agitation-propagande déployée au cours de la campagne, distribuer et appeler à déposer dans les urnes des bulletins au nom du Parti (un vote NUL, donc), comme cela a déjà pu être fait en Euskadi-Sud face aux ‘illégalisations’ de l’État franquistoïde, ou comme l’a préconisé (vote blanc ou nul) aux dernières élections le PC d’Équateur ‘Comité de Reconstruction’ (dans ce pays, ne pas voter entraîne une amende de 34 dollars, ce qui est énorme et impossible à demander aux masses populaires pauvres).
Concernant le ‘campisme’ ‘anti-impérialiste’ du (n)PCI, qui l’amène à soutenir aveuglément le ‘bolivarisme’ de Chavez, mais aussi les Kadhafi et autres Assad ou l’Iran d’Ahmadinejad ‘résistant à l’impérialisme’ (sans voir l’autre côté des choses, leur caractère bourgeois voire féodaliste, leurs contradictions avec les masses populaires, leurs liens avec d’autres puissances que les impérialismes de la ‘Triade’ ouest-européenne/nord-américaine/japonaise), c’est un autre problème, un autre ‘défaut de fabrication’, en réalité très commun dans le mouvement révolutionnaire transalpin (pays 'impérialiste faible', historiquement 'vassalisé' par les impérialismes plus puissants, aujourd'hui US et 'UE' franco-allemand), et qui n’a rien à voir avec un quelconque ‘électoralisme’ – puisque de par le monde, des organisations ‘anti-électoralistes’ peuvent être exactement sur les mêmes positions, et des organisations ‘électoralistes’ (trotskystes, notamment) peuvent être ‘anti-campistes’. Pour le coup, il faut reconnaître aux antécesseurs de l’actuel ‘Voie lactée’ (‘Front social’, ‘Étoile rouge’, ‘Contre-informations’ première formule) le mérite d’avoir, en ‘francophonie’, ‘assaini’ un petit peu le ‘campisme’ qui régnait en maître, dans les Forces subjectives de la Révolution prolétarienne (FSRP), encore autour de l’an 2000 (avec la question du Kosovo et de Milosevic, de l’Irak de Saddam Hussein, etc.).
Bref ! En attendant leur ‘brillant’ article qui devrait ‘en finir’ avec les ‘électoralistes putrides’ du (n)PCI (des gens qui, mes petits clowns, en ont vu d’autres, vous pouvez nous croire !), le ‘centre’ ‘mlm’ de Belgique nous gratifie du bon vieil article de Marx sur Simón Bolívar – article de commande, ‘alimentaire’, pour la Nouvelle Encyclopédie Américaine de 1858 ; sans doute le plus mauvais, pour ne pas dire pathétique article du vieux Karl, dénué de tout matérialisme : la faillite du projet politique de Bolívar n’y repose ni plus ni moins que sur la seule personnalité et les faits et gestes de celui-ci ( !), et non sur les conditions matérielles, le niveau des forces productives de l’Amérique latine au 19e siècle, la puissance des féodalités locales etc. ('ce qui est certain', pourrait-on dire en paraphrasant la 'maître', 'c'est que ce texte n'est pas marxiste'...) ; et puis… d’une traduction d’un texte du PC d’Inde (ML) ‘People’s War’ (qui a fusionné en 2004 dans le PC d’Inde maoïste), lequel vient… contredire totalement l’affirmation de leur ‘grands frères’ intello-parisiens, selon laquelle le ‘néocolonialisme’ serait un concept ‘révisionniste’ et ‘anti-maoïste’ (il y est ainsi expliqué qu’en 1963, pour le PC chinois de Mao, ‘Après la Seconde Guerre mondiale, les impérialistes n'ont certainement pas renoncé au colonialisme, mais ils en ont simplement adopté une nouvelle forme, le néocolonialisme. Une caractéristique importante de ce néocolonialisme est que les impérialistes ont été forcés de modifier leur ancien style de domination coloniale