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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 14:53

 

210284 0 1En tant que communistes révolutionnaires de libération occitane, opérant géographiquement au sein de l’État français, nous gardons toujours un regard attentif sur les Peuples voisins (et culturellement frères) de l’État espagnol et de l’État italien (dans lesquels se trouvent d'ailleurs quelques vallées de langue et de culture d'òc). C'est ainsi que nous nous sommes fréquemment exprimés (ou avons retranscrit des opinions communistes locales) sur le mouvement en faveur de l'indépendance de la Catalogne, les événements en cours au Pays Basque (1 et 2) etc. etc.

Nous avons aussi (au début surtout) beaucoup traduit de textes du (nouveau) Parti communiste italien ainsi que leur très intéressant Manifeste Programme ; et nous avons déjà eu l'occasion de nous exprimer sur leur "soutien" (c'est plus compliqué que cela...) au Mouvement 5 Étoiles (M5S) de Beppe Grillo, pour exprimer notre désaccord avec leur ligne sur ce point (ce n'est pas non plus le seul). Dernièrement (ici en italien) le (n)PCI s'est fendu d'un nouvel article dans lequel il décrit le M5S [qui après des résultats plutôt décevants aux européennes (perte de 3 millions de voix par rapport aux législatives de février 2013) a finalement joint ses élus... à ceux du souverainiste fascisant anglais Nigel Farage* (arrivé en tête au Royaume-Uni comme le FN ici)] comme "à la croisée des chemins", et se désole du fait qu'il ne semble pas souhaiter prendre la tête d'un Gouvernement de Bloc Populaire.  

Du fait de cette proximité que nous avons assumé et assumons encore avec de nombreuses conceptions du (n)PCI, il est donc nécessaire de clarifier encore une fois notre position sur le M5S et l'attitude du (n)PCI à son égard.

En définitive, si l'on va au fond du fond, on peut présenter les choses de cette manière : dans toutes les grandes bourgeoisies européennes (que ce soit dans les États monopolistes-impérialistes ou dans les États, à divers degrés, "vassalisés" et dominés par le Capital des premiers) il y a une fraction majoritaire qui estime que la solution à la crise générale du capitalisme est dans ce que l'on appelle la construction européenne, dans laquelle il faut "aller de l'avant" (ce qui est généralement lié à "libéraliser" l'économie au sens friedmanien) ; et une fraction minoritaire (quoique quasi-majoritaire dans certains États comme le Royaume-Uni) qui considère que la solution est au contraire de revenir aux souverainetés, aux frontières, au protectionnisme, à l'"État-stratège" supervisant l'économie etc. etc**. En France, le Front National est la principale expression politique de cette fraction. Aux Pays-Bas il y a Geert Wilders, au Danemark le Parti populaire danois, en Autriche le FPÖ. Au Royaume-Uni, c'est l'UKIP de Nigel Farage car le Parti conservateur est partagé entre les deux fractions et mène donc une politique hésitante et peu lisible sur le sujet. En Allemagne, pays de l'européisme par excellence, a surgi aux dernières élections le mouvement "Alternative pour l'Allemagne". Dans tous ces cas que nous venons de citer, quant aux rapports entre l’État (expression politique du Grand Capital) et les masses populaires ("questions démocratiques") c'est une vision autoritariste, répressive, à la droite de la droite qui prédomine, tandis que sur le plan "économique et social" ces formations prônent "l'économie de marché" comme horizon indépassable mais avec "du social", dont la sortie de l'UE et l'expulsion des immigrés seraient justement la garantie.

Et en Italie, c'est donc désormais et pour une durée indéterminée le M5S qui joue ce rôle. Auparavant, les formations néo-fascistes n'avaient pas pu l'assumer car l'assumer implique justement de "faire sa mue", de se dépouiller des références trop voyantes aux régimes fascistes du siècle dernier. La Ligue du Nord l'a un peu assumé mais, par ses fondements politiques mêmes, elle n'était pas capable de s'étendre plus au sud que la Toscane. Le MSI, en "faisant sa mue" avec Gianfranco Fini et en devenant l'Alliance Nationale, s'était rallié à l'idée européiste. Et puis, avec l'Allemagne, l'Italie était aussi l'autre grand État monopoliste du continent qui trouvait particulièrement son intérêt dans la construction européenne, laissant peu de place au "créneau" politique du souverainisme... Jusqu'à ce que la crise la rattrape et la jette dans le "club" infâmant des "PIIGS" (dont elle est le deuxième I avec l'Irlande).

Beppe_Grillo-e-il-movimento-5-stelle.jpgDonc, après avoir commencé comme un mouvement "citoyenniste" et "indigné" fourre-tout un peu dans la continuité des No Berlusconi Day etc., tendant la main aussi bien aux No TAV qu'à Casapound, le M5S a finalement trouvé son "créneau" politique dans ce rôle ; bien qu'il se différencie légèrement des "droites populistes" vues précédemment quant à la gestion ultra-réactionnaire de la société (Grillo a cependant tenu des propos clairement réactionnaires sur les immigrés, l'homosexualité etc. et ce n'est pas le fait d'être "écolo" ou de prôner la démocratie directe qui contrebalance cela). Point à la ligne. Il ne jouera plus jamais un autre rôle. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il siège sur les même bancs que l'UKIP au Parlement de Strasbourg. Il exprime, avec le côté "baroque" et théâtral qui relève de la formation psychique nationale transalpine, une pure contradiction au sein de la bourgeoisie. Il n'est d'aucune utilité aux masses populaires, pour lesquelles la seule chose utile est désormais de s'en rendre compte (3 millions de personnes l'ont déjà fait) ; et à mesure qu'il assumera ce rôle de manière croissante, ses conceptions (problème = "l'Europe", "l'ultra-libéralisme", "les 1%" et non le capitalisme en soi) vont de plus en plus s'aligner sur celle du FN ou du UKIP. Le fait qu'il ait émergé de manière un peu particulière, comme un mouvement pratiquement classable à gauche (ce qui était également, en 1919, le cas du mouvement fasciste de Mussolini !), ne se résoudra pas autrement que par l'éloignement de lui de la plupart des personnes progressistes (comme beaucoup se détournèrent, en 1920-21, du fascisme mussolinien) pour former les nouveaux Arditi del Popolo (des Grillini del Popolo en quelque sorte, du nom des partisans du M5S). Le fait qu'il n'ait pas, contrairement au Parti fasciste de Mussolini, les caractéristiques d'un véritable parti de mobilisation réactionnaire de masse pourra se résoudre en rejoignant ou en se rattachant à un parti ayant ces caractéristiques (la politique bourgeoise italienne a la culture de la coalition).

Dans l’État espagnol a surgi le mouvement Podemos, plus ou moins issu des Indignad@s, qui affiche quand à lui sans ambiguïté des références de gauche car là-bas c'est surtout  la petite et moyenne bourgeoisie qui compose la bourgeoisie anti-UE (la construction européenne n'ayant pas vraiment d'opposants dans la grande bourgeoisie) ; et lorsque la petite bourgeoisie s'organise par et pour elle-même elle le fait avec des références de gauche, allant parfois jusqu'à revendiquer la république (par un référendum, pas par un "match retour" armé contre les monarchistes, il ne faut pas exagérer !). Cela lui permet aussi de jouer un autre rôle (fondamental outre-Pyrénées) qui est celui de la "gauche radicale" caution du régime, conjointement au P'c'E/Gauche Unie et en espérant un jour prendre sa place. C'est encore autre chose. 

Ceci étant clarifié, cela ne signifie pas une "rupture" et des relations antagoniques de notre part avec le (n)PCI, que nous continuons à considérer comme ayant réalisé un grand apport (si ce n'est pas quasiment le seul) à la pensée communiste ouest-européenne des années post-1989, et dont nous continuons à partager certaines positions comme celle sur le mouvement des Forconi, contre d'autres camarades (le PC maoïste d'Italie, que nous considérons également comme des camarades) dont la position sectaire et anti-matérialiste (voir les choses comme des réalités "figées", sans origines ni possibles devenirs) rappelait hélas celle de beaucoup ici sur le mouvement breton des "Bonnets rouges".

Nous continuons à défendre (et à partager !) leur vision subtile de la complexité des choses contre ceux pour qui "garder le temple" de leurs vérités "irréfutables" fait office de "pensée" politique... ou de Lexomil contre leurs névroses de petits bourgeois occidentaux (c'est selon), et face à la réalité du monde les conduit toujours inévitablement dans la réaction - inutile de nommer une fois de plus l'exemple le plus emblématique, désormais dans le soutien quasi-ouvert à la politique réactionnaire "néo-clemenciste" de Manuel Valls et aux provocations de la LDJ.

Et nous sommes convaincus que si demain, ce qu'il reste du M5S se met à agir activement en nouvelles Chemises Noires, le (n)PCI saura réaliser son erreur et la rectifier en se tournant notamment vers les très nombreuses personnes qui, ayant un temps soutenu Grillo, n'accepteront jamais une telle chose.

Comme disait Lénine au sujet de Rosa Luxemburg : "les aigles peuvent parfois voler aussi bas que les poules, mais les poules ne s'élèveront jamais à la hauteur des aigles" !
 

 

* Ce choix a cependant suscité de vives tensions au sein du mouvement, dont beaucoup de membres de culture politique progressiste auraient plutôt vu un rapprochement logique avec les Verts-ALE (le M5S est très militant sur les questions environnementales, l'opposition au TAV etc.), ou pourquoi pas avec les indignad@s de Podemos... rien n'assurant cependant que les frasques populistes réactionnaires (xénophobie, homophobie, discussions avec Casapound) de Grillo l'auraient permis !

** Telle est de plus en plus notre conviction. Le camp de la bourgeoisie se partage en définitive en trois conceptions du monde : une "gauche" qui est l'héritière de la social-démocratie et du radical-socialisme le plus avancé ; un centre où ce côtoient les héritiers du radicalisme, de la démocratie-chrétienne et du libéralisme tocquevillien (ou encore du "gaullisme social") et une droite réactionnaire. Le centre est unanimement europhile voire fédéraliste, son clivage est simplement entre tradition radicale "laïque" et tradition démocrate-chrétienne. La "gauche" et la droite, elles, sont partagées entre européistes plus ou moins radicaux et eurosceptiques. Le seul vrai clivage entre l'aile droite (de plus en plus majoritaire) de l'UMP et le FN, il est là. Il n'y en a pas d'autre. La haine, par exemple, du prolétaire d'origine extra-européenne est la même ; simplement le FN pointe du doigt qu'avec l'Europe on ne peut pas correctement contrôler les frontières et donc l'immigration, et que l'UMP n'est donc pas sincère. Et le seul vrai clivage entre Mélenchon et Hollande est là aussi, le premier arguant (non sans raison) qu'avec l'Europe on ne peut pas lutter correctement contre les inégalités... sauf que tout cela n'est plus du tout crédible. La droite a pris un ascendant idéologique total sur la société, au point que les personnes aspirant à "plus de social" se tournent vers le FN et non vers Mélenchon. Si elle veut gouverner lorsqu'elle arrive au pouvoir, la "gauche" doit mener une politique centriste guère différente de celle que mènerait un Juppé ou un Borloo. C'est la conséquence de l'hégémonie intellectuelle "UMPFN", mais tout le paradoxe et que l'on va encore le lui reprocher et les masses populaires vont encore plus se tourner vers la droite ou le FN...

 

 

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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 16:03

175790-944-651115192.th max175827-944-651538ddae0d4d5a 620x0bandera republica estrella rojarepublicayaBARCELONAcatalunyapaisescatalansnotenimreino altra transiciocatalunya2BILBAOgaliza

NB : toutes ces photos sont là pour ILLUSTRER les évènements et l'état d'esprit populaire qui les porte, pas pour mettre en avant telle ou tel force ou slogan. Inutile donc d'y aller de son petit commentaire comme quoi (ici) "c'est les révisionnistes du PCE ou du PCPE" ou (là) "c'est les liquidateurs de Bildu". Ce que montrent les photos fait simplement partie de la RÉALITÉ outre-Pyrénées, dont nous voulons informer nos lecteurs. C'en est le seul tort ou la seule qualité, au choix.

Il est bien évident que le slogan de "3e République" peut recouvrir des conceptions très différentes, dont certaines n'impliquent pas de véritable rupture avec l'ordre établi actuel, ni sur le plan de l'oppression de classe ni sur celui de l'oppression des Peuples. Il est évident qu'une république peut être BOURGEOISE et même un régime pire encore que certaines monarchies : nous sommes bien placés pour le savoir dans notre État français, où la 3e République a justement signifié la fin totale de l'identification entre république et émancipation sociale. Et il est évident que l'appel à un référendum plutôt que de construire PAR EN BAS le Pouvoir populaire relève de la farce légaliste petite-bourgeoise, typique des forces (Izquierda Unida, "Podemos", PCPE) qui portent cette revendication. Pour autant, cet élan populaire en réaction au passage de témoin dynastique montre bien que les lignes bougent dans la péninsule ; et même si nous partageons l'analyse de nos camarades là-bas sur le caractère petit-bourgeois de ces forces, il est tout de même significatif que ce soit à des listes de "gauche radicale" ("Gauche plurielle" IU, Podemos) ou d'affirmation progressiste des Peuples ("Les Peuples décident", "La Gauche pour le droit de décider", "Printemps européen" etc.) que plus de 4 millions d'"Espagnols" sur 15,9 millions de votants (soit près de 26%) ont apporté leurs voix, et non à des partis populistes d'extrême-droite comme en fRance ou en Grande-Bretagne.

Les forces que l'on voit sur les photos sont essentiellement des forces qui ont accepté et appuyé la "Transition" (1975-82), le Pacte constitutionnel de 1978 et le régime qui en est issu (PCE/IU), ou qui ont prétendu et/ou prétendent le "combattre de l'intérieur" ce qui revient au même (PCPE, Bildu et autres gauches indépendantistes). Mais aujourd'hui la volonté populaire est plus forte et elles sont bien obligées de surfer dessus si elles veulent continuer à exister politiquement.

Avec ces évènements, l'État espagnol apparaît encore une fois comme le MAILLON FAIBLE du système capitaliste-impérialiste européen, à la fois Périphérie en soi du continent, en crise profonde, et construction politique multinationale emprisonnant une dizaine de Peuples... qui retrouvent de plus en plus conscience d'eux-mêmes et soif de libération, au-delà des vieux et connus cas basque et catalan.

Voici ce qu'en dit le site Dazibao Rojo du PC maoïste de Galice :

111031145244 sp galeria calaveras 01Le discrédit et l'opposition à l'Union impérialiste européenne apparaît clairement dans le taux très élevé d'abstention, entre 50% et 75% dans les différents États qui la composent. Il est cependant clair que la réalité politique n'est pas la même dans tous les États membres. Dans l’État espagnol le régime actuel, héritier direct du franquisme, est en pleine décomposition au milieu de la corruption généralisée, du vol, de la fraude et d'une politique économique profondément anti-ouvrière et antipopulaire.

Par un simple jeu de chaises musicales, la grande bourgeoisie financière prétend prolonger son hégémonie, ses privilèges pour pouvoir satisfaire son insatiable avidité et son pillage dynastique de classe.

Cette manœuvre repose sur deux éléments : l'électoralisme pseudo-démocratique qui refuse la révolution, le vieux discours de la fausse gauche révisionniste, et un nécessaire et inévitable renouvellement générationnel qui apporte de nouveaux visages à la farce "démocratique" bourgeoise. Ce sont là les piliers du système afin de "tout changer sans que rien ne change", pour paraphraser Lampedusa.

La réalité du nouveau scénario en préparation passe par le fait que la classe ouvrière et les autres classes travailleuses acceptent ce nouveau pacte social, délaissant le chemin de la mobilisation révolutionnaire pour leurs droits, pour la prise du Pouvoir. Et qui mieux que les vieux révisionnistes d'Izquierda Unida [= Front de Gauche + écolos locaux NDLR] associés aux nouveaux révisionnistes de Podemos et leurs petits gars bien préparés peut assumer une fois de plus le rôle d'idiots utiles de la bourgeoisie ?

C'est pour cela que les monarchistes d'IU et autres privilégiés du régime bourbonique agitent la tant trahie bannière tricolore, mais prudemment, demandant un référendum plutôt que de poser la question du renversement révolutionnaire du régime.

Il est clair que les 6 millions de chômeurs, les familles expulsées de leur logement ou plongées dans l'exclusion inquiètent Bruxelles, comme inquiète le fait que la mafia du PP commence à s'entretuer. Vont-ils accélérer les changements ?

Conformément à sa tradition historique, l'Occitanie a vocation à être intimement liée à lutte révolutionnaire dans la péninsule ibérique, l'une servant "naturellement" de base arrière à l'autre. Pour comprendre le "système Espagne" afin de pouvoir le combattre et l'abattre :

QUESTIONS NATIONALES ET LUTTES DE CLASSE : L’ÉTAT ESPAGNOL

QUESTIONS NATIONALES ET LUTTES DE CLASSE : L’ÉTAT ESPAGNOL (suite)

franquismerepublica rojafelipe burn mothafuckaburn

Jusqu'à quand la Sainte Clique
Nous croira-t-elle un vil bétail ?
À quand enfin la République
De la Justice et du Travail ?

