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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 06:44


ZAD-Testet 8973Depuis quelques mois c'est un nouveau Notre-Dame-des-Landes qui a pris ses quartiers en terre occitane : le barrage de Sivens devrait en effet recouvrir quelques 48 hectares de la zone humide remarquable du Testet (pourtant classée en 2011) et de terres agricoles près de Gaillac dans le Tarn, à 60 km de Toulouse ; une région sur laquelle pèse déjà la lourde épée de Damoclès des gaz de schiste.

Déjà des centaines, peut-être un millier de personnes ont convergé sur le site qu'elles ont proclamé "ZAD", zone à défendre.

Cette retenue (projet qui remonterait à 25 voire 40 ans selon les sources) n'a pas pour vocation de produire de l'énergie, mais de permettre l'irrigation des exploitations agricoles alentour. La petite rivière (le Tescou) qui arrose le secteur serait en effet souvent à sec... Pourtant, il ressort d'une étude un peu plus approfondie que la capacité du barrage, de l'ordre d'un million et demi de mètres cube, est nettement surdimensionnée par rapport aux besoins réels des agriculteurs, dont les fermes ayant besoin d'eau sont en réalité peu nombreuses selon le porte-parole du collectif anti-barrage, Ben Lefetey. De fait, lorsque l'on voit l'empressement de la FDSEA à soutenir le projet, on comprend immédiatement que ce n'est pas n'importe quelle agriculture qui a besoin d'un tel réservoir mais bien l'agriculture PRODUCTIVISTE, celle qu'incarne typiquement ce syndicat agricole (il suffit de voir le CV de son président...), qui court après les subventions étatiques et européennes et qui, par cette même logique productiviste et absence de concertation (entre entrepreneurs concurrents, forcément)... assèche elle-même le Tescou par ses pompages estivaux !  [Voir ici la position opposée de la Confédération paysanne, qui "calmera" les habituelles tirades des petits réacs de tout poil sur "les pauvres paysans qui triment dur" face aux "sales bobos étudiants crasseux qui veulent même pas qu'ils aient de l'eau"...]

Barrage de Sivens (Tarn), la ZAD occitaneLe Conseil général des caciques locaux (à majorité PS...) soutient évidemment la Fédération - véritable État dans l’État dans les territoires ruraux - et pense évidemment aux juteux marchés publics qui graisseront la patte des copains entrepreneurs du BTP. Tant pis pour les "cocus" (adhérents FDSEA et/ou électeurs PS ou pas) dont les terres se retrouveront noyées, aux côtés - on l'a dit - de l'une des dernières zones naturelles de biodiversité de la région (voir ici une vidéo montrant que le soutien au barrage est loin d'être unanime dans la paysannerie locale ; ou encore cet article). 

Nous avons là l'illustration parfaite d'un capitalisme (en l'occurrence agraire, mais ce pourrait être n'importe quel secteur de production) qui, comme nous le disons et le répétons depuis des années, est depuis l'origine une pure machine à dégager du profit mais s'affirme de plus en plus comme tel jour après jour, se moquant tant des territoires et de leurs équilibres écologiques que de ses propres producteurs (les petits, en tout cas) et des masses populaires en général ; chaque territoire et sa population n'étant rien de plus que des rouages à la place bien attitrée dans le grand cadre productif qu'est l’État des monopoles. Le capitalisme commande aux agriculteurs de produire, produire et encore produire ceci ou cela (quoi, ce sont les subventions qui le décident...) pour le bien du commerce extérieur "national" couplé à la survie des uns (les "petits") et aux profits des autres (les "gros"), commerce extérieur qui dans le domaine agricole, on le sait, souffre grandement de la concurrence des pays de l'Est et du Sud ; pour produire il faut de l'eau alors on pompe, pompe et re-pompe (d'autant plus que l'on est "gros", bien entendu) ; et à l'arrivée tout le monde (gros et petits) se retrouve à sec et à soutenir la "solution miracle" du barrage (sauf, bien sûr, ceux dont les terres vont être expropriées et englouties). Un capitalisme incapable de concilier l'inconciliable : le caractère social de la production (même dans une p1030865production agricole à première vue individuelle) et la propriété privée des moyens/ appropriation privée du produit ; et donc de gérer de telles contradictions entre les producteurs, entre l'homme (producteur) et la nature (écosystème... de tous) etc. etc. ; l'appareil politique n'intervenant nullement (contrairement aux illusions "citoyennistes") en protecteur de l'"intérêt général" mais bien en bras armé de la classe dominante - ici la bourgeoisie rurale, locale, et ses représentants élus.

Car une autre chose dont nous avons l'illustration ici, contrairement à Notre-Dame-des-Landes ou aux LGV qui sont des projets d'aménagement de niveau hexagonal (bien qu'impliquant les "grands décideurs" "régionaux"), c'est bien la nature putrescente de la bourgeoisie "nationale" occitane elle-même, particulièrement éclatante à l'échelle très locale du projet (et qui explique, aux côtés des gendarmes mobiles, la présence et l'extrême virulence d'un mouvement pro-barrage qui attaque les opposant-e-s). Nous voyons parfaitement là comment la négation/périphérisation de nos Peuples et la mise en coupe réglée de nos païs n'aurait jamais été possible, en 8 siècles, sans le concours de logiques locales étroitement imbriquées dans le schéma d'ensemble "français" : l'Occitanie des caciques, des notables, des coteries et des clientèles avec laquelle nous voulons EN FINIR.

C'est en cela que notre conception et notre lutte ne sont pas "nationalistes" ni "identitaires" : l'Occitanie n'est pas un "corps" organiquement parfait et simplement "parasité" de l'extérieur. L'Occitanie est le territoire d'une nationalité (réelle) subordonnée au Centre capitaliste parisien dans le cadre politico-militaire de l’État français ; mais le MOTEUR de cette subordination est INTERNE : les contradictions INTERNES à la Nation occitane, principalement la contradiction entre bourgeois/dominants/possédants et masses populaires ouvrières et paysannes qui sont les deux 201408261140-fullcomposantes d'une nationalité. Le capitalisme occitan, qui fleurissait au début du millénaire dernier (11e-13e siècles), a engendré la Nation occitane ; mais il l'a aussi "tuée" politiquement par ses propres contradictions, ne serait-ce que parce que les capitalistes sont par définition concurrents entre eux et que certains se sont (en conséquence) tournés vers l'envahisseur français contre leurs concurrents - et sur le dos du Peuple, de la masse des producteurs.

C'est la raison pour laquelle le Peuple travailleur occitan ne peut pas obtenir son émancipation au travers de réformes institutionnelles ("plus d'autonomie", "nouvel acte de la décentralisation") NI MÊME de la proclamation (utopique) d'un État capitaliste indépendant, mais SEULEMENT dans le cadre d'une RÉVOLUTION POPULAIRE SOCIALISTE, d'une libération DE CLASSE !

Nous, communistes pour la libération révolutionnaire du Peuple occitan (LRP), apportons notre total soutien à la ZAD du Testet et à ses militant-e-s, dans l'héritage des grands combats du Larzac dans les années 1970 et dans l'esprit du cri de combat : Volem viure, trabalhar e decidir al Païs !


Voici une petite revue de presse concernant la situation :

Presse bourgeoise :
http://www.ladepeche.fr/actu/<wbr>economie/energie-<wbr>environnement/barrage-de-<wbr>sivens/
http://www.lepoint.fr/societe/<wbr>tarn-la-guerilla-se-poursuit-<wbr>contre-le-projet-de-barrage-<wbr>de-sivens-09-09-2014-1861657_<wbr>23.php
http://lexpansion.lexpress.fr/<wbr>actualite-economique/sivens-<wbr>trois-questions-autour-d-un-<wbr>barrage-polemique_1574891.html
http://www.lepoint.fr/societe/<wbr>tarn-la-guerilla-se-poursuit-<wbr>contre-le-projet-de-barrage-<wbr>de-sivens-09-09-2014-1861657_<wbr>23.php

Presse alternative et révolutionnaire :
http://iaata.info/Tarn-contre-<wbr>la-construction-du.html
http://www.reporterre.net/<wbr>spip.php?article5409

Site du collectif : http://www.collectif-testet.<wbr>org/

Autre site d'information sur l'opposition au projet : http://<wbr>tantquilyauradesbouilles.<wbr>wordpress.com/

Ça a déjà commencé à barder sévère, avec gazages et coups de tonfas à la clé :
http://www.networkvisio.com/<wbr>barrage-de-sivens-tarn/tv-zad-<wbr>du-barrage-de-sivens-dans-le-<wbr>tarn-les-opposants-malmene.<wbr>html
http://www.informaction.info/<wbr>iframe-environnement-barrage-<wbr>du-tarn-zad-du-testet-<wbr>nouvelles-echauffourees-le-<wbr>conseil-general-confirme-le-<wbr>projet
http://paris-luttes.info/la-<wbr>zad-testet-tarn-a-besoin-de
http://www.reporterre.net/<wbr>spip.php?article6252

Contrairement aux affirmations des pro-barrage, ce n'est pas qu'une affaire de "bobos parisiens" et la cause mobilise largement dans la population locale, notamment la jeunesse : http://www.reporterre.net/<wbr>spip.php?article6316

Un soutien de Breizh : http://www.bigouden-nddl.org/<wbr>actualites/item/181-soutien-a-<wbr>la-zad-du-testet-non-au-<wbr>barrage-de-sivens

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26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 08:23


maoc C'est cette fois vers un endroit bien connu des militant-e-s écologistes et anticapitalistes, Notre-Dame-des-Landes où la "zone d'aménagement différé" (ZAD) pour la construction de l'aéroport du "Grand Ouest" (voulue par le cacique local et ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault) est devenue "zone à défendre", que nous nous tournerons pour illustrer une nouvelle fois ce que nous avons exposé dans une étude de référence en deux parties (1 et 2) : la façon dont la "terre du commun" qui prévalait dans la société paysanne de "l'horrible et obscure" féodalité a été démantelée, dépecée par le "lumiéreux" et "progressiste" capitalisme (jusqu'en 1789 sous l'égide de la grande aristocratie de Cour, propriétaire "éminente" de communes entières, puis sous celle des "racheteurs" grands-bourgeois de ces droits de propriété "nationalisés") dans le but fondamental pour ce mode de production d'arracher la force de travail (la masse populaire des producteurs) à tout moyen de production et plus largement à tout moyen de subsistance autre que son salaire ("loyer" capitaliste de la force de travail), afin d'en faire sa "chair à usine".

[Lire : http://partage-le.com/2018/10/linvention-du-capitalisme-comment-des-paysans-autosuffisants-ont-ete-changes-en-esclaves-salaries-pour-lindustrie-par-yasha-levine]

Ce processus fondamental pour l'accumulation capitaliste (de la fin du Moyen Âge à la fin du 18e siècle) et tout son développement ultérieur jusqu'à l'ère des monopoles et de l'impérialisme où nous nous trouvons, processus brillamment décrit par Marx dans Le Capital, est absolument INDISSOCIABLE de la construction concomitante des grands États modernes sous l'égide de l'absolutisme puis de la bourgeoisie par et pour elle-même ("révolutions" bourgeoises) et de la négation des Peuples annexés par eux (comme force laborieuse productive) à travers les siècles.

Des Peuples dont la conscience toujours renaissante (Notre-Dame-des-Landes comme les mobilisations de l'automne dernier, la question de la réunification administrative ou encore l'indignation contre les régulières marées noires qui frappent le littoral en offrent l'illustration pour le Peuple breton) n'est pas "autre chose" que la conscience de classe, avec laquelle il faudrait "gérer la contradiction" : la conscience de Peuple (et non "nationale", ce qui inclurait la bourgeoisie) C'EST la conscience de classe (ouvrière, paysanne, populaire) exprimée dans un cadre/contexte géo-historique donné ; et mener la lutte de classe à la victoire (révolution) c'est inévitablement comprendre ce cadre/contexte, donc avoir une conscience de Peuple. C'est bien pour cela que l’État, la Républiiiiique du Grand Capital née dans les boucheries de 1871, cherche à tout prix à l'étouffer ; que l'hystérie se déchaîne dès qu'il est question de la toute bourgeoise et inoffensive "Charte des Langues minoritaires", pourtant déjà ratifiée par de nombreux États européens (mais voilà, dans ces États elle ne concerne que de petites minorités localisées et largement "gérables", alors que la "France" matériellement n'est RIEN sans les Peuples qu'elle a annexés et brutalement soumis, le territoire de la monarchie qui l'a "faite" ne couvrant même pas la totalité de l'Île-de-France au départ !) ; ou encore que le gouvernement est prêt à toutes les contorsions "redécoupagières" pour ne pas rendre la Loire-Atlantique à la Bretagne ni créer de grandes entités administratives occitanes ; que les syndicats de régime organisent une pitoyable contre-manifestation de 2.000 tondu-e-s quand les ouvriers et les paysans bretons (et quelques petits patrons, en effet) se mobilisent en masse à Quimper en novembre dernier, etc. etc.

