C'est bien là une question qui taraude de tous temps le mouvement communiste mondial. On en oublierait presque que de GRANDS communistes, comme ANTONIO GRAMSCI, ont été... députés. Gramsci fut même député de 1924 à 1926, sous le régime fasciste, portant la contradiction à Mussolini lui-même dans l'hémicycle !
Il y a des pays où la question ne se pose pas. Au Pérou, comme dans les pays semi-féodaux semi-coloniaux en général, le slogan "NO VOTAR !" a tout son sens. Car en quoi consistent les élections là-bas ? En la récolte par les caciques, les potentats locaux, par la prébende ou la menace, des votes des habitant-e-s, qu'ils remettent ensuite au politicien local ou national qui a leurs faveurs. Mais fondamentalement, les masses populaires se foutent de ces politiciens, voire, ne les connaissent même pas. Leur préoccupation est la survie. Leur motivation à donner leurs voix : les "cadeaux", la peur ou la "crainte révérentielle" devant l'oligarque... Le rôle du Parti, en disant "NO VOTAR", est de montrer aux masses qu'elles ont son appui dans le refus des avances, ou la résistance aux menaces de la classe dominante. Parfois, éventuellement, la classe dominante cède le pas devant les mobilisations des masses, tactiquement, comme un boxeur qui recule pour reprendre son élan, et laisse passer un candidat "atypique", "anti-système", "populaire" comme un Chavez ou un Evo Morales. Mais c'est pour, quelques années plus tard, tenter de liquider militairement "l'intrus" et, en cas d'échec, le corrompre, le tirer vers la droite, vers la "normalité" politicienne du "Sud" dominé... Au Pérou, Ollanta Humala vient d'être élu président, mais il tient désormais un discours à la Lula, bien loin de la radicalité "à la Chavez" affichée il y a 5 ans (et il traîne, en outre, un passé trouble de serviteur zélé de la guerre contre-révolutionnaire anti-PCP, sous Garcia et Fujimori).
Mais il y a des pays où la question se pose : les notres, les pays impérialistes. Des pays où un pilier de l'ordre bourgeois et de sa contre-révolution préventive est l'illusion démocratique, le soma "citoyen" : les masses populaires croient avoir leur "mot à dire" dans le gouvernement capitaliste de la société ou, si elles ne le croient pas, pensent qu'elles pourraient avoir leur mot à dire (mais qu'elles doivent "lutter" pour se faire entendre). Bref.
La position du (n)PCI fait polémique depuis plusieurs années en Italie, et maintenant que SLP traduit leurs textes, elle fait également polémique en Hexagone.
Donc voila : chacun-e en pensera ce qu'il-elle veut... Pourra éventuellement (s'ils/elles sont plus intelligent-e-s) en débattre... Mais EN CONNAISSANCE DE CAUSE !
Le Gouvernement de Bloc Populaire
Le GBP sera constitué par des personnes qui jouissent de la confiance des Organisations Ouvrières et des Organisations Populaires et qui sont décidées à donner forme et force de loi aux mesures que les OO et les OP concernées indiqueront au cas par cas pour réaliser dans chaque cas concret les six mesures générales qui constituent le programme du GBP :
1. Assigner à chaque entreprise des tâches productives (de biens ou de services) utiles et adaptées à sa nature, selon un plan national (aucune entreprise ne doit être fermée).
2. Distribuer les produits aux familles et aux individus, aux entreprises et aux usages collectifs selon des plans et des critères clairs, universellement reconnus et démocratiquement décidés.
3. Assigner à chaque individu un travail socialement utile et lui garantir, en échange de sa scrupuleuse exécution, les conditions nécessaires pour une vie digne et pour la participation à la gestion de la societé (aucun travailleur ne doit être licencié, à chaque adulte un travail utile et digne, aucun individu ne doit être négligé).
4. Éliminer les activités et les productions inutiles ou nuisibles pour l'être humain ou pour l'environnement, en assignant aux entreprises d'autres tâches.
5. Commencer la réorganisation des autres relations sociales, conformément à la nouvelle de base productive et au nouveau système de distribution.
6. Établir des relations de solidarité, de collaboration ou d'échange avec les autres pays disposés à les établir avec nous.
La garantie du succès du GBP n'est pas dans les bonnes intentions et dans la "droiture" individuelles des personnages qui le composeront : elle est dans le lien dialectique entre le GBP et les OO et OP. Des membres du GBP, les OO et les OP exigent qu'ils soient décidés à donner force et forme de loi aux mesures indiquées par les OO et les OP concernées, même si ce sont des mesures qui lèsent les intérêts de la bourgeoisie, du clergé, des riches et du système impérialiste mondial et vont contre leurs habitudes, leurs institutions, leurs aspirations et leur mentalité.
Par des mesures simples et leur rapide réalisation, un semblable gouvernement peut mettre immédiatement fin à tous les effets les plus graves de la crise economique et environnementale. Il peut empêcher que ceux-ci se reproduisent, même si la crise continuera à sévir dans le monde jusqu'à ce qu'un nombre suffisant de pays ait pris des mesures semblables à celles que nous prendrons en Italie. Il peut mettre le pays sur une voie de renaissance et de progrès, à un niveau supérieur à celui auquel nous étions arrivés lorsque le mouvement communiste était encore fort dans le monde : une voie que nous parcourrons facilement, ensemble avec les autres pays du monde entier.