 

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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 13:14

 

Ici en castillan : http://es.wikipedia.org/wiki/Elecciones al Parlamento Europeo de 2014 (España)

Il faut noter que là-bas l’État forme une circonscription unique, ce qui 1°/ oblige à des études détaillées et "informelles" pour avoir réellement les résultats par Peuple (voir ici les résultats par "communauté autonome") et 2°/ oblige les formations d'affirmation des Peuples à constituer des coalitions ibériques pour accroître leurs chances d'avoir des élus.

bjv7cnfiiaavope largeEn Catalogne, la coalition social-démocrate catalaniste emmenée par ERC dépasse celle conduite par la CiU (centre-droite) d'Artur Mas (23,67% et 590.000 voix contre 21,85% et 545.000). Cette dernière reste toutefois au-dessus au niveau de l’État, où elle était associée à d'autres forces dont rien de moins que le PNV basque (+ des nationalistes de centre-droite galiciens et canariens) tandis que la coalition d'ERC était purement catalane : 850.000 voix contre 630.000 et 3 députés contre 2. La coalition plus à gauche envisagée un temps par la Candidature d'Unité populaire catalane (CUP) et la gauche radicale galicienne Nós-UP a finalement été abandonnée. On continue donc à observer un glissement de l'affirmation nationale catalane "vers la gauche"... mais bon, quelle gauche lorsque l'on sait que des dirigeants d'ERC ont pu notamment accuser les masses populaires andalouses des problèmes économiques et sociaux de la Catalogne, alors qu'eux-mêmes ont dirigé la Generalitat avec les sociaux-traîtres du PSC (PSOE local) de 2003 à 2010 : où est l'internationalisme, l'amitié et la solidarité entre les peuples, ces notions élémentaires depuis que le mot "gauche" se confond peu ou prou avec "mouvement ouvrier" (fut-il réformiste) ? Et où est, tout simplement, l'honnêteté intellectuelle et politique vis-à-vis du Peuple travailleur ?

L'autre "grande" coalition des Peuples constitutifs de l’État espagnol était "Los Pueblos deciden" ("Les Peuples décident"), essentiellement constituée autour d'EH Bildu et donc sur sa ligne néo-réformiste de conciliation avec Madrid et Bruxelles. Associant à la gauche abertzale basque des formations indépendantistes de gauche galicienne (BNG), aragonaise (Puyalón de Cuchas), asturienne et canariennes, elle remporte 324.000 suffrages au niveau étatique et obtient un élu. Contrairement à la Catalogne, en "communauté autonome" basque la coalition du PNV avec la CiU dépasse assez largement celle de Bildu avec 27,5% (208.000 voix) contre 23,4% (177.000) ; elle reste cependant légèrement derrière au niveau de tout l'Hegoalde (213.000 voix contre 220.000) en raison de son score insignifiant en Navarre (5.000 voix alors qu'EH Bildu en rafle plus de 43.000) [avec les quelques 7.000 voix de la liste Tellechea en Iparralde, où la gauche abertzale ne se présentait pas (ses partisans se tournant peut-être vers les listes EELV de Bové ou NPA de Poutou), puño con banderasles deux forces sont finalement à égalité sur les 7 provinces]. L'essentiel des suffrages restants est obtenu en Galice (près de 80.000 soit 7,9%), en Catalogne (7.400 soit 0,3%, bien qu'aucune organisation catalane ne participait à la coalition) et aux Canaries (3.400 voix soit 0,6%).

Classable au centre-gauche (Alliance libre européenne), une troisième petite coalition "Primavera europea" regroupant des Valenciens, des Aragonais (Chunta aragonesista), des Castillans, des "socialistes indépendants" d'Estrémadure, des autonomistes de Ceuta (enclave "espagnole" sur la côte nord du Maroc) ainsi que des membres du parti "écosocialiste" EQUO de toutes les "communautés autonomes" a obtenu un peu moins de 300.000 voix (1,9%) et un élu également : en détail 4,5% en Aragon (20.000 voix), 9% à Ceuta (1.400 voix) et 8% en Communauté valencienne (138.000 suffrages), mais seulement 2.286 voix en Estrémadure (0,58%) soit finalement moins qu'à Madrid (2%, 44.000 suffrages). Là, pour le coup, c'est un plutôt bon score pour des forces aussi peu connues. La ligne (et donc notre point de vue dessus) est globalement la même que celle de "Régions et Peuples solidaires", qui aurait fait partie du même groupe ALE si elle avait eu des députés à Strasbourg.

Assez loin derrière (moins de 50.000 voix, 0,3%) et sans élu, on trouve aussi le Parti andalousiste, sur une ligne autonomiste social-démocrate. Comme on peut le voir, les résultats des listes d'affirmation (progressiste) des Peuples niés sont sans comparaison avec notre côté des Pyrénées, pour des raisons que nous avons longuement étudiées. Pour autant, ils ne sont pas mirobolants. Et c'est parfaitement logique : la question des Peuples emprisonnés dans les grands États européens, produits du capitalisme, est une question révolutionnaire ; et qu'espère-t-on d'aborder une question révolutionnaire avec une ligne petite-bourgeoise ? Comment peut-on prôner la libération des Peuples et voir dans l'UE une "solution démocratique" à cette question, alors que derrière son Parlement fantoche celle-ci n'est qu'un outil antidémocratique de plus ("mandat d'arrêt européen" et autres innombrables exemples) de ces mêmes États que l'on combat ? Comment peut-on, comme l'ERC d'Oriol Junqueras, revendiquer l'indépendance de la Catalogne et en même temps cautionner une Union européenne qui a clairement choisi son camp, celui de l'"Espagne unie, grande et libre", en déclarant explicitement qu'une Catalogne indépendante serait exclue de l'Union ? Toutes ces contradictions, intrinsèques à la nature de classe de ceux qui les portent, n'ont évidemment pas pour effet de mobiliser largement les masses populaires.

e-lutte-des-mineursAu niveau "pan-ibérique", le Parti populaire (héritier direct du franquisme) et le Parti "socialiste" (PSOE) qui se sont alternés au pouvoir depuis 1975 (et surtout depuis le début de la crise fin 2008) s'effondrent l'un comme l'autre : avec respectivement 26% et 23%, ils perdent autour de 40% de leur électorat par rapport à 2009. La différence avec notre Hexagone, c'est que ce discrédit et ce rejet des partis "de régime" s'exprime majoritairement de manière progressiste (bien qu'encore loin d'être révolutionnaire) : c'est principalement sur des listes à la gauche du PSOE que se porte le mécontentement des masses. Avec 10%  et 1,5 million de voix, la "Gauche plurielle" équivalente de notre Front de Gauche (en moins jacobine vis-à-vis des Peuples...) multiplie par 1,6 ses suffrages et par deux ses élus au Parlement européen (6). Et, apparue à l'occasion de ce scrutin, la liste "Podemos" issue du mouvement des Indignad@s fait une entrée spectaculaire avec 1,25 million de voix (8%) et 5 élus – il faut préciser ici que dans son pays natal, ce Mouvement des Indigné-e-s (pour petit-bourgeois réformiste "radical" qu'il soit) reste un mouvement clairement PROGRESSISTE, bien loin de sa pâle et misérable copie hexagonale lancée par quelques bobos "décroissants" ou "évolutionnaires" (terme authentiquement entendu !) des centre-villes et immédiatement désintégrée face à l'offensive-infiltration de toute une faune de soraliens, conspirationnistes, chasseurs d'illuminatis, larouchistes (très actifs dans les rassemblements), anti-"finaaaance" et futurs fondateurs du "Cercle des Volontaires" fasciste (lié au "Comité Valmy" et à l'UPR d'Asselineau).

Eh oui ! C'est ainsi : l'"Espagne" est une terre de luttes, où vit encore profondément dans le cœur des masses le souvenir des grands combats révolutionnaires des années 1930 et de la résistance à la dictature fasciste qui s'ensuivit (1939-... quand s'est-elle terminée au juste ?). La "France", elle, est encore très largement l'Hexagone de Renaud, une communauté sociale vautrée et cadenassée mentalement dans son idéologie "françaiiiiise" (monsieur !) dominante, son confort et ses certitudes petites-bourgeoises, incapable de comprendre que lesdites certitudes et "valeurs" sont de la merde en soi et donc, par conséquent, à la recherche de fantasmagoriques "coupables" à tous ses maux : immigrés/arabes/musulmans, "banquiers" ou "finance internationale", "sionistes", "Nouvel Ordre Mondial" dirigé par les Illuminatis via Washington et Bruxelles, sectes pédophiles se réunissant secrètement dans les hôtels particuliers de l'avenue Foch (sans doute pour y préparer une nouvelle version de la "théorie du genre"), etc. etc. ; mais surtout pas, jamais, la "Fraaaaance" et sa "Républiiiiique" ! Bien souvent d'ailleurs, la "gauche de la gauche" ne fait que remâcher cette même logique (les "coupables" sont "étrangers" à la "communauté citoyenne") dans une version plus conforme aux canons "progressistes" et "républicains" ; tandis que la culture politique ultra-personnaliste (héritage du bonapartisme et du gaullisme) fait que Lutte Ouvrière est incapable d'exister sans Arlette Laguiller, le NPA sans Olivier Besancenot et demain, sans le moindre doute, le Front de Gauche sans Jean-Luc Mélenchon.

Une situation que résume bien cette image humoristique :

larévoltegronde

Les néo-franquistes du PP, donc, s'effondrent largement bien que restant en tête ; mais il faut tout de même souligner la poussée de deux forces qui, tout en se prétendant "centristes", "démocrates humanistes" et "libérales" blabliblablou, se caractérisent par un espagnolisme fanatique : Union, Progrès et Démocratie (UPyD, un million de voix soit 6,5%, 4 sièges soit 3 de gagnés par rapport à 2009), et les Ciutadans ("Citoyens") catalans, sur une ligne assez proche, qui fait son apparition avec 3,16% (495.000 voix) et 2 sièges (6,3% et 157.000 voix en Catalogne, son fief d'origine).

Comme nous l'avions déjà noté au sujet des élections catalanes et basques de fin 2012, cela montre une crispation des positions espagnolistes face aux forces centrifuges qu'engendre nécessairement la mise à mal du "système Espagne" par la crise, après les années de folle croissance 1995-2009...

En attendant, à Barcelone (Catalunya) le quartier de la gare de Sants est en état insurrectionnel contre l'expulsion-destruction du centre social autogéré Can Vies :
Expulsion du Can Vies : émeute à Barcelone – 27 mai 2014 – avec vidéos
Las protestas por el cierre del centro social Can Vies se expanden por toda Barcelona y amenazan con provocar una Primavera Catalana

CanVies PrimaveraCatalana

Il faut reconnaître que ça a tout de même une autre gueule qu'une "courageuse" quenelle devant le panneau d'agglomération de Villejuif... "FRANCE" DE BOLOSSES !

 

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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 13:39


(ou en tout cas qui feraient semblant...)

... ce que nous voulons c'est ça (cliquer sur l'image) transposé en Hexagone :

bjv7cnfiiaavope large

Pas un "régionalisme" pégué au cul de la social-démocratie, de l'écolo-social-libéralisme ou de la droite modérée ; pas un délire "national-régionaliste" francouille à la Maurras ; pas une "Europe aux 100 drapeaux" ethno-identitaire (au service de bourgeoisies "nationales" dont au demeurant pas 1% ne souhaitent cette option).

Évidemment nous prêter de telles intentions et fonds de pensée est bien pratique pour remplacer les arguments lorsque l'on en a pas ; vu que les thèses jacobino-républicardes ("gaucho" ou pas) ou "citoyennes du monde" nihilistes nationales (qui finalement reviennent au même) ont été pulvérisées dans les grandes largeurs sur des pages et des pages d'analyses de ce site et d'autres.

L’État français et l’État espagnol sont TOTALEMENT SIMILAIRES en essence (mis à part la faiblesse économique du Centre politique castillan chez ce dernier) ; il n'y a aucune raison que la réponse révolutionnaire au problème capitaliste qu'ils représentent soit différente. La seule chose qu'il y a, c'est une HISTOIRE des 150 dernières années qui fait que la CONSCIENCE de cela est plus avancée dans l’État espagnol.

 

 

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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 14:01

 

forconi-bandiera-sicilia.jpgAprès un premier épisode au premier semestre 2012, l'État italien est à nouveau secoué par le mouvement des Forconi, que l'on peut traduire par "ceux qui brandissent des fourches", instrument symbole historique de révolte rurale. Désormais d'amplitude "nationale" (toute la Botte), le mouvement a cependant ses origines et reste principalement basé dans l'extrême-sud de la Péninsule, notamment en Sicile (lire ici et ici). D'abord paysan (depuis les exploitants relativement aisés jusqu'aux journaliers agricoles), il a ensuite été rejoint par des petits entrepreneurs, des transporteurs routiers (particulièrement affectés par les prix de l'essence, jusqu'à 1,75 € le litre !), des ouvriers et des employés, des chômeurs et des précaires, des éléments d'extrême-droite (Forza Nuova, Casapound, Ligue du Nord et son appendice sicilien du "Mouvement pour l'Autonomie", etc.), des partisans de Berlusconi (accablé par les condamnations et privé de son immunité parlementaire) ou de Beppe Grillo (en chute libre depuis son triomphe électoral aux législatives de février)... et des militants des centri sociali (immeubles occupés, d'extrême-gauche) ; dénonçant autant le "matraquage fiscal", les prix du carburant et des péages autoroutiers que les politiques gouvernementales d'austérité menées depuis maintenant plus de deux ans (gouvernement "technique" de Mario Monti, novembre 2011-avril 2013).

Une grande ressemblance donc, vous l'aurez noté, avec le mouvement des "Bonnets rouges" qui secoue la Bretagne depuis octobre dernier. Une différence tient peut-être au fait que le mouvement des Forconi est parti de la paysannerie et du petit patronat, alors que le mouvement breton, avant d'arborer le fameux bonnet, était d'abord ouvrier (salariés de diverses entreprises menacés de plans sociaux), avant que ne se greffent dessus les agriculteurs, transporteurs et petits patrons anti-écotaxe. Nous ne savons pas vraiment, et n'en dirons donc pas plus : sans enquête, pas de droit à la parole.

movimento_forconi_bandiera_N.jpgCe qui est certain, en revanche, c'est que la similitude entre les deux mouvements tient à leur nature de vent de la Périphérie soufflant contre le Centre ; d'insurrection non pas contre une mesure gouvernementale ou une crapulerie patronale en particulier, mais contre l'ensemble des problématiques d'exclusion, de relégation et de marginalisation frappant un (ou plusieurs) territoire(s), face aux "métropoles mondialisées" que sont les grands Centres de l'activité et du pouvoir capitaliste (Rome, Milan-Turin, "l'Europe" de la "banane bleue" etc.). Géographiquement, la Sicile est située à quelques 700 km de la capitale Rome et 1000 km de Florence ou de Pise, où commencent économiquement les "choses sérieuses", à 1250 km de Milan (la capitale économique), 1350 km de la frontière "française" (Menton) et plus de 1400 km du col du Simplon, porte de la Suisse et de la "métropole européenne" : situation ultra-périphérique, donc. Mais à côté de cela, il y a l'Histoire. Celle d'une terre qui a connu ses périodes de grande prospérité, lorsqu'elle faisait justement partie du Centre de l'Euro-Méditerranée d'alors : sous l'Empire romain dont elle était un des greniers ; puis sous les Empires byzantin et arabo-musulman qui se la disputèrent du VIe au XIe siècle. Mais ensuite, alors que le Centre du capitalisme naissant se déplaçait vers le Nord (de la péninsule et de l'Europe), ce fut la Contre-Réforme, qui sous domination "espagnole" étouffa dans l'œuf la bourgeoisie embryonnaire et maintint le Royaume de Naples (ou des "Deux-Siciles") dans une féodalité archaïque. La situation commença un peu à évoluer au XIXe siècle, dans les grandes villes comme Naples ou Palerme ; Naples fut ainsi la première ville de la future Italie à se doter d'un chemin de fer ou encore d'un éclairage public. Mais c'est alors que vint l'Unité, la construction de l'État italien contemporain par et pour la bourgeoisie capitaliste du Nord, du triangle Turin-Milan-Gênes ; laquelle brisa impitoyablement tout Centre méridional pouvant lui faire de l'ombre. Naples fut ravalée au rang de métropole du "tiers-monde", où s'accumulent aujourd'hui les monceaux d'ordure ; Palerme, Tarente ou encore Messine connurent un destin peu ou prou similaire. Après avoir, dans un premier temps, accueilli avec enthousiasme les Chemises rouges de Garibaldi et leurs idéaux républicains démocratiques, les masses populaires du Mezzogiorno entrèrent en résistance : la "Guerre des Brigands" durera jusqu’aux années 1880 et coûtera de part et d'autres plus alcuni briganti ucciside vies que toutes les guerres de l'Unité réunies (1859-60, 1866 et 1870) : environ 8.000 du côté des forces unitaires et plusieurs dizaines de milliers (peut-être 100.000...) côté "brigands". Les "brigands" survivants finiront par intégrer l'appareil de domination des masses dans un système de type colonial, donnant naissance à ce que le monde entier connaît aujourd'hui sous le nom de Mafia (en Sicile, N'drangheta en Calabre, Camorra en Campanie ou Sacra Corona Unita dans les Pouilles). D'immenses masses de migrants s'en allèrent chercher une vie meilleure au Nord (Turin, Milan etc.), en Europe (France, Suisse, Belgique, Allemagne etc.) ou aux États-Unis. Ainsi naquit ce que Gramsci et ses camarades, dans les années 1920, analyseront brillamment sous le nom de QUESTION MÉRIDIONALE (proposant en réponse une "République fédérale des ouvriers et des paysans"), question absolument fondamentale pour quiconque prétend mener la lutte révolutionnaire de classe en Italie. Mais il faut également avoir à l'esprit qu'une certaine périphérisation frappe aussi les régions du Nord-Est (ancienne République de Venise), de l'arc alpin ou de l'Apennin, et d'une manière générale toutes les zones rurales du Nord et du Centre où le mouvement connaît à présent un franc succès ; et où il est parfois pris en main par la Ligue du Nord, ce grand parti d'extrême-droite né à l'origine (ne l'oublions pas) comme mouvement de défense des petits et moyens entrepreneurs de ces territoires contre la fiscalité de "Rome-la-voleuse".

