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10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 11:01

 

Info Palestine

L’ambassade israélienne au Caire, saccagée par une foule de manifestants

samedi 10 septembre 2011 - 07h:00

Al Jazeera

 

Des centaines de manifestants ont été blessés durant les affrontements avec la police égyptienne devant l’ambassade israélienne au Caire. Le ministère de l’Intérieur a déclaré l’état d’alerte dans la capitale égyptienne.
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Moment particulièrement jubilatoire où les manifestants investissent l’immeuble où se trouve l’ambassade sioniste !

Un bâtiment abritant l’ambassade d’Israël au Caire a été pris d’assaut par les manifestants qui ont démoli l’un des murs extérieurs de l’ambassade puis jeté des milliers de documents à la rue par les fenêtres.

La foule en colère a également remplacé le drapeau israélien par le drapeau égyptien après avoir investi le bâtiment la nuit de vendredi à samedi.

Suite aux évènements, le Premier ministre égyptien Essam Sharaf, a convoqué une cellule de crise de son cabinet pour discuter de la situation, et le ministère de l’Intérieur a décrété l’état d’alerte.

Des centaines de soldats égyptiens, appuyés par des véhicules blindés ont été envoyés dans le quartier des ambassades et se sont affrontés avec les manifestants qui ont incendié des camions de police et attaqué le siège de la police régionale à proximité.

Les manifestants ont joué au chat et à la souris avec la police toute la nuit, au milieu des nuages ​​de gaz lacrymogènes et de fumée de pneus enflammés. Les forces de police ont progressivement pris le dessus et la situation était calme samedi matin.

A trois heures du matin, heure locale, le ministère égyptien de la Santé a déclaré qu’il y avait officiellement 520 blessés à la suite des affrontements autour de l’ambassade. Un communiqué précédent faisait savoir qu’une personne serait morte d’une crise cardiaque.

Les manifestants qui a envahi l’ambassade avaient auparavant quitté une démonstration de masse à proximité de la place Tahrir Square, où un rassemblement organisé appelle à des réformes par les militaires, qui dirigent désormais l’Egypte.

« Des milliers de documents ont été jetés par les fenêtres, mais on ignore de quel étage, ils venaient », a dit notre correspondante Sherine Tadros.

Scènes de chaos

« Tout indique que c’est une situation chaotique. des manifestants ont mis le feu à au moins deux véhicules de police. »

Nora Shalaby, une manifestante devant l’ambassade d’Israël, a justifié les actions des manifestants.

« Je pense que c’est la seule façon dont nous pouvons faire valoir notre point. Ici, on nous traite avec du gaz lacrymogène. Il y a des balles en caoutchouc. On nous attaque de tous côtés », a-t-elle dit, se référant aux forces de sécurité gouvernementales.

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Les manifestants égyptiens sont très déterminés !

Quelques heures plus tard, notre correspondant a affirmé que l’armée égyptienne était intervenu aux côtés de la police pour réprimer les manifestations.

« L’armée est en fait en train de commencer à tirer des balles réelles en l’air. Une fois encore, les manifestants tentent de prendre d’assaut le siège [égyptien] de la sécurité. »

« Pour autant que nous voyons, ces manifestants ne sont pas armés, et ils sont là depuis des heures », a déclaré Sherine Tadros.

La télévision d’Etat, citant un responsable du ministère de l’intérieur, a dit que « des mains étrangères » étaient derrière les violences. Les dirigeants égyptiens blâment souvent les étrangers pour les troubles dans le pays.

Fuite de l’ambassadeur israélien

L’ambassadeur israélien, Itzhak Levanon, sa famille et le personnel de l’ambassade se sont précipités vers l’aéroport du Caire et ont pris un avion pour Israël, selon la télévision d’Etat égyptienne et des responsables aéroportuaires.

La télévision d’Etat a également indiqué que Levanon a rencontré un général du Conseil des Forces armées égyptiennes avant son départ, et que l’ambassadeur semblait « « anxieux et même paniqué. »

Levanon était récemment retourné au Caire après des vacances en Israël, alors que les manifestations devant l’ambassade faisaient rage depuis le mois dernier.

Obama et Clinton volent au secours des Israéliens

Le président américain Barack Obama a été le premier à réagir, demandant à l’Egypte de protéger l’ambassade et « d’honorer ses obligations internationales pour assurer la sécurité de l’ambassade d’Israël. »

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Une poutre métallique est utilisée comme bélier improvisé pour s’attaquer au mur protégeant l’ambassade sioniste

Une déclaration de la Maison Blanche fait savoir que « le Président a exprimé sa grande préoccupation au sujet de la situation à l’ambassade et de la sécurité des Israéliens qui y travaillent. »

La déclaration dit aussi que Barack Obama s’est entretenu par téléphone avec Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien, et les deux acolytes ont convenu de « rester en contact étroit jusqu’à ce que la situation soit calmée. »

Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat américaine, a aussi appelé Mohamed Kamel Amr, ministre égyptien des Affaires étrangères, pour l’exhorter à répondre aux obligations de l’Egypte par rapport à la la Convention de Vienne qui protège les propriétés diplomatiques.

Mur de l’ambassade endommagé

L’incident a débuté lorsque près de 1000 personnes ont attaqué un mur récemment construit à l’extérieur de l’ambassade israélienne au Caire et destiné à protéger le bâtiment.

Utilisant des marteaux et une grande barre métallique (comme bélier), les manifestants ont réussi à partiellement détruire le mur, qui fait environ deux mètres de haut.

Un manifestant a escaladé le bâtiment de l’ambassade et a retiré le drapeau sioniste, le jetant dans la foule absolument ravie.

Le mois dernier, les Egyptiens ont organisé d’énormes manifestations devant l’ambassade et ont appelé à l’expulsion de l’ambassadeur israélien après l’assassinat de policiers égyptiens par l’armée israélienne qui pourchassait un groupe d’attaquants.

L’Egypte a demandé à Israël des excuses officielles et a exigé une enquête sur le décès de cinq policiers.

10 septembre 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Info-Palestine.net

 

 

 

ISM

Beit Ommar - 9 septembre 2011

La rage des Palestiniens contre l'occupation (vidéo)

Par ISM-France

10mn de caillassage non stop de la tour de guet installée par les sionistes à l'entrée du village de Beit Ommar, au sud de la Cisjordanie. La scène a eu lieu le 29 janvier 2011, les habitants du village et des environs s'étaient rassemblés par milliers pour participer aux funérailles de Yousef Fakri Ikhlayl, 17 ans, assassiné d'une balle dans la tête par des colons sionistes la veille.

 

 

La rage des Palestiniens contre l'occupation (vidéo)

Au moment où l'énorme cortège passait au pied de la tour militaire pour aller au cimetière, les soldats cachés à l'intérieur de celle-ci ont commencé à tirer des bombes assourdissantes et des grenades lacrymogènes sur la foule, qui a riposté par des tirs nourris de cailloux. L'armée sioniste a aussitôt envoyé des renforts pour protéger ses pauvres recrues assiégées.

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8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 18:05

 

Secours Rouge APAPC - Servir le Peuple relaie cet appel à la solidarité internationaliste :

 

En Espagne, sept prisonniers et prisonnières antifascistes sont gravement malades, une campagne est animée pour leur libération. Il s’agit de :

Enrique KUADRA ETXEANDIA, militante des GRAPO. Depuis 23 ans en prison, en 4 fois, autant en Espagne qu’en France. Cancer de la prostate. Sa prochaine opération nécessitera une récupération très délicate, impossible en prison. Détenu 2.000 km de sa famille.

Manuel PÉREZ MARTÍNEZ, secrétaire sénéral du PCE(r), âgé de 67 ans. Depuis 18 ans en prison, en 3 fois. Grave maladie occulaire, hernie du hiatus et faiblesse générale. Détenu à l’isolement à 840 km de sa famille.

María José BAÑOS ANDUJAR, militante des GRAPO. Depuis 18 ans en prison, en 2 fois. Elle a besoin de l’implantation d’un rein et elle est malade du H.I.V. Depuis 2010, elle est dans l’attente d’une implantation d’une déviation coronaire. Détenue à 2.000 km de son entourage.

Manuel ARANGO RIEGO, militant du PCE(r), âgé de 65 ans. Depuis 10 ans en prison, en 2 fois. Il souffre d’une grave sciatique chronique. Graves problèmes de mobilité. Hypermédicalisé. Détenu à 670 km de sa famille.

Carmen MUÑOZ MARTÍNEZ, militante du PCE(r). Depuis 28 ans en prison, en 2 fois. Elle souffre d’un cancer du sein dont elle a du être opérée puis se soumettre à de dures séances de chimiothérapie et d’autres séances de réhabilitation. Etat de santé général très mauvais. Hypermédicalisée. Détenu à 800 km de sa famille.

Laureano ORTEGA ORTEGA, militante des GRAPO. Âgée de 49 ans. Depuis 22 ans en prison, en 3 fois. En septembre 2010, elle a souffert d’une attaque au coeur qui lui a valu une entrée en hospitalisation dans un état très grave et désormais très médicalisée et épuisée. Détenue à l’isolement, à 2200 km de sa famille.

Isabel APARICIO SÁNCHEZ, militante du PCE(r). Âgée de 57 ans. Depuis 8 ans en prison, en 2 fois. Elle a de l’arthrose et de l’ostéoporose générale, une flébite, une sinusite chronique grave, des cataractes et les vertèbres lombaires qui nécessitent plusieurs opérations obligatoires pour ne pas finir définitivement en chaise roulante. Détenu à 240 km de sa famille.

 

guardiacivil.jpg

ESTADO FASCISTA, ABAJO !

 

VIVA EL COMUNISMO Y LA LIBERTAD !

republicanaroja.jpg

 

 

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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 19:16

Nous sommes, en ce mois de septembre, à peu près à mi-chemin entre deux anniversaires de la plus grande importance pour nous maoïstes : les 45 ans de la Grande Révolution culturelle prolétarienne (décision du Comité central du Parti le 8 août 1966, manifestation d'un million de "gardes rouges" à Pékin et officialisation de ceux-ci par Mao arborant leur brassard le 18, etc.) et les 62 ans de la proclamation de la République populaire, le 1er octobre 1949.

À cette occasion, Servir le Peuple publie ce très long et intéressant article du PCR Canada, paru peu après les célébrations des 50 ans de la Révolution chinoise à Montréal, en 1999 :

[NDLR : en français québécois, "éventuellement" = "finalement", "en définitive" ou alors "plus tard", "par la suite"]


Vive le 50e anniversaire de la révolution chinoise !

Source

Le texte qui suit reprend l'essentiel de l'intervention qui a été faite lors de la célébration du 50e anniversaire de la révolution chinoise organisée par Le Drapeau rouge et qui a eu lieu le 1er octobre 1999 à Montréal.

- Socialisme Maintenant !

Il y a 50 ans aujourd'hui, des millions de personnes en liesse réunies sur la célèbre Place Tienanmen à Pékin ont entendu Mao Zedong proclamer officiellement la fondation de la République populaire de Chine. « Le peuple chinois est debout ! », a-t-il lancé avec fierté : « Le Chine ne se laissera plus insulter ». Trente-deux ans après la Révolution d'Octobre en Russie, le triomphe des communistes chinois représentait sans aucun doute le deuxième plus grand coup à avoir jamais été porté au système capitaliste mondial. Imaginez ! Du coup, plus du quart de l'humanité venait de se débarrasser du féodalisme et de la domination impérialiste et entreprenait la tâche de construire une société nouvelle, dans un mouvement de lutte ininterrompu allant vers le socialisme et le communisme.

La Révolution d'Octobre 1917 avait inauguré ce qu'on a appelé l'ère de la révolution prolétarienne mondiale. Après une période tumultueuse et somme toute assez difficile pour le prolétariat et les peuples du monde - marquée notamment par la défaite de la révolution allemande, la montée du fascisme et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale -, la victoire des communistes chinois a relancé de manière spectaculaire le mouvement révolutionnaire, ramenant à nouveau l'espoir parmi les prolétaires de tous les pays et stimulant le mouvement de libération nationale dans les pays dominés par l'impérialisme.

Une révolution attendue de longue date

Mais le peuple chinois revenait de loin, de très loin même. Sans vouloir trop insister là-dessus, il faut quand même se rappeler de ce qu'était la Chine avant la révolution de 1949 : à savoir un pays divisé, soumis à la domination des puissances étrangères qui se sont succédées pour le subjuguer, ou qui l'ont fait quelques fois en même temps, se partageant le pays en morceaux ; parmi elles, le Portugal, l'Italie, la France, l'Angleterre, l'Allemagne, le Japon bien sûr, puis finalement les États-Unis.

Il faut se souvenir aussi de ce qu'était la situation abominable du peuple chinois lui-même, soumis à l'exploitation féroce des seigneurs de guerre - des féodaux alliés aux puissances étrangères -, aux idées les plus réactionnaires et à la misère la plus abjecte. Un peuple, faut-il ajouter, qui n'avait pourtant jamais cessé de résister, et dont les nombreuses révoltes ont marqué tout le XIXe et le début du XXe siècle. C'est fort de ces expériences monumentales, quoique tragiques - notamment l'écrasement de la révolution démocratique dirigée par le Guomindang de Sun Yat-sen en 1913 -, et en s'emparant du marxisme-léninisme que les communistes chinois, dont le Parti avait été fondé le 30 juin 1921, ont pu élaborer la stratégie qui devait finalement s'avérer victorieuse.

Mao Zedong, qui en fut un des fondateurs, a d'abord procédé à une analyse scientifique de la société chinoise. On retrouve cette analyse dans les premiers textes qu'il a publiés, notamment l'Analyse des classes de la société chinoise et le Rapport sur l'enquête menée dans le Hounan à propos du mouvement paysan. Rompant avec les conceptions de la bourgeoisie nationale, et aussi avec celles de certains communistes qui misaient d'abord et avant tout sur l'intelligentsia et sur le développement d'insurrections dans les villes, Mao avait compris le rôle central que devait jouer la paysannerie, et surtout la paysannerie pauvre, dans la lutte révolutionnaire. Pour lui, il était clair que la révolution n'allait pouvoir triompher sans la participation et la mobilisation des masses les plus larges.

Partant de là, Mao a su tracer les objectifs de la révolution chinoise. Il a établi clairement le lien entre les tâches démocratiques qui devaient être réalisées (telles la réforme agraire, la conquête de l'indépendance nationale et son corollaire, l'unification du pays) et les tâches socialistes encore à venir - un lien qu'il a systématisé dans le concept de « révolution de démocratie nouvelle ». Mao a également développé les principes et la stratégie de la guerre populaire prolongée, grâce à laquelle l'Armée rouge a pu vaincre, à toutes les étapes, des armées souvent bien plus nombreuses et toujours mieux équipées - qu'il s'agisse des armées locales dirigées par les féodaux, de l'armée japonaise qu'elle a réussi à repousser alors que les nationalistes du Guomindang n'arrivaient pas à le faire, puis finalement l'armée nationaliste elle-même qui était pourtant soutenue militairement par les États-Unis.

Mais nul doute que la bataille n'a pas été facile. On peut rappeler à cet égard cette fameuse « Longue Marche », commencée en 1934 après quelques défaites militaires bien senties : les combattantes et combattants de l'Armée rouge ont alors marché près de 10 000 kilomètres, en un an, perdant en cours de route plus de 70 p. 100 de leurs effectifs. Cette manœuvre avait été rendue nécessaire pour préserver non seulement l'existence de l'Armée rouge mais aussi celle du Parti, qui autrement auraient été tous deux anéantis. C'est aussi grâce à la Longue Marche qu'on a pu éventuellement constituer une base d'appui, dans la province de Shaanxi, à partir de laquelle la guerre populaire a pu ensuite s'étendre jusqu'à embraser tout le pays.

Mais si les masses de Chine ont eu à faire face à énormément de répression tout au long de la lutte révolutionnaire, elles ont aussi dû combattre d'importantes erreurs qui s'étaient développées au sein même du Parti qui les dirigeait : un Parti qui a d'abord gravement sous-estimé le rôle de la paysannerie, avant que Mao ne réussisse à le gagner à sa position là-dessus ; un Parti qui a également payé très cher sa soumission au Guomindang et à la bourgeoisie nationale (une position qui était soutenue par l'Internationale et qui devait s'avérer désastreuse politiquement et militairement). Pas à pas, étape par étape, Mao a combattu ces erreurs et amené le Parti communiste de Chine à les rectifier. Alors, c'est donc un peu tout ça, finalement - la résistance populaire, la lutte de lignes, la clarification politique, la méthode scientifique utilisée par Mao et les communistes chinois, et aussi une conjoncture plutôt favorable - qui a rendu la victoire possible en 1949.

Le début d'une lutte prolongée

Pour autant, la victoire de 1949 ne signifiait pas la fin de la révolution ; en fait, elle n'en marquait que le début. Octobre 1949 fut le point de départ d'une nouvelle lutte, elle aussi prolongée, entre ceux qui, en définitive, étaient prêts à se satisfaire des transformations déjà opérées à travers la lutte révolutionnaire - lesquelles se trouvaient à avoir été consolidées avec la prise du pouvoir (par exemple la réforme agraire et l'atteinte de l'indépendance nationale) - et ceux qui, tel Mao, voulaient poursuivre et approfondir la révolution, bref passer à une étape supérieure. Ces deux points de vue, qui sont rapidement entrés en opposition, reflétaient en fait les intérêts divergents des différentes classes qui avaient participé conjointement à la première étape de la révolution, alors que leurs objectifs se rejoignaient : d'un côté la bourgeoisie nationale, pour qui la réalisation des tâches démocratiques de la révolution était nécessaire à son éventuel épanouissement ; de l'autre le prolétariat révolutionnaire et les masses paysannes opprimées, pour qui la libération authentique impliquait nécessairement d'aller plus loin.

Essentiellement, on peut dire que Mao n'a d'ailleurs jamais vu la révolution comme étant quelque chose de statique, dont le triomphe aurait dû marquer l'arrêt ; elle était pour lui un mouvement ininterrompu, un processus dialectique fait d'avancées et de reculs. Les grandes luttes d'avant 1949, qui ont pourtant été nombreuses, n'étaient donc rien à comparer à ce qui allait suivre... Sans rien précipiter, Mao a toujours voulu s'assurer que le mouvement progresse, étape par étape, bond par bond.

Pour Mao, la contradiction principale en Chine, dès lors qu'il s'agissait d'entreprendre la construction du socialisme, opposait dorénavant le prolétariat à la bourgeoisie, ancienne et nouvelle. À l'époque, la conception dominante en Chine, et généralement même au sein du mouvement communiste international, était que la contradiction principale à laquelle on faisait face à l'étape du socialisme opposait d'une part l'existence d'un système socialiste avancé au niveau politique, et d'autre part le faible niveau de développement des forces productives, qui empêchait de satisfaire pleinement les besoins matériels des masses. Telle était la position défendue par ceux qu'on qualifiera éventuellement de révisionnistes, tels Liu Shaoqi et Deng Xiaoping.

Ceux-ci étaient présents en force à la tête du Parti communiste chinois au début des années 50 et ils s'inspiraient ouvertement des idées de leurs homologues soviétiques, qui défendaient eux aussi des conceptions similaires. Alors que pour Mao, l'essentiel était de développer la lutte de classes, pour les révisionnistes, c'était de développer les forces productives, à tout prix. C'est ce que Deng devait exprimer si clairement avec sa célèbre formule : « Peu importe qu'un chat soit blanc ou noir, pourvu qu'il attrape les souris ». Deng voulait ainsi signifier que pour lui, la ligne politique et le type de rapports sociaux qui étaient développés n'avaient pas d'importance et que seul le résultat comptait, à savoir le développement des forces productives.

Ce point de vue était d'ailleurs dominant au moment de la tenue du VIIIe congrès du Parti, en 1956. C'est aussi à la même époque que le révisionnisme allait se voir consolidé en Union soviétique, avec l'émergence de Khrouchtchev et de ce qu'on a appelé la « déstalinisation ». L'URSS, faut-il le rappeler, jouait alors un rôle très important en Chine avec l'« aide » matérielle considérable qu'elle apportait. Pour les nombreux conseillers soviétiques présents dans ce pays et leurs alliés à la tête du Parti, la priorité devait aller au développement de l'industrie lourde et d'un productivisme à tout crin, même si cela devait se faire au détriment de la consolidation du pouvoir de la classe ouvrière. Ce qu'ils proposaient dans les faits, c'était d'accentuer la concurrence et les divisions parmi la classe ouvrière et les masses populaires. C'était de s'appuyer sur les stimulants matériels, de réimplanter le travail à la pièce et les systèmes de bonis, d'accentuer les différentiations salariales, et ainsi de suite - toutes mesures qui à leurs yeux pouvaient seules amener l'augmentation de la productivité.

