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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 20:18

 

Il ne s'agira pas, ici, de revenir sur les évènements en cours au Népal (d'où ne parvient, à l'heure actuelle, que peu d'information), mais plutôt de s'intéresser aux implications de ces évènements, et de tout le "parcours" du mouvement maoïste népalais depuis 2006, pour les masses exploitées du Népal et aussi pour le Mouvement Communiste International. Car le "cycle" qui se referme est riche d'enseignements, rappelle (aussi) quelques fondamentaux, et DOIT POSER des distinguos et des lignes de démarcations claires. En particulier, tout un courant gaucho-dogmatique international, se réclamant du maoïsme, a dès le début (2005-2006) considéré la situation "pliée" au Népal, et absolument plus digne d'intérêt… tant mieux pour nous, quelque part. Mais voilà qu'il revient à présent à la charge, au lieu de savourer silencieusement sa "victoire" comme les gauchistes savent si bien le faire, quand leurs "prophéties" de "révolution trahie" se réalisent…


1. Sur l'assimilation ignominieuse des (vrais) maoïstes au trotskysme (par les pseudo-maoïstes gaucho-dogmatiques)

Depuis la fin de la Guerre populaire népalaise (2006), sur une "capitulation" pour certains, le débat sur la situation a fait rage dans le mouvement maoïste international. Un certain nombre d'organisations rejetant clairement et sans appel le PC maoïste du Népal dans les "poubelles" du révisionnisme et de l'histoire ; d'autres considérant que s'y jouait obligatoirement une lutte de ligne, qu'il y aurait toujours des éléments pour s'opposer (le cas échéant, ça l'est aujourd'hui) à la capitulation, et que le DEVOIR des maoïstes dans le monde était de soutenir les révolutionnaires au Népal, d'avoir toujours un œil attentif sur les processus réels, de ne pas déclarer "mort-née et enterrée" du jour au lendemain la première (potentielle) révolution du 21e siècle. Se voyant, par là, qualifiés de "centristes" dans le meilleur des cas, ou carrément d'"opportunistes"... Le débat a pu présenter des arguments sérieux, pointant parfois à juste titre les illusions des "centristes", illusions qui se révèlent clairement aujourd'hui ; mais il a pu aussi prendre une tournure absolument lamentable, à l'image du sectarisme qui anime certaines "avant-gardes autoproclamées". C'est encore une fois le cas dans un document publié par des tenants de la ligne gaucho-dogmatique, qui aligne les inexactitudes, les contre-vérités, et finalement une vision totalement métaphysique des lignes dans un Parti et de leur lutte... 

Cela commence (mais on ne fera pas ici un mémoire de "trotskologie") sur une  confusion entre le "droit de tendance" trotskiste et l'"entrisme" dont la théorie est contenue dans le "Programme de transition". C'est inexact et cela renvoie au problème de "connaître l'ennemi". Ce sont deux choses différentes. Le droit de tendance peut être invoqué à l'appui de l'entrisme, certes, mais ce dernier repose principalement sur un (premier) constat d'échec du trotskysme : les PC étant (à l'époque du "Programme") devenus "staliniens", il n'était plus possible (pour les trotskistes) d'y opérer ; il fallait donc "repartir à zéro" et revenir dans les organisations de la social-démocratie (où le droit de tendance est absolu), "comme le POSDR", pour en constituer la "tendance marxiste révolutionnaire" et, à partir de là, reconstituer un nouveau "parti bolchévik". Ce qui est une négation de la nature de la social-démocratie sous l'impérialisme, donc du léninisme. L'enseignement de Lénine est justement qu'à l'époque impérialiste, il n'est pas possible à des communistes révolutionnaires d'opérer au sein d'un parti réformiste : c'est la raison pour laquelle, à partir de 1912, les bolchéviks et les menchéviks forment deux organisations totalement distinctes. Mais bref.

Le "droit de tendance", lui, n'est pas vraiment une invention trotskiste, mais plutôt un emprunt au "marxisme antiautoritaire" (c’est à dire anti-léniniste) petit-bourgeois, ainsi qu'au conseillisme (qui nie la nécessité du Parti : "tout par les conseils de travailleurs"). Il part du principe que la conception léniniste du Parti (qui a ses limites et que l'on peut repenser, ne soyons pas aveugles) est "autoritaire", "centraliste", "bureaucratique" ; que tout le monde "ne peut pas penser la même chose" et "doit pouvoir s'exprimer". Les trotskistes l'ont adopté pour contester le centralisme du PCbUS, qui les mettait à chaque Congrès en écrasante minorité (de l'ordre de 5% des délégués).

Le problème du "droit de tendance", c'est essentiellement que :

1°/ c’est une conception idéaliste, selon laquelle les tendances existent "comme ça", "parce qu'elles le veulent bien", parce que c'est "la liberté d'opinion" (mais bien sûr, on ne peut pas tolérer des réactionnaires dans l'organisation révolutionnaire : donc, où fixer la "limite" ?). Pour les maoïstes, au contraire, les lignes ne sont pas l'expression de la fantaisie des un-e-s et des autres : elles sont le reflet, dans le Parti, des conceptions de classe et de la lutte des classes existant dans la société. Gramsci expliquait déjà, dans les années 20-30, que les classes ne sont pas séparées idéologiquement par des murailles imperméables : les conceptions bourgeoises (qui pourra le nier ?) influencent le prolétariat, mais parfois même les bourgeois "s'ouvrent" (pour sauver leur position) à des conceptions prolétariennes, accordent des "concessions", adoptent une posture "humaniste et sociale" (sans pouvoir toutefois, en tant que classe, aller au-delà : aucune classe ne se "liquide" elle-même).

2°/ (conséquence de ce qui précède), les "tendances" se VALENT et ont "le droit" d'exister, aucune n'a raison ni tort a priori, elles coexistent pacifiquement et de leur "débat démocratique" naît la position juste à adopter sur le moment. Les trotskystes n'ont souvent que le mot d'"unité" à la bouche (et cela influence, aujourd'hui, des "staliniens"), mais généralement, cela débouche sur une pratique et des résultats réformistes : une partie des trotskystes s'en contente alors (car "les conditions n'étaient pas réunies" pour la fameuse "grève générale révolutionnaire"), l'autre hurle à la "trahison réformiste" et fait scission...

