Entre les 11 et 14 mars, les représentants du Parti des CARC [Parti des Comités d'appui la résistance - pour le communisme (CARC) - Italie] étaient à Anvers pour une réunion concernant la révolution au Nepal, où ils ont rencontré le camarade Basanta du Comité central du Parti communiste unifié du Nepal (maoïste). Nous l'avons interviewé, et ci-dessous vous pouvez trouver les réponses qu'il nous a donnés.
Notre Parti a salué la victoire de la révolution démocratique menée par l'UNCP (M) obtenue en 2008 comme première victoire du mouvement communiste international du 21ème siècle, et fait savoir comment celle-ci évolue, à la fois comme forme de solidarité avec le mouvement révolutionnaire du Peuple népalais, et parce que cela est riche en enseignements aussi bien pour les communistes italien-ne-s et les masses populaires.
Question. Sur l'édition de décembre de notre journal Resistenza nous avons écrit que l'UNCP (M) a lancé une campagne de mobilisations partout dans le pays contre le coup de force des forces réactionnaires, refusant de se conformer aux accords au sujet du fusionnement de la vieille armée royale et de l'armée de libération du Peuple.
La campagne visait 1. à établir la suprématie du civil sur le pouvoir militaire, 2. à défendre l'indépendance nationale, et 3. la réforme agraire. Cette campagne continue-t-elle toujours ? Quels développements effectue-t-elle et produit-elle ?
Réponse. La grande guerre populaire que notre Parti a lancée le 13 février 1996 a eu pour but d'accomplir la Nouvelle révolution démocratique, la première phase pour ouvrir la voie vers le socialisme et le communisme mondial.
Afin d'atteindre l'objectif stratégique minimum de la Nouvelle révolution démocratique au Népal nous avons appliqué diverses tactiques conformément à l'analyse concrète des conditions concrètes.
Quand le monarque déposé Gyanendra a usurpé les pleins pouvoirs avec la force de l'armée réactionnaire, la contradiction politique entre les masses entières d'une part, et le roi de l'autre, est venue au premier rang. Objectivement, il a créé une situation dans laquelle les partis politiques qui se réclamaient comme démocratique pourraient être rassemblés dans un combat pour établir la république démocratique. Basée sur un accord en 12 points, l'unité tactique entre sept partis politiques et le nôtre était la mise en oeuvre correcte de la fermeté dans la stratégie et de la flexibilité dans la tactique dans les conditions concrètes.
L'abolition de la monarchie et l'établissement de la république démocratique lors de la première réunion de l'Assemblée constituante est un pas en avant important vers notre objectif stratégique minimum de Nouvelle révolution démocratique mais elle n'est pas la Nouvelle révolution démocratique elle-même.
La Nouvelle révolution démocratique a deux aspects : anti-féodal et anti-impérialiste. Avec l'abolition de la monarchie, les institutions féodales, le féodalisme a été affaibli politiquement mais il n'a pas encore été supprimé. Et d'autre part, le programme agraire basé sur le principe de la terre à celui qui la travaille est loin d'être mis en oeuvre.
Le bourgeois bureaucratique compradore est monté en puissance dans le pouvoir réactionnaire. Cela signifie que la lutte du Peuple népalais pour établir la démocratie, c.-à-d. la lutte pour rendre le peuple souverain et pour résoudre le problème de terre, et aussi pour établir l'indépendance nationale n'est pas terminé.
Il faut comprendre que parfois la question de la démocratie vient au premier rang et parfois à celle de l'indépendance nationale. Mais maintenant, la suprématie civile et l'indépendance nationale ont été inséparablement reliées ensemble et la lutte pour établir l'indépendance nationale est venue au premier plan. Par conséquent, la lutte pour la démocratie c.-à-d la suprématie civile sur le pouvoir de l'État et la souveraineté nationale continuera jusqu'à ce que le Peuple népalais opprimé se débarasse du féodalisme et de l'impérialisme, principalement l'expansionnisme indien dans notre cas, sur le sol du Népal.
La lutte pour la suprématie civile et la souveraineté nationale que nous menons maintenant forme les masses à se lever pour elle. En d'autres termes, cette lutte a réveillé la conscience à un plus haut niveau sur la nécessité d'établir la souveraineté populaire dans le pouvoir de l'État et l'indépendance nationale. Elle a préparé le terrain pour l'offensive finale au cas où il y aurait obstruction à l'établissement de la suprématie civile et de l'indépendance nationale au Népal.
Q. Quelles sont les réactions des pays comme l'Inde, les Etats-Unis et la Chine qui ont essayé de décourager l'UNCP (m) et de créer des ennuis et des dommages à la population et au pays ?
Réponse. L'impérialisme ne veut jamais donner aux classes opprimées le pouvoir politique dans n'importe quel pays. Le Népal ne peut pas être une exception à cela. En revanche, l'impérialisme a eu très peur de la force grandissante du Peuple vers la saisie du pouvoir par les classes opprimées népalaises, sous la conduite de notre Parti, le Parti communiste unifié du Népal (maoïste).