L'article qui suit aborde de manière très documentée et instructive, donc, ce démantèlement de la "terre du commun" et de la "communauté solidaire villageoise" dont elle était le support par le capitalisme triomphant, sous l'Ancien Régime et au 19e siècle. Un processus consistant en une négation, la négation capitaliste de la féodalité certes (propriété éminente seigneuriale ou cléricale sur les terres et les populations) mais aussi de la communauté populaire solidaire et de sa propriété utile (souvent collective) sur les moyens de "production et reproduction des conditions d'existence" (ce que Rosa Luxemburg appelait l'économie naturelle). Aujourd'hui que le capitalisme a fait son temps est venue l'heure de la négation communiste du capitalisme et des ses États (appareils politico-militaires et idéologiques encadrant la force de travail) et, dans un sens, de la renaissance de la communauté populaire solidaire médiévale À UN NIVEAU SUPÉRIEUR qui est la société socialiste.


L’usage des communs à Notre-Dame-des-Landes, d’hier à aujourd’hui


Rien de plus méconnu que les landes dont les Bretons eux-mêmes ont pu observer la terrible régression et dont beaucoup se sont réjouis à force d’entendre qu’elles étaient à l’image de la misère à laquelle ils voulaient tourner le dos. Pourtant, les landes furent au cœur d’une agriculture inventive, généreuse, particulièrement durable. Centrées sur des usages collectifs, les pratiques traditionnelles apportent une précieuse contribution à la réflexion actuelle sur les biens communs.

C’est pourquoi il convient de se réapproprier l’histoire du paysage et des hommes là où s’inventent de nouvelles façons de vivre et de travailler et tout particulièrement à Notre-Dame-des-Landes.

La commune de Notre-Dame-des Landes n’a été constituée qu’en 1871 par démembrement de celles de Fay-de-Bretagne (deux tiers du territoire de la nouvelle commune) et d'Héric (un tiers). La paroisse existait depuis 1847 et affichait une population significative, qu’on peut estimer à plus d’un millier. En 1871, il y a 1785 habitants. C’est l’ensemble des communes situées autour de Notre-Dame-des-Landes qui sera pris en compte pour tenter de reconstituer la genèse du paysage.

NDDL

La ZAD vers 1750 (carte de Cassini)

La constitution des landes

Comme on le sait, en dehors du littoral, les grandes landes ne sont pas des formations naturelles spontanées mais des formations « secondaires » nées des défrichements opérés dès le néolithique aux dépens de la forêt. Toutefois, la lande existait ponctuellement par lambeaux, sur les sols acides et peu profonds, autour des petits affleurements rocheux. Quant à la forêt, elle n’avait pas l’aspect que nous donnent les boisements actuels ; elle pouvait être rabougrie, le feu et les grands mammifères y ouvraient des clairières et les castors y créaient des marais tandis que les arbres poussaient et mouraient dans le plus grand désordre. De plus, à certaines périodes de déclin démographique, des boisements ont pu reconquérir des terrains en lande ou en culture.

On peut considérer que durant tout le Moyen Âge et jusqu’au XVIIIe siècle, les landes ne firent que s’étendre aux dépens de la forêt. Le besoin de terres à cultiver n’était pas la seule motivation : il fallait beaucoup de bois pour couvrir de multiples besoins allant de la construction à la micro-industrie en passant par la construction navale. De plus, les cycles de régénération naturelle des forêts fondés sur un équilibre entre les herbivores et leurs prédateurs ont été profondément perturbés : les forêts accueillent désormais des parcs où la haute noblesse élève des chevaux ou s’adonne à la chasse mais surtout des nuées de porcs qui ne consomment pas que des glands. Ce ne fut pas, bien sûr, un mouvement continu mais, l’appât du gain, les impératifs de la survie pour beaucoup et les désordres aidant, la forêt bretonne était réduite à sa plus simple expression et en fort mauvais état au début du XIXe siècle (5 % du territoire contre 13 % aujourd’hui). Ainsi, l’ancienne forêt d’Héric est, selon P.-H. Gaschignard « encore largement composée, au milieu du XVIIIe siècle, de terres vaines et vagues, frost et gas, landes bruyères et pâtures ».

On peut penser qu’après avoir mis en culture un enclos de défrichement dans un espace forestier, on pouvait épuiser l’humus en quelques années et laisser cet espace appauvri évoluer vers une lande, le maintien de celle-ci étant favorisé par le pâturage extensif et la récolte de litière et de combustible. De plus, les bruyères secrètent des produits toxiques qui renforcent la stabilité du milieu dès lors que les éléments naturels et/ou les prélèvements par les hommes et le bétail ajoutent une pression supplémentaire.

NDDL2L’évolution vers la lande et son maintien étaient aussi favorisés en Bretagne par les substrats de grès ou de quartzites et le lessivage des sols mis à nu ; les modifications chimiques qui interviennent alors dans le sol ne laissent plus pousser que des plantes adaptées telles que l’ajonc et les bruyères. À Notre-Dame-des-Landes et dans les environs, les pédologues notent la présence de sols compactés à pseudogley, saturés d’eau en hiver et s’asséchant facilement en été. On y trouvait donc plutôt des landes moyennement humides (mésophiles) à bruyère ciliée et ajonc nain.

Les petites quantités de fumier disponibles ne pouvant être utilisées que sur des surfaces réduites, les défrichements de la forêt créaient donc aussi des landes. Les défricheurs, moines ou agriculteurs, devaient de plus acquérir une connaissance du terrain et repérer les espaces les plus favorables aux cultures et ceux dont il ne fallait pas attendre trop. De manière générale, les fermes ou les villages se sont installés sur les terrains les plus riches et la trame bocagère s’est étendue à partir du noyau initial où l’on avait « mis en défens » un premier jardin et un premier champ, les landes occupant finalement les confins du territoire. Mais il ne faut pas se représenter les landes telles qu’en général elles nous apparaissent aujourd’hui, par exemple dans les monts d’Arrée ; ce n’était pas forcément des étendues totalement dépourvues d’arbres et les usages créaient sûrement une très grande hétérogénéité.

Néanmoins, les surfaces étaient telles que les voyageurs s’en effrayaient. Toussaint de Saint-Luc, vers 1664, ne voit que « des landes désertes » sur dix-huit lieues (60 km environ) entre Nantes et Rennes ; Edmond Richer s’exclame, un siècle et demi plus tard, en passant entre Treillières et Blain « vous ne pouvez rien vous figurer d’un aspect plus sauvage que ces vastes bruyères qui s’étendent sous vos yeux, à perte de vue ».

Les usages traditionnels

Contrairement à ce que firent nombre d’agronomes à partir du XVIIIe siècle, les agriculteurs n’opposaient pas des « landes stériles » à « des terres productives » tant ils étaient convaincus de la complémentarité de ce qu’ils appelaient les « terres froides » et les « terres chaudes ». À leurs yeux, une bonne ferme devait obligatoirement comporter un espace de landes proportionné à celui des espaces labourables et des prairies : « la meilleure propriété qui n’en posséderait pas une certaine étendue, ne trouverait pas de fermier dans le pays » écrit en 1864 J.-C. Crussard qui fut directeur de la ferme-école de Trécesson en Campénéac et président du comice agricole de Ploërmel.

Les principaux usages étaient le pâturage et la coupe de la végétation (« fauchage, litiérage et paccage » selon certains actes) pour faire du fumier (fumier produit dans les étables ou dans les cours et les chemins où l’on étendait la litière et tous les débris végétaux récupérables). De manière sans doute plus systématique au nord de la Bretagne qu’au sud, on pratiquait l’écobuage. Après une fauche, on arrachait les mottes de terre et de racine dont on faisait des tas en « fourneaux » que l’on brûlait, les cendres étendues permettaient une culture de seigle ou de blé noir pendant trois à cinq ans avant que la parcelle retourne à la lande, souvent, dans un premier temps, sous la forme d’une parcelle d’ajonc semé. Le Dictionnaire du patois du canton de Blain rédigé par Louis Bizeul vers 1850 indique que l’écobuage se fait sur des landes de petite étendue (et avec un outil nommé « écobue » qui ressemble à une large tranche ». Les branches d’ajoncs mais aussi les mottes arrachées au sol et séchées, pouvaient servir de combustible. La Statistique du département de la Loire-Inférieure parue en 1801 signale que l’écobuage est pratiqué dans l’arrondissement de Paimbœuf et qu’ailleurs on laisse parfois « reposer les champs plus de deux ans, et on brûle sur place les genêts ou la bruyère dont ils sont couverts » ; cette pratique qu’on doit plutôt nommer brûlis est notée par Jean Bourgeon à Treillières « on recouvre la surface du champ de plantes sauvages ramassées dans les landes ; on y met le feu qui brûle toute la nuit, puis le lendemain on sème sur les cendres qui apportent au sol un peu de potasse et de soude ». Les Usages locaux et règlements du département de Loire-Inférieure paru en 1861 ne disait cependant plus un mot de cette pratique originale sans doute très résiduelle alors qu’il parle de l’étrépage. La pratique ancienne de l’écobuage n’en reste pas moins inscrite dans la toponymie comme l’atteste l’Écobut à Héric.

La molinie, les fougères, les genêts avaient aussi de multiples utilisations (litière, protection, etc.). En fait, toujours d’après Louis Bizeul, le défrichement d’une parcelle est nommé « un béchis » et il se fait collectivement avec l’aide de 30 à 40 voisins qui « travaillent en chantant » et qu’on « régale d’un veau gras et d’une barrique de cidre ». On voit que l’opération, quoiqu’apparemment moins ritualisée qu’en Finistère, en présente le caractère festif et gratuit.

Jusque dans les années 1960, là où restaient des landes ouvertes ou sous pinède quand ce n’était pas simplement au bord des talus, on coupait les végétaux avec une étrèpe, principalement en hiver, afin de faire de la litière pour le bétail, parfois aussi pour l’étendre dans les cours et les chemins où la macération formait des boues (nommées « marnis ») que l’on mettait dans les champs au printemps.

De très nombreux témoignages soulignent l’importance d’un outil généralement nommé « étrèpe » pour faucher la litière. En 1851, dans son livre Les derniers paysans, Émile Souvestre (1806-1854) évoque, au Gâvres, à proximité de Blain, « l’étrêpe, faulx recourbée avec laquelle ils coupent dans les bois la litière de leurs étables ». De même, dans son récit « La femme blanche des marais » paru en 1878 dans les Contes de Bretagne, Paul Féval (1816-1887) qui a vécu à Glénac, écrit « Un homme surtout éveillait ses soupçons. C’était un éterpeur de landes d’assez méchante renommée, qui demeurait au bourg Saint-Vincent. » Et il précise : « On nomme éterpe ou étrèpe dans le Morbihan, une sorte de hoyau plein et tranchant, avec lequel les paysans tondent les landes ». On trouve des étrèpes mentionnées dans des inventaires après décès du XVIIIe siècle à Fay-de-Bretagne. Toutefois, la diffusion du terme et de l’objet déborde au-delà de la partie gallèse de la Bretagne puisqu’on trouve des « étrêpes » dans des inventaires en 1681 et 1693 à Mendon (entre Auray et Lorient), et « deux estrèpes à couper [la] lande » en 1674 à Surzur. Jean-Pierre Roullaud nous a décrit une « étrèpe » utilisée jusque dans les années 1960 à Guenrouët pour couper la litière et se présentant comme un triangle scalène (trois côtés inégaux) emmanché à l’angle des deux plus petits côtés. Dans un secteur tout proche, du côté de Moisdon-la-Rivière, Isabelle Paillusson nous a fait découvrir la « vouge », sorte de houe coupante, plus large (30 cm) que haute (15 cm), au manche centré et perpendiculaire. Le mot vouge désigne habituellement une serpe sur un long manche.

L’Écomusée Rural du Pays Nantais qui est installé à Vigneux-de-Bretagne nous a communiqué un très bel ensemble de photographies des étrèpes conservées dans les écomusées du département et on voit qu’elles correspondent aux descriptions rassemblées, confirmant la belle diversité des formes et l’ingéniosité des forgerons.

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Le vouge (photo Isabelle Paillusson)

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L’étrèpe (écomusée de Fay-de-Bretagne)

Les landes attaquées

Sous l’Ancien régime, le territoire de l’actuelle commune de Notre-Dame-des-Landes et de ses environs appartenait pour l’essentiel aux seigneurs de Rohan (marquisat de Blain), au domaine royal (châtellenie du Gâvre), à divers aristocrates et à des roturiers pour une part grandissante au fil du temps. Depuis le XVIe siècle (1549), on dispose d’actes d’afféagement par lesquels ces propriétaires autorisaient, moyennant une rente annuelle, le défrichement de bois ou de landes. Ces opérations menées sur de petites surfaces et au coup par coup peuvent même s’achever par abandon de la parcelle et ne posent généralement pas de problème. Certains contrats qui ne portent que sur le droit de faucher « privativement » interdisent de clore et il ne peut donc s’agir d’un défrichement. On note d’ailleurs qu’il existe des cas d’afféagements collectifs par lesquels il est possible de garantir la jouissance commune, tel celui accordé en 1774 par le duc de Rohan à soixante laboureurs pour utiliser ensemble les landes des Grands Mortiers à Héric qui resteront « vagues à perpétuité ». En effet, la question se pose de façon beaucoup plus conflictuelle au XVIIIe siècle, quand, par vagues successives associées aux décisions facilitatrices du Roi ou du Parlement de Bretagne, des opérations plus ambitieuses sont engagées et mettent en cause l’usage collectif des landes. De nombreux procès sont engagés et parfois gagnés, imposant le déplacement de certains afféagements « trop gênants pour les habitants des villages voisins » (en plus de supprimer des espaces de pâturages, les clôtures empêchent l’accès à des points d’eau ou des chemins). Des procédures collectives remettent même en cause de vieux afféagements conclus depuis 40 ans au nom d’actes passés cent ans plus tôt (on a le cas en 1778 pour des landes autour de la Rolandière et de la Villeneuve). Quand le problème est trop brûlant les paysans s’assemblent et mettent à bas les nouveaux talus comme à Héric en 1773.

