Retrouver l'article en bon état ici : Considérations diverses (26/10/2012) : 'traditions' politiques bourgeoises et fascisation ; question nationale et identitarisme ; 'émergentisme' et islamophobie
1. Les récentes ‘considérations’ consacrées à la montée du fascisme, en établissant un parallèle comparatif entre la situation d’entre-deux-guerres et la situation actuelle, ont amené SLP à exposer une importante analyse de la ‘politique (bourgeoise) à la française’. Une ‘politique’ avec ses ‘traditions’, remontant pratiquement à la révolution bourgeoise de 1789 ; et, de même que celle-ci avait ‘récupéré’ l’appareil politico-militaire de l’État monarchique en le modernisant, le capitalisme devenu monopoliste (impérialiste) a récupéré ces ‘traditions’ politiques bourgeoises, en les modernisant également (ainsi, les forces hostiles à une forme républicaine de gouvernement sont aujourd’hui très minoritaires et marginales, et la question d’avoir un Bourbon, un Orléans ou un Bonaparte sur le trône ne passionne plus les dîners mondains comme cela pouvait être le cas il y a encore 150 ans…).
Il faut bien avoir à l’esprit que la classe dominante actuelle, celle qui ‘fait la politique’ de notre État bourgeois ‘France’, la bourgeoisie monopoliste (cadres dirigeants et actionnaires ‘significatifs’ des grands groupes capitalistes, du ‘CAC 40’), ne représente qu’une part infime de la population, peut-être même moins que les ‘1%’ dénoncés par les mouvements contestataires de type Indigné-e-s ou Occupy. La ‘classe politique’, elle (les politiciens que l’on voit tous les jours à la télé), est plutôt issue (et l’expression politique) de la moyenne bourgeoisie, de la classe ‘moyenne-sup’’, subordonnée à la première ; et ses grands partis en représentent différentes fractions, sur lesquelles la bourgeoisie monopoliste va s’appuyer tour à tour en fonction de ses intérêts et de sa ‘tactique’ du moment.
Si l’on observe brièvement de quelles fractions se compose cette moyenne bourgeoisie, il va s’en dégager globalement :
- la bourgeoisie des petits et moyens entrepreneurs, à laquelle on peut associer la petite bourgeoisie des ‘indépendants’ et micro-employeurs, et les ‘notables’ (propriétaires fonciers, agriculteurs aisés) ruraux. Celle-ci va constituer, dans l’immense majorité (97% pour Sarkozy au 2e tour de la présidentielle), un électorat de ‘droite dure’ : en gros, c’est soit Sarkozy ‘version’ Buisson-Guéant, l’UMP façon Droite populaire ; soit Le Pen (avec parfois, localement, d’autres ‘droites radicales’ comme De Villiers, CPNT, les organisations de l’UDN, les ‘notables’ d’extrême-droite à la Bompard ou Simonpieri, etc.). Dans les villages et les petites villes dont ils sont des ‘figures locales’, ou dans les entreprises qu’ils dirigent, ils vont entraîner une part importante de l’électorat populaire, et même ouvrier, vers cette orientation politique. C’est ainsi que des zones géographiques entières (comme la Moselle, par exemple) sont des bastions historiques d’une ‘droite ouvrière’ électorale, qui a fait la fortune de Sarkozy en 2007 et de Marine Le Pen en 2012 (et, globalement, du Front national depuis plus de 25 ans) ; et lorsque l’on parle de ces ‘35% d’ouvriers’ qui votent FN (en laissant de côté l’abstention, premier ‘parti’ ouvrier d’Hexagone) et de cette ‘nette majorité’ de salariés du privé qui votent à droite (au second tour), il faut savoir qu’il s’agit pour l’essentiel de salariés de PME (ou micro-entreprises artisanales, commerciales ou agricoles) des zones rurales ou semi-rurales.
Seule une minorité de ces entrepreneurs, dans les secteurs de ‘nouvelle économie’ (des grandes métropoles), sera d’opinion libéral-démocrate, social-libérale voire ‘libérale-libertaire’.
- les cadres du ‘secteur privé’ (grandes entreprises et groupes privés), auxquels on peut associer les professions libérales (médecins, avocats…) : c’est plutôt là le territoire électoral de l’orléanisme, du libéralisme politique et économique, allant du social-libéralisme à la Strauss-Kahn (voire Cohn-Bendit) au libéral-conservatisme Sarkozy-Copé, en passant par la libéral-démocratie de type Modem ou UDI. Ils aiment la ‘liberté dans l’ordre’ mais sont très majoritairement hésitants à ‘sauter le pas’ de la dictature terroriste ouverte, à laquelle ils ne se rallieront qu’à reculons et dans une situation d’extrême urgence, en l’espérant temporaire. Une minorité est d’extrême-droite, mais elle en constitue – évidemment – les cadres et les idéologues, avec son ‘capital intellectuel’ nettement supérieur à celui des patrons de PME. C’est la fraction qui a le plus de mal à influencer les couches ‘basses’ de ses subordonnés, qui, dans les grandes entreprises, tendront à suivre les syndicats réformistes et à voter pour la gauche bourgeoise. Elle peut éventuellement influencer l’encadrement intermédiaire, le salariat intellectuel ‘gravitant’ autour de la production, et diffuser une culture de ‘compétitivité’ économique qui développera chez les ouvriers et petits employés le nationalisme économique (‘produisons français’), et par répercussion le vote FN (ou les impasses social-populistes stériles comme le mélenchonisme).
- les cadres du ‘secteur public’ (fonction publique et entreprises étatiques) : c’est, de manière bien connue, un bastion de la ‘gauche’ bourgeoise ; et ils influencent largement dans ce sens leurs subordonnés. Une ‘gauche’ plutôt, majoritairement, de tendance ‘républicaine’, ‘jacobine’, faisant grand cas d’un État quasi divinisé, de la ‘citoyenneté’, des ‘valeurs’ du radical-socialisme IIIe République (très présentes dans le discours d’un Mélenchon). Un sondage de 2012 a cependant révélé qu’à la présidentielle, le salariat public aurait placé en tête François Hollande et Marine Le Pen, loin devant Sarkozy. ‘Glissement’ électoral aisément explicable par la culture petite et moyenne-bourgeoise ‘social-républicaine’ hégémonique, qui trouve de moins en moins à redire devant la ‘respectabilisation’ engagée par la fille de son père…
En somme (et en substance), si l'on voulait schématiser à l'extrême, l'on pourrait dire que "la gauche" est plutôt le parti de la "bourgeoisie d’État" (sauf les cadres de l'appareil policier/répressif et militaire, plutôt à droite pour ne pas dire plus, et nonobstant un nombre non négligeable d'"exceptions" - hauts fonctionnaires clairement à droite) tandis que "la droite" (ou alors un certain centre-centre-ceeeentre-gauche vraiment trèèèès libéral) est plutôt celui de la bourgeoisie d'entreprise, du "privé", là encore non sans un nombre notable d'exceptions ; le FN représentant finalement les plus "radicaux"/"extrémistes" (notamment les plus "incertains" dans leur position, comme les patrons de PME mais aussi les fonctionnaires qui voient l’État perdre des prérogatives "sous le diktat de Bruxelles") des uns comme des autres.
