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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 10:18


... leur "héros" Damien Camelio se "définit contre le droit des non-basques à habiter ensemble un même lieu, en l'occurrence le Pays Basque" !

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Vont-ils s'en remettre ???

Rebondir sur leur position ignoble au sujet de la Palestine ("Se définir comme “antisioniste” c’est donc se définir contre le droit des Juifs à habiter ensemble un même lieu, en l’occurrence il s’agit d’être contre l’existence d’Israël et de ses habitants"... euh y aurait pas aussi un peu colonisation, apartheid et nettoyage ethnique ?*), et globalement sur toutes ces positions d'une certaine "extrême-gauche" blanco-centriste et anti-antisioniste qui ont fleuri ces derniers temps, sera l'occasion pour nous de publier cet excellent texte du Comité Anti-Impérialiste qui met remarquablement les points sur les i :

À propos du mouvement de solidarité avec la Palestine et du Hamas

Faut-il soutenir le Hamas ? Faut-il le soutenir comme force de résistance palestinienne ou le condamner pour ses conceptions fondamentalistes féodales ? À l’heure où une nouvelle pluie de fer s’abat sur le Peuple palestinien, cette question peut sembler oiseuse ou secondaire. En fait, elle est décisive car elle détermine la nature de notre soutien à la cause palestinienne et la clarté politique du mouvement de solidarité. On sait aussi que c’est précisément sur cette question du soutien au Hamas que la propagande favorable à la colonisation de la Palestine se déchaîne. À l’heure de la prétendue guerre occidentale contre le « terrorisme islamique » cette question cristallise tous les efforts dans la guerre idéologique en cours.

Pour en comprendre l’enjeu il faut avoir en tête trois choses. 1) La colonie sioniste prétend désormais mener sa guerre non contre les Palestiniens mais contre le seul Hamas. Cette affirmation est un refrain connu. En 2001, au cours de la seconde Intifada , Sharon prétendait que c’était l’Autorité Palestinienne d’Arafat qu’il fallait détruire en la déclarant « régime terroriste » 2) Le Hamas [1] est considéré comme organisation terroriste par l’UE et les USA et donc toute attaque contre cette organisation est de facto légitimée. L’Union européenne et la France en tête ont soutenu la nouvelle destruction de Gaza en accusant les Palestiniens d’en être les premiers responsables. Ils soutiennent la « sécurité » d’Israël. Or la sécurité, le calme et l’ordre pour le si pauvre et si menacé « Israël » c’est l’occupation, les massacres, le siège et la destruction des droits du Peuple palestinien. De son côté, comme pour toutes ses opérations militaires précédentes depuis la Nakba, le but de la colonie sioniste « Israël » est de faire disparaître le mouvement de résistance palestinien et d’obtenir une reddition à long terme. Or, le Hamas est la principale force qui ne courbe par trop l’échine depuis la dégénérescence de la Résistance sous l’Autorité Palestinienne. 3) Sur cette question, les principaux groupes et mouvements qui appellent en France au soutien de la Palestine entretiennent la plus grande confusion et ne défendent aucun principe clair. Au nom le plus souvent d’un rejet abstrait et inconséquent de l’islamisme et en l’absence de positions révolutionnaires. 

La réponse à la question du soutien au Hamas est pourtant extrêmement simple pour un mouvement de solidarité internationale qui soutient la cause des peuples. Nous sommes contre la colonisation de la Palestine qui est une forme de la domination impérialiste au Proche-Orient. Nous sommes contre les atrocités commises par les sionistes soutenus militairement, financièrement, politiquement par les pays impérialistes, en premier lieu par les États-Unis et l’Union Européenne et nous sommes contre ce qui rend possible ces atrocités : la direction du monde par le capitalisme à son stade impérialiste. Nous devons donc soutenir toute force issue du Peuple palestinien qui résiste objectivement à la colonisation de la Palestine et à la domination impérialiste sur le Proche-Orient. Cela signifie que 1) le fait que le Hamas dirige actuellement le mouvement de résistance aux agressions contre le Peuple palestinien ne modifie pas notre solidarité ; 2) nous soutenons les actions armées du mouvement de résistance sans partager ni l’idéologie du Hamas qui influe sur sa conception de la libération de la Palestine, ni à plus forte raison les absurdités contre-révolutionnaires que l’on trouve dans sa charte publiée en 1988 ; 3) seule la faiblesse du mouvement communiste et des forces révolutionnaires explique cette situation car cette situation est due à l’absence d’un grand mouvement révolutionnaire au Proche-Orient.