Pour que les OO et les OP constituent le GBP, les communistes et les travailleurs avancés doivent réussir à créer trois conditions :
1. Convaincre les OO et les OP que c'est seulement en constituant un gouvernement d'urgence que chacune d'elles réussira à réaliser son objectif. Aucun gouvernement émanation des sommets de la République Pontificale ne le réalisera. S'il était forcé à le réaliser, il chercherait à ne pas tenir ses engagements, à le réaliser dans la mesure la plus étroite que possible, à le fausser pour l'adapter aux intérêts de la bourgeoisie et du clergé, à l'exploiter pour susciter des oppositions au sein des masses populaires, à l'utiliser pour pousser certaines OO ou OP à s'unir à la mobilisation réactionnaire, et il en abolira les aspects positifs à peine se desserrera la pression des OO et des OP. C'est principalement sur cela que nous devons nous appuyer pour amener chaque OO et OP à s'unir au mouvement pour constituer le GBP.
2. Multiplier le nombre des OO et des OP, favoriser leur naissance dans chaque entreprise, dans chaque centre habité, dans chaque domaine.
3. Pousser les OO et les OP à se coordonner à niveau local, de province et de région et au niveau national, à constituer des réseaux sur une base territoriale et par objectif et domaine d'activité.
Les OO et les OP réussiront à faire avaler la constitution du GBP aux sommets de la RP, si elles rendent le pays ingouvernable par tout gouvernement émanation de ces sommets. À cet effet, elles doivent mobiliser les masses populaires sur une large échelle pour que de la manière la plus organisée dont elles sont capables, elles :
- refusent dans tous les domaines toute contrainte et tout sacrifice que sans retenue la République Pontificale cherche à imposer
- désobéissent systématiquement à tout ce qui est imposé par ses Autorités (désobéissance civile)
- s'approprient gratuitement les biens et les services dont une part croissant des masses populaires est privée par le blocage des activités economiques, par le chômage, par la vie chère, par les bas salaires, par les retraites et les amortisseurs sociaux de misère ;
- refusent de payer impôts, amendes, tickets, remboursements de prêts et intérêts et fassent front par la solidarité aux mesures répressives que les Autorités devront appliquer contre les représentants des masses populaires.
Mis face à une situation de ce genre, les sommets de RP avaleront la constitution du GBP comme un moindre mal et comme mesure provisoire. Les contradictions aigues qui déjà se font jour en leur sein, faciliteront la constitution du GBP. Ils ne sont pas encore prêts à déchaîner la guerre civile pour réprimer l'insubordination des masses populaires. Ils escompteront reprendre la situation en main en sabotant l'activité du GBP. Mais il s'agira d'une nouvelle phase.
Une fois constitué le GBP, les OO et les OP se mobiliseront pour indiquer les mesures particulières et concrètes à prendre, pour assurer leur scrupuleuse réalisation, pour réprimer toute tentative de saboter ou boycotter l'activité du GBP. Ainsi faisant, elles apprendront à gouverner le pays et à se diriger, elles se rendront capables de faire face victorieusement à la guerre civile si les éléments les plus criminels de la bourgeoisie et du clergé osent la déchaîner, elles ouvriront la route à la renaissance sur une grande échelle du mouvement communiste et à l'instauration du socialisme.
Et voici un extrait intéressant d'un autre article de La Voce n° 37 :
Nous communistes, ne sommes pas électoralistes.
Nous ne sommes pas des partisans des illusions qu'il soit possible d'instaurer le socialisme par la voie électorale et parlementaire, au contraire, nous les combattons. Là où mènent celles-ci est bien clair. Les partisans de ces illusions, les révisionnistes modernes avec à leur tête d'abord Togliatti et ensuite Berlinguer, ont définitivement pris en main la direction du premier PCI en 1956 par le 8ème congrès, après le coup que Khrouchtchev et ses complices portèrent à tout le mouvement communiste international en février 1956. Leurs partisans camouflaient et travestissaient la nature de l'État bourgeois démocratique et le rôle des élections et des assemblées représentatives dans la démocratie bourgeoise, pour nier la nécessité de la révolution socialiste. Nous, par contre, construisons la révolution socialiste par la Guerre populaire révolutionnaire de longue durée et combattons les illusions sur la voie électorale et parlementaire au socialisme. Ces illusions n'ont pas conduit le PCI à instaurer le socialisme, mais au contraire ont conduit à la corruption et à la désagrégation du PCI, jusqu'à sa dissolution en 1991. Les révisionnistes modernes ont au fur et à mesure renié le communisme, ils se sont livrés au dénigrement du mouvement communiste et se sont transformés en gauche bourgeoise.
Nous ne participons pas non plus aux élections pour avoir une place plus grande dans les institutions de la République Pontificale, pour les faire fonctionner mieux, pour améliorer leur politique, pour avoir la reconnaissance des sommets de la République Pontificale (banquiers et financiers, industriels, cardinaux, impérialistes US, sionistes), ni principalement et encore moins uniquement pour faire peser dans les institutions de la RP les luttes syndicales et revendicatives (conception à laquelle s'est arrêtée le groupe Réseau des Communistes), comme le font les partis de la gauche bourgeoise : Verts, PRC, PdCI, SEL, etc. Pour avoir un avenir de progrès, les masses populaires doivent se libérer de la République Pontificale, elles doivent l'abattre. Elles doivent libérer le pays de l'institution féodale et parasitaire qui le pollue (la Cour Pontificale) et de l'État construit autour de celle-ci. Elles doivent instaurer le socialisme.