De grandes similitudes, donc, avec la question bretonne et les Bonnets rouges auxquels elle a donné naissance ; et de grandes similitudes, aussi, dans les débats furieux que ces Forconi suscitent dans le mouvement communiste et plus largement révolutionnaire en Italie.   

Le Parti communiste maoïste rejette ainsi violemment le mouvement et dénonce le (n)PCI qui (le contraire eût été étonnant) l'appuie. Il s'est fendu sur le site Maoist Road de ce communiqué lapidaire : "carc nPCI support reationary and fascist mouvement named FORCONI - no relations is possible with this degenerate group"… Une position d'autant plus surprenante qu'elle est totalement dénuée d'argumentaire, sinon que "les Forconi sont des fachos", "ce n'est pas la classe ouvrière" et "quiconque les appuie non seulement n'est pas communiste, mais pas même de gauche". C'est là une position décevante, sectaire, "centraliste" (au sens de personnes appartenant intellectuellement aux Centres du capitalisme, ce qui ne nous semblait pourtant pas le cas du PCmI), une profonde incompréhension de la situation et de sa place dans la lutte des classes que les communistes doivent transformer en Guerre populaire. D'autant moins compréhensible que le PCmF, lui (avec l’OC-FR), a pris une position profondément correcte sur les Bonnets rouges bretons. Elle a également étonné les camarades gallois de Democracy & Class Struggle, signataires habituels (comme nous) des Déclarations du 1er Mai avec le PCmI, qui ont pris la position suivante

movimento-dei-forconi_sicilia-jpg-crop_display.jpgLa position du (n)PCI, au contraire, nous semble beaucoup plus conforme à ce que nous penserions spontanément de ces "porte-fourches" siciliens ou vénétiens. Nous traduirons ici quelques passages d'une particulière justesse publiés dans Resistenza, l'organe de presse du Parti des CARC, mettant parfaitement les points sur les i : "L’analyse de classe est souvent entendue, chez cette gauche qui n’a pas surmonté sa dépendance vis-à-vis des conceptions et de l’œuvre néfaste des réformistes et de la gauche bourgeoise, comme un simpliste “Ils sont des nôtres ? NON ! Alors ils sont fascistes !” : mais cela, camarades, ce n’est pas même le début d’une analyse. Toute aussi réductrice (et néfaste, aujourd’hui comme hier) est “l’analyse de classe” de ceux qui demandent “Ce sont des ouvriers, des travailleurs salariés ? NON ! Alors ils sont de droite”. Analyse de classe veut dire identifier l’affrontement d’intérêts déterminé dans le cadre de la crise en cours comme point de départ pour faire coïncider le plus possible la coalition et l’opposition dans la lutte politique avec la coalition et l’opposition dans le champ économique : pour conduire les masses populaires à assumer des comportements politiques cohérents avec leurs intérêts", ou encore "Il s’agit donc (dans la majorité des cas) de secteurs des classes populaires non-prolétaires, soumises par la crise à un processus de prolétarisation, devenues (à partir du gouvernement Monti) la cible directe de l’œuvre de rapine et de spoliation menée par le gouvernement pour le compte du Grand Capital italien et international, et que dans une mesure croissante ne parviennent plus à vivre comme auparavant. Il s’agit de secteurs qui par nature suivront l’orientation de la classe, entre les deux principales (classe ouvrière et bourgeoisie monopoliste), qui plus que l’autre saura se mettre à leur tête, les orienter, les diriger. Si nous prenons volontairement, par la force des choses, un exemple approximatif, l’affirmation selon laquelle la “petite bourgeoisie” a été le principal vivier d’Hitler en Allemagne et de Mussolini en Italie est vraie dans la mesure où le mouvement communiste n’a pas su orienter et mobiliser cette classe. Le parallèle avec l’actualité, pour qui veut en voir un, est justement dans le fait qu’estampiller préventivement comme “mobilisation fasciste”, “putschiste”, “réactionnaire” une mobilisation qui dans les faits est contradictoire, revient à la livrer par avance entre les mains des plus audacieux tribuns populistes ou chefs mafieux de la bourgeoisie". CQFD, rien à ajouter.

Ceci n’enlève rien aux critiques que nous avons pu émettre vis-à-vis du (n)PCI (celui-ci nous a d’ailleurs répondu, mais seulement à moitié convaincus) : par exemple, pour dire les choses en toute clarté, l’idée que les "organisations ouvrières" (les secteurs radicaux-combattifs des organisations syndicales) puissent constituer un "gouvernement populaire d’urgence" et "le faire avaler aux hautes sphères de la République pontificale" relève selon nous du monde des Bisounours ; quelque chose qui ne s’est absolument JAMAIS vu dans l’Histoire et encore moins dans celle d’un grand État impérialiste. Et nous restons plus que dubitatif quant aux perspectives offertes à la révolution prolétarienne par un vote massif pour le Mouvement 5 Étoiles (M5S) de Beppe Grillo…

movimento_dei_forconi.jpgEn réalité, c'est toute l'erreur du (n)PCI lorsqu'il soutient le M5S de Beppe Grillo qui apparaît là clairement. Le mouvement dit des Forconi, principalement basé en Sicile (pays et peuple conquis et périphérisés par l’État "unitaire" italien du Capital en 1860) et parent local des Bonnets rouges (soulevant dans la "gauche radicale" et le mouvement communiste italien les mêmes controverses), est un mouvement exprimant, réagissant, S'INSURGEANT contre les problématiques de cette périphéricité et de cette relégation socio-territoriale, avec ses BONNES QUESTIONS et ses BONNES OU MAUVAISES RÉPONSES, son "bon sens" populaire ("soif instinctive" de démocratie et de justice sociale réelles, en un mot de COMMUNISME) et son "sens commun" (idées et conceptions aliénées par l'idéologie dominante, du type "il faut bien qu'il y ait des patrons pour qu'il y ait des salariés, des entreprises pour qu'il y ait de l'emploi" etc.). Le M5S lui, s'il se prétend un "non-parti" (sans rire !), EST UN PARTI POLITIQUE, avec un programme, un ensemble de conceptions et de propositions qui non seulement sont "non-socialistes", mais carrément ANTI-socialistes, réactionnaires : c'est un pur instrument de "sens commun", de la "société civile" capitaliste, une MAUVAISE RÉPONSE (réactionnaire) en soi !

Quand Beppe Grillo parle de "supprimer les syndicats", autrement dit oppose les salariés non-syndiqués (souvent des petites entreprises rurales, comme il y en a beaucoup dans les Forconiaux salariés syndiqués (des gros centres urbains-industriels, des grandes entreprises ou services publics) ; quand il dit (en substance) que "l'Italie est pleine" niveau immigration, autrement dit oppose les "Italiens de souche" aux travailleurs immigrés ; que fait-il sinon DIVISER LE PEUPLE, sinon dresser une partie des masses populaires contre une autre, manœuvre de la Réaction capitaliste que le (n)PCI dénonce fort justement depuis des années ? Beppe Grillo et sa clique de "têtes pensantes" "anarcho-poujadistes" font partie du problème, ils ne peuvent en aucun cas faire partie de la solution !

Là se situe la ligne de démarcation entre "soutenir" les Forconi comme nous avons "soutenu" les Bonnets rouges, ou encore s'adresser aux gens qui croient sincèrement "renverser la table" en soutenant Grillo (ou, ici, des conneries du genre Dieudonné-Soral ou même Marine Le Pen !), autrement dit être aux côtés du Peuple qui lutte contre la crise avec toutes ses contradictions ; et appeler à voter pour le M5S, autrement dit pour un contrefeu explicite (conscient ou non n'est pas la question !) allumé par le Pouvoir capitaliste.

Dans le premier cas, l'alternative peut se résumer aussi simplement qu'en ces termes : 
- si les communistes et autres révolutionnaires conséquents FONT LEUR JOB, il y aura
des Forconi del Popolo comme des "Bonnets rouges du Peuple" et même des Grillini del Popolo, comme il y eut voilà 92 ans des Arditi del Popolo ; peut-être 50% voire plus de ces mouvements passant dans le camp de la révolution prolétarienne et luttant contre la mobilisation réactionnaire de masse impulsée par l'aile du Grand Capital rendue ultra-agressive par la crise ;

- si les "communistes" et autres "révolutionnaires" restent sur l'Olympe des idées "plus-rouge-que-moi-tu-meurs", il y aura 100% de nouvelles Chemises Noires car les mobilisateurs fascistes, eux, auront fait leur boulot.

C'est aussi simple que cela. Mais de là à appeler à VOTER pour un mouvement qui est déjà EN SOI une mauvaise réponse réactionnaire aux plus justes colères du peuple qui soient, il y a un pas à ne surtout pas franchir.

scontri-torino.jpgCet "angélisme" du (n)PCI , de vouloir faire la révolution à partir de la sphère superstructurelle des institutions élues, a fortiori en appelant à voter pour des forces populistes dont l’objet même est d'amener les masses en révolte vers des impasses politiques, le PCmI a raison de le critiquer. Là est la GRANDE LIMITE des PC occidentaux du siècle dernier, la principale de ces limites que le (n)PCI appelle justement à identifier et dépasser : avoir voulu PRENDRE l'État bourgeois en alliant "luttes" et participation électorale, et non le DÉTRUIRE, le nier par la construction du Pouvoir populaire jusqu'à ce que le Pouvoir bourgeois ne soit plus qu'un nom, que l'on balaye d'une pichenette. Nous sommes bien placés pour le savoir, dans notre Hexagone où le "communisme municipal" et les diverses "unions de la gauche" depuis 1936 jusqu’en 1981 ont été les puissants moteurs de la liquidation de toute identité révolutionnaire (déjà fragile au départ) du Parti communiste. Alors, qu’espérer de collectivités locales qui seraient simplement "de gauche" (social-démocrates) comme celle de De Magistris à Naples ou de Pisapia à Milan, sans même parler de forces qui ne le sont même pas ! Si nous étions le (n)PCI, face au mouvement des Bonnets rouges, nous nous adresserions sans doute à Christian Troadec en ces termes: "Chris, si tu assumes la mobilisation que tu as déclenchée, si tu veux rester sur le piédestal où t’ont placé les travailleurs bretons, tu dois immédiatement envoyer la préfecture à la merde et faire de ta communauté de communes du Poher une Administration populaire d’urgence qui prenne les mesures les plus urgentes pour faire face aux effets les plus dévastateurs de la crise"… Mais nous ne nous fatiguerons pas à cela, car nous ne croyons pas à ce genre de contes de fées. N'est pas Juan Manuel Sánchez Gordillo qui veut ! Christian Troadec est avant tout un ‘élu de la République’, pétri de ‘sens républicain’ et JAMAIS il ne se lancera dans une telle aventure, dans une telle déclaration d’indépendance d’un petit morceau de cette Bretagne que pourtant il chérit tant. Là est la caractéristique déterminante du personnage, et non le fait qu’il soit un "bourgeois" pour avoir fondé le lucratif Festival des Vieilles Charrues (145€ les quatre jours, mais enfin il y a "de l’affiche") et racheté la brasserie de bière Coreff (ce qui n’est certes pas très straightedge, mais visait avant tout dans l’esprit à maintenir de l’emploi et donc de la vie sociale autour de Carhaix). Pour qu’une personne socialement ‘entre deux eaux’ comme lui ‘choisisse son Forconi-piazzale-Loreto.jpgcamp’… et bascule dans le bon, il faut au prolétariat et aux classes populaires un tout autre rapport de force que celui que même un (n)PCI/P-CARC breton (du même ordre de grandeur) pourrait instaurer. Ne prenons pas nos rêves pour des réalités. Le même raisonnement est exactement applicable à un De Magistris napolitain ou un Giuliano Pisapia milanais (tout ex-avocat d’Abdullah Öçalan qu’il soit), comme à des élus M5S tout contents de vivre ce qu’il n’auraient jamais imaginé même dans leurs rêves les plus fous : s’asseoir un jour sous les lambris dorés du Parlement de la République !

Pour autant, il serait profondément erroné (et condamnatoire à l’impuissance) de rejeter en bloc un mouvement contradictoire comme celui des Forconi ou des Bonnets rouges ; ou même celui qu’entraîne dans son sillage Beppe Grillo ; ce serait même, comme le dit si justement Resistenza, l’offrir sur un plateau d’argent à l’extrême-droite fasciste.

En dernière analyse, il semble bien que depuis que la révolution industrielle puis l’entrée dans l’âge des monopoles ont donné naissance à ce que Gramsci appelle la société civile, tout mouvement populaire réel et DE MASSE (non ‘sectoriel’) est voué à se scinder, comme ces cellules que l’on observe en classe de bio au lycée, entre une mobilisation potentiellement révolutionnaire et une mobilisation réactionnaire entrant au service de la pire réaction, du fascisme. C’est précisément cette division en deux (un se divise en deux, principe de base du maoïsme !) de toute résistance spontanée des masses à l'oppression capitaliste que nie, par exemple, le ‘p’‘c’‘mlm’ lorsqu’il se répand contre le "syndicalisme révolutionnaire à la Sorel", "matrice du fascisme à la française comme nous l’enseigne Zeev Sternhell" (ce ‘grand’ universitaire démocrate-bourgeois israélien…), le "populisme/poujadisme", les mouvements "petits-bourgeois", l’"anticapitalisme romantique suintant l’antisémitisme", le "régionalisme identitaire" et autre "post-modernisme" (pour les mouvements ‘sociétaux’) : en d’autres mots, la négation même de la dialectique !

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 11:18

 

youfeed-e-morto-prospero-gallinari-brigatista-del-rapimento.jpgUne semaine après sa disparition, les camarades du (nouveau) Parti communiste italien, qui ont eux-mêmes fort à faire avec la répression de l’État calotin, fascistoïde et mafieux dénommé 'République italienne', saluent la mémoire du camarade Prospero GALLINARI, ancien combattant et cadre des Brigades rouges (BR), qui nous a quitté le 14 janvier dernier, sans doute victime des séquelles de ses graves blessures, reçues lors de son arrestation en 1979, et des dures conditions éprouvées 15 années durant dans les cachots de la Réaction. Au cours de sa vie de combattant révolutionnaire, puis de prisonnier politique, et jusqu'à son 'dernier rivage' du 14 janvier, ce fils de paysans des alentours de Reggio Emilia (plaine du Pô) n'a jamais abaissé le drapeau rouge de la lutte prolétarienne pour le communisme.

Au total, le bilan de la période, appelée par la bourgeoisie 'années de plomb', et que l'on fait traditionnellement courir de fin 1969 (attentat de piazza Fontana) jusqu'au début, voire à la fin des années 1980, varie entre 380 et 415 mort-e-s selon les sources : pour la grande majorité, dans des attentats et des violences néofascistes, ou sous les balles ou les coups de la répression d'État ; mais il est courant (sur Wikipédia par exemple) d'attribuer l'intégralité de ces victimes... aux BR. Il y aurait eu, également, environ 2.000 blessé-e-s sérieux-ses (là encore, 80% des violences étaient policières ou néofascistes). Enfin, l'on estime qu'en 1980, quelques 4.000 personnes croupissaient pour des raisons politiques dans les geôles du régime démocrate-chrétien (qui dirigea le pays sans interruption de 1947 à 1992) : pour l'essentiel, des communistes combattant-e-s, des prolétaires en lutte ou des 'autonomes' du mouvement de 1977 ; et une petite minorité d'activistes d'extrême-droite (cherchez l'erreur...).    

C’est un fait connu de tous et toutes, qui nous suivent depuis un petit moment déjà, que la ‘Guerre populaire de basse intensité’ menée par les organisations communistes combattantes italiennes, dans les années 1970-80, est un patrimoine politique et historique identitaire pour Servir le Peuple - là où d'autres, personnes ou groupes, se l'approprient de manière purement opportuniste, pour 'faire plus rouges que rouge'. C'est pourquoi nous nous joignons, avec toute notre ferveur révolutionnaire, à cet hommage.

"Il y a des hommes qui luttent un jour et qui sont bons. Il y en a d’autres qui luttent un an et qui sont meilleurs. Il y en a qui luttent pendant des années et qui sont excellents. Mais il y en a qui luttent toute leur vie ; et ceux-là sont indispensables." Bertolt Brecht

ONORE PROLETARIO, ONORE PARTIGIANO AL COMPAGNO GALLINARI !                                                                                                                                                                                                              

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[SOURCE] 

210284_0_1.jpgLundi 14 janvier est mort Prospero Gallinari.

