Comme le rappellent très justement nos "amis" vegans , le végétarisme et sa version ultra le véganisme (refus de TOUT aliment d'origine animale) ne datent pas d'hier, ils ne sont pas une invention du mouvement hippie, ils remontent à très longtemps (communautés philosophiques antiques, cathares, yogis hindous*), et existaient en Europe au 19e siècle.
Ce qu'ils omettent, par contre, de rappeler, c'est qu'à cette même époque vivait une des plus grandes pensées matérialiste et scientifique de son temps : Friedrich Engels, et qu'il avait une analyse sur la question :
(...) Mais la chasse et la pêche supposent le passage de l'alimentation purement végétarienne à la consommation simultanée de la viande, et nous avons à nouveau ici un pas essentiel vers la transformation en homme. L'alimentation carnée contenait, presque toutes prêtes, les substances essentielles dont le corps a besoin pour son métabolisme; en même temps que la digestion, elle raccourcissait dans le corps la durée des autres processus végétatifs, correspondant au processus de la vie des plantes, et gagnait ainsi plus de temps, plus de matière et plus d'appétit pour la manifestation de la vie animale au sens propre. Et plus l'homme en formation s'éloignait de la plante, plus il s'élevait aussi au dessus de l'animal. De même que l'accoutumance à la nourriture végétale à côté de la viande a fait des chats et des chiens sauvages les serviteurs de l'homme, de même l'accoutumance à la nourriture carnée à côté de l'alimentation végétale a essentiellement contribue à donner à l'homme en formation la force physique et l'indépendance.
Mais la chose la plus essentielle a été l'action de la nourriture carnée sur le cerveau, qui recevait en quantités bien plus abondantes qu'avant les éléments nécessaires à sa nourriture et à son développement et qui, par suite, a pu se développer plus rapidement et plus parfaitement de génération en génération. N'en déplaise à Messieurs les végétariens, l'homme n'est pas devenu l'homme sans régime carné, et même si le régime carné a conduit à telle ou telle période, chez tous les peuples que nous connaissons, au cannibalisme (les ancêtres des Berlinois, les Wélétabes ou Wilzes, mangeaient encore leurs parents au Xe siècle), cela ne nous fait plus rien aujourd'hui.
Le régime carné a conduit à deux nouveaux progrès d'importance décisive : l'usage du feu et la domestication des animaux. Le premier a raccourci plus encore le processus de digestion en pourvoyant la bouche d'une nourriture déjà pour ainsi dire à demi digérée; la seconde a rendu le régime carné plus abondant en lui ouvrant, à côté de la chasse, une source nouvelle et plus régulière, et de plus, avec le lait et ses produits, elle a fourni un aliment nouveau, de valeur au moins égale à la viande par sa composition. L'un et l'autre devinrent ainsi, d'une manière déjà directe, des moyens nouveaux d'émancipation pour l'homme; cela nous conduirait trop loin d'entrer ici dans le détail de leurs effets indirects, si grande qu'ai été leur importance pour le développement de l'homme et de la société.
De même que l'homme apprit à manger tout ce qui était comestible, de même il apprit à vivre sous tous les climats. Il se répandit par toute la terre habitable, lui, le seul animal qui était en état de le faire par lui même. Les autres animaux, qui se sont acclimatés partout, ne l'ont pas appris par eux mêmes, mais seulement en suivant l'homme: ce sont les animaux domestiques et la vermine. Et le passage de la chaleur égale du climat de leur patrie primitive à des régions plus froides, où l'année se partageait en hiver et en été, créa de nouveaux besoins: des logements et des vêtements pour se protéger du froid et de l'humidité, de nouvelles branches de travail et, de là, de nouvelles activités, qui éloignèrent de plus en plus l'homme de l'animal. (...)
Engels, Le Rôle du Travail dans la Transformation du Singe en Homme.
Tout est dit. L'homo sapiens est homo sapiens parce qu'à un moment donné un primate évolué, pour diverses raisons (assèchement des forêts africaines où il vivait etc.), s'est mis à manger de la nourriture animale. D'ailleurs, même les primates évolués comme le chimpanzé, le bonobo, le babouin ou le gibbon ne sont pas "vegans" : la quasi-totalité mangent des termites et d'autres insectes, des œufs, voire des charognes etc. (voir ici la liste des animaux omnivores : la plupart des primates le sont). La particularité du genre humain, à partir d'homo ergaster, c'est d'être devenu un prédateur (chasse, pêche etc.) ; ce que les autres grands primates ne sont que très marginalement (encore que les chimpanzés, apparemment, chassent plutôt pas mal).
En tout cas, c'est la consommation de viande et de protéines animales qui l'a amené à développer son cortex cérébral et ses capacités physiques, ces capacités permettant le travail qui a lui même encore développé ces capacités, etc.
Homo sapiens n'est pas devenu omnivore (mangeant de la viande comme des végétaux) : il est né omnivore, c'est un lointain ancêtre qui a commencé à s'alimenter de viande, engendrant homo sapiens...
Là où les hippies proposaient, contre le mode de vie capitaliste, le retour à la communauté primitive, les vegans proposent carrément... le retour à l'australopithèque ! Et encore, on l'a dit, les chimpanzés sont omnivores et l'australopithèque l'était sans doute également.
Bien sûr, l'espèce humaine a beaucoup évolué et évoluera encore... Peut-on imaginer qu'un jour, avec le progrès scientifique, son alimentation puisse se passer complètement des animaux ? L'avenir seul le dira... Et RIEN n'interdit de se poser la question et d'en débattre avec ses camarades !