Pour les maoïstes, au contraire, les lignes existent objectivement (pas par "liberté d'opinion"), et elles reflètent la lutte des classes et des conceptions dans la société, la lutte entre l'ancien et le nouveau, car le Parti est DANS la société, pas dans le ciel des idées. La "droite" (opportuniste, conciliatrice de classes) représente l'influence des conceptions bourgeoises dans le Parti ; la "gauche" représente les conceptions révolutionnaires du prolétariat ; le "centre" représente ceux/celles qui "s'arrêtent à mi-chemin" (souvent par sacralisation de "l'unité des communistes"). La gauche représente le nouveau et la droite l’ancien. À cela s’ajoute la contradiction entre idées justes et idées fausses dans la recherche de la "vérité", de la conception juste du monde. Et la lutte entre les lignes est le moteur de la vie du Parti*. La ligne qui prévaudra décidera si celui-ci va vers la révolution, le socialisme et le communisme ; ou vers le révisionnisme et le réformisme bourgeois (comme "aile gauche" de celui-ci), ou la restauration capitaliste (dans les pays déjà engagés sur la voie du socialisme).

C'est une différence fondamentale, mais c'est la seule ; il n'y a pas besoin de partir dans un salmigondis métaphysique imbitable comme quoi la "ligne rouge" représente "la vie" et "l'insurrection de la matière", la ligne "noire" représente "la mort" etc. Mais, à vrai dire, même dire cela est inexact. Il n'y a pas de "différence" entre "ligne" et "tendance" : ce sont deux compréhensions de la même chose, mais l'une est petite-bourgeoise, idéaliste et donc erronée. En réalité, les "tendances" N'EXISTENT PAS. Il n'y a que des lignes, qui sont la compréhension JUSTE de cette réalité qu'est l'existence d'opinions différentes dans le Parti révolutionnaire. Ces positions différentes sont des lignes, l'une est juste et les autres fausses, et c'est la ligne juste qui doit l'emporter. Ce qui, parfois, n'est pas le cas, mais nous y reviendrons. Quant au "fractionnisme", il n’est tout simplement que le "retour en force" de la réalité : que les "tendances" sont des lignes, qu’elles sont des positions de classe, des idées justes et des idées fausses, et qu’elles ne sont pas conciliables. La prise de conscience est aussi brutale que cela a été nié, et s’exprime sous forme de "fractions". Un Parti qui a, au contraire, correctement compris le caractère moteur de la lutte de lignes, peut par contre y faire face jusqu’à un certain niveau d’antagonisme.

En fait, il existe une seule assimilation des "lignes" et des "tendances", de la conception trotskiste (ou "marxiste antiautoritaire") et maoïste du même phénomène : c'est celle des "dogmato-révisionnistes" (type "albanais"), pour qui le Parti doit être "monolithique", imperméable à la lutte entre conceptions de classe dans la société ; le "mal" ne peut venir que de l'extérieur (qui infiltre ses "agents" dans le Parti) ; et toute remise en cause de cela est une "hérésie" absolue. Par ailleurs, le "droit de tendance" trotskiste n'a pas de réelle existence en pratique : il n'y a pas plus monolithique et sectaire qu'une organisation trotskiste "orthodoxe".

Finalement, l'impression qui se dégage de cette critique gauchiste, c'est que l'histoire en mouvement est un fleuve dans lequel les individus humains se laissent complètement balloter. Les un-e-s représentent le nouveau, les autres l'ancien (et sont condamnés à disparaître, à être liquidés). Il n'y a pas de choix, pas d'évolution possible, pas de dialectique de la "matière humaine". Les maoïstes du Népal, qui auraient eu le tort de "ne pas subir une véritable guerre d'extermination" (ignoble !), sont 100% révisionnistes, il n'y a parmi eux que des "tendances" (pas de lignes) ; ils appartiennent définitivement à l'"ancien". Au milieu de tout cela surnage une poignée d'élus, le "Parti de la Science", qui pourrait, si l'on comprend bien, choisir le sens du courant qui le porte. "Objectivisme" total : l'objectivité de l'existence des lignes est portée à une extrémité gauchiste, où les individus qui composent le Parti n'ont aucun choix, aucun libre-arbitre (dans les limites de "l’empreinte de classe" bien sûr**) pour faire partie de la révolution ou de sa trahison...

La Guerre populaire, autrement dit la révolution prolétarienne (socialiste ou de démocratie nouvelle selon les pays), est définie comme une "insurrection de la matière" : pas faux, mais simplificateur, "matérialiste métaphysique" et déterministe au possible. La révolution prolétarienne est une insurrection du NIVEAU DES FORCES PRODUCTIVES et de la "CONSCIENCE DE MASSE" générée, contre le mode de production et les relations sociales (juridiques, morales etc.) qu'il induit. À mesure que le temps s'écoule, le niveau des forces productives est en contradiction de plus en plus aiguë et insoutenable avec le mode de production, mais, en définitive, c'est la "conscience collective" générée et sa "pointe avancée", l'idéologie révolutionnaire, qui sont déterminantes. Il y a des "situations objectives" plus favorables que d'autres à la révolution mais, depuis le début du 20e siècle, ce sont les conditions SUBJECTIVES de la révolution prolétarienne qui sont déterminantes (et font souvent défaut). La "matière" ne "s'insurge" pas toute seule. Ce sont les idées, la pensée humaine qu'elle engendre qui font la révolution (et aussi la contre-révolution, idée engendrée par la propriété capitaliste qui fait aussi partie de la matière !). Cette notion d'"insurrection de la matière" dégage un déterminisme "matérialiste" total, qu'on retrouve dans l'idée que "le capitalisme ne pense pas" (c'est bien connu, le capitalisme ce n'est pas des gens, les bourgeois, qui réfléchissent "à l'occasion" sur les moyens de conserver leur position de classe !).

Mais, parallèlement, surgit parfois au détour du raisonnement un subjectivisme total : ainsi, l'esprit maléfique des trotskystes pourrait donner une réalité aux "tendances", lesquelles N'EXISTENT PAS sinon dans leur compréhension extrêmement petite-bourgeoise du Parti.