Le point de vue de Mao était tout autre. Pour lui, il fallait d'abord maintenir et renforcer l'alliance avec la paysannerie, qui était toujours la classe la plus nombreuse en Chine. Ceci impliquait donc de développer la petite industrie, et pas seulement l'industrie lourde, et surtout de s'assurer qu'un tel développement serve à soutenir le secteur agricole. Mao croyait profondément qu'il fallait continuer à s'appuyer sur les masses pour édifier le socialisme et pour le faire progresser. Il savait que c'était seulement dans la mesure où elles allaient être conscientes des enjeux qui se posaient qu'elles allaient pouvoir réellement s'impliquer et transformer la société. De là les initiatives qu'il a lancées ou favorisées, telles le Grand Bond en avant et l'établissement du système des communes populaires en 1957, le Mouvement d'éducation socialiste lancé au début des années 60 et la grande lutte anti-révisionniste menée contre la direction du Parti soviétique, qui participait elle aussi de la mobilisation des masses sur le terrain idéologique.

Mais à l'évidence, tout cela ne s'avérait pas suffisant. La droite relevait la tête constamment. Elle s'appuyait notamment sur les difficultés du Grand Bond, victime de désastres naturels, du retrait de l'aide soviétique et aussi du sabotage dans sa mise en application. Elle remettait en question les transformations socialistes déjà opérées et les campagnes politiques menées par Mao. Partant de là, celui-ci a compris qu'il faudrait faire encore plus pour vaincre la bourgeoisie et assurer la progression du socialisme, bref qu'il faudrait une « nouvelle révolution ». Ce fut alors la Grande Révolution culturelle prolétarienne (GRCP), sur laquelle nous allons maintenant nous attarder.

Une « révolution dans la révolution »

Après une décennie complète faite de consolidation du révisionnisme et de capitulation face à l'impérialisme US de la part des leaders de l'Union soviétique, la Révolution culturelle, si décriée à l'époque et plus encore aujourd'hui, a vraiment eu pour effet de remettre la révolution à l'ordre du jour. Elle a montré de manière non équivoque que la révolution ne devait pas obligatoirement se terminer par une défaite et que la restauration du capitalisme n'était pas l'aboutissement inévitable de la révolution socialiste. Elle a aussi prouvé qu'en mobilisant les masses et en les armant de l'idéologie prolétarienne, les vieux rapports d'exploitation et les idées réactionnaires pouvaient être renversés, et qu'il était bel et bien possible d'avancer sur la voie du communisme.

Une des leçons politiques les plus importantes que Mao nous a fait découvrir avec la GRCP, c'est que le quartier général de la bourgeoisie se retrouve à la tête même du Parti, car c'est là où le pouvoir est concentré, là où l'on peut agir le plus efficacement sur l'orientation de la société. Il faut se rappeler que cette idée était alors quasiment une hérésie au sein du mouvement communiste international, en particulier pour les bonzes du PC d'Union soviétique qui se sont sentis visés par l'analyse de Mao, non sans raison d'ailleurs !

Mais plus encore que cette idée qu'on peut et même qu'on doit contester la direction du Parti lorsqu'elle emprunte une voie erronée, ce que Mao nous a enseigné d'encore plus important avec la GRCP, c'est que l'existence de la nouvelle bourgeoisie a des bases au sein même de la société socialiste, qu'elle repose sur les contradictions qui la traversent réellement. Ce que Mao nous a montré, c'est que contrairement à ce qu'on avait surtout pensé jusque là, la bourgeoisie sous le socialisme, ce ne sont pas seulement les vestiges de l'ancienne société, de l'ancienne classe dominante qui a été dépossédée de son pouvoir ; la bourgeoisie sous le socialisme, ce n'est pas non plus seulement une « cinquième colonne » qui vient s'infiltrer au service de l'ennemi extérieur, des bourgeoisies étrangères ; mais que c'est surtout une véritable classe qui se développe sur la base même des « tares » qui caractérisent la société socialiste : la persistance du « droit bourgeois », des divisions entre ville et campagne, entre ouvriers et paysans, entre travail manuel et travail intellectuel, entre dirigeants et dirigés-es.

De cette conception nouvelle et supérieure de ce qu'est réellement le socialisme découle donc ce qui doit être fait par le prolétariat révolutionnaire. Le socialisme n'est pas un mode de production achevé. C'est une période de transition, qui ne lui est utile, au prolétariat, que dans la mesure où elle contribue à restreindre toujours plus ce qui vient du mode de production antérieur et à poser petit à petit les conditions au passage à un mode supérieur (le communisme).

Soit dit en passant, le fait que la GRCP n'ait finalement pas réussi à empêcher la réalisation du coup d'État réactionnaire mené par les partisans de Deng Xiaoping en 1976 n'altère en rien sa validité. Au contraire, cet événement - le coup d'État - et la restauration du capitalisme qui s'en est suivie prouvent qu'elle était d'autant plus nécessaire, et même qu'il en aurait fallu et qu'il en faudra encore d'autres à l'avenir. Mao l'avait d'ailleurs prédit, dès le départ, en 1967 : « La Grande Révolution culturelle prolétarienne actuelle n'est que la première du genre. Dans l'avenir, de telles révolutions auront lieu nécessairement à plusieurs reprises. [...] Tous les membres du Parti et la population doivent se garder de croire [...] que tout ira bien après une, deux, trois ou quatre révolutions culturelles. » [1]

Ce qu'il faut retenir de la Révolution culturelle, c'est que le socialisme, ce n'est pas seulement - ni même d'abord et avant tout - la transformation du système de propriété, i.e. les nationalisations et l'appropriation des moyens de production par l'État. Le socialisme, c'est aussi la transformation et la révolutionnarisation de toute la superstructure : les institutions politiques, l'éducation, la culture, l'idéologie. C'est une bataille constante pour renverser la pyramide sociale, pour faire en sorte qu'ultimement, le prolétariat et les classes révolutionnaires (i.e. « ceux d'en bas ») deviennent les vrais maîtres de la société.

Pour Mao, la Révolution culturelle était un moyen non seulement de barrer la route aux partisans du capitalisme qu'on retrouvait au sein du Parti, mais surtout de transformer les rapports sociaux sur la base desquels la nouvelle classe bourgeoise se développait. Dans un discours prononcé devant une délégation militaire albanaise en 1967, Mao s'en était expliqué clairement : « La lutte contre ceux qui sont au pouvoir et qui suivent la voie capitaliste est la tâche principale, mais ce n'est d'aucune façon l'objectif. L'objectif, c'est de résoudre le problème de la conception du monde ; c'est d'éradiquer les racines du révisionnisme. » (cité dans People's China, Milton and Schurman ed., pp. 263-264, notre traduction)

Les 10 ans qui ébranlèrent le monde

Le coup d'envoi de la Révolution culturelle a officiellement été donné en 1965 par la publication d'un article de Yao Wenyuan, que Mao a soutenu et popularisé, qui critiquait une pièce de théâtre intitulée « La destitution de Hai Rui ». Cette pièce se portait en fait à la défense de Peng Dehuai, ex-ministre de la Défense connu pour ses positions droitières, qui avait été démis de ses fonctions en 1959. Les révisionnistes se sont d'abord défendus en tentant de contenir la lutte uniquement sur le terrain culturel.

En mai 1966, Mao, qui venait de gagner une courte majorité au Comité central du Parti, fait adopter une circulaire qui donne véritablement le signal du déferlement révolutionnaire. Parmi les idées fortes qu'on y retrouvait, soulignons celles-ci : 1) qu'il y avait un réel danger de restauration capitaliste et que ce danger provenait de la bourgeoisie au sein du Parti ; 2) que la lutte contre la bourgeoisie devait être poursuivie de manière prolongée tout au long de la période du socialisme ; 3) que la mobilisation des masses était en tout temps nécessaire et qu'il fallait impérativement s'appuyer sur elles pour combattre les tentatives de restauration.

Cette idée de Mao comme quoi il fallait systématiquement mobiliser les masses et s'appuyer sur elles est sans doute une de celles qui ont été les plus dénigrées par la bourgeoisie, autant en Chine qu'à l'étranger. Encore aujourd'hui, on répète un peu partout que Mao a été une sorte d'apprenti sorcier qui a voulu délibérément créer le chaos. Dans un sens, c'est vrai ! Mais c'est ce qui était nécessaire pour barrer la route aux partisans du capitalisme. Mao ne s'en est d'ailleurs jamais caché, comme en témoignent ces propos qu'il a tenus en juillet 1967 : « On ne doit pas craindre les troubles : plus il y en a, mieux c'est. Avec sept ou huit troubles successifs, les choses ne peuvent manquer de se résoudre, et efficacement. [...] Mais il ne faut pas utiliser les armes à feu, c'est toujours mauvais. »

Un tel point de vue n'est bien sûr pas admissible par ceux qui croient qu'une révolution suit toujours une trajectoire droite, prévisible et contrôlée, comme c'est le cas des trotskistes. Que dans ce cadre il y ait eu quelques excès et des erreurs au cours de la GRCP, cela ne fait pas de doute. Mais il est encore plus certain que sans ce « chaos » et sans ces « troubles », il y aurait eu inévitablement une défaite rapide du socialisme et le triomphe du capitalisme et des forces les plus réactionnaires.

Tout cela a donc commencé, on l'a dit, sur le front culturel. Puis, le mouvement a pris un caractère de masse lorsqu'il s'est étendu chez les jeunes et les étudiants. Mais pour Mao, ce n'était là qu'un point de départ. Comme il devait par la suite l'expliquer, « les intellectuels révolutionnaires et les jeunes étudiants furent les premiers à prendre conscience, ce qui correspond aux lois du développement de la révolution ». Toutefois, « ce n'est qu'une fois que les larges masses ouvrières et paysannes seront dressées que toute la camelote bourgeoise sera radicalement balayée, tandis que les intellectuels révolutionnaires et les jeunes étudiants reprendront une place secondaire ».

Avec l'entrée en scène de la jeunesse et des étudiants, la Révolution culturelle a vraiment pris son envol. Les débats se sont multipliés, les fameux dazibaos (ces immenses affiches à grands caractères) sont apparus un peu partout. Mao lui-même a alors signé son propre dazibao, qui affichait le titre fort suggestif de « Feu sur le quartier général ! ». Pour donner une petite idée de l'ampleur du mouvement, on peut mentionner le cas de l'Université de Pékin, où en une semaine seulement, pas moins de 100 000 dazibaos ont été affichés, pour une population totale de 10 000 étudiantes et étudiants. L'encre et le papier étaient fournis gratuitement à quiconque en faisait la demande. Des journaux de toutes sortes sont aussi apparus et ont circulé à des milliers d'exemplaires, qui reprenaient le contenu des meilleurs dazibaos.

De la critique systématique des points de vue droitiers, on est ensuite passé à la transformation des rapports sociaux. De nouvelles organisations révolutionnaires ont été créées, de nouveaux organes dirigeants ont été établis. Des expériences de type « commune » ont été mises en place, des comités révolutionnaires nouvellement formés ont pris le pouvoir dans les municipalités, les écoles, les entreprises. Fin 1966-début 1967, le mouvement s'étendait enfin à la classe ouvrière et sortait des villes pour aller à la campagne (le transport par train était d'ailleurs fourni gratuitement aux « gardes rouges » qui souhaitaient se déplacer, dont l'hébergement était pris en charge par l'armée).

Une des caractéristiques les plus fortes du mouvement, c'est qu'on a permis, voire systématiquement encouragé l'expression de tous les points de vue, tout en tentant autant que possible de préserver l'existence et le bon fonctionnement du Parti et de l'État - ce qui ne fut d'ailleurs pas toujours évident ! Attardons-nous un peu sur la Décision du Comité central du Parti communiste chinois sur la Grande révolution culturelle prolétarienne, datée du 8 août 1966, afin de voir à quel point les conceptions des révolutionnaires maoïstes tranchaient avec une certaine vision sclérosée du marxisme-léninisme qui avait alors cours au sein du mouvement :

« Il faut faire une stricte distinction entre les deux sortes de contradictions de nature différente : les contradictions au sein du peuple ne doivent pas être traitées de la même façon que celles qui nous opposent à nos ennemis, tout comme les contradictions entre nos ennemis et nous-mêmes ne doivent pas être considérées comme des contradictions au sein du peuple. Il est normal qu'il y ait des opinions différentes parmi les masses populaires. La confrontation de différentes opinions est inévitable, nécessaire et bénéfique. [...] La méthode de raisonner avec faits à l'appui et celle de la persuasion par le raisonnement doivent être appliquées au cours du débat. Il n'est pas permis d'user de contrainte pour soumettre la minorité qui soutient des vues différentes. La minorité doit être protégée, parce que parfois la vérité est de son côté. [...] Au cours du débat, chaque révolutionnaire doit savoir réfléchir indépendamment et développer cet esprit communiste qui est d'oser penser, d'oser parler et d'oser agir. [...] »

Avec l'implication nouvelle et massive de la classe ouvrière, un moment fort est survenu à Shanghai, qui était traditionnellement un des bastions de la bourgeoisie en Chine mais où l'on retrouvait aussi une forte avant-garde prolétarienne : c'est ce qu'on a connu comme étant la « tempête de janvier » en 1967. La municipalité était alors contrôlée par la droite. Pendant que le mouvement de masse se développait ailleurs en Chine, les autorités municipales de Shanghai s'étaient mises à distribuer bonis, privilèges et augmentations de salaires à certains secteurs ouvriers, de façon à mieux diviser les forces prolétariennes. Parallèlement, elles encouragèrent les grèves et le sabotage de la production. Leur objectif était que les ouvriers, ou du moins certains secteurs parmi eux, se mettent à agir mais seulement pour eux-mêmes, et non pas dans l'optique de transformer la société et de la diriger collectivement. Le sabotage visait aussi objectivement à affaiblir la révolution, en accréditant l'idée que les « troubles » étaient nuisibles au développement économique.

En janvier 1967, donc, des millions d'ouvriers et de jeunes rebelles ont enfin réussi à renverser le comité municipal du PCC. Les masses ont occupé les principaux édifices administratifs, les journaux, les services publics. Un nouveau pouvoir fut établi, sous la forme de ce qu'on a appelé un « comité révolutionnaire de triple union », dont le tiers des membres provenaient des organisations de masse nouvellement créées dans le cadre de la Révolution culturelle ; le deuxième tiers étant formé de cadres du Parti et le troisième, de représentants de l'armée. Ce modèle a par la suite été généralisé à travers toute la Chine, avec toutefois plus ou moins de succès.

En 1968, sur la base de ces victoires, on assiste enfin à la destitution et à l'exclusion du « partisan numéro un de la voie capitaliste », Liu Shaoqi. Deng Xiaoping est lui aussi démis de ses fonctions. Une nouvelle génération de dirigeantes et de dirigeants se développe qui se sont aguerris-es dans les premières étapes de la Révolution culturelle. Ces nouveaux dirigeants viennent s'ajouter et renforcer les quelque 90 à 95 p. 100 des cadres qui sont jugés comme étant « fondamentalement bons ». Parmi eux, on retrouve les plus fidèles compagnons d'armes de Mao, ceux que les révisionnistes attaqueront après sa mort en les affublant du sobriquet de « bande des quatre » et qui sont : Jiang Qing (l'épouse de Mao), Zhang Chunqiao, Wang Hongwen et Yao Wenyuan. Éventuellement, au IXe congrès du Parti en 1969, 60 p. 100 du Comité central sera ainsi renouvelé.

Parallèlement à tous ces développements et à toutes ces mobilisations, on commence aussi à mettre en place ce qu'on appelle les « nouvelles choses socialistes » :

• Dans l'éducation, on s'attelle à la transformation des méthodes d'enseignement et des contenus de cours ; les ouvriers sont amenés à s'impliquer à la direction des écoles. On cherche à raffermir les liens entre théorie et pratique : les étudiantes et étudiants sont invités à participer au travail productif à la campagne. De nouveaux critères de sélection sont mis en place qui tiennent compte non seulement des performances académiques des candidates et candidats mais aussi de leurs dispositions politiques ; les frais de scolarité sont abolis ; etc.

• Dans le domaine culturel, de nouvelles pratiques et de nouvelles œuvres sont aussi développées qui visent à servir le peuple. Ce travail, qui est habilement dirigé par Jiang Qing, a produit des œuvres remarquables, telles les ballets intitulés Le détachement féminin rouge et La fille aux cheveux blancs.

• On assiste à la transformation du système de santé. Les services médicaux sont étendus à la campagne, là où ils étaient autrefois peu disponibles : c'est l'apparition des fameux « médecins aux pieds nus » qui apportent soins et éducation aux masses paysannes.

• Des « écoles de cadres » sont établies dans lesquelles ceux-ci sont appelés à participer à la production et à s'éduquer eux-mêmes au contact des paysannes et des paysans.

Mais encore là, la lutte n'est pas terminée. Elle porte désormais sur le maintien ou pas des acquis et des transformations qui ont été faites, et des verdicts qui ont été rendus. Lin Biao, ministre de la Défense et fidèle allié de Mao, en vient à défendre l'idée que la victoire est désormais définitivement acquise. Il propose de remettre l'accent sur le développement de la production et sur le retour à l'ordre. Son point de vue étant défait, Lin Biao tente un coup d'État qui échoue, puis meurt dans un accident d'avion alors qu'il tentait de s'enfuir en URSS.

Sa trahison place la gauche maoïste sur la défensive. Les centristes, que Mao avait jusque là réussi à neutraliser et même à utiliser à son avantage jusqu'à un certain point, sont maintenant appelés à jouer un rôle plus important. Sous leur influence, Deng Xiaoping est même réhabilité en 1973.

Bien sûr, officiellement, les acquis sont maintenus, la Révolution culturelle se poursuit. Mais petit à petit, les partisans du capitalisme reprennent leur place dans l'appareil du Parti et celui de l'État.

Le contexte international est un autre facteur qu'utilisent les révisionnistes à leur avantage. La Chine se trouve de plus en plus menacée par l'Union soviétique, ce qui place objectivement les secteurs pro-américains dans une position favorable. C'est d'ailleurs à cette époque que Deng Xiaoping présente sa fameuse « théorie des trois mondes », de triste renommée, qui propose au prolétariat mondial de s'allier à l'impérialisme US pour s'opposer au social-impérialisme soviétique et qui s'avérera un des principaux facteurs dans l'effondrement du mouvement marxiste-léniniste international à la fin des années 70.

Fidèles à leurs conceptions idéologiques et politiques, les maoïstes s'en remettent à nouveau à la mobilisation des masses pour contrer le « vent déviationniste de droite ». Cette lutte, qui se déroulera de 1973 à 1976 et qui produira des avancées théoriques très importantes (notamment quant à la critique du « droit bourgeois » et à l'étude de la dictature du prolétariat), permettra de repousser l'offensive de la nouvelle bourgeoisie. Ainsi, Deng est à nouveau démis en avril 76. [2]

Cette fois encore, les divergences entre les deux lignes se sont cristallisées sur les questions économiques. Le programme des « Quatre modernisations », attribué à Zhou Enlai, apparaît pour la première fois dans le décor. On y propose le retour à l'utilisation des stimulants matériels, l'abolition du travail à la campagne pour les étudiants, le démantèlement des écoles de cadres. Dans une de ses dernières interventions publiques, Mao déclare : « Vous faites la révolution socialiste et vous ne savez même pas où se trouve la bourgeoisie. Mais elle est directement à l'intérieur du Parti communiste - ce sont ceux qui sont au pouvoir et qui suivent la voie du capitalisme. Les partisans du capitalisme sont encore sur la voie capitaliste. » (cité dans Peking Review n° 11, 12/03/76, notre traduction)

Après la mort de Mao en septembre 1976, le coup fatal sera donné avec l'arrestation de ses plus proches camarades, qui avaient aussi été les dirigeants les plus solides de la GRCP (la soi-disant « bande des quatre ») et avec l'ignoble campagne, dénuée de tous principes, qui s'en est suivie. Contrairement à ce que certains ont pu penser, ce ne fut pas là seulement qu'une simple révolution de palais. Il y a eu d'importants mouvements d'opposition, à Shanghai notamment, et même des mouvements armés, qui ont malheureusement été réprimés et dont on a peu entendu parler à l'extérieur.