Même si l’argument a été rapidement balayé par le rationalisme triomphant et les dures lois du marché, notons que le droit au pâturage sur les « terres vaines et vagues » était quasiment sacré et qu’au XVIIIe siècle encore, il s’est trouvé autour de Nantes de pieux aristocrates pour interroger leur confesseur sur la faute que pouvait constituer le défrichage et donc l’afféagement qui y conduisait quand il privait les pauvres de leur accès à des pâturages. En effet, la Très ancienne coutume de Bretagne (rédigée entre 1312 et 1325) stipulait que les choses qui ne « peuvent point porter de profit à ceux à qui les choses sont » mais qui pourraient profiter à d’autres sans nuire au possesseur, ne devaient pas être empêchées « car ce serait péché ». Un groupe de confesseurs rédigea à ce sujet un état de ses interrogations pour les soumettre au barreau du Parlement de Bretagne. Lequel répondit que le seigneur devait avant toute chose opérer un « triage », opération qui permet au seigneur de se réserver une fois pour toutes un tiers des communs et d’en disposer à sa guise.

C’est dans ce contexte que l’abbé Renaud, curé de Treillières, prit en 1752, la défense de ses paroissiens en recopiant les actes établissant leurs droits et que son neveu participa en 1786 à la destruction de talus et aux procès qui s’ensuivirent. Dans ce cas, comme dans d’autres, les procès traînent assez pour qu’on retrouve les réclamations dans les cahiers de doléances. Celui de Treillières indique que « le seigneur a fait renfermer une infinité de landes et communs ce qui est contraire à nos possessions et notre aisance ». À Héric, on demande que les « vagues et landes » qui ont été afféagés par le Roi reviennent aux vassaux, c’est-à-dire aux paysans riverains. À Fay-de-Bretagne, on reste très modéré puisque l’on se contente de demander que les « biens restent communs entre les seigneurs et nous », on réclame toutefois de ne plus payer de rente pour ce qui a été afféagé.

Une grande hésitation va marquer la période révolutionnaire quant au devenir des landes : la Révolution hésite entre la défense des pauvres qui souhaitent conserver les usages collectifs et celle du progrès associé à l’idée de propriété individuelle.

Les landes dépecées

La commune de Fay-de-Bretagne, qui totalise 9 000 ha vers 1840, compte 3 800 ha de landes et taillis et dans la quasi-totalité des communes des environs, on trouve entre 30 % et 40 % de la surface communale en landes. Mais à la même époque, le curé de Treillières note que l’on a défriché 500 ha dans sa paroisse en quatre ans. La commune y possédait 1 000 ha de landes dont elle avait conservé l’essentiel, se contentant de louer quelques petits morceaux ou de faire payer ceux qui avaient bâti leurs masures et défriché un bout de terrain. Comme l’écrit Jean Bourgeon, « le mitage des landes évolue au gré de la dette municipale ». Mais ce n’est qu’un mitage car au début du XIXe siècle l’agriculture manque encore de bras. L’Empire et ses guerres ayant disparu, la situation change et certains villages ressortent leurs vieux actes établissant leurs droits, demandes des parages, invoquent le progrès. On fait des procès, on tergiverse, on régularise les empiètements des nombreux miséreux qui bâtissent leurs cabanes au bord des chemins et se font un jardin. Les besoins de la commune augmentant et chacun pouvant avoir sa part ou sa miette dans le cadre des partages qui sont doucement engagés, les landes communales sont démembrées entre 1837 et 1850. À Héric, c’est en 1838 que s’est fait le partage des landes des Grands Mortiers. Malgré le coût de l’enquête fastidieuse où chacun apporte son témoignage sur ce qu’a connu son grand-père et recherche sur le terrain des marques d’une limite (arbre, mare, chemin…), les terrains sont attribués de telle sorte que chacun semble y trouver son compte et que, dans de nombreux cas, on pourra fixer le nouvel état des lieux dans le premier cadastre communal.

Les lois votées à partir de 1850 pour faciliter les partages et la « mise en valeur », tant attendues par nombre de propriétaires dans le reste de la Bretagne, ne concernent plus qu’un faible espace (il n’y a plus que 23 ha à partager en 1869 dans les landes de Parignac à Fay-de-Bretagne). En fait, la Loire-Atlantique a bénéficié de trois éléments incitatifs : une classe de riches propriétaires se détournant du commerce avec l’Amérique pour investir dans la terre, des exemples réussis dans le domaine de Grand-Jouan à Nozay autour de l’agronome Jules Rieffel ou de l’abbaye de Melleraye, de la découverte des pouvoirs fertilisants du « noir animal », sous-produit de l’industrie sucrière qui résout le problème des engrais en attendant l’arrivée des nitrates du Chili. Mais le mouvement est lancé et sous l’impulsion de nombreux propriétaires, on crée même de nouveaux villages (le nom de Solférino, une bataille gagnée en 1859, qui apparaît à Blain a son pendant dans les landes de Gascogne).

Il s’est donc bien agi d’opérations de partage menées sur de grandes surfaces en un temps relativement court qui explique le dessin très géométrique du parcellaire agricole. Les haies sont plantées pour marquer les propriétés autant que pour empêcher le bétail d’aller dans les cultures. Il faut rapporter ici une pratique notée à Fay-de-Bretagne par Per Bihan : « la pousse ou repousse des jeunes haies sont protégées de l’appétit des bestiaux par aspersion d’excréments d’animaux, à l’aide de petits balais en genêts ». On pratique le plessage, une très ancienne technique de création et d’entretien des clôtures maîtrisant et utilisant la dynamique végétale des haies vives pour les rendre plus hermétiques. Les landes ne furent pas totalement détruites car les agriculteurs eurent longtemps besoin de litière. Ils continuèrent à semer de l’ajonc pour nourrir les chevaux jusqu’au milieu du XXe siècle. Michel Tarin, né en 1938 et agriculteur à Chavagnes dans la commune de Treillières, raconte que son père allait du côté de Châteaubriant (soit une cinquantaine de kilomètres) acheter des graines d’ajonc.

Le défrichement des landes a donné naissance à un milieu original, un bocage sur zone humide mis en place par les ancêtres des agriculteurs que la folie de notre époque veut chasser. Ce bocage est caractérisé par la présence de petites prairies, non amendées et non drainées, de talus non enrichis et plantés de haies anciennes, de ruisseaux non recalibrés et d’un réseau de mares diversifiées d’une grande densité. On notera que les talus sont en partie des « conservatoires » de l’ancien paysage dans la mesure où ils ont été construits en creusant les fossés qui les bordent. Toutefois, ils sont plus secs et la bruyère cendrée y est donc plus présente que la bruyère ciliée qui marquait les grandes landes originelles. On voit que l’histoire du paysage est complexe mais que ses nouvelles pages n’effacent jamais tout à fait les précédentes (sauf à les arracher toutes pour écrire une page bâclée de l’histoire de l’aviation).

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Des Naturalistes en lutte à la recherche de la Gentiane pneumonanthe

Sauvons les dernières landes

En Loire-Atlantique, on part, selon certaines estimations souvent citées, d’environ 300 000 ha de landes au début du XIXe siècle. Toutefois, si l’on se réfère à la méticuleuse Statistique du département de la Loire-Inférieure publiée par Jean-Baptiste Huet de Coëtlizan (1769-1823) en 1801, on ne trouve que 133 632 ha, soit 20 % de la surface totale (marais et prairies sont comptés à part et le total des « incultes » est 161 127 ha). D’ailleurs, cette estimation concorde avec les 100 000 ha de 1844 donnés comme le « premier chiffre fiable » par René Bourrigaud. L’actuel inventaire départemental des espaces naturels compte 1,4 % de « landes et fourrés » soit un total 9 782 ha, sachant qu’en fait on ne connaît que cinq sites de landes (dont trois littoraux) un tant soit peu significatifs mais qui ne doivent pas totaliser beaucoup plus de 200 hectares à eux tous, le plus étendu et le mieux conservé se situant sur le plateau du Landonnais à Grand Auverné. La base Corine Land Cover donne d’ailleurs le chiffre de 624 ha pour les « landes et broussailles ». La botaniste Aurélia Lachaud qui a longuement parcouru le département résume bien la situation quand on l’interroge : « les landes de grande surface sont quasi inexistantes à part sur les coteaux du Don (à Grand-Auverné et Moisdon). Sur le littoral les plus belles landes étaient à Préfailles mais aujourd’hui ce sont en grande majorité des fourrés à ajonc. Le reste des grandes surfaces se trouvent sous pinède dans des états plus ou moins relictuels. Sinon il reste des mouchoirs de poche qui chaque année régressent faute de gestion appropriée ».

C’est dire que chaque parcelle de lande à bruyère est précieuse en Loire-Atlantique et que les deux hectares qui subsistent en plusieurs petits éléments à Notre-Dame-des-Landes sont les derniers témoins du paysage dominant il y a deux siècles. Leur caractère patrimonial ne fait aucun doute. Si ces landes sont à protéger, c’est pour des raisons proprement humaines et culturelles, car c’est dans sa diversité que la nature joue un rôle essentiel dans notre expérience sensible du monde et dans l’enracinement qui nous permet de prendre la mesure du monde.

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Coussinet de sphaigne dans une des landes humides de Notre-Dame-des-Landes

Les communs au cœur du débat

Pendant des siècles, les landes ont fait l’objet d’usages collectifs. Des conflits ont éclaté chaque fois que des individus ont voulu, d’une manière ou d’une autre, déroger aux usages qui assuraient l’équilibre général et, en particulier, basculer dans l’appropriation privative. Il a fallu plus de deux siècles pour imposer la privatisation des landes communes.

La philosophie de ce partage est bien résumée par le premier préfet d’Ille-et-Vilaine, Nicolas-Yves Borie, qui écrivait en 1801 que « l’état de communauté entraîne la destruction ». C’est à peu de choses près la thèse qu’a défendu en 1968 le biologiste Garrett Hardin (1915-2003) dans la revue Science sous le titre « La tragédie des communs » (The Tragedy of the Commons). L’idée de Garrett Hardin est que « les communs » (qui pour lui intègrent les zones de pâturage mais aussi les parcs publics, les réserves naturelles ou la sécurité sociale) font l’objet d’une surexploitation par chaque individu aux dépens des autres afin de maximiser son profit. Seul le régime de la propriété privée est aux yeux de l’écologue américain en mesure de préserver la durabilité des ressources. La polémique ouverte par ce texte qui apportait de l’eau au moulin néolibéral en construction est au cœur d’un débat toujours actuel. Il a, en effet, contribué à relancer la réflexion concernant les communs voire, depuis quelques années, « le commun », incluant aussi, par analogie, le champ d’Internet. De très nombreux auteurs appuient leur réflexion sur le mouvement des enclosures en Grande-Bretagne qui a marqué la pensée économique, sociale et politique depuis le XVIIIe siècle. Même un ouvrage récent comme Commun, essai sur la révolution au XXIe siècle écrit par le philosophe Pierre Dardot et le sociologue Christian Laval, ne cite aucun exemple français.

On aura compris, espérons-le, qu’il y a, dans l’histoire des landes de Bretagne et dans celle qui s’écrit aujourd’hui sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, la matière pour mieux appréhender le fonctionnement d’autres modèles sociaux que ceux qui font la part belle à un État tout-puissant ou à un marché totalement libéré. C’est ce que suggérait récemment Grégory Quenet (Qu’est-ce que l’histoire environnementale ?) quand il affirmait que « la gestion collective offre de nombreux exemples historiques d’une gestion soutenable plus efficace que la propriété privée ». Un procès fait en 1698 par les usagers des landes communes de Lanveur à Languidic contre un accapareur illustre parfaitement le fait que l’usage des communs relève essentiellement d’un droit non-écrit et se fonde sur un savoir-vivre populaire qui est le meilleur gardien de la durabilité du patrimoine commun. Les « pauvres de la paroisse » ne sont pas d’égoïstes rapaces qui raclent jusqu’à la roche les maigres landes dont ils peuvent disposer ; bien au contraire, ils les défendent contre ceux qui veulent y arracher des mottes alors qu’elles ne peuvent supporter que la fauche et le pâturage. Ils sont en fait les gardiens du système menacé par un individu qui, précisément, fonde son pillage irréversible en invoquant le droit du propriétaire du sol. Le commun, c’est d’abord une volonté de vivre ensemble, d’avoir un avenir et de renforcer périodiquement les liens des hommes entre eux, par exemple dans le cadre de fêtes autour de travaux collectifs. Cette expérience séculaire devrait alimenter la réflexion de ceux qui vont continuer à vivre sur la ZAD.