2. DONC, dire qu'il n'existe pas de lignes dans le PC maoïste du Népal est anti-scientifique.

Ce qui est vrai, en revanche, c'est que la ligne "rouge", la ligne révolutionnaire dans un Parti, peut être défaite. Et, dans la défaite, elle peut aussi dégénérer, se "droitiser" (c'est souvent le cas). Les causes de la défaite de la ligne rouge, qui a été très fréquente au 20e siècle (dans les PC français, italien, soviétique, à vrai dire tous les PC de la première vague révolutionnaire mondiale !), sont à rechercher D'ABORD à l'intérieur de la "ligne rouge" elle-même : c'est la thèse fondamentale du primat des causes internes. Ce n'est pas que "les autres" (révisionnistes, bourgeoisie, impérialisme mondial) ont été "plus forts", mais que les révolutionnaires eux-mêmes étaient limités dans leur conception du monde, du Parti, dans leur stratégie et leurs méthodes pour lutter contre le révisionnisme (= les conceptions bourgeoises au sein du Parti). Stratégie erronée ou (carrément) absente, insuffisance ou absence de mobilisation de masse derrière la ligne révolutionnaire... etc.

Ce qu'il est (donc) possible de dire, c'est qu'en l'état actuel (2011) des choses, pour les raisons qui précèdent, les révolutionnaires maoïstes (les vrais) du PC népalais ont subi une lourde défaite. Une défaite dont ils ne se relèveront pas avec des "marches aux flambeaux" et autres mobilisations pacifiques, car aujourd'hui, avec le gouvernement Bhattarai et ceux qui, dans le Parti, l'appuient (y compris Prachanda lui-même), ce n'est plus la voie pacifique qui s'impose. Il se peut que les révolutionnaires sincères (Kiran, Gaurav, Biplab etc.) ne le comprennent pas, ou s'y refusent, car il est toujours terrible d'affronter de manière antagonique des gens aux côtés desquels on a lutté pendant des années, parfois toute une vie. Dans ce cas, la révolution démocratique au Népal est MORTE... dans l'immédiat. Car (et c'est là un autre principe maoïste absolu) "ce n'est qu'un détour" !


3. Quelle est l'analyse correcte sur la situation au Népal ? 

Nous y arrivons donc. Précision importante : ce qui va suivre n'est pas la position des organisations de la dite "Déclaration du 1er Mai 2011", au rang desquelles le PC maoïste de France, accusées par les ultragauchistes de "soutenir avec des critiques" la ligne et les agissements de Prachanda, ce qui est une autre contre-vérité absolue***. Cette position est celle de SLP et uniquement SLP.

Pour SLP, donc, il n'y a pas "rien eu" au Népal ces 15 dernières années, et l'on est nullement "revenu à zéro".

En 2006, les maoïstes du Népal contrôlaient 80% du pays et encerclaient la vallée de Katmandou (la capitale), qu’ils pouvaient d’ailleurs couper complètement du reste du pays (blocage des routes). La prise militaire de la ville (par les maoïstes) était-elle alors possible ? C’est un vaste débat… Elle n'était sans doute pas impossible du fait de l'Armée royale (le moral à terre, parfois plus payée depuis des mois). En revanche, se déroulait dans la capitale un grand mouvement populaire démocratique (bien qu'à direction (100%) bourgeoise) contre la dictature personnelle du roi appuyée sur l’Armée. Dans ce contexte, l’assaut révolutionnaire sur Katmandou aurait-il été judicieux ? Question à jamais sans réponse. La question n’a pas beaucoup eu le temps de se poser, et le fait est que le mouvement populaire a devancé la prise de Katmandou par les maoïstes, conduisant l’autocrate Gyanendra à se retirer dans son palais. Plusieurs mois avant d’être paraphé en bas d’une feuille, l’accord "tactique" des maoïstes avec les partis bourgeois était scellé de facto.

Globalement, Servir le Peuple tend vers la position des maoïstes du sous-continent indien, membres du CCOMPSA (conférence sous-continentale des organisations maoïstes) comme le PCI(ML) "Naxalbari" : dans la situation objective de 2006, négocier et "composer" avec les partis bourgeois pro-républicains (certains de la dernière heure, mais bon…) n'était pas en soi une marque de révisionnisme le plus infâme, putrescent et tous les épithètes qu'on voudra. Les communistes chinois, dans leur Guerre populaire, ont plus d'une fois "composé" avec les nationalistes du Kuomintang, qui les ont pourtant massacrés en 1927. Pour autant, un certain nombre de positionnements, de la part de la direction népalaise, étaient déjà clairement source de préoccupation ; des "niches à déviation de droite" comme dit le PCI "Naxalbari". C'est bien sûr sur ces niches que sont tombés à bras raccourcis les gaucho-dogmatiques, pour décréter le PCN(m) entièrement et définitivement révisionniste, l'isolant internationalement, ce qui renforce TOUJOURS la droite.

Ce qui est certain, en revanche, c'est que la "tactique" qui a alors été suivie a été pensée et menée de manière complètement droitière, en partie "grâce" au fait que les principaux chefs de file de la gauche révolutionnaire (Kiran et Gaurav) étaient absents, emprisonnés en Inde. Ont alors prévalu les éternels arguments (car la nouveauté, dans ce qui s'est passé, il faut vraiment la chercher…) : les "conditions pas réunies", l'ennemi "trop puissant", la "conjoncture mondiale défavorable". Autant de faits qu'il ne s'agit pas de nier (quand ils sont réels...), mais qui servent TOUJOURS de prétexte aux éléments (du Parti) les plus imprégnés de conceptions bourgeoises, pour renoncer à l'objectif révolutionnaire et pour se vautrer dans le réformisme (y compris en prétendant que "c'est temporaire").

Qu'aurait-il fallu faire ? Difficile de prétendre le savoir à des milliers de kilomètres de distance, mais on peut s'inspirer de l'expérience historique du MCI. On peut penser que, dans les conditions spécifiques du Népal, la situation ressemblait un peu à la Russie en 1917 ; qu'il aurait alors fallu 1°/ garder un "minimum vital" d'armes (autrement dit ne pas céder, même si c'était en "loucedé", à l'exigence qui était MANIFESTEMENT celle de la bourgeoisie la plus réactionnaire du pays, type Nepali Congress), 2°/ (surtout) développer et consolider le DOUBLE POUVOIR, le pouvoir rouge des conseils révolutionnaires ouvriers et paysans, contre le pouvoir "démocratique" bourgeois, ce qui a été la condition de la Révolution d'Octobre (qui n'a nullement été un "coup d’État" d'une poignée de bolchéviks !). Comme l'ont montré les élections de 2008 (auxquelles il n'aurait peut-être pas fallu participer, mais le fait est que...), les maoïstes avaient l'appui de 40% de la population, ce qui est absolument considérable, bien au-delà du nécessaire pour une dualité totale du pouvoir dans un pays...