On a voulu laisser croire que les « quatre » étaient isolés et qu'ils n'avaient aucun soutien parmi les masses. Mais leur destitution et leur arrestation ont bel et bien eu toutes les caractéristiques d'un coup d'État. Dans l'éloge qu'il a écrit après la mort de Deng en 1997, Alain Peyrefitte, lui-même un chaud partisan de Deng et opposant notoire aux quatre, l'a admis à sa façon : « Personne n'a compté le nombre des partisans de la "bande des quatre" qui ont fini leurs jours avec une balle dans la nuque. Deng n'a jamais confondu pouvoir et mansuétude. » (La Presse, 22/02/97)

Au départ, les nouveaux dirigeants ont prétendu défendre l'héritage de Mao Zedong. Puis, assez rapidement, ils ont fini par ne lui reconnaître un rôle positif que pour la période allant jusqu'en 1956 - ce qui, soit dit en passant, en dit long sur les intérêts de classe qu'ils représentent. Après la deuxième réhabilitation de Deng en 1978, on a également fini par décréter officiellement la fin de la GRCP, désormais qualifiée comme ayant été une période de « 10 années noires », et par tout renverser ce qui ne l'avait pas déjà été. On sait maintenant ce qu'il en est advenu aujourd'hui.

Des acquis indispensables

Quand on regarde tout ce qui s'est passé en Chine depuis 20 ans - le développement du capitalisme sauvage, la réhabilitation du profit, le retour des valeurs traditionnelles obscurantistes, les différentiations sociales éhontées qui s'accentuent, le chômage qui se développe à nouveau, etc. -, on constate à quel point les tendances à la restauration capitaliste y étaient fortes et solides. Et on peut mesurer l'immense mérite qu'a eu la Révolution culturelle, grâce à laquelle le socialisme a pu se développer pendant dix ans de plus, malgré, justement, la force du capitalisme.

La Révolution culturelle est venue répondre en pratique à une des questions les plus importantes - sinon la plus importante - qui se pose pour l'avenir de la lutte pour le socialisme, à savoir comment on peut et on doit faire avancer la révolution après la prise du pouvoir. Elle constitue désormais un élément indispensable de notre compréhension de ce qu'est la lutte pour le communisme.

Évidemment, on peut se poser la question : la gauche maoïste a-t-elle commis des erreurs ? Aurait-on pu éviter le coup d'État de 1976 et prolonger ainsi cette formidable expérience ? Ce sont là des questions importantes, certes, qui pour nous restent d'ailleurs ouvertes. On peut se demander, par exemple, s'il n'aurait pas été préférable de liquider carrément un Deng Xiaoping, lorsqu'il a été démis une première fois en 1968, plutôt que de le laisser en vie et de lui donner ainsi la chance de revenir au pouvoir ? Sachant ce que l'on sait maintenant, on est d'ailleurs porté à répondre oui à une telle question, mais encore là, il faut faire bien attention. Car comme l'a expliqué Mao, « on aura beau destituer [on pourrait même dire liquider] 2 000 partisans de la voie capitaliste durant cette grande Révolution culturelle, si on ne transforme pas notre conception du monde, il y en a 4 000 autres qui vont apparaître la prochaine fois. La lutte entre les deux classes, entre les deux lignes, ne peut être résolue avec une, deux, trois ou même quatre révolutions culturelles. » Deng Xiaoping a certes joué un rôle exceptionnel dans le processus de contre-révolution en Chine, mais si ce n'avait pas été lui, un autre aurait sans doute pris sa place, étant donné la nature profonde de la lutte qui s'est menée entre le prolétariat et la nouvelle bourgeoisie.

Ce qu'on doit surtout retenir de tout ça, ce sont bien sûr les faits marquants et héroïques de la révolution chinoise - et ils sont nombreux : la Longue Marche, Ya'nan, la prise du pouvoir, la Révolution culturelle elle-même, etc. Tout cela fait désormais partie de notre histoire. Il faut certes aussi vénérer ceux et celles qui l'ont dirigée, et aussi les dirigeants à qui elle a donné naissance : en premier lieu, Mao, bien sûr, mais aussi Jiang Qing et Zhang Chunqiao, qui ont persisté dans la voie révolutionnaire jusqu'à la toute fin, faisant preuve d'un courage tout à fait exemplaire. Mais surtout, il faut mettre au premier plan le maoïsme à la tête de la révolution mondiale, à la tête de la révolution au Canada.

Nous pouvons dire aujourd'hui qu'à la lumière de tout ce qui s'est produit dans l'histoire du mouvement communiste international et de ses 150 ans d'existence, on ne peut désormais plus se dire marxiste si on ne s'approprie pas réellement et si on ne défend pas systématiquement les avancées théoriques apportées par Mao alors qu'il dirigeait la révolution chinoise. Ne pas le faire, ce serait en rester - ou bien retourner pour certains - au vieux révisionnisme failli condamné par l'histoire.

Quels sont ces acquis, si importants, qui nous sont nécessaires et qui doivent nous guider pour l'avenir ? Mentionnons-les rapidement :

• D'abord, il y a la stratégie de la guerre populaire prolongée : la participation des masses comme facteur décisif dans la guerre ; le principe des bases d'appui et de leur utilisation pour commencer les transformations sociales avant même la prise du pouvoir ; la direction du Parti sur l'armée ; « cette vérité toute simple que chaque communiste doit s'assimiler et qui est que le pouvoir est au bout du fusil » - une vérité que certains communistes n'ont d'ailleurs pas encore comprise même si les masses révolutionnaires, elles, n'ont jamais cessé de la mettre en pratique.

• La « démocratie nouvelle » comme stratégie révolutionnaire dans les pays opprimés.

L'analyse des contradictions, du rapport entre théorie et pratique.

• Le concept de la « ligne de masse », basé sur le point de vue selon lequel « le peuple est la force motrice de l'histoire universelle ».

• La lutte contre le révisionnisme moderne.

• Le principe d'oser lutter, oser vaincre, celui d'aller à contre-courant.

• Et, surtout, ce qui apparaît comme étant le principal apport de Mao : l'analyse du socialisme, des contradictions qui le traversent, de la lutte de classes qui se poursuit pendant cette période ; la critique de la « théorie des forces productives » ; l'importance de mener la lutte de lignes au sein du Parti, de reconnaître le rôle et l'existence de la bourgeoisie au sein même du Parti - tout cela concentré dans la nécessité de la Révolution culturelle qui fait désormais partie du programme de toute révolution qui se veut sérieuse.

Aujourd'hui, 1er octobre, se déroulent deux types de célébrations : celles de la bourgeoisie et celles du prolétariat. Même si la nôtre est plutôt humble, il faut en être fier. Il n'y a pas de mal à brandir le « petit livre rouge » - pourquoi pas ? -, même si cela reste seulement symbolique. Mais ce qu'il faut surtout faire, on l'a dit, c'est d'appliquer tous ces acquis. Le mouvement révolutionnaire international semble plus faible aujourd'hui, en apparence du moins, que ce qu'il était dans les années 60 et 70. Mais là où il se développe présentement, c'est justement là où le maoïsme est appliqué. On le voit très bien au Pérou, aux Philippines, en Inde, au Népal, au Bangladesh, en Turquie, où se développe avec de plus en plus de force la guerre populaire.

La vérité, c'est qu'armé du maoïsme le mouvement révolutionnaire est maintenant plus fort qu'il ne l'a jamais été. Il est certes encore en période de réorganisation, mais c'est lui qui est porteur d'espoir pour l'avenir, pendant que le vieux révisionnisme achève de capituler.

Dans les prochaines semaines et les prochains mois, notre organisation lancera une grande discussion au sein du prolétariat canadien sur ce que nous appelons « les bases urbaines du maoïsme », i.e. comment le maoïsme s'applique dans un pays impérialiste, afin de définir quelle est la voie de la révolution au Canada. Des textes circuleront, des débats seront organisés un peu partout, dans les grandes villes, dans les milieux prolétariens, et dans le plus grand nombre de langues possible. Nous vous appelons à vous joindre à cette discussion, à l'organiser dans votre milieu, à y participer en grand nombre. Une discussion que nous souhaitons vivante et ouverte, à l'image du maoïsme lui-même, et qui nous permettra d'entreprendre le nouveau millénaire le plus rapidement possible avec un programme pour la révolution au Canada et avec une nouvelle organisation d'avant-garde pour la diriger. C'est à cette tâche, aujourd'hui, que nous vous convions.

Vive le 50e anniversaire de la révolution chinoise !
Gloire éternelle au marxisme, au léninisme et maoïsme !
Vive la lutte révolutionnaire passée, présente et surtout à venir !

Le 1er octobre 1999


1) Sauf indication contraire, les citations de Mao sont extraites des deux tomes de l'Histoire de la révolution culturelle prolétarienne en Chine de Jean Daubier, publiés chez Maspero.

2) Sur toute la période de allant de 1973 à 1976, on peut lire l'article intitulé « Comment les révisionnistes ont renversé la ligne de Mao », ainsi que le fameux texte de Zhang Chunqiao, De la dictature intégrale sur la bourgeoisie (qu'on peut considérer aujourd'hui comme étant un classique du marxisme-léninisme), tous deux publiés dans Socialisme Maintenant! n° 1, printemps 1997.

(paru dans la revue Socialisme Maintenant! n° 5)

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[Note SLP - Une petite impasse sur un point, mais c'est avant tout une impasse de la gauche révolutionnaire chinoise elle-même : pourquoi les révisionnistes prônaient-ils "de développer les forces productives, à tout prix", un "productivisme à tout crin, même si cela devait se faire au détriment de la consolidation du pouvoir de la classe ouvrière", en s'appuyant sur "les stimulants matériels, (...) le travail à la pièce et les systèmes de bonis, d'accentuer les différentiations salariales, et ainsi de suite - toutes mesures qui à leurs yeux pouvaient seules amener l'augmentation de la productivité" ; et pourquoi, en 1971, Lin Piao prônait-il "de remettre l'accent sur le développement de la production et sur le retour à l'ordre" ? La réponse coule pourtant de source : parce qu'ils en vivaient, tout simplement ! ]

 

Feu sur le Quartier Général !

Mettons le désordre sous le ciel !

 

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Sur la Révolution culturelle, lire aussi le très bon article de l'OCML-VP à l'occasion du 50e anniversaire (2016) :


La Révolution culturelle, une révolution dans la révolution


Pourquoi une « nouvelle » révolution, après la Révolution ?

La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (GRCP) est un épisode révolutionnaire court mais décisif de la révolution chinoise entre 1966 et 1969. C’est un mouvement social de masse, un combat de la lutte des classes, impulsé par les maoïstes pour s’opposer à la restauration du capitalisme et tenter de sauver le processus révolutionnaire et le socialisme. C’est un processus historique d’alliances et de positionnements très complexe, avec bon nombre de débats sur le sens à donner aux événements. Il faut être prudent dans les interprétations. La GRCP pose les questions concrètes du succès et des erreurs de la Révolution. Car il ne « suffit » pas de faire tomber des dirigeants corrompus pour transformer en profondeur une société. Les réactionnaires vaincus ne lâchent jamais l’affaire et les masses prolétaires doivent s’éduquer à diriger en vrai toute la société.


La lutte des classes continue après la révolution ? Oui…

Depuis la prise du pouvoir par le Parti Communiste Chinois en 1949, de profondes transformations de la société ont été engagées (éducation, santé, réforme agraire et collectivisations, communes populaires…) mais beaucoup d’inégalités subsistent et une nouvelle bourgeoisie s’est approprié des positions de pouvoir (dans le Parti, l’administration, les mairies des grandes villes, l’encadrement en entreprises, etc.).

Dans les usines, les contradictions de classe subsistent encore. Les cadres n’ont pas intérêt au même titre que les ouvriers aux transformations révolutionnaires qui réduisent les privilèges. L’éducation est encore largement élitiste et réservée de fait aux enfants de cadres, d’anciens propriétaires terriens...

Ainsi quinze ans après la prise du pouvoir, il y a toujours une lutte (de classe) entre deux voies, deux camps. Le camp prolétarien et révolutionnaire est partisan d’élargir le pouvoir ouvrier à tous les aspects (travail, éducation, vie collective…). Le socialisme est une phase historique (longue) de la lutte des classes. La société est encore marquée par la contradiction Bourgeoisie / Prolétariat, qu’il faut transformer avec une ferme volonté pour mener la Révolution jusqu’au bout. Le camp révisionniste est partisan d’un « statu quo » social conservateur des inégalités et de la division du travail (qui dirige, et qui exécute ?). Il mise tout sur le développement de la production, qui renforce inévitablement ceux qui occupent déjà les positions dirigeantes. Il est représenté par les « liu-dengistes » [1], alliance des partisans de Liu Shaoqi et de Deng Xiaoping.

Pour que la révolution continue dans le sens du communisme, c’est-à-dire de l’abolition complètes des classes, le processus révolutionnaire doit rester vivant et porté par les masses populaires. Sinon la situation se fige, les anciens réactionnaires et nouveaux bourgeois poussent au développement du capitalisme, d’abord un capitalisme d’État puis le capitalisme tout court !

Mao résume ainsi la situation au début des années 1960 : « En un mot, la Chine est un pays socialiste. Avant la Libération, c’était à peu près comme le capitalisme. Maintenant encore, on pratique le système des salaires à huit échelons, la répartition selon le travail, l’échange par l’intermédiaire de la monnaie, et tout cela ne diffère guère de l’ancienne société. La différence, c’est que le système de propriété a changé. »

La G.R.C.P. est donc une nouvelle étape du processus révolutionnaire, car la Révolution ne se limite pas à la prise du pouvoir. Le socialisme ne se limite pas à déclarer que « tout appartient à tous », à exproprier les exploiteurs au profit de la propriété collective, publique, d’État.

Pour les révolutionnaires, la suppression de la propriété privée des moyens de production (par la nationalisation, la collectivisation) est un premier pas, nécessaire, mais pas suffisant.
Pour les révisionnistes, c’est en fait l’aboutissement, et le début de la contre-offensive vers une politique toujours plus bourgeoise. Pour eux, à ce moment-là, comme Staline l’avait écrit dans la Constitution de l’URSS de 1936, la lutte des classes c’est fini ! Maintenant il faut produire pour développer le socialisme, donc les étudiants étudient, les ouvrier-es travaillent (avec ardeur et en la bouclant si possible) et les cadres dirigent.

Les communistes chinois s’appuient sur cette expérience de la révolution russe, où la lente désagrégation du processus révolutionnaire a débouché sur la bureaucratisation, puis la restauration du capitalisme. Ils développent donc une autre conception du socialisme, qu’ils essaient de mettre en pratique. Ils théorisent qu’il faut mettre la politique (le projet communiste) au poste de commande et non l’économie. Dans une société incomplètement transformée, l’économie repose toujours sur les inégalités antérieures, il faut donc lutter continuellement. C’est l’évolution de ces rapports qui permet de juger si la révolution avance vers le communisme.

Modèle chinois vs modèle soviétique 
Dans le contexte international de l’époque de la guerre froide (affrontement des blocs USA/URSS), il est difficile de critiquer publiquement et ouvertement le « modèle » soviétique. Mais en 1963, les maoïstes chinois formulent dans la « Lettre en 25 points » les bases de l’existence d’une nouvelle bourgeoisie sous le socialisme, et dénoncent en 1964 Khrouchtchev comme révisionniste. C’est la rupture dite sino-soviétique. Cela aura des répercussions dans tout le mouvement communiste international qui va scissionner en deux, entre ceux qui resteront fidèles à l’URSS et à Khrouchtchev (comme le PCF en France et l’essentiel des Partis communistes) et ceux qui resteront fidèles à Staline, appelés « marxistes-léninistes ». Parmi ces derniers, ils vont eux-mêmes se diviser en deux. Entre d’un côté ceux qui resteront fidèles à Staline et à ses erreurs, emmenés par le Parti du Travail d’Albanie et son dirigeant Enver Hodja ; et de l’autre ceux autour de Mao et des maoïstes chinois qui entameront un bilan critique partiel des erreurs de Staline et de la restauration du capitalisme en URSS. L’OCML VP est issue de ce dernier courant (voir l’édito de Partisan Magazine N°4)


La lutte des classes traverse même le Parti Communiste ? Oui…

Au tournant des années 1960, face aux difficultés concrètes de la construction du socialisme, un premier bilan s’impose. Le mouvement révolutionnaire s’essouffle et la collectivisation (Grand Bond en Avant, voir article précédent dans ce magazine) a connu de graves échecs. Les révisionnistes au sein du Parti (Liu Shaoqi et Deng Xiaoping) exploitent ces erreurs et sont aux commandes de l’appareil d’État. Ils opposent les nécessités de la production, et mettent un coup d’arrêt au développement de la collectivisation. Ils mettent en avant le développement technique (la mécanisation) comme priorité par rapport à l’émancipation politique et à la transformation des rapports sociaux. Malgré des affrontements politiques avec le courant maoïste, ils ont réintroduit les primes et les salaires au rendement, une dose de propriété privée en faisant pression pour restreindre les communes populaires à la campagne. Sous couvert de « réalisme économique », il s’agit de revenir en arrière et « d’appâter » une partie des prolétaires avec des avantages matériels. Cette influence révèle la décomposition du lien entre le Parti et les masses dans de nombreux endroits, et la formation d’une petite bourgeoisie d’État, bureaucratique, dans les niveaux intermédiaires du Parti Communiste Chinois.

En 1962, Mao réagit et déclenche un « Mouvement d’Éducation Socialiste (MES) », une campagne politique pour « combattre l’individualisme et élever une conscience socialiste dans les masses ». Mao différencie les cadres « bons ou relativement bons, ceux qui sont rééducables après l’aveu de leurs fautes et de leurs erreurs, d’une petite minorité engagée dans la voie capitaliste » [2].

Le MES part du principe de l’enquête en invitant les masses à critiquer l’autoritarisme des cadres et leur servilité à l’égard du pouvoir. Les cadres responsables de province, de communes, les officiers supérieurs de l’armée doivent aller travailler pour les récoltes. Il en va de même pour beaucoup d’étudiants (encore très fortement d’origine bourgeoise) qui sont envoyés à la campagne pour les grands travaux. Les organisations de masse, de femmes, de paysans, sont redynamisées.

Mao affirme aussi que la lutte de classe trouve son expression au sein du Parti, et qu’il ne faut « jamais oublier la lutte des classes », ou alors « il se passerait peu de temps, peut-être quelques années ou une décennie, tout au plus quelques décennies, avant qu’une restauration contre-révolutionnaire n’ait inévitablement lieu à l’échelle nationale, que le Parti marxiste-léniniste ne devienne un parti révisionniste, un parti fasciste, et que toute la Chine ne change de couleur » [3]. Mao sonne ainsi la première charge politique à l’intérieur du Parti lui-même.

Dès le lancement du MES, les cadres révisionnistes réduisent les consignes à un travail administratif, par exemple la purification de la comptabilité au lieu de l’action et de la critique politique populaire.

Tactiquement les directives de Mao ne sont jamais critiquées frontalement mais réduites à une application bureaucratique. De fait, elles sont largement sabotées ! Le propre des révisionnistes est d’avancer en masquant leurs positions. Tous se revendiquaient sans cesse de Mao, et plus ils étaient engagés dans la voie capitaliste, plus ils se réclamaient du socialisme. Les maoïstes les accusaient « d’agiter le drapeau rouge contre le drapeau rouge ! » Il n’était pas facile de les démasquer aux yeux des masses et de différencier les amis qui se trompent des ennemis qui se cachent.

Ces luttes politiques sont le reflet, dans le Parti, de la lutte de classe qui continue dans la société. Ces évènements préfigurent par bien des aspects ce que va être la Révolution Culturelle, qui ne surgit pas d’un coup et de nulle part, mais exprime l’intensification des luttes politiques. Les maoïstes dans le Parti Communiste Chinois ont repris l’offensive politique. Mais la capacité de nuisance de la bureaucratie du Parti a été sous-estimée et s’est révélée plus forte que prévu. C’est ce qui poussera Mao à lancer une plus grande campagne de mobilisation des masses. Cette fois, la première cible qu’il désigne c’est le Parti Communiste Chinois lui-même : par le mot d’ordre Feu sur le quartier général ! C’est le début de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

La Révolution Culturelle, la « forme enfin trouvée de la lutte des classes sous le socialisme » (Mao) ?

