Ce qui suit peut venir en excellent complément à l'article Critique des ralliements "ML" au Front de Gauche, sur la nature de la gauche bourgeoise.
Sur Le Progrès (quotidien de la région lyonnaise) : http://www.leprogres.fr/
Manifestement, la volonté d'Arnaud Montebourg de s'opposer à la mondialisation peut séduire au-delà de la gauche. Le Bloc Identitaire a créé la surprise aujourd'hui non seulement en appelant ses sympathisants à participer à la primaire socialiste mais en donnant qui plus est une consigne de vote.
Mouvement politique de petite taille, contraint de se retirer de la course à l'Elysée faute de parrainnages, le Bloc Identitaire veut soutenir le concept de "démondialisation" prôné par Arnaud Montebourg.
Voilà une contre-publicité dont Arnaud Montebourg, qui n'est pas donné favori, se serait certainement bien passé.
Le BI regrette toutefois «qu’Arnaud Montebourg et ses partisans ne (soient) pas encore prêts (...) à s’attaquer à cet aspect de la mondialisation que constitue l’immigration massive et incontrôlée».
Fondé en 2003 sur les cendres d’Unité Radicale, groupuscule d’ultra-droite dissous après l’attentat manqué de Maxime Brunerie contre Jacques Chirac, le Bloc Identitaire est spécialisé dans l’activisme sur internet. Il défend une vision «ethnique» de l’"identité européenne» et rejette avec virulence l’immigration et l’islam.
C’est ce mouvement qui avait été à l’origine du groupe Facebook pour un apéro-géant «saucisson-pinard» dans le quartier multiethnique de la Goutte d’Or (nord de Paris), en juin 2010, initiative finalement annulée mais qui lui avait offert une tribune médiatique considérable.
Ou encore sur le site des Inrocks : http://www.lesinrocks.com/
En luttant contre la mondialisation, Arnaud Montebourg réussit l’exploit de séduire autant la gauche de la gauche que la droite de la droite. Interrogé en juin dernier sur les primaires du PS, Marine Le Pen n’hésitait pas à dire que "si elle faisait partie de la famille socialiste, elle glisserait un bulletin pour Arnaud Montebourg".
Egalement séduit par son discours antimondialiste, le Bloc identitaire compte aller jusqu’à soutenir sa candidature dans une lettre ouverte que nous nous sommes procurée (dont nous reproduisons des extraits à la fin de l'article).
Depuis la publication de son livre Votez pour la démondialisation en juin, Arnaud Montebourg est ardemment sollicité par les identitaires qui ont le sentiment de l’avoir influencé. Il y a trois mois, Projet Apache, un groupe rassemblant les jeunes identitaires parisiens et franciliens réfléchissaient déjà au meilleur moyen de le soutenir. Par le biais de cette lettre ouverte, c'est aujourd'hui l'ensemble du mouvement qui a décidé de le supporter officiellement lors de la primaire socialiste.
"Depuis le lancement de notre mouvement en 2002, les identitaires combattent la mondialisation. Bien que le PS soit un parti du système, je ne vois pas pourquoi nous nous mettrions à l'écart de ce débat", se justifie le patron du Bloc, Fabrice Robert qui "espère peser sur cette campagne interne".
"Encore un petit effort Arnaud"
Localiste et farouchement européen, le Bloc identitaire s’estime sur la même longueur d’onde idéologique qu’Arnaud Montebourg même si ce mouvement d’extrême droite s’en distingue par son prisme culturel et identitaire.
"Nous lui demandons encore un petit effort pour rejoindre totalement nos positions", explique Fabrice Robert.
Dans leur lettre ouverte à Arnaud Montebourg, les identitaires encouragent donc le député de Saône-et-Loire à aller au bout de sa réflexion en participant notamment à des assises communes contre la mondialisation. Sur le même modèle que ceux contre l’islamisation qu’ils avaient lancés en décembre, les identitaires souhaitent inviter le député de Saône-et-Loire à la tribune.