Avec des armes et un Pouvoir populaire de Nouvelle Démocratie consolidé, il aurait ensuite été possible de repasser à l'offensive, dès que les partis bourgeois auraient révélé leur intention de n'offrir ni la "véritable démocratie", ni la terre ni (donc) le pain aux masses populaires. Mais ce n'est pas ce qui a été fait... Bien au contraire : le "compromis" de 2006 avec les partis bourgeois républicains ("subitement" devenus républicains pour certains) a impliqué la remise et le stockage des armes sous supervision de l'ONU, et la dissolution des organes de Pouvoir populaire établis jusque là. On ne va pas refaire l'histoire...

La réalité actuelle au Népal est, donc, que la forme du gouvernement a changé (on est passé d'une monarchie très autoritaire à une République bourgeoise) mais que la nature de classe de l’État est restée la même : c'est toujours l’État de la classe dominante, de la bourgeoisie compradore, des propriétaires terriens féodaux, des bureaucrates...

Mais voilà ! À force de focaliser sur la distinction (correcte) entre "forme du gouvernement" et "nature de classe de l’État", les gauchistes finissent par perdre de vue la force dynamique EXTRAORDINAIRE que possède, pour les masses, la chute d'une "forme de gouvernement" qu'on pensait ancestrale et indéboulonnable.

La chute du Tsar, en Russie, a été la chute d'une "forme de gouvernement" : sans la révolution bolchévique, il n'y aurait pas eu de changement dans la nature de classe de l’État. Et pourtant, soyons très clairs : sans Février, pas de Révolution d'Octobre. Février 1917 a été deux choses : 1°/ la chute du Tsar comme clé de voûte de la classe dominante ; celle-ci aurait pu y survivre, mais SANS la chute de cette clé de voûte, elle n'aurait jamais pu être renversée ; 2°/ une "force matérielle subjective" immense : la prise de conscience, par les masses, qu'elles "font et peuvent tout". On peut dire exactement la même chose de la chute d'un Ben Ali ou d'un Moubarak, même si, en l'absence d'un Parti révolutionnaire, il n'y aura pas de véritable révolution (renversement de la classe dominante) d'ici 6 mois ou 1 an dans ces pays… On peut même étendre le raisonnement à une période historique beaucoup plus longue : en Chine, sans 1911 (révolution "républicaine" bourgeoise contre l'Empire millénaire), pas de 1949.

Donc, au Népal, il n'y a pas "rien" eu, même si le verre peut paraître "aux 3/4 vide". La monarchie pluriséculaire a été renversée, par le Peuple et seulement par lui, pas par les partis bourgeois qui, à l'origine, n'avaient même pas pour mot d'ordre la République. Elle était la clé de voûte de la classe dominante, et celle-ci est profondément ébranlée : pour être extrêmement clair, ce sont les révisio-réformistes à la Bhattarai et les fadaises "néo-marxistes" à la Prachanda qui lui sauvent la mise. Les masses populaires, à travers une héroïque Guerre populaire, ont pris conscience d'elles-mêmes et de leur rôle historique. Aux élections de 2008, 40% d'entre elles se sont reconnues dans le maoïsme qui, comme toute idéologie révolutionnaire, était bien sûr déclaré "mort et enterré" au début des années 1990. Les terres expropriées au cours de la Guerre populaire n'ont pas été remises aux anciens propriétaires : c'est aujourd'hui qu'il en est question, mais depuis 5 voire 10 ans les paysans pauvres les occupent et les travaillent, et ce ne sera pas "un plan sans accroc". Qui pourrait prétendre qu'il n'y a "rien eu", qu'on est "revenu à zéro" ?

Non, dans la longue (et sinueuse) marche des masses prolétaires et paysannes népalaises vers leur émancipation, tout ce qui précède a été une étape de franchie. Pour être exact (car l'histoire avance en spirale, non pas en ligne droite), un CYCLE s'achève. Appelons-le le "cycle prachandiste" (1994-2011). Le précédent cycle fut le "cycle démocratique bourgeois" qui, culminant dans le Mouvement populaire de 1990, amena la monarchie à accepter une forme parlementaire et un "jeu politique" bourgeois. Aujourd'hui, ce "cycle prachandiste" est terminé. La lutte d'émancipation du Peuple népalais est à un point beaucoup plus bas que celui atteint (disons) en 2005, quand la Guerre populaire népalaise battait son plein et faisait vibrer les communistes révolutionnaires du monde entier. Mais est-elle au même niveau qu'en 1994, quand s'est constitué le PC maoïste ? Absolument pas : elle est beaucoup plus HAUT.

À présent, sur cette base, un nouveau cycle commence. Le nouvel ennemi se nomme République parlementaire bourgeoise ; et non seulement Bhattarai (droitiste de toujours, même au plus fort de la Guerre populaire), mais Prachanda lui-même en font partie. Exactement comme hier, pendant la Guerre populaire, l'ennemi était la monarchie parlementaire dont faisaient partie le Nepali Congress et l'UML... qui avaient, pourtant, lutté avec le Peuple contre l'absolutisme jusqu'en 1990 ! Bien entendu, ce nouveau cycle devra avoir une avant-garde. Il est désormais clair qu’elle ne pourra naître que d’une rupture nette (organisationnelle) avec la ligne de Bhattarai et Prachanda (avec l’apport, éventuellement, de forces d’ores et déjà extérieures au Parti).

Et tout ce qui précède est valable pour le Mouvement communiste international dans son ensemble, dont les maoïstes népalais ne sont qu'une petite partie, mais qui agit sur le reste comme le reste agit sur elle. Pour le MCI, il y a un "avant" et un "après" ce qui s'est déroulé au Népal depuis le milieu des années 90, et l'on ne se trouve nullement au même point qu'à cette époque. Au niveau du sous-continent indien, c'est même une évidence que seul un imbécile pourrait nier ; et le développement des forces révolutionnaires dans le sous-continent ne pourra pas ne pas renforcer les forces révolutionnaires au Népal (dialectiquement).