Cependant, ce n'est pas que nous ne sommes pas électoralistes parce que nous professons ne pas l'être, et au contraire proclamons que nous ne le sommes pas. Nous ne sommes pas électoralistes, parce que nous utilisons les élections bourgeoises, la participation à la lutte entre les forces politiques bourgeoises, l'irruption dans les institutions et dans les processus de l'État bourgeois, comme des moyens auxiliaires de notre lutte politique révolutionnaire et comme composante et activité subordonnée à elle, c'est-à-dire pour mener la Guerre populaire révolutionnaire qui instaurera le socialisme dans notre pays, et contribuera à la victoire de la seconde vague de la révolution prolétarienne qui avance dans le monde entier. Les intrusions dans la lutte entre les forces politiques bourgeoises et l'irruption dans les institutions et dans les processus de la République Pontificale sont seulement un secteur, une composante de la lutte politique révolutionnaire que mène le Parti : le secteur que nous appelons second front de lutte de notre Plan Général de Travail. C'est justement pour ceci que le (n)PCI est un Parti clandestin et ne participe pas en son nom propre aux campagnes électorales. Il y participe en orientant des organisations générées et non générées légales qui agissent sur le second front du PGT. La plus importante d'entre elles est le Parti des CARC.
Les camarades qui proclament ne pas être électoralistes et jurent ne pas l'être, mais qui, dans les campagnes électorales négligent la propagande pour le socialisme et pour la conception, les objectifs et la ligne du Parti communiste ; qui ne choisissent pas les différentes activités de la campagne électorale (de la préparation des listes électorales, au recueil des signatures, etc.) en visant principalement à établir des contacts, à élever la conscience politique, à mobiliser les travailleurs avancés, en somme à en faire une école de communisme ; qui dans les campagnes électorales négligent le recrutement et les autres formes d'organisation ; qui ne promeuvent pas la mobilisation et l'organisation des masses ; qui pour recueillir des votes recourent au mensonge, aux promesses et aux trucages des politiciens bourgeois ; qui assument le nombre des votes obtenus comme principale ou, pire encore, unique mesure du succès de la campagne électorale ; qui se posent d'arriver à faire élire des candidats comme objectif principal ou, du pire encore, unique de la campagne électorale ; qui, la campagne électorale conclue, n'entretiennent pas les contacts qu'ils ont établis pendant la campagne électorale : les camarades qui se comportent de l'une ou l'autre de ces manières sont des électoralistes camouflés, qu'ils en soient conscients ou non. Ils se comportent comme la gauche bourgeoise, pas comme des révolutionnaires. Par leur conduite, ils font le jeu des abstentionnistes de principe, qui participent aux campagnes électorales de mauvais gré, sans enthousiasme, sans créativité ni initiative, et trouvent dans le comportement des électoralistes la confirmation de leurs craintes et de leurs préjugés.
Une forme particulière d'électoralisme consiste à renoncer ou hésiter à faire campagne électorale parce que, dans la liste, il y a des candidats dont on n'est pas sûr que, s'ils sont élus, ils se conformeront honnêtement au programme établi et aux engagements pris, résisteront aux pressions, aux chantages et à la corruption. D'aucun candidat, on n'est jamais sûr à cent pour cent. Nous ne pouvons nous porter garants pour personne à cent pour cent. Ce que nous pouvons par contre garantir, et que nous devons garantir et maintenir, est que le Parti n'hésitera pas à contrôler chaque élu et à démasquer et dénoncer celui qui ferait des trafics par dessous la table ou irait d'une autre manière et pour quelque motif à l'encontre des engagements que nous avons assumés ensemble (à moins qu'il ait de justes raisons et les explique publiquement). Mais, plus important encore, nous pouvons et devons en tant que Parti garantir que nous tirerons de la campagne électorale un renforcement tel de la cause du communisme, qu'il compensera largement les éventuelles limites et erreurs d'un candidat. Ceci dépend seulement de nous, du Parti, pas de l'individuel candidat. Cela dépend de comment le Parti impose et mène la campagne électorale et de comment il se tient à son rôle et à son engagement de mener la révolution et d'instaurer le socialisme. Particulièrement dans la phase actuelle, si la prochaine campagne électorale contribue à créer les trois conditions pour la constitution du GBP, ce résultat restera même si quelques candidats ne tenaient pas leurs engagements.
