CP Gajurel 'Gaurav', bien connu de ceux et celles qui suivent l''actualité' révolutionnaire népalaise des dernières années, est aujourd'hui un important dirigeant (vice-président) du nouveau PC maoïste qui s'est formé voilà bientôt un an. Mais, avec Kiran et d'autres hauts dirigeants (la plupart, en fait), il est plutôt un représentant de l'aile droite de ce Parti : en réalité, il est 'centriste' dans la grande lutte de lignes internationale qui oppose maoïsme authentique et prachandisme (avec les ultra-gaucho-dogmatiques destructeurs aux aguets) ; un centrisme qu'il s'agit de gagner ou neutraliser, si l'on veut que le processus révolutionnaire reparte de l'avant dans ce pays. Cet article, publié en anglais sur le site des camarades de Democracy & Class Struggle, est encore une bonne illustration de ce centrisme. Par rapport à des controverses qui ont eu lieu récemment (entre 'droitistes', 'gauchistes' et courant maoïste international auquel se rattache SLP, 'gauchiste' pour les uns et 'centriste' pour les autres...), les passages suivants ont retenu notre attention :
"Once, almost two third of the world population was under the banner of socialism. But due to the events of counter revolution staged by the leadership of communist parties and socialist states, the socialism went on squeezing and now it is confined at the stage of strategic defence.
The anti-socialist "democratic movements" designated by the imperialist powers swept away the "socialist states" of East European pro-soviet block during the '90s. The governments of communist parties and socialist states have been reduced to quite few.
If we can have a good relation with those survived, it can be of great help to the revolutionaries and the people against the onslaught of domestic and foreign reactionaries.
This relation can play significant role for the development of revolutionary movement, to protect the revolutionary parties and to bring the balance of power in favour of the revolutionaries. It is necessary to develop relation with countries like China, North Korea, Cuba, Latin American countries. In the context of Nepal, the relation with China attaches great importance.
The wave of Bolivarian revolution in Latin America can be considered as anti- US imperialist wave. The "socialism" that has been achieved in Latin American countries differs from the scientific socialism and communism envisaged by communist parties. However it is necessary to salute the revolutionary changes that the people have brought after heroic struggles. We should make serious efforts to develop friendly relation with them. We should understand the significance of balance of power in favour of revolutionary movement".
C'est toute la question de ces États cibles de la propagande et (en dernier recours) des bombes ou des opérations par mercenaires interposés de l''impérialisme' (en fait, de l'impérialisme OCCIDENTAL, de la 'Triade') qui ressurgit là. C'est une question COMPLEXE, à aborder dans toute sa complexité ; Gaurav adoptant ici la position 'campiste' simplificatrice qui est celle du PC des Philippines, du (n)PCI et des CARC d'Italie, etc.
Il faut en réalité comprendre que :
- AUCUN de ces États cités n'est 'socialiste', ni de 'nouvelle démocratie' (ce qui serait plus logique, vu qu'ils sont tous du 'tiers-monde', cela dit, 'depuis le temps', ils pourraient peut-être être socialistes...). Leur économie est généralement un capitalisme d’État, avec une nouvelle bourgeoisie d'appareil, et un secteur privé d'importance variable (même la Corée du Nord, contrairement aux idées reçues, à ses 'zones franches' près de la frontière avec le Sud). Ce capitalisme privé est même parfois prédominant, comme en Iran ou en Syrie, que Gaurav ne cite pas mais auxquels il pense certainement.
- La plupart de ces capitalismes d’État sont de type dépendant ; pour ne 'pas trop dépendre' de l'impérialisme US honni, ils se cherchent d'autres partenaires : Européens 'pas trop alignés' sur les USA, Russie, Chine et 'BRICS' en général, autres 'émergents' comme l'Argentine, la Turquie, l'Iran etc.
- La Chine 'populaire', en revanche, est engagée dans un processus impérialiste, comparable à celui du Japon dans le premier tiers du 20e siècle. Ce processus est à l'heure actuelle un facteur considérable et croissant de guerre mondiale (y compris 'indirecte'), même si évidemment, sauf mauvaise foi caractérisée (comme celle de certains 'ML', pour ne pas citer de noms), la Chine n'en porte pas seule la responsabilité (voire moins que les puissances 'installées' de la ‘Triade’, que sa 'résistible ascension' dérange). Ceci étant, il faut être extrêmement vigilants là-dessus ; d'autant plus que les dirigeants chinois actuels sont les révisionnistes qui ont liquidé idéologiquement le maoïsme - il faut donc se méfier aussi de leur influence idéologique.