La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne est lancée de façon volontariste par le courant maoïste comme un mouvement de critique, idéologique, et « culturel ». Il s’agit d’implanter plus largement les idées révolutionnaires dans la vie sociale. Les masses populaires sont encouragées à s’organiser à s’exprimer (sous forme d’affiches et de journaux muraux, les dazibaos). Il faut former une nouvelle génération de militants et de dirigeants communistes, pour assurer l’avenir de la Révolution. La critique prend une ampleur inattendue, dépassant largement l’objectif assigné de quelques hauts dirigeants engagés dans la voie capitaliste : critique large des directions en usine, de l’éducation, politisation de la jeunesse, et elle se transforme en révolution politique. Mao qualifie la GRCP de forme enfin trouvée de la lutte des classes sous le socialisme [4].

Pourquoi une révolution « culturelle » ?

La Chine de l’époque est encore marquée par des mentalités imprégnées de féodalisme, opprimant les femmes, les minorités, de superstitions... Les maoïstes critiquent aussi la persistance de la pensée de Confucius (philosophe du 4ème siècle avant J.C.), et sa « théorie du juste milieu » [5], qui devient doctrine officielle de la dynastie des Han (à partir du 3ème siècle) et perdure encore. Présentée comme une sagesse, même encore aujourd’hui, c’est pour les maoïstes la défense du conservatisme social au profit des puissants. De même, ils dénoncent la « théorie du lignage » (à père cadre révolutionnaire, fils cadre révolutionnaire), servant de justification au népotisme politique dans le PCC, la Révolution n’étant pas héréditaire !

Les maoïstes combattent aussi la « théorie du génie » [6] (au sein même du PCC), développant le culte de la personnalité et le culte du chef, dont Mao est l’objet via le Petit livre Rouge, créé par le militaire de l’Armée Populaire de Libération, Lin Piao [7], au début des années 1960, véritable « catéchisme de citations », ou encore son portrait étincelant rappelant les anciennes divinités contre lesquelles Mao luttait !

Les maoïstes mettent donc l’accent sur la lutte idéologique pour l’émancipation populaire, pour faire de la société toute entière une école. Ils lancent l’étude des œuvres de Mao, qui sont encore peu connues, plutôt que le Petit Livre Rouge, pour développer un esprit matérialiste et critique, ainsi que la théorie révolutionnaire.

Les débuts de la révolution culturelle prennent ainsi la forme de la critique d’œuvres littéraires. En novembre 1965, Yao Wen Yuan, un des futurs « quatre » [8], s’attaque à un cadre historien du Parti, mais la polémique sur la pièce de théâtre soulève en arrière-plan les problèmes économiques. Jiang Qing prône le développement de thèmes révolutionnaires dans la culture. Elle a déjà créé en 1964 un ballet moderne, « Le détachement féminin rouge » qui raconte un épisode de la guerre, au lieu d’empereurs, et de mauvais génies. Il s’agit de favoriser une culture égalitaire, sans préjugés, et qui parle de la vraie vie du peuple. Cette première phase, jusqu’au printemps 1966, est peu spectaculaire. Elle se déroule surtout au sein du Parti, secoue les cadres révisionnistes et déclenche une lutte acharnée.

Le courant maoïste à l’origine du lancement de la GRCP !

Au printemps 1966, une série d’articles de presse popularise la critique des directions en en place et l’expression publique par affiches. L’effervescence critique gagne le mouvement de masses. Le courant maoïste lance alors véritablement l’offensive dans tout le pays. Il y aura deux circulaires politiques exprimant la vision de la GRCP.

L’une en mai 1966 marque le début d’une lutte ouverte contre la fraction de Liu Shaoqi, et l’autre en août 1966 donne plus d’ampleur encore au mouvement. Les circulaires préconisent « d’éliminer les représentants de la bourgeoisie qui se sont infiltrés dans le Parti Communiste et qui s’opposent au drapeau rouge en arborant le drapeau rouge », de destituer les responsables pourris, jusqu’aux plus haut niveaux du Parti et de l’État.

Un des premiers responsables destitués est le maire de Pékin, rien de moins ! Mais dès le début, les révisionnistes essaient de saboter le mouvement de critique.

Les « groupes de travail » créés pour animer la révolution culturelle (pendant 50 jours en juin-juillet 1966) sous-direction de Liu Shaoqi (le Président de la République) et de Zhou Enlaï [9] (Secrétaire général du Parti), épurent massivement les cadres (des plus petits échelons) en assimilant à la « Bande Noire du révisionnisme » le plus grand nombre pour en protéger quelques-uns (hauts-placés). Ils accusent les activistes étudiants d’être contre-révolutionnaires et de désobéir aux ordres du Parti (alors que les directives du Parti étaient explicitement de faire « feu sur le quartier général ») en instruisant de véritables « procès ». Les groupes de travail seront très vite critiqués comme conservateurs. Ces méthodes seront caractéristiques des révisionnistes tout au long de la GRCP. Des étudiants et des travailleurs commencent à se regrouper en noyaux plus ou moins larges pour les combattre, groupes qui donneront naissance aux Gardes Rouges.

En août 1966, sous l’impulsion de Mao, la direction du Parti Communiste condamne ces « groupes de travail ». Cette seconde circulaire, dite « décision en 16 points », affirme que la résistance à la révolution est forte et pose les principes qui vont guider la révolution culturelle :

- accorder la primauté à l’audace et mobiliser sans réserve les masses,
- que les masses s’éduquent dans le mouvement,
- résoudre correctement (pacifiquement) les contradictions au sein du peuple,
- les cadres rentrent dans 4 catégories : bons ; relativement bons ; ceux qui ont commis des graves erreurs mais qui ne sont pas des droitiers antiparti et antisocialistes ; un petit nombre engagés irrémédiablement dans la voie capitaliste,
- faire la révolution et stimuler la production (mettre la politique au poste de commande).

Le courant maoïste dispose d’une influence politique, celle de Mao au Comité Central, et de leurs positions dans la presse, le Quotidien du Peuple, et le Drapeau Rouge. Ces journaux sont de véritables médias de masse, qui diffusent des consignes politiques et des analyses au fur et à mesure des évènements. Mais au final leurs moyens d’actions sont vite limités. Même si les militants révolutionnaires du Parti se battent au sein des « groupes rebelles » ouvriers, ils manquent de lieux et de temps pour centraliser les expériences et se coordonner. La structure du Parti est éclatée par la lutte de ligne. La GRCP se développe contre le Parti, gangréné par le révisionnisme, et donc quelque part sans Parti pour l’animer !

La jeunesse aux avant-postes de la Révolution Culturelle

Le système éducatif, maintenu ou revenu à l’éducation traditionnelle après le Grand Bond en Avant, est contesté de manière virulente. Les Gardes Rouges se constituent sur la base des noyaux d’étudiants, d’élèves et d’enseignants. Ils recrutent uniquement les enfants d’ouvriers et de paysans (et aussi des enfants de cadres du Parti, selon la doctrine du lignage, qui sera critiquée plus tard. Leur âge varie de 12 à 30 ans environ, mais la plus grande partie est lycéenne et a tout au plus 16-17 ans.

Le 18 août 1966, un million de Gardes Rouges manifestent à Pékin, et Mao, en portant leur brassard, officialise leur existence. Le port des uniformes rappelle les grandes heures de la Révolution. Mao donne pour mission aux gardes rouges de « bombarder les états-majors ». Ils ne peuvent jouer seuls le rôle décisif qui appartient à la classe ouvrière mais doivent être le catalyseur.

S’ensuit une semaine de violence dans les rues. Les gardes rouges s’efforcent de reprendre le pouvoir aux cadres jugés mauvais du Parti. Liu Shaoqi est attaqué sans être nommé par la presse. Puis Deng Xiaoping. Mais aucune sanction n’aboutit contre eux.

Les gardes rouges entrent dans les usines. Zhou Enlai insiste pour que cela ne perturbe pas le travail et la production. À Shanghai, les cadres révisionnistes du PCC appellent même les ouvriers à participer à la Révolution Culturelle en dehors de leurs heures de travail… Ils mettront toute leur énergie à empêcher les rapprochements entre étudiants et ouvriers. Exploitant l’inexpérience et les critiques maladroites des gardes rouges, partout où ils le pouvaient ils les présentaient comme des éléments contre-révolutionnaires, pour dresser les masses contre eux. Les révisionnistes ont délibérément cultivé le chaos et les contradictions au sein du peuple. Il y a à Pékin jusqu’à Trois Quartiers Généraux des Gardes Rouges. Le troisième, à l’initiative des gardes rouges de l’Université de Tsinhua à Pékin qui avait résisté aux groupes de travail, est attaqué en novembre 1966 par le comité d’action uni (enfants de cadres réactionnaires), ainsi que par un groupe ouvrier (armée des travailleurs rouges).

La classe ouvrière entre en masse dans la Révolution Culturelle

Des organisations de masses ouvrières sous la forme de « groupes rebelles » se créent. Le prolétariat est présent surtout dans les villes, en particulier à Shanghai où se développe un foyer révolutionnaire très important. Fin 1966, les organisations ouvrières à Shanghai accusent le maire d’appliquer la ligne pro-capitaliste de Liu Shaoqi. Les ouvriers sont entrés massivement dans la révolution culturelle, mais les cadres conservateurs sont tenaces et se cachent sous une ligne « de gauche en apparence mais de droite en réalité ». Ils s’appuient sur la frange conservatrice des travailleurs pour désorganiser la production. Ils poussent par exemple les ouvriers à quitter le travail pour aller protester à Pékin. Ils présentent les maoïstes comme voulant parler seulement de politique alors que les ouvriers veulent des augmentations de salaires. Ils les incitent à se cantonner à des revendications économiques, et à « se servir » sans tenir compte des écarts de conditions de vie avec les paysans, pour briser leur alliance. Ils encouragent à parcelliser les luttes et à multiplier les organisations concurrentes, pour provoquer la paralysie et montrer que révolution et production sont incompatibles.

Mais le mouvement ouvrier à Shanghai est expérimenté, du fait de la longue lutte contre les occupations impérialistes. Il y a déjà eu des tentatives de « communes » dans les années 1920. Le débat se polarise sur la question des règlements d’usine, et des cadres, entre les révisionnistes pour qui seulement une petite minorité de cadres est à remettre en question, les maoïstes qui veulent rééduquer ceux qui peuvent l’être, et un courant pour qui 95% des cadres sont pourris et qui veut « tout critiquer, tout abattre », tout de suite. Les affrontements entre organisations se développent, et rend difficile le travail politique d’unité entre groupes rebelles révolutionnaires.

Le 6 janvier 1967, une alliance de groupes rebelles (un tiers environ des quarante organisations du moment) parvient à prendre le pouvoir et la Commune de Shanghai est proclamée (en référence à la Commune de Paris). Les anciens cadres sont destitués. Mais cette situation très avancée reste minoritaire [10].

Le courant maoïste soutient la création de la Commune et y voit potentiellement une nouvelle forme de pouvoir généralisable à tout le pays. Mais Mao y voit une initiative trop isolée et prématurée dans la situation générale chaotique du pays. La Commune de Shanghai est transformée fin février 1967 en Comité Révolutionnaire de Triple Union. La Triple Union comprend des rebelles révolutionnaires, des membres de l’Armée Populaire de Libération, et les cadres qui ont soutenu le mouvement. Rebelles et cadres doivent être désignés par les masses.

Pour Mao, c’est un compromis politique, censé consolider la Révolution Culturelle en isolant la droite. Dans la réalité, ce sera beaucoup moins évident. Dans tout le pays, c’est une période de lutte intense pour la mise en place de ces nouveaux organes du pouvoir. Mao demande à l’Armée Populaire de Libération de soutenir les rebelles révolutionnaires et d’assurer la production industrielle, par la force si nécessaire. L’Armée Populaire de Libération (APL) « arbitre » les affrontements entre factions, mais elle est elle-même divisée entre révolutionnaires et révisionnistes. Ceux qui ont le soutien du Comité Central du PCC et de I’APL locale renversent les cadres pro-capitalistes, ailleurs ils restent souvent en place. Les militaires de l’Armée n’appuient pas toujours la gauche, et les révisionnistes qui y ont des soutiens en profitent pour intensifier la répression des rebelles.

L’été 1967 : point culminant de la Révolution ou « guerre civile générale » ?

De vastes mouvements se sont développés, des grèves, des affrontements violents avec les autorités, ou au sein même des rebelles, entre fractions révolutionnaires et conservatrices, des répressions violentes jalonnent la Révolution Culturelle, à l’échelle d’un immense pays comme la Chine.

Se succède une alternance de courant de gauche et de droite, des mouvements complexes d’avancées et de reculs des rebelles révolutionnaires ou les cadres destitués sont souvent réhabilités. Le processus de critique contre les cadres pourris est parfois l’occasion de règlements de compte et de vengeances personnelles, et l’occasion de lyncher un adversaire en l’accusant d’être contre-révolutionnaire.

Des groupes d’opposition issus du PCC apparaissent (comme le Shengwulian) qui jugent le PCC irrémédiablement passés aux mains de la bourgeoisie et appellent à refonder un nouveau Parti Communiste. Ils seront éliminés, comme de nombreux groupes rebelles de toutes tendances.

À l’été 1967, Mao parle de « guerre civile générale ». Le Comité Central du PCC, et notamment Zhou Enlaï, décident de reprendre en main la situation. Mao se range à leur point de vue. Décision qui se traduit par l’action de l’Armée Populaire de Libération, qui va désormais « rectifier » les gardes rouges rebelles, en commençant par leur faire rendre les armes (démilitarisation). Les comités révolutionnaires de la Triple Union sont maintenant composés à 50 % par l’Armée et le reste divisé entre cadres et rebelles (eux-mêmes représentés au début à 50/50 entre révolutionnaires et conservateurs !).

Des centaines de milliers de jeunes sont envoyés à la campagne, pour « se rééduquer » et disperser les organisations de gardes rouges. Ce sont aussi les écoles des cadres du 7 mai, basées sur la participation accrue des cadres au travail manuel et à la production.

La critique est recentrée sur un nombre plus réduit de cibles. Elle se concentre contre Liu Shaoqi, qualifié de « Khrouchtchev chinois », destitué, arrêté et emprisonné.

La Révolution Culturelle s’éteint. Ce sont les dernières luttes, dont les pires heures de la Révolution Culturelle, comme dans le Guanxi en 1968, où 4000 rebelles affrontent 30 000 soldats. De nombreux rebelles sont massacrés ou torturés. Sur cet épisode, on peut lire « Les années rouges » de Hua Linshan, témoin et protagoniste des évènements.

Au 9ème congrès du PCC en 1969, la moitié des membres du Comité Central viennent de l’APL. La Révolution Culturelle est présentée comme une victoire et une plus grande unité. Derrière cette façade unitaire, c’est une stabilisation politique qui fige la situation au profit de l’armée, pivot de la « reconstruction » du Parti.

De 1973 à 1975, le courant maoïste dans un dernier sursaut, lance un grand mouvement d’études marxistes sur la dictature du prolétariat, et amorce un premier bilan de la Révolution Culturelle. Des textes qui nourriront la construction de I’OCML-VP à la fin des années 1970 [11]. Cependant, la base sociale chinoise continue de se transformer dans le sens de la restauration capitaliste, qui aboutira immédiatement après la mort de Mao en 1976. La « bande des 4 » est éliminée et toute contestation réprimée violemment. Puis c’est le grand retour de Deng Xiaoping, qui fait de la Chine à partir de 1978 un pur pays capitaliste, toujours en arborant la faucille et le marteau, bien sûr.

Quelles sont les avancées réelles de la GRCP ?

À l’avant-garde de la Révolution Culturelle, il y a quelques expériences très importantes, mêmes si elles ne sont pas étendues à tout le pays.

Produire et travailler autrement, c’est possible !

Avant la Révolution Culturelle, les usines du secteur d’État étaient à la fois dirigées par le comité du Parti et gérées par le directeur de l’usine, désigné et pas élu. La composition du comité du Parti était en principe décidée par les membres du Parti de l’usine même, mais en réalité il arrivait très souvent que le comité du Parti soit désigné par les instances supérieures de l’appareil du Parti. La révolution culturelle a développé une critique de masse de la division du travail, des directions, de la place de chacun, du système des primes, des règlements d’usine….

La nouvelle gestion dans le cadre de la production se passait ainsi : tous les problèmes essentiels sont discutés et approuvés en réunion par les ouvriers (planification, perfectionnement technique, sécurité et protection du travail, etc).

Dans le cadre de la triple union, les ouvriers ayant l’expérience pratique (c’est la force principale), les techniciens et les cadres unissent leurs efforts. Ils permettaient à la classe ouvrière d’intervenir dans le domaine des sciences et des techniques, de s’émanciper petit à petit du savoir des experts. « Rouges et experts » était leur slogan.

La GRCP a entrepris de résoudre les écarts issus de la division du travail. Les cadres devaient participer au travail productif comme les ouvriers. Des universités d’usine étaient créées, pour former des techniciens à partir des rangs de la classe ouvrière.

La résistance de la ligne révisionniste a été considérable. La ligne maoïste s’opposait depuis longtemps à la ligne de Liu Shaoqi. Mao avait formulé en 1960 une Charte d’Anshan (pour les ouvriers de l’aciérie d’Anshan) qui n’a pas été appliquée avant 1964 et a été popularisée ensuite par la GRCP.

Voici ce qu’elle disait :

- Placer toujours la politique au poste de commandement,
- Renforcer le rôle dirigeant du Parti,
- Lancer vigoureusement des mouvements de masse,
- Appliquer le système de la participation des cadres au travail de production et des ouvriers à la gestion, réformer les règlements dans ce qu’ils ont d’irrationnel et assurer une étroite coopération entre cadres, ouvriers et techniciens,
- Encourager vigoureusement les innovations techniques et mener énergiquement la révolution technique.

Cette charte s’opposait au règlement en 70 points de Liu Shaoqi, copié sur le modèle soviétique, dite Charte de Magnitogorsk (du nom d’un combinat sidérurgique russe) et donnant la primauté aux experts et à la technique, et plaçant le profit et le rendement de la production au poste de commande. La GRCP avait critiqué le système des primes et des stimulants matériels (primes au rendement) comme développant l’égoïsme, renforçant le système du salariat, au lieu de le réduire pour l’abolir ultérieurement.

En critiquant les règlements abusifs, les ouvriers chinois critiquaient l’organisation du travail héritée du capitalisme, sous-tendue par le « profit au poste de commande ». Ces règlements protégeaient la division entre travail manuel et travail intellectuel, entre ouvriers et techniciens, au lieu de la réduire.

Deux expériences sont particulièrement popularisées pour être reproduites, celle de l’exploitation pétrolifère de Taking et celle du village de Tatchaï, qui reprennent les directives de la Charte d’Anshan.

L’agglomération industrielle (exploitation pétrolière) et agricole de Taking. À la fois urbaines et rurales, les agglomérations où vivent les ouvriers de l’entreprise et leurs familles sont reliées par un réseau routier. Une région industrielle socialiste de type nouveau commence à prendre forme, qui associe l’industrie à l’agriculture, la ville à la campagne, au lieu de développer l’un au détriment de l’autre. Les femmes sont pleinement associées à toutes les tâches de production comme de direction. Liu Shaoqi et ses acolytes critiquèrent les ouvriers de Taking pour s’être engagés dans les productions agricoles, disant que c’était « aller à l'encontre de la division du travail ». Ils accusèrent calomnieusement les femmes d’avoir « abîmé la prairie » en prenant l’initiative de défricher de nouvelles parcelles ! (Photo)

Tatchaï est une brigade de production agricole dans un village pauvre de montagne, en Chine du Nord. Il y a d’abord une lutte des paysans pauvres et moyens contre les paysans riches qui refusaient la collectivisation. Après quoi, au prix d’un travail acharné, tout le village a été aménagé, arraché à la montagne, des dizaines de culture en terrasse ont permis de développer les ressources. Il y avait un grand arbre où les anciens propriétaires fonciers battaient et pendaient les paysans pauvres accusés de vol ou autre, alors qu’ils voulaient juste se nourrir. Cet arbre était devenu un lieu de mémoire et de regroupement où ils apprenaient aujourd’hui le marxisme. La clé, c’était l’effort soutenu pour éduquer les paysans ; la clé c’était le facteur humain.

Apprendre et éduquer autrement, révolutionner l’enseignement !