A la question de savoir si ce soutien ne risque pas plutôt d'handicaper le candidat socialiste, Fabrice Robert répond:
"Il n'y a aucune volonté de nuire à Arnaud Montebourg, simplement la volonté de provoquer un débat. Il reconnait lui-même que ce sujet doit dépasser les clivages politiques."
Les jeunes identitaires veulent voter Montebourg
Pour bousculer le résultat de la primaire socialiste, les jeunes identitaires parisiens ont même l’intention de voter pour lui. Pas gêné le moins du monde par la signature obligatoire d’une adhésion aux valeurs de gauche, Frédéric Robillard, l’un des responsables des jeunes identitaires, explique qu’ils "partagent des valeurs communes". Un site internet devrait également voir le jour pour soutenir cette campagne et débattre sur la démondialisation.
Arnaud Montebourg se passerait bien de ses soutiens. Visiblement embarrassé, Thierry Mandon, l’un de ses porte-parole, se dit "très surpris" par ces initiatives.
"Je ne comprends pas qu’ils puissent se retrouver dans nos idées, il n’y a pas de dimension culturelle ou identitaire dans notre discours, notre critique de la mondialisation est uniquement économique et social."
Phénomène singulier ou mouvement d’ampleur? En juillet, le site Fdesouche avait organisé un petit sondage pour connaître les intentions de vote de son lectorat. 13% d’entre eux avaient répondu qu’ils comptaient voter à la primaire socialiste…
David Doucet
L'article complet du Bloc Identitaire est disponible ici : fr.novopress.info/99409/le-bloc-identitaire-vote-montebourg
La "surprise" du porte-parole de Montebourg ferait presque éclater de rire, si le sujet n'était pas aussi grave. Cette déclaration (qui se veut surprise et "buzz" comme les Identitaires savent bien le faire), ne fait que montrer les tréfonds dans lesquels sombre une "gauche dure" bourgeoise, tréfonds de populisme à force de vouloir "faire tourner la roue de l'histoire en arrière", en tentant de retrouver son lustre des années 70, de la "marche au pouvoir" de François Mitterrand. Cela montre la réalité scientifique des choses, à savoir, qu'à la base de la politique il y a l'économie. Or, que nous dit l'économie aujourd'hui ? Elle nous dit qu'il n'y a plus de possibilité réformiste dans la démocratie bourgeoise.
La crise générale du capitalisme de la première moitié du 20e siècle, celle de la "Guerre mondiale de 30 ans" 1914-1945, a eu en réalité 3 voies de sortie : la voie de la révolution prolétarienne, celle de Lénine ; la voie fasciste, celle de Mussolini, Hitler etc. ; ET la voie keynésienne, celle de Roosevelt, des travaillistes anglais, de la social-démocratie scandinave etc. La voie keynésienne et la voie fasciste n'étaient pas imperméables l'une à l'autre, et s'influencèrent beaucoup mutuellement ; mais la voie keynésienne se voulait démocratique-parlementaire, elle n'assumait pas le rejet du libéralisme, de l'universalisme et de l'humanisme bourgeois, la barbarie militariste et suprématiste, comme le faisaient le nazisme et le fascisme (ce qui n'empêcha pas la bombe atomique d'Harry Truman, à deux reprises, de carboniser 100.000 personnes en quelques secondes...).
La bourgeoisie des pays concernés (parfois coupée en deux dans un même pays : gaullistes et pétainistes en France) anticipait, en fait, sur les immenses potentialités de "relance" capitaliste que recelait encore le monde : force de travail et ressources du vaste monde colonisé (une première grande crise "annonciatrice", dans les années 1870-80, s'était soldée par l'extension de l'impérialisme colonial à toute la planète), possibilité de transformer les populations des métropoles impérialistes en "forces de consommation", etc. Face au fascisme, qui n'a finalement concerné que des impérialisme "déchus" (Allemagne, Autriche, dans une moindre mesure la France) ou "derniers venus" souhaitant se faire une "place au soleil" (Italie, Japon), c'est finalement cette "voie" qui a eu le dessus ; et qui a même eu le dessus sur la révolution prolétarienne (en faisant tomber des forces immenses dans le réformisme, puis en opposant son "économie sociale de marché" ou "socialisme démocratique" au capitalisme d'Etat autoritaire et paupérisant des pays révisionnistes).