Prospero Gallinari et les autres camarades des Brigades Rouges ont réalisé dans notre pays une œuvre pionnière et généreuse pour la renaissance du mouvement communiste, même s'ils n'ont pas réussi à trouver la voie de la renaissance. La bourgeoisie et le clergé italiens sont convaincus d'avoir réussi à écraser les Brigades Rouges grâce à la féroce répression qu'ils ont déchaînée contre elles, tout comme, au niveau international, ils sont convaincus d'avoir brisé la première vague de la révolution prolétarienne grâce à leur force. Mais en réalité, les Brigades Rouges, tout comme les promoteurs de la première vague de la révolution prolétarienne, ont été vaincus par leurs propres limites dans la compréhension des conditions, des formes et des résultats de la lutte de classe, qu'ils n'ont pas réussi à surmonter. Le nouveau Parti communiste a tiré les enseignements de leur expérience.  

 

[Extrait du Manifeste Programme du (nouveau)PCI, traduit en français par SLP ici, chap. 2, sous-chapitre 2.1.3 Les premières tentatives de reconstruire le Parti communiste]

Autonomi3À la fin des années 1960 et au début des années 1970, en Italie comme dans d’autres pays, il y eut une grande période de luttes (1968 et l'Automne chaud). La lutte pour arracher à la bourgeoisie de nouvelles conquêtes de civilisation et de bien-être atteignit son sommet et toucha à ses limites : pour aller au-delà, elle devait se transformer en lutte pour la conquête du pouvoir et l'instauration du socialisme. La lutte contre le révisionnisme moderne atteignit un grand développement, sur le plan politique, dans les années 1970, lorsque des luttes revendicatives de la classe ouvrière et des masses populaires naquît un mouvement diffus de lutte armée, incarné par les Brigades Rouges. Il recueillait et donnait une expression politique à la nécessité de conquérir le pouvoir et de transformer la société, nécessité que les mêmes luttes revendicatives alimentaient dans la classe ouvrière et dans les masses populaires. De là le soutien, l'adhésion et la faveur des masses populaires vis-à-vis des Brigades Rouges, dont témoignent leur enracinement dans des usines importantes (FIAT, Alfa Romeo, Siemens, Pirelli, Petrolchimico, etc.), mais plus encore, les mesures que la bourgeoisie dût adopter pour en contrer l'influence et les isoler des masses, et la persistance de leur influence même après leur défaite.

Par leur initiative pratique, les Brigades Rouges rompirent avec la conception de la forme de la révolution socialiste qui avait prédominé dans les Partis communistes des pays impérialistes, au cours de la longue situation révolutionnaire 1900-1945. Contrairement au Parti communiste d'Italie (Nouvelle Unité), les Brigades Rouges commencèrent à faire le bilan des erreurs et des limites qui avaient empêché les Partis communistes des pays impérialistes de mener à une conclusion victorieuse la situation révolutionnaire engendrée par la première crise générale du capitalisme. De là la richesse des enseignements qui peuvent être tirés de leur activité, en particulier à propos des lois Anni di piombo2de l'accumulation des forces révolutionnaires (qui est la tâche principale de la première phase de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée) et du passage de la première à la seconde phase de celle-ci (construction des Forces Armées révolutionnaires).

Elles ne réussirent toutefois pas à se libérer de l'influence de la culture bourgeoise de gauche, en particulier dans la version donnée par l'École de Francfort, que le révisionnisme moderne avait rendu culture courante et presque incontestée. Ce fait eut deux importantes conséquences :

1. Les Brigades Rouges ne réussirent pas à corriger les erreurs d'analyse de l'époque, qui avaient dans cette culture leur fondement. Quant aux rapports entre les masses populaires et la bourgeoisie impérialiste, ils confondirent la phase culminante de la lutte des masses pour arracher des conquêtes dans le cadre de la société bourgeoise avec le début de la révolution. Quant aux rapports entre les groupes et les États impérialistes, ils confondirent l'atténuation des contradictions liée à la période 1945-1975, de reprise et de développement du capitalisme, avec la disparition définitive de l'antagonisme. Ils ignorèrent l’alternance des crises générales du capitalisme avec des périodes de reprise de l'accumulation du capital : les années 1970 étaient justement la période de passage entre la période de reprise et de développement qui avait suivi la Seconde Guerre mondiale, et la nouvelle crise générale par surproduction absolue de capital.

2. Les Brigades Rouges ne réussirent pas à s'approprier consciemment la méthode de la ligne de masse pour rester à l'avant-garde du mouvement des masses, y compris dans la nouvelle phase produite par le début, au milieu des années 1970, de la nouvelle crise générale. Ils ne firent pas un bilan juste du mouvement communiste : ils combinèrent des illusions envers les révisionnistes modernes, dans les pays socialistes et dans les Partis communistes dirigés par eux, avec l'abandon de l'expérience historique du mouvement communiste à cause des succès que les révisionnistes modernes avaient réussi à remporter dans celui-ci.

prosperogallinariSuite à ces erreurs, le lien des Brigades Rouges avec les masses cessa de croître et commença au contraire à s’affaiblir, les Brigades Rouges se mirent à fulminer contre "l'arriération" des masses et sombrèrent dans le militarisme (théorie de la 'suppléance'). De cette manière, ils favorisèrent l’attaque de la bourgeoisie qui était centrée sur l’exploitation de leurs erreurs et de leurs limites pour les isoler de masses.

C’est à cause de ces pas en avant non accomplis, de cette autocritique non menée à son terme, que leur lien avec les masses populaires, plutôt que de se développer, s'affaiblit ; et les Brigades Rouges furent écrasées par l'offensive de la bourgeoisie, à laquelle les révisionnistes modernes participèrent comme à une entreprise vitale pour eux.

La lutte menée par les Brigades Rouges montra, pour la troisième fois dans l'histoire du mouvement communiste de notre pays, après la période du Biennio Rosso et la Résistance, comment, dans un pays impérialiste, peuvent se présenter les conditions pour le passage de la première à la seconde phase de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée. Elle montra aussi, d'autre part, que la possibilité d'exploiter avec succès les conditions favorables dépend étroitement de la qualité de l'accumulation des forces révolutionnaires qui a précédé leur apparition.

politicaerivoluzione 500Le PCd'I et les BR constituent les deux principales tentatives infructueuses de reconstruction du Parti communiste. Les deux cherchèrent à répondre à cette nécessité pour la classe ouvrière et les masses populaires de notre pays. Mais ni l'un ni l'autre n’atteignirent leur objectif. Pour recueillir ce qu’ils ont produit de positif et tirer les enseignements de leur expérience, il est indispensable de comprendre les motifs de l'échec.

L'histoire du mouvement communiste est riche en succès et en défaites. Les uns et les autres nous montrent que la contradiction entre théorie et pratique se manifeste dans les contradictions entre théorie révolutionnaire et construction de l'organisation révolutionnaire, entre le Parti révolutionnaire et le mouvement des masses, et dans d’autres encore. Quel est le juste rapport entre les deux termes de chacune de ces contradictions ? L'histoire du mouvement communiste nous enseigne :

1. l'unité des deux termes : l’un ne peut se développer au-delà de certaines limites, que si l'autre se développe aussi dans une mesure adéquate ;

2. que dans la lutte de la classe ouvrière pour le pouvoir, en général, sauf exceptions, la priorité revient au premier terme, bien que dans l'absolu, c'est-à-dire en considérant les choses dans un horizon plus vaste, la priorité revient au second.

En effet, en termes généraux, la théorie du mouvement communiste est le reflet dans nos esprits, la synthèse, de l'expérience pratique de la lutte de la classe ouvrière et des masses populaires. Marx et Engels ont produit une théorie révolutionnaire en synthétisant l'expérience de la lutte des ouvriers. C’est grâce à cette théorie que le mouvement communiste a créé les Internationales et les Partis socialistes d'abord, les Partis communistes ensuite. Lénine a résumé la lutte qu’il mena dans les premières années du siècle dernier, en disant : « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ». Mao Zedong a fait en 1940 le bilan de la révolution chinoise en disant : « Depuis presque vingt ans, nous avons fait la révolution sans avoir une conception claire et juste de la révolution, nous agissions à l'aveuglette : de là la cause des défaites que nous avons subi ».

autonomia operaiaDe même, en termes généraux, le Parti révolutionnaire est produit par la rébellion des masses opprimées. Mais dans les conditions auxquelles est arrivé le mouvement communiste, le mouvement des masses opprimées ne réussit à se développer au-delà d'un niveau élémentaire, revendicatif, que grâce à l'activité du Parti communiste. Les communistes n’ont pas réussi à construire un Parti communiste à la hauteur de son rôle et de la tâche de promouvoir et diriger la guerre populaire révolutionnaire de longue durée, et ceci a empêché l'instauration du socialisme dans les pays impérialistes. Ce n'est pas "l'intégration de la classe ouvrière dans le système capitaliste", ce n'est pas "l'incorporation des rapports de production capitalistes dans les forces productives" (donc la disparition de la contradiction entre les rapports de production et les forces productives), comme le soutient l'École de Francfort, qui a empêché la révolution socialiste dans les pays impérialistes. Le chaînon manquant est un Parti communiste adapté à sa tâche historique et à son rôle, et ce qui est principal pour rendre le Parti communiste adapté à sa tâche historique et à son rôle, c'est la conception du monde sur laquelle il se fonde et par laquelle il oriente son activité. Donc, la solution est dans la lutte entre deux lignes dans la construction du Parti communiste.

NapLa bourgeoisie cherche de toutes ses forces à empêcher une telle construction du Parti. C’est un aspect essentiel de la contre-révolution préventive. Par la répression lorsqu’elle ne peut pas faire autrement, mais normalement, à travers son influence parmi les communistes. Dans tout Parti communiste et dans chacune de ses organisations, face à chaque pas en avant et à chaque décision importante, il y a une gauche et une droite. La gauche reflète la position de la classe ouvrière qui lutte pour le pouvoir ; la droite reflète la position de la bourgeoisie. La droite personnifie l'influence de la bourgeoisie dans le mouvement communiste et la véhicule. La bourgeoisie est au pouvoir depuis des siècles et a beaucoup hérité des précédentes classes exploiteuses. La classe ouvrière lutte pour le pouvoir depuis seulement 160 ans et ne l'a exercé que durant de brèves périodes et dans quelques pays où le capitalisme était relativement peu développé. Donc, la bourgeoisie a encore aujourd'hui une expérience du pouvoir incomparablement plus vaste que celle de la classe ouvrière. Dans le champ superstructurel, la bourgeoisie a un système complet de conceptions, lignes et méthodes. Sa conception du monde s'est consolidée en habitudes et préjugés. Elle a acquis la force, l'évidence et l'objectivité du lieu commun. Il s’ensuit que dans les Partis communistes, la droite a la vie plus facile que la gauche. La droite s'appuie sur ce qui existe déjà, est évident, est habitude, ce que "l'on a toujours fait ainsi", ce que "tout le monde pense". La gauche doit élaborer, découvrir, se projeter dans le nouveau, risquer de commettre des erreurs, corriger le tir jusqu'à trouver la voie vers la victoire. À la droite, il ne faut pas une théorie révolutionnaire ; la gauche ne peut pas progresser sans, et doit la synthétiser. La droite peut se renforcer des erreurs de la gauche et de la confusion de la contradiction entre théorie révolutionnaire et influence de la bourgeoisie avec la contradiction entre théorie juste et théorie erronée, entre nouveau et ancien. La droite entrave la création d'une théorie révolutionnaire, la gauche la promeut et sans théorie révolutionnaire elle ne peut pas diriger. Les erreurs du Parti dans la compréhension de la situation profitent à la droite, et sont délétères à la gauche.

gallinari_prospero_cella.jpgLa gauche du PCI ne réussit pas à développer une théorie de la révolution socialiste dans notre pays au cours de la première crise générale du capitalisme, bien que le Parti se fût proposé de guider la révolution socialiste. Pour cette raison, la droite réussit à prévaloir dans le Parti. Mao nous a enseigné que si le Parti n'applique pas une ligne juste, il en applique une erronée ; que s’il n'applique pas consciemment une politique, il en applique une à l'aveuglette. Il est très difficile que le Parti communiste réussisse à remporter la victoire avec une ligne appliquée à l'aveuglette ; il est plus probable qu’une ligne appliquée à l'aveuglette favorise ce qui existe déjà, la direction de la bourgeoisie, plutôt que ce qui doit émerger : la direction de la classe ouvrière.

Le Parti communiste d'Italie (Nouvelle Unité) et les Brigades Rouges ne comprirent pas que pour avancer, il fallait un bilan de l'expérience de la première vague de la révolution prolétarienne et de la construction du socialisme, qui était synthétisé à son plus haut niveau dans le maoïsme ; ils ne comprirent pas que le révisionnisme moderne ne consistait pas seulement en un reniement de la révolution comme moyen pour instaurer le socialisme, mais exploitait les limites de la conception du monde et de la méthode de direction et de travail des communistes : il fallait dépasser ces limites pour vaincre le révisionnisme moderne ; ils ne comprirent pas, enfin, que le capitalisme, dans notre pays aussi, était au sommet d'une période de développement et que la seconde crise générale du capitalisme s'annonçait à peine. Pour ces raisons, leurs tentatives de reconstruire le Parti communiste furent défaites.

 


 

Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d'une société nouvelle. Le souvenir de ses martyrs est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière. Ses exterminateurs, l'histoire les a déjà cloués à un pilori éternel, dont toutes les prières de leurs prêtres ne parviendront pas à les libérer. K. Marx, La guerre civile en France (1871)


Aux révolutionnaires emprisonnés

[Appel du n°1 de La Voce - mars 1999]


 

La Commission préparatoire au Congrès de fondation du (nouveau) Parti communiste italien, en débutant ses travaux, adresse un salut chaleureux aux révolutionnaires emprisonnés, exilés et en cavale des Brigades Rouges et des autres Organisations Communistes Combattantes qui, dans les années 1970, ont empoigné l'étendard de la lutte pour le communisme.

savastaVous avez été l’expression la plus haute et êtes aujourd'hui les témoins vivants de la lutte vaste, généreuse et acharnée menée à cette époque par la classe ouvrière, le prolétariat et les masses populaires. L’importance que revêt cette lutte pour la cause du communisme, est à la hauteur de l’ecration sous laquelle la classe des oppresseurs et des exploiteurs cherche à en enterrer jusqu'au souvenir. La défaite, le dénigrement et les trahisons n'effaceront jamais la contribution que cette lutte a apporté à la cause du communisme, car les communistes sauront mettre à profit ses enseignements. La lutte pour le communisme menée en Italie dans les années 1970 a été la répétition générale de la future révolution socialiste. Elle a rendu le nom des Brigades Rouges célèbre dans le monde entier, et fait en sorte que celles-ci soient encore invoquées aujourd'hui par les prolétaires indignés des vexations que la bourgeoisie impérialiste inflige aux masses populaires. Les BR vivent encore aujourd'hui dans les mémoires, et inspirent des sentiments et des élans positifs, en particulier parmi les jeunes. Ceux qui se sont érigés comme vos vainqueurs ont montré leur véritable nature en éliminant les conquêtes de bien-être et de civilisation arrachées par les masses populaires, et en poussant celles-ci, autant qu'ils le peuvent, vers un avenir synonyme pour elles d'exclusion, de misèred'abrutissement, de barbarie et de souffrance. Les noms de vos vainqueurs, de Moro à Andreotti, du Pape à Berlinguer, sont d'ores et déjà couverts d'opprobre et seront pour toujours maudits par les travailleurs, que leur victoire a maintenu dans une condition qui chaque jour devient plus dure. Leur victoire est la mère de toutes les barbaries auxquelles les masses populaires doivent aujourd'hui faire face.

  La lutte pour le communisme reprendra, corrigeant les erreurs et surmontant les limites qui l’ont hier conduite à la défaite, parce que la classe ouvrière, le prolétariat et les masses populaires n'ont pas d'autre porte de sortie positive, à la crise générale du capitalisme, que l'instauration du socialisme. Le prolétariat ne s'est pas repenti ! 
 
250px-Br processo Au nom du (nouveau) Parti communiste italien, nous demandons à chacun de vous de contribuer par votre propre expérience et votre propre témoignage à la reconstruction du Parti communiste. Chacun de vous est dépositaire d'un patrimoine de confiance et d'espérance accumulé par tous ceux qui dans les années 1970 ont combattu. C'est ce patrimoine que la bourgeoisie impérialiste fait tout pour détruire ou mettre à son service, en cherchant à vous contraindre à la reddition. Ce patrimoine est précieux pour la cause du communisme : mettez-le à profit !   

 Dans le même temps, au nom du (nouveau) Parti communiste italien, nous faisons appel à toutes les FSRS (Forces subjectives de la Révolution socialiste) pour que soient poursuivies et intensifiées toutes les initiatives, comme celles prises dans le passé par l’ASP, permettant de promouvoir la solidari des masses populaires à votre égard : la solidarité des masses populaires est la force principale dont vous disposez contre les pressions de la bourgeoisie impérialiste.