François de Beaulieu

15 mai 2014

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Le coupeur de litière et le réparateur de parapluie. Lucien Pouëdras, 2006.

Bibliographie

BEAULIEU (de), F., Pouëdras, L., 2014, La Mémoire des landes de Bretagne, Skol Vreizh (sous presse).

BIHAN, P., 1997, Contribution à l’histoire de Fay-de-Bretagne, s.e.

BIHAN, P., 2001, Faouell, contribution à l’histoire de Fay-de-Bretagne, s.e.

BOURGEON, J. 2012, Treillières, un village au pays nantais, Coiffard.

BOURGEON, J., 1986, La vie est dans le pré, portrait d’une commune rurale avant et pendant la Révolution [Treillières], éditions ACL.

BOURRIGAUD, R., 1994, Le développement agricole au XIXe siècle en Loire-Atlantique, Centre d’histoire du travail de Nantes.

COLOMBEL, H., 1828, ‎Mémoire sur les Terres vaines et vagues de la ci-devant Province de Bretagne, rédigé dans l’ordre des questions qu’avaient posées la société académique de Loire-Inférieure‎, Mellinet-Malassis.

DARDOT, P., LAVAL, C., 2014, Commun, essai sur la révolution du XXIe siècle, La Découverte.

GASCHIGNARD, P.-H., 1996, Héric pendant la Révolution 1789-1799, Les Amis de l’histoire d’Héric.

GASCHIGNARD, P.-H., 2000, Héric, des origines à la Révolution, Les Amis de l’histoire d’Héric.

HUET DE COËTLIZAN, J.-B., 1801, Statistique du département de la Loire-Inférieure, Impr. des Sourds-muet

LEBRETON, M.-A., 1998, Notre-Dame-des-Landes, naissance et vie d’une paroisse, s.e.

MAHEUX, H., 2004, « Champs ouverts, habitudes communautaires et villages en alignements dans le nord de la Loire-Atlantique : des micro-sociétés fossilisées dans l’Ouest bocager », In Situ, 5.

QUENET, G., 2014, Qu’est-ce que l’histoire environnementale ?, Champ Vallon.

SIBILLE, A., 1861, Usages locaux et règlements du département de Loire-Inférieure, Merson.

Ce travail n’a été possible que grâce à Yves Riou et Marie-Ange Lebreton qui ont rassemblé toutes les monographies locales et tous les Naturalistes en lutte qui ont bien voulu apporter des contributions.

64173945_640.jpgNotre-Dame-des-landes.jpg

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 14:43

 

1313982-corridaComme chaque été les grand-messes "populaires" se succèdent d'un bout à l'autre de l'Occitanie, dans les villes "à arènes", autour de manifestations tauromachiques dont la principale et plus connue est bien sûr la corrida, la course "espagnole".

Ce "sport" consistant en la mise à mort d'un animal sans défense (mais qui soi-disant "aurait sa chance" sous prétexte qu'il pèse tout de même une demi-tonne de muscles et que des toreros sont parfois encornés) est régulièrement présenté par l'aile droite de l'idéologie francouille comme un "sympathique" folklore emblématique de "nos terroirs" méridionaux, et par son aile "gauche" comme la preuve que nous sommes de gros "beaufs", des culs-terreux arriérés et réactionnaires aux "traditions" barbares.

Tout cela, qu'il s'agisse de l'Occitanie ou des pays ibériques dans lesquels la pratique trouve son origine, ne tient cependant pas la route devant la plus petite analyse historique marxiste du phénomène.

La réalité c'est que :

- Depuis des temps immémoriaux existent en Occitanie des jeux taurins tels que la course landaise ou la course provençale "à la cocarde", les lâchers de vachettes dans les rues des villages (abrivadas) etc. etc., "combats" symboliques entre l'homme et le puissant bovin n'impliquant pas la moindre mise à mort de ce dernier, surtout lorsque l'on a à l'esprit la valeur que pouvait représenter cet animal dans la société rurale d'il y a encore un ou deux siècles. Il s'agit là d'un héritage du culte solaire de la Haute Antiquité (le taureau étant associé au Soleil, lui-même associé à la nature et au vivant en général), répandu dans toute la Méditerranée (on pense par exemple à la Crète minoenne), notamment chez les Ibères et les Ligures qui sont nos ancêtres (et non "les Gaulois" comme nous l'enseigne l'école de la Républiiique). C'est l'idée de "jeu égal" entre lo rasotaïre et lo buòu, de conflictualité mais aussi de complémentarité entre l'être humain et la nature (symbolisée par la bête) qui prédomine. Certes, nonobstant de fréquentes et cuisantes blessures, l'homme finit généralement par triompher car il a moins de puissance musculaire mais plus de capacité cérébrale de résolution de problèmes, d'anticipation et d'astuce. Mais il n'est pas question pour autant d'exprimer un suprématisme barbare sur l'animal (et la nature) et le mettant à mort pour le seul plaisir de voir le sang couler : dans la société où naît la "tradition" de la course taurine, on sait encore que l'écosystème n'est pas la propriété de l'espèce humaine mais l'inverse.

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- La même chose se retrouvait bien évidemment dans la péninsule ibérique voisine. Cependant, à partir des derniers siècles du Moyen Âge (lorsque se consolide l'État moderne "espagnol") se développe la pratique de la corrida à cheval avec mise à mort, comme "joute" aristocratique censée montrer la "valeur chevaleresque" et la supériorité de l'homme sur l'animal et la nature, "valeur" qui émerge et se développe en même temps que les progrès du capitalisme et de la technique dans le cadre du "stade suprême" absolutiste de la féodalité. Il va de soi qu'une telle pratique n'avait pas sa place dans la lumineuse civilisation d'Al-Andalus (où se pratiquaient par contre, bien sûr, des jeux taurins comme au nord des Pyrénées, notamment ce qui deviendra la capea d'où provient la pratique de "leurrer" l'animal avec une pièce de tissu) ; pas plus d'ailleurs que dans celle d'Aragon-Catalogne-Òc ni dans l'Aquitaine des ducs-trobadors des 11e-13e siècles ; mais qu'elle relève bien au contraire de ses féroces annihilateurs, la grandeza castillane construisant l'"Espagne" à son image.  

La corrida prend alors solidement place dans la culture "espagnole" des élites du nouvel État, reflétant l'esprit "viril" et "conquérant" qui anime celles-ci et dont les indigènes et autres esclaves africain-e-s font parallèlement la sinistre expérience outre-Atlantique, comme avant eux les Moros et autres Juifs d'Andalus. On tue (mata -> matador) le taureau comme on tuait le Maure (matamoro -> "matamore") et l'on tue le "sauvage" du "Nouveau Monde", le "païen" et l'"hérétique" en général dans un État qui se veut le glaive de la foi catholique apostolique romaine (bien que pour le coup l’Église tente de limiter la pratique, qui rappelle un peu trop les jeux de cirques de la Rome païenne). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, comme tout-e un-e chacun-e le sait, la terre de prédilection de la corrida est l'Andalousie "re"-conquise, annexion première et fondatrice de "l'Espagne" où règnent un système et une culture coloniale très spécifiques (masses populaires autochtones et grande propriété terrienne castillane implantée à la place de la féodalité maure), baignant dans cet esprit de "conquête" dont nous avons parlé et que les masses vont chercher à imiter en "réaction". Le petit Portugal voisin tend à copier la pratique, d'autant plus qu'il fait partie du Royaume d'Espagne de 1580 à 1640 ; dans la corrida portugaise cependant l'animal est tué hors de l'arène et des regards du public.

Anales de la plaza de toros de Sevilla 1730-1835 - portadaLe "loisir" se "démocratise" donc ensuite à partir des 17e-18e siècle dans une logique de massification de l'idéologie "espagnole" (société civile gramscienne), comme "emblème" de la culture "nationale" : la corrida à pied semble trouver ses origines (dès le 16e siècle) dans les abattoirs de Séville, comme "copie" populaire aliénée de la pratique aristocratique ("spectacle" dont était bien sûr exclu le petit peuple à cette époque). C'est en Andalousie (à Ronda) qu'en 1752 le torero à pied Francisco Romero "invente" la muleta (il ne fait en réalité que reprendre la pratique populaire de la capea) et demande à tuer lui-même le taureau d'un coup d'épée dans l'échine (estocade), donnant naissance à la corrida "moderne" : le picador à cheval passe au second plan et la mise à mort par estocade devient l'objectif en soi du "spectacle". À cette même époque la corrida est déjà largement devenue un opium pour les masses aliénées, au point d'engendrer de nombreux débordements dont les autorités s'émeuvent ; tandis que paradoxalement l'aristocratie qui en est à l'origine s'en désintéresse peu à peu. On a finalement là un peu le même phénomène qu'avec le football, inventé et pratiqué au 19e siècle dans les écoles d'élite de la haute société britannique puis devenu (en Angleterre comme dans le monde entier) une grande bacchanale "populaire" que la bourgeoisie fait mine de mépriser... tout en étant bien contente des milliards de profits qu'il génère et (surtout) de l'abrutissement de masse dont il est l'instrument. Bien que souvent issus de milieux populaires (ouvriers agricoles voire Gitans), les toreros à pied (matadores) étaient et sont généralement des gens conservateurs, réactionnaires, souvent franquistes sous ce régime. Par ailleurs le prix des places en arène (en "Espagne" comme en Occitanie), aujourd'hui encore, tend aussi à montrer que la "démocratisation" a ses limites et que la tauromachie veut garder un certain caractère "élitiste".

- En Occitanie, il n'existe pratiquement aucune corrida d'aucune sorte avant le 19e voire le 20e siècle [on signale des édits royaux d'interdiction en Gascogne, sur injonction de l'Église, au 17e siècle mais on ne sait pas bien s'il s'agissait de corridas "espagnoles" (influence d'outre-Pyrénées) ou de courses gasconnes (sans mise à mort) combattues par le clergé comme pratique "païenne"]. Il s'agit d'une complète importation dans le but 100% capitaliste de créer de toute pièce un "folklore local" lucratif en jouant sur la proximité de la péninsule ibérique, son influence culturelle historique sur notre pays et le terreau (supposément) "favorable" de la culture des jeux taurins. Ce serait à l'origine l'impératrice Eugénie de Montijo (comtesse castillane épouse de Napoléon "Badinguet" III... notre bourreau de 1851 !) qui aurait importé le "spectacle" au milieu du 19e siècle avec toute une flopée d'autres modes "espagnoles", à l'époque où nos Terres d'Òc commençaient également à devenir (chemin de fer aidant) la grande destination touristique qu'elles sont restées (l'impératrice elle-même "lançant" Biarritz et le "Sud-Ouest") : les deux phénomènes se sont combinés pour engendrer ce qui s'appelle tout simplement un marché. Mais ce n'est encore pas avant la première moitié du siècle suivant qu'apparaissent la plupart des ferias sous la forme que nous leur connaissons aujourd'hui. C'est Nîmes qui "ouvre le bal" à la fin du 19e siècle avec une longue bataille juridique de plusieurs décennies, marquée par la figure de l'avocat et manadier (grand propriétaire d'élevage) camarguais Bernard de Montaut-Manse qui voit là (à juste titre) matière à une juteuse rentabilisation des troupeaux, en mode "l'Espagne près de chez vous" pour le bourgeois venu de tout l'Hexagone, et qui met misérablement en avant la "méridionalité" contre "Paris" où la SPA faisait (déjà) pression sur le gouvernement pour qu'il interdise le sordide spectacle. C'est arene nimes6Blui qui arrache en 1921 un premier jugement en faveur de la corrida avec mise à mort, débouchant 30 ans plus tard (1951) sur la notion de (soi-disant) "tradition locale ininterrompue".

Voilà qui en dit long sur le mariage de grande notabilité locale (et "localiste"), voire de grande propriété foncière (bien à droite comme il se doit, la plaine camarguaise étant historiquement un bastion "blanc" réactionnaire) et de "loisir"-business capitaliste qui sous-tend la chose ; comme d'ailleurs tout le Disneyland touristique "couleur locale" que le capitalisme BBR a fait de nòstra Occitània et de toutes les terres provincialisées de son entité "France"... Malheureusement, beaucoup de gens croient que mettre en avant ce genre d'équivalents (culturels et de classe) provinciaux de la bourgeoisie compradore et de la féodalité terrienne semi-coloniale est une "affirmation occitane", une manière d'affirmer notre Peuple nié contre l’État négateur ; alors que ce sont en réalité des boulets qui permettent au système-"France" de nous maintenir emprisonnés malgré des siècles de résistance infatigable !

Les Fêtes de Dax (ville thermale déjà très touristique) se développent vers la même époque (les arènes actuelles sont construites en 1912-13), dans la foulée de "l'effet Eugénie" et dans le cadre d'une foire agricole - quant à elle - immémoriale (avec traditionnellement des courses gasconnes), tout comme celles de Mont-de-Marsan, tandis que celles de Bayonne n'apparaissent qu'en 1932 (il n'y a pas en Gascogne, en revanche, de grands élevages et les taureaux viennent généralement de la vallée de l'Èbre, outre-Pyrénées). Pour dire combien est "immémoriale" la "tradition" de la corrida en Occitanie, l'Union des Villes taurines françaises s'est constituée à la date antédiluvienne de... 1966.