Sur la question palestinienne, la démarcation est claire et doit être inlassablement rappelée : en Palestine occupée il y a un oppresseur et il y a un opprimé. La critique éventuelle des conceptions qu’ont les opprimés – i.e les forces palestiniennes qui résistent à la colonisation - n’a de sens que lorsque cette ligne de démarcation principale est clairement définie et assumée. En d’autres termes, la critique des conceptions du monde présentes dans les cerveaux des acteurs de la Résistance palestinienne est tout à fait légitime mais cette critique est subordonnée au soutien à cette même Résistance. À nos yeux par exemple la domination de la Palestine est une affaire de lutte des classes à l’échelle locale et internationale et non un conflit ethnique et religieux [2]. Toute conception pessimiste qui fait du conflit au Proche-Orient l’expression d’un conflit entre religions ou civilisations est erronée. Et il est évident que pour les tenants de l’Islam politique c’est le contraire qui est vrai. Mais en aucune façon la nature des conceptions du mouvement national palestinien n’est un préalable à la solidarité internationale, en particulier pour nous ici dans un centre impérialiste.

Une fois ces points de base établis, il faut clarifier ce que signifie mener la lutte contre les idées réactionnaires qui existent parmi les opprimés et parmi leurs soutiens. De quel point de vue peut-on critiquer un opprimé qui se « trompe » lorsqu’il se révolte ? Rappelons-nous à ce titre la phrase de Sartre à propos de ceux qui critiquent de l’extérieur le combat des opprimés : « pour mériter le droit d’influencer les hommes qui luttent, il faut d’abord participer à leur combat ». Les condamnations morales et idéalistes sur les conceptions erronées, les abus et les dérives de ceux qui luttent sont définitivement vaines. Elles sont au mieux inutiles et sans effet, et en réalité elles sont réactionnaires. Il faut donc participer au combat pour le critiquer.

Participer au combat pour la Palestine libre c’est évidemment s’opposer au sionisme et à ses soutiens internationaux et c’est nécessairement soutenir l’autodéfense, l’autodétermination, la résistance armée et toutes les formes de lutte de ceux qui subissent le joug colonial. Précisons et soyons concrets. Qu’est-ce qu’on entend par la Résistance palestinienne aujourd’hui ? C’est en premier lieu les factions armées de chaque organisation palestinienne : les Brigades Ezzedine Al Qassam du Hamas, les brigades Al Quds du Jihad islamique, les brigades Abu Ali Mustapha du FPLP, les brigades de la résistance nationale du FDLP et les brigades Al Aqsa du Fatah. Ces forces matérialisent la volonté de résistance d’un peuple. Sans elles la cause palestinienne aurait disparue dans les limbes de l’histoire. Elles sont un rempart contre le nettoyage ethnique pratiqué par les sionistes depuis des décennies. Ces forces armées ont fait du réfugié exclu de sa patrie un combattant, parfois un révolutionnaire. Les actions armées montrent aussi que quelle que soit la disproportion des forces, il est toujours possible d’infliger des pertes à l’ennemi, de toucher ses points faibles et de réduire en cendres son mythe de l’invincibilité. Le mouvement de solidarité se doit de mettre en avant ces faits héroïques et riches d’enseignements. On ne peut s’en tenir à dénoncer les atrocités de l’armée d’occupation et à appeler au boycott et aux sanctions internationales. Le droit de se défendre par les armes est primordial. Aujourd’hui, les forces militaires de la Résistance palestinienne se coordonnent ponctuellement pour répondre aux agressions de l’occupant ; mais elles ne partagent pas comme nous allons le voir de stratégie commune de libération de la Palestine depuis l’autodestruction de l’OLP et son remplacement par l’Autorité Palestinienne à travers les accords d’Oslo en 1993.