- Dans la plupart de ces pays, sauf peut-être Cuba et les pays de l'ALBA où les 'processus' sont récents (encore que, au vu des dernières élections au Venezuela...), les masses travailleuses ne se reconnaissent plus guère dans la classe dirigeante et ses discours 'officiels' ; elles ont de plus en plus tendance à se lever contre la nouvelle bourgeoisie (ou nouvelle oligarchie, dans les pays qui n'ont jamais prétendu sortir du capitalisme, mais rendre celui-ci plus 'juste') : en Chine 'populaire' il y ainsi plus de 80.000 explosions sociales violentes par an ; le Vietnam est touché dans les mêmes proportions ; et il n’est pas utile de rappeler ce qu’il se passe en Syrie et s’est passé en Libye. L’on est bien obligé de constater que Gaurav fait un silence total sur ce point...
- CEPENDANT, s'il est clair qu'il n'y aucun 'socialisme', aucun véritable 'pouvoir populaire' objectivement visé dans ces pays, il est également clair que l'impérialisme occidental, à travers eux, vise subjectivement l''idée socialiste', l''idée révolutionnaire' même (l'Iran est violemment antisocialiste et anticommuniste, mais se veut 'révolutionnaire' et l'imagerie qui lui est associée, dans les médias bourgeois occidentaux, rappelle celle de l'URSS et des 'pays de l'Est' dans les années 1980). Pour les impérialismes occidentaux, il ne s'agit pas seulement d'en finir avec le socialisme comme réalité (il n'en est plus question sur la planète depuis la fin des années 1970), mais avec l'IDÉE MÊME de socialisme, de révolution ou même de 'contestation' de leur mainmise sur la planète ; ce 'spectre' qui les a hanté pendant trois quarts de siècle à partir de 1917 et qui, apparemment terrassé même comme opposition armée autour de 1992-93, ressurgit ici et là, en Inde, aux Philippines etc. [les monopoles russes et chinois, eux, essayent évidemment de 'capitaliser' sur ce 'mythe', même si sur le plan intérieur l'injustice sociale n'a rien à envier au Brésil, à l'Inde ou à l'Afrique du Sud]. Il est juste de dénoncer cela, mais Gaurav va visiblement beaucoup plus loin ; les 'liens' qu'il envisage avec ces États semblent bien plus stratégiques que 'tactiques', il semble les 'prendre pour modèle' et là, c'est la faillite assurée pour le mouvement communiste au Népal.
L'idée de Servir le Peuple tend à être la suivante : lorsqu'un mouvement communiste international CONSÉQUENT, tel qu'il existe actuellement en Inde (par exemple), se sera suffisamment développé à travers le monde, la situation dans ces pays se 'débloquera' d'une manière ou d'une autre, entre mouvements de contestation de masse, 'coups de balai' physiques et idéologiques dans les équipes dirigeantes et autres scénarios que nous n'imaginons pas forcément (en Russie il faut dans tous les cas une nouvelle révolution, puisque les forces se réclamant a minima du léninisme sont actuellement dans l'opposition, le 'coup de balai' concernant donc en premier lieu celles-ci)... En l'absence d'une telle nouvelle hégémonie intellectuelle communiste mondiale, c'est malheureux, mais c'est très certainement à 'plus d'alignement' sur l'Occident impérialiste que ne pourront que profiter des déstabilisations importantes de ces régimes, comme cela s'est produit en 1989-90 dans les 'pays de l'Est' et tout récemment en Libye et (bientôt) en Syrie - c'est toute la quadrature du cercle. Mais cette position ne semble pas partagée par Gaurav, pour lequel (en tout cas en Corée du Nord, à Cuba et même... en Chine) il n'y a rien à 'débloquer', aucun 'problème', aucune nouvelle bourgeoisie/oligarchie/caste exploiteuse en travers du chemin révolutionnaire vers le communisme...