directe dans certaines régions et d'adopter un nouveau style de domination et d'exploitation coloniale en s'appuyant sur les agents qu'ils ont sélectionnés et formés’). CQFD… [Le néocolonialisme n’a strictement rien d’un concept ‘révisionniste’ : il s’agit tout simplement des formes particulières (présence militaire, ‘traités inégaux’, dette délirante, contrôle de la monnaie et de quasiment toute l’économie, ambassade et ‘expatriés’ tout-puissants) que revêt la domination d’un pays impérialiste (souvent d’un seul, hégémonique) sur une ancienne colonie directe devenue ‘indépendante’ – exemple type : la ‘Françafrique’. En Amérique latine (pays semi-coloniaux selon Lénine), avec et après les grandes dictatures meurtrières des années 1960-70-80, la domination impérialiste principalement US a pris des traits néocoloniaux particulièrement marqués, sous le nom local de ‘néolibéralisme’ : des pays comme l’Équateur, par exemple, ou encore le Salvador ou le Panama, n’ont plus de monnaie nationale (c’est le dollar US qui a cours), dans d’autres elle existe toujours, mais elle est de fait tombée en désuétude au profit du dollar, ou est indexée sur celui-ci ('dollarisation', comme dans les Caraïbes anglophones ou en Argentine avant la crise de décembre 2001) ; ce qui rapproche leur situation des pays africains de la ‘zone CFA’, monnaie ‘fantoche’ totalement sous contrôle de la Banque de France. Nier une telle chose, pour un 'marxiste', c'est déjà soutenir...]
Nul n’a jamais remis en cause la ‘position maoïste classique’ sur le capitalisme bureaucratique. Il y a, dans les pays semi-coloniaux dominés par l’impérialisme, une oligarchie bureaucratique, telle qu’effectivement décrite par Mao et Gonzalo : celle-ci est en réalité une forme spécifique de compradorisme, correspondant à un stade ‘particulièrement avancé’ de la domination impérialiste (pas avant la première moitié du 20e siècle en Amérique latine, pas avant 1945 en Asie et dans les pays arabes, et pas avant les années 1960 en Afrique) ; ‘étatique’ car il faut bien jouer les apparences de l’’indépendance nationale’, et ‘monopoliste’ tout simplement parce que les pays dominés, dans le cadre de la division internationale impérialiste du travail, sont généralement mono- ou oligo-productifs (une seule, ou deux ou trois productions hypertrophiées, comme par exemple la monoculture sucrière à Cuba, maintenue par Castro contre l’avis de Guevara, entraînant le passage de la domination US à la domination soviétique). En Chine, où il a été identifié pour la première fois par Mao, l’on peut dire que le régime de Tchang Kaï-chek (1927-49) commençait à mettre en place un tel capitalisme bureaucratique. Au Pérou, c’est à travers un processus allant des années 1930 à 1970, avec l’épisode particulier du régime militaire ‘pogressiste’ de Velasco Alvarado (1968-75), qui tenta de tourner ce capitalisme bureaucratique ‘vers l’Est’. En Iran, c’est typiquement sous le shah Reza Pahlavi (1941-79), capitalisme bureaucratique repris ensuite par le régime des mollahs à travers les Gardiens de la Révolution (gigantesque consortium militaro-bureaucratique). Au Venezuela, l’on peut considérer qu’il se met en place sous le bref gouvernement AD de 1945-48, puis la dictature militaire de Marcos Jimenez Pérez (1948-58) et enfin, se consolide sous le régime puntofijiste (‘pacte’ de Punto Fijo entre les deux partis grands-bourgeois AD ‘social-démocrate’ et COPEI démocrate-chrétien), régime régnant de 1958 à 1999.