Nous communistes ne sommes pas des abstentionnistes de principe. Les abstentionnistes sont des camarades qui soit ne partagent pas la conception communiste du monde, en particulier de la société et de la lutte politique, soit se laissent guider par la peur et le préjugé selon lequel les communistes qui participent aux élections (et encore plus s'ils participent à la vie des institutions bourgeoises) se laissent inévitablement influencer, soudoyer ou faire chanter par la bourgeoisie. Ils ont peur de perdre la "pureté de communistes révolutionnaires", cultivent le sectarisme et le détachement d'envers les masses : en pratique ils n'ont pas confiance en les masses et ne sont pas convaincus que ce sont les masses qui font la révolution. En définitive, ils maintiennent la conception ecclésiastique que dans l'être humain "les forces du mal sont plus fortes que les forces de bien", "les pommes pourries abîment les bonnes pommes", "le négatif prévaut sur le positif" : une conception démentie par toute l'histoire de l'évolution de l'espèce humaine, qui montre exactement le contraire. Il est vrai que l'environnement des assemblées électives et des institutions bourgeoises est particulièrement méphitique et écoeurant. Mais, en dehors de ces institutions aussi, dans toute la société bourgeoise, nous ne pouvons de toute façon pas éviter l'influence, la pression, les manoeuvres et les chantages de la bourgeoisie (il suffit de penser aux syndicats). Se retirer face aux dangers et aux risques n'est pas une attitude de communistes. Nous devons apprendre à y faire face et à triompher sur la bourgeoisie, sur le clergé et sur leurs manoeuvres. Chacune de leurs manoeuvres peut être retournée contre eux, à l'avantage de notre cause. Ceci est pleinement possible. Le collectif, avec son oeuvre de direction, de formation et de contrôle sur chaque membre, sert aussi à cela.
Les élections comportent dans tous les cas une certaine mobilisation des masses populaires et offrent mille moyens de la promouvoir. Le rôle des communistes est de promouvoir la mobilisation révolutionnaire des masses populaires, et de les diriger dans l'affrontement contre la mobilisation de masse que cherchent à imposer les groupes les plus réactionnaires et criminels de la bourgeoisie impérialiste ("essais" de fascisme, initiatives racistes de la Ligue du Nord, etc.). Ni les électoralistes, ni les abstensionnistes de principe ne s'imposent concrètement cette tâche. Les premiers participent aux élections en se faisant l'aile gauche de la gauche bourgeoise. Les seconds s'en désintéressent.
Le (n)PCI promeut la participation des communistes et des travailleurs avancés aux élections organisées par l'État bourgeois, à tous les niveaux auxquels ils réussissent à participer, pour recueillir des forces révolutionnaires, promouvoir la renaissance du mouvement communiste, réunir de nouvelles forces autour du Parti communiste, promouvoir la constitution du Nouveau Pouvoir et de cette façon contribuer à la Guerre populaire révolutionnaire de longue durée, qui est la stratégie pour faire de l'Italie un nouveau pays socialiste.
Dans le déroulement des élections administratives du printemps prochain aussi, dans les campagnes référendaire et dans les élections politiques s'il devait y en avoir, nous promouvrons la participation la plus large et efficace au service de nos buts, avec des tactiques que nous définirons lieu par lieu avec les camarades que nous réunirons, en tenant compte des OO et des OP qui existent déjà dans la zone. En fait, en ligne générale, la participation renforce notre lutte principale qui, dans cette phase, est de créer les conditions pour que les OO et les OP forment leur gouvernement d'urgence, le GBP, composé de personnes ayant leur confiance et décidées à donner forme et force de lois aux mesures qu'au cas par cas et d'instant en instant, les OO et les OP indiquent pour éliminer au plus vite les effets les plus destructifs de la crise générale en cours, et mettre le pays entier sur une nouvelle voie de reprise et de progrès.
Les élections passées ont confirmé la justesse de notre ligne, d'autant plus que son application a été moins influencée par les tendances opposées électoralistes et abstensionnistes. En particulier, elles ont montré et confirmé qu'une partie importante des masses populaires a confiance dans les communistes, se mobilise sous les drapeaux des communistes et répond à leur appel à la lutte contre le système capitaliste pour instaurer le socialisme. Partout où nos camarades ont mené une campagne électorale, le nombre de votes recueillis a été très élevé par rapport au nombre d'activistes engagés dans la campagne électorale : jusqu'à plusieurs centaines de votes pour chaque activiste. Le vieux PCI, dans sa meilleure époque, était arrivé à 10 votes pour chaque inscrit au Parti : donc, en tenant compte du fait que tous les inscrits ne participaient pas aux campagnes électorales, disons au maximum 20 votes pour chaque activiste.
Il est vrai aussi qu'après les élections, nous n'avons de lieu en lieu réuni autour du Parti qu'une petite partie de nos électeurs. Mais ceci fait partie des difficultés qu'ont toutes les organisations agissant de quelconque manière pour le compte du (n)PCI, pour mener un travail d'organisation efficace, difficulté que nous relevons aussi dans les autres domaines de notre travail révolutionnaire : syndical (troisième front), quatrième front (NDLR : construction des instruments et organismes autonomes de la bourgeoisie, autonomie ouvrière-populaire), premier front (lutte anti-répression), construction des Comités du Parti, travail ouvrier des CdP, structure centrale et de liaison, appareil logistique.
La limite la plus grave dans nos rangs, dans la conduite des campagnes électorales, consiste à négliger ou à mener avec une énergie insuffisante le recueil et la valorisation des résultats obtenus.
C'est la limite qui freine aussi l'engagement dans la conduite des campagnes électorales. C'est la limite que nous devons et pouvons dépasser.
MAJ 07/04/2012 : un nouvel article du (n)PCI vient de paraître, avec des mises au point très importantes quant au Gouvernement de "Bloc populaire" et à son articulation avec le lancement de la transition socialiste vers le communisme ; apportant une réponse importante aux critiques de "réformisme", de "programme de transition à la Trotsky" qui ont pu être faites à ce sujet :
GBP et socialisme
Quelle relation y a-t-il entre le mot d’ordre « faire de l’Italie un nouveau pays socialiste » et le mot d’ordre « constituer un gouvernement de Bloc populaire » ?
