POSITION DES COMMUNISTES RÉVOLUTIONNAIRES DE LIBÉRATION OCCITANE SUR LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET EUROPÉENNES DES PROCHAINS MOIS
Nous, communistes révolutionnaires authentiques, considérons que le seul "changement" réel pour les masses populaires exploitées et opprimées s'appelle la RÉVOLUTION et consiste en un renversement radical de la classe dominante au pouvoir, la bourgeoisie. Il ne peut donc pas passer par le biais d'élections "démocratiques" dans le cadre des institutions de cette bourgeoisie, de ses règles du jeu. A fortiori dans un État comme la "France", "République" fondée sur la négation d'une bonne dizaine de peuples (sans compter l'outre-mer) derrière une baliverne de "citoyenneté française", "citoyenneté" de bons petits esclaves salariés au service de la production et des profits du Capital, du CAC40 aux PME.
C'est la raison pour laquelle les communistes révolutionnaires authentiques NE DONNENT PAS DE CONSIGNES DE VOTE aux élections bourgeoises qui, dans les systèmes "démocratiques" ou "républicains" comme le "nôtre", ne sont qu’une saynète périodique participant à l'encadrement mental des masses, au maintien de la "société civile" (Gramsci) ; SAUF lorsque nos forces nous permettent de présenter nos propres candidatures et d'utiliser d'éventuels élus révolutionnaires comme tribunes politiques pour nos idées et "grains de sable" dans le système[i] ; ou lorsque la situation permet d'imposer à certaines forces démocratiques bourgeoises le dilemme entre s'allier avec nous contre le fascisme ou être écrasées par lui - mais même dans ces deux cas, il faut être attentifs aux dérives d'un tel communisme de gestion (car c'est bien de cela qu'il s'agit), dont le siècle dernier nous offre quantité d'exemples.
Nous n'appellerons donc à voter pour AUCUNE liste aux élections municipales du 23 mars prochain, ni a fortiori pour le second tour du 30 mars, où le choix devrait être encore plus restreint (globalement : PS ou apparenté, UMP ou apparenté et FN ou "Bleu Marine").
Il est cependant possible, en fonction de la pratique politique des différentes forces en présence ces dernières années, d'appeler clairement à NE PAS VOTER pour telle ou telle d'entre elles ; car nous sommes bien conscients que beaucoup de personnes du peuple tiendront quand même à se déplacer aux urnes pour "s'exprimer" (tandis que l'abstention, de son côté, ne recouvre pas forcément que de bonnes choses, et encore moins forcément une conscience révolutionnaire en développement), et nous tenons donc à dire clairement pour qui ça ne le fait pas du tout de voter selon nous – ou dit autrement, nous invitons les personnes qui nous lisent et souhaiteraient se "faire entendre" dans les urnes le 23 mars à sanctionner les forces politiques suivantes :
1°/ Nous appelons, cela va de soi, à NE PAS VOTER pour toute liste à la droite du Modem (inclus), a fortiori pour les frères jumeaux (bientôt siamois ?) de la fascisation rampante UMP et FN ; y compris des forces drapées dans un discours "social" ou "régionaliste" ou encore "tiers-mondiste" et "antisioniste" (dieudonnisme) – il faut dire qu’ici, en Occitània, se proclamer "anti-impérialiste" sous un drapeau bleu-blanc-rouge a le don de nous faire bien rigoler. Nous insistons sur le fait qu'il n'y aurait rien de plus imbécile que de vouloir ainsi "dire merde" au gouvernement en place. Les élections, d’ailleurs, ces vermines réactionnaires s’en moquent un peu puisque, alors même qu’un triomphe les attend vraisemblablement pour 2017, certains ne semblent même pas avoir la patience d’attendre cette date et appellent (à mots à peine voilés) au coup d’État. Dès à présent, notre Comité comme toutes les forces progressistes et révolutionnaire de l’État "France" œuvre à la riposte populaire sans concession contre ces forces et idéologies réactionnaires qui engloutissent lentement mais sûrement la société, comme les dunes engloutissaient jadis parfois les villages sur la côte gasconne. Nous n’insistons pas davantage, tant il est peu vraisemblable que les personnes nous ayant lus jusqu’ici envisagent, de toute manière, un tel vote.