Mais RIEN DE TOUT CELA ne signifie que cette bourgeoisie/oligarchie bureaucratique, pas plus que la classe compradore (les ‘vend-patrie’ concurrentiels et privés, premiers interlocuteurs de l’impérialisme dans tout pays colonisé ou semi-colonisé), ni même les grands propriétaires terriens (latifundistes, semi-féodalité), n'agissent systématiquement EN BLOC, qu’il n’y ait pas de contradictions non seulement entre ces trois classes, mais également au sein de celles-ci, et que puisse y émerger une ‘gauche’ réformiste, une frange prête à ‘tout changer en espérant que rien ne change’, à faire des concessions, face à l’agitation des masses populaires, pour tenter de sauver l’essentiel – sa position de classe, ses privilèges. Et les pays dominés, comme chacun (enfin, chaque – véritable – maoïste ou même léniniste) le sait, se caractérisent par l’existence d’une bourgeoisie nationale, une bourgeoisie (entrepreneuriale ou ‘à capital intellectuel’) dont la domination impérialiste entrave le développement, et qui salive à l’idée d’accéder aux ‘hautes sphères’ – une partie, cependant, authentiquement progressiste, pouvant rejoindre la classe ouvrière et la paysannerie affamée dans le Front uni du Parti du prolétariat. Si un mouvement de masse permet de porter une partie de cette bourgeoisie nationale (qui le ‘chevauche’) vers les centres du pouvoir, et qu’une frange réformiste suffisante de la haute bourgeoisie bureaucratique (et compradore, et latifundiste) lui ‘ouvre la porte’ pour sauver sa position – ou ‘rétrocède tactiquement’ pour préparer un ‘retour en force’ golpiste, ou tout simplement un retour électoral si les bourgeois nationaux ‘foirent’ et s’empêtrent dans leurs contradictions… nous avons TOUT SIMPLEMENT ce qu’il s’est produit au Venezuela en 1998 – et ce qui a tenté de se produire en avril 2002, dont il est d’ailleurs curieux, en passant, que les dénonciateurs gauchistes de ‘Chavez-le-fasciste’ ne parlent JAMAIS.
À cela s’ajoutent, effectivement, les contradictions inter-impérialistes : pour ‘chevaucher’ et ‘canaliser’ le ‘mouvement social’ populaire, les bourgeois nationaux (futurs nouveaux bourgeois bureaucratiques) et les franges réformistes-pragmatiques de l’oligarchie bureaucratique (et compradore, et latifundiste) vont devoir rééquilibrer la contradiction entre caractère national de la production et appropriation impérialiste du produit. Lorsqu’un pays est historiquement sous la domination quasi exclusive d’une puissance ou d’un bloc impérialiste, comme le Venezuela de 1999 vis-à-vis des États-Unis ou la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo vis-à-vis de l’impérialisme BBR, forte va être la tentation de se tourner vers les puissances ou les blocs impérialistes concurrents, lesquels vont parfois être enclins à des concessions importantes, sur les contrats, les prêts etc., pour nuire à leurs rivaux ["Ce qui est l’essence même de l’impérialisme, c’est la rivalité de plusieurs grandes puissances tendant à l’hégémonie, c’est-à-dire à la conquête de territoires - non pas tant pour elles-mêmes que pour affaiblir l’adversaire et saper son hégémonie" - Lénine, L'impérialisme, stade suprême du capitalisme]. Le nationalisme bourgeois incapable, à l'ère et dans le cadre du système impérialiste mondial, de conquérir pour ces pays une véritable 'indépendance nationale', est ainsi systématiquement voué à se 'raccrocher aux branches' des rivalités entre grandes puissances...