Rappelons notre position. La question du soutien au Hamas est à la fois une question concrète et une question de principe. Les révolutionnaires soutiennent sans ambigüité les forces qui agissent et qui résistent objectivement à l’impérialisme sans pour autant nécessairement partager toutes leurs conceptions. En fait, dans une situation d’oppression, les idées qu’ont en tête ceux qui résistent ne constituent pas la question principale. Ce qui compte c’est ce qu’ils font. Ce qui compte, c’est leur lutte objective. C’est le point de vue du matérialisme historique comme l’a magnifiquement montré Engels dans La guerre des paysans en Allemagne. Il faut participer à cette lutte objective pour influencer le combat dans un sens progressiste ou révolutionnaire. C’est là une des grandes leçons du marxisme. Nous rappelons donc ici une question de principe. Les révolutionnaires des pays impérialistes soutiennent les soulèvements contre l’impérialisme y compris lorsque leur direction politique effective propage des conceptions rétrogrades. Cette position n’est en rien paradoxale [3]. C’est celle de l’internationalisme prolétarien. Le mouvement communiste a toujours appelé à défendre ceux qui luttent contre les ennemis des masses populaires y compris en l’absence de mouvement révolutionnaire. Devait-on condamner au XIXème siècle la résistance à la colonisation française en Afrique de l’Ouest dirigé par l’Almamy El Hadj Samory Touré ?  Devait-on condamner Abdelkrim El Katthabi, grand dirigeant de la guerre du Rif dans les années 1920 au Maroc ? Ces deux dirigeants étaient les plus redoutables opposants à la colonisation française dans cette région, mais il n’est pas sûr qu’ils partageaient entièrement  les conceptions démocratiques modernes. D’ailleurs, les conceptions « modernistes » des colonisateurs européens ont toujours été un argument phare pour, au nom de la lutte contre l’obscurantisme, exercer la pire domination « civilisée » et même l’extermination des autres peuples.

Mais, nous l’avons dit, si les révolutionnaires soutiennent l’opposition objective à la domination ils ne propagent pas d’illusions ou de fausse neutralité quant aux lignes politiques qui peuvent mener à la victoire ou à la défaite les peuples opprimés. Les révolutionnaires rejettent sans ambigüité les idéologies réactionnaires comme l’Islam politique. Non parce que l’Islam politique s’oppose aux pseudos « valeurs libérales » des démocraties capitalistes mais parce qu’il opprime les masses populaires et les soumet à l’ordre impérialiste dominant. Même sans prendre des formes fascistes ouvertes (comme c’est le cas par exemple dans le Golfe, en Lybie, en Irak, en Syrie, au Soudan, au Pakistan et dans tous les mouvements takfiristes), l’Islam politique est une arme politique au service des classes bureaucratiques, compradores et féodales qui dirigent les régimes arabes ou les pays à majorité musulmane. Ces classes dominantes au nom d’une doctrine de religion politisée s’opposent en fait aux aspirations démocratiques des classes populaires et à la libération des peuples. L’opposition culturelle à « l’Occident impie » ne va pas jusqu’à rompre avec son système économique, avec ses relations financières et avec ses forces armées. L’anti-occidentalisme n’est pas un anti-impérialisme.  Au contraire, l’Islam politique aide partout à la perpétuation de la domination impérialiste soit en passant des accords directs de cogestion militaire et économique avec les puissances impérialistes, soit en développant d’atroces guerres sectaires. L’Islam politique est un ennemi idéologique et politique pour les masses populaires en ce qu’il est un facteur de plus de renforcement de l’impérialisme et d’oppression des masses populaires ; non en ce qu’il serait la menace principale contre la « Civilisation » et « l’Empire du Bien ».