4. Conclusions 

Si l'on résume les enseignements AUTANT de l'expérience concrète au Népal que de la polémique qui secoue, à son sujet, le MCI depuis 5 ans : 

1°/ L'idée qu'il n'y a pas de lignes dans un Parti communiste est anti-scientifique. Dans tout Parti communiste il y a des lignes, reflets des différentes conceptions de classe dans la société. Dans le camp du prolétariat organisé s’affrontent des positions plus ou moins influencées par la bourgeoisie ("pas du tout" est-il possible ?), ou prolétariennes. La lutte entre lignes est un processus extrêmement prolongé, qui ne cesse à vrai dire jamais entre la constitution du Parti et, soit la fin de sa nécessité (fin de la transition socialiste, communisme), soit sa transformation totale en Parti bourgeois, ce qui peut prendre des dizaines d’années. En revanche, à un moment donné, il est certain que tout ce qu’il reste à faire aux révolutionnaires est de réunir le maximum de militant-e-s derrière eux et… partir (former une nouvelle organisation). C’est très certainement le cas au Népal : les prochains mois et les prochaines années le démontreront. 

2°/ La révolution échoue parce que la ligne révolutionnaire est vaincue et supplantée par les opportunistes, les révisionnistes qui sont en définitive des réformistes. L'accouchement du nouveau est par nature difficile (ce dont ne semblent pas du tout avoir conscience certain-e-s communistes ou proclamé-e-s tel-le-s). La ligne révolutionnaire de gauche est vaincue principalement par ses faiblesses internes, et non par des facteurs externes, par la "force" de l'ennemi et de l'ancien. Elle est vaincue par les limites de ses conceptions, et de sa stratégie pour les faire prévaloir et mobiliser les masses sur cette base. Peut être considéré comme facteur interne, le soutien des révolutionnaires communistes à travers le monde : le mouvement communiste international forme un tout, les maoïstes népalais (par exemple) n'en sont qu'une petite 'section locale'. Toute lutte de ligne dans un pays (on l'a bien vu !) s'étend au niveau international : la ligne de gauche a (normalement…) l'appui de la gauche révolutionnaire mondiale, les opportunistes ont l'appui des opportunistes partout dans le monde. Ce soutien peut jouer un rôle très important. La négation de l'existence d'une "ligne rouge" dans le PC maoïste népalais, interdisant (par définition) de soutenir celle-ci, peut être considérée comme une grande limite, erreur et faiblesse de la gauche révolutionnaire du MCI sur les évènements du Népal. 

3°/ Quoi qu'il en soit, "ce n'est qu'un détour". Les conditions étaient réunies au Népal pour mener à terme la révolution de Nouvelle démocratie (démocratique ininterrompue vers le socialisme et le communisme). Elle n'a pas eu lieu uniquement car, dans le Parti, les erreurs et les faiblesses de la ligne révolutionnaire ont laissé prévaloir les conceptions réformistes de Bhattarai et Prachanda (dans ce dernier cas, sous un masque "tactique"). Mais la roue de l'histoire a tourné. En aucun cas, les masses exploitées du Népal, dans leur perspective d'émancipation, n'en sont revenues au même niveau qu'avant la Guerre populaire. Il n'est nullement question ici de "réformes" qui auraient "amélioré leur condition" (il n'y en a eu pratiquement aucune, l'activité politique s'est concentrée sur la "Constitution", les terres confisquées et données aux paysans l'ont été par la Guerre populaire) ; mais de conscience et d'expérience (de lutte) révolutionnaire, de conscience d'elles-mêmes et de leurs possibilités. Tout ceci est à un niveau bien supérieur à Katmandou même, et sans comparaison dans les campagnes (que le mouvement antimonarchique de 1990, essentiellement urbain, n'avait pas concernées).
Le Népal a changé. Il faut pourfendre le pessimisme gauchiste (fruit du purisme, du "tout ou rien"), qui veut que quand le verre n'est pas à 100% plein, il est à 100% vide... Il est important de souligner ici que le pessimisme est vraiment le principal fléau qui ronge le mouvement communiste international, depuis au moins les années 80. Il est la source du réformisme, de la conviction qu'il n'est pas possible de faire la révolution, mais seulement d'arracher des "concessions", voire de "sauver ce qui peut l'être" (comme le "modèle social" français de 1945). Mais il est aussi la source du gauchisme, qui est finalement l'incapacité à concevoir le caractère prolongé de la lutte, les détours, les échecs (comme au Népal) et les impossibilités immédiates (aucune organisation communiste arabe ne peut, par exemple, accomplir la révolution démocratique dans son pays en l'état actuel de ses forces, pour autant il n’y a pas "rien" !) ; bref, tous les évènements qui ne procurent pas, au petit-bourgeois "radical", l'"excitation" d'une Guerre populaire impeccable et toute tracée... Dès qu'un évènement ne correspond pas à la "pureté" d'une Guerre populaire avançant inexorable et invincible vers le Pouvoir, alors "tout est fini", "les carottes sont cuites". Il faudrait expliquer, au demeurant, en quoi la situation au Pérou serait un "détour", et pas la situation au Népal ; alors que le mouvement maoïste du Pérou a été beaucoup plus profondément laminé (dans les années 1990 et jusqu’à tout récemment) que celui du Népal depuis 2006, par la ligne opportuniste de droite (LOD) mais aussi par des erreurs de gauche
Il en va STRICTEMENT de même pour le mouvement communiste international : en aucun cas, il ne se retrouve revenu au même point qu'en 1994. Ne serait-ce que par les enseignements de cette expérience... Mais aussi parce que le "front de la Fin de l'Histoire" a été brisé ; qu'un Parti communiste, maoïste, s'est approché du pouvoir comme jamais depuis des décennies (avant de faillir par le renoncement de sa direction, comme, pourrait-on presque dire, "prise de vertige" devant cette perspective et les nouveaux défis qu'elle aurait ouvert...). 