 Les camarades tombés en combattant pour la cause du communisme resteront toujours dans le cœur et dans la mémoire des membres du (nouveau) Parti communiste italien ; les organisations du (n)PCI porteront leurs noms aux côtés de ceux des dirigeants et des combattants qui se sont distingués au cour des 150 années d'histoire du mouvement communiste.

intervista-a-loris-paroli.jpg

 

Intéressant à parcourir également, ce document publié à l'origine par l'AA Bordeaux, sur la 'grande' organisation révolutionnaire de la première moitié des années 1970 (les BR étaient alors embryonnaires) : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970)

Certes, Lotta Continua acheva sa course dans l'illusion électoraliste (avec Democrazia Proletaria), mais ce document du tout début des 'années de plomb' jette néanmoins brillamment les bases (avec, certes, beaucoup de 'spontanéisme') d'une stratégie de Guerre populaire en pays impérialiste ou industriel-avancé. Après l'auto-dissolution de l'organisation (1976), beaucoup de militant-e-s s'orienteront à leur tour vers la lutte armée, dans l'autre 'grande' OCC de la seconde moitié de la décennie : Prima Linea (1976-81).

Et pour finir en musique, deux airs emblématiques de l'époque :

   Paroles
 
    Paroles
 


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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 20:38

 

1. Ces derniers jours, la résistance populaire en Grèce a encore atteint des sommets, encore franchi un cran dans l'affrontement avec le Capital et son État. Un État désormais incarné par un gouvernement "technique" ouvertement fantoche, marionnette de l'UE et sa BCE, créature de l'axe impérialiste franco-allemand.

La Grèce est en effet, et cela apparaît ici clairement, un pays capitaliste dépendant, "avancé mais dominé", comme peuvent l'être l'Argentine ou la Corée du Sud : le mode de production capitaliste y est très clairement dominant (bien que des forces féodales y soient encore importantes, comme l’Église orthodoxe, plus grand propriétaire foncier du pays et jusqu'à récemment exemptée de taxes et d'impôts...), mais les capitaux étrangers (principalement des "grands" pays d'Europe : France, Allemagne, Italie...) y sont archi-dominants dans ladite production. Jusqu’aux années 1970, la Grèce était un pays ultra-arriéré, sous protectorat US de fait (anglais jusqu'en 1940), pour le contrôle géostratégique de la Méditerranée orientale ; ce qui se traduisit notamment par la terrible dictature des Colonels (1967-74). Mais après la chute de celle-ci (suite à des contradictions nationalistes avec l’État turc, autre allié régional de premier plan de l'impérialisme US), une "démocratie" bourgeoise aux mains de quelques "dynasties" politiques (les Papandréou, Karamanlis...) fut instaurée et la Grèce fut progressivement intégrée à l'UE (1981), comme "champ d'investissement" et débouché commercial pour les impérialistes français, allemands, anglais, italiens, d'Europe du Nord etc. (les nord-américains gardant de solides positions). Comme le furent à la même époque l’Espagne et le Portugal, et quelques années plus tard, les pays d'Europe de l'Est "libérés" du "socialisme réel" révisionniste.

La bourgeoisie locale revêt un caractère oligarchique (voire bureaucratique-féodal, comme on l'a vu avec l’Église) caractéristique d'un pays non-impérialiste. Néanmoins, celle-ci, "les yeux plus gros que le ventre", a voulu "singer" les "grands frères" ouest-européens et "moyenniser" les masses populaires (par l'emploi public, l'aide sociale), pour en faire un grand marché intérieur (ce sur quoi ne crachaient pas non plus, sur le moment, les monopoles étrangers). Mais cela était complètement artificiel, et ne pouvait PAS tenir au regard de la base d'accumulation et des ressources de la bourgeoisie grecque. L’État se révéla finalement, à la fin des années 2000, surendetté à quelques 120% du PIB national ; et voilà l'effondrement où nous sommes, avec des masses populaires ravalées (bientôt) au niveau de vie du Proche-Orient ou de l'Afrique du Nord, voire pire. Un crash économique et social qui rappelle, furieusement, celui de l'Argentine en 2001-2002 (ou encore, à la fin des années 90, celui des "dragons" est-asiatiques).

Une anecdote terrible : des paysans, venus en solidarité distribuer (à prix coûtant voire gratuitement) leurs produits aux masses des villes en lutte, ont vu se ruer sur leurs stands des milliers de personnes qui commencent à ne plus manger à leur faim !

Les services vitaux (eau, électricité) sont coupés à des millions de personnes, des millions encore sont en impayés de loyers et menacées d'expulsion, ou se privent de soins médicaux. Des travailleurs jetés à la rue, des petits entrepreneurs ruinés se suicident par le feu, comme dans les pays arabes. La prostitution, dans une société très patriarcale où les femmes dépendent souvent des hommes économiquement, est en explosion.

Comment s'étonner, alors, du déchaînement de rage prolétaire et populaire qui a explosé à travers tout le pays le week-end dernier ? Malheureusement, comme bien des fois auparavant, l'explosion risque de retomber comme un soufflé. Car il n'y a pas, dans ce pays, d'avant-garde organisée du mouvement qui soit susceptible de structurer, orienter et surtout MAINTENIR la lutte de masse dans la durée, de manière prolongée, jusqu'au renversement de la classe dominante. On remerciera, au passage, une certaine misérable petite "avant-garde autoproclamée" de nous faire remarquer cette absence, dont les communistes conséquents sont bien conscients depuis le début de la "crise grecque" ; et, surtout, de ne rien proposer comme perspective (comme d'habitude : toujours que critiquer).

Il faut être bien clairs sur une chose : les masses populaires grecques, dans leurs souffrances comme dans leur insurrection et leur refus de la fatalité, sont HÉROÏQUES et ne méritent que notre respect, et rien d'autre. Ce n'est pas du côté de Servir le Peuple que l'on déversera sur elles des tombereaux de mépris et d'aigres vomissures, comme le font (fidèles à eux-mêmes) les "jefaturas" aussi éclairées qu'autoproclamées de Voie Lactée : "aucune culture communiste" (dans le pays de la plus héroïque guerre antifasciste d'Europe, 1940-49 !), "chauvinisme" (alors que la Grèce, on l'a dit, est un pays dépendant : il est donc normal que des sentiments nationaux se greffent sur la question sociale ; et ces sentiments peuvent même être utilisés tactiquement, maintenant qu'il y a un gouvernement ouvertement fantoche de Paris et Berlin !), etc. etc. La meilleure, c'est quand même lorsqu'ils disent que "dans un émeute du 1er Mai à Berlin, on arrive au même résultat (que dans la nuit d'émeute de dimanche dernier), avec seulement quelques milliers de personnes" ; autrement dit, les mobilisé-e-s de Grèce seraient des "couilles molles" : voilà une analyse qui sent bon le "concours de bites" et guère l'"anti-virilisme" pourtant sans cesse proclamé. Et, de surcroît, c'est complètement faux : il n'y pas "quelques milliers" de manifestant-e-s à Berlin le 1er Mai, mais des centaines de milliers (des partis, syndicats etc.) ; ce qu'il y a, ce sont quelques milliers de black et red blocks ; et c'était exactement la même chose en Grèce le week-end dernier : des centaines de milliers de manifestant-e-s, mais seulement quelques milliers allant "au fight" à Athènes et quelques centaines dans les autres villes, l'immense majorité restant dominée par le légalisme de type KKE ou SYRIZA - et c'est bien là TOUT LE PROBLÈME. Mais, pour nos avant-gardes autoproclamées, le problème serait que... les manifestant-e-s ne se sont pas fait-e-s tirer dessus comme des lapins (ce qui démontrerait que "l’État maîtrise le processus") ! Fidèles à eux-mêmes, on vous dit...

2. Le problème en Grèce, donc, est là. Ce n'est pas, comme diraient les trotskystes, un simple "problème de directions" bureaucratiques et réformistes, qu'il suffirait de mettre face à des revendications "débordant automatiquement le cadre du capitalisme" (ce que les trotskystes s'échinent à faire depuis 70 ans). Les directions traîtres, bureaucratiques, néo-bourgeoises (la bureaucratie syndicale est effectivement un gros problème en Grèce, peut-être l’équivalent de l'Argentine...) s'appuient évidemment sur une culture politique qu'elles ont injecté dans les masses, et qui leur donne une base populaire.

Quelles sont, en Grèce, les organisations se réclamant du communisme ?

- Il y a d'abord le "célèbre" KKE, avec sa jeunesse (KNE) et son syndicat "de lutte", le PAME. Le bloc KKE/KNE/PAME est réellement massif, il compte plusieurs centaines de milliers de militant-e-s (et pèse entre 8 et 10% aux élections). Par rapport à beaucoup de P"c" européens issus du défunt Komintern (sans même parler de ceux devenus explicitement soc'dem', comme l'ancien PCI), son discours apparaît à beaucoup d'égards "radical". Certes, la banderole "Peoples of Europe, rise up !" hissée sur le Parthénon est devenue célèbre... Mais c'est un Parti qui joue le rôle, pour faire court, du couple PCF/CGT de l'époque Marchais, au temps de "Raymond (Marcellin) la Matraque" : c'est un défenseur des institutions et de l’État bourgeois, sous un discours "souverainiste" (social-chauvin) selon lequel tous les problèmes viennent de Bruxelles. Depuis 1973 (déjà, à l'époque des Colonels !), lors de la célèbre insurrection de l’École polytechnique d'Athènes, il est connu pour son rôle de défenseur politique et parfois PHYSIQUE du Pouvoir : tout antagonisme de classe assumé est pour lui de la "provocation fasciste" ! Ses jeunesses KNE sont surnommées "KNAT" par les anarchistes, par contraction-jeu-de-mot avec les MAT qui sont les unités de police anti-émeute ; et son mot d'ordre actuel est que la révolution grecque se fera "sans casser une seule vitrine" : autant dire que ça va aller loin... Malheureusement, la grande majorité de la classe ouvrière et du petit emploi public sont sous sa coupe.

- Il y a la coalition dite "SYRIZA" (Coalition de la Gauche radicale), constituée autour des soc-dem's de Synapsismos (SYN), issus de l'eurocommunisme des années 1980. Ses résultats électoraux tournent autour de 5%. On y trouve divers groupes "alternatifs", "écologistes de gauche", trotskystes "modérés", mais aussi, dans une participation "critique", une organisation se réclamant de Mao Zedong : le KOE. C'est une organisation assez importante, qui compterait un gros millier de militant-e-s (soit, rapporté à la population grecque, l'équivalent de Lutte Ouvrière ici). Malheureusement, dans sa pratique, elle est un peu l'équivalent de la LCR des années 1990-2000... Sa position vis-à-vis du mouvement "indigné" de Syntagma (assez radical, par rapport à la moyenne "indignée" en Europe) était suiviste, droitière : ne surtout pas venir "perturber" le mouvement avec des mots d'ordre marxistes révolutionnaires, "dogmatiques" selon eux, etc. Au final les déclarations de l'"Assemblée de Syntagma" étaient plus radicales, plus révolutionnaires que les positions de l'organisation elle-même !

- Une dernière coalition a vu le jour en 2009 : ANT.AR.SY.A, acronyme de "Front de la Gauche anticapitaliste", en grec "Coordination de la Gauche anticapitaliste pour le Renversement" (le mot grec "antarsya" signifie "soulèvement", "révolte", "mutinerie"). Elle est en grande partie issue de l'ancien "Front de la Gauche radicale" (MERA). Là aussi, la coalition regroupe essentiellement des formations trotskystes (OKDE-Spartakos, SEK "frère" de SWP), de "gauche anticapitaliste", des Jeunesses issues du KKE (sorties lorsque celui-ci, à la fin des années 1980, alla jusqu'à faire alliance avec la droite réactionnaire de Karamanlis !) ; mais aussi une organisation "pensée Mao Zedong", l'EKKE (Mouvement Communiste Révolutionnaire de Grèce). Nous n'avons pas plus d'informations sur celle-ci, hormis cette courte présentation en anglais. La coalition a fait une (petite) percée aux élections locales de 2010, avec 1,8%.

Globalement, l'idée qui sous-tend les deux "coalitions" ci-dessus, avec des alliances qui peuvent paraître, ici, tellement contre-nature (des "maos" avec des trotskystes et des "anticapitalistes" divers), c'est l'idée qu'avant d'envisager tout processus révolutionnaire, il faut reconstituer en Grèce une "vraie gauche", "populaire, radicale, anticapitaliste", "en rupture" avec le système politique dominé par deux partis-familles (PASOK-Papandréou et ND-Karamanlis) et le KKE dénoncé comme leur "caution de gauche". Ceci reflète bien l'ampleur du traumatisme des communistes grecs, le vide béant laissé par la trahison du KKE dans les années 1950 (la direction révolutionnaire, réfugiée en URSS, fut liquidée sur ordre de Moscou), trahison qui laissa les masses désarmées face aux sanglants Colonels, et à la république oligarchique qui leur succéda...

Mais c'est prendre les choses totalement à l'envers : c'est en construisant, en développant, en perfectionnant le Parti que l'on agrège, développe et renforce autour de lui le Front populaire anticapitaliste ; et non l'inverse (le renforcement du Front qui développe le Parti).

En dehors de ces coalitions se trouve également un KKE(ml), issu de la rupture antirévisionniste "historique" (années 60), qui se réclame lui aussi de Mao Zedong. Il fait cavalier seul depuis le début des années 2000. Il se présente également aux élections, avec des résultats extrêmement faibles (de l'ordre de quelques milliers de voix). Il est peu probable, quoi qu'il en soit, qu'il ait réussi à surmonter les limites qui ont conduit le marxisme-léninisme, en Grèce comme ailleurs, à la faillite révisionniste (la première des années 1950-60 (khrouchtchévisme) ; comme la deuxième, de la plupart des "antirévisionnistes" des années 1960, à partir des années 1980).

Il y a encore cette découverte "marrante" (et récente) : l'OAKKE. Fondée au milieu des années 1980, issue d'un certain "atlanto-trois-mondisme" de ces années-là, elle est tout simplement l'équivalent (en peut-être plus "franc du collier") de ce qu'était ici le 'p''c''mlm' en 2008-2010 : l'ennemi principal pour l'humanité d'aujourd'hui est l'impérialisme russe (!), héritier du social-impérialisme soviétique, équivalent au 21e siècle du IIIe Reich nazi ; et ceux qui dénoncent et combattent les impérialistes ouest-européens, nord-américains ou encore les crimes colonialistes du sionisme sont ses alliés objectifs (voir un florilège de leurs délires ici). CQFD...

Et puis, enfin, il y a le "BLOC" ANARCHISTE. Si l'on peut parler d'un "bloc"... Car, si le mouvement anarcho-communiste et libertaire est d'une ampleur inégalée en Europe, il est divisé, groupusculo-sectaire, les groupes n'ayant aucune coordination (autre que très formelle), voire étant parfois rivaux entre eux. Ceci se surajoute à la limite historique (et éternelle) de l'anarchisme : penser que l'on peut "nier", "dissoudre" l’État, refuser son renversement et son remplacement par un État révolutionnaire du prolétariat, bref, le non-dépassement total des limites de la Commune de Paris, du mouvement révolutionnaire du 19e siècle... l'incompréhension que "HORMIS LE POUVOIR, TOUT EST ILLUSION" !

Les "black-blocks" hellènes sont une véritable armée qui pourrait, sur une lutte prolongée de plusieurs années, balayer le vieil État pourri et ses maîtres impérialistes de Paris, Berlin et Bruxelles... Mais ils ne prendront jamais le pouvoir (pour instaurer le communisme dont ils se réclament), puisqu'ils... ne le veulent pas !

Parallèlement existent quelques groupes menant la lutte armée, correspondant à la définition (et à toutes les limites) des "minorités agissantes" et de la "théorie de la suppléance" : Lutte Révolutionnaire est actuellement le plus connu ; l'historique "17-Novembre" a été démantelé en 2002.

3. On voit donc toute l'ampleur du problème en Grèce... Le pays s'enfonce inexorablement dans une "re-tiers-mondisation" ; tandis qu'au vu du panorama ci-dessus, la décantation permettant l'émergence d'un Parti révolutionnaire du prolétariat (et, de là, d'un Front anticapitaliste autour de lui) pourrait prendre des années, voire une décennie... Car il ne suffit pas de "balayer les directions pourries" comme le pensent les trotskystes : il faut d'abord qu'une avant-garde émerge, se fasse reconnaître par la frange avancée du prolétariat, puis, seulement, commence à arracher les larges masses à l'emprise néfaste des réformistes, des révisionnistes, des partis bourgeois (pour lesquels il y a bien des millions de gens qui votent !) sans parler des fascistes, qui commencent à monter en puissance. Et les conceptions d'aucune organisation marxiste-léniniste, "pensée Mao" ou maoïste ne semblent pour le moment à la hauteur...

Il faut dire aussi, sans doute, que le mouvement révolutionnaire en Grèce souffre d'une terrible tare : si le pays, en effet, fut avant-guerre surtout un protectorat britannique (et US ensuite), l'influence intellectuelle y est largement FRANÇAISE : autrement dit, amour du dogme et de la phrase intellectuelle, certitude de "détenir LA Vérité" et tendance au génie autoproclamé, faible propension à l'autocritique etc. etc. Ceci côtoyant une forte culture syndicalo-réformiste et légaliste (ce qui tombe bien : comme la bourgeoisie argentine, la bourgeoisie grecque a besoin d'un fort encadrement bureaucratique-syndical des masses laborieuses), à laquelle "réagit" un anarchisme décomposé ; tandis que le trotskysme (mécaniste cartésien) pense qu'il suffit de mettre les "directions" face à des revendications "débordant automatiquement le cadre du capitalisme" pour les "démasquer" et lancer les masses "à l'assaut du Palais d'Hiver", "comme en 17" !