[Nous ne sommes pas tout à fait d'accord avec ce dernier paragraphe : pour nous les forces de l'islam politique peuvent dans une très large mesure relever de ce que l'on appelle la "bourgeoisie nationale", en tout cas d'une forme de capitalisme "d'en bas", de circuit d'accumulation endogène issu des "profondeurs" de la société des pays concernés (depuis les grandes propriétés productrices primaires jusqu'à la transformation et enfin la commercialisation dans les souk et autres bāzār) et opposé au capitalisme "d'en haut", bureaucratique-comprador impulsé par et au service de l'impérialisme ; ne permettant pas, de la sorte, au surproduit (plus-value "sur-accaparée") de "remonter" correctement jusqu'aux monopoles impérialistes qui le combattent donc en conséquence, dans leur perspective de domination totale des économies du "Sud"... Mais une "bourgeoisie nationale" ayant effectivement une tendance automatique (comme toujours), à l'issue d'une "révolution" qu'elle dirigerait (et non suivrait sous la direction du prolétariat) et qui n'en serait donc pas vraiment une, à se transformer en nouvelle bourgeoisie bureaucratique en effet.]

D’autre part, aujourd’hui en Palestine occupée, le problème principal ce n’est pas le Hamas mais l’Autorité Palestinienne (AP). La mise en place de l’AP a littéralement détruit le mouvement national palestinien, et elle signifie le renoncement à tous ses objectifs de libération nationale. Cette situation concrète, apparue clairement depuis 1993, ne permet pas au mouvement de solidarité avec la Palestine de garder le même discours que dans les années 1980. Toutes les forces qui acceptent le cadre politique et le leadership de l’AP ont rompu avec le programme de libération de la Palestine. C’est pour cette raison précise qu’il ne sert à rien d’opposer aujourd’hui le projet d’une Palestine démocratique (multiconfessionnelle, multiethnique), défendue historiquement par l’OLP, au projet islamiste du Hamas. Ce projet démocratique ne correspond pas à la pratique actuelle des forces de l’OLP, y compris de son aile gauche. Si on ne part pas de cette réalité, on vend des illusions. L’Autorité Palestinienne, mise en place par les accords d’Oslo, a toujours été la négation même de la Palestine démocratique. En effet, l’AP entérine le fait accompli de la colonisation, elle accepte la défaite et elle se construit sur la reconnaissance de la « légitimité » du sionisme. Les accords d’Oslo et les élections palestiniennes sous occupation de 2006 ont créé une grande démoralisation. Les colons sionistes contrôlent 42% de la Cisjordanie et ¼ des Palestiniens de cette zone dépendent des emplois de l’AP. L’AP condamne toute réaction populaire à l’occupation, qu’elle soit armée ou non, elle représente la docilité sans limite de la grande bourgeoisie palestinienne. Ce n’est même pas un semblant d’État car il n’y a pas de droit sur l’eau, sur la terre et sur l’espace aérien. L’AP exerce une oppression intérieure. Elle est le bras armé d’une autogestion de la répression par la bourgeoisie compradore palestinienne.

C’est pour cette raison concrète que présenter aujourd’hui sans analyse critique la gauche palestinienne et son mot d’ordre de Palestine démocratique comme une alternative au Hamas est une imposture qui n'aide malheureusement en rien le Peuple palestinien. Cela ne permet ni de comprendre les enjeux actuels, ni de soutenir efficacement la lutte du Peuple palestinien. Certes, les conceptions historiques et les actions de la gauche palestinienne (principalement le Front Populaire de Libération de la Palestine - FPLP - et le Front Démocratique de Libération de la Palestine - FDLP) sont de loin les plus avancées de ce qu’a produit la Résistance palestinienne dans les années 1970 et 1980. Après 1993, il y a même eu des tentatives de construire un nouveau « front du refus » des accords d’Oslo. Mais aujourd’hui, la pratique principale des forces de la gauche palestinienne c’est leur participation « critique » aux instances issues des accords d’Oslo et la dilution du combat populaire dans les ONG qui encadrent la population. Ces forces ont majoritairement abandonné la lutte armée, leurs militants sont financés par des ONG qui dépendent de l’impérialisme, elles ont accepté la répression de l’AP contre le Hamas. C’est cette capitulation qu’il faut en premier lieu critiquer plutôt que de nourrir l’illusion que le visage de la résistance palestinienne est aujourd’hui celui de Leïla Khaled [4]. Se servir du mouvement révolutionnaire palestinien des années 1970 pour cacher ce qu’il est devenu ne sert en rien la cause des peuples. Si les masses palestiniennes se sont tournées vers le Hamas c’est pour des raisons concrètes de résistance à l’occupation, et non par abandon du beau projet démocratique. En résumé, la force relative du Hamas n’est qu’une conséquence de la capitulation de l’OLP.