Faire de la société toute entière une école de l’émancipation ouvrière, telle était la dynamique de la Révolution Culturelle. Éducation populaire contre éducation élitiste.

Mao avait dit : « Les écoles supérieures sont nécessaires. Toutefois, il faut réduire la durée des études, mener la révolution dans l’enseignement, et former un personnel technique issu des rangs des ouvriers. Les étudiants doivent être choisis parmi les ouvriers ayant une expérience de la pratique ; après quelques années d’études, ils retourneront à la pratique de la production. » [Cité dans Pour le Parti - Spécial Chine, 1978]

Le monopole de la compétence technique, source de hiérarchie dans l’organisation capitaliste du travail (et aussi des différences de salaires) est remis en cause par ce nouveau type d’enseignement. Capables aussi bien de fabriquer que de concevoir, capables de diffuser leurs connaissances parmi leurs camarades, les ouvriers- techniciens sont à même de diriger l’ensemble du processus de production. L’enseignement ne s’arrête pas à la formation de nouveaux experts, occupant la place des anciens : la révolution dans l’enseignement inclut le retour à la « pratique de la production ». Ces universités ouvrières (de même que celles mises en place à la campagne sur le même modèle) ont connu, à partir de la GRCP, un développement très rapide.

Les jeunes diplômés de l’enseignement secondaire doivent faire l’expérience du travail productif, connaître les conditions de vie et de travail des masses, participer à la lutte des classes dans l’usine ou à la campagne. Le recrutement des étudiants ne se fait plus selon le seul critère des connaissances intellectuelles et culturelles (examens), les étudiants sont choisis par leurs camarades de travail qui reconnaissent en eux la volonté et les capacités de se former pour servir le peuple. Apprendre, c’est aussi apprendre à ne pas mépriser le travail manuel, apprendre à utiliser ses connaissances pour transformer la réalité.

Une école bourgeoise « démocratisée » ne peut former que des cadres bourgeois avec des enfants d’ouvriers. La GRCP a montré que la révolution socialiste dans l’enseignement avait une autre dimension. (Extrait de Pour Le Parti - Spécial Chine 1978)

Penser autrement : Combattre les idées traditionnelles réactionnaires

Partie de la critique de pièces de théâtre, la Révolution Culturelle a mis en avant l’importance du bouleversement des idées reçues qui participent à la reproduction des systèmes de domination. Partout, dans les entreprises, aux champs, dans les écoles, à la maison, ces idées héritées des anciennes sociétés sont un frein au développement des idées révolutionnaires. Elles font partie des bases qui permettent à une société de se reproduire, mais elles sont dans chaque tête individuelle. Sur la place et le rôle assignés aux femmes dans la société par exemple, avec un mot d’ordre comme « ce qu’un homme fait, une femme peut le faire ; ce qu’une femme fait, un homme doit le faire ». L’aspect « culturel » de la révolution signifie cela : l’ampleur et l’enjeu décisif de réévaluer et changer les idées et comportements anciens qui en découlent, tout ce qu’on appelle l’idéologie.

La GRCP nourrit encore aujourd’hui les débats politiques !

Parce que la GRCP reste une expérience historique d’une portée immense, elle génère encore une lutte de classe autour de son bilan et de son existence. Comme l’écrivait Jean Daubier, historien français contemporain de la Révolution Culturelle : « La Révolution Culturelle constitue un défi général à la conception générale de la vie, aux sociétés dites de consommation, au culte de l’argent, à l’élitisme et à l’individualisme. Elle montre que la renaissance du pouvoir bourgeois en URSS n’est pas une fatalité pour les autres pays socialistes et que les valeurs exaltées par le capitalisme sont historiquement relatives et dépassables » [12].

Pourquoi la GRCP déchaîne-t-elle encore aujourd’hui la haine anticommuniste ?

Périodiquement, il n’y a qu’à voir à chaque anniversaire, les médias reprennent en chœur ce grand chapitre du « livre noir du communisme » qu’est la Révolution Culturelle !

La Révolution Culturelle est présentée comme une « guerre des chefs » autour de Mao, dirigeant omnipotent d’un Parti monolithique. Cela a l’avantage d’éliminer le « peuple », tous ces prolos et ces paysans suivistes, incapables, qui auraient été aux mains des élites pour faire régner la terreur. Car l’enjeu réel est bien là, pour la bourgeoisie : discréditer à tout prix, complètement et pour toujours, toute tentative de dictature du prolétariat.

La classe laborieuse (classe dangereuse pour la bourgeoisie) ne doit pas exister politiquement, elle doit être un « peuple » fictif et docile ! Elle ne peut pas diriger, elle ne doit jamais savoir diriger ! Car l’histoire et la mémoire des luttes est une arme pour nous, et donc aussi un champ de bataille pour la bourgeoisie !

Ces critiques se retrouvent chez un certain nombre d’intellectuels petits-bourgeois « démocrates » où transparaît clairement un mépris de classe, colonialiste de surcroît. Ceux-là même qui glorifient la Révolution française de 1789 ! Une des choses reprochées est la pratique d’autocritiques publiques, pancartes autour du cou, par ceux-là même qui pratiquent quotidiennement le lynchage médiatique télévisuel et hurlent avec les loups aux criminels, aux voyous à propos des militants radicaux, des syndicalistes, des immigrés, etc.

Ce qui est visé, c’est la critique par la Révolution Culturelle de l’origine sociale très favorisée et de la place des intellectuels de l’époque, qui furent envoyés travailler aux champs dans les mêmes conditions, certes très dures, que la masse des paysans ! Sont donc quasi toujours mis en avant des récits individuels biographiques d’intellectuels envoyés aux champs pour décrire toute la barbarie des communistes.

À ces critiques, nous ne répondons pas par des citations du Petit livre rouge, mais par l’analyse concrète des faits, qui ne sont encore que partiellement connus. Nous ne cherchons pas à minimiser les violences, et les morts, car la Révolution n’est pas un diner de gala, c’est une lutte de classe pour le pouvoir. Le nombre de morts pendant la Révolution Culturelle se monterait à presque 1 million [13]… se comptant au premier chef parmi les masses populaires, dans la répression après 1968. Mais c’est une falsification grossière de l’histoire de dire que Mao a ordonné lui-même des exécutions de masse.

De plus, c’est le pouvoir de Deng Xiaoping qui a fait systématiquement détruire toutes les archives, brûler les documents de l’époque, ce qui est un frein réel au travail critique des historiens aujourd’hui à la recherche de la vérité.

Les critiques « de gauche » faites à la GRCP

Plus intéressantes et d’une autre nature sont les critiques de gauche, qui regroupent sous des formes différentes le courant de l’opposition ouvrière (Rosa Luxembourg face à Lénine, voir Partisan Magazine n°4), des positions dites conseillistes et anarchistes, ou encore celles assez connues en France du philosophe Alain Badiou.

Ces critiques reprennent l’existence embryonnaire d’un courant politique de la RPC, « anti-autoritaire » voulant « tout abattre, tout dénoncer » selon les mots de l’appel de Shanghai du 8 février 1967. Ces positions ont en commun la mise en avant de la démocratie directe par la forme « communale », se prononcent contre l’État-Parti, et veulent passer de la prise du pouvoir à l’abolition de l’État tout court.

Reprendre le pouvoir central, le pouvoir d’État à la bourgeoisie, et le déconcentrer, le décentraliser sous la forme d’un pouvoir ouvrier : tout cela anime l’esprit et les directives de la collectivisation, de la pratique des milliers de communes populaires qui furent créées dès les années 1950 à travers toute la Chine. La dénonciation de la bureaucratisation, de la fusion du Parti et de l’État, ce sont des constats et des critiques justes, tirés du bilan des expériences révolutionnaires.

Nous prenons au sérieux ces critiques et nous ne les balayons certainement pas d’un revers de main. Cependant, de notre théorie politique et des leçons de notre pratique, et de celles du mouvement ouvrier avant nous, nous en tirons des objections.

Il est facile de désigner dans l’abstrait un ennemi à abattre (Bourgeoisie, État, Autorité, Hiérarchie, Parti, etc.), mais il est plus difficile de s’attaquer à la racine des problèmes, et de maitriser la critique et la lutte dans les faits.

En marxistes, nous ne jetons pas le Parti et l’État prolétarien avec l’eau du bain. Nous voyons la « nécessité » du Parti comme celle d’un État de type nouveau de dictature du prolétariat. Rien à rien à voir avec un modèle « fétiche », une marque de fabrique des communistes, il ne s’agit que d’outils et pas d'une fin en soi. C’est la forme qui a permis à travers l’histoire de prendre le pouvoir et de le garder un tant soit peu (pas assez longtemps encore) pour transformer la société, sans quoi les épisodes révolutionnaires se sont révélés éphémères (de cent jours à peu d’années). Le Parti et l’État sont des « stigmates », c’est-à-dire la marque que la société n’est pas majoritairement transformée. Lénine soulignait déjà en 1917 que « la transformation des rapports de production détermine le dépérissement de l’État » et du Parti, ou pas… si le pouvoir ouvrier ne progresse pas significativement dans les faits.

Décréter qu’on les supprime ne fait pas avancer plus vite la transformation des rapports sociaux et de production. Aucune forme ou règle collective d’organisation n’est à elle seule une garantie suffisante, ni la forme syndicat, congrès des producteurs, ni la forme Assemblée Générale… L’égalité comme principe « dans la loi » se proclame, mais l’égalité dans tous les aspects de la vie se construit, à commencer par l’éducation à prendre en mains toutes les questions politiques, économiques, écologiques… La seule chose qui est une garantie, c’est l’intérêt ouvrier réel en lutte, et l’implication consciente et active du plus grand nombre de travailleurs. C’est de réduire l’écart entre les prolétaires les plus conscient-es, qui sont les « leaders » au départ du mouvement révolutionnaire, et la masse… dans le partage des tâches de direction, d’organisation, de prise de parole, etc. Chasser un tsar, couper la tête d’un roi, enfermer des dictateurs ne suffit pas à supprimer l’existence collective de la classe exploiteuse. Même renversée, elle cherche toujours à réinvestir les lieux de pouvoir, peu importe ce qu’ils sont, et elle se dit rouge si le pouvoir est rouge…

Nous faisons aussi la critique, qui est au fondement de l’OCML-VP, du culte parfois aveugle de la spontanéité des masses, faisant fi des contradictions, des idées réactionnaires, de l’aliénation… Nous avons confiance dans la capacité des prolétaires à se libérer et à libérer l’humanité toute entière, mais nous ne sommes pas naïfs, ni conciliateurs. Mao avait surestimé cette confiance, en essayant d’unir 95% des masses à 95% des cadres, et il porte sa part de responsabilité dans l’échec final de la GRCP.

Débattons des enseignements de la GRCP !

L’appréciation de la fin de la GRCP a provoqué de vifs débats dans l’OCML-VP, malgré une étude approfondie sur plusieurs années. Les divergences portaient par exemple sur les positionnements du courant maoïste et la critique des décisions politiques de Mao. La question de savoir si la Chine était encore « socialiste » en 1967… L’organisation n’a pu à l’époque de l’étude se départager clairement sur l’expérience historique elle-même.

On retrouve une partie de ces débats dans les anciens numéros de la Cause du Communisme, n°12 à 14 entre 1998 et 2000.

Cependant, les leçons politiques tirées de l’expérience chinoise ont enrichi notre ligne politique et notre compréhension des tâches des communistes pendant le socialisme.

Pour neutraliser les nouveaux bourgeois, c’est la base matérielle de leur apparition qu’il faut changer, donc la transformation en profondeur, la révolutionnarisation de toute la société. La séparation entre l’État, investi par les ouvrier-es et prolétaires les plus conscient-es (ce qu’on appelle l’avant-garde), et la grande majorité des masses donne une base matérielle pour que se reproduisent des rapports de production capitalistes et une nouvelle bourgeoisie.

Seule l’action révolutionnaire pratique des masses est susceptible de créer progressivement les conditions de la disparition des rapports de production capitalistes et du développement des rapports de production communistes. Ce développement se réalise à travers l’élargissement du pouvoir, la suppression des classes et donc l’extinction de l’État.

La lutte politique, l’éducation et la lutte des classes, sont les moteurs de la transformation de la société !

Pour exercer leur action révolutionnaire, les ouvriers ont besoin de structures de masse à la base où s’exprime la démocratie prolétarienne, et où ils apprennent à prendre en main les affaires de la société toute entière. Ces structures apparaissent pendant le processus révolutionnaire, ce sont les soviets, ou conseils ouvriers. Ils sont le fondement, avec le Parti Communiste, de la transformation révolutionnaire des moyens de production et des rapports sociaux. C’est en leur sein, par le débat politique le plus large possible, et dans la lutte politique qu’ils préparent concrètement les conditions du passage au communisme.

Les soviets devront se doter de principes de fonctionnement qui leur permettent d’étendre le pouvoir parmi les masses.

Ces principes, ce sont :

- La lutte contre la délégation de pouvoir ;
- La révocabilité des élus par la base et le contrôle permanent des mandats ;
- La limitation de la hiérarchie des salaires ;
- L’aménagement du temps de travail pour permettre aux ouvriers de se former et d’accéder aux tâches de responsabilité ;
- L’organisation collective de la production ;
- Le droit d’expression et d’organisation, notamment syndicale ;
- La préservation et la garantie des droits de la minorité.

Ces principes sont la condition de l’élargissement du pouvoir. Mais ils ne sont pas en soi une garantie absolue. Et les expériences ont montré qu’ils peuvent s’affaiblir à la suite d’erreurs politiques, des combats contre la bourgeoisie et de la guerre impérialiste. Il faut entretenir sans cesse l’élan révolutionnaire, et s’assurer que de nouvelles générations prennent le relais des premiers « vétérans », car la période de transition est longue !

Construire l’unité au sein du peuple par la juste résolution des contradictions

Il faut poser les contradictions, à chaque pas, mais combattre l’esprit de clan, le sectarisme et toutes autres tendances réactionnaires bourgeoises visant à saper la direction exercée par la classe ouvrière. On l’a vu pendant la Révolution Culturelle, la multiplication des organisations n’est pas nécessairement source de démocratie et de pluralisme. Cela a aussi été source de concurrence, d’affrontements, de rivalités personnelles. Il faut donc toujours avoir à l’esprit le souci de l’unité la plus forte et la plus large possible. Unité au sein des exploités, qui ne consiste pas à mettre sous le tapis tout ce qui fait problème, mais à en débattre pacifiquement et à résoudre les désaccords par la voie de l’expérience et du bilan politique.

Une dure leçon, entre autres, de la Révolution Culturelle, est le rappel que l’unité est toujours transitoire et temporaire alors que les contradictions sont générales.


Faire vivre le Parti et la théorie marxiste !

La GRCP nous donne des chantiers pour la construction du Parti ici et aujourd’hui.

Comment préserver le Parti du développement du révisionnisme ? Mao malgré son expérience et son influence politique s’est retrouvé plusieurs fois minoritaire, de même que le courant authentiquement communiste…

Une des critiques que nous formulons a posteriori au PCC est qu’il semble avoir eu peu de vie démocratique en interne, par exemple par la tenue régulière de congrès. C’est souvent le premier symptôme de dégénérescence, et de bureaucratisation. Il n’y en a pas eu pendant des années ! Les luttes politiques se sont donc déroulées de manière rampante sans que la base puisse bien mesurer la lutte de ligne grandissante et sans doute se mobiliser, du moins assez tôt.

De même, le Parti en tant qu’organe collectif a délaissé le travail théorique, c’est-à-dire l’étude critique des contradictions et de la lutte des classes en cours. Sans une analyse concrète, critique et actualisée au fur et à mesure des avancées et des reculs, il devient impossible de comprendre et de savoir où est la bonne direction.

Enfin la critique déjà énoncée par Lénine de la fusion du Parti et de l’État doit être encore approfondie. Plus il y a de prolétaires éduqués et participant aux responsabilités d’organisation de la société, plus on réduit la fusion du Parti et de l’État, initiée par le manque de cadres ouvriers. De même, plus il y a de prolétaires éduqués qui prennent en charge toutes les affaires sociales, moins il y a besoin d’un État en tant que corps spécial et plus on décentralise les responsabilités et plus on a de chances de travailler à son extinction…

Il nous faut creuser encore comment assumer d’emblée la construction du Parti et son dépérissement à terme, mais dans un même mouvement. C’est un apport fondamental du maoïsme, d’avoir développé une façon de faire de la politique et des méthodes de travail luttant contre la délégation, pour devenir tous dirigeants, et tous dirigés.
 


[1La droite révisionniste : Liu Shaoqi, Président de la République, sera dénoncé comme le « Khrouchtchev chinois ». Chen Pota, maire de Pékin, lui aussi une des cibles de la Révolution Culturelle. Il sera arrêté et mourra en prison en 1969. Sa mémoire est réhabilitée par Deng Xiaoping. Ceux qui seront les liquidateurs de la Révolution, Deng Xiaoping et Hua Guofeng, successeur de Mao, apparu tardivement mais qui va arrêter et réprimer les maoïstes dans tout le pays. Et surtout Deng Xiaoping, qui a fait ses études en France, et vécu en Union Soviétique, il a même travaillé brièvement à Renault Billancourt. Dès les années 1960, il cherche à diriger une politique économique capitaliste, en alliance avec Liu Shaoqi.

[2Discours de Mao devant le Comité Central du Parti en septembre 1962, repris ensuite dans les circulaires de 1966 de la Révolution Culturelle.

[3Idem.

[4La formule fait écho à Marx « La Commune est la forme « enfin trouvée » par la révolution prolétarienne, qui permet de réaliser l‘émancipation économique du travail », dans La Guerre Civile en France, citation reprise par Lénine et transformée en « première forme enfin trouvée de la dictature du prolétariat ».

[5Seul le « milieu » est parfait, car une fois qu‘on se tient bien dans le « milieu », les choses ne peuvent aller à l‘extrême, et l‘ancienne stabilité qualitative des choses ne peut être détruite. En tant que conception de l‘histoire, cette théorie considère comme absolues et sacrées l‘ancienne forme socio-économique et sa superstructure ; elle nie la transformation révolutionnaire de la société, le mouvement de progrès de la société ; elle préconise les idées conservatrices, le retour à l‘ancien. La théorie du « juste milieu » de Confucius, Tcheh Kiun, 1975 http://chinepop.chez-alice.fr/chinepop2/justemilieu.pdf

[6La théorie du génie était portée par Lin Piao, à propos de lui-même, mais aussi de Mao. Elle instrumentalise la reconnaissance politique par les masses des dirigeants, vainqueurs de la guerre, pour la réduire au prestige individuel et servir des ambitions personnelles, comme si la justesse d’une ligne politique était le fait de « grands hommes ». Théorie dont on retrouve aussi le contenu en France dans l’enseignement de l’histoire.

[7Lin Piao ou Lin Biao : c’est un militaire, ex-ministre de la Défense, vétéran de la première heure de l’Armée Populaire de Libération. Il est l’auteur et l’initiateur du Petit Livre Rouge (recueil de citations de Mao diffusé dans les masses). Il entretient des liens avec l’URSS où il en tentera de s’enfuir en 1971. Il sera caractérisé « de gauche en apparence mais de droite en réalité » par le courant maoïste à l’issue de la Révolution Culturelle. De gauche, car il a notamment supprimé les grades dans l’armée, mais de droite en réalité car ce qu’il défend au final c’est le dogmatisme, un fort nationalisme, et le culte du chef.

[8Les communistes autour de Mao, que les révisionnistes appelaient la « Bande des 4 » dans un sens péjoratif, se référant à l’accusation de « bande noire du révisionnisme ». Jiang Qing (stigmatisée aussi pour être la compagne de Mao), Zhang Chunqiao, Yao Wenyuan et Wang Hongwen.

[9Ancien fondateur du PCC, diplomate, réputé habile, il a été Premier Ministre, puis Ministre des Affaires étrangères et enfin Secrétaire Général du Parti. C’est un centriste, très opportuniste, il soutiendra Mao tant qu’il sera fort, puis il s’alliera finalement à la droite.

[10Voir à ce sujet, la chronique du livre de Hongsheng Jiang, dans Partisan Magazine n°1, http://www.vp-partisan.org/article1376.html

[11Marx, Engels et Lénine sur la dictature du prolétariat, Mars 1975, http://www.vp-partisan.org/article1207.html

[12Histoire de la Révolution culturelle prolétarienne en Chine, Petite Collection Maspero, Paris, 1971

[13Chiffrage en 2009 par les historiens Roderick MacFarquhar et Michael Schoenhals dans la « Dernière Révolution de Mao », Éditions PUF, qu’on ne peut pas suspecter de sympathie envers le maoïsme.