Mais en réalité, à ces distinguos vont venir se superposer d’autres, à la manière d’un kaléidoscope. Ainsi, comme tout grand État bourgeois, la ‘France’ va présenter des contradictions au sein de sa bourgeoisie sur une base géographique. L’on va ainsi distinguer :
- une bourgeoisie d’Île-de-France, du Bassin parisien, à laquelle on peut rattacher la bourgeoisie de grande industrie du Nord/Nord-Est. Celle-ci va tendre, de même que la bourgeoisie d’État en général (logique…), vers plus de ‘jacobinisme’ social-républicain ou de ‘gaullo-bonapartisme’, plus de centralisme étatique.
- une bourgeoisie de ‘province’ qui va historiquement tendre à ‘râler’ contre la première, fraction historiquement dirigeante de la révolution bourgeoise de 1789 (et de ses ‘séquelles’ du 19e siècle), et parfois (en tant que bourgeoisie entrepreneuriale) être économiquement plus tournée vers les États bourgeois voisins que vers le centre parisien. Elle va être plutôt ‘décentraliste’ et européiste, ‘girondine’ (comme l’incarne, par exemple, le très important réseau d’élus locaux PS ‘2e gauche’), ‘orléaniste’ ou d’extrême-droite mettant en avant les ‘petites patries’ locales et/ou ‘l’Europe-civilisation’, peu encline aux tentations de ‘cavalier seul’ de certaines tendances du grand capitalisme BBR. Lyon, consacrée ‘capitale de la province’ (‘antenne-relais’ n°1 de Paris), est particulièrement un foyer de cette ‘droite radicale’ maurrasso-pétainiste, national-catholique, identitaire etc. tout en étant, au niveau de la démocratie bourgeoise, un bastion du centrisme et du social-libéralisme. C'est que de fait, on y trouve historiquement deux grands clans bourgeois : celui autour de la franc-maçonnerie longtemps incarné par le Parti radical (avec Édouard Herriot, maire de 1905 à sa mort en 1957), un radicalisme provincial typique que l'on retrouve aujourd'hui encore dans le radicalisme de droite (valoisien, le parti de Borloo qui reste puissant dans la ville) comme de gauche (dont on retrouve l'esprit autour du maire Gérard Collomb) ; et un ‘parti catholique’ qui s'est différencié avec le temps, allant aujourd'hui de la démocratie-chrétienne (Modem, bien implanté également) au conservatisme ‘dur’ (millonisme) et au national-catholicisme d'extrême-droite (Bruno Gollnisch, Œuvre française dont c'est le bastion etc.) - il n'y a donc pas ‘le’ centrisme lyonnais mais bien deux centrismes, celui de tradition radicale et celui de tradition démocrate-chrétienne.
- la bourgeoisie des grands ports (comme Marseille, Nantes/Saint-Nazaire, Bordeaux ou Le Havre) était, historiquement, tournée vers l’Empire et donc un fervent soutien des politiques colonialistes et impérialistes, quelle que soit ‘l’étiquette’ politique qui les porte. En 1940-44, elle s’est logiquement très bien reconnue dans la fraction gaulliste réfugiée à Londres, fraction solidement appuyée sur l’Empire et ancrée ‘à l’Ouest’ (dans l’alliance anglo-saxonne), tout en étant jalouse des intérêts tricolores… Elle a pu conserver par la suite cette fidélité au gaullisme ; la bourgeoisie portuaire marseillaise pouvant toutefois, peut-être, regretter la ‘perte’ (toute relative) de l’Algérie en 1962 (antigaullisme également alimenté par la bourgeoisie coloniale rapatriée – massivement – dans cette ville). Aujourd’hui, avec la ‘perte de vitesse’ de l’impérialiste BBR, des fractions (notamment liées à la ‘Françafrique’) peuvent être farouchement ‘souverainistes’, d’autres, en fonctions de leurs intérêts commerciaux, plutôt ‘atlantistes’ ou ‘eurasistes’. À Bordeaux, par exemple, il y a une puissante tradition ‘gaullo-radicale’ incarnée par Jacques Chaban-Delmas (maire de 1947 à 1995) puis Alain Juppé, car c’est un important terminal pétrolier (Ambès) tourné vers l’’Empire énergétique’ BBR, avec la ‘culture Elf Aquitaine’ etc. ; mais il y a aussi une tradition catholique conservatrice voire ultra-réactionnaire national-catholique fascisante (mise à jour par le reportage sur le groupe ‘Dies Irae’), car c’était surtout un grand port colonial d’Ancien Régime (traite négrière), pas tellement de l'époque impérialiste, et situé au cœur d’une région viticole de luxe, dont il assure l’exportation.
Ce n’est pas là une liste exhaustive : pour ainsi dire, c’est pratiquement dans chaque département que la moyenne-bourgeoisie, en fonction d’une foule de facteurs, génère une ‘identité politique’ souvent très forte et solidement ancrée.
Enfin, il y a le clivage des ‘sensibilités’, de ‘gauche’ (plus libérale dans la dictature bourgeoise vis-à-vis des masses populaires, social-redistributive vis-à-vis des classes laborieuses), du ‘centre’ ou de ‘droite’ (plus ou moins ‘radicale’, répressive vis-à-vis des masses populaires et ‘dure’ dans la défense du Capital, même avec des accents ‘sociaux’ de type corporatistes). Cela, c’est tout simplement le fruit des mille parcours individuels de chacun de ces moyens-bourgeois, de leur appartenance mais aussi de leur origine de classe (qui peut ne pas être la même), de la ‘tradition politique’ familiale et du milieu social d’origine, qu’ils peuvent perpétuer ou au contraire rejeter, de l’appartenance à une minorité ‘ethnique’ ou de genre (homosexuel-le-s), et de mille et un évènements personnellement vécus (bien que toujours analysés à travers des ‘yeux de classe’) ; ceci amenant une conception du monde qui va ensuite se reconnaître, peu ou prou, dans l’une ou l’autre des ‘cases’ de ‘l’échiquier’ politique bourgeois. C’est cela qui fera qu’un moyen-bourgeois sera social-libéral ‘girondin’, libéral-démocrate à la Bayrou, libéral-conservateur à la Copé ou ultra-réactionnaire quelque part (idéologiquement) entre De Villiers, Bompard et le MNR, ou social-républicain ‘jacobin’, ‘gaulliste social’ à la Fillon, gaulliste réactionnaire à la Pasqua ou Droite populaire ou Front national.
La fascisation ou ‘montée du fascisme’ désigne le processus par lequel la bourgeoisie monopoliste, confrontée à la crise générale du capitalisme et à l’agitation subséquente des masses populaires (dirigée par un Parti révolutionnaire ou spontanée), va pousser en avant le ‘durcissement’ réactionnaire de la dictature bourgeoise et faire converger toutes ces tendances de la moyenne bourgeoisie vers la mise en place, ou au moins la neutralité/acceptation, d’une dictature réactionnaire terroriste ouverte du Capital, le FASCISME.