Un peu plus haut dans le document, est abordé la question d'un 'nouveau centre' communiste international 'unique', qui rassemblerait les 'éléments sains' du (mort-vivant) MRI et de l'ICMLPO 'mao' International (qui compte aussi ses horreurs !). Cela est en apparence louable... sauf que un se divise en deux et que, si recomposition idéologique il peut y avoir, c'est à travers un processus de décantation et de lutte de lignes (liquidant le révisionnisme et le gauchisme, et permettant aux éléments sains de 'bonifier' leur conception du monde et de la révolution)... pas à travers une 'volonté', aussi louable soit-elle, de fusion - ce concept liquidateur qui est au 'cœur' du révisionnisme prachandiste, et avec lequel Gaurav n'a visiblement pas rompu. Si l'on dresse un rapide 'panorama' des forces auxquelles Gaurav fait référence, qu'avons-nous ?
1°/ D'un côté nous avons le MRI, qui n'est plus qu'une 'coquille vide' et a globalement éclaté entre :
- la liquidation avakianiste derrière le Parti 'communiste révolutionnaire' des USA et la 'nouvelle synthèse' de Bob Avakian, qui prétend 'solder les comptes' et 'dépasser' toute la théorie marxiste accumulée depuis plus de 160 ans... le bonhomme ne se prend pas pour n'importe qui !
- la liquidation prachandiste derrière le Parti 'communiste maoïste' unifié du Népal ; qui en dernière analyse consiste à faire de la Guerre populaire un 'réformisme armé', une 'prise d'armes' pour amener le vieil État réactionnaire 'à la table des négociations', à un 'consensus démocratique', à une 'assemblée constituante' etc. Ceci ne vise, au fond et en réalité, qu'à permettre aux auteurs de cette 'géniale' révision du marxisme de s'offrir un maroquin dans les institutions ; cependant des personnes comme Gaurav ou Kiran n'ont pas compris et n'ont pas réellement rompu avec cela : ils reprochent simplement à la Constituante népalaise de 'ne pas fonctionner', d'être 'paralysée'... mais ne comprennent pas qu'il ne peut pas en être autrement, que c'est précisément parce que le 'consensus' est impossible entre des forces de classes aussi antagoniques que le Congrès, qui représente l'oligarchie 'libérale', et les maoïstes qui représentent les ouvriers et les paysans affamés !
- le repli sur le dogmatisme sectaire derrière le Mouvement Populaire Pérou, la 'sacralisation' des 'grandes pensées' comme si la direction de Staline n'avait pas débouché sur le blitzkrieg révisionniste de Khrouchtchev (l'un des plus importants cadres d'appareil avant 1953), comme si la Guerre populaire du Pérou (la 'pensée Gonzalo' est leur 'totem' absolu...) n'avait pas subi une cinglante défaite, comme si Mao lui-même n'avait pas été impuissant à empêcher la contre-révolution en Chine et dans le monde ; bref, comme s'il n'y avait pas des questions à se poser. Cette ligne est partagée par des groupes extra-MRI 'historique' comme le 'p''c''mlm' de 'France', les PC d'Équateur 'Sol Rojo' et 'Comité de Reconstruction' etc.
- enfin, ceux qui ('dogmatiques' pour les uns et 'centristes' voire révisionnistes pour les autres), autour des PC maoïstes d'Italie, de Turquie/Nord-Kurdistan et de 'France', du PCR Canada, du PC d'Inde 'Naxalbari' etc., ont pris acte de la 'mort clinique' du MRI et veulent refonder une nouvelle coordination internationale.