Seule l’instauration du socialisme nous permettra de sortir du marasme de la crise dans laquelle la bourgeoisie nous a enfoncés. L’unique voie de sortie réelle, réaliste, praticable est l’instauration du socialisme. Toutes les autres voies sont des illusions. Alimenter l’espoir en d’autres voies signifie dépenser de l’énergie, créer des illusions et de la confusion et décourager les plus déterminés (et perdre leur soutien).
S’il en est ainsi, pourquoi disons-nous alors que les organisations ouvrières (OO) et populaires (OP) doivent former un gouvernement d’urgence (que nous appelons le gouvernement de Bloc populaire) ? Pour les éprouver sur leur propre terrain, pour renforcer en elles la gauche. S’ils veulent ces choses, mais ne veulent pas le socialisme, qu’ils essaient donc de les obtenir sans le socialisme !
Par rapport à ce qui est nécessaire pour instaurer le socialisme, la renaissance du mouvement communiste est encore très en-deçà en termes organisationnels, idéologiques et politiques. Les revendications portées, par les organisations ouvrières et populaires existantes, sont encore loin du socialisme.
Les organisations ouvrières et populaires existantes ne veulent pas instaurer le socialisme.
Mais elles disent vouloir ceci ou cela. Alors, à ces OO et ces OP qui disent vouloir ceci ou cela, qui soutiennent que ceci ou cela est indispensable, nous disons : aucun gouvernement formé et patronné par le Vatican, par la Confindustria et par les autres organisations patronales (Confcommercio, ABI etc.), par les Organisations Criminelles, par les impérialistes US, les groupes sionistes etc., ne donnera jamais ce que vous demandez, ne fera jamais ce que vous voulez que le gouvernement fasse, ce que vous verriez bien un gouvernement faire pour éviter aux masses populaires les conséquences les plus désastreuses de la crise (et nous leur expliquons pourquoi, et nous le leur démontrons, et notre démonstration est irréfutable).
Si vous voulez vraiment ces choses, mais ne voulez pas le socialisme, vous devez former vous-mêmes le gouvernement, vous devez mettre à la tête de toutes vos revendications et de toutes vos luttes un gouvernement représentatif des organisations ouvrières et populaires, un gouvernement constitué par vous-mêmes, par vos représentants, qui ait comme programme les mesures indispensables pour sortir de la crise que vous-mêmes réclamez (en formulant les 6 mesures, nous ne faisons que mettre en langage ordinaire ce que vous dites).
Si vous ne voulez pas former un tel gouvernement, alors vous vous agitez dans le vide, vous ne voulez pas sans si et sans mais, vous ne voulez pas réellement ce que vous dites, ce que vous dites être nécessaire. Nous soutenons que la logique des choses conduira un tel gouvernement au socialisme, qu’un tel gouvernement se trouvera pris dans des contradictions et des problèmes tels qu’en définitive, il devra passer au socialisme. Vous ne le croyez pas, vous êtes convaincus du contraire. L’expérience dira qui a raison.
La ligne du gouvernement de Bloc populaire permet « d’ouvrir une perspective » à la lutte que les comités populaires et la base rouge mènent déjà : « ouvrir une perspective » signifie enseigner aux organisations ouvrières et populaires (et à leurs suivants, leur public, leurs soutiens) que pour que leurs revendications et aspirations deviennent réalité, elles doivent se décider à constituer un gouvernement qui ne soit pas béni par le Vatican, choisi par la Confindustria et les autres organisations patronales, qui ne tienne pas debout parce que soutenu par les forces impérialistes US et UE et les groupes sionistes ; mais qui soit nommé et soutenu par les organisation ouvrières et populaires elles-mêmes.
Sans un semblable gouvernement, leurs revendications resteront suspendues en l'air, vœux pieux, déconnectées les une des autres. Au contraire, elles peuvent être, et sont, utilisées par la droite pour dresser une partie des masses populaires contre les autres. En effet, toute revendication d’une partie des masses populaires (comme ne pas construire une nouvelle base militaire) contient des aspects négatifs pour une autre partie (les salariés des entreprises de construction), et c’est seulement en s’insérant dans le cadre de l’action d’un gouvernement, comme celui que nous indiquons (aucun travailleur ne doit être licencié, aucune entreprise ne doit être fermée) que de tels aspects négatifs peuvent être neutralisés.
La constitution d’un GBP ne mènera pas les masses populaires italiennes hors du marasme actuel. Mais elle sera une école de communisme. Elle les éduquera dans la pratique, sur la base de leur expérience pratique, à l’instauration du socialisme. Celle-ci sera dirigée par les communistes.