 

Etudions l'histoire de la Révolution chinoise
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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 16:27

Une traduction spécialement dédicacée aux ultragauchistes qui considèrent qu'il n'y a pas de ligne rouge au Népal... et que ceux qui "fantasmeraient" là-dessus, c'est à dire ceux qui pratiquent l'internationalisme prolétariencontrairement à eux, ne feraient que "s'approprier le prestige" ( !) du maoïsme au Népal et maintenant en Inde (et seraient au passage des "cosmopolites" !!!). Car il faut bien comprendre ce qu'il y a derrière cette position : les opportunistes de droite népalais ayant l'appui de l'expansionnisme indien, voire du projet impérialiste chinois, et de toute la Réaction mondiale qui salue leur "engagement dans le processus de paix" ; la ligne rouge, sans la solidarité internationaliste, MOURRA et la révolution népalaise avec elle. En niant qu'elle existe, et donc en ne la soutenant (par définition) pas, les ultragauchistes se font encore une fois les zélés serviteurs du système impérialiste mondial, en accélérant la liquidation de la première révolution issue d'une Guerre populaire victorieuse depuis 1975. Ces manœuvres au service de la Réaction mondiale doivent être dénoncées par tous les vrais révolutionnaires internationalistes, impitoyablement, et tou-te-s ceux et celles qui ont étudié l'histoire du mouvement communiste international, savent ce qu'elles mériteront le moment venu.

Kasama

L'interview suivante avec Biplab (Netra Bikram Chanda), un membre important du Parti maoïste au Népal, a été réalisée la semaine avant l’élection de Baburam Bhattarai. À ce moment-là les ailes gauche et droite des maoïstes fonctionnaient (brièvement) ensemble pour affaiblir le Président en exercice du Parti, Prachanda (évidemment pour des raisons différentes). Cette situation a pris fin quand Bhattarai a commencé à désarmer et dissoudre l'Armée populaire de libération.

Les choses ont changé et les événements se sont enchaînés rapidement en quelques jours depuis que cette interview a été donnée. Cependant, elle donne toujours un sens à la lutte en cours pour le futur de la révolution au Népal, au sein du Parti maoïste.

Elle est parue tout d’abord sur le site Winter Has Its End (WHIE).
maoist torches
WHIE : Des divergences très importantes ont émergé dans votre Parti sur l'intégration de l'Armée. Pourriez-vous nous expliquer ceci ?

BIPLAB : Nous avons une lutte entre deux lignes en cours, dans notre Parti, sur la question de l'intégration de l'Armée populaire de libération (PLA). Cette lutte a été principalement ciblée sur Baburam Bhattarai, mais en ce moment elle s’est concentrée sur Prachanda. Prachanda affirme que nous pouvons aller de l’avant en acceptant les propositions d'intégration des forces réactionnaires au Népal.

Ils sont prêts à dissoudre, et non à intégrer l'Armée de libération du Peuple, qui a combattu pendant 12 années, dans l'armée du Népal.

Il est étonnant que l'armée du Népal ait formulé la proposition au sujet de l'intégration. Leur proposition leur offre la direction et désintègre l'Armée populaire de libération sous celle-ci. La PLA n’est pas traité comme des soldats de l’armée du Népal. La proposition suggère que la PLA soit mise de côté dans des bureaux locaux, ou devienne des gardes forestiers sans armes. Prachanda accepte leur proposition.

En ce moment, les armes de la PLA sont confinées dans des containers. Les partis du Congrès népalais et de l'UML [les partis corrompus pro-Indiens et de statu quo] exigent que ces armes soient détruites, et Prachanda sympathise avec eux.

Ils veulent diviser la PLA en deux factions où la plupart des personnes seront renvoyées à la maison, et un petit nombre seront intégrés. Nous n'accepterons pas ce plan.

Nous pensons que la ligne que Prachanda a prise est du révisionnisme de droite. Elle liquidera nos forces et armée. Elle mettra fin à la révolution. Nous ne l'acceptons pas.

Pour intégrer la PLA, deux choses doivent être consolidées :

- La majorité de la PLA doit être intégrée.
- La PLA doit diriger ses propres unités, et la PLA doit prendre des postes de direction dans l'Armée.

Nous voulons des unités libres et l'intégration collective. Ils refusent ces choses, et la lutte porte sur ces points.

WHIE : Précédemment, vous avez parlé de la réunion de Palungtar en octobre 2010. Pouvez-vous expliquer ce qu'était la réunion de Palungtar, et vos vues là-dessus ? Comment les choses se sont-elles développées dans votre Parti depuis Palungtar ?

BIPLAB : Palungtar était une très grande réunion de masse de notre Parti. Dans cette réunion, trois positions ont été présentées, mais en réalité il n'y avait que deux lignes.

Nous avons argué du fait que nous n'avons aucune autre option devant nous que de lancer l'insurrection du Peuple. Le Président Prachanda a argué du fait que l'insurrection est importante, mais nous ne pouvons pas mettre fin au processus de paix. Baburam Bhattarai nous a rétorqués qu'il faut rechercher le compromis avec les autres partis, et que l'insurrection n'est pas possible (pour le moment NDLR). Par conséquent, nous devons réaliser nos buts par de futurs amendements légaux.

Après six jours de discussion, nous avons tiré une conclusion en trois points :

 - Il n'y a aucune alternative à l'insurrection populaire.
 - Il n'y a aucune alternative à unifier le Parti.
 - Il n'y a aucune alternative à transformer ce Parti. Le Parti a été détérioré et nous devons le rectifier. L'esprit révolutionnaire et les révolutionnaires doivent diriger le Parti.

Malheureusement, Prachanda a laissé sa ligne au centre. La ligne de Prachanda n'a pas mis en pratique ces décisions.

Dans son document plus récent, Prachanda n'a même pas inclus l'insurrection en mot. Même Baburam Bhattarai pense que le dernier document de Prachanda est révisionniste de droite [rires]. Prachanda a fait des excuses à Bhattarai et dit qu'il avait peur d'être trop provocateur envers Bhattarai. Mais Bhattarai [rire], la droite de notre Parti, essayait d'obtenir de Prachanda de garder ce point. C'est assez étonnant. [NDLR : la jouer "de gauche" de temps en temps, lorsque l'on vise la direction suprême, c'est aussi cela le trotskysme ! ]

Après 23 ans à nous diriger, pour la première fois, Prachanda a perdu son leadership parmi nous. Les révisionnistes de droite vacillent dans notre Parti. Dans un avenir proche, nous voulons une réforme importante de notre Parti.

Ce conflit peut être utilisé par les partis réactionnaires du Congrès népalais et de l'UML. La plupart des réactionnaires ont félicité Prachanda, et demandé aux gens d'approuver sa ligne. Ils n'accompliront pas leur rêve...

Cette lutte de lignes continuera pendant toute la révolution, mais jour après jour les chances de Prachanda de pouvoir conduire la révolution continuent à diminuer. Si le Parti peut être réformé, nous avancerons ensemble.  Mais même si nous ne pouvons pas continuer ensemble, rien n'arrêtera la prochaine révolution du Peuple népalais.

WHIE : Comment évaluez-vous les tentatives de Baburam Bhattarai de devenir Premier ministre ?

BIPLAB : Nous livrons un type extraordinaire de lutte en ce moment. Bhattarai veut la direction du gouvernement, mais ne veut pas la révolution. Nous voulons la révolution, ainsi nous essayons de développer des manières d'aller au-delà des fissures entre Prachanda et Bhattarai. Nous avons discuté s'il était meilleur que Bhattarai ou Prachanda soit le Premier ministre, et tous les deux luttent pour cette position. En dernière analyse, nous (avons conclu que nous) avons la direction du Parti, et que si nous ne décidions pas, alors ni l'un ni l'autre ne peuvent devenir Premier ministre.

En réalité, les deux lignes sont très semblables. Nous pensons que lutter contre Prachanda est encore plus dur que lutter contre Bhattarai. C'est pourquoi nous avons soutenu Bhattarai pour devenir Premier ministre.
Nous constatons que les réactionnaires disent qu'ils soutiendront Baburam Bhattarai si nous l'envoyons pour l'élection. Mais si nous le proposons, soudainement ils soutiennent Prachanda. C'est intéressant, mais cela ne doit pas interférer (dans nos discussions).

Si Prachanda ou Bhattarai deviennent Premier ministre, cela n'importera réellement pas beaucoup. C'est le Peuple qui doit diriger la société népalaise.

Nous pensons que la vérité est que la Constituante (CA) ne va pas être dissoute pour de bon. Les analystes politiques lancent des avertissements contre l'anarchie et la dissolution de la CA… Ce n'est pas la réalité.

Les puissances étrangères et réactionnaires vont plutôt attendre trois mois une Constitution de compromis [plutôt qu'une nouvelle Constitution démocratique révolutionnaire préconisée par Biplab et Kiran], et utilisent cette période de transition pour casser l'esprit révolutionnaire des masses populaires. En dernière analyse, leur tactique est correcte. Elle ne mènera à rien de bon.

Nous n'accepterons pas une Constitution de compromis. Soit nous avons besoin d'une Constitution du Peuple, soit nous avons besoin d'une révolution.

La teneur principale de la lutte de lignes entre nous, d'une part, et Bhattarai et Prachanda d'autre part, c'est qu'ils pensent que la révolution peut être faite dans la superstructure. Cette lutte de lignes arrivera à sa conclusion. Il est impossible de faire la révolution à partir de la superstructure, dans notre conception (du monde et de la stratégie révolutionnaire NDLR).


Pour faire la révolution, nous devons mobiliser tous les facteurs révolutionnaires, pour ne pas compter sur les facteurs bourgeois
.

 

Il ressort bien, de cette interview, que Biplab représente la ligne la plus révolutionnaire dans la gauche du Parti maoïste au Népal. Jeune, Biplab montre que l'avenir de la révolution populaire démocratique au Népal est assuré : il y aura toujours suffisamment de cadres révolutionnaires pour apporter leur expérience de lutte et d'organisation aux masses populaires qui, ne l'oublions pas, SONT LES VRAIS COMMUNISTES. Voilà qui montre totalement le RIDICULE des gens qui affirment qu'il n'existe pas de ligne rouge dans ce Parti. Ces gens ne sont de toute manière pas maoïstes (puisqu'il nient la lutte de lignes et même l'existence de lignes dans le Parti népalais comme dans toute formation organisée du prolétariat). Comme SLP l'a expliqué dans un précédent article, et comme le montre leur mise en avant délirante d'un Staline qui n'a rien à voir avec la réalité historique, ce gens (ayant compris que la révolution viendra inévitablement) sont seulement là pour en être les cadres "éclairés" et conserver leur "importance" de petits bourgeois dans la situation révolutionnaire, puis la société socialiste. Face à eux, la ligne du prolétariat révolutionnaire est simple, elle est de les combattre impitoyablement ; comme le prolétariat népalais combat Prachanda et Bhattarai, qui ne sont finalement rien d'autre, mais en version opportuniste et collaboration de classe.

Au contraire, le maoïsme nous enseigne qu'on peut le nier tant qu'on veut (comme le faisaient Staline et les ML de son époque) les lignes existent qu'on le veuille ou non dans tout Parti révolutionnaire ; qu'elles sont le reflet (dans le Parti) des conceptions de classe présentes dans la société ; et que leur lutte est même un aspect essentiel du processus de lutte révolutionnaire pour la conquête du pouvoir, puis de construction de la nouvelle société. Le Parti représente le camp politique du prolétariat face au camp politique bourgeois ; il est uni dans l'action car le camp bourgeois, au delà de son grand nombre apparent de "partis", est uni (derrière l'Etat, les institutions capitalistes, les forces armées) ; mais les divergences en son sein (il suffit de voir le Népal, ou la Chine du temps de Mao) peuvent être aussi grandes que dans le camp politique bourgeois (et l'affrontement des positions, pour la victoire de la ligne révolutionnaire, est un aspect essentiel de la dictature démocratique du prolétariat). C'est d'ailleurs un facteur objectif, indépendant de toute volonté, que quand on s'approche de la conquête du pouvoir, et a fortiori face aux défis immenses après celle-ci, la gauche et la droite se renforcent dans le Parti et l'écart entre elles se creuse ; alors que quand l'objectif est encore lointain, l'ennemi de classe encore puissant et structuré, la tendance à l'unité du Parti est plus forte (c'était le cas au Népal jusqu'en 2005). Quand émerge une ligne opportuniste de droite, rien ne sert donc de s'exciter comme une puce, de s'étrangler de rage : il faut simplement la combattre, posément mais fermement, armé du "capital" de 160 ans d'expériences révolutionnaires...

 

Vidéo du rassemblement aux flambeaux, contre la liquidation de l'APL :

 


 
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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 18:54

 

Voici un article bourgeois (LibéLyon) sur le mouvement de protestation contre les conditions carcérales, à la prison de Corbas près de Lyon :

"Nous sommes privés de liberté et non de vivre" protestent des détenus de la prison de Corbas

PRISON - Plus de 200 détenus de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas ont signé une pétition pour demander l'amélioration de leurs conditions de détention, a indiqué dimanche l'avocat de l'un des détenus, confirmant une information d'Aujourd'hui en France.

Dans un texte en cinq points, rédigé cet été, les 225 signataires (qui indiquent leurs noms, numéro d'écrou et bâtiment) reprochent notamment à l'administration de la prison de les maintenir en cellule jusqu'à 24H/24, de les empêcher de cantiner (acquérir des produits en sus du minimum fourni par la prison) ou de limiter les activités sportives.

"Il n'y a aucune activité pour les détenus à Corbas", affirment-ils. "Ici, il n'y a que la lutte et la boxe. Huit détenus sur 600 y participent (...) et vous en avez 592 qui crèvent en cellule", est-il écrit.

"Comment cette administration peut refuser les PlayStation et autres effets personnels de ceux qui sont transférés à Corbas alors qu'ils ont été autorisés à cantiner ces biens dans d'autres établissement pénitentiaires ?", interrogent également les détenus, qui dénoncent un "abus de pouvoir".

A propos des cantines, "infectes", ils reprochent à l'administration de leur vendre les produits "au prix fort". "Cette prison vous met à la diète", poursuivent-ils.

"Nous sommes privés de liberté, et non pas de vivre", affirment les signataires dans ce texte.
Me David Metaxas, défenseur d'un des détenus à l'origine de la mobilisation - transféré depuis en centrale - a annoncé son intention de saisir dès aujourd'hui le procureur général de Lyon et le garde des Sceaux, Michel Mercier. "Il appartient à l'autorité de tutelle de faire respecter les droits des détenus" sans quoi "nous introduirons un recours administratif", a-t-il ajouté.

"On observe une longue série de dysfonctionnements" dans ce centre de détention, "on a serré la vis au maximum" et certains détenus "ne peuvent pas voir leur avocat" ou avoir des parloirs, selon Me Metaxas, qui accuse entre autres l'architecture de cette nouvelle prison, le manque de surveillants et la surpopulation carcérale.

Deux hommes et une femme ont mis fin à leurs jours à la prison de Lyon-Corbas depuis le début de l'été.

(AFP)

 

Hasard ou coïncidence, un mouvement similaire court actuellement aux Etats-Unis, après la très médiatisée (en Amérique du Nord) grève de la faim de Pelican Bay (un documentaire d'il y a quelques années avait montré les conditions effroyables de détention dans cette prison de haute sécurité californienne : isolement, division ethnique et guerre des gangs permanente, prisonniers tirés à vue depuis les miradors, viols etc.) :

PCR Canada

GRÈVE DE LA FAIM DES PRISONNIERS CALIFORNIENS
Le début d’un mouvement contre les prisons
Partisan No7Le 27 août 2011

La grève de la faim amorcée dans la section à sécurité supermaximale de la prison d’État de Pelican Bay en Californie a peut-être été temporairement suspendue à la fin juillet, mais la lutte pour les droits des prisonniers, y compris ceux des prisonniers politiques qui s’opposent au système capitaliste, est loin d’être terminée.

Les grévistes de Pelican Bay ont souffert d’une perte de poids extrême et ont vraiment mis leur vie en danger. Ceux qui ont participé au mouvement ont également été victimes de représailles, alors qu’on leur a retiré du temps de cour et certaines possibilités de travail. Les grévistes ont averti que de nouvelles actions de protestation seront entreprises si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Parmi ces revendications, on retrouve une nourriture suffisante, la fin de l’isolement carcéral à long terme, l’abolition de la politique qui force les détenus à fabriquer des mensonges au sujet de leurs codétenus, et la fin des punitions de groupe fondées sur la race.

La suspension de la grève se voulait une démonstration de bonne foi, en réponse aux concessions symboliques faites par les autorités carcérales de l’État (on a par exemple permis aux détenus d’apposer des calendriers sur les murs de leurs cellules, quoiqu’à leurs propres frais). Les autorités se sont de plus engagées à étudier la possibilité d’apporter d’autres changements plus significatifs.

Au Canada, le nouveau projet de loi du gouvernement conservateur en matière de lutte à la criminalité coûtera quelque 5 milliards de dollars. Les coûts pourraient même augmenter jusqu’à 15 milliards de dollars d’ici 2015! On prévoit que la population carcérale augmentera de 30% à la suite de sa mise en vigueur.

Plus de 2 500 cellules supplémentaires seront construites au sein des institutions existantes; cela aura pour effet que des établissements à sécurité moyenne seront convertis en établissements hybrides. En général, les prisons dans lesquelles on retrouve plusieurs niveaux de sécurité sont gérées comme si elles étaient à sécurité maximale. Les personnes qui devraient être détenues dans des conditions de sécurité minimale sont alors soumises à un environnement faits de fils barbelés et de miradors. Ce sont les pauvres, les personnes marginalisées et les «fauteurs de trouble» qui osent prendre la parole qui se retrouveront dans ces nouvelles cellules.

Non seulement les prisons géantes cachent-elles les ravages que le capitalisme sème dans les communautés, mais elles sont également utilisées par le gouvernement canadien comme un moyen de financer ses amis au sein des grandes sociétés. Nous devons dénoncer cette volonté de la part de nos oppresseurs d’envoyer en prison un plus grand nombre encore de nos camarades. Nous devons lutter pour la liberté de tous les prisonniers et toutes les prisonnières!

Pour plus d’information:
prisonerhungerstrikesolidarity.wordpress.com

 

Bien sûr, des petits malins trouveront rigolo de qualifier cette article de "mal venu" : "et vous les communistes alors, ça vous connaît les prisons, les camps de travail, le goulag" etc. etc.

Certes, les systèmes pénitentiaires soviétique ("goulag", nom sinistre mais qui veut simplement dire... administration pénitentiaire) et chinois ("laogai" qui veut dire "rééducation par le travail") n'étaient pas des lieux de villégiature tous roses bonbon. Certes, il était sans doute largement prisonnier des conceptions limitées de son époque, abstraction faite de la juste haine de classe contre les réactionnaires... Néanmoins, l'idée y était déjà : "rééduquer", réhabiliter, améliorer le condamné et non l'éliminer, pendant un certain temps ou définitivement.  Le système capitaliste, avec ses inégalités et sa mentalité de "guerre de tous contre tous", produit irrémédiablement des délinquants et des criminels, soit pour l'appât du gain, soit que leur rapport aux autres soit venu à relever du trouble mental. Face à cela, la société capitaliste élimine, son système pénal est purement "immunitaire" (sans compter, bien sûr, la répression politique des révolutionnaires et autres insurgé-e-s). La société socialiste, elle, en dehors d'exercer la dictature du prolétariat contre les réactionnaires, se donne pour but de réhabiliter les individu-e-s que le capitalisme a rendu-e-s inaptes à la vie en collectivité (en plus, bien sûr, de faire disparaître les causes sociales de la criminalité !). La peine de mort, plusieurs fois abolie et rétablie (puis conservée définitivement par les révisionnistes...) ne concernait que les crimes contre-révolutionnaires ou de droit commun les plus graves (en Chine, elle était beaucoup plus rare qu'aujourd'hui !). Les peines excédant 10 ans étaient rarissimes (et généralement pour activité contre-révolutionnaire grave). Et le travail obligatoire, aujourd'hui mis en parallèle avec les travaux forcés de Cayenne ou du Sud des USA, voire avec les camps nazis (où il visait à tuer !), ne visait pas à "faire expier" mais avant tout à "réapprendre la vie sociale". D'ailleurs, il était généralement rémunéré ! Bien sûr, les méthodes du 20e siècle n'étaient sans doute pas au point, et dans beaucoup de cas ce fut un échec ; et bien sûr il y avait des gens jugés "non-réhabilitables" qui ne le seraient pas aujourd'hui. Ce n'est pas un modèle pour les communistes d'aujourd'hui, que ce soit bien clair. La "manière socialiste" de réduire (et un jour, faire disparaître) la criminalité est encore (presque totalement) à imaginer...