Nous avons vu, dans l’étude comparative de la situation actuelle avec les années 1930, que parler de fascisme en France ne peut avoir de sens qu’entendu comme FORME DE GOUVERNEMENT (dictature réactionnaire terroriste ouverte, mobilisant une partie des masses populaires contre les ‘mauvais citoyens’ et un ou plusieurs 'ennemi(s) intérieur(s)'). Il est absurde et illusoire de vouloir le définir à travers une idéologie précise et cohérente, sinon à travers des caractéristiques très basiques (il est contre-révolutionnaire, et va donc rarement mettre en avant une conception progressiste du monde ; il défend les intérêts des monopoles BBR, et/ou du bloc impérialiste euro-continental, et va donc tenir un discours chauvin, dans lequel les classes et leur lutte n’ont pas voix au chapitre ; il vise la mobilisation de masse derrière les monopoles, et va donc tenir un discours ‘populaire’ mais là encore, en niant totalement les classes sociales et leurs contradictions) ; et a fortiori, de le rechercher à travers le ‘prisme’ du fascisme italien ou du nazisme allemand du siècle dernier, ‘modèles’ qui ne peuvent concerner en ‘France’ que des groupes marginaux, ‘supplétifs’ et qui ne prendront jamais le pouvoir. Le fascisme ‘à la française’ consiste, face à une situation politique d’une gravité sans précédent (comme la défaite de 1940, aujourd’hui ce pourrait être un chaos économique et social comme en Grèce, peut-être ‘agrémenté’ d'une vague d’attentats ‘terroristes’ meurtriers, etc.), amène les ‘droites radicales’ à ‘converger’ vers la solution réactionnaire terroriste ouverte, appuyée sur les groupes ultras (‘fascistes proprement dits’ : groupes néonazis locaux – comme Lyon Dissident, ‘solidaristes’ d’Ayoub ou Parti solidaire français de Werlet, Jeunesses nationalistes de Gabriac ou Jeunesses identitaires de Vardon, national-catholiques paramilitaires type Renouveau français ou Dies Irae, etc.), et avec la lâche neutralité complice des libéraux, démocrates voire réformistes bourgeois (il suffit, pour comprendre cela, de jeter un regard sur la liste des parlementaires ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940).
Les 'Jeunesses patriotes' de Pierre Taittinger assuraient, entre 1925 et 1935, le service d'ordre paramilitaire de la Fédération républicaine, la 'droite décomplexée' de l'époque. L'autre grande formation de masse à la 'droite de la droite', apparaissant à la même époque, était les Croix-de-Feu, dont le côté 'césariste' rappelle l'actuel FN. Maniant un discours antisémite au sens anti-libéral et anti-progressiste, les Croix-de-Feu n'étaient pas spécialement hostiles aux Juifs conservateurs, 'patriotes' et anciens combattants ; tout comme aujourd'hui de nombreuses personnes juives, musulmanes ou noires - ou métisses - militent au Front national ou dans son orbite.
2. Tout dernièrement, a fait grand bruit l’opération ‘coup de poing’ du Bloc identitaire à la mosquée (en construction) de Poitiers, quelques jours avant ‘l’anniversaire’ supposé de la bataille (25 octobre 732) livrée près de cette ville par le prince franc Charles Martel contre les troupes de l’émir de Cordoue Abd al-Rahmân – Poitiers, d’autre part, est depuis 1977 un fief municipal du PS, pour lequel sont réputés voter "90% des musulmans de France". Une action ‘symbolique’, donc, et, le ‘symbole’ répondant au ‘symbole’, la majorité PS au pouvoir s’est empressée de riposter ‘vigoureusement’ : quatre gardés à vue, finalement mis en examen (sous contrôle judiciaire), condamnations médiatiques vigoureuses, appels à la dissolution du Bloc etc. Cette réponse ‘vigoureuse’ s’inscrit dans la politique PS de ‘lutte sur tous les fronts’ : contre le ‘terrorisme islamiste’, contre le ‘banditisme’ à Marseille et maintenant en Corse (où la propagande le relie, sur la base de quelques connexions bien réelles, à la revendication démocratique nationale) et désormais contre la ‘droite radicale’ identitaire, activiste ultra-réactionnaire sur une ligne ‘euro-nationalo-régionaliste’, véritables ‘Camelots du Roi’ de notre époque. Une lutte typiquement ‘gauche bourgeoise’ en défense des ‘valeurs de la république’ parlementaire bourgeoise et de la ‘cohésion nationale’, contre la montée de la lutte des classes et les camps qui, logiquement, se forment et se consolident sur cette base.
Mais cette action est aussi l’occasion de rebondir sur un article (en réaction à celle-ci) du site ‘Voie lactée’ du ‘p’’c’’mlm’ ; mouvance dont SLP avait souligné la prise de conscience tardive de l’importance du courant ‘identitaire’ au sein du ‘fascisme-mouvement’ (ils préféraient, alors, se concentrer sur les courants donnant la priorité à un discours ‘social’ et anti-américain/antisioniste, voire ‘tiers-mondiste’), et dont il est intéressant à présent de voir l’analyse du phénomène. Or celle-ci, en plus de leur donner l’occasion de nouvelles attaques hors-de-propos contre les antifascistes ‘non-affiliés’ à leur secte fantomatique (c'est-à-dire à peu près tous, à présent), en l’occurrence les libertaires de Poitiers, et contre les Indigènes de la République, systématiquement mis sur le même plan que les Identitaires (comme si l’on pouvait tirer un trait d’égalité entre une réaction d’opprimé-e-s, peut-être petite-bourgeoise et erronée, et l’une des expressions les plus virulentes du système d’oppression), présente une affirmation intéressante quant à leur conception du monde. Il y est affirmé non seulement qu’existe une ‘nation française’ sur (en tout cas) l’ensemble du territoire ‘métropolitain’ (peut-être hors Corse, qui sait…), mais en outre, que celle-ci se serait formée ‘800 ans voire 1000 ans’ après la bataille de Poitiers mise en avant par les Identitaires, soit entre le 16e et le 18e siècle.
Nos lecteurs savent bien que telle n’est pas (du tout) l’analyse que fait SLP de la constitution des nations modernes (actuelles) en Europe et Méditerranée ; mais il ne s’agit pas seulement de SLP : une telle analyse est en effet contraire à celle des ‘piliers’ du marxisme-léninisme-maoïsme comme troisième, supérieur et à ce jour plus abouti développement du socialisme scientifique marxiste.