Quelle est la nature du Hamas aujourd’hui ? Le Hamas a une triple caractéristique : 1) C’est une organisation nationale palestinienne qui a refusé jusqu’ici la pacification et la collaboration avec l’occupant contrairement à la direction de l’OLP depuis 1993. Avec ses œuvres sociales, c’est la raison de son succès dans les masses palestiniennes. 2) Le Hamas est désormais candidat à la gestion politique des territoires occupés de 1967. Il a déjà déclaré depuis 2006 qu’il était prêt à renoncer à la lutte armée si les occupants sionistes quittaient les territoires occupés depuis 1967. S’il intègre l’Autorité Palestinienne dans un gouvernement d’unité nationale, il entérinera de fait les accords d’Oslo et ses institutions. À ses débuts comme force de résistance, en 1988, le Hamas refusa d’intégrer l’OLP ; mais il participe depuis 2004 à la « vie politique » sous occupation. Cela signifie que la question d’en faire un « partenaire » dans les négociations est posée depuis cette date pour les impérialistes et les sionistes. 3) Le Hamas défend l’idée que l’Islam politique est la réponse aux problèmes posés par la colonisation de la Palestine, ce qui signifie de fait le rejet d’une révolution démocratique comme solution (sur les caractéristiques de cette révolution démocratique voir le livre incontournable Textes de la Révolution palestinienne de Bichara et Naïm Khader).

Concrètement, le Hamas au début de 2014 était très affaibli car il était coupé de ses soutiens principaux : l’Iran et l’Égypte. L’Iran a diminué voire coupé son aide financière et militaire suite à la situation syrienne dans laquelle le Hamas a pris position contre le régime de Bachar Al Assad et a rejoint les positions du Qatar. L’Égypte, suite à la répression des Frères musulmans par le régime d’Al Sissi, a totalement isolé le Hamas tout en renforçant sa collaboration au blocus de Gaza. Le Hamas est actuellement sous la dépendance financière du Qatar pour payer les 40 000 fonctionnaires de Gaza et cette situation intenable le pousse à une « réconciliation nationale » avec le Fatah. Mais l’absence de projet de libération nationale unifié permet à l’ennemi sioniste de jouer sur la division des Palestiniens. On peut certes nuancer la situation de division car la nouvelle guerre de Gaza et surtout la résistance militaire intraitable a obligé les dirigeants de l’AP à se présenter unis en août 2014 avec les autres factions palestiniennes aux négociations du Caire, sur la base de revendications unitaires et formulées principalement par Gaza. Mais cette unité ne concerne pas un projet de libération globale.

Cette situation délétère vient du fait que la solution des « deux États » adoptée par les dirigeants de l’OLP depuis 1977 et entériné par la déclaration d’Alger en 1988 a échoué. Et les solutions issues de cette orientation de la bourgeoisie palestinienne ont échoué. Il ne reste aujourd’hui qu’un seul État qui recouvre de sa domination totale la Palestine historique.

Les partisans de la solution à « deux États » dans le mouvement de solidarité international se sont alors récemment repliés sur l’idée d’un seul État. On pourrait croire qu’il s’agit d’un progrès de leur conscience politique. Mais c’est le contraire qui est vrai.  Ils voient cet État unique démocratique sur toute la Palestine (ou plutôt sur tout « Israël »…) de façon totalement idéaliste, sans démantèlement du régime colonial, sans remise en cause de la confiscation des terres, sans dire comment pourrait se réaliser le droit au retour des Palestiniens de 1948, sans guerre populaire de libération. Bref, il s’agit d’une intériorisation de la défaite présentée comme une grande solution démocratique. Tous les habitants de la Palestine historique auront les mêmes droits civiques dans un même État (de quelle nature ?) et l’affaire sera réglée. Le problème n’était qu’une simple affaire de droits civiques et non une cause de libération nationale. En somme, Martin Luther King aurait pu le régler. Ce tour de passe-passe est au cœur du récent livre-DVD sur la solution à un État d’Éric Hazan et d’Eyal Sivan Un État commun, entre le Jourdain et la mer.

