Nouveau Népal
Depuis la formation d'un mécanisme politique entre les trois plus grands partis (PCNU-maoïste, UML et Congrès Népalais), la question de l'intégration de l'armée est devenue centrale. D'un côté, le Congrès Népalais et l'UML veulent que l'intégration prennent place avant la nouvelle constitution. Les maoïste disent que les deux processus vont de pair et que l'un n'ira pas sans l'autre.
Les propositions avancées par le Congrès Népalais et l'UML sont d'établir une nouvelle chaîne de commande au sein de l'Armée Populaire de Libération pour la mettre sous contrôle du Comité Spécial pour l'Intégration. Ils demandent notamment que l'APL abandonne toute référence au marxisme-léninisme-maoïsme (plus le droit de chanter l'Internationale, plus d'étoile rouge sur les uniformes, plus de faucille et de marteau ni de citations politiques sur les murs et les drapeaux, etc.).
Les négociation portent également sur le nombre de combattants maoïstes à intégrer dans l'Armée Népalaise. L'UML et le Congrès tableraient sur l'intégration de 3 à 5.000 combattants seulement.
Pour l'instant, aucune décision formelle n'a été prise.
Dernièrement, les combattants maoïstes ne correspondant pas aux critères de l'ONU (âge notamment) ont quitté les cantonnements où ils résidaient. Selon l'Himalayan Times, les jeunes combattants ne sont pas d'accord avec cette décision. Lors de la cérémonie de départ, ils se sont exprimés publiquement : "Nous sommes toujours prêts à mener la guerre mais ne sommes pas prêts à être désignés comme inaptes [disqualified]." "Nous avons appris à nous servir d'armes et si nous ne sommes pas établis correctement, les conséquences pourraient être contre-productives pour la nation." Certains se sont plaint d'être mis dehors de manière injuste.
Prachanda et Kiran ont affirmé qu'il ne pourrait y avoir d'intégration de l'Armée Populaire de Libération dans l'Armée Népalaise tant que la nouvelle constitution ne sera rédigée.
"C'est une grande conspiration de vider les cantonnements en premier et d'écrire la constitution plus tard," a affirmé Prachanda. "Si la coalition dirigeante est certaine d'écrire la constitution à temps, alors les processus d'écriture et d'intégration doivent aller de pair."
Lorsqu'il a été demandé à Kiran de commenter la question de l'intégration, il a répondu aux journalistes qu'après que la révolution sera terminée, les maoïstes traiterons l'Armée Nationale comme sa propre armée. Il a souligné que la révolution maoïste était donc encore en cours.
"Le processus d'écriture de la constitution et le processus d'intégration doivent aller de pair." "Nous ne rendrons pas les armes tant que la constitution ne sera pas écrite." "Il est complètement erroné de demander l'intégration avant l'écriture de la constitution...De telles demandes ne feront que mettre le processus de paix en péril." "L'histoire a été témoin de trahisons lorsque les armes ont été rendues avant l'écriture de la constitution."
Lors d'une conférence de presse organisée à Katmandou, Prachanda a dévoilé les conclusions de la réunion de plus d'une semaine du Comité Directeur du Parti.
Ainsi, la cinquième vague d'agitation sera limitée à des mobilisations populaires, des grands meetings et des campagnes de conscientisation. Le PCNU-maoïste espère que le Mécanisme Politique récemment formé avec le Congrès Népalais et l'UML adressera ses demandes (souveraineté nationale, suprématie civile et gouvernement national).
"Nous n'avons pas prévu de manifestations agressives en espérant que le mécanisme prendra les mesures nécessaires pour régler l'impasse politique actuelle. Si le mécanisme, également, néglige nos demandes nous recourerons à des manifestations très intenses."
La cinquième phase d'agitation commencera le 13 février par l'anniversaire de la Guerre Populaire et finira le 6 avril, anniversaire du Mouvement Populaire.
Prachanda a également affirmé que la date de promulgation de la constitution pourrait être repoussée si les différents partis pensent que c'est nécessaire.
Il a toutefois ajouté que le peuple aura raison de se révolter s'il y a des tentatives de blocage du processus de paix et d'écriture de la constitution. "Si les droits du peuple à une nouvelle constitution sont restreints, le peuple à le droit de se révolter."
Il a clarifié que son parti recourera à la révolte populaire seulement si toutes les options de conclure le processus de paix amicalement sont épuisées.
Le Comité Directeur a également condamné les récents assassinats de ses cadres en différents endroits.
A Siraha, les Forces de Sécurité Frontalières indiennes ont encore détruit des piliers de frontière et en ont construit de nouveaux à l'intérieur du territoire népalais.