2°/ Il ne sera sans doute pas utile d'appeler à ne pas voter pour les listes du PS (ou de ses alliés radicaux bien implantés chez nous) : deux ans de politiques calamiteuses et de trahisons des (pourtant bien maigres) espoirs placés en le "changement (c'est) maintenant" s'en seront efficacement chargé. Osons simplement espérer qu'après les désillusions de l’ère Mitterrand (1981-95) et Jospin (1997-2002), et vu l'improbabilité d'une autre "alternance" électorale dans notre République-une-et-indivisible, de plus en plus de gens auront pris conscience de l'impossibilité d'un quelconque "changement" par la voie des institutions bourgeoises.
3°/ Nous appelons également à NE PAS VOTER pour les listes du Front de Gauche soutenues par Jean-Luc Mélenchon, eu égard au dépassement de notre seuil de tolérance par ses déclarations social-impérialistes, social-cocardières, social-républicardes, social-réacs, social-flicardières bref social-franchouillardes à répétition[ii] ; et bien que nous soyons conscients que nombre de personnes sincèrement progressistes y voient encore la "grande gueule" dont la "vraie gauche de gauche" a besoin, le seul "vote utile" pour "ceux qui souffrent". Mais justement, il est temps de "décrasser les esprits" de tous ces mirages social-républicards, de dire les choses telles qu'elles sont et que les masses populaires prennent conscience de qui sont leurs amis (qui éventuellement se trompent) et qui sont leurs ennemis qui se cachent (parfois à peine...). Le mélenchonisme n'est rien d'autre que la gauche de l'aile gauche de l'idéologie républicaine des monopoles bleu-blanc-rouges. Outre les débris du "communisme" saucisson-pinard Thorez-Marchais (CC59/62 et autres "cercles communistes") et les momies du "marxisme-léninisme" albanais (PCOF) qui ont déjà rejoint ledit Front, il en va bien sûr de même (localement) pour les autres maisons hantées "ML" comme trotskystes baignant dans le même jus jacobinard tricolore putride (trouvant, en fait, Mélenchon pas assez jacobinard et chauviniste bleu-blanc-rouge !) : PRCF, POI etc. Les personnes qui souhaiteraient absolument exprimer, par un bulletin dans l’urne dont tout le monde se foutra le lendemain, une "opposition de gauche" au gouvernement actuel devraient pouvoir ici et là trouver des offres politiques nullement moins "de gauche", bien au contraire, et certainement bien moins opportunistes dans leur "opposition de gauche" au PS. Nous n’apprécions guère non plus les forces (typiquement LO côté trotskystes) qui maquillent leur négation de nos peuples (pourtant fondamentale et fondatrice pour le capitalisme français qu’ils disent combattre) sous un "ouvriérisme" aussi outrancier que leurs dirigeant-e-s sont bien au chaud dans les salles des profs ou devant les machines à café des fonctions publiques, ou encore sous une "laïcité" délirante et totalement occidentalo-centrée (question du voile musulman) ; pour parfois ne pas hésiter ensuite (LO encore une fois) à passer des accords municipaux avec le PS... Nous appelons là aussi une sanction de ces forces par les "travailleurs, travailleuses" qu’elles prétendent représenter. Certaines de ces forces (comme la CNT-AIT en Occitanie) ont ouvertement déclaré la guerre à nos luttes contre la négation ; il est cependant peu probable qu’elles présentent des candidatures aux élections bourgeoises. Si c’était toutefois le cas, la consigne ci-dessus s’appliquerait également bien entendu.