Ce qu'il faut dire, et sur quoi il faut bien insister, car il faut faire le bilan critique des expériences socialistes passées sur la base de la réalité et non de la propagande, c'est que le système pénal socialiste n'était pas cet "archipel" de camps d'extermination par le travail, le froid et la faim, que nous décrivent les propagandistes contre-révolutionnaires, notamment le célèbre tsariste, pro-Franco et pro-Pinochet SOLJENYTSINE, dont le premier torche-cul qualifié de bouquin était consacré à se scandaliser... d'avoir été soigné de son cancer (!), mais aussi d'autres, comme Robert Conquest. Il suffit pour s'en convaincre de lire cette étude, en insistant bien sur le fait (même si le site est "stal") qu'elle se base pour l'essentiel sur des travaux d'historiens OCCIDENTAUX et ANTICOMMUNISTES (mais simplement épris de vérité historique) : Ce que les études russes montrent*. Rien à idéaliser, rien dont on puisse chanter les louanges, mais un système pénal finalement très (trop ?) ordinaire (c'était en URSS, en Chine c'était encore différent).

A la même époque, comme encore aujourd'hui mais de manière plus "soft" et "présentable", le système capitaliste visait à l'élimination des "monstres" qu'il a lui-même engendré (et bien sûr, mais c'est une autre histoire, de ceux et celles qui le contestent un peu trop radicalement). Ainsi le célèbre "bagne de Cayenne" (ensemble de colonies pénitentiaires en Guyane), où la mortalité atteignait... 40% en 1942 (18% la même année dans les camps soviétiques, pour les mêmes raisons : difficultés de ravitaillement pendant la guerre). Les marlous de la "Belle" époque parlaient d'ailleurs de "guillotine sèche". Et encore, c'était un bagne pour "blancs" : on n'ose donc imaginer ce qu'il en était dans les bagnes pour colonisé-e-s.

Dignes ancêtres pour les POURRISSOIRS que sont aujourd'hui les prisons en Hexagone et dans tous les pays capitalistes occidentaux...

[ Toujours intéressant à étudier : le célèbre Surveiller et Punir de Michel FOUCAULT ]

[ * Ainsi, à titre d'exemple, la mortalité en prison aujourd'hui en France se situe entre 0,4 et 0,5% (39 à 49 pour 10.000). C'était le taux du "goulag" en 1952-53, lorsque la médecine a commencé à approcher de son niveau actuel - et c'était, pourtant, l'époque où il y avait le plus de prisonniers ! ]

 


 

 

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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 08:56

 

Coup pour Coup

Nous reproduisons ci-dessous la déclaration d'Ilham Hasnouni faite après sa sortie de prison dans la ville d'Essaouira au Maroc.

299357 265928926751653 100000036433691 1111170 6496625 nSalutations militantes à toutes et tous les camarades, ainsi qu’à tous les militants authentiques.

Salutation de gloire et d’éternité à tous les martyrs du peuple marocain, et à leur tête au martyr de la ligne idéologique et politique marxiste-léniniste-maoïste Abdrrazak Algadiri.

Grande salutation aussi à tous nos détenus politiques, dont les camarades Mourad Achouini, Abdelhak Atalhaoui, Youssef Alhamdiya et le camarade Elkabouri et son groupe.

Salutation enfin à tous les présents, au comité organisateur de l’accueil de la camarade Ilham Alhasnouni ainsi qu’à l’Association Marocaine des Droits de l’Homme.

Salutations rouge à tous les communistes, au niveau international.

Nous savons tous que la question de la détention politique est une question de classe liée à celle du système de l’Etat de classe. En finir avec la détention signifie en finir avec les conditions qui la produisent, ce qui signifie détruire la structure même de cet Etat.

Parmi les tâches qui nous incombent, à nous militants communistes, se trouve la nécessité de maintenir et de consolider les libertés politiques et syndicales, et en particulier dans leur acception actuelle. Il nous revient aussi de lutter pour la libération de tous les détenus politiques, de combattre la détention politique et sur le plan stratégique ou à long terme de lutter pour la construction de la démocratie nouvelle.

Certains prétendent que ces libertés ont été renforcées à travers le mouvement du 20 février ou grâce à l’organisation de sit-in et de marches et que tout cela a constitué une grande avancée ; en réalité, ceci ne constitue qu’une simple goutte d’eau dans l’océan, quand on sait que la détention politique au Maroc continue à sévir et quand on sait surtout que les tâches de la révolution nationale démocratique populaire n’ont pas encore été réalisées.

J’appuie les propos du camarade qui a signalé que nous avons encore au Maroc des détenus politiques. Ma libération ne signifie aucunement que la détention politique est terminée ; bien au contraire : il existe encore de nombreux détenus politiques dans notre pays. Nous sommes aujourd’hui à Essaouira, où se trouvent enfermés les camarades Mourad Achouini et Youssef Alhamdiya ; profitons de cette occasion qui nous est donnée pour leur exprimer notre soutien matériel afin qu’ils sentent qu’ils ne sont pas isolés et qu’ils ont des camarades qui continuent à lutter à leur côté. Les camarades subissent des conditions de détention inhumaines dans des geôles innommables ; demain, afin de leur apporter notre solidarité, organisons un sit-in de soutien devant la prison d’Essaouira.

Ici, je veux aussi mentionner le cas de notre camarade Abdelhak Atalhaoui ; c’est un communiste qui milite dans l’Union Nationale des Etudiants du Maroc, et en particulier au sein de la tendance La Voix Démocratique Basiste d’obédience marxiste-léniniste-maoïste ; il est aussi un militant du mouvement du 20 février. Or jusqu’à aujourd’hui, il continue lui aussi à croupir dans la prison innommable de Boulmahrraz à Marrakech et à purger ses quatre ans d’emprisonnement ferme. Cette situation nous impose de lui apporter un appui important, et en particulier le jour de son procès qui aura lieu le 07 septembre 2011. 

La détention politique au féminin a connu aussi une évolution importante ces derniers temps, cela se note en particulier par la détention aujourd’hui de plusieurs groupes de femmes ; ceci démontre que l’implication de la femme marocaine ne se limite plus à son rôle domestique, dans la cuisine et le reste de la maison et à son rôle de génitrice, mais que désormais les femmes marocaines sortent dans la rue pour participer aux manifestations, exprimer leurs opinions et lutter au sein des organisations communistes et non-communistes afin de conserver et consolider leurs revendications légitimes. Par-là, elles arborent et défendent des lignes idéologiques et politiques qui effraient les hommes les plus sûrs d’eux-mêmes et tous ceux qui s’affirment forts et solides.

De cette tribune, je voudrais saluer également mes camarades femmes marxistes-léninistes-maoïstes : Zahra Boudkour condamnée à deux ans de prison ferme, la camarade Meriem Bahamou condamnée à six mois de prison ferme, la camarade Loubna Affriat condamnée à trois mois de prison ferme et la camarade Fatima Zahraa condamnée à trois mois d’emprisonnement ferme. 

Enfin, j’affirme que la force du mouvement réside dans la force des masses populaires et que la faiblesse du mouvement est le produit de la faiblesse de ses dirigeants. Ceci nous impose, à nous en tant que militants et pratiquants de la politique, de porter une attention sérieuse à la construction d’une direction idéologique et politique solide et claire ; ce qui ne peut se réaliser qu’à travers la construction des trois instruments de la révolution : le parti, le front et l’armée populaire.

Restons résistants et combattifs dans la lutte.

 

Liberté pour Abdelhak Talhaoui


Et concernant Abdelhak Talhaoui, voici ce qui a été publié sur le Facebook d'un militant marocain :

Le détenu politique Abdelhak Atalhaoui comparaîtra pour son procès le 07 septembre 2011 tout en étant en grève de la faim.

 

par Maoiste Marocrevolution, lundi 5 septembre 2011, 00:58
Le détenu politique Abdelhak Atalhaoui comparaîtra pour son procès le 07 septembre 2011 tout en étant en grève de la faim. Le camarade a, en effet, décidé d’entamer deux jours de grève de la faim, le 06 et le 07 septembre 2011, comme premier avertissement. Voici sa déclaration :

 

Le 07 septembre prochain se déroulera la deuxième partie du procès fomenté à mon encontre, après que le tribunal de première instance m'ait condamné à 4 ans de prison ferme - peine dont je viens déjà de purger 5 mois.

Avec 5 de mes camarades - dont deux ont purgé déjà 4 mois de leur peine -, j'ai été arrêté suite à la glorieuse marche du 20 février, durant laquelle les masses populaires par dizaine de milliers ont manifesté pour imposer leurs revendications de transformation radicale et pour dénoncer les décennies d'exploitation et d'oppression que le régime actuel et ses acolytes ont exercé et continuent d'exercer aujourd'hui encore. A la suite de cette manifestation, ont eu lieu des vagues massives d'arrestation et de poursuite à l'encontre de dizaines de militants et à l'encontre de centaines de fils du peuple marocain, et ces arrestations se sont soldées par de nombreuses condamnations à des peines d'emprisonnement ferme. Par cette répression, le régime cherche à empêcher le peuple marocain de réaliser ses aspirations pour une transformation radicale et globale, et tente en même temps de créer "l'exception marocaine" - et cela, même s'il est conduit à tuer un tiers du peuple et à jeter le reste de la population dans les geôles du pays.

 

Mais le peuple marocain, - ce héros qui n'a eu de cesse de combattre le colonialisme d'antan et l'impérialisme actuel, en sacrifiant les meilleurs de ses fils comme martyrs - n'acceptera jamais cette soi-disante "exception marocaine".

Nous appelons les masses populaires à accentuer sa lutte jusqu'à la victoire ; et à l'opinion publique nationale et internationale, nous disons ce qui suit :

- je déclare la volonté qui est la mienne d'entamer une grève de la faim de deux jours, le 6 et le 7 septembre prochains

- nous dénonçons la répression féroce que subissent les différentes couches des masses populaires (ouvriers, paysans, étudiants, chômeurs, et le mouvement du 20 février)

- nous dénonçons aussi les procès fomentés que j'ai subis et que subissent tous les détenus politiques au Maroc

- nous dénonçons aussi les conditions inhumaines que j'endure et qu'endurent les détenus politiques dans les prisons de l'oppression et de la misère au Maroc

- nous revendiquons ma libération immédiate et sans condition ainsi que celle de tous les détenus politiques

- nous revendiquons aussi la levée de toutes les poursuites menées à l'encontre des militants

- nous exigeons que tous les tortionnaires soient jugés et condamnés

- nous exprimons notre solidarité inconditionnelle avec la lutte de toutes les couches des masses populaires, et en particulier avec celle qui oeuvre à la transformation radicale et globale.

- nous exprimons aussi notre solidarité avec tous les détenus politiques et en particulier avec les camarades Mourad Chouini et Youssef Alhamdiya

- nous exprimons notre solidarité avec la lutte de tous les peuples qui aspirent à se libérer du joug de l'impérialisme et du colonialisme, et avec la lutte de la classe ouvrière et de tous les opprimés dans les centres impérialistes.

 

Vive la lutte du peuple marocain !

Vive toutes les luttes de tous les peuples du monde !

Liberté pour tous les prisonniers politiques !

Le détenu politique : Abdelhak Atalhaoui

numéro d'écrou : 10239


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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 16:01

 

Bon, c'est pas tout ça, mais après un 150e article sur la Libye (pour dire toujours la même chose, qu'un enfant comprendrait), il se passe au pied de l'Himalaya des choses BEAUCOUP PLUS IMPORTANTES pour la nouvelle révolution mondiale, que le "licenciement" musclé d'un ancien zélé serviteur par ses maîtres françafricains...
La situation au Népal est donc à un instant décisif ; instant décisif que les centristes autour du leader Prachanda auront réussi à reculer pendant 3 ans. Décisif non seulement pour le Peuple népalais, mais aussi pour toute la région et le monde. Car pour toute analyse marxiste un peu sérieuse, il est clair que le mouvement communiste le plus avancé au monde, quantitativement ET qualitativement (Guerre populaire dirigée par un Parti maoïste), se trouve dans l'Etat indien ; que l'Inde pourrait être la nouvelle URSS du nouveau mouvement communiste mondial ; et que le développement (ou au contraire la liquidation !) de la révolution populaire au Népal est d'une très haute importance pour le mouvement communiste de son grand voisin (et inversement : c'est en lien dialectique).
 
Il y a depuis toujours, et donnant particulièrement de la voix depuis les "accords de paix" de 2006, une très importante LIGNE DE DROITE dans le Parti maoïste népalais. Ceci est une réalité objective à TOUS les Partis communistes de la Terre et de l'Histoire : il y a toujours des éléments qui sont plus touchés par l'influence idéologique de la bourgeoisie, d'autres beaucoup moins, d'autres presque pas ; il y a donc dans tout Parti communiste une GAUCHE, un CENTRE et une DROITE (et, par conséquent, toute TACTIQUE - indispensable au progrès du mouvement communiste - porte en elle le risque de révisionnisme, de mutation en stratégie, si la droite l'emporte dans la lutte interne : le meilleur exemple est bien sûr le PCF de Thorez, en alliance à partir de 1934 avec la social-démocratie et l'aile gauche de la démocratie bourgeoise, tactique (prônée par l'IC) mutée en stratégie).
Mais il y a, à son importance au Népal, deux raison essentielles :
- le contexte international encore largement défavorable, isolant ce petit pays de 150.000 km², quasi enclavé dans le deuxième pays du monde en population (l'Inde) ;
- la "surprise" qu'a été, pour les maoïstes, la victoire de 2006 : ils contrôlaient pratiquement tout le pays et encerclaient la capitale, mais ne parvenaient pas à la prendre ; c'est alors qu'a éclaté un mouvement populaire emmené par les partis "démocratiques" bourgeois contre la dictature personnelle du roi, conduisant au renversement de celui-ci. Ceci a perturbé les plans des maoïstes, qui pensaient mener une Guerre populaire "classique" et "jusqu'au bout", c'est à dire jusqu'à la prise militaire de la capitale. Cette "victoire surprise" s'est avérée extrêmement perturbante, et a pu conduire beaucoup de militant-e-s a des illusions sur les partis "démocratiques" bourgeois.
 
Sur la situation au Népal, Servir le Peuple a toujours affirmé bien haut deux choses (face aux délires des ultra-gauchistes, et bien sûr face aux révisios de tout poil "célébrant" la dérive droitière) :
- il est totalement erroné de considérer que la lutte de lignes dans le Parti népalais s'est terminée en 2006, le jour de la signature des "accords de paix" (alors que de très importants dirigeants révolutionnaires étaient en prison en Inde), et que le Parti est dès lors "révisionniste". Aucune lutte de lignes n'est pliée en quelques jours ou quelques semaines. C'est la même conception métaphysique que celle qui considère que le jour de la mort de Staline (1953), l'URSS est passée du "paradis socialiste" (comme s'il n'y avait aucun problème !) à l'enfer social-fasciste, qu'elle est devenue alors l'équivalent mondial de l'impérialisme US ou du Reich nazi avant 1945. Ou encore, que d'affirmer que le PCF est devenu révisionniste le jour du dépôt des armes en 1945 : ceci était bien sûr un aboutissement, cela faisait déjà plus de 10 ans que Thorez et Duclos "travaillaient" le Parti au révisionnisme social-républicain petit-bourgeois, à coup de "Peuple de France" interclassiste, d'"accents mêlés de la Marseillaise et de l'Internationale", d'abandon de l'anti-colonialisme alors que l'Empire était (et est toujours) le "secret de l'impuissance" du prolétariat de l'Hexagone, etc. (certains auteurs - comme Hoxha - mettant même en doute que le PCF ait jamais été léniniste...).
- deuxièmement, même si ça n'a jamais été dit aussi clairement, il est erroné de se concentrer sur Prachanda. La "Voie Prachanda" n'est PAS une idéologie cohérente, c'est un fourre-tout, bourré de contradictions et de lieux communs marxistes. Prachanda est simplement un de ces "leaders éclairés" qui pullulent dans l'histoire du mouvement communiste international, pensant avoir "révolutionné" le marxisme. Ce qui l'intéresse, c'est d'être sur le pavois, acclamé par la foule et recouvert de colliers de fleurs. Dans ce seul et unique but, Prachanda est un OPPORTUNISTE au sens commun du terme : il va vers où le vent souffle, tout en essayant toujours de mettre tout le monde d'accord... Sa position dépend du rapport de force, du "pôle d'attraction" le plus puissant, entre la gauche et la droite du Parti. C'est pourquoi la cible prioritaire doit être BHATTARAI. Baburam Bhattarai, lui, a une vision cohérente, et cette vision politique, c'est le MENCHEVISME : il n'est "pas possible" de mener directement une révolution populaire de nouvelle démocratie, car le pays est "trop isolé" (trotskysme), il faut donc appuyer une "démocratisation bourgeoise" et la révolution populaire viendra en temps voulu (conception dénoncée par Lénine dès les années 1900 en Russie, puis balayée par Mao, Ho Chi Minh etc.)... C'est pourquoi (on peut le dire maintenant que Bhattarai, devenu Premier ministre, tombe allègrement le masque), l'accord "tactique" de la gauche avec lui, contre les "méthodes autoritaires" de Prachanda, était une erreur.
Si la droite autour de Bhattarai est liquidée, dégagée du Parti (et alors probablement satellisée par l'U"ml"), et que le rapport de force se modifie en conséquence, Prachanda suivra le mouvement, bien sûr comme pur suiveur et plus comme le leader qu'il a été, et en tentant toujours de le freiner, mais en n'ayant plus les forces pour le faire.
En revanche, si c'était la gauche, finalement minoritaire, qui faisait scission (comme le souhaite ouvertement le Congrès népalais, parti de la droite bourgeoise), il est probable que Prachanda reste dans le "gros" Parti, afin de conserver son statut de "personnage important".
Mais peu importe, dans tous les cas ! Car cette focalisation sur Prachanda vient de la conception métaphysique qu'ont certain-e-s de la jefatura, du "grand dirigeant" du Parti : à partir du moment où celui-ci dérive à droite, le Parti est "foutu". Ces gens sont incapables de concevoir que le Parti népalais a un fonctionnement démocratique, et que le débat franc et ouvert y fait rage, quasi sans interruption, depuis les accords de 2006 ! Prachanda n'a, finalement, pas grande importance : il faut penser en termes de gauche, centre et droite ; Prachanda se raccrochera bien à la branche qu'il veut... Il n'est EN RIEN irremplaçable ; des dirigeants révolutionnaires très reconnus et expérimentés existent en dehors de lui, comme Kiran, Gaurav ou Basanta. Ceci contrairement à Gonzalo pour le PC du Pérou, ce qui fut la cause de l'effondrement de ce dernier après son arrestation.
Quant à Bhattarai, il devra tôt ou tard répondre de sa HAUTE TRAHISON devant un Tribunal du Peuple, et recevoir un châtiment exemplaire. Car même si sa manoeuvre contre-révolutionnaire triomphe pour le moment, la victoire de la révolution au Népal est inéluctable en définitive...
Bhattarai qui justifie son trotskysme pratique par la nécessité de lutter "en priorité" contre la "réaction locale", donc pour une "démocratisation"... Alors que Kiran a très justement défini le problème principal comme celui de la TUTELLE INDIENNE, car celle-ci protège l'oligarchie compradore-bureaucratique-terrienne du pays, et tant qu'elle durera, il n'y aura rien à tirer de la bourgeoisie "nationale" : pour manger une banane, il faut enlever la peau ; là encore, même un enfant de 5 ans (et même un vegan...) est en mesure de comprendre.
 