4°/ Il est juste et nécessaire de dénoncer la stratégie de Prachanda (car c'en est bien une, et nullement une tactique), au regard de sa FAILLITE DANS LA PRATIQUE. Une base fondamentale du marxisme est que toute théorie, conception, stratégie (et tactique) se vérifie dans la pratique. En l'occurrence, de toute manière, il n'y a rien eu d'autre au Népal que la mutation d'une prétendue "tactique" (de "Front démocratique" contre la dictature militaro-royale), en l'éternelle stratégie de la "voie parlementaire vers la révolution". Rien que de bien "classique", donc.

Mais il faut ABSOLUMENT refuser, car CATASTROPHIQUE pour l'avenir du MCI, que cette juste dénonciation se transforme :

- en refus de toute tactique ;

- en refus de toute application créative du marxisme révolutionnaire de notre époque (le marxisme-léninisme-maoïsme) à la situation concrète dans un pays et à un moment donné.

Le marxisme est une science jeune (160 ans) et ne peut prétendre faire face, sans "penser avec sa tête", à toutes les situations possibles et imaginables : il ne sera probablement une science complète qu'à la veille du communisme. "Le MLM est scientifique, il ne souffre ni le doute ni la critique" est une position inacceptable pour un marxiste. MAIS, bien entendu, toute tactique adoptée, toute stratégie "adaptée" à la situation concrète, ne se valide que dans la pratique. En prétendant donner à sa "nouvelle voie révolutionnaire" une valeur... universelle (rien que ça !), sans la moindre vérification dans la pratique (bien au contraire), Prachanda n'a pas agi en marxiste (et donc, sa théorie pouvait difficilement l'être).

Pour autant, si l’on prend la Guerre populaire en Chine (1927-49), ou encore au Vietnam (1945-75), elle a connu une multitude de détours, tactiques et "pauses" qui en feraient sûrement hurler beaucoup au "révisionnisme" aujourd’hui. À noter, aussi, que si l'on défend (et SLP la défend) la tactique des Fronts populaires imposée par l'IC dans les années 1930 (même si l'on peut critiquer, dans beaucoup de pays, une tendance droitière de soumission à la "gauche bourgeoise") ; il faut aller au bout du raisonnement et expliquer en quoi proposer un "Front démocratique" aux partis bourgeois contre une dictature autocratique et militaire serait révisionniste.

Le problème au Népal n'est pas là ! Le problème, c'est le resurgissement du "vieux spectre" de la "voie démocratique", du passage pacifique et "ininterrompu" d'une réforme démocratique bourgeoise de l’État à une révolution socialiste ou de nouvelle démocratie ; l'idée que l'on peut passer "tranquillement" d’un changement de  forme de gouvernement à un changement de nature de classe de l’État (ce que Biplab appelle "croire qu'on peut faire la révolution à partir de la superstructure").
5°/ Le débat avec les attaques gauchistes sur la situation au Népal est, à présent, définitivement clos. Laissons-les "savourer" leur "victoire" qui, au final, en est réellement une : car le gauchisme n'a jamais eu d'autre fonction que de nourrir dialectiquement la droite réformiste-opportuniste pour, ensuite, "triompher" lorsque celle-ci triomphe, "comme cela était prévu depuis le départ".

À l'exact opposé, de leur côté, des dizaines de maoïstes de tous les pays sont allés au Népal, ont "mis les mains dans le cambouis" au cœur du processus réel, avec les tous petits moyens du mouvement communiste international actuel, pour témoigner de leur solidarité internationaliste aux révolutionnaires de ce pays et (juste ça, mais déjà ça) les faire connaître et faire connaître leur lutte, y compris leur lutte de lignes, aux communistes du monde entier. Risquant parfois leur peau, car la situation depuis 2006 a souvent été très tendue...

À présent, le danger principal sur la question du Népal, dans le MCI, va venir surtout de la DROITE, sous deux formes :

-> ceux/celles qui soutiendront le gouvernement Bhattarai comme "communiste", comme un "modèle" à l'appui de leur réformisme, de leur "socialisme du 21e siècle" petit-bourgeois ;

-> ceux/celles qui vont profiter de l'occasion pour déchaîner leurs attaques contre le maoïsme, comme quoi celui-ci serait finalement "incapable" d'apporter autre chose aux Peuples que la démocratie bourgeoise et/ou le "capitalisme à la chinoise", serait finalement antimarxiste, etc.

Le mouvement communiste a suffisamment d'histoire derrière lui, pour en être certains à 100%. Et puis, allait-on oublier, il y aura bien sûr toutes les attaques anarchistes et semi-anarchistes comme quoi "de toute façon, les marxistes, les léninistes, ne veulent que le pouvoir" et le Népal en serait "encore une fois la preuve". Certes, effectivement, il y a aujourd'hui dans le Parti népalais des éléments, à commencer par Bhattarai et Prachanda, qui n'agissent plus que pour le pouvoir, pour un poste de ministre ou de Premier ministre dans une République bourgeoise d'exploitation. Mais c'est là une des contradictions les plus profondes de la révolution prolétarienne : sans avant-garde organisée, sans PARTI, pas de révolution ; mais en même temps, le Parti, par sa nature même, est un "nid" et un instrument pour des individus qui ne "feraient la révolution" que pour obtenir des postes de pouvoir et des privilèges... C'est d'ailleurs ce qui unit "culturellement", en définitive, opportunistes de droite et dogmato-gauchistes : le fait qu'ils puissent, par exemple, se retrouver pour défendre Kadhafi ou Assad contre leurs peuples, est révélateur d'une "psychologie" parfaitement partagée. C'est pourquoi un enseignement fondamental du maoïsme est, justement, que la transition d'une société réactionnaire (capitaliste, semi-féodale etc.…) vers le communisme n'est pas l'affaire d'UNE révolution (prise de pouvoir par un PC) puis d'un simple "développement socialiste des forces productives" ; mais bien de plusieurs révolutions représentant chacune un saut qualitatif ; en définitive, une SUCCESSION DE CYCLES.

Les maoïstes qui ont soutenu la révolution et les révolutionnaires népalais doivent maintenant, pour leur part, tirer les leçons de l'expérience, apprendre de leurs erreurs et illusions car, soyons clairs, il y en a évidemment eu. Ils n'ont clairement pas été à la hauteur de la tâche, immense, de sauver (aider les maoïstes locaux à sauver) la révolution ; mais ils ont fait ce qu'il y avait à faire. Ou alors, que les gaucho-dogmatiques démontrent que leur ligne de conduite a été plus utile aux masses du Népal et au MCI...