Il faut, en effet, lire Ibrahim Kaypakkaya sur la question kurde en Turquie (ici, en anglais) : les nations ne se forment pas à l’apogée du capitalisme (apogée ‘progressiste’ – mais non sans une kyrielle d’atrocités – qui se situerait, en Europe occidentale, entre le règne de Louis XIV et la crise générale capitaliste de 1873) mais à l’AUBE (at the dawn) de celui-ci ; SLP dirait même aux premières lueurs de l’aube, lorsque l’émergence de ce mode de production ‘rencontre’ les autres caractéristiques (langue, culture commune, stabilité sur un territoire etc.) d'une formation nationale. En Europe et en Méditerranée, cela signifie l’époque comprise entre Charlemagne (renaissance carolingienne) et la Renaissance médiévale incluse, jusqu’à la fin du 13e siècle (800-1300), époque des foires (de Champagne, du Languedoc) et des premières universités, où les marchands et les étudiants étaient classés (en fonction de leur langue d’expression) par ‘nations’, donnant naissance au terme ; et l’époque contemporaine des califats de Cordoue et de Bagdad dans l’espace musulman : autrement dit, l’apogée de la féodalité (comme mode de production supérieur à l’esclavagisme antique), au sein de laquelle poignaient les premières lueurs de l’aube capitaliste. Par la suite, à partir du 13e siècle, le mode de production féodal est entré en crise et dans un processus de concentration de la propriété éminente des princes, qui amènera à la constitution des grands États modernes (globalement, 1180-1480 pour la ‘France’) et débouchera (à partir du 16e siècle) sur les monarchies absolues, processus dans lequel fera son nid la bourgeoisie capitaliste, une fraction de celle-ci (souvent proche du pouvoir monarchique : bourgeoisie francilienne en ‘France’, londonienne en Grande-Bretagne, madrilène en Espagne ; ou située dans les régions géographiques historiquement plus avancées : plaine du Pô – dont le royaume du Piémont – en Italie, Rhénanie et Westphalie prussiennes en Allemagne) prenant la tête de la classe capitaliste au niveau de l’État, pour finalement prendre la direction de celui-ci et se ‘débarrasser’ (tel un serpent faisant sa mue) de la ‘vieille enveloppe’ des structures politiques monarchiques (ou réalisant, en s’appuyant sur sa monarchie ‘de tutelle’, l’unité politique d’un grand espace géographique, comme l’Italie ou l’Allemagne).
En affirmant que la ‘Nation française’ naît au 17e ou 18e siècle (citant de manière purement intellectuelle un texte de 1674), à l’apogée de la monarchie absolue et à la veille de la Révolution bourgeoise, le ‘p’’c’’mlm’ confond en réalité la Nation avec l’État moderne, qui est un APPAREIL POLITICO-MILITAIRE développé par les grandes maisons monarchiques (‘stade suprême’ de la féodalité) et repris (en le modernisant) par la fraction ‘dirigeante’ de la bourgeoisie dans sa révolution anti-féodale. Ce faisant, ils se placent finalement dans la continuité du PCF de Thorez (dont ils présentent, actuellement, une longue étude historique, intéressante au demeurant), qui ne reconnaissait pas les nations constitutives de l’État ‘France’ (des ‘féodalités’ selon lui) et posait sa démarche ‘révolutionnaire’ dans le prolongement de la Révolution bourgeoise jacobine de 1793-94 ; ou encore dans celle du PCI de Togliatti, qui se posait dans le prolongement du mazzinisme et du garibaldisme alors que Gramsci, lui, avait très justement analysé l’Unité italienne comme une conquête du Sud par la bourgeoisie du Nord, ‘pliant’ l’organisation sociale du nouvel État à ses intérêts et passant des alliances littéralement coloniales avec l’aristocratie méridionale et l’Église catholique.
Le problème des Identitaires n’est pas de ‘rejeter’ la ‘France’ comme construction politico-militaire au service hier de la Cour capétienne et aujourd’hui de la bourgeoisie monopoliste (avec sa fraction dominante parisienne) ; ce qui est d’ailleurs l’exact opposé de ce qu’ils font. Au contraire, leur reprise (pour la tordre dans un sens ultra-réactionnaire) des aspirations démocratiques des nations constitutives (récup’ qui n’a rien de nouveau, déjà employée par l’aristocratie déchue, le clergé catholique et les notables monarchistes au 19e siècle, puis par l’extrême-droite maurassienne dans la première moitié du 20e, sans parler de l’impérialisme allemand nazi avec le nationalisme bourgeois breton et de l’impérialisme italien fasciste avec le nationalisme bourgeois corse)[1], est bien le signe que quelque chose ‘bouge’ de ce côté-là.
Leur problème, c’est que :
- Leur ‘identité’ régionale (patrie charnelle), niant totalement le matérialisme historique, est ORGANIQUE, présentant cette ‘identité’ comme ‘immuable’ à l’appui de leur mobilisation réactionnaire de masse xénophobe : ils ne la font même pas remonter aux duchés mérovingiens et carolingiens, ce qui serait déjà erroné, mais carrément aux peuples gaulois d’avant la conquête de Jules César, ce qui est pour le coup totalement délirant : Engels a expliqué comment la crise générale de l’esclavagisme antique (ces grands bouleversements, invasions etc. qui vont globalement de l'an 200 de notre ère à la veille de l'An 1000) avait complètement fait disparaître ces ‘nations antiques’ [2] ; d’ailleurs ces ‘peuples gaulois’ étaient des réalités politiques et non nationales, tous étaient des Gaulois (branche des Celtes) divisés en plusieurs ‘cités’ tout comme les Grecs de l’époque classique, les Ibères, les Italiens avant l’unification par Rome, etc. C'est même d'autant plus grotesque, pour des gens souvent critiques envers la République, les Lumières, 1789 etc. (maurrassiens), que "nos ancêtres les Gaulois" sont justement un mythe... révolutionnaire bourgeois et républicain, pour justifier par une "souche commune" mythique l''unité' et l''indivisibilité' d'une "nation"... QUI N'EN EST PAS UNE (mais la PRISON, le résultat de l'ANNEXION d'une dizaine de peuples, sans compter l'outre-mer) !
- Ils incluent totalement ces ‘identités’ (loin de rejeter quoi que ce soit) dans la construction politico-militaire ‘France’ (patrie historique), ne faisant là encore que reprendre la thématique maurasso-pétainiste des ‘petites patries’ dans la ‘grande’ ; ainsi que dans le cartel monopoliste post-1945 UE (patrie-civilisation), ce qui fait leur spécificité politique. Ils font remonter la première, dans la plus pure veine des historiens d’Ancien régime, à Clovis (comme si le processus historique réel n’avait pas été un tout petit peu plus complexe) ; et la seconde aux ‘grandes unifications civilisationnelles’ de l’Empire romain, de Charlemagne, ou de l’hégémonie européenne de la France sous Louis XIV ou Napoléon (des unifications éphémères que EUX, rien que ça, sauraient reprendre à leur compte et rendre perpétuelles). D’OÙ les contradictions très justement pointées par les antifascistes libertaires de Poitiers, lorsqu’ils pointent le fait que Charles Martel, le grand ‘défenseur de l’Occident chrétien’ face aux hordes musulmanes, prince franc originaire de l’actuelle Wallonie, a sans doute massacré – dans sa longue carrière – plus de Gaulois particulièrement romanisés d’Aquitaine et de Provence (ce qui allait devenir la Nation occitane, prétendue ‘patrie charnelle’ de nos z’ids aquitains et niçois) que de ‘vils envahisseurs’ arabo-berbères mahométans... Et les grands ‘Croisés’ anti-islam que furent Philippe Auguste ou Louis IX (‘Saint Louis’) n’en firent pas autrement lors de la ‘conquête du Sud’ (de la Loire), véritable acte fondateur de la ‘France’ comme État/appareil politico-militaire moderne : tout le monde est au fait des ‘prouesses’ de la Croisade des Albigeois, qui vit l’annexion à la Couronne capétienne des territoires occitans situés entre Garonne et Rhône… CQFD. ‘Accepter d’en revenir au 8e siècle’ ne vise ici qu’à dévoiler toute l’absurdité du discours identitaire néo-maurassien.