POUR AUTANT, non seulement CE SONT LES MASSES QUI FONT L'HISTOIRE et elles méritent notre respect (et non notre "regret" qu'elles ne se soient pas faites trouer la peau, parce qu'une "vraie révolution", vous comprenez, "faut que ça saigne" !) ; mais c'est de leur MOUVEMENT RÉEL, celui de la lutte de classe, que naît et émerge l'avant-garde la plus consciente et organisée, le PARTI. Et pas "d'en haut", des sphères "éclairées" de quelques petits-bourgeois intellectuels déclassés, cherchant dans la révolution l'importance existentielle que leur (très haute) estime d'eux-mêmes, bien au-dessus de la réalité, ne rencontre pas dans la société actuelle ; puants d'arrogance et de prétention ; "Parti" autoproclamé de la "Science" et de "l'Intelligence"... qui croit que Michel Aflaq, chrétien syrien et fondateur du Baas laïc, est (tenez-vous bien) un fondamentaliste musulman !

Les communistes, non seulement se tiennent fermement et indéfectiblement aux côtés des masses dans leurs souffrances et leurs luttes, où que ce soit sur la Terre (cosmopolitisme pour nos "lumières éclairées") ; mais ont une FOI ABSOLUE dans celles-ci et dans leur capacité à trouver la voie et les instruments (dont l'avant-garde) de leur émancipation. "Les masses sont la lumière même du monde... elles sont la fibre, la palpitation inépuisable de l'histoire ; quand elles parlent tout tremble, l'ordre chancelle, les cimes les plus hautes s'abaissent, les étoiles prennent une autre direction, parce que les masses font et peuvent tout", disait le grand dirigeant communiste Gonzalo, dont ces imposteurs aiment à vernir leur mascarade de "MLM". Avant de préciser "le Parti les dirige" ; et c'est tout ce que nos "génies" entendent et qui les intéresse : "diriger" les masses et la révolution parce qu'ils n'ont pas réussi (eh oui, la vie est dure !) à trouver leur place "brillante" dans le capitalisme... Mais voilà, le Parti est l'émanation des masses et de leurs luttes réelles ; les masses le reconnaissent et lui donnent en quelque sorte "mandat" de les organiser et de les diriger ; alors que, gageons que tout ce qu'elles donneront à nos "avant-gardes autoproclamées" (ceux-là comme d'autres de leur acabit), c'est une bonne volée de caillasse ou pourquoi pas de plomb !

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Sur le site de La Cause du Peuple, une chronologie des évènements de dimanche dernier :

Grèce : Résumé chronologique des événements du 12 février

 

 

 

 

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 22:37

 

Source : La Cause du Peuple

 

La journée d'hier a été chaude en Grèce, comme en témoignent ces vidéos. La mobilisation fut très importante, ce qui n'a évidemment pas empêché le parlement d'approuver le plan d'austérité voulu par l'Union Européenne et le FMI.

Bientôt plus d'infos.

 


 

 

Ou encore celle-ci, sur le site du Jura Libertaire :

 

 

Sur le même site, voici un descriptif des nouvelles mesures anti-populaires prises par le gouvernement "technique", laquais de l'axe impérialiste Paris-Berlin, et incluant des néofascistes nostalgiques des Colonels :

Les présidents des partis qui forment le gouvernement de coalition (socialiste, droite et extrême droite) se sont mis d’accord pour l’application des exigences de la Troïka (FMI, Union Européenne, Banque Centrale Européenne). Un nouveau plan d’austérité est prêt à être voté au parlement grec le dimanche 12 février.

Une partie des mesures que la Troïka veut imposer pour l’aboutissement du PSI (le dit “haircut”/”la coupe” de la dette) :

• -22% pour le SMIC, à savoir 480 euro par mois net (586€ brut de 751€ brut actuellement) ;

• Pour les jeunes de 18-25 ans, la réduction s’élève à -32% donnant environ 430€ brut (510€ brut de 592€ brut actuellement) ;

• Les réductions vont s’appliquer, de manière rétroactive à partir de janvier 2012, dans tous les salaires, retraites et allocations chômage (allocation de chômage : 359€ euro de 461€ actuellement, touchable uniquement lors d’un an) ;

• La retraite minimum chute à 392€ de 503€ euro aujourd’hui ;

• Abolition des conventions collectives (par branche/métier), remplacement par des conventions individuelles au niveau de l’entreprise ;

• Suppression de 150.000 postes de fonctionnaires lors de 2012-2015 ;

• Levage de permanence dans le secteur public “large” comme l’énergie ;

• Les pertes de salaires — s’étendant aux primes de pénibilité, à ceux pour les enfants, aux retraites, et aux allocations chômage — peuvent arriver jusqu’à -40% par rapport aux revenus actuels ayant déjà subi de réductions entre 20% et 30%.

La liste est longue…

 

Victoire à la NOUVELLE RESISTANCE du Peuple grec ! Vive les Nouveaux Partisans !

 

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 18:44

 

Bien que SLP ne partage pas l'intégralité des positions du Parti communiste maoïste d'Italie, il estime que cette organisation qui, contrairement à beaucoup de ses détracteurs, mène héroïquement le travail révolutionnaire dans la réalité de la lutte de classe, notamment dans les régions les plus déshéritées (Sud) de l'Italie, au sein de syndicats basistes de travailleurs/euses (Slai Cobas etc.), a le droit de s'exprimer pour sa défense. Depuis plusieurs mois, ces camarades sont en effet la cible particulière des attaques cyber-gauchistes contre le 'centrisme' (c'est à dire les organisations qui, dans le mouvement communiste international, agissent selon les principes du maoïsme : essayer d'amener la gauche du Parti maoïste unifié népalais, les éléments les moins contaminés par le révisionnisme, sur les positions du MLM plutôt que de les laisser à la merci du révisionnisme Prachanda-Bhattarai...). Il est évident que, tel que l'enseigne l'histoire du mouvement socialiste (jusqu'à la Première Guerre mondiale) puis communiste (depuis), le rôle des ultra-gauchistes est encore une fois d'assurer le triomphe du révisionnisme et, par là, de la Réaction mondiale.

 

Source

 

Il y a à ce sujet une campagne internet d'intoxication par des 'cybergroupes gauchistes pseudo-maoïstes'.

Notre Parti dans plusieurs et différents textes, meetings internationaux, mais aussi divers meetings bilatéraux avec des camarades indiens, afghans, européens ou népalais, des Partis et des organisations, a exprimé sa critique de l'approche 'centriste' des camarades de la gauche népalaise, dans la lutte interne au PCNUm, et notre Parti a demandé à ces camarades de changer leur approche.
Cette lutte n'est pas achevée et continuera jusqu'à la victoire du MLM au Népal et au niveau international.

Notre Parti est un membre historique du MRI et tous dans le MRI (moins en dehors et c'est notre limite) connaissent notre lutte interne contre la tendance Avakian ainsi que les positions centristes du PCNm sur les questions internationales.

Notre Parti a été dans toute la vie du MRI le seul Parti allié au PCP comme fraction rouge du MRI et nous avons organisé trois meetings publics internationaux sur ce sujet avec le MPP.

Notre Parti a été le seul dans le MRI (avec les camarades du PCP) à soutenir la ligne de la Guerre Populaire pour les pays impérialistes et sur cette question, a mené une dure lutte y compris en direction du PC des Philippines et du PC d'Inde (maoïste).

Notre Parti, dans le cadre du séminaire international au Népal avec tous les Partis et organisations participants, PC des Philippines et PC d'Inde maoïste inclus, a analysé les positions du PC népalais maoïste comme de mauvaises réponses à de bonnes questions (de très, très bonnes questions qui attendent toujours une réponse correcte). Pour cela, dans la conférence internationale à venir, lorsque celle-ci se tiendra, notre Parti exprimera toute son approche radicale sur ces questions... et l'heure est proche.

Dans le même temps, alors que le CoRIM stoppait ses activités, notre Parti menait tout le travail nécessaire pour reconstruire une organisation internationale MLM et pour ceci, le problème n'est pas d'imposer nos positions à tous les Partis et toutes les organisations MLM dans le monde, mais de réunir un meeting au sein du MRI avec les Partis et organisations qui ne soutiennent pas les positions d'Avakian et la ligne Prachanda, et ensuite une Conférence internationale de tous les Partis et organisations MLM dans le monde, dans et en dehors du MRI, principalement le PCI(m), le PC des Philippines, le PC maoïste de France, le PCR Canada ainsi que des organisations d'Amérique latine (Colombie, Brésil) etc. pour reconstruire une organisation et un centre international basé sur les enseignements positifs et négatifs des approches du MRI et du CoRIM/PCR-USA.
Au cours de cette Conférence, nous soutiendrons la ligne de Guerre populaire et d'un centre basé sur la Guerre populaire. Notre tâche internationale actuelle et notre engagement, lorsque cette Conférence internationale se tiendra, sera accompli dans cette forme.
La Conférence internationale n'exige pas seulement un simple appel, mais un accord entre les Partis et les organisations participantes, un climat positif d'unité et lutte : dans le cas contraire, nous n'aurions pas une Conférence internationale, mais un meeting fractionnel qui n'apportera rien, ni au sein ni en dehors de lui, au Mouvement communiste international MLM.
 
Dans le cadre de cette conférence, différentes positions pourront débattre, lutter, il y aura une lutte entre deux lignes sur maintes questions et notre Parti luttera pour contribuer à affirmer et développer le MLM, dont a besoin notre 21e siècle de Guerres populaires vers le communisme.

Pour finir encore sur le Népal, nous souhaitons et luttons pour la participation de maoïstes népalais à la Conférence internationale ; des maoïstes népalais qui s'opposent aux positions de Prachanda et Bhattarai, qui sont engagés dans la continuation de la révolution népalaise, qui appellent à la révolte populaire, à la lutte armée, à la stratégie de Guerre populaire. La présence de ces maoïstes népalais à la Conférence serait une victoire pour le MCI, tous doivent travailler à cela.
Nous espérons que les vrais et sérieux Partis et organisations MLM, qui veulent une Conférence internationale, auront et prendront la responsabilité se s'y joindre.

PCm Italie
janvier 2012

 

http://4.bp.blogspot.com/-4nEznwiPY1U/TaXn5Hos64I/AAAAAAAAAkE/dtNvNEm2Hos/s1600/partisans.jpg

 

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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 17:47

 

Jeudi dernier, 20 octobre, se déroulait à Athènes une gigantesque manifestation et grève générale, à l'occasion du vote par le Parlement grec de la loi sur l'austérité.

Voyons le récit qu'en donne la presse 'alternative' : de 'violents affrontements' ont éclaté et, notamment, de violents affrontements devant le Parlement ; des 'jeunes radicaux' y attaquant la 'manifestation pacifique' du KKE et de son 'Front ouvrier', le PAME. La police (une des plus violentes d'Europe) a alors répliqué à coup de gaz lacrymogènes (quasi asphyxiants là-bas...). Un syndicaliste du PAME, ouvrier du bâtiment de 53 ans, s'est alors effondré et est décédé d'un arrêt respiratoire (ce sont donc bien les gaz de la police qui ont tué cet ouvrier syndicaliste - c'est en tout cas la version donnée par le Grand Soir, pro-KKE/PAME).

Le KKE s'est fendu d'un communiqué dénonçant violemment les 'groupes' et 'agents provocateurs', les 'cagoulés', voire les... 'anarcho-fascistes'. En réalité, un discours totalement huilé et une constante de ce Parti. Nous y reviendrons.

De l'autre côté, les milieux anarchistes et totos francophones de tout poil se répandent en vomissures 'anti-autoritaires', autrement dit antimarxistes : 'crapules staliniennes' (le terme 'stalinien' englobant de fait tout marxiste) etc. Le site Rebellyon va jusqu'à proclamer "Qu’on arrête d’accep­ter les fran­ges les plus auto­ri­tai­res du mouvement révo­lu­tion­naire à nos côtés. Non pas qu’il faut leur décla­rer la guerre car il se pas­sera demain la même chose à Lyon mais les nier dans leur existence et dans leur expression politique, si celle-ci existe", ou carrément (en commentaire) "Faut faire pareil avec nos staliniens à nous ! Ils arrêteront peut-être d’arracher des trucs CNT et Anti-Fa ou encore de coller et tagguer les portes de locaux libertaires ces putains de fascistes rouges !"... CQFD. On a envie de leur répondre, à ces petits bourgeois 'ultra-révolutionnaires' mais syndicalo-réformistes en pratique (et souvent 'no border' mais 'jacobins rouges et noirs' et islamophobes en pratique...) que certes, nous sommes bien obligés de nous retrouver à leurs côtés, car la place d'un communiste est là où se trouvent les masses, donc dans les manifestations et autres mouvements qu'ils infestent généralement ; mais qu'ils ne peuvent pas imaginer à quel point ça nous gonfle... Et que les communistes (le 'drapeau rouge de la collaboration' !) les emmerdent, accessoirement.
D'ailleurs, non seulement nous en reparlerons plus volontiers quand les milieux anarcho-totos francouilles arriveront à la CHEVILLE de leurs homologues grecs, mais là-bas, les actions de certains groupuscules mystérieux et non-identifiés soulèvent aussi les interrogations et sont rejetées par beaucoup d'anarcho-communistes et autres libertaires eux-mêmes... La frontière entre marxistes et libertaires est d'ailleurs souvent mouvante, au point qu'il est difficile de 'classer' un groupe 'combattant' comme Lutte révolutionnaire, par exemple.

En réalité, et sans mauvais jeu de mot, c'est toute la TRAGÉDIE GRECQUE actuelle qui s'étale dans ces évènements. D'un côté, une situation OBJECTIVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE comme jamais, et nulle part en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Première (et sans doute précurseuse !) en Europe, la Grèce s'apprête ni plus ni moins qu'à liquider le 'capitalisme à visage humain', le soma de 'niveau de vie' et de 'citoyenneté' qui enferme les masses populaires d'Europe de l'Ouest depuis 1945, et celles d'Europe du Sud (Grèce, Portugal, État espagnol) depuis la fin des dictatures terroristes ouvertes en 1974-75...
Et de l'autre... un mouvement de résistance populaire gigantesque, certes, mais de résistance. Qui ne débouche sur aucune réelle perspective révolutionnaire.

Un mouvement PRIS EN ÉTAU, et on l'a vu tragiquement la semaine dernière devant le Parlement, entre le mouvement de masse réformiste et défenseur des institutions du KKE/PAME et le mouvement 'minoritaire-activiste' SANS PERSPECTIVE des 'cagoulés' (kokoulophori : c'est leur nom officiel là-bas).

Le KKE, pas plus qu'aucun Parti de la première Internationale communiste, n'a jamais été 'parfait'. Mais, dans les années 30 et surtout 40, c'était un Parti révolutionnaire, objectivement. Un Parti qui a mené la résistance populaire héroïque contre l'occupation nazie-fasciste du pays (574.000 morts, 8% de la population...). Puis, qui a résisté et affronté les troupes britanniques venues pour les désarmer et réinstaller la monarchie réactionnaire, en 1944. Il y aura ensuite une 'pause tactique' en 1945-46, à laquelle il est fait allusion dans le communiqué de l'Assemblée de Syntagma (cf. ci-dessous, 'Varkiza'). Mais, contrairement au PCF et au PCI, le KKE reprendra la lutte dès 1946 contre la monarchie réactionnaire restaurée et ses soutiens impérialistes anglo-américains. Cette guerre civile sera perdue, en raison d'erreurs de stratégie militaire (pas réellement basée sur la Guerre populaire ; trop considérée comme une 'nouvelle résistance' contre une 'nouvelle occupation' anglo-US : dans les zones contrôlées, il n'y aura pas de réforme agraire, pas de socialisation des moyens de production etc.), ainsi qu'en raison de la trahison de Tito (qui cesse en 1948 la fourniture d'armes, alors qu'il était le principal pourvoyeur).

Cette vidéo (pro-KKE) retrace, certes de manière 'elliptique', ces évènements :

 
Récit poignant... et évocateur : à aucun moment, ce petit clip n'évoque ni ne remet en question les erreurs du Parti (notamment l'absence de réformes économiques et sociales) durant cette guerre. La tentative révolutionnaire grecque a péri sous les bombes anglaises et U$, point... Si c'est l'état d'esprit qui prévalait déjà en 1950, alors il est clair que 'le ver était dans le fruit'. La cause principale de l'échec est toujours intérieure. Un Parti qui ne se remet pas en question ne peut que finir comme le KKE aujourd'hui...

La direction du Parti, suivie d'une grande partie des troupes, prend alors le chemin de l'exil vers l'Albanie, la Bulgarie, l'URSS. Une partie reste en Grèce (KKE 'intérieur'). Installée à Tashkent, au Tadjikistan, la direction 'stalinienne' du KKE (c'est à dire, encore un tant soit peu révolutionnaire) est liquidée par les khrouchtchéviens en 1956. Le secrétaire général, Nikos Zachariadis, finira ses jours au fin fond de la Sibérie.
C'est le 'tournant révisionniste'. A partir de là, le KKE se lancera dans l'alliance avec (et la soumission à) la 'gauche' bourgeoise, contre les forces conservatrices et réactionnaires (cette alliance est aujourd'hui évidemment rompue). Il redeviendra légal après la chute des Colonels, en 1974.