Quant aux "principaux" intéressés, ceux dont la "voie originale" n'aura finalement été qu'un "socialisme du 21e siècle" antimarxiste et un "chavisme himalayen" : et bien, ils auront apporté leur "petite pierre" à l'émancipation locale et mondiale des masses dans le sens exposé en 3° ; mais ils ont à présent choisi leur camp et ce n'est pas le nôtre, celui de la révolution mondiale. Exactement comme leurs pareils latino-américains : on observe réellement là une tendance mondiale, la tendance à l'effondrement de tous les "substituts" à la voie révolutionnaire communiste, qui s'étaient imposés face à la faiblesse mondiale du mouvement communiste. Un effondrement qui ouvre d'immenses perspectives, annonçant un nouvel élan pour les masses exploitées du Monde, vers leur émancipation.


Le combat continue, le communisme est inéluctable.

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[* À ce sujet, lire absolument le très bon exposé du Nouveau PCI : La Huitième ligne de démarcation (chap. 5 La lutte entre deux lignes dans le Parti). Extrait : "Nous communistes nous sommes favorable à la liberté de critique. Tandis que nous sommes opposés à ce que dans le Parti des conceptions et des lignes contradictoires cohabitent et coexistent pacifiquement, sans s’affronter. Donc pas de coexistence de conceptions et de lignes contradictoires, pas d’indifférence aux conceptions : si “chacun pense ce qu’il veut”, il fera aussi ce qu’il veut et il n’y aura aucune discipline organisationnelle. Au contraire, lutte ouverte entre conceptions divergentes pour arriver à l'unité sur les positions révolutionnaires les plus avancées et les plus justes. Le Parti doit promouvoir la confrontation, le débat et la vérification. Une direction qui étouffe les contradictions, qui les craint, qui ne favorise pas le débat et la vérification n'est pas une bonne direction. Mais les contradictions d'idées ne sont pas seulement un moyen pour rechercher la vérité. Elles sont aussi l’expression d'intérêts contradictoires. Les divergences de conceptions et de lignes dans le Parti ne sont pas seulement le résultat de la progression des connaissances (contradiction entre vérité et faux) et du développement de nouvelles situations (contradiction entre nouveau et ancien, entre avancé et arriéré). Elles sont aussi le résultat de la lutte entre la classe ouvrière qui avance vers le socialisme et la bourgeoisie qui cherche à perpétuer le plus longtemps possible son vieux monde. Elles sont le reflet des intérêts antagonistes des deux classes en lutte pour le pouvoir. Les idées sont une arme dans la lutte. Une fois devenues patrimoine des masses, les idées deviennent une forces matérielle qui transforme le monde. Une orientation erronée emmène le Parti communiste à sa défaite. Une orientation juste le mène à la victoire." Et puis, on peut aussi se référer à ce document... de nos "chers" détracteurs eux-mêmes !]

[** "Dans la société de classes, chaque homme occupe une position de classe déterminée et il n'existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe" (Mao Zedong, De la pratique, Œuvres choisies) : c’est vrai, mais cela ne doit pas déboucher sur un déterminisme de classe. La ‘science’ c’est bien, la réalité c’est mieux. La réalité, c’est que dans la société il y a d’un côté le prolétariat révolutionnaire, conscient et organisé, avec ses ‘intellectuels organiques’ (Gramsci) qui est le ‘pôle’ du nouveau ; et de l’autre la grande bourgeoisie capitaliste avec ses intellectuels-laquais, de commande, qui est le ‘pôle’ de l’ancien. Et entre ces deux ‘pôles’, les conceptions progressistes/révolutionnaires et réactionnaires s’affrontent dans les masses populaires (90% de la population) y compris l’immense majorité du prolétariat ! Elles s’affrontent jusqu’au sein même de chaque individu, traversé de conceptions contradictoires. La ‘victoire’ du nouveau sur l’ancien chez un individu dépendra évidemment de sa position de classe (en définitive : "qu’ai-je à perdre... ou à gagner (!) à la révolution ?"), mais aussi de la force relative de chaque ‘pôle’ de conceptions (hégémonie intellectuelle, toujours Gramsci) et de multiples facteurs du parcours, du vécu personnel du chaque individu… Et surtout, cette victoire n’est jamais irréversible ! C’est ce qu’il faut comprendre par ‘libre-arbitre’ (car à un moment donné, sans la volonté de l’individu ‘paramétrée’ par tous ces facteurs, rien ne peut se faire…). L'on pourrait même aller plus loin, jusqu'à dire que le nouveau et l'ancien ressortent d'encore plus objectif que cela, qu'ils ne 'naissent' d'aucun cerveau humain ni 'cerveau collectif' de groupe ou de classe : ils naissent à travers des cerveaux humains, (d'un côté) du caractère social de la production, avec tous les rapports sociaux que celui-ci sous-tend, et (de l'autre) de la propriété privée de moyens de production et de l'appropriation privée (inégalitaire) du produit (avec là encore tous les rapports sociaux sous-tendus). Entre ces deux 'pôles', il y a des facteurs déterminants comme, bien sûr, la position dans les rapports de production (si ces rapports deviennent égalitaire, qu'ai-je à y perdre, qu'ai-je à y gagner ?) et dans les autres rapports sociaux (homme ou femme ou homosexuel-le dans une société patriarcale, 'blanc' ou 'de couleur' dans une société 'racialisée') ; mais personne n'est 'prédéterminé', 'prédestiné' diraient les calvinistes, ni à sa naissance ni à aucun instant de son existence, de finir sa vie dans l'un ou l'autre camp. Un communiste comme Doriot n'a-t-il pas fini en pro-nazi ultra ? Le vaincu de Stalingrad, von Paulus, ne termina-t-il pas... au service de la RDA socialiste ? À chaque instant, des milliers de facteurs, 'impulsés' par l'activité contradictoire des deux 'pôles', 'bombardent' l'individu et déterminent son comportement à l'instant d'après !]