Extirper la corrida de nos Terres d'Òc ne signifie donc nullement aller contre une "tradition ancestrale", mais bien contre une pure machine-à-fric "folklorique" totalement transplantée ; a fortiori lorsque l'on peut mettre en avant une tradition locale vraiment ancestrale (celle-là) de jeux taurins sans mise à mort, célébrant symboliquement l'unité relative des contraires (contradiction mais aussi complémentarité, indissociabilité) entre l'être humain et le reste du vivant, et non la  la-corrida-est-une-torturedomination brutale de la nature symbolisée par des heures de torture s'achevant sur un assassinat pur et simple (logique qui ne peut conduire qu'à la disparition de l'espèce humaine).

Dans l’État espagnol et au Portugal (ainsi que dans les pays hispaniques d'Amérique où elle a été exportée), en finir avec la corrida sera une conséquence de la lutte victorieuse contre une bourgeoisie de nature particulièrement aristocratique et oligarchique. La corrida n'y est d'ailleurs pas plus qu'ici une tradition "ancestrale" (comme d'ailleurs aucune tradition nulle part) : elle n'est que le produit et le reflet d'un processus historique, en l'occurrence celui de l'affirmation du capitalisme (avant son triomphe total aux 19e-20e siècles) dans le cadre de la féodalité absolutiste. Nier le résultat historique de ce processus (les systèmes capitalistes "espagnol" et portugais avec leurs États respectifs et les États semi-coloniaux compradores d'Amérique latine) aboutira inévitablement à nier tous les héritages (les "traditions") historiques charriés par lui ; héritages dont fait partie la corrida.


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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 17:13
Le rassemblement de la Maddalena di Chiomonte attaqué !
 
Juillet 2001 - Juin 2011 : par cette véritable opération de guerre dans le Val de Suse, Maroni (ministre de l'Intérieur, Ligue du Nord - NDLR) ouvre les "célébrations" du dixième anniversaire de la Diaz et de Bolzaneto (centres de détention et de torture des manifestant-e-s au G8 de Gênes - NDLR)

Rejetons cette agression criminelle !

Grève et mobilisation de solidarité dans toute l'Italie ! (note SLP : et de ce côté des Alpes aussi !!!)
  

A l'aube de ce matin, par un déploiement massif d'hommes et de moyens, le gouvernement a débuté l'évacuation de la République Libre de la Maddalena pour lancer les travaux de construction du chantier TAV.

Des centaines d'activistes, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes résistent en ce moment même dans une zone militarisée, sous les tirs de grenades lacrymogènes, et font face à des colonnes de bulldozers et de véhicules blindés.

Pour chacun d'entre eux/elles qui résiste à Chiomonte, 1000 peuvent et doivent se mobiliser à travers tout le pays.



Recueillir l'appel lancé par le mouvement NO TAV à la Fête de la FIOM :

* http://www.youtube.com/watch?v=0sU3cSzTG7M
* http://www.youtube.com/watch?v=o_uCWtCUpLE


1. Que les organisations de la gauche syndicale, les syndicats autonomes et de base ordonnent la grève générale (comme l'a fait la CUB de la province de Turin) pour permettre la plus large mobilisation de solidarité possible, au niveau national. Ont les moyens de le faire : la FIOM, la CGIL fonction publique, l'USB...

2. Que les mouvements, les comités, les partis convoquent devant les préfectures des rassemblements de solidarité avec les résistants No TAV et de protestation contre l'opération de guerre lancée par la bande Berlusconi.

Communiquer les initiatives et mobilisations de solidarité à Radio Back Out de Turin (011-2495669), qui est en contact direct avec les résistants de No TAV.

Initiatives déjà programmées dans la journée d'aujourd'hui :

Naples : 18h30 rassemblement devant la Préfecture

Massa : 18h00 rassemblement devant la Préfecture

 
Mobilisation générale ! Non au TAV !

NON à l'Etat policier !

Longue vie à la République Libre de la Maddalena !

Chassons le gouvernement de criminels dirigé par Berlusconi ; la direction de notre pays doit être assumée par un gouvernement populaire d'urgence !

 

http://medea.noblogs.org/files/2011/06/31ott05.jpg

"Vous ne nous volerez pas l'avenir - No TAV"

 

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 20:28

 

Greenpeace France

HNS-info

 

Des conflits ont éclatés en avril et en mai entre des compagnies d’exploitation du bois et des communautés forestières. Ces conflits se sont soldés par des interventions violentes de la police, des arrestations et, selon les premières informations, des exactions.

 

Les incidents se sont passés dans le groupement Yalisika en territoire de Bumba, dans la province de l’Équateur fin avril 2011. Un conflit a opposé des membres de la communauté Bosanga du village de Yalisika à la Siforco (la filiale congolaise du groupe Danzer). A la base de ce conflit, le non respect du cahier de charges signé depuis 2005 entre la communauté de Yalisika et la Siforco. La Siforco a fait appel aux forces de police, ce qui s’est soldé par une intervention violente : il a été rapporté à Greenpeace que des villageois ont été violemment battus ce qui aurait entraîné la mort d’une personne, Monsieur Moloma Tika Frédéric. Plusieurs femmes auraient également été violées tandis que des biens des villageois étaient détruits. Le dimanche 15 mai, Greenpeace a été informé que des villageois ont été battus et arrêtés par la police dans la zone d’Inongo (Province de Bandundu). Ces faits seraient liés, selon des sources fiables, à un conflit entre la communauté locale et la Sodefor (filiale congolaise du groupe enregistré au Lichtenstein, NST, NordSüdTimber). Sept personnes ont été en détention pendant plusieurs jours, dans des conditions considérées comme dégradantes, et sans que des charges claires ne soient retenues contre eux.

 

Une des principales causes de ces récurrents conflits violents est l’absence totale de plan d’utilisation des sols dans les forêts allouées à l’exploitation forestière. Il est urgent que le gouvernement de République Démocratique du Congo et la communauté des bailleurs de fonds s’engagent fermement pour un maintien du moratoire existant sur de nouvelles allocations de concessions forestières Les deux compagnies Sodefor et Siforco prétendent pratiquer une « gestion durable des forêts », soutenues par certains pays donateurs. Par exemple, en janvier, la Sodefor a obtenu un certificat FSC (Forest Stewardship Council- Controlled Wood certificate) pour des zones d’exploitation forestières où des conflits ont déjà eu lieu. Le 13 mai, Greenpeace international a déposé une plainte officielle auprès du FSC pour que le label se dissocie de la compagnie Sodefor, en accord avec ses propres règles. Depuis plusieurs mois, Greenpeace a demandé au FSC à suspendre toute décision sur de nouveaux certificats du label à des exploitations forestières dans le Bassin du Congo, tant que les préconditions à un rétablissement de la crédibilité du FSC dans la région ne sont pas remplies. Les récentes violences nous montrent que la gestion durable des forêts n’existe pas aujourd’hui en République Démocratique du Congo. Pour éviter de futures certifications controversées et pour maintenir le support des partenaires et membres du FSC, le FSC ne doit plus s’associer à des compagnies comme la Sodefor. De telles compagnies ne sont pas seulement impliquées dans la fragmentation de très grandes zones de forêts à haute valeur de conservation, mais aussi dans des conflits qui conduisent à des violations des droits humains.

 

Greenpeace appelle le gouvernement de la République Démocratique du Congo à s’engager à maintenir le moratoire existant sur l’attribution de nouveaux permis d’exploitation forestière industrielle, ceci notamment tant qu’un plan de zonage participatif n’a pas été mis en place.

 

 

 

 


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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 17:15

 

500 ans après l'arrivée des colonisateurs, les Peuples des Amériques sont toujours affamés, réduits en esclavage et massacrés sur leur propre continent, éternels damnés de la terre. Mais partout, comme on l'a vu encore au Pérou il y a 2 ans, ou en Equateur où les grandes confédérations indigènes ont dégagé 3 présidents en quelques années (et peut-être un 4e, le "bolivarien" Correa, s'il continue sur sa pente savonneuse), les Peuples relèvent la tête. Un jour prochain, armé du marxisme-léninisme-maoïsme et de la Guerre populaire, comme hier au Pérou et aujourd'hui en Inde, ils ébranleront le Monde !

 

On célèbre ces jours-ci le 10e anniversaire d'un effroyable massacre commis par les milices paramilitaires fascistes AUC en Colombie. Milices aujourd'hui désarmées, et pour cause : leurs anciens dirigeants de l'ombre sont au pouvoir à Bogotà.

[ NDLR : l'association auteure du texte tend à mettre dos à dos le pouvoir fasciste colombien et les guérillas marxistes et progressistes (FARC, ELN) qui le combattent au nom des paysans pauvres. Quelles que soient les critiques qu'on puisse avoir sur la ligne de ces guérillas, Servir le Peuple n'est bien entendu pas sur cette position.]

 

Colombie : 10 ans du Massacre du Naya, Ni oubli, Ni pardon

La lutte contre l’impunité continue

dimanche 17 avril 2011, par Primitivi

 

Cette année se commémore le dixième anniversaire du Massacre du Naya, région qui borde le Rio Naya, limite entre les départements du Cauca et de Valle del Cauca. Plusieurs événements ont été organisés pour rappeler et dénoncer l’impunité dans laquelle demeure ce massacre.

Le samedi 9 avril, les victimes, accompagnées par les autorités indigènes et associations de Droits de l’Homme, ont procédé à une dénonciation publique à Santander de Quilichao et ont planté un plan de palme en mémoire aux morts du Naya et à Alexander Quintero, leader du Naya assassiné l’an dernier. Ont ensuite été parcourues les communautés afros, afin d’exprimer l’unité entre les descendants afros, les indigènes et les paysans, avant de procéder à une cérémonie d’harmonisation dans le Rio Naya, où se trouvent, encore, des disparus du Massacre. Une messe politique a été organisée le dimanche, ainsi qu’une galerie de la Mémoire. En ce même jour ont été écrites les exigences des victimes et des organisations, avec l’objectif de les présenter le lundi, lors de l’Assemblée de Commémoration, à Timba Cauca.

Quelques éléments pour ceux qui ont oublié ou qui n’ont jamais su de ces journées de barbarie, de ces années d’agression des peuples indigènes, des communautés afros et des paysans du Cauca et de la Vallée du Cauca...

Ces 50 dernières années, sur les terres fertiles du Naya, ont commencé à pousser les cultures illicites de coca : la zone, presque vierge, est un lieu privilégié pour le transit de produits illicites. Ces activités ont attiré tous types de groupes armés, tant les FARC, l’ELN que le Bloc Calima des Autodéfenses Unies de Colombie (AUC).

Les AUC, c’est à dire les paramilitaires, furent convoquées par les principaux narcotrafiquants du cartel du Nord de Valle del Cauca et par un groupe d’entrepreneurs locaux afin de protéger les commerces du harcèlement de la guérilla (source : www.verdadabierta.com ). A partie de l’année 2000, dirigée par Jodé Ever Veloza Garcia, connu sous le nom de "HH", une armée de 800 paramilitaires impose des barrages routiers illégaux, repère, séquestre, agresse, fait disparaître et assassine dans le centre de Valle et dans le Cauca, causant de nombreux déplacements forcés de population. En novembre de cette même année, le ministère public alerte le gouvernement sur des barrages des paramilitaires entre Buenos Aires et Santander de Quilichao, ceux-ci contrôlant l’accès des communautés à la nourriture et autres vivres. "Ils déterminaient ceux qui allaient vivre et ceux qui n’allaient pas vivre" commente le Gouverneur indigène de Kitek Kiwe. Le massacre du Naya avait déjà commencé un an avant, mais les autorités ont pris en compte la gravité de la situation qu’en décembre 2000, lorsque se déplacèrent plus de 4000 indigènes du Resguardo de La Paila dans le Naya. Dans une situation tendue, après l’assassinat de Elías Tróchez, gouverneur indigène du Haut Naya, par l’ELN le 11 décembre 2000, la force publique entre dans la région du Naya.

En Mars 2001, l’Armée s’en va et les paramilitaires reviennent. La Defensoría del Pueblo (Défense du Peuple) montrait sa préoccupation depuis 1999 en rapport avec la présence de paramilitaires dans la zone, et déjà prédisait un massacre, quand, le 27 mars, la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) exige de l’État colombien qu’il établisse des mesures de protection de s populations indigènes.

Cependant, le 5 avril, ce sont 500 hommes armés des AUC, selon la Defensoría del Pueblo, qui entreprennent le parcours de la mort, passant par les 17 villages du Naya. Le 9 avril, ils bloquent les routes et séquestrent des informateurs dans le but de les aider à chercher les présumés guérilleros. Le jour suivant ils commencent le massacre à El Ceral, lequel dure 4 jours, principalement à Palo Solo, Rio Mina, El Placer et San Antonio. Jusqu’à aujourd’hui ont été retrouvés seulement 37 cadavres, mais selon les communautés, ce sont plus de 100 personnes qui furent assassinées. Le 13 avril, après avoir tué tant de civils, les combats entre les AUC et les FARC commencent et prennent fin le 16 avril. Il a également été reporté que certains paramilitaires se seraient enfuis avec l’aide de l’Armée colombienne, après le massacre. Des milliers de déplacés arrivent à Timba, Santander, Popayán, Jamundí et Cali. La force publique se présente sur les lieux le 26 avril, quand tout est terminé, juste à temps pour ramasser les morceaux de chair en putréfaction.