Nous appelons donc à NE PAS VOTER pour tout ce qui précède ; nous en faisons (pour dire les choses clairement) nos ENNEMIS PRINCIPAUX dans le champ politique bourgeois "français" (de ces forces bien sûr, pas des personnes du peuple qui, hélas encore nombreuses, voteront pour elles, sans quoi il faudrait "changer de peuple").
Nous n'appelons pas pour autant à voter pour d'éventuelles autres listes, cependant,
4°/ Nous ne jetterons pas la pierre, bien que nous n'y voyions qu'une perspective fort limitée, aux personnes des classes populaires qui voudraient "faire entendre leur voix" en votant pour des forces progressistes défendant sincèrement (si modestement que ce soit) leurs intérêts de classes populaires travailleuses et/ou de Peuples périphérisés/"provincialisés" et/ou de colonies intérieures ("indigènes") ; ou n’ayant pas en tout cas (dans leurs propos comme dans leur pratique militante) déclaré la guerre ou eu quelque pratique hostile sur ces questions. Ceci, évidemment, relève de l'appréciation locale des masses. Nous pensons notamment à des listes qui émaneraient directement des masses du peuple, qui ne seraient pas constituées de "professionnels" de la politique ni du "militantisme".
Nous sommes particulièrement bien placés pour savoir qu'il n'y a pas, à ce jour, de force révolutionnaire suffisamment puissante pour proposer à des centaines de milliers de personnes une autre perspective que de "faire entendre leur voix" (à travers un ou deux élus, avec de la chance) dans les institutions du Capital... Aussi comprenons-nous les personnes du peuple qui raisonnent ainsi.
Nous ne croyons pas aux élections car nous ne croyons pas que le système soit fait pour "écouter nos voix" ; les "décideurs", bardés de leurs diplômes, sont faits pour décider et "entendre nos voix" s'appellerait la démocratie authentique, autrement dit le SOCIALISME. Mais nous ne sommes pas stupidement bornés, ni à ce point déconnectés de la réalité du peuple : nous savons faire une différence qualitatives entre les votes de ceux et celles qui se déplaceraient malgré tout. Nous ne mettons pas sur le même plan le vote de droite ou d'extrême-droite contre ses intérêts ou plutôt, pour ce que l'on croit être ses intérêts de petit privilégié illusoire pris entre les "gros d'en haut" (l'"hyperclasse", la "finance" etc.) et la "racaille" ou les "assistés" d'en dessous ; l’illusion d’"éviter le pire" et/ou la démarche clientéliste de voter PS malgré ce que celui-ci a pu montrer dans le genre "moins pire" que la droite depuis deux ans ; le piège mortel (sur lequel nous insistons particulièrement, ce qui ne veut pas dire que le mettons sur le même plan que voter FN) pour les consciences progressistes qu'est le social-républicanisme franchouillard de Mélenchon et consorts (socialisme des monopoles) ; et le vote pour des forces progressistes sincères qui se font (encore) des illusions sur ce "faire entendre nos voix" par les urnes et les éventuels strapontins municipaux (et qui comptent, sans aucun doute, quelques arrivistes en leur sein, nous croit-on idiots ?). De même que nous savons faire la différence entre l'abstentionniste qui a compris ce que nous venons d'exposer sur les élections, et celui ou celle qui n'ose simplement pas encore voter Le Pen. Nous ne nous plaçons pas dans une posture abstraite et (il faut bien dire) confortable d’appeler les classes populaires à ne pas voter pour, ensuite, nous féliciter des X% d’abstention… sans la moindre idée du niveau de conscience politique réel de ces millions d’abstentionnistes !