Or, c’est une solution qui escamote le fait que le premier droit élémentaire des Palestiniens est le droit à leur patrie débarrassée du sionisme. Selon cette nouvelle vision de la solution à un État, il s’agit en premier lieu de « convaincre » la population juive dans les zones occupées depuis 1948 d’accepter le droit au retour des Palestiniens sans toutefois remettre en cause la spoliation de 1948, sans même parler de la réappropriation des terres. En fait, le mouvement de solidarité n’a pas à se baigner dans ces marécages d’une prétendue solution idyllique quelles que soient les difficultés de la situation. Toute solution passe par le conflit disait le dessinateur martyr Naji Al Ali. Il n’y aura pas d’État démocratique en Palestine sans démantèlement effectif  du sionisme.

Revenons pour conclure à Gaza. La troisième « guerre » contre Gaza en six ans montre que c’est encore là-bas que bat le cœur de la résistance d’un peuple qui refuse sa négation. C’est à Gaza que les tournants de la lutte palestinienne ont eu lieu, du moins sur le territoire de la Palestine historique. Ce carrefour historique devenu un vase clos fermé par les sionistes et par le régime égyptien est encore aujourd’hui le centre vivant qui refuse la capitulation. C’est le berceau des pères fondateurs du mouvement national palestinien et des fedayins. Les réfugiés qui vivent à Gaza ont été expulsés de leurs villages et de leurs terres par des colons juifs européens en 1948 ; chassés de Ramla, Beersheba, Ashkelon, Isdod, Najd (remplacé par Sderot aujourd’hui). Ces villes sont ciblées aujourd’hui par des fils des réfugiés qui ne peuvent plus retourner sur la terre natale de leurs parents tandis que tout colon juif venu de n’importe quel pays peut s’y installer en étant sponsorisé [le fameux "droit d’habiter ensemble un même endroit" de nos connards d’‘a’‘a’‘a’12]. Les tirs de roquettes et les tunnels sont la forme actuelle du droit à se défendre et à survivre des Palestiniens. Et ce n’est sûrement  pas la dernière.

Le peuple, le peuple seul est le créateur de l’histoire universelle (Mao Zedong)  

[1] Le Hamas est l’acronyme du « Mouvement de la Résistance Islamique ». Créé après la conquête de Gaza et de la Cisjordanie en 1967 par l’armée sioniste, il a été favorisé par l’occupant pour fragiliser l’OLP et les organisations de la gauche palestinienne. C’est une branche palestinienne du mouvement des Frères musulmans. Les versements  de fonds venus des pays arabes et la création du Collège islamique de Gaza qui a est devenu une pépinière de fondamentalistes ont lieu avec la bénédiction de l’occupant sioniste.  Mais le Golem s’est retourné contre son créateur : la participation à l’Intifada dès 1987, sa mise hors la loi en 1989 par l’occupant et son refus des accords d’Oslo de 1993 en ont fait la force palestinienne principale face aux choix d’Arafat.

[2] Le conflit en Palestine doit être défini avec précision. Il n’est pas seulement un conflit entre le colonialisme juif et les Palestiniens. Il s’agit d’une contradiction entre « Israël », une colonie qui est l’œuvre d’un centre impérialiste, et les peuples arabes qui veulent rétablir leurs droits. Cette colonie a une fonction particulière de maintien des intérêts impérialistes au cœur du monde arabe. Elle a comme allié le capitalisme comprador de la grande bourgeoisie arabe. Le projet colonial se base sur la négation d’un peuple (« le Peuple palestinien n’existe pas » selon la déclaration Golda Meir, Premier ministre du régime sioniste de 1969 à 1974) mais ce projet n’existerait pas sans le soutien des principaux pays impérialistes, principalement des États-Unis. Si ce soutien inconditionnel existe ce n’est pas pour faire plaisir aux lobbys sionistes ou pour réparer le génocide juif commis par les nazis en Europe. Le contrôle militaire des zones pétrolières en est la première raison ainsi que la destruction de tout mouvement national de libération arabe. Cela explique que selon ces intérêts impérialistes la colonie sioniste doit bénéficier du monopole régional de l’arme nucléaire et soit un « associé obligatoire » dans le domaine des hautes technologies. Cela explique aussi que les guerres et la destruction des États se multiplient au Moyen-Orient