2°/ De l'autre, il y a l'ICMLPO ou plutôt l'aile gauche de celle-ci (car on y trouve aussi des 'cas lourds', pour ne citer personne), avec le PC des Philippines qui mène la Guerre populaire dans ce pays depuis près de 45 ans, le TKP/ML dans l'État turc, les CARC et le (n)PCI en Italie, ce que l'on peut appeler la 'mouvance philippine', qui anime notamment l'ILPS (Ligue internationale des luttes populaires)... Contrairement à ce qu'affirme Gaurav, le PC d'Inde maoïste n'en fait pas partie (ou en tout cas, il reste 'en marge'). Mais voilà... c'est oublier un peu rapidement que l'ILPS, justement, a connu voilà deux ans un très important 'clash', avec l'exclusion de plusieurs personnalités et organisations membres... dont le Front révolutionnaire démocratique d'Inde, précisément sur la question... de ce soutien aveugle, a-critique à ces pays 'anti-impérialistes' que défend Gaurav ; un soutien faisant totalement fi du sort que ces régimes peuvent réserver aux révolutionnaires et aux progressistes authentiques : en Iran ou en Syrie, c'est la torture et la mort quasi-assurée ; en Chine (ou au Vietnam ou au Laos) c'est la prison ou en tout cas de 'sérieux problèmes' (privation d'emploi etc.) ; en Corée 'démocratique' du Nord, il vaut certainement mieux ne pas critiquer le 'Grand Leader' et l'idéologie officielle (totalement antimarxiste) du juche ; même au Venezuela ou en Bolivie (soutenus par Cuba, qui ne dit mot donc consent), c'est le risque d'être extradé (lorsque l'on est étranger) vers son État réactionnaire d'origine (Colombie, Pérou, 'Espagne' etc.)... Même l'Inde, qui fait partie de ces fameux 'BRICS', proche de la Russie (pour les contrats militaires, surtout), ne pourrait-elle pas, dans cette optique, être considérée comme un 'contre-pouvoir' à cette 'Triade' à laquelle, trop souvent, les 'anti-impérialistes' réduisent l'impérialisme ? Faut-il voir 'positivement' le pouvoir AKP en Turquie, sous prétexte qu'à ses heures il adopte une posture anti-israélienne ou 'non-alignée' vis-à-vis de l'impérialisme US (comme lors de l’invasion de l'Irak) ? Il ne s'agit pas de hurler avec certains 'loups' gauchistes et de qualifier indistinctement tous ces États et toutes leurs actions de 'fascistes' (sauf, pour les gauchistes en question, lorsqu'il massacrent leur population, là ils deviennent subitement des 'victimes' de z'horribles z'islamiiiiiistes pilotés par l'impérialisme...), même si pour certains c'est le mot qui convient à la plupart de leurs agissements ; il ne s'agit pas de ne jamais rien voir d'objectivement positif à ce qu'ils peuvent dire ou faire (comme Lénine, en son temps, défendait la résistance à l'impérialisme du monarque féodal afghan, ou encore des kémalistes turcs). Mais peut-on, en tant que communistes conséquents, se voiler la face en permanence et sur tout ? N'avons-nous pas une CONCEPTION DU MONDE à mettre en avant, et à laquelle rallier les masses ? Pour des militant-e-s révolutionnaires... des pays concernés, c'est évidemment hors de question ; c'est ainsi que parmi les militant-e-s expulsé-e-s de l'ILPS en 2011, l'on trouve un Iranien exilé en Grande-Bretagne, trois personnes anatoliennes (turques et/ou kurdes, rappelons que la minorité kurde est également opprimée en Iran et en Syrie), une brésilienne (dont l'organisation est connue pour son peu de sympathie envers Chavez etc.) et deux indiens, dont G. N. Saibaba du Front révolutionnaire démocratique maoïste. Depuis son 'indépendance féconde' qui est le fondement même de sa démarche, SLP n'a pas peur de dire, sans vouloir défendre tout ce qu'ont pu dire ou faire les personnes sus-mentionnées (dont nous n'avons de toute manière pas vraiment connaissance), que cette contradiction a été traitée de manière particulièrement bureaucratique et inutilement antagonique : peut-on sérieusement expulser un représentant du mouvement maoïste d'Inde... comme s'il s'agissait d'un vulgaire intellectuel gauchiste parisien ou bruxellois de la mouvance 'p''c''mlm' ? Gaurav ne dit pas un seul mot de cela ; difficile donc a fortiori de comprendre comment il entend surmonter cette divergence idéologique.