POUR LES EUROPÉENNES : pas de consigne, la grande majorité (et cette année sans doute plus que jamais) des masses populaires n'en a strictement rien à faire et la carte de la participation à ces élections (historiquement) montrerait d'ailleurs une sociologie très "centrale"/"métropolitaine", aisée et éduquée des votants. Les masses populaires savent que beaucoup de choses se décident au niveau de "Bruxelles", mais que justement "Bruxelles" n'est pas Strasbourg : le Parlement est un pur cache-sexe "démocratique" qui ne fait que de la figuration. Les décisions de "Bruxelles" sont en réalité celles des ministres compétents (ou pas...) de chaque État en chaque domaine, réunis en Conseil européen et s'affranchissant ainsi du peu que les parlements "nationaux" représentent de "souveraineté du peuple" – ces "représentations nationales" étant ensuite "condamnées" (sous peine de poursuites par la Commission) à ratifier et transcrire les oukases dans la législation de l’État membre... Il n'y a pas de "démocratie européenne" (comme on pouvait s'en douter sous le capitalisme) et les masses populaires n'ont pas à en cautionner la parodie.
Bien que les bulletins de ce type (on se demande pourquoi…) ne soient pas comptabilisés, nous sommes évidemment en faveur de toutes les initiatives de vote blanc ou plutôt NUL, à condition d’inscrire sur le bulletin vierge un message révolutionnaire explicite (faucille et marteau ou autre symbole révolutionnaire, slogan etc.). Afin de contrer la non-comptabilisation "républicaine" des personnes ne se sentant pas représentées par l’"offre" politicarde bourgeoise, nous invitons les personnes qui le feraient à garder un scan du bulletin qu’elles déposeront dans l’urne le dimanche fatidique, et à le partager sur les réseaux sociaux.
Il va de soi que nous encourageons également à voter (nul également, selon la loi électorale) pour les éventuelles listes progressistes (définies au 4° ci-avant) qui auraient été invalidées, sous quelque prétexte foireux que ce soit, par la dictature "républicaine" du Capital : ici, le geste de solidarité prime sur le refus de principe de la vaste blague électorale.
Quoi qu’il en soit, nous nous emploierons durant tout ce "moment électoral" allant jusqu’à fin mai (au terme des européennes) à multiplier les initiatives militantes pour diffuser parmi les exploité-e-s et opprimé-e-s le message révolutionnaire ; et encourageons toute personne ou force révolutionnaire conséquente, en Occitanie et où que ce soit, à en faire autant.
Comité de Construction du Parti communiste révolutionnaire des Terres d’Òc /
Comitat de Construccion pel Partit comunista revolucionari de las Tèrras d’Òc
24 février 2014

[i] Ainsi Gramsci était-il député 1924 à 1926, défiant Mussolini lui-même dans l’hémicycle !
[ii] "Je suis persuadé que tous ici vous vous sentez aussi patriotes que moi, aussi attaché que moi à l'unité et l'indivisibilité de la République française, et dignes continuateurs de l'ordonnance de Villers-Cotterêts, qui a établi le français comme langue du royaume, permettant à chacun de se défendre, de témoigner et d'attaquer en justice en étant entendu par les autres. Pour moi, fier d'être jacobin, ne parlant que la langue française (...)"(sur la Charte des Langues minoritaires et régionales, en 2008) ; "La France de la VIe République que nous voulons construire n'est pas une nation occidentale, (...) du fait qu'elle est présente dans tous les océans du monde, du fait qu'elle existe, vit et rayonne à proximité des cinq continents, de la Nouvelle Calédonie, la Polynésie, la Réunion, Mayotte, les Caraïbes, la Guyane française qui a la plus longue frontière de France, huit cent kilomètres avec le Brésil" (discours de campagne à Toulouse, avril 2012) ; "On ne porte pas le foulard à l'école, parce que c'est comme ça chez les Français !" (lors des débats sur l'interdiction raciste du foulard à l'école, en 2004) ; "À Quimper les esclaves manifesteront pour les droits de leurs maîtres" (au sujet des salarié-e-s breton-ne-s frappé-e-s par les plans "sociaux", manifestant le 2 novembre dernier dans la capitale du Finistère) ; "Nous les rejetons, ils n’ont rien à voir avec la contestation de la société capitaliste. C’est le contraire ! Ils en sont les larbins, les fourriers, les bouffons" (au sujet des prolétaires émeutiers d'Amiens, août 2012).