Rien de tout cela n’a jamais été remis en cause par Servir le Peuple, la problématique ne s’est jamais située ici – nous y reviendrons. Et SLP n'a jamais eu aucun problème à critiquer les positions 'borgnes' d'organisations comme le PC des Philippines ou le (n)PCI, positions qui ne voient que le 'bon côté' du phénomène 'bolivarien' - les améliorations sociales (immédiates et indéniables) pour les masses ; la 'rupture' avec la servilité des gouvernements précédents vis-à-vis des impérialistes ouest-européens, nord-américains et japonais (la 'Triade'), du FMI, de la Banque mondiale ; etc. Le (n)PCI tombe ici, encore une fois, dans un 'travers' qu'il dénonce lui-même (si l'on considère le nationaliste bourgeois Chavez comme un représentant de la 'gauche bourgeoise' mondiale, ou en tout cas, quelque chose d'assimilable) dans son lumineux Manifeste Programme : "Les réformistes et la gauche bourgeoise sont les propagateurs de l'influence de la bourgeoisie dans les rangs du mouvement communiste. Ils ne sont un danger pour notre cause que dans la seule mesure où ils réussissent à influencer la conduite du Parti communiste, à alimenter dans nos rangs l'opportunisme et le révisionnisme par émulation, timidité idéologique ou corruption, ou le sectarisme et le dogmatisme par réaction défensive : en somme, dans la mesure où ils parviennent à agir sur nos contradictions internes" - les tenants dogmato-gauchistes de 'Chavez-le-fasciste' représentant l'autre travers ; travers qui sont TOUS DEUX des stigmates de la 'Fin de l'Histoire', des reflets du grand 'creux de la vague' stratégique traversé par le mouvement communiste international entre les années 1980 et 2000, dont nous commençons tout juste à sortir (il est d'ailleurs significatif que cette période ait connu deux grandes Guerres populaires - Pérou et Népal - et que l'une ait péri du second travers, l'autre du premier).
Il y a des personnes dont, quelles que puissent être les divergences que l'on peut avoir avec elles, l’on n’aimerait pas être à la place ; et SLP n'aimerait vraiment pas être à la place du collectif cantabre Odio de Clase en ce moment... Après s'être mis à dos (à grand renfort d'insultes politiques et d'invectives rageuses) toutes les organisations marxistes-léninistes et maoïstes de l'État espagnol sur la question du Népal (rejoignant là la ligne internationale gauchiste, dogmatique et anti-dialectique), sauf l'OCBR de Castille qui s'est récemment... dissoute, et Reconstruction Communiste qui est hoxhiste ; ainsi que les 'centristes' (VRAIS maoïstes) de tous les pays, notamment le PCm d'Italie ; les voilà désormais 'lâchés' par leurs 'amis' internationaux de la 'croisade anti-centriste' (surtout après avoir traité les Équatoriens de 'trotskystes', ce qui n'a certainement pas été apprécié...), pour avoir pris une position (pour une fois) JUSTE, léniniste, sur la nature nationaliste bourgeoise réformiste de Chavez, contre la position noire de 'Chavez = fasciste', au service objectif de l'ultradroite oligarchique, de l'impérialisme US et de ses alliés... En revanche, SLP ne partage évidemment pas leur position du collectif sur la Syrie ou (hier) la Libye... mais là, par contre, il y a du cocasse à voir le 'p''c''mlm' critiquer OdC ! Car, pour le coup, tels des… Chavez, ce n’est pas seulement aux satrapes roulant des mécaniques ‘anti-impérialistes’ (Kadhafi, Assad) que ces derniers avaient apporté leur soutien ‘contre des mouvements totalement pilotés par l’impérialisme’, mais à TOUS les despotes arabes, déniant toute légitimité aux révoltes populaires de 2011 à nos jours…
L’on se demande, réellement, ce qu'il y a de si compliqué (pour de prétendus communistes) à se placer systématiquement DANS LE CAMP DU PEUPLE. Effectivement, l'on peut dire que tout ce qu'a fait Chavez en 14 ans de pouvoir, c'est de permettre à un certain nombre de bourgeois nationaux de se 'placer' en lieu et place de l'oligarchie bureaucratique (type PDVSA) de 1998, la vieille oligarchie bureaucratique puntofijiste AD-COPEI, qu'il a balayée ; ceci en se tournant vers de nouveaux partenaires impérialistes et 'émergents' (‘BRICS’, Iran etc.) : c’est la fameuse boli-bourgeoisie, que personne, au Venezuela, n’a attendu le ‘p’’c’’mlm’ et ses amis internationaux pour dénoncer.