Reste donc à voir comment va se résoudre cette lutte sans précédent, contre la manœuvre contre-révolutionnaire la plus ouverte de la droite liquidatrice depuis 2006.
Mais voilà : c'est dans ces moments là qu'il faut savoir si l'on est MAOÏSTE ou "staliniste", autrement dit, si UN SE DIVISE EN DEUX ou s'il faut préserver "l'unité" de façade du Parti à tout prix, c'est à dire au prix de concessions qui n'ont pas lieu d'être. Une "unité" sacralisée comme un totem auquel on ne peut pas toucher... C'est ce que fait Prachanda depuis 5 ans, mais c'est bien normal, car la lutte de lignes, la contradiction antagonique, c'est difficile, brutal, inconfortable, et lui est très bien dans son confort de "Chairman" en colliers de fleurs... Mais il se peut, aussi, que la gauche révolutionnaire Kiran-Gaurav-Basanta-Biplab, tous presque 60 ans en moyenne (hormis Biplab), soient hélas aussi imprégnés de cette culture, et finissent par se ranger au "centralisme", à la sacro-sainte unité du Parti, comme ils l'ont beaucoup fait ces dernières années, même s'ils ont toujours présenté la liquidation de l'Armée populaire comme un casus belli. C'est là une problématique bien plus vaste que le petit Népal, une problématique de CONCEPTION DU MONDE et du Parti. Il est d'ailleurs marrant que les gens qui hurlent, depuis 2006, au "révisionnisme" et au PC maoïste népalais "contre-révolutionnaire", soient des gens qui mettent, finalement, bien plus en avant Staline que Mao ; alors que le problème au Népal semble bel et bien être la conception "staliniste" du Parti, où l'on se plie bon gré mal gré au "centralisme démocratique" et où l'on refuse les ruptures, les "franchissement de Rubicon" salutaires (bien entendu, le "nager à contre-courant" et le "un se divise en deux" maoïstes ne sont pas "la scission pour la scission" trotskyste, mais la "scissionite" trotskyste vient simplement de leur fourre-tout idéologique complet...).
 
SLP suit les développements népalais de très près et vous tiendra au courant aussi régulièrement que possible.
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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 15:54

 

... d'être sur la même ligne que le FN sur la Libye ! On pense notamment aux révisios "sortis du PCF dans les années 90" type RCC, qui nous resservent le concept d'"islamo-fascisme" alors qu'ils ont toujours été plutôt en pointe sur l'anti-islamophobie ; et puis ceux qu'on ne présente plus. Ah il est beau le "défaitisme révolutionnaire", quand on n'est même pas foutu de comprendre qu'avec cette "guerre humanitaire pour la démocratie", la démocratie bourgeoise (jusqu'à Mélenchon inclus) essaie simplement de SAUVER SA PEAU (un peu comme Clinton, dans les années 90, se sachant un "accident" dans un pays sous hégémonie intellectuelle d'ultra-droite) ; face à l'aile la plus réactionnaire du Capital monopoliste qui, elle, dénonce l'opération et l'élimination du "Guide" !
 

Au lendemain de la conférence de Paris en faveur de la "Libye nouvelle", la présidente du Front national a souligné sur RTL qu'"il existe un danger de basculement islamiste dont je pense qu'il serait évidemment au détriment de la liberté du peuple libyen". "Il m'apparaît que le danger est de tomber dans une guerre civile, une guerre tribale", a-t-elle précisé. "Pour l'instant, la démocratie n'est pas mise en place."

Pour Marine Le Pen, "il n'y a aucune garantie aujourd'hui pour que l'ensemble du peuple libyen soit représenté ; il n'est en tout cas, semble-t-il, pas représenté par le Conseil national de transition".

"DICTATURE ISLAMISTE"

"J'avais évoqué dès le départ de cette affaire la présence, assez inquiétante, d'un certain nombre de djihadistes dans cette rébellion libyenne. Je vois que les Américains partagent mon inquiétude et aucune garantie n'a non plus à ce jour été donnée sur ce sujet", a estimé la dirigeante du FN.
 

"Il y a beaucoup de dictatures dans cette région du monde, y compris des dictatures amies de l'OTAN, comme l'Arabie saoudite, comme le Qatar. Ces dictateurs qui sont tombés – la Tunisie, l'Egypte, la Libye – étaient des dictateurs certes, mais laïcs", a-t-elle poursuivi. "Le danger, l'inquiétude, c'est qu'aux portes de l'Europe, ces trois pays puissent basculer dans une dictature islamiste", a répété Marine Le Pen.


On notera que dans la novlangue impérialiste réactionnaire, "c'est un fils de pute, mais c'est NOTRE fils de pute" a été remplacé par "c'est un dictateur certes, mais laïc"... Les martyr-e-s de Tunisie, d'Egypte, de Benghazi et maintenant de Syrie seront donc réconforté-e-s d'apprendre qu'ils-elles sont tombé-e-s sous des balles laïques. D'ailleurs, les compagnons d'Ibrahim Kaypakkaya, de là où ils sont, seront également heureux de savoir qu'ils sont morts sous la torture ou au bout d'une corde laïque. La laïcité, y'a que ça de vrai !

 

http://s2.lemde.fr/image/2011/03/22/540x270/1496718_3_261c_marine-le-pen-lors-d-une-conference-de-presse.jpg


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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 20:34

 

Les contradictions semblent aiguisées à un point de non-retour dans le jeune République himalayenne, fille de la première Guerre populaire du 21e siècle. La gauche révolutionnaire du Parti maoïste semble prête à un affrontement décisif avec la droite liquidatrice (dont le chef de file, le TROTSKYSTE Bhattarai, est désormais Premier ministre) : empêcher par tous les moyens le désarmement de l'Armée populaire.

 

Kasama

 

Eric Ribellarsi nous écrit du Népal que deux importants communiqués sont parus aujourd'hui dans la presse népalaise. (Pour le background des actuels évènements, voir l'article de Kasama Ominous Development.)

 

Kiran :

"La décision du Comité Spécial de rendre les clés des dépôts d'armes ce jeudi à 17h00 est une tentative de désarmer et dissoudre l'Armée populaire de Libération. Cette décision viole celles du Comité central et du Comité permanent de ne rendre les clés que quand les modalités de la réhabilitation (NDLR : la fusion de l'Armée populaire avec l'ancienne Armée royale) auront été finalisées"

 

Gaurav :

"Les clés des containers d'armes ne seront pas rendues aujourd'hui. Il y a des opinions divergentes dans le Parti, une seule personne ne peut pas prendre une telle décision. Le Parti n'a encore pris aucune décision en ce sens".

 

Il se dit aussi que le nouveau Premier ministre Bhattarai agit directement contre une décision prise par le Parti cette semaine...

A suivre.

 

Publié à 20h51 heure de Paris sur le Facebook d'Eric Ribellarsi : "Les maoïstes s'apprêtent à bloquer les entrées de Katmandou en protestation contre le désarmement de l'Armée populaire. DEMAIN MATIN"

 

Complément d'info à l'aube du 02/09 : pour Kiran la décision est qualifiée de "suicidaire" :

"Jusqu'à présent, chacun a admis le fait que le processus d'intégration d'armée exigeait une compréhension mutuelle (de ce dont il s'agit). L'intégration respectueuse de l'APL a été acceptée à de multiples reprises, dans des réunions à différents niveaux du Parti. Les modalités du processus d'intégration de l'Armée et du paquet de rétablissement étaient des sujets encore à trancher avant de commencer la re-catégorisation de l'armée.
Contrairement à ces pactes et contrairement à la position du Comité central de partie et de Comité permanent, la réunion du "Comité spécial d'intégration de l'Armée" qui s'est réunie hier a pris une décision surprenante et suicidaire de rendre les containers et les clefs des armes à 7:00 PM aujourd'hui. Cette décision mènera à désarmer et à dissoudre l'Armée populaire de libération. Nous condamnons cette décision et demandons humblement de rejeter cette décision de reddition immédiatement."

D'après Eric Ribellarsi, Kiran a appelé pour aujourd'hui à un grand rassemblement au Ratna Park (à Katmandou) où il va s'adresser aux masses. Il se dirait que Biplab, un jeune dirigeant issu d'une minorité nationale, pourrait être proposé comme nouveau chairman du Parti.

Pour Basanta, autre leader éminent de la gauche révolutionnaire du Parti, nous sommes "au seuil de la contre-révolution"...

 

La Révolution népalaise doit vivre, pour toute l'Asie du Sud et pour le Monde entier !

A bas les agents de la bourgeoisie et de l'impérialisme dans le Parti et en dehors !

Victoire au Peuple du Népal !

 

dance-for-maoist-revolution-nepal.jpg

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 19:47

 

Tiré du site REVOLUCIÓN EN LA INDIA, traduit du castillan par SLP.

 

Midnapore, 26 août

La guérilla maoïste a tué Rabindranath Mishra, du Congrès Trinamul, à Jhargram, Midnapore. Celui-ci se consacrait à organiser des groupes paramilitaires contre les maoïstes.

Rabindranath Mishra, 40 ans, était un chef de Jana Jagaran, un groupe du Congrès Trinamul qui s'était établi à Dhangri, Sapdhora, Rajpara, Aguiboni, Chandri et Chubka pour organiser des groupes paramilitaires afin de combattre la guérilla maoïste.

Mishra avait conduit la campagne dans son village de Dhangri. Dans les derniers jours, il tenait des réunions périodiques avec des tribus en leur demandant de ne pas prendre part aux défilés et aux manifestations organisées par les maoïstes et le Comité Contre les Atrocités de la Police.

25 août 2011

Une unité de l'Armée de Guerilla Populaire de Libération a exécuté Bhima Ram Madkam, un chef du Parti du Congrès et un membre de Janpad (division administrative), dans sa résidence du village de Neelavaram dans le district de Dantewada le 24 août.

Madkam était un réactionnaire notoire, qui avait déjà
été averti par les maoïstes.

21 août 2011

 Trois policiers dont deux éléments
du
bataillon Cobra de la CRPF ont été tués dans une attaque de la guerilla maoïste, dans le district de Gadchiroli, Maharashtra.

Un agent de la police du secteur et un de la CRPF ont été blessés, a dit la police.

19 août 2011

Au moins douze policiers sont morts dans une fusillade survenue dans l'état de Chhattisgarh, dans le centre de l'Inde, a informé un responsable policier.

Selon la source, citée par l'agence de presse locale PTI, les rebelles ont tendu une embuscade aux agents dans une zone boisée proche du village de Metlaperu, dans le district de Bijapur.

L'équipe de la Police a été prise en embuscade par les maoïstes dans les forêts de Metlaperu, dans la région de Bhadrakali. 12 policiers sont morts dans l'attaque.

Deux équipes des forces de sécurité ont été envoyées patrouiller à Bhadrakali. L'une composée de personnels du CRPF et l'autre d'effectifs de la Police Armée de Chhattisgarh, celle qui a subi l'embuscade.

 

maoist naxal 20091026-e


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Considérations diverses : une mise au point nécessaire sur nos positions internationalistes et aux côtés des Peuples

juin 2014

POSITION DES COMMUNISTES RÉVOLUTIONNAIRES DE LIBÉRATION OCCITANE SUR LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET EUROPÉENNES DES PROCHAINS MOIS

L'affaire Dieudonné-Valls :
Plutôt bon article sur la ‘Déclaration de guerre de la République à Dieudonné’ (la pseudo-controverse réactionnaire entre l’antisémite dégénéré et les gardiens du temple républicain)
Quelques mises au point complémentaires (et conclusives) sur la ‘‘question Dieudonné’’ (et Dreyfus, le Front populaire, l’antisémitisme etc.)
Réflexion théorique : loi Gayssot, lois antiracistes et "mémorielles", "antifascisme" bourgeois etc., quelle position pour les communistes ?

Dossier Breizh :
Breizh : comment l'étincelle écotaxe a mis le feu à la lande
"Esclave", "identitaire", chouan, cul-terreux arriéré de service : pour paraphraser Césaire, "n'allez pas le répéter, mais le Breton il vous EMMERDE"
Considérations diverses – en guise de ‘‘petit debriefing’’ de ces derniers mois : Bretagne, fascisme, ‘‘Lumières’’ et Kaypakkaya… (point 1)
Considérations diverse (26/11/2013) : eh oui, Servir le Peuple a toujours quelques petites choses à vous dire ;-) (point 1)
Appel de la gauche indépendantiste bretonne (Breizhistance) pour le 30 novembre (avec notre critique de la position du ROCML)
Le Top Five des drapeaux qui n'ont PAS été inventés par un druide nazi  (mortel !)
Et en guise (provisoire) de conclusion : La Gauche indépendantiste bretonne revient sur la mobilisation de Karaez/Carhaix

Comité de Construction du PCR des Terres d'Òc : Déclaration du 11 Novembre

La phrase du moment :

"La tyrannie cessera parmi mon peuple ; il n'y aura que liberté, liberté toute nue, sans déguisement. Bouleversements d’États entiers : je les renverserai de fond en comble, il n'y aura rien de reste. Il va y avoir de terribles renversements de conditions, de charges et de toutes choses. Je veux faire un monde nouveau, je veux tout détruire. Je veux appeler à moi la faiblesse, je veux la rendre forte. Pleurez gens du monde, pleurez grands de la terre, vos puissances vont tomber. Rois du monde, vos couronnes sont abattues !"

Élie Marion, "prophète" et guérillero camisard cévenol, 1706.

Amb l'anma d'un Camisart, Pòble trabalhaire d'Occitània endavant !

 

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État français : 

Quartiers populaires - Colonies intérieures :

Peuples en Lutte (Hexagone) :

Autres pays francophones :

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Italophones :

Anglophones (Îles Britanniques & Amérique du Nord)

Germanophones et scandinaves : 

À l'Est, du nouveau : 

Grèce :

  • KOE ('maoïsant', allié à la gauche bourgeoise SYRIZA, en anglais) [dissous dans SYRIZA en 2013, publie maintenant Drómos tis Aristerás, en grec]
  • KKE(m-l) (marxiste-léniniste 'maofriendly', partie en anglais, le reste en grec)
  • ANTARSYA (Coordination de la gauche anticapitaliste pour le renversement, avec des trotskystes, des 'maos' etc., en grec)
  • ANTARSYA - France (site en français)
  • Laïki Enotita ("Unité populaire") - France (en français et en grec, scission anti-capitulation de SYRIZA, pour s'informer)
    EKKE (Mouvement communiste révolutionnaire de Grèce, 'maoïsant' et membre d'ANTARSYA, présentation en anglais, le reste en grec)

Karayib (Antilles-Guyane) & Larényon (Réunion) okupé : 

Monde arabe / Résistance palestinienne :

État turc / Kurdistan : 

  • Maoist Komünist Partisi (PC maoïste de Turquie/Kurdistan-Nord)
  • DHKP-C (ML, tendance 'guévariste')
  • TKP/ML (maoïste)
  • MLKP (ML, site francophone)
  • ATİK (Confédération des Travailleurs de Turquie en Europe, maoïste, en anglais)
  • Nouvelle Turquie (information et soutien à la Guerre populaire et aux luttes, en français) [ancien blog]
    Nouvelle Turquie (nouveau site)
  • YPG (Unités de Protection du Peuple, Kurdistan "de Syrie", en anglais)
    PKK (Kurdistan "de Turquie", site en anglais)
    PYD (Parti de l'Union démocratique, Kurdistan "syrien", site en anglais)
    ActuKurde (site d'information en français)

Afrique :

Asie & Océanie :

Antifa :

Action Antifasciste Bordeaux (plus mis à jour, mais "cave aux trésors")

AA Alsace (idem)

Union Révolutionnaire Antifasciste du Haut-Rhin (URA 68, page Facebook)

Collectif Antifasciste Paris - Banlieue

Action Antifasciste Paris - Banlieue

Montpellier Antifa

Collectif Antifasciste 34

Collectif Antifasciste Rennais (AntifaBzh)

Cellule Antifasciste Révolutionnaire d'Auvergne (CARA, page Facebook)

Carcin/Quercy Antifascista (page Facebook)

Occitània Antifascista (page Facebook)

Breizh Antifa (page Facebook)

Perpignan Antifa (page Facebook)

Action Antifasciste de Pau

Union Antifasciste Toulousaine

Ipar Euskal Herria Antifaxista (Pays Basque du Nord antifasciste)

REFLEXes - site d'informations antifascistes

La Horde, portail d'information antifa

Rebellyon - rubrique "Facho"

Redskins Limoges

Droites extrêmes - blog Le Monde (site d'information bourgeois bien fourni, parfait pour le "watch")

Document : Ascenseur pour les fachos (série de 6 vidéos Youtube, Antifascisme.org, site social-démocrate)

 

Guerre pop' - Asie du Sud :

Inde Rouge (nouveau site "officiel" francophone)

Comité de Soutien à la Révolution en Inde

Comité de solidarité franco-népalais

Fil d'actu "Inde - Népal" du Secours Rouge - APAPC

J. Adarshini (excellent site en français)

Revolution in South Asia (en anglais)

Maoist Resistance (guérilla maoïste indienne - en anglais)

NaxalRevolution (Naxalite Maoist India, en anglais)

Banned Thought (en anglais)

Indian Vanguard (en anglais)

The Next Front (Népal - anglais)

Signalfire (sur la GPP en Inde et aux Philippines, le Népal et les luttes populaires dans le monde - en anglais)

Communist Party of India (Marxist-Leninist) Naxalbari (a fusionné avec le PC d'Inde maoïste le 1er mai 2014)

New Marxist Study Group (maoïste, Sri Lanka)

Parti communiste maoïste de Manipur (page Facebook)

 

Guerre pop' - Philippines :

Philippine Revolution (en anglais)

The PRWC Blogs

(tous deux remplacés apparemment par ce site CPP.ph avec notamment les archives d'Ang Bayan, l'organe officiel du Parti)

Solidarité Philippines

Fil d'actu "Philippines" du Secours Rouge - APAPC

 

Guerre pop' & Luttes armées - Amérique latine :

CEDEMA - actualité des mouvements armés en Amérique latine (+ qqs documents historiques)

 

Nuevo Peru (Pérou, basé en Allemagne, en castillan et allemand principalement)

Guardias Rojos (Pérou, page FB)

Fil d'actu "Amérique latine" du Secours Rouge - APAPC

Archives

Autres documents théoriques

 

Récapitulatif des "grandes thèses" de Servir le Peuple


À lire également, les Considérations Diverses, petits "billets" trop courts pour faire un article et donc regroupés par trois, quatre ou plus, exprimant notre CONCEPTION DU MONDE sur toute sorte de sujets. 


Même étude sur l'État espagnol (1 et 2) ; le Royaume-Uni (1 et 2) et l'Italie.

 

APRÈS 8 SÈGLES… (Huitième centenaire de la bataille de Muret 1213 & DÉCLARATION FONDATRICE de notre Comité de Construction du PCR-Òc)

 

 






 

 

 


 


 

 

Le 'centre mlm' de Belgique, la Guerre populaire et le (n)PCI (sur la stratégie révolutionnaire en pays impérialiste) ; et dans la continuité :

Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (1ère partie)

et Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (2e partie)

 

 

 

EXCLUSIF : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970) [avec un salut rouge et fraternel à l'AA Bordeaux ]

Manifeste Programme du (n)PCI

Présentation

du chap. 1 du Manifeste pour les lecteurs/trices francophones (valable pour tout le Manifeste)

 

(Chapitre I): PDF - WORD

 

 

 MANIFESTE COMPLET

(version non-définitive ; chap. 4 et 5 pas encore validés par les camarades italiens)

 

IMPORTANT pour la compréhension du Manifeste :

La crise actuelle, une crise par surproduction absolue de capital (en PDF)

article de 1985 paru dans Rapporti Sociali n°0

[en bas de la page en lien, icône
PDF - Télécharger le fichier pour télécharger le document]

Autres analyses d'actualité









Situation décisive au Népal 

En matière de conclusion sur la situation au Népal, et ses répercussions dans le Mouvement communiste international 

Questions-réponses sur la situation au Népal

 

Discussion sur la "gauche" en Amérique latine et la bourgeoisie bureaucratique

 

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria : l'analyse d'un communiste abertzale

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 2e partie

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 3e et dernière partie  

 

 

 

 


Considérations diverses 03-2013 - et un peu de polémique/critique, ça fait pas de mal ! (sur Chavez, le 'bolivarisme', le 'fascisme' de celui-ci et autres choses...)

Autres articles historiques

 

25 avril 1945 : le Peuple italien terrasse le fascisme

 

 


 




Et en guise de récapitulatif/synthèse : Considérations diverses sur les États, les Nationalités, la Subsidiarité et le Pouvoir populaire ; ici (point 1) : Considérations diverses – fin octobre 2013 : État et révolution bourgeoise et ici : Considérations diverses : 1/ Le cœur des nations est aujourd’hui le Peuple