L’on se souvient que lors de l’annonce de la ‘capitulation’ d’ETA (reconnaissance par l’organisation de sa déroute politique et militaire), le ‘p’’c’’mlm’, qui utilise systématiquement l’actualité pour régler ses comptes avec les groupes ne reconnaissant pas sa prétendue ‘direction’ sur le mouvement révolutionnaire, en avait profité pour attaquer les ‘identitaires de gauche’ ; traduire : les mouvements progressistes d’affirmation des nations niées, et en particulier le mouvement progressiste de la Nation occitane, sur le ton de "l’Occitanie n’existe pas, la France est une nation, mettre en avant l’Occitanie aujourd’hui c’est vouloir faire tourner la roue de l’histoire à l’envers", c’est vouloir "nier la lutte de classe en France en niant la France" ; genre de propos qui, au demeurant, ne sont nullement l’apanage du seul ‘p’’c’’mlm’ mais également de toute une flopée d’organisations trotskystes (particulièrement le POI, mais LO ne fait pas défaut), ‘thorézo-brejnéviennes’ (PRCF, URCF, RCC etc.) ou ‘dogmato-révisionnistes’ (Avant-garde/l’Ouvrier communiste), anarchistes (CNT-AIT), ‘gauchistes’ (Gauche communiste internationale)[3], etc. etc. Il faut bien dire qu'autant qu’il est difficile – même au plus ‘pur’ cœur de la classe ouvrière – à l’homme de reconnaître sa situation privilégiée vis-à-vis de la femme ou au ‘blanc’ de reconnaître la sienne vis-à-vis des ‘minorités visibles’, il est difficile au communiste basé à Paris ou dans le Bassin parisien, voire dans le Nord-Pas-de-Calais (territoire pourtant largement ‘relégué’), ou encore au petit bourgeois intellectuel (universitaire ou fonctionnaire) d'esprit français où qu'il se trouve, d’admettre que l’organisation sociale ‘France’ fait de lui un privilégié vis-à-vis des classes populaires ‘méridionales’ (occitanes), bretonnes, basques ou corses (a fortiori lorsque ces classes populaires ne vivent pas dans une grande ville)…Il est vrai, aussi, que le ‘particularisme’ (mise en avant de la culture populaire nationale, ou régionale) a longtemps été une expression de classe plutôt paysanne (ou artisane/commerçante, ou ‘paysanne-ouvrière’), des zones rurales, et que la bourgeoisie monopoliste, entre la fin du 19e siècle et le milieu du 20e, a su développer chez les ouvriers urbains un ‘mépris de classe’ pour les ‘culs-terreux’, mépris qui a hélas imprégné le mouvement ouvrier organisé tout au long du 20e siècle et jusqu’à nos jours.
Mais comment peut-on nier une réalité qui non seulement existait et existe toujours dans la conscience populaire de masse, même si elle a pu être ‘estompée’ par la propagande bourgeoise de l’époque impérialiste (et même si elle souffre parfois de… régionalismes : Provence, Béarn, Auvergne etc., même si beaucoup de personne tendent à la réduire aux seules régions Languedoc – sans le Roussillon catalan – et Midi-Pyrénées, etc. etc.), mais était reconnue par la monarchie capétienne elle-même, comme lorsqu’il était affirmé, au Consistoire de Poitiers en 1308, que "le roi de France règne sur DEUX NATIONS : l'une de lingua gallica [gallo-roman, ‘vieux français’] et l'autre de lingua occitana" ? À cette époque, où ‘l’aube’ du capitalisme était déjà bien affirmée (les bourgeoisies urbaines avaient déjà arraché un grand nombre de ‘chartes’ à la monarchie et aux grands féodaux), la nation occitane était donc reconnue noir sur blanc par un document ‘officiel’ (tout ce qui était écrit avait ‘force de loi’ à l’époque) de la monarchie. Et l’on voit mal quel évènement historique majeur aurait pu, entre cette date et aujourd’hui, abolir cette réalité ; sinon l'accession de la bourgeoisie au pouvoir politique suivie (moins d'un siècle plus tard) par le passage du capitalisme au stade monopoliste, qui ne l’a pas abolie mais simplement ‘étouffée’ dans sa volonté de modeler toute la société à son image, de mobiliser les masses populaires au service de la production et de la défense (militaire, politique) des intérêts des monopoles (dans les ‘grandes modernisations’ productives et sociales de la ‘Belle époque’ et des ‘Trente Glorieuses’, dans les guerres mondiales impérialistes et les guerres coloniales en tout genre, etc.)…
Comme le disait très justement le grand dirigeant marxiste basque Argala : "Qu’est-ce que l’internationalisme prolétarien ? Être internationaliste exige-t-il des travailleurs d’une nation divisée et opprimée de renier leurs droits nationaux pour, ainsi, fraterniser avec ceux de la nation dominante ? À mon avis, non. L’internationalisme prolétarien signifie la solidarité de classe exprimée dans le soutien mutuel entre les travailleurs des différentes nations, unies dans un respect mutuel de leurs formes particulières d’identité nationale" ; ce à quoi SLP ajouterait même : "Aucun prolétaire n'a d'intérêt valable auquel soumettre les prolétaires d'autres nations, seul peut en avoir un aristocrate-ouvrier" (ou un petit-bourgeois intellectuel)…
NON, la France n’est pas une Nation : elle est une superstructure politique, un appareil politico-militaire, expression du ‘stade suprême’ de la féodalité, qui a vu la concentration de la propriété (éminente) féodale sur la terre et ses habitants entre les mains de quelques dynasties, dont la dynastie capétienne en ‘France’ ; et REPRIS à son compte par la bourgeoisie (avec sa fraction dirigeante francilienne) lorsque celle-ci a pris le pouvoir en 1789. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de faire ‘tourner la roue de l’histoire à l’envers’, mais que l’histoire avance, comme elle le fait toujours,EN SPIRALE : les grands États modernes ont (entre le 13e et le 18e siècle) nié les Nations constituées au début du 2e millénaire de l’ère chrétienne, comme réalités politiques (sachant que ces nations étaient, alors, rarement unifiées politiquement), sans pour autant les faire disparaître (jusqu’à la tentative monopoliste, à l’œuvre depuis 120 ou 130 ans) comme réalités sociales, culturelles, populaires ; ce faisant, ils ont été la ‘matrice’ d’un mode de production, le capitalisme, qui a apporté à l’humanité de grands progrès scientifiques, techniques, culturels et même politiques (‘démocratie formelle’) ; mais à présent, il doivent à leur tour être niés par ces vieilles Nations, ‘de retour’ à un niveau supérieur (sous la direction du prolétariat), porteuses et expressions politiques des aspirations de masse à la ‘démocratie réelle’ (socialiste, prolétarienne), sur la base de la Commune populaire ; ceci étant le préalable obligatoire à la fusion de l’humanité, au niveau planétaire, dans la grande unité qui sera le COMMUNISME (cela, dans encore plusieurs siècles).