Doña Rubiela se rappelle de tous les détails de ce 11 avril 2001, quand ils ont tué son mari et qu’elle a du s’enfuir avec sa fille de 5 ans. "Mon histoire, pour vous est très émouvante, très triste, très amère, pour moi aussi" introduit-elle avec une photo de famille à la main. Sur la photo, un hombre, une femme et une enfant. Ils sourient.

Doña Rubiela était en train de préparer les arepas (galettes colombiennes) quand arrivèrent les paramilitaires. "Ce sont les AUC" a dit son voisin. "Qui c’est ?" "Bin c’est les gens qui tuent à El Ceral, à Timba, partout" il lui a répondu. Les AUC emmenèrent la famille et les accusèrent d’être des guérilleros, des collaborateurs. Selon Doña Rubiela, un guérillero capturé par les AUC répétait : "Si vous allez tuer des gens, vous vous trompez, ici il n’y a pas de guérilleros, que des paysans, des travailleurs". Mais ils fusillèrent tous les hommes de la communauté. "Mon mari a ouvert la bouche et ils lui ont tiré une balle là" raconte cette dame, "ils ont voulu baisser le pantalon de ma fille pour voir si c’était pas un garçon." Comme de nombreux déplacés, les deux femmes ont tout perdu, et s’en sont allées sans rien. Comme de nombreuses victimes, elles n’ont pas obtenu réparation. "J’ai eu faim, j’avais aucun endroit où me mettre avec ma fille, ces dix ans ont été durs pour moi... coups sur coups."

Ce lundi 11 avril 2011, dans cette Assemblée de commémoration et de résistance, les victimes du massacre du Naya, les organisations et les processus sociaux du Territoire ancestral n’oublient pas. Ils exigent la réparation intégrale pour les victimes, particulièrement des veuves et orphelins du massacre, et pour les populations déplacées par le conflit armé, avant, durant et après le massacre. "Le mal que nous ont fait les autodéfenses au Naya, le Président va devoir le réparer" s’exclame Doña Rubiela avec colère, "nous ne voulons pas plus de kilos de riz, ni plus de kilos de lentilles, nous avons besoin qu’ils nous donnent un logement où on puisse vivre". Devront également être prises en compte les victimes des assassinats antérieurs et postérieurs au massacre du Naya. Parce qu’on ne sait toujours pas le nombre exact de victimes, car les gens ont peur des menaces de la part des paramilitaires.

Par ailleurs, les autorités dénoncent la persistance de crimes et menaces dans la zone : la disparition de Manuel Antonio Ramos, gouverneur indigène, en 2003, la responsabilité de la force publique dans des assassinats de civils passés pour guérilleros en 2007, les menaces contre la direction de Kitek Kiwe en 2008 ou l’assassinat d’ Alexander Quintero, leader du Naya, le 25 mai 2009. Et l’horreur continue : de retour de cette commémoration même, un communard indigène, Hugo Ulcue, appartenant au Cabildo la Playa Haut Naya, a été assassiné ce 12 avril. "le cadavre a été abandonné dans les alentours du siège du Cabildo (autorité politique indigène) de la localité, comme un acte d’avertissement" dénonce la ACIN. Le massacre du Naya n’est toujours pas terminé !!

Ils demandent Justice. Encore une fois. Pour montrer au grand jour qui a été responsable de ce massacre, autant les responsables matériels -les paramilitaires- que les responsables intellectuels. Que se reconnaisse la responsabilité de l’État pur omission et participation. Si aujourd’hui 73 paramilitaires sont en prison, d’autres questions restent sans réponse. La participation d’ex-militaires dans les AUC, l’usage de véhicules de l’Armée et son aide dans la fuite de nombreux "paras", le silence de la base militaire quand passèrent les bataillons de paramilitaires, les réunions entre "HH" et des responsables de la force publique... la contemplation de l’État devant les nombreuses alertes.

Sur la question du paramilitarisme, le Gouverneur de Kitek Kiwe, Gerson Acosta Salazar, analyse : "Ils s’appelaient Pájaros, Chusmas, ensuite AUC, Rastrojos, Águilas Negras, et maintenant les ‘Bacrim’. Mais la communauté dit clairement qu’elle ne se laissera pas avoir par ces termes, nous savons que le conflit persiste dans ce pays et nous savons très bien que c’est une politique d’Etat, le paramilitarisme peut changer de nom mais persiste dans nos territoires et c’est ce qu’aujourd’hui nous refusons. La politique d’agression de l’État, de spoliation, continue".

Et le gouvernement est le grand absent de cet événement. Il n’a jamais eu la volonté de faire justice dans ce cas. Jamais il n’a accompagné les victimes, jamais il n’a reconnu sa responsabilité. Même s’il a accepté et confirmé l’invitation à cette commémoration, il n’est pas venu. Quelques fonctionnaires, visiblement mal à l’aise, ont présenté des rapports mais, comme le reporte le compte rendu, "depuis leur responsabilité politique et administrative, ils n’ont pas pu aller plus loin que ces rapports" et "assumer les engagements qui permettrait de démontrer la supposée volonté du gouvernement et de l’État envers les victimes et sa responsabilité dans garantie de leurs droits fondamentaux".

L’Assemblée exige la titularisation des territoires du Naya de manière collective aux communautés afros, indigènes et paysannes, ainsi que le respect de ces territoires, la consultation préalable pour n’importe quel projet économique. Ils demandent le respect de leurs droits, des garanties de prévention et de protection des leader-e-s et intégrant-e-s des communautés du Naya, l’accès à la Justice. Ils veulent une Loi des Victimes punissant les faits perpétués par les paramilitaires et "les déterminants du délit" comme l’a manifesté le Gouverneur de Kitek Kiwe "assez de chiffres sur les victimes, nous exigeons une loi qui respecte et défende les peuples".

Finalement, il se reconnaît que "seules la mobilisation et la lutte dans les rues ainsi que la libération des territoires rendront possible de véritables résultats dans le chemin de la réparation collective, dans la reconnaissance de la vérité et la consécration d’une véritable justice". Ainsi, en cette année de mémoire, la communauté a décidé de se réunir le 29 avril pour décider les actions à réaliser dans le but de faire pression sur le gouvernement et en terminer avec cette impunité. "Nous ne voulons pas attendre dix ans de plus !" crient les victimes. Dans ce cadre s’est proposé une minga (marche) de résistance à Bogotá, ce qui sera discuté lors de cette réunion.

Toutefois, les participants reconnaissent la nécessité de s’unir pour protester contre la violence générale que vit le département du Cauca. "Il y a un conflit interne, des intérêts territoriaux, des politiques néo-libérales qui affectent autant l’indien, le noir que le paysan, c’est pour cela que nous devons être tous être unis en un seul langage, exiger le droit et les respect à notre territoire" conclue Gerson Acosta Salazar. Une volonté qui pourra se réaliser par cette minga.

Pendant que les bus se remplissent, quelques victimes doutent. "ils ne tiennent pas leurs promesses" lâche une dame, avant d’ajouter "la marche est une bonne alternative, parce qu’ils nous ont oublié", "nous avons besoin des autres communautés, qu’elles nous soutiennent." La lutte de ceux du Naya n’est pas juste une lutte pour la ’Justice’, elle est beaucoup plus grande, c’est une lutte contre le capitalisme et ses armées qui veulent convertir des poignées de terre en sacs de monnaie, qui veulent en terminer avec les processus organisés des peuples pour jouir de leurs ressources naturelles. C’est une lutte de tous et toutes.

Une mémoire présente et un peuple en résistance Le massacre du Naya : plus jamais !

Tejido de Comunicación de la Asociación de Cabildos del Norte del Cauca Colombie - ACIN - nasaacin.org

 

Et puisqu'on a parlé, dernièrement, de Pâques 1916, et bien voilà 100 ans tout juste qu'un acteur de premier plan de la Révolution irlandaise, sir Roger Casement, alors diplomate, révélait les exactions génocidaires des compagnies forestières britanniques en Amazonie.

Tout comme Sabino Arana Goiri, connu dans les milieux jacobinards "de gauche" comme le "père fondateur catholique, réactionnaire et raciste du nationalisme basque", fut en son temps le premier à dénoncer le sort des Peuples d'Afrique colonisée... à la même époque où une icône "de gauche", Jules Ferry, clamait que "Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je dis qu’il y a pour elles un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures" ; l'époque où un Victor Hugo, pris d'un élan mystique, lançait "Allez, Peuples! emparez-vous de cette terre. Prenez-la. A qui ? à personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l'Afrique à l'Europe. Prenez-la !". CQFD.

D'un bout à l'autre de la Terre, la fraternité des Peuples en lutte est indestructible !

 

HNS-info

Centenaire de la parution d’un rapport révélant les atrocités commises sur les Indiens d’Amazonie

Selon le rapport du diplomate irlandais, Sir Roger Casement, publié il y a 100 ans aujourd’hui, des dizaines de milliers d’Indiens furent réduits à l’esclavage, torturés, séquestrés, tués durant les quelques décennies que dura l’exploitation forcenée du caoutchouc amazonien.

 

Casement avait été envoyé par le gouvernement britannique pour enquêter sur les crimes commis par la compagnie de caoutchouc Peruvian Amazon Company basée à Londres. Il dénonça ‘les crimes commis par les employés de la compagnie [qui] relevaient de la plus grande atrocité, incluant de constantes flagellations, des actes de torture et des meurtres’.

 

Les agents de la compagnie recrutaient les Indiens d’Amazonie occidentale pour récolter le caoutchouc destiné aux marchés européen et nord-américain. En l’espace de quelques décennies, de nombreuses tribus indiennes furent totalement exterminées.

 

L’histoire de cette terrible période est aujourd’hui presque oubliée, mais pour les descendants des survivants du boom du caoutchouc, la réalité de la disparition des ressources de la forêt est impossible à ignorer.

 

Les Indiens isolés qui apparaissent dans une vidéo diffusée le mois dernier sont vraisemblablement les descendants des survivants de cette période noire tandis que l’exploitation forcenée des ressources de la forêt continue de nos jours sur leurs propres territoires. Des bûcherons illégaux pénètrent de plus en plus profondément dans leurs forêts, attirés par la haute valeur commerciale des essences précieuses menacées qui s’y trouvent.

 

L’organisation conservationniste nord-américaine Upper Amazon Conservancy (UAC) a révélé il y a six mois la présence de campements illégaux de bûcherons dans des régions habitées par les Indiens isolés murunahua. Selon une récente déclaration du ministre de l’Environnement péruvien, le gouvernement contrôle près de 100% de l’exploitation forestière : ‘Chaque mahogany (acajou rouge) qui est aujourd’hui abattu est géoréférencé et contrôlé’.

 

Chris Fagan, porte-parole de l’UAC a confié à Survival : ‘La déclaration du ministre de l’Environnement est totalement erronée. Les mahogany continuent en majorité d’être illégalement abattus dans des régions protégées du Pérou ou dans des territoires indigènes, sans aucune conformité avec des plans de gestion appropriés’.

 

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ’Lorsqu’il y a des profits à tirer de l’Amazonie, que ce soit en la rasant ou en exploitant ses ressources, ce sont toujours les Indiens qui en pâtissent. C’est ce qui s’est passé il y a cent ans et cela continue aujourd’hui. Un siècle de mesures en faveur des droits de l’homme et de programmes de plus en plus élaborés destinés à sauver la forêt n’a presque rien changé. Et rien ne changera tant que les Indiens et leur terres ne seront pas placés au centre du débat. Ils ont prouvé à maintes reprises qu’ils étaient les meilleurs gardiens de leur propre terre’.

 

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 17:04

 

Source

 

Le PDG de Total Christophe de Margerie juge inéluctable le passage de la barre des deux euros le litre de super

Pour le patron de l'un des principaux acteurs de la filière pétrolière : le litre de super à 2 euros ne fait aucune doute. "La vraie question, c'est quand", explique M. Margerie dans l'édition de mardi du Parisien.

Le baril de pétrole atteint depuis le début de l'année des plus hauts de près de trois ans.

Parmi les événements qui pourraient affoler encore plus les prix du baril, le n°1 de Total cite un embrasement généralisé dans d'importants pays producteurs comme l'Arabie Saoudite qui produit à lui seul 9 millions de barils de pétrole par jour.

"S'il venait à manquer sur le marché, les prix deviendraient alors incontrôlables".

Autre élément qui joue dans la hausse des carburants : la parité euro-dollar.

 

Pour tenter d'endiguer cette flambée des carburants, M. Margerie soutient qu'outre la réduction de la consommation, l'investissement dans "l'exploration-production" notamment à l'étranger doit être privilégié.