Mais cette capacité de relance du capitalisme monopoliste, impérialiste, était bel et bien la dernière. La voie keynésienne n'existe plus. C'est une évidence qui saute aux yeux de tous et toutes : c'est justement parce qu'elle a été tentée envers et contre tout, ces 30 dernières années, pour "soutenir la demande" par l'emploi public, la subvention à l'emploi privé, l'aide sociale etc., que les Etats capitalistes sont en faillite !
Il ne reste donc que deux voies de sortie : la révolution prolétarienne, OU LE FASCISME (qui pourrait être une plongée lente dans le fascisme, et non une "révolution nationale" brutale comme en Allemagne en 1933, en Italie au milieu des années 20, en France en 1940). N'assumant pas le ralliement à la révolution prolétarienne, la "gauche bourgeoise" à la Montebourg ou Mélenchon est donc condamnée à verser toujours plus dans un social-populisme permettant aux fascistes de célébrer ce "ralliement à leurs idées de toujours", en regrettant toutefois que "Arnaud Montebourg (ou Mélenchon) ne renonce pas à l'immigrationnisme" et autres "vieilles lunes mondialistes"... Le fascisme, SLP l'a déjà dit, est plutôt de "droite radicale" bourgeoise mais pas seulement, il aime d'ailleurs lui-même se proclamer "ni droite ni gauche" ; "nous ne sommes pas d'extrême-droite, nous sommes populistes et patriotes européens" assument ouvertement les Identitaires. Il est avant tout une forme de gouvernement (dictature terroriste ouverte de la classe dominante, avec une certaine mobilisation de masse qui le différencie d'un "Parti de l'Ordre" classique) et, après deux ans d'existence et de travail idéologique antifasciste, Servir le Peuple en est arrivé à la conclusion qu'il est vain de vouloir le caractériser idéologiquement ("ultra-réaction" ou "bonapartisme", "révolution conservatrice" ou "nationale et sociale", "néo gaullisme" ou "anticapitalisme romantique" etc.). Cela ne pourrait conduire qu'au schématisme c'est à dire, pour reprendre la phrase de Dimitrov, désorienter le prolétariat dans la lutte contre son pire ennemi.
Le fascisme est volontairement un fourre-tout idéologique bourgeois, totalement fluctuant et d'ailleurs multiforme. Sa seule caractéristique générale est d'être entre tradition et modernité : exalter un passé idéalisé qu'il veut faire "revivre" dans le présent, s'inscrire dans une "tradition nationale" (qui fait, déjà, qu'il y a autant de fascismes que d'Etats bourgeois), tout en étant totalement de leur temps dans leurs idées comme dans leur pratique. Ainsi, les Identitaires rejettent le traditionnel "souverainisme" à la Le Pen pour une "Europe-civilisation" en rupture avec "l'Europe technocratique, mondialiste, sans âme" actuelle ; les "nationalistes révolutionnaires" reprennent les thèses d'"Empire eurasien" du fasciste russe Douguine ; un groupe comme "Terre et Peuple" se fait le chantre de "l'Europe biologique" : tout cela en fait les forces montantes du fascisme aujourd'hui, qui doivent maintenant "prendre les commandes" de la "machine FN". Car aujourd'hui, Servir le Peuple en est convaincu, la bourgeoisie monopoliste la plus réactionnaire et terroriste qui est la plus dangereuse, est celle qui est consciente de l'impossibilité du "cavalier seul" pour l'impérialisme français. C'est absolument clair et ça a été la GRANDE LIMITE du FN quand on compare sa trajectoire avec le succès de "droites nationales et populaires" du même type en Europe (certaines ayant accédé au gouvernement etc.).