Le GBP prendra des mesures gouvernementales pratiques, soutenues par les OO et les OP, cohérentes avec les six mesures que nous avons indiquées supra. Ce sera cependant un ensemble de mesures contradictoires, avec des résultats partiels, 1°/ parce qu’au GBP participera également une partie des classes dominantes, 2°/ parce que l’Administration publique sera encore grosso modo celle d’aujourd’hui, 3°/ parce que les Forces Armées et de police seront encore grosso modo celles d’aujourd’hui, avec peu d’épuration, 4°/ parce qu’il n’expropriera pas en masse les capitalistes, mais les soumettra temporairement à une législation d’urgence, 5°/ parce qu’y compris en son sein, se trouvera qui est pour aller de l’avant et qui est au contraire pour rétablir les conditions d’un « capitalisme sain », d’un cours « normal » des choses, 6°/ parce qu’il restera à régler les comptes avec le Vatican, les impérialistes US, les groupes sionistes, l’Union européenne. Mais précisément, cette expérience apprendra aux masses populaires qu’elles sont capables de faire et peuvent faire mieux, que pour consolider les mesures prises et les étendre, pour les défendre avec succès contre l’opposition enragée des patrons, du Vatican et de leurs alliés, il faut aller au bout des choses, il faut abolir complètement la propriété privée des grandes entreprises et retirer aux bourgeois toute liberté, il faut instaurer la dictature du prolétariat et une économie planifiée, il faut construire une nouvelle société complètement dirigée et gérée par les travailleurs, une société socialiste.
Nous lançons le mot d’ordre de la constitution d’un GBP et nous travaillons à construire les 3 + 1 conditions nécessaires afin que les OO et les OP le constituent, parce que toutes les classes de la société italienne ont besoin de solutions extraordinaires à la situation extraordinaire qu’elles vivent, une situation qui se présente pour la première fois depuis 70 ans.
Si nous disions « instaurer le socialisme », peu comprendraient ce que nous disons, même certains d’entre nous ne savent pas expliquer ce que cela veut dire, tant nous sommes encore loin de l’instauration du socialisme, tant la renaissance du mouvement communiste est encore arriérée. Nous devons dire « instaurer le socialisme » parce qu’autrement, notre travail pour créer les trois conditions serait faible, non efficace. Si nous n’alimentons pas la confiance et la conviction que les masses populaires peuvent créer un monde sans patrons, sans clergé et sans autres classes dominantes, si nous n’alimentons pas la confiance qu’un tel monde est possible et, petit à petit, définissons dans les esprits et les consciences la précision de ses contours et unissons ses facteurs, si nous ne faisons pas cela, ce ne seront pas les OO et les OP qui constitueront un gouvernement d’urgence. Ce seront les fascistes, les cléricaux, les mafieux et autres réactionnaires, et ce sera un gouvernement de mobilisation réactionnaire, pour la guerre.
Le travail pour créer les trois conditions est aussi un travail pour promouvoir la renaissance du mouvement communiste.
En synthèse : la création d’un GBP n’équivaut pas à l’instauration du socialisme ni n’est une alternative ou un autre nom de l’instauration du socialisme. C’est une forme, une mesure rapprochant de l’instauration du socialisme, un moyen pour créer les conditions nécessaires à l’instauration du socialisme.
L’expérience et les luttes nécessaires pour réaliser les mesures d’urgence, grâce au Parti communiste, seront pour la classe ouvrière et pour les masses populaires une grande école de communisme. Au sein de cette école croîtra le nombre des communistes, s’élèvera leur niveau moral, intellectuel et organisationnel, s’accélèrera la renaissance du mouvement communiste, se consolidera et se renforcera le Parti communiste : jusqu’à créer les conditions pour l’instauration de la dictature du prolétariat, nécessaire pour sortir définitivement de la crise du capitalisme. L’expérience enseignera aux masses populaires que la dictature du prolétariat est indispensable 1°/ pour améliorer et consolider les mesures prises, 2°/ pour traiter de manière scientifique et avec une vision à long terme les mille contradictions au sein du peuple et éliminer graduellement les inévitables inconvénients en tout genre qui se présenteront dans le cadre des nouvelles relations sociales, 3°/ pour défendre avec succès le nouveau système de relations sociales contre le sabotage, le boycottage, l’agression promus par la bourgeoisie impérialiste, le Vatican, les Organisations criminelles et leurs alliés, suivants et parrains internes et internationaux, contre les manœuvres en tout genre par lesquelles ils chercheront à rendre impossible l’amélioration et la consolidation des nouvelles relations sociales, et à rétablir leur ordre social.
L’instauration du GBP répond aux exigences immédiates des masses (remettre ou maintenir en marche les entreprises, assigner des tâches productives à chaque entreprise, donner un emploi à chaque individu, et assurer « à ces conditions » une vie et un rôle social digne à tou-te-s), et dans le même temps conduit les masses à acquérir l’expérience politique dont elles ont besoin pour arriver à la révolution socialiste.
Le GBP n’est pas une « voie pacifique au socialisme » ni une solution définitive à la crise en cours. Ce sera une période d’affrontements, de contradictions et de bouleversements, à un certain point les forces bourgeoises arriveront à un affrontement MILITAIRE contre le GBP, comme cela est arrivé plusieurs fois dans l’histoire. Mais alors, le mouvement communiste sera lui aussi dans une situation plus favorable pour guider les masses populaires à y faire face avec succès, et mener à bien l’œuvre pour laquelle ont combattu nos partisans (pendant la Guerre antifasciste, 1943-45, NdT). L’idée d’un affrontement militaire fait, aujourd’hui, très peur à beaucoup. Nous considérons pourtant que les aspirations et les rêves sont une chose, et la réalité en est une autre. Déjà aujourd’hui, des millions de personnes meurent de faim, de maladie, des conditions de travail, de la pollution, des privations : qu’est-ce que cela, sinon une guerre ? Soit nous la subissons, soit nous combattons pour y mettre fin avec ses responsables ! En définitive, l’alternative devant laquelle nous nous trouverons de plus en plus, ne sera pas entre combattre et vivre tranquillement, mais combattre pour en finir avec les patrons et leur système de misère, d’exploitation et de guerre, ou tuer et se faire tuer à leurs ordres et pour leurs intérêts contre d’autres peuples, comme cela est advenu lors des deux guerres mondiales et advient encore aujourd’hui en Iraq, en Afghanistan et partout où sont en cours des « missions de maintien de la paix », et comme cela adviendra à grand échelle si ce sont les forces réactionnaires qui imposent leur « voie de sortie de la crise » !