Servir le Peuple a proposé voilà quelque temps une définition simple de ce qu'est un régime 'progressiste' : un régime qui, objectivement, FAVORISE le développement et le renforcement du mouvement ouvrier/populaire organisé et (par conséquent) du mouvement communiste, quantitativement et qualitativement ; le régime servant ainsi objectivement la révolution prolétarienne mondiale même si, subjectivement, il n'est pas favorable à celle-ci telle que nous la concevons. Cette définition exclut totalement des pays comme l'Iran ou la Syrie par exemple, si l'on laisse de côté les pseudo 'communistes de régime' syriens ; pour la Libye la situation a pu être 'tangente' (avec beaucoup d'ambigüités) dans les années 1980 mais plus après (et l'on pourrait ajouter : favorise dans le pays même, pas 'à l'international', ce qui disqualifierait alors définitivement la défunte 'Jamahirya') ; dans tous les cas, aucun régime bourgeois (même 'national') ne peut jamais être 'progressiste' à 100%. Plus largement, nous avons souvent mis en avant la distinction entre soutien positif et soutien négatif :
- soutien POSITIF aux forces qui, soit appartiennent directement aux Forces subjectives de la Révolution prolétarienne mondiale (FSRP), soit favorisent leur développement (local, régional et international) ;
- soutien NÉGATIF lorsque, simplement, l'ennemi principal n'est pas le régime aussi réactionnaire soit-il (comme les Talibans en Afghanistan, le régime du Hamas à Gaza ou le régime Hezbollah de facto au Sud du Liban, Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire etc.), mais l'impérialisme (ou son 'chien d'attaque' sioniste) qui les vise, et que l'on ne peut en aucun cas mettre l'un et l'autre sur le même plan. Dans ce cas, lorsque l'impérialisme ou le sionisme est tenu en échec ou en demi-échec, c'est à saluer pour le 'retentissement' subjectif mondial de l'évènement ; mais c'est une situation ponctuelle, qui ne signifie pas glorifier politiquement ces forces. C'est, globalement, la situation de l''émir afghan' ou du mouvement nationaliste turc de Mustafa Kemal à l'époque de Lénine. Il faut mener parallèlement, bien souvent, une lutte idéologique contre les révisio-confusionnistes qui voudraient presque faire de ces forces des 'compagnons de route' du mouvement communiste international ;
- dans tous les cas, LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP et la 'mesure de toute chose' : ce que nous dénonçons avant tout est le massacre impérialiste des masses populaires, et ce que nous saluons éventuellement est leur résistance ; pas l'attaque contre la caste dirigeante et son éventuelle résistance en tant que tels. Lorsque l'agression impérialiste (directe ou par des forces qui se sont vendues à lui) est précédée (et 'justifiée', d'après les médias impérialistes) par de grands crimes contre le peuple (notamment contre une révolte populaire ou de nationalité opprimée), comme en Syrie ou en Libye et (hier) en Yougoslavie ou en Irak, il n'est pas question de 'taire' cela, et encore moins de faire des victimes, qui se révoltaient légitimement contre l'oppression, des 'coupables', des 'agents de l'impérialisme'. La lutte idéologique sur ce point doit être implacable ; c'est une lutte de conception du monde : il en va du lien dialectique qui doit unir le mouvement communiste aux masses opprimées de tous les pays. Il ne s'agit pas de 'ni-ni' mais de double dénonciation : dénonciation des crimes du régime ET dénonciation des rapaces impérialistes qui se jettent sur l'occasion comme des vautours, instrumentalisant les cadavres alors qu'eux-mêmes en traînent des kilomètres derrière eux. Le fait que ces régimes réactionnaires ET assassins soient la cible de l'impérialisme n'en fait pas moins des assassins et des réactionnaires, pas forcément des anti-impérialistes (souvent, ils se rattachent au 'nouvel Est' : Russie, Chine, expansionnisme iranien etc.), et EN AUCUN CAS des 'progressistes' ou des 'héros des peuples du monde entier' (blablabla) : un Bokassa en Centrafrique ou un Hissène Habré au Tchad, un Trujillo à Saint-Domingue ou un Duvalier en Haïti, un Marcos aux Philippines ou un Galtieri en Argentine, n'ont-ils pas eux-mêmes été 'lourdés' lorsque les impérialistes (US et/ou BBR) en ont 'eu marre' ? Cela en fait-il des 'héros de la résistance des peuples' ? Soyons sérieux. Le fait que les directions 'révoltées' se soient vendues à l'impérialisme, quant à lui, doit être utilisé pour illustrer la nécessité impérieuse d'un mouvement communiste conséquent à la tête de toute lutte populaire d'émancipation dans le monde : le 'Parti des mécontents' se vend toujours, le Parti révolutionnaire authentique ne se vend JAMAIS.
Ne pourrait-on pas, simplement, établir un 'consensus' communiste mondial sur ces positions simples, claires et populaires ?
Pour autant, tout ceci montre que le DÉBAT existe, un débat VIVANT ; que la conception communiste du monde en ce début de nouvelle vague révolutionnaire mondiale est en DÉCANTATION-CONSTRUCTION ; et que rien n'est tranché contrairement à ce qui peut-être affirmé du haut de chaires intellectuelles.