Quant au ‘métissage’ que rejetteraient non seulement le Bloc identitaire (ce qui est vrai) mais aussi leurs ‘équivalents’ Indigènes de la République et ‘identitaires de gauche’ occitans... il suffit, pour se rendre compte du ridicule de l’affirmation, de se figurer combien de militant-e-s du PIR sont eux/elles-mêmes de personnes métissées ; à quel point les terres occitanes comptent sans doute (après les régions ouvrières du Nord) les plus importants taux de métissage (notamment avec des personnes issues du Maghreb) de l’Hexagone, particulièrement dans les grandes villes comme Marseille, Toulouse ou Montpellier ; et que de nombreuses personnes d’origine maghrébine, africaine ou caraïbe, ou métisses de ces origines, y arborent fièrement la crotz (croix) d’Òc… L'Occitanie qui fut d’ailleurs, au 12e siècle, une ‘Andalousie du Nord’ brassant les cultures et portant la civilisation médiévale a un niveau inégalé [la philosophe ‘catho de gauche’ (d’origine juive) Simone Weil y voyait "une civilisation qui, une fois au cours de 22 siècles, aurait pu avec le temps constituer un second miracle (...) aussi élevé que celui de la Grèce antique si on ne l’avait pas tué", l’Europe n’ayant "plus jamais retrouvé au même degré la liberté spirituelle perdue par l’effet de cette guerre", une véritable ‘antithèse absolue’ – en quelque sorte – de tout ce qui est advenu par la suite : vision idéaliste petite-bourgeoise certes, mais ‘tendant’ vers la Vérité révolutionnaire ; car effectivement l’’Andalousie’ occitane a été rayée de la carte (comme d’autres, comme al-Andalus elle-même d’ailleurs) par la formation des États modernes, appareils politico-militaires repris ensuite par la bourgeoisie pour établir sa direction politique, bourgeoisie devenant monopoliste-impérialiste à la fin du 19e siècle pour déboucher finalement sur les ‘grandes horreurs’ du 20e siècle – guerres mondiales, fascisme, Shoah etc.). On a donc là, dans les propos de Weil, une 'perception idéaliste' de la réalité du processus historique (matérialiste, scientifique) ayant eu lieu en Europe depuis le 13e siècle].
Parler de ‘métissage’ impliquerait tout d’abord d’admettre (tiens tiens… n’est-ce pas ce qui est précisément reproché aux ‘Indigènes’ ?) qu’il y ait des ‘races’ ; ou alors, si on l’entend comme un processus de brassage et de fusion des cultures, il a toujours existé, de tous temps, il n’est pas spécifique à l’époque de la révolution prolétarienne et les Identitaires planent littéralement à 10.000 en s’imaginant que leurs ‘patries charnelles’ remontent aux cités gauloises ou gallo-romaines d’il y a 2000 ans. Cette fusion est effectivement dans le ‘sens’ matérialiste de l’histoire, qui doit conduire l’humanité à la grande unification planétaire du communisme. Mais elle ne se DÉCRÈTE PAS ; pour cesser d’être ‘marginale’ (tant ‘biologiquement’ que – surtout – culturellement) elle exige des CONDITIONS, et l’une des premières d’entre elles est la disparition des États modernes devenus bourgeois puis impérialistes, comme appareils politico-militaires avec l’idéologie qui les sous-tend, idéologie faite notamment de ‘hiérarchie des cultures’, de suprématisme ‘civilisationnel’ etc. En réduisant à néant ces États modernes/appareils d’oppression, le prolétariat et les classes populaires des Nations niées par eux ont un rôle fondamental dans la gigantesque oeuvre de civilisation qu’est la Révolution prolétarienne mondiale.
3. Le dernier point qui sera abordé ici est celui de l’‘émergentisme’ comme nouveau nationalisme bourgeois (ou 'nouveau Bandung') de notre époque. Au jour d’aujourd’hui, la bourgeoisie nationale (et le nationalisme bourgeois porté par elle) dont parlait Lénine en son temps, signe de développement d’une économie capitaliste dans des pays étranglés par les structures féodales et bureaucratiques appuyées (ou carrément mises en place) par l’impérialisme, qu’il s’agisse de colonies directes, de protectorats ou de semi-colonies, semble avoir été remplacée par le phénomène émergent, phénomène à la base sociale beaucoup plus large.
Dans les pays du ‘Sud’, du ‘tiers-monde’, en lien à des degrés variables avec les monopoles impérialistes, s’est accumulée une masse plus ou moins importantes de CAPITAL entre des mains ‘nationales’ (très importante dans les pays producteurs d’hydrocarbures, colossale dans les monarchies pétrolières du Golfe arabo-persique) ; ce qui est une expression du caractère national de la production en contradiction avec l’appropriation impérialiste de la richesse. Et cette masse de capitaux va chercher à ‘s’affirmer’ au sein de l’économie-monde, dominée par les grands pays impérialistes de la ‘Triade’ Amérique du Nord/Europe de l’Ouest/Japon, la Russie et depuis peu, la Chine.
Ces capitaux vont s’exprimer à travers des idéologies extrêmement variées, aussi bien social-réformistes ‘radicales’, ‘tribuniciennes’ appuyées sur la gauche ‘radicale’ petite-bourgeoise (Chavez, ALBA), que libéral-réformistes (Brésil, Argentine ou Uruguay, Inde ou Afrique du Sud etc.), libéral-conservatrices avec un volet ‘social’ religieux (comparable au social-christianisme) comme l’AKP turc et les Frères musulmans, ou violemment réactionnaires comme le salafisme porté par l’Arabie saoudite, ou le régime des mollahs en Iran ; cela, en fonction notamment du caractère plus ou moins bourgeois ou féodal des ‘mains’ tenant ces capitaux, de leur assise et solidité en tant que classe (inversement proportionnelle à la nécessité de rechercher l’appui des masses populaires), etc.
Ce qu’a expliqué – et toujours considéré – Servir le Peuple, c’est que ces régimes doivent être étudiés et analysés au cas par cas, en fonction de leur ‘conformation’ idéologique et – subséquemment – de leur attitude vis-à-vis du prolétariat et des masses au quotidien (le camp du peuple est notre camp), de leur attitude envers le mouvement communiste/progressiste (internationalisme), et aussi de leur action ponctuelle à tel ou tel moment, de la ‘diabolisation’ dont ils peuvent faire l’objet par la propagande impérialiste, etc. Telle était la position de Lénine, qui, tout en soutenant les communistes et les démocrates d’Asie centrale contre ‘leurs’ féodaux, pouvait affirmer que l’émir d’Afghanistan était ‘objectivement du côté de la révolution mondiale’ en tenant tête à l’Empire britannique (1919) ; ce qui n’est ni la position de rejet systématique du nationalisme bourgeois (plus largement, du ‘nationalisme des classes dominantes’) qui est traditionnellement celle des gauchistes, des trotskystes ‘orthodoxes’, de certains courants anarchistes etc., ni la position de soutien systématique (mais ne s’appliquant pas, aujourd’hui, à l’’émergentisme’ du Golfe ou d’Ankara et aux forces appuyées par lui, allez savoir pourquoi…) des révisionnistes brejnéviens (et autres ‘albanoïdes associés'). C’est ainsi que le Chavez résistant victorieusement à une tentative de coup d’État made in US en 2002 (et à 4 ou 5 ans de déstabilisation par la suite), ou la Syrie et l’Iran appuyant le Hezbollah qui infligeait une branlée à Israël en 2006, ce ne sont pas le régime syrien massacrant les masses populaires (bien qu’il soit aussi, entre temps, devenu la cible d’une coalition impérialiste euro-nord-américaine et d’un ‘axe émergent’ Arabie-Qatar-Turquie), l’Iran l’appuyant militairement et le Chavez applaudissant à cela, tout en livrant au passage des militants progressistes à la Colombie fasciste, de 2011-2012. Ce ne sont pas, non plus, la Syrie intervenant au Liban pour y écraser les forces progressistes et anti-impérialistes en 1976, et la théocratie iranienne exterminant les communistes/progressistes dans les années 1980. Le Kadhafi abritant, au début des années 80, des révolutionnaires du monde entier et défiant l’impérialisme francouille au Tchad (et US en Méditerranée), n’est pas le Kadhafi complotant avec les réseaux Foccart pour abattre Sankara (1987), et encore moins le despote grotesque, vendu à l’impérialisme, des années 2000 – finalement ‘licencié’ par ses maîtres, et liquidé avant qu’il ne révèle avoir financé la campagne électorale d’un certain Nicolas S. Ce qui ne veut pas dire, pour autant, qu’il faut se joindre à la ‘diabolisation’ qui les frappe soudainement (en appui à l’intervention impérialiste), tout en épargnant soigneusement les sabre-peuples du Bahreïn (et leurs amis saoudiens), du Yémen, du Maroc, et hier d’Égypte et de Tunisie ; que l’on se comprenne bien…TOUT, on l'a dit et on le voit à travers ces exemples, doit être apprécié au cas par cas, dans chaque contexte, chaque rapport de forces.