Mais alors, dira-t-on, un tel raisonnement pourrait-il s'appliquer au "Front de Gauche" de Mélenchon ; comme semble le penser le PCOF lorsqu'il dit que "Afin de ranger les grandes masses de travailleurs sous la direction du Parti et de créer les conditions pour lancer l’appel à l’insurrection révolutionnaire, le Parti peut envisager la formation d’un gouvernement provisoire représentant une large union des masses populaires ; une forme de transition pour la Révolution. Il doit servir au prolétariat à accumuler, en peu de temps, le maximum de forces pour l’assaut final de sa prise du pouvoir" ? Et bien, la réponse est NON, pour deux raisons essentielles :
1°/ Pour le (n)PCI, explicitement (c'est dans le document en lien, pour les italophones), l'instauration du GBP ne passe pas par les élections mais par une situation de profonde crise politique, de "crise de régime", d'ingouvernabilité de l'Etat bourgeois sur la base d'une mobilisation de masse qu'on peut qualifier d'insurrectionnelle, ou "semi-insurrectionnelle". La proposition de Mélenchon et de ses suivants, à l'inverse, est 300% électoraliste et assumée comme telle : c'est "reprendre la parole, reprendre nos droits par le bulletin de vote" etc. Le légalisme des machineries réformistes et syndicales, sur lesquelles s'appuie le FdG, ne saurait tolérer le quart du dixième de ce que le (n)PCI qualifierait de début de commencement d'ingouvernabilité (type les évènements du 15 octobre à Rome, ou les affrontements récurrents depuis l'été dernier dans le Val Susa).
2°/ Le GBP doit se construire en rupture, sans aucun lien avec les appareils, les officines et l'idéologie de la classe dominante ; mais au contraire appuyé sur les organisations ouvrières et populaires (réformistes "radicales") de masse. Or, le lien du "tribun" Mélenchon avec les appareils, les officines et l'idéologie impérialiste BBR est total, ne serait-ce que par son appartenance à la franc-maçonnerie... On peut à la rigueur considérer le vieux PCF/MJCF/UEC, la Gauche Unitaire, les Alternatifs et autres fractions ralliées du NPA, comme des organisations populaires. Le PG, comme une organisation plus spécifiquement "couches moyennes du salariat" (base "moyenne inférieure", direction "moyenne sup'"). On peut dans une certaine mesure considérer le PCOF et autres ralliés type "Coordination communiste" comme des organisations (aristocrates) ouvrières. Mais, dans tous les cas, ces organisations se sont mises à la remorque, ont vendu leur âme à un personnage qui, issu du lambertisme (mélange de thèses trotskistes et de "républicanisme radical" façon 3e République / Libre-Pensée), a été sénateur PS pendant un quart de siècle, ministre de Jospin etc., avant de juger (enfin) en 2008 l'évolution du PS trop "blairiste" à ses yeux. Un homme qui, non seulement nie et rejette les aspirations culturelles démocratiques des peuples de l'Hexagone (rejetant également le droit démocratique des musulmanes à la pratique religieuse, "parce que c'est comme ça chez les Français" !) ; autrement dit, ne remet nullement en cause la fRance comme construction politico-économique et idéologique de l'absolutisme et de la bourgeoisie ; mais va jusqu'à faire les louanges, sur la place du Capitole (où, quelques jours plus tôt, 30.000 personnes étaient rassemblées pour les droits culturels occitans), des derniers restes de colonialisme direct : "la France n'est pas une nation occidentale, elle ne l'est ni du fait de son peuple bigarré, ni du fait qu'elle est présente dans tous les océans et coins du monde, du fait qu'elle existe, vit et rayonne à proximité des cinq continents, de la Nouvelle Calédonie, la Polynésie, la Réunion, Mayotte, les Caraïbes, la Guyane française qui a la plus longue frontière de France, huit cent kilomètres avec le Brésil"... du plus pur "temps béni des colonies" ! Non, définitivement, il n'y a aucun "moyen rapprochant de l’instauration du socialisme" dans une élection de Mélenchon qui, de toute façon, n'est même pas vraiment son but : celui-ci, en concurrence avec le Modem (ou les Verts, mais pour eux c'est mal barré), étant d'être le "meilleur" réservoir de voix pour le PS au second tour et, de là, engranger ensuite au gouvernement et aux législatives les juteux strapontins pour lui et ses amis (avec autant d'indemnités à la clé)...