Face à cela, les communistes doivent opposer une CONCEPTION COMMUNISTE DU MONDE, noyau dur d'une conception progressiste plus large. Ils doivent agréger autour de celles-ci les Forces subjectives de la révolution socialiste [FSRS : les prolétaires et autres membres des classes populaires, révolutionnaires (pour le renversement du capitalisme, pour le communisme) ou de conscience progressiste ; et organisées (ou ayant soif d'organisation) en défense de leurs intérêts de classe] dans leur FRONT UNI. Bien sûr, ce Front uni proprement dit ne peut exister qu'autour du Parti, que les communistes de l'Etat bourgeois France essayent de construire (ce à quoi SLP participe). En attendant, les FSRS peuvent s'agréger autour de "centres d'agrégation" que peuvent être le FRAAP du PCmF (et son journal la Cause du Peuple), les groupes "Coup pour Coup" à Toulouse et à Limoges, ou même des médias comme Radio Clash à Limoges ou "Radio Galère" à Marseille (mais SLP, mine de rien, cahin-caha, commence aussi à "agréger" son petit monde...). Et les communistes, par dessous tout, doivent tirer ces consciences progressistes à eux (ce qui passe par une distinction stricte entre réformisme sincère prolétarien-populaire et réformisme bourgeois "sauver sa peau"), les arracher à cette "gauche" bourgeoise qui refuse la révolution prolétarienne, fera tout pour l'empêcher, ne s'y ralliera (peut-être, rien de sûr...) qu'en dernière minute et pour sauver sa peau ; et en attendant, dans une tentative de faire vivre un "réformisme" qui n'a plus d'avenir, tire les consciences populaires progressistes vers elle et les tire de plus en plus vers le populisme ; vers finalement... un "fascisme humaniste et social", un "populisme de gauche" incohérent auquel les masses préféreront... l'ORIGINAL !
Les communistes doivent élaborer (car encore faut-il l'avoir !) et mettre en avant une conception communiste prolétarienne du monde, notamment des valeurs prolétariennes ABSOLUES, irrécupérables par le fascisme : l'INTERNATIONALISME (dont l'insuffisance, disons-le bien haut, est le secret de l'impuissance du prolétariat dans un pays impérialiste) ; le rejet de tout suprématisme civilisationnel (qu'il repose sur une "race européenne vieille de 10.000 ans" ou... sur les "Lumières") ; le rejet de l'oppression des femmes, des minorités sexuelles (mais aussi, vis-à-vis de ces oppressions dans les minorités culturelles, le refus de toute attitude "civilisatrice"... vous voyez comme c'est compliqué !) ; l'OPPOSITION ABSOLUE au militarisme impérialiste, même "libérateur", même lorsque la "cible" est une ordure finie comme Kadhafi ou Saddam Hussein (ce qui n'implique pas de défendre ceux-ci contre les peuples) ; la SUBVERSION absolue dans la remise en cause de la légitimité même de l'entité, de la construction absolutiste puis bourgeoise nommée France (refus de la "république une et indivisible") ; la subversion absolue contre l'idéologie républicaine bourgeoise en général (et son "église" : l'école de Jules Ferry) ; un VRAI ANTICAPITALISME prônant l'expropriation et la mise en commun des moyens de production par les travailleurs (et pas un "capitalisme national" ou "démondialisé", pas un "capitalisme de producteurs" contre la "spéculation", ni de "lourdes charges patronales" que le NPA peut présenter sans rire comme "une mesure vraiment anticapitaliste"). Et, bien sûr, mener un grand travail de masse contre l'aliénation sincère de tou-te-s les prolétaires aliéné-e-s par ce qui précède...