Si nous étions autour de 1960, au sein de l'ensemble des mouvements se réclamant du marxisme, un gouvernement comme celui de Chavez aurait été 1°/ très certainement considéré comme 'progressiste' et 'anti-impérialiste' par les marxistes-léninistes se réclamant de Lénine et Staline, et bien sûr les révisionnistes acceptant les conclusions du XXe Congrès de Khrouchtchev ; toute 'dissidence' à ce sujet étant sévèrement sanctionnée ; 2°/ rejeté par les trotskystes en des termes peu ou prou similaires à ceux de la ligne 'ultra-maoïste' actuelle ('p''c''mlm' etc.), sauf peut être les 'pablistes', 'frankistes' et autres 'mandéliens' qui auraient pu le voir comme une 'possibilité de rupture' avec le capitalisme et l'impérialisme, si 'la classe ouvrière s'organise' et 'fait pression' (ils appuyaient alors la Yougoslavie, l'Algérie, Cuba et même le Vietnam dans ce même raisonnement) ; 3°/ chez les 'marxistes anti-totalitaires', 'à la Castoriadis', peut-être dénoncé par certains pour son 'caudillisme', son 'populisme', son 'autoritarisme' etc., d'autres soulignant vraisemblablement que Chavez organise et gagne des référendums et des élections, qu'il y a un véritable mouvement populaire en sa faveur, etc. etc.
Aujourd'hui, si l'on ne regarde QUE les quatre grandes Guerres populaires sous direction maoïste à travers le monde, plus le Népal où la GP s'est achevée en 2006 :
- Le PC des Philippines, les maoïstes népalais (nouveau CPN-M) et le TKP/ML de Turquie (proche des Philippins) appuient avec enthousiasme, quasi inconditionnellement. Parmi les 'héritiers' de la 'petite guerre populaire' italienne des années 1970, c'est aussi la position du (n)PCI.
- Le MKP de Turquie/Kurdistan et le PC d'Inde maoïste sont vraisemblablement sur la même ligne que SLP : voir 'toute la complexité' et 'toute la dialectique' des choses ; c'est aussi la position du PC maoïste d'Italie, du PC maoïstes de France (qui provient de la Gauche prolétarienne), des groupes Gran Marcha hacia el Comunismo, Dazibao Rojo/Correo Vermello et Odio de Clase (pourtant violemment hostile aux 'révisionnistes' népalais de Gaurav, Kiran etc.) dans l’État espagnol.
- Les Péruviens sont sur une ligne de rejet sans appel (Chavez était un 'fasciste' etc.) ; ce qui est aussi la ligne des maoïstes d’Équateur, du Brésil etc. Il faut dire que les gouvernements qu'ils combattent (y compris au Pérou désormais) sont plutôt des amis du Venezuela 'bolivarien'... Les maoïstes sud-américains semblent en fait 'désarçonnés' et poussés à l'outrance par la montée, après 20-30 ans de 'néolibéralisme' issu des dictatures militaires, de ces 'gauches' bourgeoises sur le continent, qui captent la mobilisation des masses contre le capitalisme et l'impérialisme à leur détriment (et à celui de toute forme de lutte révolutionnaire marxiste en général). Ils ne trouvent pas les 'clés' pour comprendre ce phénomène (l'engouement des masses, pas l'existence d'une fraction 'moderniste' et social-réformiste dans la classe dominante, celle-ci étant tout à fait normale) et mettre à profit ses contradictions. Ce phénomène a, historiquement, souvent frappé le mouvement communiste face à la social-démocratie et autres 'populismes sociaux' (y compris 'de droite' : péronisme, gaullisme etc.). N'étant pas dans les pays concernés, nous pouvons émettre des 'réflexions' avec les éléments dont nous disposons... mais pas le faire à leur place !
De leur côté, les trotskystes comme les marxistes-léninistes qui 's'arrêtent à Staline'... sont tout aussi divisés sur la question ! [Les trotskystes, peut-être, seront un peu plus unanimes (dans le rejet) sur les régimes proche- et moyen-orientaux de type Assad, Kadhafi, Iran etc.]
Comme nous le voyons bien, ce type de débat est loin d'être tranché dans le mouvement communiste international !!
Qu'il se poursuive avec VIGUEUR, mais toujours franc et ouvert et dans la camaraderie ; il ne fera qu'alimenter le feu de la lutte !