 

... Ou comment construire la mobilisation réactionnaire de masse, pour préparer toutes les guerres de rapines pétrolières (façon Libye ou encore Côte d'Ivoire, où des gisements offshore sont en exploration), et toutes les guerres d'extermination contre-révolutionnaires comme celle qui se déroule à Bahreïn (un embrasement généralisé dans d'importants pays producteurs comme l'Arabie Saoudite (...) "S'il venait à manquer sur le marché, les prix deviendraient alors incontrôlables"). Belle preuve que le militarisme impérialiste et, au final, le fascisme, ne sont que l'expression des intérêts des monopoles en panique, face à un capitalisme qui coule...

Cela dit, c'est une réalité : les énergies fossiles, qui sont devenues le symbole de la société capitaliste depuis les années 1930, sont vouées par définition à s'épuiser et donc, dans la logique capitaliste, leurs prix à augmenter. En exploiter de nouvelles, comme les gaz de schiste dont Margerie veut promouvoir l'utilisation, outre de nouveaux désastres écologiques, ne résoudra absolument rien.

Seule la révolution prolétarienne, l'appropriation par les travailleurs de leur destin, pourra libérer le génie humain le plus grand qui soit, le génie des masses, armé des moyens techniques et scientifiques qui sont l'apport historique du capitalisme, afin de mener la révolution énergétique de l'humanité. Comment avait bien sû le faire un pays encore au Moyen-Âge au milieu du 20e siècle : la Chine de Mao Zedong !

 

  http://www.lemoustachiste.com/wp-content/themes/le_moustachiste/images/moustache_of_the_day/christophe-de-margerie.jpg

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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 17:42


Le reportage dont nous avons parlé dans l'avant-dernier article, traduit.

Il se déroule en Chine en 1980, donc après la contre-révolution, cependant les Communes Populaires n'avaient pas encore été liquidées, et l'héritage de plus de 25 ans de marche vers le socialisme et le communisme marquaient encore profondément le pays, en particulier les campagnes.

Florita Botts - Biogaz d'arrière-cour en Chine

Le cadre décrit son village de quarante-huit familles.
"Le biogaz a été introduit dans notre village il y a quatre ans. Jusqu'ici quarante-quatre familles ont établi leurs propres unités individuelles pour la cuisine et l'éclairage".

1980. La Chine

J'étais au fin fond du coeur de Sichuan rural, me reposant dans la cuisine d'une ferme rurale en buvant du thé vert.
Une jeune femme souriante de la maison était occupée à dérouler des biscuits pour nous offrir, tandis que le cadre de village parlait, et Ho, mon interprète, traduisait tandis que je prenais des notes.
Le cadre, dans son style de présentation vif et monotone comme mémorisé, poursuit : "En produisant et en employant le biogaz dans nos maisons nous ne devons plus brûler de charbon ni de kérosène pour la cuisson. Et les arbres n'ont plus besoin d'être coupés pour le bois de chauffage".
J'ai observé notre hôtesse tandis qu'elle allumait un brûleur fixé à un tube en caoutchouc, l'insérant dans un espace de son fourneau de ciment - l'espace pour les carburants traditionnels, mais maintenant c'était pour son propre biogaz fait maison. Le brûleur m'a rappelé mes cours de chimie de lycée ; nous les appelions des "becs Bunsen".
"Nous avons amélioré notre environnement, et avons amélioré notre santé avec la production de biogaz".

Paroles de rêve pour moi. Après les pays innombrables où j'ai été envoyée, pour photographier leurs arbres --- forêts --- détruites juste pour faire cuire au feu : Ethiopie, Burkina Faso, Ghana du Nord, Mandalay en Birmanie, Népal, Inde… partout dans le tiers monde, vraiment. Et quand j'ai été guidée à travers les maisons des paysans du comté de Tsuong Ching, Sichuan, et que j'ai observé comment chaque unité individuelle de biogaz fonctionnait, c'était une vue miraculeuse.

Les gens du village étaient désireux de m'inviter dans leurs maisons en pierre blanchies antiques et d'offrir le thé dans leurs cours de gemlike avec des bassins de poissons rouges et des fleurs, et de me montrer leurs propres cuiseurs de biogaz.

Un beau couple en tenue rurale classique du Sichuan posaient ensemble pour une photo. L'homme en chapeau noir de velours et veste et pantalon assortis, la femme en tunique noire de velours et pantalon, les cheveux gris tirés étroitement en arrière en chignon. Ils se sont tenus fièrement ensemble devant leu cuisinière, faite en ardoise, comme le plancher. L'épouse a tenu un wok au-dessus du brûleur allumé. Le brûleur était allumé avec le biogaz produit dans leur arrière cour.

 

Pouvez-vous le croire ? Et pourquoi le reste du monde ne sait-il rien sur les millions de paysans chinois du Sichuan qui produisent leur propre gaz de cuisson et d'éclairage ?

Je vais vous dire pourquoi. Parce qu'ils le font à partir de la merde humaine, et la merde est répugnante, un sujet tabou. Elle n'est pas journalistique.
La destruction de forêts entières pour allumer les feux du tiers monde n'est pas journalistique, non plus.

J'ai été menée dehors, derrière la maison. Le cadre et la femme au foyer ont montré un couvercle concret dans la terre, avec un tube en plastique émergeant de lui et menant par le mur de leur cuisine. Sous ce couvercle, il y avait un puit hermétique appelé le digesteur, où les déchets organiques fermentaient et créaient le biogaz. Le gaz a été injecté dans la maison par le tube en plastique.

À côté de la maison étaient deux hangars. C'était la porcherie de la famille, contenant deux porcs roses très propres reniflant et grognant. Leurs excréments et urine s'écoulaient par une gouttière inclinée directement vers le digesteur souterrain. L'autre hangar était le WC de la famille. Il était également écoulé directement dans le digesteur de biogaz. La porte de la latrine a été ouverte de sorte que je puisse aller voir tandis que le cadre expliquait. C'était un deux-sièges. Il n'y avait aucune puanteur.

Excréments de porc et d'humain déversés dans le réservoir souterrain, mélangés aux déchets végétaux tels que des tiges de paille ou de plantes, avec assez de boue liquide pour créer une couverture étanche protectrice, sous laquelle des microbes travaillent pour fermenter ce mélange et pour produire le biogaz. Cela est défini comme une fermentation anaérobie. 

Le cadre a expliqué que les excrétions d'une famille de quatre et deux porcs fournissaient les besoins de carburant du ménage quotidien. Non seulement ce système produit-il un carburant propre, inodore, sans fumée, mais il fournit également un engrais organique au contenu élevé d'azote et de phosphore. Il est entièrement dans la boue liquide - également inodore. Il est écopé régulièrement par une sortie ouverte à côté du digesteur et épandu directement sur les récoltes.


Un autre aspect extraordinaire du biogaz est sa contribution  au contrôle de la pollution et à un environnement sain. Pendant le processus de fermentation, les parasites intestinaux - comme le ténia, ankylostome, amibes - les bacilles de bactéries entériques, de dysenterie et de paratyphoïde sont détruits. C'est un dispositif extrêmement important de santé publique dans des conditions tropicales et subtropicales. Il signifie que les latrines sont non polluantes, et que l'engrais propre retourne au sol et aux récoltes.

C'était la Chine rurale. Il n'y avait aucun toilette à tout à l'égout dans les villages que j'ai visités en 1980. (Il n'y en a toujours pas beaucoup).

Que connaît le monde développé de la façon dont les excréments humains sont traités dans la plupart des villages des pays du Tiers-monde ? Pendant trente ans j'ai dû les voir et les sentir, et essayer de ne pas faire un pas dedans.
Et soyez certains, que la nourriture et l'eau sont souillées par eux.
Les Chinois sont très détendus et ouverts sur le sujet de manipuler les excréments humains. Ils sont les seules personnes dans le monde à l'être. C'a été leur source principale d'engrais pendant des siècles. Ils ont une variété de manières de les manipuler, de les rassembler, de les fermenter et de les stériliser, comme aucun autre pays.

Le digesteur souterrain a été construit par la famille à la maison de laquelle je rendais visite. Les voisins ont aidé avec le creusement et la construction du puits, supervisés par des techniciens du biogaz.

Les techniciens étaient des paysans de leur village envoyés et payés par l'Etat pour se former dans d'autres villages où le système était déjà perfectionné. Ils ont appris la science et technologie, et sont revenus à leur village, payés pour répandre le système. Dans la province du Sichuan, en 1980, il y avait 150.000 techniciens qualifiés.

À Chengdu, la capitale du Sichuan, un cours de formation sponsorisé par l'ONU pour des techniciens de biogaz d'autres pays asiatiques était en session. Ma tâche était de produire deux vidéos et diaporamas que les stagiaires pourraient employer quand ils seront revenus dans leurs pays respectifs. Le programme 1 serait un documentaire sur la technologie chinoise de biogaz, à partir de l'unité de taille familiale à de grandes unités de communautés produisant assez de biogaz pour faire marcher des machines de ferme, produire de l'électricité, faire tourner des usines de pouvoir étendu. Programme 2 : un processus étape-par-étape détaillé pour construire un digesteur de taille familiale, assez technique pour donner une notion claire de la façon dont il est construit à partir de zéro.

Je suis allé avec les stagiaires dans un village de ferme juste à l'extérieur de Chengdu, appelé Unité de production n°1 de la brigade de Kwangrong. (C'était encore le système des communes en 1980 : la commune, divisée en brigades de production, subdivisées en unités de production. En 1981 le système des communes a été brisé par Deng Xiaoping, et la Chine est rapidement devenue la jungle qu'elle est désormais. "Laisser le renard capitaliste dans le poulailler socialiste", comme on a appelé cela).

Les stagiaires étaient dans un grand hangar au travail sur un générateur à moteur diesel. Ils apprenaient comment modifier le filtre à air pour que le moteur marche au biogaz. "Les moteurs diesel fonctionnent très bien sur le biogaz, avec juste une modification mineure", a indiqué mon interprète pendant que j'observais l'instructeur en veste Mao remettant une clé à la petite et assez jolie stagiaire thaïe, la seule femme dans le groupe. "Les moteurs peuvent tourner avec du biogaz  à quatre-vingts pour cent et seulement vingt pour cent de carburant diesel".

Les stagiaires avaient déjà fini le travail pratique sur la construction d'un digesteur de la taille d'une ferme pour rassembler l'engrais de trente porcs. La quantité de biogaz qu'elle produisait déjà était suffisante pour produire de l'électricité pour fournir le moulin à riz et l'alimentation du village et pour éclairer les maisons de quarante familles.

 

 

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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 21:36

Source

Pendant la Révolution culturelle, la coopération socialiste est mise en avant. Chaque entreprise se soucie autant des intérêts de la population, des entreprises ou des consommateurs pour lesquels elle travaille, que de ses intérêts particuliers. Voici deux exemples de cette coopération.

La coopération dans la lutte contre la pollution

La premier exemple concerne la lutte contre la pollution où des résultats spectaculaires ont été atteints dans de grandes villes comme Tien-tsin ou Changhai grâce à la coopération des différentes entreprises et de la population. Dans ces villes, grâce à la coopération, les eaux résiduaires ont cessé d’être déversées dans les fleuves. Des canaux souterrains ont été creusés et des usines de transformation de ces eaux édifiées. Ces usines permettent de récupérer des milliers de tonnes de produits utiles, d’obtenir des engrais qui fertilisent des dizaines de milliers d’hectares. Des résultats importants ont été obtenus aussi en ce qui concerne les rebuts, les déchets solides et les gaz résiduaires utilisés comme nouvelles matières premières. A Fouchoun, dans le Liaoning, l’utilisation des gaz résiduaires, des eaux résiduaires et des scories provenant de la Raffinerie de pétrole n°3 permet l’obtention de dix-neuf produits chimiques et métaux rares. L’atmosphère autour de la raffinerie a été assainie à la suite de modifications apportées à son fonctionnement, et des matières premières valant plusieurs millions de yuans sont obtenues chaque année (de la soude, des produits sulfatés, de la neige carbonique et des matières premières pour la fabrication de textiles artificiels, etc).

La coopération dans la recherche de la qualité.

Le second exemple concerne la recherche de la qualité et de la durabilité des produits grâce à une coopération étroite entre les entreprises productrices et les entreprises utilisatrices ainsi qu’entre les entreprises productrices et les consommateurs. Cette coopération aboutit à des résultats considérables que l’on peut vérifier auprès des utilisateurs industriels et agricoles, des réseaux commerciaux et des acheteurs particuliers. Ces résultats correspondent essentiellement aux intérêts des utilisateurs et non à ceux des producteurs. En effet, pour les entreprises productrices, l’amélioration de la qualité, de la solidité et de la durabilité des produits implique en général un surcroît de travail (recherches, mises au point...) et, éventuellement, des accroissements de prix de revient. Or ces améliorations ne s’accompagnent pas automatiquement d’une majoration des prix ou d’un accroissement du total des ventes. C’est même le contraire qui arrive lorsque les objets sont durables.

En agissant de cette façon, les entreprises productrices placent les intérêts de l’ensemble du pays avant leur intérêt particulier. C’est là le moteur d’un progrès économique de type nouveau, qui implique que la production n’est plus dominée par la recherche de l’accroissement de la valeur d’échange, des recettes monétaires ou du profit, mais par la recherche de la valeur d’usage. Cela suppose des transformations radicales dans les rapports sociaux, aussi bien au niveau de la base économique que de la superstructure.