FINALEMENT, depuis 1945, l’État français a connu UNE grande situation d'ingouvernabilité : Mai 1968. Rappelons que, l'espace de 24 heures, De Gaulle avait fui en Allemagne d'où il comptait revenir avec les chars de Massu... (une "opération stades" inspirée de la bataille d'Alger était alors prévue). Il n'en a finalement pas été ainsi ; mais, à la question "Que se passerait-il en France, dans une situation d'ingouvernabilité du pays ?", De Gaulle a donc apporté la réponse en 1968 : dissolution de l'Assemblée nationale, nouvelles élections anticipées. Et, alors, mobilisation réactionnaire de masse, appel au "Parti de l'Ordre", à la fameuse "majorité silencieuse" du "pays réel", à la "France d'en bas", la "France profonde" et "qui se lève tôt". Depuis 1945, il n'y a jamais eu d'Assemblée nationale plus à droite que celle élue en juin 1968... alors qu'un mois plus tôt, le pays comptait 10 millions de grévistes ! Il n'y eut aucun appel de la classe dominante à un quelconque "gouvernement d'urgence" de "gauche radicale", pour "lâcher du lest en préparant son retour en force". La bourgeoisie réactionnaire a mobilisé le "peuple de droite" (tandis que la bourgeoisie réformiste et le "peuple de gauche" étaient empêtrés dans leurs contradictions), et elle est immédiatement descendue sur le terrain de la guerre civile, avec, dès le mois de juin (avant même les élections, qui se sont tenues les 23 et 30 juin), les répressions sauvages de Sochaux et de Flins ; et avec comme "général en chef" le "vichysto-résistant" Raymond Marcellin (qui restera "premier flic de France" jusqu'en 1974). Une guerre civile de bien basse intensité, certes, puisque... seules deux organisations, ne dépassant pas les quelques milliers de membres, assumèrent "très vite fait" de descendre sur ce terrain : la Gauche prolétarienne maoïste ; et la Ligue communiste (future LCR), alors emmenée sur une ligne "guévariste" par Daniel Bensaïd et Michel Recanati. Mais l'une comme l'autre reculèrent devant l'antagonisme révolutionnaire assumé ; et lorsque Marcellin quitta la place Beauvau suite à la malheureuse "affaire des plombiers" (espionnage du journal Le Canard enchaîné), tout était fini et bien fini.
On voit mal, à vrai dire, ce qui ferait que ce scénario ne se déroulerait pas ainsi en Italie, et d'ailleurs... n'est ce pas un peu ce qu'il se passe d'ores et déjà ? En effet, après les évènements du 15 octobre 2011 (affrontements d'une grande violence en plein cœur de Rome, contre les premières manifestations de l'austérité), la Présidence a décidé d'en finir avec Berlusconi, et formé un gouvernement "technique" et d'"union nationale" avec le technocrate Monti. Un gouvernement, là aussi, appuyé sur la "majorité silencieuse" puisque plus de 80% des Italien-ne-s le soutiennent et souhaitent qu'il aille au terme de la législature (2013), dont 60% des électeurs de la Ligue du Nord, pourtant seule formation parlementaire à ne pas le soutenir. Historiquement, la démocratie bourgeoise italienne de contre-révolution préventive a un "centre de gravité" au centre-droit de la conception bourgeoise du monde, dans la tradition de la Démocratie-Chrétienne et de "l'ordre juste" d'inspiration catholique... Aux élections de 2013, une majorité pourrait alors se constituer autour du Nouveau Pôle pour l'Italie (pôle "centriste" constitué, après sa rupture avec Berlusconi, par... l'ancien néofasciste Gianfranco Fini), et mettre en œuvre "l'austérité" sous les auspices de l’État policier, historiquement fort et brutal, que le monde entier a vu à l’œuvre à Gênes en juillet 2001.
Donc, outre les critiques déjà émises quant à l'éventualité que le Gouvernement de Bloc populaire, tel les "gauches radicales" sud-américaines de ces dernières années, pourrisse de l'intérieur (dans la réaction et la servilité envers le capital) sans nulle contre-offensive militaire de la classe dominante ; on peut aussi émettre la suivante : quid si la bourgeoisie, loin de "lâcher du lest" et de convoquer la petite-bourgeoisie réformiste aux affaires, mobilise le "Parti de l'Ordre" et descend immédiatement sur le terrain de la guerre civile ? Ne faudrait-il pas envisager sérieusement cette éventualité ? Par rapport à la condition que pose le (n)PCI, d'un mouvement ouvrier et populaire structuré, large et combattif, "refusant dans tous les domaines toute contrainte et tout sacrifice que, sans retenue, la République Pontificale cherche à imposer", "désobéissant systématiquement à tout ce qui est imposé par les Autorités", "s'appropriant gratuitement les biens et les services dont une part croissante des masses populaires est privée", etc. etc. ; l'exemple de Mai 68 montre bien que ce n'est aucunement un obstacle à ce que la classe dominante passe immédiatement à la guerre civile, à la mobilisation réactionnaire et la répression de masse ; dès lors que le mouvement ouvrier et populaire organisé est englué dans le marécage réformiste, que les grosses machines partidaires, syndicales et associatives même "dures" ne se conçoivent que comme l'aile "progressiste" de "l'ordre juste" (c'était le cas, en 1968 et dans les années suivantes, des grands syndicats - CGT, FO, CFDT - et du PCF, de la FGDS futur PS, du PSU etc.).
C'est une éventualité à laquelle le Parti communiste doit se préparer, et préparer les masses populaires.