Il est d’ailleurs amusant de voir des ‘maoïstes’ faire exactement l’inverse : attaquer férocement ces régimes 'fascistes' lorsqu’ils sont la cible de (ou défient activement) l’impérialisme et son suppôt sioniste ; et les soutenir lorsque, bien que toujours la cible des impérialistes occidentaux, le mot ‘sabre-peuple’ semble trop faible pour les qualifier (et que, ‘étrangement’, des voix d’experts sionistes s’élèvent, pour mettre en garde contre la chute d’un ennemi ‘connu’ et ‘prévisible’).
C’est dans ce contexte, également, que doit surtout – selon SLP – être comprise l’ISLAMOPHOBIE. On l’a dit, la masse la plus colossale – et donc menaçante – de capitaux accumulés entre des mains ‘autochtones’ (si l’on laisse de côté la Russie et la Chine, déjà impérialistes) est celle des monarchies pétrolières du Golfe arabo-persique (derrière se trouvant la théo-bureaucratie iranienne, puis les bourgeoisies d’Amérique du Sud, d’Inde ou d’Azanie, ou encore d’Asie du Sud-Est, etc.). Outre cette manne pétrolière, ces pays (Qatar, Koweït, Dubaï...) sont devenus le ‘siège social’ des affaires d’un nombre considérable de grands capitalistes arabes, qui ne peuvent s’épanouir dans leurs pays dominés par des bureaucraties clanico-mafieuses. Et tout ce capital accumulé va chercher, car telle est la logique du capitalisme, à se réinvestir pour se valoriser. Il y a, certes, les ‘investissements qataris’ en Hexagone, qui sont devenus le nouveau ‘cheval de bataille’ à la mode de l’extrême-droite islamophobe. Mais surtout, ce capital va chercher à se réinvestir en ‘terrain connu’, autrement dit dans les pays arabes et plus largement musulmans, où les structures féodalo-bureaucratiques au service de l’impérialisme (occidental ou russo-chinois) ‘étranglent’ le développement d’un véritable capitalisme : les pétromonarchies vont donc financer des forces visant à faire chuter ces régimes. Elles vont mettre en place, à l’échelle régionale, une ‘géopolitique’ entièrement vouée à ‘dégager’ des terrains d’investissements pour ces milliards de pétrodollars. En ce sens, comme exemple récent, la visite de l’émir du Qatar à Gaza (dont le gouvernement Hamas vient de rompre, manifestement sur consigne expresse de Doha, son alliance ‘historique’ avec l’axe Iran-Syrie), première visite d’un dirigeant arabe depuis l’annexion de 1967, et ce à la veille d’une opération militaire israélienne (dont les renseignements du Hamas gazaoui étaient certainement informés...), est à comprendre comme une ‘petite déclaration de guerre’ à l’État sioniste (bien que celui-ci soit surtout, en ce moment, focalisé sur la menace iranienne) et à ses tuteurs impérialistes (principalement anglo-saxons) ; au même titre que les tentatives désormais annuelles de violation du blocus maritime de la Bande, sponsorisées par le gouvernement AKP d’Ankara.
Les détenteurs de cette masse de capitaux du Golfe sont des éléments FÉODAUX (aristocratie tribale bédouine), associés, on l’a vu, à des éléments grand-capitalistes issus de tout le monde arabe. L’idéologie des Frères musulmans (plutôt appuyés par le Qatar) est portée par des notables (professions libérales, chefs d’entreprises, universitaires), tandis que le salafisme et le djihadisme combattant (plutôt appuyés par des éléments ‘radicaux’ de l’aristocratie saoudienne) sont portés par des petits entrepreneurs familiaux patriarcaux, d’esprit corporatiste et puritain. Les forces liées à l’Iran (en Irak – CSRII, Dawa, Armée du Mahdi – ou au Liban – Hezbollah, Amal) sont portées par des éléments relativement similaires. Toutes ces idéologies vont donc rarement présenter des traits franchement progressistes : dans le ‘meilleur’ des cas, ce sera un libéralisme économique et un conservatisme politico-sociétal, ‘adouci’ par une ‘éthique sociale islamique’ sur le mode social-chrétien (AKP, Frères musulmans). Les salafistes, eux, présentent un programme politique, social et économique de petit capitalisme corporatiste, associé à un obscurantisme moral et culturel au côté duquel l’Espagne de Franco ferait figure de Las Vegas décadente...
Cela pose les communistes face à la difficulté de combattre, d’un côté, la mobilisation réactionnaire de masse islamophobe qui sévit en Europe occidentale depuis des années (tout particulièrement depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis), sans pour autant passer (de l'autre) pour les défenseurs de telles idéologies réactionnaires, et d’intérêts de classe aussi éloignés de ceux du prolétariat international. On ne peut, certes, que se retenir de rire devant le ridicule qu'il y a à décrire un Hexagone BBR ‘racheté’ par l’émirat du Qatar (pays de 1,9 millions d’habitants, dont 70% de larbins indo-pakistanais, indonésiens, iraniens ou issus d’autres pays arabes, au service des nantis), qui ‘corrompt les élites mondialistes’ tout en développant un micro-capitalisme lié à l’islam ‘radical’ dans les banlieues – ridicule qui ne tue pas, au demeurant, certains ‘maoïstes’ quand il s’agit encore une fois de se joindre à la meute...
