Le Comité Permanent du Parti Communiste Unifié du Népal - maoïste a pris la décision de mettre fin au système de double sécurité et que l'intégration se déroule selon les modalités d'intégration proposées par l'Armée Népalaise. Jusqu'à présent, la sécurité des dirigeants maoïstes était assurée par l'Armée Populaire de Libération avec un appui des forces gouvernementales.
Ces décisions sont contestées par les représentants de la ligne révolutionnaire. Ils ont notamment demandé à ce que ce type de décision si importante soit prise par le Comité Central, affirmant qu'il ne s'agissait ni plus ni moins que d'une capitulation. Une lettre de contestation a été déposée par Mohan Baidya "Kiran".
Depuis, si les soldats de l'APL chargés de la sécurité de Prachanda ont bien été transférés vers le cantonnement de Shaktikor, ceux chargés de la sécurité des dirigeants représentant la ligne révolutionnaire sont toujours en poste et refusent de rendre leurs armes au QG du Parti et de rentrer dans les cantonnements. C'est d'ailleurs l'ensemble de l'APL qui semble s'opposer aux dernières décisions du Parti.
"Nous ne pourrons probablement pas résister à la pression du personnel de l'APL contre l'intégration si le parti décide de capituler, oblitérant l'existence de l'APL," a affirmé un commandant de division proche de Prachanda au journal Republica.
Jeudi 9 juin dernier, une réunion regroupant 150 commandants de l'APL s'est tenue. Ces derniers ont clairement demandé au Parti de rejeter les modalités d'intégration de l'Armée Népalaise qui veut réduire l'APL à une force non-combattante.
"Nous ne sommes pas contre l'intégration, mais nous rejettons le modèle d'intégration de l'AN qui veut nous transformer en une force non-combattive, ce qui signifie nous rejetter en tant que soldats," a cité un participant le Commandant de la 5ème Division Raj Bahadur Budha Magar.
"Nous voulons une place digne pour servir la nation et le peuple. Nous ne voulons donc pas devenir des gardes forestiers. Nous sommes contre la modalité qui efface notre existence. Pourquoi devrions nous accepter une modalité qui a été décidée sans nous consulter."
Prachanda a répondu, "il est faux de dire que nous avons accepté la modalité d'intégration de l'armée ; nous devons encore discuter et finaliser les détails."
"Les membres blessés et disqualifiés de l'APL se retrouvent sans travail. Le gouvernement doit répondre à leurs demandes avant de continuer le processus d'intégration," a affirmé Yam Bahadur Adhikari, Commandant de la 1ère Division.
"Nous sommes prêts à nous sacrifier pour la révolution, mais pas pour l'autoglorification des dirigeants," a affirmé Raj Bahadur Budha Magar.
"Nous sommes contre la décision de violer l'ordre et le rang dans l'APL après l'intégration," a affirmé Mahendra Shahi, commandant de la 6ème Division en réaction à la proposition de ne recruter les soldats de l'APL seulement au rang inférieur.
Les commandants ont également critiqué la position du parti de n'intégrer que 8 à 10 000 membres de l'APL sur les 19 000 . "Alors, le reste d'entre nous est incompétent ?" a envoyé un commandant à Prachanda.
Kiran a affirmé aux commandant que le modèle Démobilisation, Développement et Reconstruction (DDR) n'est pas acceptable pour lui. "Nous avons écrit une lettre de protestation contre la décision du parti d'accepter le modèle DDR."
Le message de l'APL peut se résumer ainsi : "Nous ne compromettrons pas notre identité indépendante, nous ne rendrons pas nos armes, nous transporterons nos armes durant le processus d'intégration, nous n'accepterons pas l'intégration individuelle et la direction doit être entre nos mains."
Lu quelque part : "L'idéologie prolétarienne est scientifique, elle ne souffre ni doute ni critique ; c'est un principe partidaire" : belle tirade de cyber-gauchiste intellectualoïde no-life, qui fait super-radical et super-méchant pour faire peur aux grand-mères, sauf que... il n'y a pas plus anti-scientifique que de considérer que la lutte de lignes dans un Parti communiste est pliée en un jour, en l'occurence celui de la signature de "l'accord des sept partis" le 21 novembre 2006 ; que la tactique d'un Parti ne s'adapte pas aux conditions concrètes du pays où il lutte, et qu'on peut lui donner des leçons depuis l'autre bout du monde sans avoir mené la lutte réelle sur le terrain...
Il faudrait se poser la question, aussi, de savoir pourquoi le plus grand Parti de masse du sous-continent, celui de l'Inde, "soutient la tactique" des maoïstes népalais "avec des critiques" (et comment des organisations latino-américaines, évoluant dans des républiques oligarchiques relativement avancées au plan de la morphologie sociale, peuvent juger de la tactique à suivre dans une monarchie absolue parmi les plus arriérées du monde...).
Les racines de la lutte de lignes au Népal sont relativement identifiables : c'est la question du positionnement à adopter, plus ou moins audacieux, confiant dans les masses et dans l'histoire, ou timoré et défaitiste, face à l'encerclement par deux titans réactionnaires (la Chine et l'Inde). A partir de là, c'est l'emprisonnement en Inde, en 2006, des principaux leaders de la gauche du Parti (Kiran, Gaurav...) qui a permis à la droite (Bhattarai) de gagner le centre (Prachanda) et de prendre le dessus avec ses tendances capitulardes et social-démocrates.
Mais le Népal a déjà connu une révolution trahie : le grand Mouvement populaire de 1990, arrachant des concessions "constitutionnelles" à la monarchie et voyant la capitulation de la plupart des partis ML... et de cette trahison a jailli le PCN(m), qui lança sa Guerre populaire 6 ans plus tard. Il n'y a donc rien d'étonnant à voir aujourd'hui la gauche du Parti affuter ses armes et refuser la capitulation, jusqu'à brandir la menace de la scission. Mais néanmoins, dans un Parti frappé par le mal révisionniste, le rôle des révolutionnaires et de lutter jusqu'au bout en mobilisant la gauche et en tentant de gagner ou au moins neutraliser le centre, jusqu'à ce que cela ne soit plus possible (révolutionnaires exclus ou réduits au silence : comme ici en Hexagone, dans les années 1960). Autant jusqu'à ce moment, qu'après (lorsqu'une nouvelle organisation révolutionnaire sera née, si c'est le cas), ils doivent avoir TOUT NOTRE SOUTIEN.