L'expansionnisme indien sait que le premier pays à être le plus influencé par la victoire maoïste au Népal est l'Inde. Avec la victoire du Peuple népalais la classe dirigeante expansionniste indienne d'une part va perdre sa domination politique, économique et culturelle sur le Népal et de l'autre, elle se rend également compte du fait que le succès de la Nouvelle révolution démocratique au Népal va réveiller encore plus les masses indiennes contre les classes dirigeantes indiennes réactionnaires. Par conséquent l'Inde est montée au front contre notre lutte pour établir la suprématie civile et l'indépendance nationale au Népal. Jusqu'à maintenant, la Chine a maintenu sa politique de non-intervention dans les affaires politiques intérieures de notre pays.
Q. Établir une direction politique ferme et capable de transformer l'ordre social du Népal : n'est-ce pas le coeur de la lutte pour mettre un terme au système féodal, au retard économique, à la misère et à l'analphabétisme, au système des castes, à l'oppression des femmes et des minorités nationales dans lesquelles les populations du Nepal ont été tenues par la monarchie et les impérialistes ?
R. Il ne fait aucun doute que des problèmes entiers comme le retard économique, la misère, l'analphabétisme, le système de caste inhumain, la discrimination à l'égard des femmes et l'oppression nationale par lesquels le Peuple népalais a été jusqu'à maintenant écrasé soient tous les résultats inévitables de l'état socio-économique semi-féodal et semi-colonial du Népal. Ce n'est pas la la fin d'un des seigneurs féodaux seulement mais la fin du système féodal et son interconnexion avec l'impérialisme qui provoque une transformation révolutionnaire dans la société.
Cependant, la fin de la monarchie est un pas en avant dans la direction de supprimer le féodalisme et l'impérialisme du sol népalais. À moins que le Peuple népalais défasse le féodalisme et l'impérialisme et établisse de ce fait le Nouveau pouvoir démocratique, il n'y aura aucune transformation révolutionnaire de la société népalaise excepté quelques changements cosmétiques.
Q. Quelles sont les étapes que l'UNCP (M) pense devoir être faites afin de faire avancer le mouvement révolutionnaire pour gagner contre les ennemis internes et étrangers ?
R. Chacun se rend compte que nous sommes maintenant dans l'Assemblée constituante pour rédiger une nouvelle constitution qui ouvre la voie vers la résolution des contradictions fondamentales de la société.
Cependant, les réactionnaires locaux et étrangers conspirent pour dissoudre l'Assemblée constituante, imposer un régime présidentiel et pousser le pays dans la guerre civile afin de maintenir le statu quo. Jusqu'au bout nous lutterons dur pour écrire la Constitution populaire et pour établir la République populaire par l'Assemblée constituante mais nous ne les laisserons à aucun prix renverser le processus. Nous sommes prêts à les défaire par l'insurrection du Peuple si les réactionnaires imposent la guerre civile injuste au peuple népalais.
Q. La plupart des communistes italiens pensent que la révolution est quelque chose qui éclate juste. Nous pensons qu'elle est quelque chose qui doit être construit étape par étape. Que pensez-vous de ceci ?
La révolution ne peut ni se développer par le souhait subjectif de quelqu'un, ni se produire spontanément par une crise révolutionnaire. Elle est la manipulation correcte de la dialectique entre la situation objective et la planification subjective de la part de la direction de l'avant-garde prolétaire qui pousse vers l'avant le processus révolutionnaire.
Q. Dans notre pays beaucoup de camarades sont tirés vers le bas par l'idée que nous sommes peu nombreux et, en outre, nous sommes entourés par une masse réactionnaire et arriérée. Même une partie des ouvriers et des travailleurs suivent et soutiennent ouvertement les forces réactionnaires et racistes. Est-ce que l'UNCP (M) ne montre pas le contraire, par son action, qui est que les communistes peuvent gagner à la révolution toutes les classes ou en tout cas la plupart des classes des masses populaires (parce que pour leur position de classe le socialisme est la seule ou en tout cas la meilleure perspective de vie et d'avenir) ?
R. Au commencement, il y a toujours un petit groupe d'activistes conscients qui lancent le processus révolutionnaire. L'idée que sans préparer une base de masse forte aucune lutte révolutionnaire ne peut être lancé est erronée. Mais ce n'est pas non plus un processus où un groupe minuscule d'activistes révolutionnaires peut accomplir la révolution. C'est un processus qui se développe du petit au grand, du simple au complexe et du particulier au général.
Oui, l'expérience de notre Parti l'a clarifié correctement. Au commencement de la guerre populaire, nous avions seulement 70 ans chefs et cadres à plein temps dans notre Parti. La conscience populaire était très arriérée. Mais notre intervention consciente sur la situation a commencé à changer la situation d'une façon qualitative.
La révolution se développe à la manière d'une spirale. Vraiment, si nous n'avions pas faits notre intervention consciente sur la situation 15 ans avant, la situation actuelle ne serait pas advenue.
Q. Est-ce que vous voulez envoyer un message à tous ceux qui, en Italie, sont impliqués dans la lutte pour « ne pas payer la crise des patrons », et recherchent une sortie au désastre économique, politique et environnemental dans lequel la bourgeoisie (les patrons, le Vatican, les riches et leurs autorités) nous a plongés ?
R. Objectivement, la situation devient favorable pour que les révolutionnaires fassent la révolution. L'effort conscient de changer cette situation est le besoin d'aujourd'hui. La crise économique va sûrement dans les prochains jours mener à une crise politique dans l'ordre mondial impérialiste. Et le désastre politique et environnemental que la bougeoisie ont provoqué, faire grandir la haine des masses de travail contre le système. Cela crée définitivement une base objective sur laquelle la révolution peut avancer.