Mais le 'problème', pour nous, n'a jamais été de contester cela. Le problème, c'est ce que le RETOUR, en force, de la vieille bourgeoisie bureaucratique (celle liée aux USA), promettait aux masses populaires vénézuéliennes : le pinochétisme. Que Chavez lui-même soit emprisonné, exilé, fusillé ou pendu par les couilles, on s'en tape ! C’est AU NOM DU PEUPLE que Servir le Peuple a défini et toujours suivi sa ligne de ‘soutenir’ (refuser le renversement) les régimes ‘bolivariens’ contre les menées d’ultra-droite ‘pinochétistes’, au Venezuela (où cela s’était ‘calmé’ lors de la naissance du site, en octobre 2009) comme en Bolivie (où il y avait encore des menées d’extrême-droite) ou encore au Honduras avec le coup d’État de juin 2009, dont l’oligarchie réactionnaire commanditaire est aujourd’hui au pouvoir (‘Pepe’ Lobo). Or une telle position est impossible si l’on qualifie Chavez de ‘fasciste’, car ‘fasciste’ a une signification léniniste : cela signifie que TOUTE AUTRE FORME de gouvernement de la classe dominante est, ‘à tout prendre’, ‘moins pire’ pour les masses populaires que le régime de Chavez. Cela signifie, clairement, que la réussite du coup d’État d’avril 2002 aurait été un ‘moindre mal’ pour les ouvriers, les paysans et toutes les classes laborieuses exploitées du Venezuela. Il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de le dire en ces termes. Les PC d’Équateur CR et ‘Sol Rojo’ ont pu, ces dernières années, adopter des positions plus léninistes (donc maoïstes) et moins délirantes que d’autres groupuscules de leur ‘internationale ligne rouge’ de pieds-nickelés ; mais nous serions curieux de voir ce qu’ils expliqueront aux masses le jour (si tel est le cas) où le ‘fasciste’ Correa, ne ‘tenant’ plus celles-ci, sera éjecté et remplacé par le VRAI fascisme d’un Pinochet/Videla équatorien… C'est là une position GRAVE, DANGEREUSE, servant OBJECTIVEMENT les plans de la réaction la plus noire, et désarmant les classes populaires d'Amérique latine face à leur pire ennemi. Et affirmer, comme le fait ‘Voie lactée’, que ‘les pays opprimés sont (tous sans exception, sous-entendu) des pays fascistes - un fascisme bien sûr très différent de la version qui peut exister dans les pays impérialistes’, même s’il est vrai que ces pays sont souvent, par nature, beaucoup plus répressifs que les métropoles impérialistes (l’appareil politico-militaire étatique est principal dans le contrôle des masses, la ‘société civile’ est très secondaire), c’est interdire par avance tout ‘jeu’ tactique mettant à profit les contradictions au sein des classes dominantes de ces pays ; ‘jeu’ qui est ‘riche’ en potentialités révisionnistes, certes (lorsque la direction des classes opprimées se met à la remorque d’une fraction ‘libérale’ ou ‘réformiste’ des classes dominantes, comme au Népal), mais sans lequel aucune lutte révolutionnaire de longue durée ne peut avancer et espérer – un jour – triompher. C’est, peut-être, une telle ‘souplesse’ tactique qui a fait défaut à la Guerre populaire du Pérou et l’a conduite à la défaite, dans les années 1990, après des progrès fulgurants entre 1985 et 1992.
Assad, lui, est peut-être de la même engeance bureaucratique que Chavez, d’où leur amitié : l’on peut dire en effet, dans un sens, que son père a pris le contrôle du capitalisme bureaucratique en Syrie, en 1970 – et l’a alors arrimé à l’URSS et à la ‘politique arabe’ BBR gaulliste, tout en ‘rectifiant’ par la droite le ‘processus national-progressiste’ de Salah Jedid, au pouvoir les années précédentes, qui voulait notamment accueillir la résistance palestinienne chassée de Jordanie, ce qu’Assad père refusait ('meilleur ennemi' d'Israël jusqu'au bout des ongles...). Et il est tout aussi vrai que les courants majoritaires de la rébellion (CNS, ASL, salafistes) ne promettent guère un avenir plus radieux aux masses populaires syriennes. Mais à la base, il y a une légitime révolte populaire contre le régime, l'oligarchie bureaucratique en place depuis plus de 40 ans, et ce 'paramètre' ne peut pas être ignoré dans un raisonnement communiste conséquent – quand bien même, ensuite, faute de direction révolutionnaire conséquente, les différentes fractions de la bourgeoisie anti-Assad auraient pris la tête du mouvement et se seraient vendues aux impérialistes (US, ouest-européen) et aux puissances locales (Turquie, Arabie saoudite, Qatar) les plus 'offrantes' pour prendre la place du despotisme baathiste, historiquement lié à la Russie et plus récemment à la Chine, à l’Iran etc.
