Le 5 mai prochain (anniversaire de l’élection du social-démocrate Hollande), face au scandale de l’affaire Cahuzac, Jean-Luc Mélenchon appelle à manifester en masse pour un ‘grand coup de balai’, une ‘révolution citoyenne’ et une ‘VIe République’ (appel rallié par Eva Joly d'EELV, représentante typique du courant 'girondin idéaliste' de l'idéologie républicaine, mais ce ralliement est contesté dans son parti).
Mais qu’y a-t-il donc derrière ces slogans ? Quelle doit être la position des communistes révolutionnaires authentiques face à cet appel, quand bien même (comme cela est probable) il ne serait pas massivement suivi ? Voyons cela de plus près avec quelques citations du ‘tribun du peuple’ :
"Un impôt n'est pas destiné à punir, il est destiné à partager. Il ne s'agit pas d'humilier les gens qui ont de l'argent, il s'agit de leur dire 'les amis ça va mal, la société toute entière doit participer à l'effort commun'." [Récemment, au sujet de la taxe à 75% sur les hauts revenus : les grands bourgeois sont donc les 'amis' du ‘camarade’ Méluche et il ne s'agit 'pas (de les) humilier' (les pauvres choux !), encore moins (on suppose) de les exproprier de leurs privilèges... au moins cela a le mérite d'être clair !]
"La France, la France de la VIe République que nous voulons construire, la France n'est pas une nation occidentale, elle ne l'est ni du fait de son peuple bigarré, ni du fait qu'elle est présente dans tous les océans du monde, du fait qu'elle existe, vit et rayonne à proximité des cinq continents, de la Nouvelle Calédonie, la Polynésie, la Réunion, Mayotte, les Caraïbes, la Guyane
française qui a la plus longue frontière de France, 800 kilomètres avec le Brésil." (Discours de campagne place du Capitole à Tolosa, 5 avril 2012)
Sur l'interdiction du foulard aux élèves musulmanes dans les 'écoles de la République' (2004) : "On ne porte pas le foulard à l'école, parce que c'est comme ça chez les Français !"
"Non, ce n'est pas la jeunesse qui est en cause ! Ce sont quelques personnes. Et je vais dire à ceux qui foutent le feu à un gymnase ou à une bibliothèque : ce sont des crétins. (...) Nous les rejetons, ils n'ont rien à voir avec la contestation de la société capitaliste. C'est le contraire ! Ils en sont les larbins, les fourriers, les bouffons, ils nous jettent la honte à tous" [au sujet des émeutiers d'Amiens, août 2012]
Débat au Sénat sur la Charte européenne des langues régionales, 13 mai 2008 :
(L’association Diwan) "C'est une secte !"
"Je suis persuadé que tous ici vous vous sentez aussi patriotes que moi, aussi attaché que moi à l'unité et l'indivisibilité de la République française, et dignes continuateurs de l'ordonnance de Villers-Cotterêts, qui a établi le français comme langue du royaume, permettant à chacun de se défendre, de témoigner et d'attaquer en justice en étant entendu par les autres. Pour moi, fier d'être jacobin, ne parlant que la langue française - et l'espagnol, langue de mes grands-parents - et qui, si je devais apprendre une nouvelle langue, choisirais l'arabe, langue minoritaire la plus parlée dans ma région, il ne s'agit pas de savoir si l'on est pour ou contre les langues régionales, pour ou contre la diversité culturelle, mais si le cadre légal existant est adapté et si la France a besoin de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires."
"Si le nombre de locuteurs diminue et que leur âge moyen s'élève, il faut en chercher la cause ailleurs que du côté de la République et de la loi."
"Je ne dis pas que les langues et les cultures régionales conduisent nécessairement à la sécession et au communautarisme, mais le risque existe. On ne crée pas de droits particuliers pour une catégorie particulière de citoyens du fait d'une situation particulière. Le fait de parler une langue différente ne peut pas instituer des droits particuliers pour ses locuteurs."
"La langue bretonne est celle qui résulte du dictionnaire dit unifié de 1942, qui se substitue aux cinq langues bretonnes existantes. Je n'évoquerai pas son auteur, collaborateur qui fut condamné à mort par contumace, ni les conditions dans lesquelles ce dictionnaire fut rédigé et financé à l'époque..." [réponse cinglante de l'historien Philippe Martel ici]
"La France américanisée..."
‘Espoir du peuple de gauche’ pour un nombre conséquent (dans les 10%...) d’esprits… désespérés, Jean-Luc Mélenchon nous offre en réalité, dans ses discours et dans sa conception de la ‘VIe République’ qu’il appelle de ses vœux, une ILLUSTRATION PARFAITE de l’idéologie ‘française’ dans sa version ‘social-républicaine’ au service du Grand Capital impérialiste !
Son intention de ne pas toucher à la bourgeoisie en tant que classe (ni même de l’’humilier’, comme le ferait la taxe à 75% sur les hauts revenus de Hollande), mais simplement de l’appeler à plus de ‘solidarité nationale’, est affirmée noir sur blanc.
Les autres propos illustrent parfaitement la manière dont l’État français, instrument politico-militaire de la grande bourgeoisie (devenue depuis monopoliste), s’est déployé depuis le Moyen-Âge jusqu’au 20e siècle en conquérant d’abord au fil de l'épée nos Peuples ‘hexagonaux’ (notre Peuple occitan, le Peuple breton, le Peuple basque etc.) puis, par la poudre à canon et les rafles négrières, les Peuples d’outre-mer (Caraïbes, Guyane, Corse, Kanaky, Polynésie sans compter les peuples du Maghreb et d’Afrique, aujourd’hui pseudo-‘indépendants’) ‘grâce’ auxquels, selon notre Méluche ‘national’, il ‘rayonne sur les cinq continents’… un déploiement politico-militaire et idéologique qu’il s’agit maintenant précisément, pour les révolutionnaires, de nier, dans le sens inverse, au moyen de la Guerre populaire !
Voilà la CONCEPTION DU MONDE que propose, aux masses indignées par l’affaire Cahuzac, l'appel mélenchoniste à la mobilisation du 5 mai prochain !
NOUS, COMMUNISTES RÉVOLUTIONNAIRES POUR LA LIBÉRATION DU PEUPLE OCCITAN, DISONS CLAIREMENT :
Il n’y a pas de porte de sortie à la crise terminale du capitalisme dans une ‘refonte’ de l’État des monopoles !
Le Pouvoir aux travailleur-euse-s, aux exploité-e-s, aux opprimé-e-s !
Que mille Communes révolutionnaires (re)fleurissent d’un bout à l’autre de l’Hexagone, des corons ch’tis aux montagnes basques, catalanes ou corses, en passant par les ‘quartiers’ du 9-3, de Lyon, de Marselha et Tolosa !