La répression continue à s'abattre sur les militants de la libération basque, après l'échec (glorieux) de l'arrestation d'Aurore Martin. Répression qui montre bien où se situe la peur de l'Etat francouille !
Il y a d'abord le cas de Daniel Derguy, lui aussi (comme Aurore) sous le coup d'un Mandat d'Arrêt Européen :
Daniel Derguy : un cas grave
Pour protester contre sa nouvelle arrestation, Daniel Derguy s'est engagé dans une grève de la faim. Il est prêt à aller jusqu'au bout. L'inquiétude de son avocate, de ses proches et des mouvements ayant manifesté leur soutien était grande hier, lors de la conférence de presse organisée à Bayonne.
La veille de l'examen possible par la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Agen du mandat d'arrêt européen (MAE) dont il fait l'objet, plusieurs mouvements et associations ont témoigné de la " gravité " de la situation. Le mouvement pro-amnistie, formé par Askatasuna, Etxerat, les anciens prisonniers et les réfugiés politiques, était représenté en nombre. Une délégation renforcée par l'avocate de Daniel Derguy, Me Yolanda Molina, l'association de défense des droits de l'homme le CDDHPB, Solidaires et le NPA d'Anglet.
Ancien prisonnier, incarcéré pendant douze ans, le Labourdin originaire de Saint-Pierre-d'Irube se trouvait dans un moment clé de son nouveau projet professionnel lorsque les policiers français l'ont arrêté le 6 juillet dernier à Cahors. Dès sa mise en garde à vue, D. Derguy est entré en grève de la faim. Depuis sa dernière grève de 63 jours, en 2000, les séquelles au niveau de sa santé sont graves et son état pourrait rapidement basculer, d'après son entourage.
A travers cette nouvelle procédure judiciaire, son avocate voit une volonté de " casser " cet homme avec des accusations remontant à d'anciens temps. L'Audience nationale espagnole le recherche pour son rôle présumé dans l'envoi d'une lettre piégée à une entreprise du Pays Basque Sud, qui avait pu être désactivée, affaire remontant à 1994. Demain, Me Molina défendra la présomption d'innocence et demandera le report de l'audience.
Réponse aux dynamiques
Cette dernière dénonce l'objectif politique qui se cacherait derrière cette opération. Le mouvement pro-amnistie la voit comme une " réponse aux dynamiques en cours au Pays Basque ". Le représentant du CDDHPB a fait le rapprochement entre le cas d'Aurore Martin et celui de D. Derguy, affirmant " que ce n'est pas une coïncidence ". Pour Muriel Lucantis, d'Askatasuna, il s'agit d'un " pur montage ", de " propagande ".
Un " acharnement " de plus de la part de l'Etat français, selon Askatasuna. Muriel Lucantis a relevé les mauvais traitements dans les prisons de l'Hexagone, la dispersion et l'isolement des prisonniers basques vis-à-vis de leurs camarades et la " persécution des militants ". Elle a dénoncé qu'en plus du MAE contre Aurore Martin, des jeunes Souletins avaient été convoqués à la gendarmerie récemment, et que l'interrogatoire portait sur des questions politiques.
Depuis que ETA a déclaré un cessez-le-feu unilatéral, sur les 52 arrestations de militants basques, 27 ont été réalisées par les policiers français. Demandant aux Etats français et espagnol de " mettre un terme à la répression ", Askatasuna a affirmé n'accepter comme réponse de leur part que leur implication dans un processus démocratique dans lequel les droits du peuple basque seraient respectés.
Alors que Daniel Derguy pourrait être envoyé vers le territoire espagnol dans les 20 jours qui suivent la validation de la demande, les associations ont appelé à la manifestation qui aura lieu à Bayonne samedi prochain.
Non au mandat d'arrêt européen : Daniel Derguy devant le tribunal d'Agen
Communiqué d'Askatasuna du 27/07/2011
Ce matin, mercredi 27 juillet à 9h, le militant basque Daniel Derguy comparaissait devant le tribunal d'Agen afin d'examiner le Mandat d'arrêt européen émis par l'Espagne à son encontre.
Une cinquantaine de militants s'étaient déplacés, malgré les kilomètres, afin de soutenir Daniel Derguy dans cette nouvelle épreuve.
Lors de cette audience, la position de l'avocat général n'a pas été très claire. Alors que sur ces réquisitions écrites il demandait la non application du Mandat d'arrêt européen, pour de deux raisons précises : parce que l'infraction reprochée à Mr Derguy était prescrite en Droit Français, et parce qu'elle a été commise sur le territoire français, au moment de sa plaidoirie, sa position n'a pas été aussi nette, et il aurait laissé entendre qu'il existerait des éléments pour l'accepter.
Le verdict sera prononcé le 17 août.