Bien évidemment, les communistes révolutionnaires n’ont aucune espèce de sympathie pour ces États (Qatar, Arabie, Iran) ultraréactionnaires, leurs idéologies et celles des forces qui sont leurs ‘bras armés’. Encore moins pour les actions militaires aveugles de certains groupes armés, que ce soit en Occident ou dans les pays musulmans directement (celles-là, personne n’en parle…), frappant des travailleurs innocents se rendant simplement à leur travail par les transports en commun, ou de simples croyants (juifs, chrétiens, chiites etc.) dans des lieux de cultes ou des écoles confessionnelles. Mais voilà : avec leur fichue conception scientifique du monde, les communistes vont chercher à analyser, expliquer, comprendre ces idéologies et leurs agissements. Ils vont chercher à en comprendre l’influence sur une part importante des masses populaires, pour combattre cette influence et faire triompher la conception communiste du monde – et non considérer que ‘la violence’ et ‘l’obscurantisme’ sont ‘intrinsèques’ à l’islam et aux musulmans. Ils ne considèrent pas ‘l’islamisme’ comme foncièrement plus ennemi du peuple que des idéologies bourgeoises qui se veulent ‘laïques’ et ‘modernistes’, comme le kémalisme ou le baathisme ; et surtout, ils n’en feront jamais l’ennemi principal – celui-ci restant l’impérialisme, quelles que soient ses prétentions ‘civilisatrices’.
Cela suffit, aux yeux de tous les fascistes et les ultraréactionnaires délirant sur ‘l’islamisation de l’Europe’, à en faire les complices, les agents, les ‘dhimmis’, les ‘idiots utiles’, à liquider au même titre ; ce qu’un certain Anders Behring Breivik a déjà mis en pratique vis-à-vis d’une soixantaine de jeunes ‘marxistes culturels’ travaillistes norvégiens…Comme lorsque le fascisme d'entre-deux-guerres dénonçait les 'rouges' au service de la 'juiverie internationale', la rengaine de 'l'ennemi intérieur' musulman est aussi un moyen de viser, à travers lui, ses 'complices' : les 'gauchistes' (révolutionnaires et personnes progressistes) et les 'élites mondialisées' (les bourgeois libéraux, démocrates, réformistes).
Il est juste, cependant, de relever que l’islamophobie a des ressorts sensiblement différents de l’antisémitisme. Les deux ‘haines’ plongent certes aussi loin l’une que l’autre dans la ‘tradition’ réactionnaire européenne : dans la seconde moitié du Moyen-Âge (1000-1500). Les premières grandes persécutions antijuives furent largement concomitantes ou suivirent de peu les Croisades et la Reconquista espagnole, dans le contexte général de formation des États modernes. Cependant, pour l’ultra-réactionnaire (fasciste potentiel), le Juif est un ‘rat’ ou un ‘cafard’, une créature ‘vile’ et inférieure tapie dans l’ombre, qui ‘sape’ (par l’argent et l’usure, les idées libérales-libertaires et socialo-communistes) les ‘fondements spirituels’ de la civilisation occidentale et qu’il s’agit donc de ‘dératiser’ ou d’exterminer comme une vermine – le choix par les nazis d’un insecticide (Zyklon B) pour la ‘solution finale’ n’est à ce titre pas anodin. Le musulman, lui, est un 'barbare' raffiné, une ‘bête sauvage’ (réputée voir dans l’obscurité…) surgie d’outre-mer, déferlant surl’Occident chrétien pour le submerger comme le
‘Perse’ fantasmagorique de la BD fascistoïde 300 déferle sur la Grèce antique. Ce qu’il ‘faut’ alors ce sont de nouveaux Charles Martel, de nouveaux Cid, de nouveaux Richard Cœur de Lion, de nouveaux Lépante pour ‘bouter’ l’infidèle hors d’Europe : le ‘modèle’ est ici celui de la guerre et de la ‘purification’ ethnique ‘à la bosniaque’. Les caricatures antisémites insistent sur la (prétendue) laideur physique, les caricatures islamophobes sur le côté 'masqué', spectral, 'ennemi sans visage'. La haine antisémite est imprégnée de mépris, la haine anti-musulmane suinte la peur… Et l’islamophobie ne revêt pas, en effet, la dimension ‘anticapitaliste’ que peut revêtir l’antisémitisme, associant le Juif au ‘péché d’argent’ depuis l’époque médiévale ; encore que... les allusions à ‘l’argent du Qatar’ corrompant les ‘élites mondialisées’ se multiplient depuis quelques temps. Tandis qu'à l’époque du ‘judéo-bolchévisme’, lorsque les masses populaires juives étaient – dans une large proportion – tournées vers les idées progressistes ou communistes, ou au moins démocratiques humanistes-universalistes, l’antisémitisme rejoignait largement la rhétorique de ‘l’ennemi intérieur’ révolutionnaire...
[1] Il faut dire que, depuis la Révolution bourgeoise de 1789 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les aspirations démocratiques des nations absorbées par la construction politico-militaire ‘France’ se sont très majoritairement exprimées de manière réactionnaire, tournée vers le passé et portée par la bourgeoisie, les ‘notables’ (propriétaires fonciers, etc.) et/ou le clergé local, mettant en avant le souvenir des privilèges (droit et coutumes locales) d’Ancien régime. Déjà sous les ‘Louis’ (17e-18e siècle), elles tendaient à prendre le parti des féodaux ‘nationaux’ (notamment les Parlements) contre le centralisme et le modernisme monarchique. Il n’en allait pas autrement dans le royaume d’Espagne, avec les revendications nationales de Catalogne et d’Euskal Herria (qui souvent appuyaient le carlisme, le parti monarchique traditionaliste et anti-libéral). Ce n’est qu’au cours du 20e siècle, avec la subsomption de tous les rapports sociaux par le mode de production capitaliste (explosion, notamment, du salariat), que cette situation s’est retournée en son contraire, donnant naissance à des forces autonomistes ou indépendantistes progressistes voire révolutionnaires. Les ‘notables’ réactionnaires nationaux, qui ‘râlent’ contre le centralisme parisien et sa ‘bureaucratie soviétique’, militent toujours pour une forte ‘décentralisation’ voire autonomie régionale, mais ne peuvent globalement se passer de l’appareil politico-militaire ‘France’ pour protéger leurs intérêts de classe.
[2] Plus exactement, les nationalités comme les espèces vivantes ne "naissent" et ne "meurent" pas, elles se TRANSFORMENT à travers de longs processus de bouleversements historiques, dont les invasions extérieures... et les migrations sont un aspect important, mais le moteur premier reste la lutte des classes interne. Il y avait des nations antiques (Engels emploie explicitement le terme) qui étaient les Gaulois puis Gallo-romains, les Ibères, les Latins, les Étrusques, les Hellènes, les Germains etc., et il y a aujourd'hui des nations modernes qui sont les 'Français', les Occitans, les Basques, les Bretons, les Catalans, les Andalous, les Wallons etc. etc. Entre les deux, il n'y a pas de 'jour J' où l'on serait passé de l'un à l'autre (prétendre cela est ridicule), mais de longs processus de transformation historique. Pour autant, se réclamer aujourd'hui des tribus gauloises comme si un tel processus n'était pas intervenu est totalement anti-matérialiste et grotesque.
[3] Représentants d’un nihilisme national caractéristique d’un certain ‘marxisme fondamentaliste’, pour lequel rien n’est à ajouter à l’œuvre de Marx et Engels après leur mort, et dont un bon représentant était par exemple l’Anglais William Morris. Ce nihilisme national finit toujours, objectivement, par converger avec la défense bourgeoise de l’État moderne, appareil politico-militaire et idéologique d’oppression des masses.