En niant cette contradiction entre régimes et masses, contradiction devenue d’un antagonisme irréversible – l’on voit mal comment le régime syrien, par exemple, s’il venait à se sortir de la situation actuelle (ce qui est totalement utopique), pourrait reprendre son ‘cours normal’ des dernières décennies ; l’’internationale ligne rouge’ du ‘p’’c’’mlm’ fait montre d’un ‘campisme’ qu’elle rejette lorsqu’il s’agit des ‘bolivarismes’ et autres ‘gauches’ bourgeoises latino-américaines, lesquelles ne sont pourtant pas en train de massacrer leur population comme le faisaient Kadhafi mais aussi Ben Ali et Moubarak (puisqu’ils dénient là aussi toute légitimité à la révolte), et continue à la faire Assad, même si ses adversaires ASL et salafistes ne valent sans doute guère mieux… on n’y comprend plus grand-chose ! À l’heure où le nouveau ‘souverain pontife’ fait face à une virulente polémique quand à son rôle sous la dictature argentine de 1976-83, l’on se demande à grand-peine où sont les milliers de morts et de ‘disparus’ des ‘fascistes’ Chavez, Morales, Correa ou Ortega, torturés à mort, abattus et enterrés dans les bois ou jetés d’hélicoptère dans la mer ; les villages entiers atrocement massacrés (comme par les 'autodéfenses unies' paramilitaires colombiennes ou les 'kaibiles' du Guatemala), etc. : c'est CELA, le fascisme en Amérique latine (comme d'ailleurs dans les États réactionnaires arabes) !
On n’y comprend plus grand-chose… sinon, non sans un certain frisson dans le dos, qu’entre les ‘gauches populistes’ latino-américaines, les ‘islamistes’ qui profitent de l’’appel d’air’ provoqué par la chute des autocrates arabes (seule explication que l’on voit à la position ‘surprise’ du 'p''c''mlm' sur Kadhafi et Assad), les maoïstes du Népal et maintenant (sans guère plus de retenue) d’Inde, nos tenants de la ‘ligne rouge internationale’ semblent en fait totalement partager leur ‘pandémonium’ avec… la ‘droite radicale’ de type ‘néocon-occidentaliste’, de type Dreuz.info, Euro-reconquista etc. Ceci, en s’appuyant prétendument sur le ‘maoïsme classique’ d’organisations affrontant – avec dogmatisme selon nous – les forces politiques ‘bolivariennes’ ou ‘islamistes’ dans leurs pays respectifs, ce qui, pour le coup, ne manque pas de sel ‘cosmopolite’. Sur les pays arabes, leur position est en fait un classique du gauchisme (trotskyste, par exemple) : lancer un mot d’ordre ‘ultra-puriste’ – révolution démocratique arabe – en niant à quelque évènement, quelque lutte que ce soit, le caractère d’étape (ou de possible étape) vers ce but ultime, le vidant ainsi de tout contenu concret, de toute réalisabilité, pour en faire un slogan creux. Ainsi, le 'p''c''mlm' est 'évidemment antisioniste', mais la ‘seule solution’ à l’occupation sioniste de la Palestine est la ‘révolution démocratique arabe’, et en attendant c’est sur les (rares dernières) forces combattant concrètement le sionisme que le ‘p’’c’’mlm’ déverse régulièrement sa bile – puisqu'aucune de ces organisations n'est 'purement' maoïste, voire même simplement marxiste. Quant aux justes révoltes populaires contre les satrapes de tout poil (et de tout 'bord' géopolitique), n'étant pas la pure ‘révolution démocratique arabe’ tant escomptée, dirigée par un Parti maoïste ('sans le Parti, il n'y a rien !'), elles n'ont bien sûr aucune chance de trouver grâce à leurs yeux : autant dire qu'avec des 'Partis de la science MLM' comme cela, les despotes valets de l'impérialisme peuvent dormir tranquille... Voilà bien une méthode fort subtile pour défendre, objectivement, le statu quo dans les pays arabes et musulmans qui, du Sahara occidental à l'Iran, sont la ceinture de feu de la 'forteresse' impérialiste Europe ! [Sur l’État turc et le PKK, il est 'intéressant' de les voir aujourd'hui reprendre dans les grandes lignes l'analyse de Servir le Peuple datant de juin 2010 ; en revanche, il est totalement ridicule d'affirmer que le MLN kurde se résume au PKK et encore moins à Öçalan, qui ne contrôle même pas toutes les factions du PKK : le MLNK existe depuis la fin de l'Empire ottoman, en 1920, et le PKK d'Öçalan n'a été que son expression particulière dans les années 1980-2000.]