Un nouveau mode de production

Contrairement à certaines conceptions qui se réclament du marxisme, mais qui en renient les idées fondamentales, de telles transformations ne sont pas spontanées. Elles ne sont pas mécaniquement déterminées pas le développement des forces productives. Aussi, et ce point est essentiel pour comprendre le Révolution culturelle prolétarienne et son rôle, on doit considérer que les transformations dans la base économique que l’on observe actuellement en Chine ne peuvent être que le produit d’une lutte qui a été menée et qui continue a être menée par les travailleurs pour transformer la division sociale du travail, pour faire cesser les rapports hiérarchiques au sein des unités de production, pour prendre en main la gestion et pour dominer la technique. Une telle lutte est une lutte politique et idéologique. Elle n’est pas une simple révolte. Elle exige, pour aboutir, une unité de conception et d’action et une juste appréciation de la nature des transformations possibles et de leur enchaînement. C’est pourquoi elle exige la direction d’un parti révolutionnaire.

D’aprés Charles Bettelheim, Révolution culturelle et organisation industrielle en Chine, chez Maspero

 

Rappelons que la Chine a aussi inventé, dès la fin du 19e siècle (!) la technique du biogaz, qui résoud à la fois le problème des déchets organiques (y compris les excréments humains) et de l'énergie... en consistant à fabriquer de l'énergie (gaz) avec les déchets organiques !

La pratique sera généralisée par le Parti communiste, lors de la mise en place des Communes Populaires en 1958 (sur le principe de l'autosuffisance de celles-ci : "compter sur ses propres forces !").

 

Un document en français expliquant la technique et son historique, et un reportage, en anglais, réalisé en 1980 (après la contre-révolution, mais la technique était toujours en place, et l'est souvent encore de nos jours dans les campagnes. Simplement, alors que les communes populaires voulaient résoudre la contradiction entre les villes et les campagnes, la contre-révolution et la restauration du capitalisme se sont traduites par une massification de la population sur la côte - 600 millions entre Canton et Pékin. La Chine est aujourd'hui l'un des pays les plus éco-destructeurs de la planète).

 

 

 

 

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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 10:24

Primitivi

par ICRA International

jeudi 11 février 2010

Le géant pétrolier Chevron pourrait bientôt perdre un procès historique portant sur la pollution toxique dont il est à l’origine en Amazonie. La justice équatorienne s’apprête à rendre son jugement final dans le procès opposant le géant pétrolier Chevron aux populations indigènes d’Amazonie équatoriale qui, avec courage, demandent à la multinationale des réparations pour les millions de tonnes de déchets toxiques déversés dans la forêt [1].




Vous pouvez soutenir les communautés indigènes dans leur procédure judiciaire contre Chevron en signant la pétition Si Chevron se voit contraint de débourser des milliards en guise de réparations, ce sera un grand pas en avant dans le combat visant à mettre les entreprises polluantes face à leurs responsabilités. Voyant venir la défaite, le géant pétrolier a lancé une ultime campagne de lobbying agressif pour faire échouer la procédure judiciaire.

Mais le tout nouveau PDG John Watson sait que l’image de marque de l’entreprise est ternie par cette affaire et il craint de plus en plus les effets que pourrait avoir une grande campagne de dénonciation.

La plupart des multinationales du pétrole et du gaz ont dépensé chaque année des centaines de millions de dollars pour des actions de lobby et de relations publiques visant à réorienter les politiques énergétiques et climatiques, et à récuser leurs responsabilités en terme d’environnement et de droits humains. Chevron fait partie des plus grands délinquants en la matière.



De 1964 à 1990, Texaco, filiale de Chevron, a délibérément déversé des millions de tonnes de déchets toxiques liés à l’exploitation pétrolière en Amazonie équatorienne. Puis l’entreprise s’est retirée sans procéder au nettoyage nécessaire suite à cette pollution. Craignant une condamnation judiciaire imminente, Chevron a recours à des machinations légales ainsi qu’à de puissantes agences de relations publiques et de lobbying pour réduire ses détracteurs au silence et se détourner de ses responsabilités, alors que l’entreprise est à l’origine d’un gigantesque désastre environnemental et humain.

Quelque 30 000 Équatoriens poursuivent la multinationale pour avoir contaminé le sol et les cours d’eau. Ils se plaignent notamment du taux de cancer et de maladies pulmonaires anormalement élevé. La poursuite de 27 milliards de dollars en dommages et intérêts est le plus important procès environnemental de l’histoire.



Le président équatorien, Rafael Corréa, a quant à lui donné son appui inconditionnel aux plaignants, qualifiant de crime contre l’humanité le désastre environnemental dont Chevron serait responsable.

L’entreprise Chevron a juré plus d’une fois qu’elle refuserait de payer pour le nettoyage de la région, même si une cour de justice venait à l’ordonner, affirmant que “nous nous opposerons à cette décision jusqu’à ce que l’enfer gèle. Et même sur la banquise, nous continuerons à nous battre contre cette décision.” Dernière stratégie en date : pousser le gouvernement américain à faire pression sur l’Équateur pour qu’il enterre l’affaire.

Nous ne pouvons pas assister à ce déni de justice de la part de Chevron sans rien faire. Il est nécessaire de lancer une mobilisation massive pour aider les habitants de la forêt amazonienne à obtenir justice face l’opinion publique et face à la loi.

Vous pouvez signer la pétition lancée par Avaaz qui sera remise au nouveau patron de Chevron John Watson.

 


Source : ICRA "Chevron doit dépolluer les territoires indigènes"

Notes

[1] Chevron a versé plus que 68 milliard de m3 d’eaux toxiques dans les rivières et laisse la population locale avec de sérieux problèmes de santé

[1] Chevron a versé plus que 68 milliard de m3 d’eaux toxiques dans les rivières et laisse la population locale avec de sérieux problèmes de santé

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Considérations diverses : une mise au point nécessaire sur nos positions internationalistes et aux côtés des Peuples

juin 2014

POSITION DES COMMUNISTES RÉVOLUTIONNAIRES DE LIBÉRATION OCCITANE SUR LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET EUROPÉENNES DES PROCHAINS MOIS

L'affaire Dieudonné-Valls :
Plutôt bon article sur la ‘Déclaration de guerre de la République à Dieudonné’ (la pseudo-controverse réactionnaire entre l’antisémite dégénéré et les gardiens du temple républicain)
Quelques mises au point complémentaires (et conclusives) sur la ‘‘question Dieudonné’’ (et Dreyfus, le Front populaire, l’antisémitisme etc.)
Réflexion théorique : loi Gayssot, lois antiracistes et "mémorielles", "antifascisme" bourgeois etc., quelle position pour les communistes ?

Dossier Breizh :
Breizh : comment l'étincelle écotaxe a mis le feu à la lande
"Esclave", "identitaire", chouan, cul-terreux arriéré de service : pour paraphraser Césaire, "n'allez pas le répéter, mais le Breton il vous EMMERDE"
Considérations diverses – en guise de ‘‘petit debriefing’’ de ces derniers mois : Bretagne, fascisme, ‘‘Lumières’’ et Kaypakkaya… (point 1)
Considérations diverse (26/11/2013) : eh oui, Servir le Peuple a toujours quelques petites choses à vous dire ;-) (point 1)
Appel de la gauche indépendantiste bretonne (Breizhistance) pour le 30 novembre (avec notre critique de la position du ROCML)
Le Top Five des drapeaux qui n'ont PAS été inventés par un druide nazi  (mortel !)
Et en guise (provisoire) de conclusion : La Gauche indépendantiste bretonne revient sur la mobilisation de Karaez/Carhaix

Comité de Construction du PCR des Terres d'Òc : Déclaration du 11 Novembre

La phrase du moment :

"La tyrannie cessera parmi mon peuple ; il n'y aura que liberté, liberté toute nue, sans déguisement. Bouleversements d’États entiers : je les renverserai de fond en comble, il n'y aura rien de reste. Il va y avoir de terribles renversements de conditions, de charges et de toutes choses. Je veux faire un monde nouveau, je veux tout détruire. Je veux appeler à moi la faiblesse, je veux la rendre forte. Pleurez gens du monde, pleurez grands de la terre, vos puissances vont tomber. Rois du monde, vos couronnes sont abattues !"

Élie Marion, "prophète" et guérillero camisard cévenol, 1706.

Amb l'anma d'un Camisart, Pòble trabalhaire d'Occitània endavant !

 

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  • ANTARSYA - France (site en français)
  • Laïki Enotita ("Unité populaire") - France (en français et en grec, scission anti-capitulation de SYRIZA, pour s'informer)
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La Horde, portail d'information antifa

Rebellyon - rubrique "Facho"

Redskins Limoges

Droites extrêmes - blog Le Monde (site d'information bourgeois bien fourni, parfait pour le "watch")

Document : Ascenseur pour les fachos (série de 6 vidéos Youtube, Antifascisme.org, site social-démocrate)

 

Guerre pop' - Asie du Sud :

Inde Rouge (nouveau site "officiel" francophone)

Comité de Soutien à la Révolution en Inde

Comité de solidarité franco-népalais

Fil d'actu "Inde - Népal" du Secours Rouge - APAPC

J. Adarshini (excellent site en français)

Revolution in South Asia (en anglais)

Maoist Resistance (guérilla maoïste indienne - en anglais)

NaxalRevolution (Naxalite Maoist India, en anglais)

Banned Thought (en anglais)

Indian Vanguard (en anglais)

The Next Front (Népal - anglais)

Signalfire (sur la GPP en Inde et aux Philippines, le Népal et les luttes populaires dans le monde - en anglais)

Communist Party of India (Marxist-Leninist) Naxalbari (a fusionné avec le PC d'Inde maoïste le 1er mai 2014)

New Marxist Study Group (maoïste, Sri Lanka)

Parti communiste maoïste de Manipur (page Facebook)

 

Guerre pop' - Philippines :

Philippine Revolution (en anglais)

The PRWC Blogs

(tous deux remplacés apparemment par ce site CPP.ph avec notamment les archives d'Ang Bayan, l'organe officiel du Parti)

Solidarité Philippines

Fil d'actu "Philippines" du Secours Rouge - APAPC

 

Guerre pop' & Luttes armées - Amérique latine :

CEDEMA - actualité des mouvements armés en Amérique latine (+ qqs documents historiques)

 

Nuevo Peru (Pérou, basé en Allemagne, en castillan et allemand principalement)

Guardias Rojos (Pérou, page FB)

Fil d'actu "Amérique latine" du Secours Rouge - APAPC

Archives

Autres documents théoriques

 

Récapitulatif des "grandes thèses" de Servir le Peuple


À lire également, les Considérations Diverses, petits "billets" trop courts pour faire un article et donc regroupés par trois, quatre ou plus, exprimant notre CONCEPTION DU MONDE sur toute sorte de sujets. 


Même étude sur l'État espagnol (1 et 2) ; le Royaume-Uni (1 et 2) et l'Italie.

 

APRÈS 8 SÈGLES… (Huitième centenaire de la bataille de Muret 1213 & DÉCLARATION FONDATRICE de notre Comité de Construction du PCR-Òc)

 

 






 

 

 


 


 

 

Le 'centre mlm' de Belgique, la Guerre populaire et le (n)PCI (sur la stratégie révolutionnaire en pays impérialiste) ; et dans la continuité :

Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (1ère partie)

et Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (2e partie)

 

 

 

EXCLUSIF : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970) [avec un salut rouge et fraternel à l'AA Bordeaux ]

Manifeste Programme du (n)PCI

Présentation

du chap. 1 du Manifeste pour les lecteurs/trices francophones (valable pour tout le Manifeste)

 

(Chapitre I): PDF - WORD

 

 

 MANIFESTE COMPLET

(version non-définitive ; chap. 4 et 5 pas encore validés par les camarades italiens)

 

IMPORTANT pour la compréhension du Manifeste :

La crise actuelle, une crise par surproduction absolue de capital (en PDF)

article de 1985 paru dans Rapporti Sociali n°0

[en bas de la page en lien, icône
PDF - Télécharger le fichier pour télécharger le document]

Autres analyses d'actualité









Situation décisive au Népal 

En matière de conclusion sur la situation au Népal, et ses répercussions dans le Mouvement communiste international 

Questions-réponses sur la situation au Népal

 

Discussion sur la "gauche" en Amérique latine et la bourgeoisie bureaucratique

 

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria : l'analyse d'un communiste abertzale

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 2e partie

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 3e et dernière partie  

 

 

 

 


Considérations diverses 03-2013 - et un peu de polémique/critique, ça fait pas de mal ! (sur Chavez, le 'bolivarisme', le 'fascisme' de celui-ci et autres choses...)

Autres articles historiques

 

25 avril 1945 : le Peuple italien terrasse le fascisme

 

 


 




Et en guise de récapitulatif/synthèse : Considérations diverses sur les États, les Nationalités, la Subsidiarité et le Pouvoir populaire ; ici (point 1) : Considérations diverses – fin octobre 2013 : État et révolution bourgeoise et ici : Considérations diverses : 1/ Le cœur des nations est aujourd’hui le Peuple