Ce qui est en revanche inacceptable et contre-révolutionnaire, c'est de faire du véganisme une condition pour être révolutionnaire aujourd'hui : les personnes souhaitant manger de la viande ou même simplement du poisson ou du fromage ne pourraient pas être "vraiment" révolutionnaires... Mais elles vous emmerdent, les "amis" !!!
C'est là une conception qui n'a rien à voir avec le matérialisme, le marxisme scientifique, et donc avec le prolétariat. C'est une conception petite-bourgeoise idéaliste, mystique, faisant de la "compassion" la base idéaliste du militantisme révolutionnaire... Et qui, souvent, va faire du mode de vie des masses populaires son ennemi n°1 !
Au contraire, nous communistes, NOUS SOMMES LE PEUPLE, l'avant-garde consciente et organisée du prolétariat entraînant les autres classes populaires. Nous incarnons la normalité du Peuple. Ce n'est pas le mode de vie des masses populaires qui est "anormal", bien qu'il faille lutter en permanence contre l'influence idéologique et culturelle de la classe dominante bourgeoise (lutte entre le "bon sens" et le "sens commun" selon Gramsci). L'anomalie, c'est la bourgeoisie capitaliste, c'est la propriété privée des moyens de production et l'appropriation capitaliste de la richesse produite par le travail.
La ligne de masse c'est que même lorsque les masses populaires ont des idées ou des pratiques réactionnaires, elles apportent une mauvaise réponse à une vraie question, généralement liée à cette anomalie centrale : il faut déterminer laquelle et chercher la bonne réponse.
Bien sûr, il y a parmi les vegans des gens sincères, réellement choqués par les conditions que le mode de production capitaliste, pour lutter contre la chute tendancielle du taux de profit, impose non seulement aux êtres humains mais aussi aux espèces animales et à l'écosystème en général... Nous respectons ces personnes et, en général, elles nous respectent. Elles sont à mille lieues de l'arrogance et du sectarisme que l'on peut voir s'étaler sur différents sites ou forums...
Le véganisme moderne, apparu à l'époque où le capitalisme a cessé de jouer tout rôle progressiste, est le produit de la décomposition idéologique, de la désorientation culturelle et morale de la petite-bourgeoisie, en particulier intellectuelle.
Une idéologie non prolétarienne et, du coup, hyper-perméable à toute sorte de récupérations : les anciens de Nouvelle Résistance (nationalistes "révolutionnaires") se vantent d'avoir un temps contrôlé l'organisation "écologiste radicale" La Terre D'Abord dans les années 1990. Sans même parler des références à des personnages troubles comme l'anglais James Lovelock, un "humanophobe" malthusien, darwiniste social, aux positions tout ce qu'il y a de plus réactionnaire ("j'ai grandi sous la menace du terrorisme celtique" etc.).
Face à cela, les communistes lèvent le drapeau de l'écologisme prolétarien : c'est le socialisme, la détermination de la production selon les intérêts et les besoins des masses et non selon les besoins de l'accumulation du Capital, qui résoudra la contradiction entre l'humain et la nature, et mettra fin à la destruction de l'écosystème qui est la marque de tous les modes de production pourrissants (la Rome du Bas-Empire avait pollué pratiquement toutes les eaux au plomb, l'absolutisme stade suprême du féodalisme avait décimé les forêts, moins importantes (en Hexagone) en 1789 qu'aujourd'hui, etc.).
Nous ne disserterons pas encore ici sur le straight edge, cet autre sympathique délire de petit-bourgeois décomposé et aussi (mais c'est plus compréhensible) d'anciens toxicomanes sevrés : ni alcool, ni tabac, ni drogue, ni sexe sans sentiments... Le prolétariat et les masses populaires n'ont pas attendu, pour lutter contre les addictions et autres auto-destructions (à la fois produits et au service de la domination capitaliste), ces espèces d'héritiers des Ligues de Vertu.
Sympathique délire, sympathique délire... jusqu'à certaines limites. Car certains éléments n'hésitent pas à appeler à l'assassinat des jeunes prolétaires contraints à vendre des stupéfiants pour gagner de quoi exister dans la société consumériste...
D'une manière générale, ce concept qui ignore et/ou ne veut pas entendre parler des souffrances, des frustrations du quotidien amenant les personnes du Peuple à l'alcoolisme (déprime), au tabagisme (stress), à la toxicomanie ou à une sexualité sans lendemain (manque de confiance en soi) n'a rien à voir avec la conception communiste du monde...
*L'Inde est le pays du monde comprenant le plus grand nombre de végétaRiens, pour des raisons religieuses : environ 40% de la population. Il s'agit bien de végétaRiens, lacto-végétariens exactement : ils consomment les protéines animales par les produits laitiers (mais ni viande ni oeufs). Ils ne sont pas "vegans". Le cas est unique au monde à cette échelle.
Il s'agit d'une prescrition religieuse (ahimsâ : compassion, respect du vivant) pour se rapprocher de la sagesse. C'est une vision assez élitiste (les brahmanes - dignitaires religieux - doivent particulièrement s'abstenir de toute viande), un peu comme la caste des philosophes ayant une alimentation spéciale chez Platon... La religion brahmanique a d'autres aspects bien moins sympathiques : castes, dalits "intouchables" traités comme des sous-humains etc., et les musulman-e-s d'Inde, les dalits et autres tribaux animistes auraient beaucoup à dire sur sa "non violence" et sa "compassion".
Dans tous les cas, cela est forcément lié à des conditions matérielles particulières à l'Inde, qu'il faut étudier. Aucune autre grande religion ne prône le végétarisme, sans cependant jamais l'interdire (pour l'islam, le végétarien ne risque pas d'enfreindre les principes du hallal, donc ça va). Et encore moins le véganisme...