Depuis plus de 40 ans, le KKE joue un rôle trouble, déconcertant, avec un discours invariant (on l'a vu plus haut : 'provocateurs', 'anarcho-fasciste' etc. dès qu'il est question de radicalité, d'antagonisme assumé, de révolte physique contre l'oppression...).
Contrairement à beaucoup de Partis (ou ex-Partis) révisionnistes en Europe, le KKE garde une réelle base de masse. Aux élections, il obtient encore de 8 à 10% des suffrages (PCF en 2007 : 1,5% ; Refondation communiste et PdCI en Italie, en 2008 : 3%). Et surtout, contrairement là encore à beaucoup, il garde une réelle base ouvrière. On ne peut pas le nier. Même si on y trouve beaucoup, aussi, de ce 'petit emploi public tertiaire' développé par l’État depuis 30 ans pour lutter contre la crise ; et que l'austérité consiste tout simplement à liquider.
Il en découle une apparente radicalité, une combattivité qui est l'expression de cette nature de classe. La banderole 'Peoples of Europe, rise up !' hissée sur le Parthénon, et reprise par SLP comme titre pour sa catégorie sur les luttes de classe en Europe, c'était eux. Mais voilà : cette base ouvrière et de 'petit emploi public' paupérisé par la crise, radicale et combattive, reste 'attachée' (la version anglaise du texte ci-dessous dit 'glued' : collée, engluée) à une direction idéologique qui n'a rien, mais alors rien de révolutionnaire, et même bien au contraire.
Le KKE ne lutte pas contre la bourgeoisie grecque, ni même contre la très haute bourgeoisie à tendance oligarchique, et encore moins contre l’État. Son ennemi, il  le dit très clairement, c'est l'UE et l'OTAN (dont est membre la Grèce), et les 'ploutocrates' et 'politiciens vendus' à leur service. Si la Grèce sortait de l'UE et de l'OTAN, tout serait en grande partie résolu : le 'Peuple grec' est 'organiquement' bon, c'est un 'grand peuple' qui a résisté aux Ottomans, aux dynasties d'origine étrangère, aux nazis-fascistes et maintenant à l'UE et à l'OTAN... Impression de 'déjà vu' ? Ne vous étonnez pas : le KKE est considéré par le PRCF et toute la 'gauche du PCF' à la André Gerin comme un 'Parti frère'.
Ce chauvinisme ultra est dénoncé par l'intégralité de la gauche radicale et révolutionnaire du pays : anarchistes et libertaires, ML, maoïstes, trotskistes, 'eurocommunistes' etc. SLP est bien d'avis que la Grèce n'est pas un pays impérialiste, mais un pays 'dominé avancé' comme les pays d'Europe de l'Est et des Balkans, la Turquie 'européenne' (région d'Istanbul et Mer Egée), etc. ; et qui est passé en 1974 (avec la chute du régime des Colonels) d'une tutelle plutôt anglo-américaine à une tutelle 'UE' c'est-à-dire franco-allemande. Mais il y a libération nationale et nationalisme bourgeois. Le KKE, c'est du nationalisme bourgeois.
Du coup, les choses vont encore beaucoup plus loin. Le KKE ne supporte pas qu'on 'abîme sa Grèce'... On l'a dit, depuis plus de 40 ans, le positionnement est constant et le discours invariant :
- le 17 novembre 1973, soulèvement étudiant de l’École polytechnique à Athènes. Précipitant la chute des Colonels (même si ce fut pour une 'démocratie' soumise à l'axe franco-allemand), cet évènement est encore célébré chaque année par les forces révolutionnaires grecques. Mais le KKE parlait alors de... 'provocation policière' !
- en 1979, les forces du KKE interviennent directement pour briser un soulèvement étudiant à l’École de chimie. Rebelote en 1998 à Polytechnique, où ils collaboreront directement avec la police pour l'arrestation de 100 personnes.
- fin 2008, c'est évidemment le positionnement ignoble sur l'insurrection de la jeunesse, suite à l'assassinat policier d'un jeune. Le KKE parlera encore une fois de 'provocateurs', 'agents du gouvernement Karamanlis', 'fascistes cagoulés' etc.

Et ainsi de suite... Ici, abstraction faite du vomi anticommuniste anar-con, les témoignages sont fiables sur le fait que le rassemblement KKE/PAME protégeait, de facto, le Parlement d'un assaut populaire. Dans toutes les mobilisations sociales et populaires, le KKE fait 'bande à part' avec un sectarisme certain, refusant de côtoyer le reste de la gauche radicale et révolutionnaire. Et son service d'ordre, constitué par sa jeunesse (KNE), intervient systématiquement en appui au 'système' qu'ils prétendent combattre, dès qu'il y a 'débordement'. Au point que les 'jeunes radicaux' parlent de 'KNAT', jeu de mot entre KNE et MAT, la force anti-émeute du capitalisme.
C'est véritablement une constante, pas un 'échauffement des esprits' localisé, qui pourrait surgir ponctuellement dans une manif que les uns voudraient 'propre et ordonnée' et les autres 'radicale et bruyante'. Si le KKE peut jouer ce rôle, c'est parce qu'il est (encore) une organisation de masse. Il va de soi que le PCF, tentant de garder ses derniers électeurs (et la CGT ses derniers adhérents), connaissant actuellement un certain 'regain' avec des adhésions importantes à la JC, ne peut pas se permettre de jouer aussi ouvertement le rôle de supplétif des institutions ; et d'ailleurs, sa 'force de frappe' n'intéresse plus guère le Pouvoir... En revanche, PCF et CGT jouaient clairement ce rôle dans les 'années 68'.
Pour le KKE, il y a finalement un 'Peuple travailleur' pris entre les 'casseurs d'en haut' (les 'ploutocrates' européistes, 'laquais du FMI' etc.) et les 'casseurs d'en bas' (la jeunesse radicalisée). C'est presque du Soral. Le KKE n'assume tellement pas l'antagonisme avec les institutions de la bourgeoisie, que lorsque les gaz de la police tuent un de ses militants (père de deux enfants), il préfère vomir sur les 'anarcho-fascistes' !

Tel est, donc, le premier grand frein à la 'révolution grecque' : la classe ouvrière, les petit-e-s employé-e-s, les travailleurs/euses gagnant autour de 800 euros par mois, sont largement prisonnier-e-s de ce qui précède.
Mais, de l'autre côté... Les jeunes 'radicaux' qui se sont heurté-e-s à la 'manifestation' du PAME voulaient 'prendre d'assaut le Parlement'. Admettons (ce qui paraît déjà délirant, tant l'édifice est évidemment protégé) qu'ils y soient parvenus. Qu'auraient-ils alors fait ? Ils y auraient 'proclamé' quelque chose ? Mais quoi ? Les anarchistes refusent en bloc, bondissent au plafond quand on leur parle de toute organisation politique autre qu'affinitaire. Pour eux, les mots 'Parti' ou même 'organisation' signifient la fin de tout 'mouvement insurrectionnel'... Alors, quoi ? Ils y auraient mis le feu, avant de regagner leurs 'squats autogérés' ? Et après ? Croit-on réellement que l'incendie du Parlement suffise à détruire l’État du Capital ??!!? C'est bien sûr tout à fait ridicule. Mais totalement dans l'idéologie anarchiste (plus que 'communiste libertaire') : l’État (symbole de toutes les oppressions : sociale, patriarcale, raciste, impérialiste etc.) peut être 'dissous' à force de groupes d'individus lui 'tournant le dos' et se regroupant en 'communautés' et lieux de vie anarchistes. Et il peut s'effondrer sous les 'coups' d'actions 'symboliques' comme l'incendie d'un Parlement (ou, autour de 1900, l'exécution d'un chef d’État). Absurde.
Pour les marxistes révolutionnaires, c'est à dire les maoïstes (qui sont les seuls véritables de notre époque), le CAPITALISME et son État (l’État ayant toujours une nature de classe ; et pouvant être prolétarien, révolutionnaire) ne peuvent être détruits que par une LONGUE LUTTE RÉVOLUTIONNAIRE à la base, une Guerre populaire prolongée. Une lutte qui, dans son déroulement, transforme à la base la société, jetant les fondations d'une organisation politique et économique socialiste (en route vers le communisme). Ce qui n'a rien à voir avec se regrouper de manière 'affinitaire' dans un bâtiment occupé, pour y mener une vie communautaire, 'égalitaire', 'autogérée', 'anti-consumériste' etc. (ou se voulant telle) ; en 'espérant' que 'un jour', des 'millions' suivront le même chemin. Tout ceci abstraction faite, bien sûr, des 'anarchistes' qui, en dehors de la manif ou du rassemblement de temps en temps, mènent une vie parfaitement 'petite-bourgeoise', enfin... de Monsieur tout le monde, quoi !
En définitive, la révolution prolétarienne est un affrontement de classe de type militaire. La bourgeoisie a ses institutions, sa police, son armée, son état-major, son Chef des Armées... et les prolétaires doivent avoir les leurs : leur Parti avec son Front uni, leur Armée révolutionnaire, leurs organes de Pouvoir populaire. Ceci, organisé et coordonné au niveau de chaque État bourgeois. Mais dites cela à un anarchiste, il éructera, il s'étranglera : "ah non !!! jamais !!! si c'est ça, la révolution est finie !". En attendant, c'est la 'révolution grecque' qui est finie, d'ores et déjà, quel que soit le temps que ça prendra en pratique...

D'un point de vue de classe, les kokoulophori grecs représentent plutôt la jeunesse scolaire et étudiante des 'futurs diplômés au chômage', ou 'génération 800 euros', et ceux qui en sont déjà là... Leurs parents sont généralement PASOK, 'gauche radicale' diverse de type SYRIZA, voire de droite. C'est une (pour faire court) 'petite-bourgeoisie déclassée' ; ce qui n'est en rien une insulte : SLP a toujours dit très clairement que, dans une société 'moyennisée' pendant des décennies et à présent re-prolétarisée, c'est un ferment révolutionnaire essentiel. Mais voilà : cela se traduit aussi par une tendance à l'individualisme ou au 'groupisme', à l'idéalisme sur la nature du 'système' qui exploite et opprime...
La mouvance KKE, elle, en dehors d'une jeunesse liée à une certaine culture d'engagement politique 'de père/mère en fils/fille', représente plutôt les 'installés', les personnes d'un certain âge, ouvriers ou 'petit emploi public', qui ont construit une petite 'situation' personnelle et ne veulent pas la perdre : ce sont les 'moyennisés' des années 70-80 (typiquement la génération du syndicaliste mort devant le Parlement) qui ne veulent pas mourir... Mais leur combat n'est pas tourné vers un futur communiste : il est tourné vers un passé idéalisé (a-t-il vraiment existé, d'ailleurs ?) dont les liquidateurs seraient (simplement) l'UE, le FMI, l'OMC, le G8... et leurs 'ploutocrates' locaux.

Si l'on résume les choses à l'extrême, la contradiction de cette sombre affaire apparaît dans toute sa TERRIBLE DIMENSION : le PAME protégeait le Parlement tandis que les jeunes 'radicaux' voulaient l'attaquer ; MAIS la victime de ces affrontements est un OUVRIER, tandis que les assaillants 'radicaux' étaient vraisemblablement des étudiants ou des lycéens petits-bourgeois... Ce n'est pas, comme le font autant le KKE que les anarchistes de Rebellyon et du Jura Libertaire, une simple question de se traiter mutuellement de 'flics' : 'flics staliniens' contre 'provocateurs anarcho-fascistes'. C'est une contradiction réelle et PROFONDE de tout mouvement de lutte, particulièrement dans les pays impérialistes ou 'dominés avancés' comme la Grèce (dans les pays 'semi-coloniaux/semi-féodaux', le caractère de classe des 'identités politiques' est plus 'logique'...).

Voilà donc où l'on en est en Grèce : la situation objectivement la PLUS RÉVOLUTIONNAIRE d'Europe... et, en même temps, sur la plan SUBJECTIF, une 'décantation' des forces révolutionnaires LENTE, très lente, freinée par le sectarisme (comme d'ailleurs en Hexagone, il faut d'ailleurs souligner la 'francophilie' de la 'gauche radicale' grecque) et par une certaine culture de l'engagement politique 'de père/mère en fils/fille'. Existe-t-il une alternative ?
Il y a un KKE-ML, issu de la réaction, dans les années 1960, contre la liquidation du KKE historique par les khrouchtchéviens. Il a émis un communiqué dont l'analyse est globalement celle exposée ici : un mouvement avec un potentiel révolutionnaire évidemment énorme, mais pris en étau entre gauchisme 'cagoulé' et social-populisme KKE rempart du système ; et qui n'arrive pas à se développer qualitativement (tout en s'amplifiant toujours en quantité). Mais ce KKE-ML a-t-il réellement dépassé les limites du mouvement 'marxiste-léniniste' issu des années 60, limites consistant justement en une défense dogmatique de Lénine-Staline sans voir les limites qui, dans le Komintern, ont conduit à la victoire du révisionnisme ? Il est permis d'en douter...
Il y a le KOE, Organisation communiste de Grèce formée récemment à partir des ruines de ce qui était le mouvement ML à la fin des années 80. Il se veut 'penseur avec sa tête', 'créatif' dans l'application de la science communiste. Il se réclame du maoïsme. Mais en pratique ? Sa position sur l'équivalent grec des 'indignés' ibériques (socialement, globalement : les 'parents' des kokoulophori), au printemps dernier, était totalement pourrie ; CAUDISTE c'est à dire 'à la queue' du mouvement : il ne fallait 'surtout pas' intervenir avec des 'mots d'ordre idéologiques' ; autrement dit, surtout pas essayer de porter ce mouvement à un niveau supérieur, révolutionnaire. Il fallait s'en remettre à sa 'spontanéité', or la spontanéité des masses est réformiste ; et, en Grèce, implantation de masse du KKE oblige, elle n'est jamais exempte d'un certain chauvinisme (auquel n'échappe d'ailleurs pas le KOE lui-même, avec des allusions tendancieuses sur les banques 'grecques' entre guillemets, etc.). Globalement, il considère que l'étape préalable à la refondation du Parti communiste de Grèce et du mouvement communiste, est d'abord la refondation d'une vraie 'Gauche' populaire, qui aurait été 'dissoute' dans le néolibéralisme des années 80-90. Une 'Gauche' qui, si l'on veut bien admettre l'importance du terme dans la culture politique de masse, ne veut strictement rien dire en termes de classe ! SLP l'a déjà expliqué mille fois : il y a une 'gauche' BOURGEOISE, qui est la partie de la classe dominante qui pense sauver sa peau par des concessions (et qui 'prend bouche' avec des leaders du mouvement ouvrier organisé, qui deviennent ses agents). C'est mieux que la partie qui pense se sauver par un massacre ; mais aujourd'hui, en crise pour ainsi dire terminale du capitalisme, cette 'gauche' bourgeoise tend à se rétrécir lentement, face à la montée en force de la 'droite'. On le voit bien en Grèce, où il n'y a plus qu'une droite modérée : le PASOK qui met en œuvre l’austérité de l'UE et du FMI. Il y a une 'gauche radicale' PETITE-BOURGEOISE, représentant l'aile 'démocratique' et 'progressiste' des petites classes moyennes, des travailleurs intellectuels, des fonctionnaires etc. ; et non l'aile populiste et fascisante (plutôt représentée par les petits producteurs 'indépendants'). Mais celle-ci reste soumise idéologiquement à la 'gauche bourgeoise', comme 'aile radicale', et elle tend à suivre le même déclin. En Grèce, c'est typiquement la coalition SYRIZA autour de Synapsismos (SYN), 'gauche' de type 'eurocommuniste' associée avec des post-trotskistes de type NPA. Le KOE, depuis 2004, participe 'critiquement' à cette coalition... Parfois, le réformisme petit-bourgeois, quand les perspectives réformistes se ferment, peut évoluer vers un social-populisme au discours de plus en plus douteux : c'est le cas du KKE (mais, là encore, ce social-populisme sera toujours débordé par les vrais fascistes). Et puis il y la GAUCHE RÉVOLUTIONNAIRE du prolétariat et des classes populaires : les personnes non-soumises à la 'gauche' bourgeoise ou petite-bourgeoise, qui veulent renverser le capitalisme et instaurer le communisme ; soit directement, soit à travers une transition socialiste : autrement dit, le mouvement communiste (marxiste révolutionnaire) et le mouvement anarchiste ou libertaire. Le KOE comprend-il bien ces différences ? Rien n'est moins sûr...
Au niveau international, le KOE est membre de l'ICMLPO (qui regroupe aussi bien le PC des Philippines, les CARC ou VP que des organisations comme 'Patria Roja', hostile à la Guerre populaire au Pérou, etc.). Et il est de tendance 'campiste', c'est à dire soutenant le rôle 'positif' d’États 'anti-impérialistes' comme l'Iran, la Syrie, la Libye de Kadhafi ou ‘l’État Hamas’ de Gaza ; sans voir la dialectique 'd'unité et lutte' qui existe entre le sentiment réel anti-impérialiste, aspirant à la libération nationale, et parfois la résistance active à l'impérialisme que ces entités incarnent (Gaza, Liban), et le caractère nationaliste bourgeois et réactionnaire de celles-ci... Là encore, c'est se 'mettre à la queue' de la spontanéité des masses : l'anti-impérialisme 'populaire', ne distinguant pas entre nationalisme bourgeois et libération nationale faisant partie de la révolution mondiale, est effectivement la spontanéité des masses dans les pays dominés. Donc, pour le KOE, c'est 'bien'. En définitive : le problème du KOE est le spontanéisme ; ce qui obère considérablement ses chances de prendre la tête d'une libération révolutionnaire de la Grèce.