[*** Dès la réunion de Chunwang (2005), prélude aux Accords de 2006, toutes les organisations (alors existantes) de la dite "Déclaration du 1er Mai 2011" ont exprimé leurs critiques, leurs inquiétudes et leur perplexité envers la ligne (du PCN-m) d'alliance antimonarchique avec les partis "démocratiques" bourgeois. Elles ont toutefois préféré appuyer les forces réellement révolutionnaires du Népal, à l'intérieur du PC maoïste voire à l'extérieur, plutôt que de "trasher" le Parti dans son ensemble. Les "centristes" et "opportunistes" (pour les gaucho-dogmatiques) doivent sortir de la position d’accusés : c’est à ceux/celles qui ont adopté la ligne gauchiste de démontrer qu'elle a mieux servi le Peuple népalais, le mouvement révolutionnaire de ce pays et le Mouvement Communiste international ! Un simple constat de fait, qui s'impose, est que la liquidation a été longue et chaotique (5 ans), alors qu'elle aurait été possible dès le début (avançant de 5 ans le "triomphe" des ultragauchistes).]

 

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Dossier Breizh :
Breizh : comment l'étincelle écotaxe a mis le feu à la lande
"Esclave", "identitaire", chouan, cul-terreux arriéré de service : pour paraphraser Césaire, "n'allez pas le répéter, mais le Breton il vous EMMERDE"
Considérations diverses – en guise de ‘‘petit debriefing’’ de ces derniers mois : Bretagne, fascisme, ‘‘Lumières’’ et Kaypakkaya… (point 1)
Considérations diverse (26/11/2013) : eh oui, Servir le Peuple a toujours quelques petites choses à vous dire ;-) (point 1)
Appel de la gauche indépendantiste bretonne (Breizhistance) pour le 30 novembre (avec notre critique de la position du ROCML)
Le Top Five des drapeaux qui n'ont PAS été inventés par un druide nazi  (mortel !)
Et en guise (provisoire) de conclusion : La Gauche indépendantiste bretonne revient sur la mobilisation de Karaez/Carhaix

Comité de Construction du PCR des Terres d'Òc : Déclaration du 11 Novembre

La phrase du moment :

"La tyrannie cessera parmi mon peuple ; il n'y aura que liberté, liberté toute nue, sans déguisement. Bouleversements d’États entiers : je les renverserai de fond en comble, il n'y aura rien de reste. Il va y avoir de terribles renversements de conditions, de charges et de toutes choses. Je veux faire un monde nouveau, je veux tout détruire. Je veux appeler à moi la faiblesse, je veux la rendre forte. Pleurez gens du monde, pleurez grands de la terre, vos puissances vont tomber. Rois du monde, vos couronnes sont abattues !"

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Document : Ascenseur pour les fachos (série de 6 vidéos Youtube, Antifascisme.org, site social-démocrate)

 

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Comité de Soutien à la Révolution en Inde

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Fil d'actu "Inde - Népal" du Secours Rouge - APAPC

J. Adarshini (excellent site en français)

Revolution in South Asia (en anglais)

Maoist Resistance (guérilla maoïste indienne - en anglais)

NaxalRevolution (Naxalite Maoist India, en anglais)

Banned Thought (en anglais)

Indian Vanguard (en anglais)

The Next Front (Népal - anglais)

Signalfire (sur la GPP en Inde et aux Philippines, le Népal et les luttes populaires dans le monde - en anglais)

Communist Party of India (Marxist-Leninist) Naxalbari (a fusionné avec le PC d'Inde maoïste le 1er mai 2014)

New Marxist Study Group (maoïste, Sri Lanka)

Parti communiste maoïste de Manipur (page Facebook)

 

Guerre pop' - Philippines :

Philippine Revolution (en anglais)

The PRWC Blogs

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Fil d'actu "Philippines" du Secours Rouge - APAPC

 

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CEDEMA - actualité des mouvements armés en Amérique latine (+ qqs documents historiques)

 

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Fil d'actu "Amérique latine" du Secours Rouge - APAPC

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Autres documents théoriques

 

Récapitulatif des "grandes thèses" de Servir le Peuple


À lire également, les Considérations Diverses, petits "billets" trop courts pour faire un article et donc regroupés par trois, quatre ou plus, exprimant notre CONCEPTION DU MONDE sur toute sorte de sujets. 


Même étude sur l'État espagnol (1 et 2) ; le Royaume-Uni (1 et 2) et l'Italie.

 

APRÈS 8 SÈGLES… (Huitième centenaire de la bataille de Muret 1213 & DÉCLARATION FONDATRICE de notre Comité de Construction du PCR-Òc)

 

 






 

 

 


 


 

 

Le 'centre mlm' de Belgique, la Guerre populaire et le (n)PCI (sur la stratégie révolutionnaire en pays impérialiste) ; et dans la continuité :

Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (1ère partie)

et Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (2e partie)

 

 

 

EXCLUSIF : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970) [avec un salut rouge et fraternel à l'AA Bordeaux ]

Manifeste Programme du (n)PCI

Présentation

du chap. 1 du Manifeste pour les lecteurs/trices francophones (valable pour tout le Manifeste)

 

(Chapitre I): PDF - WORD

 

 

 MANIFESTE COMPLET

(version non-définitive ; chap. 4 et 5 pas encore validés par les camarades italiens)

 

IMPORTANT pour la compréhension du Manifeste :

La crise actuelle, une crise par surproduction absolue de capital (en PDF)

article de 1985 paru dans Rapporti Sociali n°0

[en bas de la page en lien, icône
PDF - Télécharger le fichier pour télécharger le document]

Autres analyses d'actualité









Situation décisive au Népal 

En matière de conclusion sur la situation au Népal, et ses répercussions dans le Mouvement communiste international 

Questions-réponses sur la situation au Népal

 

Discussion sur la "gauche" en Amérique latine et la bourgeoisie bureaucratique

 

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria : l'analyse d'un communiste abertzale

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 2e partie

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 3e et dernière partie  

 

 

 

 


Considérations diverses 03-2013 - et un peu de polémique/critique, ça fait pas de mal ! (sur Chavez, le 'bolivarisme', le 'fascisme' de celui-ci et autres choses...)

Autres articles historiques

 

25 avril 1945 : le Peuple italien terrasse le fascisme

 

 


 




Et en guise de récapitulatif/synthèse : Considérations diverses sur les États, les Nationalités, la Subsidiarité et le Pouvoir populaire ; ici (point 1) : Considérations diverses – fin octobre 2013 : État et révolution bourgeoise et ici : Considérations diverses : 1/ Le cœur des nations est aujourd’hui le Peuple