Mais bon… rien de bien étonnant, lorsque l’on connaît le passé pour le moins sioniste de droite (et l’absence totale d’autocritique à ce sujet) du ‘génie éclairé’ qui prétend diriger le ‘Parti de la science MLM’.
Quoi qu’il en soit, comme l’on peut encore le voir avec la dernière publication du ‘centre mlm’ sur le néocolonialisme, la pseudo petite ‘internationale-plus-rouge-que-moi-tu-meurs’ du ‘p’’c’’mlm’ et consorts, comme TOUJOURS le gauchisme à travers toute l’histoire du mouvement communiste, est en train d’exploser inexorablement sous ses contradictions, en un véritable panier de crabes. De leur côté, les maoïstes authentiques et conséquents, impliqués dans le mouvement réel des luttes de classe (‘syndicalisme révolutionnaire’ selon nos super-ultra-rouges-de-la-galaxie) et les Guerres populaires (ou le soutien internationaliste – ‘cosmopolite’ – à celles-ci) à travers le monde, construisent patiemment le mouvement communiste international du 21e siècle qui saura faire face aux immenses tâches de la Nouvelle Vague Révolutionnaire Mondiale.
PS : l'UOC-MLM de Colombie a 'rendu sa copie', et c'est non sans une certaine surprise que nous trouvons leur position éminemment CORRECTE. Chavez y est correctement qualifié de RÉFORMISTE, la critique de sa politique, non sans une pointe de gauchisme, est la critique léniniste classique du réformisme (que l'on retrouve aussi bien chez les ML et les maoïstes que chez les trotskystes) ; le 'chavisme', SURTOUT, est reconnu comme un PHÉNOMÈNE POLITIQUE DE MASSE que des communistes ne peuvent ignorer et, dans l'avant dernier paragraphe, il est même dit une chose très intéressante : "Le réformisme bourgeois bolivarien au Venezuela, tout en détournant le peuple d'une véritable révolution, ne pouvait pas supprimer la nécessité d'une telle révolution. Il a de fait servi à affiner davantage la lutte des classes, à amener davantage le Peuple aux problèmes de la politique, du pouvoir et de l’État, ce qui a contribué à fertiliser le terrain pour le travail des révolutionnaires authentiques, pour l'activité politique portant les véritables idées du socialisme au Peuple vénézuélien, pour guider le processus qui doit inévitablement abattre le pouvoir des classes réactionnaires et construire un nouvel État des ouvriers et des paysans vers le vrai socialisme dirigé par le prolétariat"... !!! Nous n'aurions pas dit mieux, ni autrement : si les 14 années de 'chavisme' ont eu d'indéniables aspects de 'frein' à l'émancipation révolutionnaires des masses, elles auront aussi été, pour celles-ci, une ÉCOLE DE RÉVOLUTION - si le (n)PCI disait les choses ainsi, nous serions totalement d'accord. Abstraction faite d'une certaine 'tonalité gauchiste générale' du texte (notamment le renvoi dos à dos avec le régime colombien qui, lui, est typiquement 'fasciste du 21e siècle'), SLP peut dire qu'il partage cette analyse dans les grandes lignes...