Il y a également une coalition formée récemment, ANT.AR.SY.A, apparemment dominée par le trotskisme 'dur' mais qui peut contenir des éléments intéressants...

Finalement, c'est de la pratique que naissent les idées justes. Ainsi, un exemple de 'Guerre populaire à l'étape zéro' (à laquelle manque simplement un Parti), pourrait être la grande et glorieuse résistance des masses populaires de Keratea, contre un projet de décharge à ciel ouvert, dont a parlé SLP il y a quelques mois. Une lutte défensive*, par l'absence d'un Parti révolutionnaire pour poser la question du pouvoir. Mais un bel exemple de la manière dont le Pouvoir populaire (et, par suite, l'économie collective) se CONSTRUIT A LA BASE, dans et par les masses, avec la nécessité d'un Parti entouré d'un Front uni, dirigeant une Armée du Peuple, pour arracher les milles luttes populaires à la 'défensive' (autrement dit, l'arrêt une fois les revendications satisfaites) et leur donner une VISION D'ENSEMBLE et une perspective révolutionnaire : ravir le Pouvoir des mains de la bourgeoisie, détruire son État, et le remplacer par le leur ; avec pour objectif le COMMUNISME !

Il va sans dire que tout cela n'est nullement 'oublier la France et les Français' (monsieur !), mais au contraire totalement d'actualité et lié avec la situation en Hexagone. Car l'austérité, ici, c'est pour demain (Hollande s'y collera peut-être, comme 'Papandréou bleu-blanc-rouge'). Et si le 'milieu militant' (globalement, les gens qui descendent dans la rue) continue à se structurer et se bi-polariser de cette manière, avec un pôle 'social-populiste' se structurant autour du Front de Gauche de Mélenchon, et une nébuleuse 'ultra-radicale/ultra-révolutionnaire/ultra-tout' gravitant autour de délires comme l'Appel ou 'Voie lactée' (ces derniers semblent toutefois avoir renoncé à 'diriger' quoi que ce soit : ils attendent qu'on 'vienne à eux', leur 'légitimité' naissant de la 'perfection scientifique') ; on pourrait bien se retrouver dans la même situation**. Et qui tirera les marrons du feu ? D'après vous... Les FASCISTES, bien évidemment !

Voici la Résolution de l’Assemblée Populaire de la place Syntagma :

Original statement : http://www.occupiedlondon.org/blog/2011/10/22/resolution-by-the-popular-assembly-of-syntagma-s

Note du traducteur : notez bien qu’il s’agit d’une traduction à partir d’un texte anglais lui-même traduit du grec, et qui est donc tributaire des approximations de cette première traduction, sans compter les miennes…

Après Varkiza [1], Polytechnique [2], l’école de chimie (1979) [3], décembre [2008] [4], et de nombreux autres événements, les fait ont une fois de plus mis au jour l’attitude du Parti, qui trahit systématiquement les luttes populaires. Et si jusqu’à présent ils ont étranglé, avec leur bureaucratie, toute grève généralisée et déterminée de ces dernières années, s’ils ont stigmatisé toute révolte comme étant une “provocation”, désormais l’histoire montre qu’il ne s’agissait nullement de “simples erreurs politiques”, mais d’un effort conscient et coordonné de défense de la dictature parlementaire et des relations sociales et financières instituées par le capitalisme. C’est cet effort qui s’est également exprimé hier (20/10), et ce malgré les appels qu’ils ont lancé au peuple à manifester pour renverser le gouvernement. Ils ont assuré la bonne garde du parlement et, au lieu de l’encercler, ont agi encore plus sauvagement que la police, brisant des crânes et livrant des manifestants aux forces de répression. Le pire étant que par leurs actes ils ont offert à l’État une légitimité, quand celui-ci assassinait l’un de leurs camarades, dont le meurtre a été attribué à une violence para-étatique.

Depuis hier, de façon définitive et irréversible, le mal-nommé “Parti Communiste” n’est rien de plus qu’un obstacle à la crémation du cadavre parlementaire. Tout homme libre combattant pour sa dignité en ces heures cruciales doit en représailles s’attaquer politiquement à lui. Cette proposition ne doit pas être comprise comme une scission au sein du mouvement. Nous avons peut-être des problèmes communs, des cibles communes avec les électeurs de base du “Parti Communiste”, mais les politiques et les actions de la direction à laquelle ils sont attachés suivent à la lettre les ordres du gouvernement et des envoyés du FMI, de l’UE et de la BCE. Nous n’avons jamais marché à leurs côtés, ils ne seront jamais des nôtres. Nous devons nous rappeler que le “Parti Communiste” agira comme une cinquième colonne du régime dictatorial, espérant une fois de plus grappiller les miettes tombées de la table parlementaire, ainsi qu’ils l’ont prouvé en 1990 [5].

Les attitudes de chacun des groupes politiques, qu’ils soient parlementaires ou non, apportant un soutien aux actions du “Parti Communiste”, par leur silence ou par des déclarations claires, sont également condamnables. Car, aussi longtemps que ces partis agiront par le biais d’un parlement de laquais de la Troïka, et continueront à recevoir leurs gras salaires, ils seront entièrement co-responsables de ce qui est arrivé et de ce qui va arriver. Leurs votes contre les mémorandums et les lois qui en découlent montre bien leur rôle dans la dictature : ils fournissent l’alibi de la polyphonie et de la démocratie à un parlement fantoche [NDT : ici, formulation anglaise peu claire, remplacée par une assertion que j’espère proche du sens original], afin de pousser une population paupérisée à continuer de compter les voix à chaque échéance d’un vote joué d’avance et destiné à abolir leur futur, tout en les nourrissant de l’illusion que quelqu’un parle en leur nom et en leurs intérêts. Ainsi, cette population abandonne l’opposition aux professionnels de la politique, et ne ressent pas le besoin de réagir immédiatement et en personne. Tout vote, y compris à l’endroit des partis extra-parlementaires de “l’extrême-gauche”, dans les scrutins nationaux et locaux, n’est rien de plus qu’un peu d’huile pour les rouages de la machine et une légitimation de la “justesse” de la dictature parlementaire en place.

Depuis le 25 mai, lorsque nous nous sommes pour la première fois rassemblés sur la place [Syntagma], nous avons montré que la démocratie directe donnait à chacun la possibilité de participer, de se consulter les uns les autres, de construire des idées ensemble, de façon autonome, loin des labels idéologiques et parlementaires. Nous resterons là, contre leur parlementarisme de la banqueroute et leur bureaucratie.

NOUS PRENONS EN MAIN NOS VIES

DÉMOCRATIE DIRECTE, MAINTENANT

Assemblée Populaire de la Place Syntagma, le 21/10/2011

[1] Référence au traité de Varzika, signé en 1945, par lequel le Parti Communiste a trahi la lutte armée et les milliers de combattants de la guerre civile, en échange de la légalité au sein du nouveau régime. [N'importe-quoi anarchiste anticommuniste, NDLR. Il s'agissait d'une 'pause' tactique avant de déclencher en 1946 la 'guerre révolutionnaire', le 'second maquis partisan'. Celui-ci sera vaincu (1949) par insuffisance de stratégie militaire révolutionnaire ; mais aussi parce que le grand 'anti-stalinien', le grand 'anti-totalitaire' Tito leur coupera l'approvisionnement...]

[2] Référence à la déclaration initiale du Parti Communiste contre le soulèvement de Polytechnique en 1973, désignant les participants de ce soulèvement comme étant des “provocateurs de la police”.

[3] Référence aux incidents de 1979 à l’école de chimie d’Athènes, durant lesquels des membres du Parti Communiste ont cassé l’occupation de l’école, en coopération directe avec la police.

[4] Référence, bien sur, à la condamnation récente de la révolte de décembre 2008.

[5] Référence au partage du pouvoir entre le Parti Communiste et les deux principaux partis parlementaires, la ND et le PASOK, en 1990.

ΜΑΤ-ΚΚΕ ΚΟΙΝΟΣ ΑΓΩΝΑΣ ! MAT-KKE, MÊME COMBAT ! MAT-KKE, SAME FIGHT !

Source : laguerredanslame.tumblr.col



[* On pourrait encore citer les "Robin des bois" de l'électricité, qui rétablissent le courant aux foyers qui ne peuvent plus payer (près de 1 million de personnes sur 11 !). Et toutes sortes d'initiatives "Je ne paie plus". Initiatives, bien sûr, dénoncées par le KKE comme... 'antipatriotiques' ]

[** Soit (c'est en répétant les choses que ça rentre) : d'un côté les bureaucrates qui rêvent de postes ministériels, parlementaires ou locaux dans un 'nouveau Front populaire' ; de l'autre les intellectuels 'ultra-radicaux' petits ou grands bourgeois, qui se rêvent en 'gourous' ou 'cadres rouges' de la révolution ou de 'l'insurrection qui vient'. Et leurs troupes respectives : paumé-e-s issus de la décomposition des petites classes moyennes, idéalistes croyant qu'on peut changer le monde sans organisation allant au-delà d'un groupe affinitaire local (mais avec des slogans poétiques sur les murs) ; ou (pour les réformistes et social-populistes 'remparts' du système)... moutons, tout simplement (la fameuse 'spontanéité réformiste/légaliste des masses').]

 

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DOSSIER PALESTINE (conflit de juillet 2014) :
Sionisme, islamisme et ennemi principal : quelques précisions
Post-scriptum important : le cas Feiglin
Le sionisme, "fils de France"
Au cas où il serait utile de le préciser...
Deux clarifications importantes
Flash info en direct : ils ont semé la hoggra, ils ont récolté l'Intifada !
Flash info - importance haute : la manifestation pro-palestinienne de demain à Paris est INTERDITE
Le problème avec la Palestine...
Grande manif contre les crimes sionistes à Paris (13/07)
Magnifique manifestation pour la Palestine à Tolosa, capitale d'Occitanie occupée
Petites considérations sur le sionisme et l'identification-"obsession" palestinienne
Considérations diverses : une mise au point nécessaire sur nos positions internationalistes et aux côtés des Peuples

juin 2014

POSITION DES COMMUNISTES RÉVOLUTIONNAIRES DE LIBÉRATION OCCITANE SUR LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET EUROPÉENNES DES PROCHAINS MOIS

L'affaire Dieudonné-Valls :
Plutôt bon article sur la ‘Déclaration de guerre de la République à Dieudonné’ (la pseudo-controverse réactionnaire entre l’antisémite dégénéré et les gardiens du temple républicain)
Quelques mises au point complémentaires (et conclusives) sur la ‘‘question Dieudonné’’ (et Dreyfus, le Front populaire, l’antisémitisme etc.)
Réflexion théorique : loi Gayssot, lois antiracistes et "mémorielles", "antifascisme" bourgeois etc., quelle position pour les communistes ?

Dossier Breizh :
Breizh : comment l'étincelle écotaxe a mis le feu à la lande
"Esclave", "identitaire", chouan, cul-terreux arriéré de service : pour paraphraser Césaire, "n'allez pas le répéter, mais le Breton il vous EMMERDE"
Considérations diverses – en guise de ‘‘petit debriefing’’ de ces derniers mois : Bretagne, fascisme, ‘‘Lumières’’ et Kaypakkaya… (point 1)
Considérations diverse (26/11/2013) : eh oui, Servir le Peuple a toujours quelques petites choses à vous dire ;-) (point 1)
Appel de la gauche indépendantiste bretonne (Breizhistance) pour le 30 novembre (avec notre critique de la position du ROCML)
Le Top Five des drapeaux qui n'ont PAS été inventés par un druide nazi  (mortel !)
Et en guise (provisoire) de conclusion : La Gauche indépendantiste bretonne revient sur la mobilisation de Karaez/Carhaix

Comité de Construction du PCR des Terres d'Òc : Déclaration du 11 Novembre

La phrase du moment :

"La tyrannie cessera parmi mon peuple ; il n'y aura que liberté, liberté toute nue, sans déguisement. Bouleversements d’États entiers : je les renverserai de fond en comble, il n'y aura rien de reste. Il va y avoir de terribles renversements de conditions, de charges et de toutes choses. Je veux faire un monde nouveau, je veux tout détruire. Je veux appeler à moi la faiblesse, je veux la rendre forte. Pleurez gens du monde, pleurez grands de la terre, vos puissances vont tomber. Rois du monde, vos couronnes sont abattues !"

Élie Marion, "prophète" et guérillero camisard cévenol, 1706.

Amb l'anma d'un Camisart, Pòble trabalhaire d'Occitània endavant !

 

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  • ANTARSYA - France (site en français)
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REFLEXes - site d'informations antifascistes

La Horde, portail d'information antifa

Rebellyon - rubrique "Facho"

Redskins Limoges

Droites extrêmes - blog Le Monde (site d'information bourgeois bien fourni, parfait pour le "watch")

Document : Ascenseur pour les fachos (série de 6 vidéos Youtube, Antifascisme.org, site social-démocrate)

 

Guerre pop' - Asie du Sud :

Inde Rouge (nouveau site "officiel" francophone)

Comité de Soutien à la Révolution en Inde

Comité de solidarité franco-népalais

Fil d'actu "Inde - Népal" du Secours Rouge - APAPC

J. Adarshini (excellent site en français)

Revolution in South Asia (en anglais)

Maoist Resistance (guérilla maoïste indienne - en anglais)

NaxalRevolution (Naxalite Maoist India, en anglais)

Banned Thought (en anglais)

Indian Vanguard (en anglais)

The Next Front (Népal - anglais)

Signalfire (sur la GPP en Inde et aux Philippines, le Népal et les luttes populaires dans le monde - en anglais)

Communist Party of India (Marxist-Leninist) Naxalbari (a fusionné avec le PC d'Inde maoïste le 1er mai 2014)

New Marxist Study Group (maoïste, Sri Lanka)

Parti communiste maoïste de Manipur (page Facebook)

 

Guerre pop' - Philippines :

Philippine Revolution (en anglais)

The PRWC Blogs

(tous deux remplacés apparemment par ce site CPP.ph avec notamment les archives d'Ang Bayan, l'organe officiel du Parti)

Solidarité Philippines

Fil d'actu "Philippines" du Secours Rouge - APAPC

 

Guerre pop' & Luttes armées - Amérique latine :

CEDEMA - actualité des mouvements armés en Amérique latine (+ qqs documents historiques)

 

Nuevo Peru (Pérou, basé en Allemagne, en castillan et allemand principalement)

Guardias Rojos (Pérou, page FB)

Fil d'actu "Amérique latine" du Secours Rouge - APAPC

Archives

Autres documents théoriques

 

Récapitulatif des "grandes thèses" de Servir le Peuple


À lire également, les Considérations Diverses, petits "billets" trop courts pour faire un article et donc regroupés par trois, quatre ou plus, exprimant notre CONCEPTION DU MONDE sur toute sorte de sujets. 


Même étude sur l'État espagnol (1 et 2) ; le Royaume-Uni (1 et 2) et l'Italie.

 

APRÈS 8 SÈGLES… (Huitième centenaire de la bataille de Muret 1213 & DÉCLARATION FONDATRICE de notre Comité de Construction du PCR-Òc)

 

 






 

 

 


 


 

 

Le 'centre mlm' de Belgique, la Guerre populaire et le (n)PCI (sur la stratégie révolutionnaire en pays impérialiste) ; et dans la continuité :

Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (1ère partie)

et Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (2e partie)

 

 

 

EXCLUSIF : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970) [avec un salut rouge et fraternel à l'AA Bordeaux ]

Manifeste Programme du (n)PCI

Présentation

du chap. 1 du Manifeste pour les lecteurs/trices francophones (valable pour tout le Manifeste)

 

(Chapitre I): PDF - WORD

 

 

 MANIFESTE COMPLET

(version non-définitive ; chap. 4 et 5 pas encore validés par les camarades italiens)

 

IMPORTANT pour la compréhension du Manifeste :

La crise actuelle, une crise par surproduction absolue de capital (en PDF)

article de 1985 paru dans Rapporti Sociali n°0

[en bas de la page en lien, icône
PDF - Télécharger le fichier pour télécharger le document]

Autres analyses d'actualité









Situation décisive au Népal 

En matière de conclusion sur la situation au Népal, et ses répercussions dans le Mouvement communiste international 

Questions-réponses sur la situation au Népal

 

Discussion sur la "gauche" en Amérique latine et la bourgeoisie bureaucratique

 

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria : l'analyse d'un communiste abertzale

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 2e partie

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 3e et dernière partie  

 

 

 

 


Considérations diverses 03-2013 - et un peu de polémique/critique, ça fait pas de mal ! (sur Chavez, le 'bolivarisme', le 'fascisme' de celui-ci et autres choses...)

Autres articles historiques

 

25 avril 1945 : le Peuple italien terrasse le fascisme

 

 


 




Et en guise de récapitulatif/synthèse : Considérations diverses sur les États, les Nationalités, la Subsidiarité et le Pouvoir populaire ; ici (point 1) : Considérations diverses – fin octobre 2013 : État et révolution bourgeoise et ici : Considérations diverses : 1/ Le cœur des nations est aujourd’hui le Peuple