[3] Cette position ne consiste évidemment pas à considérer les forces islamistes comme étant partout des forces de la lutte anti-impérialiste dans les pays  semi-féodaux et semi-coloniaux. La Palestine occupée et le Liban sont à cet égard plutôt une exception qu’une règle.  Ainsi, soutenir la rébellion syrienne comme le font divers courants trotskystes au nom du « Printemps arabe », plus ou moins inspirés par les analyses de Gilbert Achcar, c’est se placer à la remorque de l’impérialisme américain et européen et de ses projets de démantèlement des pays arabes. La rébellion syrienne contre le régime réactionnaire syrien est majoritairement islamiste et elle ne porte pas une once de combat anti-impérialiste. Elle est au contraire formée et financée par les principales puissances impérialistes et leurs alliés, les pétromonarchies du Golfe et le régime fasciste turc. [Voilà le genre d’analyse, selon nous outrancière, que l’analyse de l’islam politique que nous avons depuis plusieurs années à SLP permet selon nous d’éviter]

[4] Leïla Khaled est une militante célèbre du FPLP, un symbole vivant de la cause palestinienne. Dans les années 1970 elle a participé à des commandos de la Résistance palestinienne qui par des détournements d’avions a fait connaître au monde entier la cause de son peuple alors relégué au seul statut d’apatride. Elle a fait connaître l’histoire de son combat dans un livre essentiel : « Mon peuple vivra ». Elle est toujours membre du Conseil national Palestinien. Elle soutient les mouvements de solidarité comme le BDS tout en rappelant que si cette campagne fonctionne c’est à condition qu’un peuple résiste les armes à la main comme ce fut le cas en Afrique du Sud. Elle-même sait être critique sur ce qu’est devenue la gauche palestinienne. Ce n’est donc pas la personne de Leïla Khaled que nous critiquons ici mais l’habitude contractée dans l’extrême-gauche en France d’utiliser des images révolutionnaires des années 1970 plutôt que de faire face à la réalité du jour.

 

* On pourra encore et également rappeler qu'avant d'en arriver à la "Solution finale", les antisémites (car c'est l'accusation que sous-entend lourdement le propos de nos "antifascistes autonomes") hitlériens ou autres n'étaient pas précisément hostiles à ce que "les Juifs habitent ensemble un même lieu" : ghetto comme à Varsovie, "réserve" géante comme en Transnistrie ou autres etc. etc.... Faut-il en déduire que ces gens étaient moins horribles que les horribles "antisionistes" que nous sommes ? L'habitat des Juifs "en un même lieu" était en tout cas leur politique ; une politique (certes) forcée et non volontaire comme le fait d'aller coloniser la Palestine aujourd'hui ; mais tant qu'à répondre à un argument aussi débile par la débilité et demi, autant y aller...

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 14:09


Cet article pourra vous sembler un énième rabâchage de ce qui est notre position ; mais enfin c'est ainsi : quelqu'un quelque part il y a un certain temps a bien dit que la politique est "l'art de la répétition", et mieux vaut répéter les choses afin qu'elles "rentrent" plutôt que de laisser place à l'autre art de la politique selon certains, celui de l'interprétation fallacieuse venant pallier l'absence d'arguments et (plus largement) une conception petite-bourgeoise réactionnaire du monde.

Clarifions donc une nouvelle fois notre logique de positionnement sur les évènements qui surgissent régulièrement (et de plus en plus avec l’aggravation de la crise mondiale) de par le monde.