Récemment, le PCNU-maoïste a décidé de bloquer les travaux de construction hydroélectriques donnés à des compagnies indiennes. L'Inde a alors menacé de stopper tous les travaux dans lesquels des compagnies indiennes seraient engagées. Lila Mani Pokharel, le chef du Bureau des Ressources en Eau du parti maoïste s'est exprimé a ce sujet :
"La menace indienne est insignifante puisqu'elle n'aura aucun impact sur le Népal." "Notre Parti a adopté la politique de stopper la construction du projet à tout prix." "La compagnie indienne pourra continuer ses travaux uniquement après que la restructuration de l'Etat sera accomplie et avec l'écriture de la Politique Fédérale sur l'Exploitation des Ressources Naturelles...le gouvernement Central et les gouvernements Locaux devront avant tout accepter le projet." "Nous ne pouvons pas continuer à être des esclaves de l'Inde...il vaut mieux qu'ils annulent leurs investissements du dit projet." "Même si l'Inde menace d'imposer un blocus économique nous ne crierons pas à l'injustice, nous savons que la misère du Népal est liée à l'Inde." "Nous sommes également en faveur d'étabil un régime de visa entre les deux pays, notre fontière avec l'Inde doit être régulée correctement." "Nous demandons à l'Inde d'annuler tout ses investissements dans tous les secteurs au Népal car ça permettra à tous les citoyens népalais de devenir auto-suffisants en temps utile."
"Le gouvernement d'alors de Girija Prasad Koirala [président du Congrès Népalais] a décalé notre cérémonie d'investiture d'un jour le 30 décembre 2007. La conspiration était de vendre [les projets hydroélectriques] Arun-III et Upper Karnali à l'Inde à un prix très bas." "Ca n'a été qu'après que Girki ait vendu les projets à l'Inde que la cérémonie d'investiture a pu se dérouler le jour d'après." Le journal Dristi Vernacular Weekly avait rapporté que le cabinet de Koirala avait pris la décision rapide de donner ce contrat à la compagnie indienne, mis sous pression par le chef de l'agence de Renseignement indienne (RAW), Ashok Chaturvedi, alors en visite au Népal.
Sur 4000 combattants maoïstes déqualifiés par l'ONU, plus de 2000 ont déjà quitté les cantonnements. D'autres l'avaient déjà fait en protestation à cette décision.
Le PCNU-maoïste a annoncé que les combattants de l'APL déqualifiés seraient recrutés dans les organisations de masse liés au Parti, notamment la YCL (organisation de jeunesse).
"Nous avons ordonné aux organes locaux du Parti de rester en contact avec les combattants déqualifiés," a affirmé le commandant adjoint et porte parole de l'APL, Chandra Dev Khanal. "Ils peuvent travailler dans quelque organisation soeur du Parti s'ils le veulent. Nous ne planifions pas de les recruter dans une seule organisation."
Dina Nath Sharma, membre du Bureau Politique et porte parole du Parti a affirmé : "Nous emploierons nos amis déqualifiés des cantonnements dans différentes organisations soeurs, y compris la YCL."
Dans une interview à l'IRIN, organe de presse du Bureau de l'ONU pour la Coordination des Affaires Humanitaires, Shanta Karki, membre de l'APL déqualifiée a exprimé son point de vue. Elle avait 13 ans lorsqu'elle a rejoint l'APL en 2003. "Après sept années de ma vie avec l'APL, je me sens mal d'être expulsé comme ça. J'ai été privée d'aider à la libération de mon peuple de la répression actuelle. " "J'ai rejoint la guerre alors que j'était toujours à l'école. J'ai été témoin de beaucoup de répression des pauvres et cela m'a poussé à faire quelquechose lorsque j'étais envore une jeune fille.
J'étais sur le champ de bataille avec un fusil. Je continuerais ma vie avec les maoïstes jusqu'à la libération totale. "Je n'aime pas trop la réhabilitation. Je n'ai pas besoin de réhabilitation. Je marche déjà sur mes deux jambes. Le package de réhabilitation de l'ONU ne va pas rendre les choses meilleures pour moi. Ils veulent nous entraîner à faire des paniers et des bougies. Ils veulent sponsoriser mon éducation, mais je suis déjà éduquée. "Je ne veut pas passer ma vie à faire des paniers.
Mes ambitions sont dans la politique et le secteur de la sécurité. Après avoir combattu pour mon peuple, comment pourrait-je m'en tenir à faire des paniers ?"
"Le gouvernement devrait faire plus pour aider au bien être et au futur des soldats comme nous en nationalisant l'Armée Népalaise, et en intégrant les soldats maoïstes en son sein. Ils disent que je ne suis pas qualifiée, puisque nous travaillons avec une idéologie maoïste." Je continuerais à travailler comme un cadre politique pour mon Parti."
Madhav Kumar Nepal, premier minsitre (UML), a de son côté déclaré que les maoïstes profitaient des combattants confinés dans les cantonnement. Il a dit que les maoïstes faisaient des campagnes de donation et des captures de propriété privée avec l'aide des combattants.
Il a affirmé que le nombre de combattants présents dans les cantonnements était moindre que celui que montrait les maoïstes.
"Tous les combattants maoïstes qualifiés ne vivent pas dans les cantonnements car un grand nombre a quitté les camps comme les déqualifiés bien avant le processus formel." "Le parti maoïste a ainsi pris le salaire de ceux absents des cantonnements."
Lorsqu'il a annoncé cela, il a été accueilli par des drapeaux noirs, brandis par des activistes maoïstes.
Une certaine confusion semble régner dans le pays et le Parti... Wait and see.