Face cette position floue, la mobilisation doit continuer en faveur de Daniel Derguy. Ce même jour, mercredi 27 juillet, jour de l'ouverture des fêtes de Bayonne, une chaine humaine est organisée place St André à 19h.
Puis, pendant les Fêtes de Bayonne, une manifestation était organisée contre la réception, par la municipalité, des édiles UPN (équivalent PP) d'Iruñea (Pampelune), violemment impliqués dans la répression du mouvement de libération. Les flics, allant jusqu'à se déguiser en festayres (festoyeurs), ont arrêté avec une extrême brutalité deux militants :
Deux jeunes militants basques placés en garde à vue à Bayonne
Les faits se sont produits lors du traditionnel défilé d'élus des municipalités jumelées de Bayonne et Pampelune, capitale de la Navarre.
Un groupe de jeunes sympathisants de "Baionako Gazteak" manifestait pour interpeller "la population sur la torture dans les geôles espagnoles".
A la suite d'une bousculade, deux jeunes, Unai Arkauz et Gilen Goiti, ont été interpellés et placés en garde à vue pour avoir "pris à partie, frappé, molesté" le commissaire Didier Ribeyrolle ainsi que des policiers, a indiqué à une correspondante de l'AFP le procureur de Bayonne, Anne Kayanakis.
Dans un communiqué, le comité de défense des prisonniers basques Askatasuna a réclamé leur libération, affirmant que "quelques policiers en civils (...) avaient assailli les manifestants, avec injures et gestes violents". Selon le comité, les deux interpellés auraient été frappés.
Un rassemblement est prévu ce lundi à 16h30 devant le commissariat de Bayonne.
Remis en liberté, G. Goiti comparaîtra le 6 septembre
03/08/2011
Pierre MAILHARIN
Gilen Goiti, 21 ans, comparaîtra devant le tribunal de Bayonne le 6 septembre prochain. Arrêté dimanche lors des fêtes, en marge du défilé des élus célébrant le jumelage entre la capitale labourdine et Iruñea, puis placé en garde à vue, le militant basque devait passer en comparution immédiate hier, à 14 heures. S’il s’est bien présenté à la barre, le jeune Angeluar a tout de suite demandé, ainsi que la loi l’y autorise, un délai afin de préparer sa défense. Cette requête a été acceptée, et il s’assiéra donc à nouveau dans le box des accusés début septembre.
D’ici là, Gilen Goiti ne sera pas placé en détention provisoire, comme la représentante du ministère public, Orlane Yaouancq, l’a requis. “Il y a un risque de réitération de l’infraction. Je rappelle qu’il a été condamné en juin 2011 à une peine de trois ans de prison dont deux avec sursis”, a-t-elle justifié. En retour, l’avocate du militant basque, Xantiana Cachenaut, a exhorté le président du tribunal Laurent Tignol, à remettre son client en liberté. “Dans la prédécente procédure, lorsqu’il a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire, il a respecté toutes ses obligations”, a-t-elle argué, soulignant par ailleurs qu’une mise en détention serait préjudiciable à la poursuite des études du militant, actuellement en BTS au lycée Cantau.
Le président du tribunal a semble-t-il entendu ces derniers arguments, puisque Gilen Goiti a été remis en liberté. Mais placé sous contrôle judiciaire. Il devra observer trois impératifs, énoncés par Laurent Tignol : “Se présenter une fois par semaine à la gendarmerie à partir du 4 août” ; “ne pas quitter le territoire national” ; “ne participer à aucune manifestation festive en Pyrénées-Atlantiques et dans les Landes, type fêtes de Dax”. A sa sortie du tribunal, où l’attendaient environ 80 personnes, Gilen Goiti a été accueilli par des applaudissements nourris. Et des “Etxerat !”.
Le fond du dossier, lui, n’a donc pas été traité hier. Tout juste sait-on que l’Angeluar est accusé de violence sur quatre policiers, parmi lesquels le commissaire Ribeyrolles, ayant entraîné des incapacités de travail allant d’un à huit jours, et d’outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique.
Sans rentrer dans les détails, Me Cachenaut a annoncé que Gilen Goiti contestait les faits qui lui étaient reprochés, et que la défense envisageait de faire citer des témoins.
Anaiz Funozas, pour Askatasuna, a maintenu la version du Collectif antirépression, différente de l’officielle : “Plusieurs témoins nous ont affirmé que les premières provocations étaient venues de policiers en civils, en blanc et rouge, des insultes et gestes déplacés”.
[L'arrestation, survenue sous les yeux de l'auteur de ces lignes, était effectivement d'une grande violence. Et effectivement, les flics étaient habillés en participants à la fête (les arrêtés ignoraient donc leur identité) et dès l'entrée dans le quartier du Grand Bayonne, les provocations ont commencé ("on est en France ici" etc.)]