Servir le Peuple ne raisonne pas en termes de "camp" du "Bien" ou du "Mal", autrement dit d'un "bloc" de forces et de régimes politiques qu'il faudrait systématiquement défendre (même avec 100.000 cadavres à leur actif) contre un autre qu'il faudrait systématiquement condamner, et dont il faudrait systématiquement voir la main contre les premiers. Servir le Peuple raisonne en termes de MASSES et de "ON A RAISON DE SE RÉVOLTER" contre l'oppression et l'exploitation, pour plus de démocratie (pouvoir de décider de son destin), de dignité humaine et de meilleures conditions de vie ; tout en étant bien conscients que les révoltes sans direction politique correcte sont souvent détournées et récupérées au service d'intérêts qui ne sont pas les leurs (pas ceux du Peuple, pas ceux qui les ont originellement déclenchées).

Sur cette base :

Coalition- En Syrie, on avait raison de se révolter contre le régime oligarchique, antipopulaire, policier et corrompu du clan Assad, issu d'un coup d'Etat réactionnaire (1970) contre le gouvernement progressiste de Salah Jedid. Malheureusement, faute de direction politique conséquente, la légitime révolte a été détournée par tout un jeu de manœuvres impérialistes et expansionnistes régionales qui l'ont transformée en une guerre fratricide entre un "bloc chiite" piloté par l'Iran et un "bloc sunnite" impulsé par l'Arabie saoudite, la Qatar, la Turquie etc. Dans cette guerre réactionnaire, il n'y a désormais clairement plus de parti à prendre. Aucun camp n'est celui du Peuple, sauf peut-être les zones kurdes contrôlées par le PYD (PKK de Syrie) dans le Nord du pays.

- En Libye, on avait raison de se révolter contre un régime Kadhafi répondant aux mêmes caractéristiques, quand bien même il aurait pu tenter de jouer un certain rôle progressiste (anti-impérialiste) à certains moments des années 1970 ou 1980. Là aussi, la légitime révolte a été détournée par un bloc impérialiste franco-anglo-US pour instaurer à Tripoli un régime totalement à sa solde. Ce régime, cependant, presque trois ans après la victoire de la "révolution", ne contrôle pas grand-chose et sur pratiquement chaque kilomètre carré du pays la population lui résiste, encadrée par ses structures traditionnelles (tribus, confréries religieuses etc.). On n'observe pas vraiment dans tout cela de force réellement progressiste ; néanmoins, on peut considérer plutôt positivement le fait que les impérialistes occidentaux se retrouvent face à une situation beaucoup plus compliquée que dans leurs sinistres plans.

les-bombardements-ont-touche-gaza-ce-vendredi-matin 968608- En Palestine, on a raison de se révolter et de résister contre l'occupation sioniste, l'expropriation massive et continue de tout un Peuple depuis 1948, les brutalités et les vexations permanentes de l'apartheid qui frappe (tout du moins) les habitant-e-s des "territoires" (conquis et occupés en 1967) ou encore les crimes barbares des colons extrémistes comme l'assassinat de ce jeune Palestinien brûlé vif (!) dernièrement (l’État israélien a beau jeu de dénoncer et même punir les actes les plus barbares, alors que son existence et son idéologie mêmes en sont la source). Le fait que l'oppresseur et bon nombre de ses défenseurs autour du monde se réclament du judaïsme n'a aucune importance à nos yeux, ils pourraient se réclamer du bouddhisme que cela n'y changerait rien. Il existe des personnes pour lesquelles cela a une importance, parce qu'elles détestent les Juifs alors que par contre un oppresseur non-juif peut opprimer qui il veut tant qu'il veut, parce qu'elles ne peuvent supporter (dans leur conception du monde) que des Juifs aient un État, une armée relativement puissante, des médias de propagande et autres attributs d'une "vraie nation", parce qu'elles n'admettent pas, en définitive, que des "youtres" (les sionistes) aient intégré le monde blanc (les Palestiniens opprimés ne servent ici que de simples faire-valoir). C'est le cas d'Alain Soral et consorts (qui entretiennent, au demeurant, des relations étrangement proches avec certains ultras du sionisme, comme si tout cela n'était finalement qu'un match de foot que l'on regarde entre potes). Mais nous avons bien expliqué que ce n'est pas ce sentiment qui est déterminant dans la solidarité envers le Peuple palestinien qui s'exprime tout autour de 1559283 777289835646772 3171665654636233903 ola planète, mais un ensemble d'autres facteurs. Bien entendu les sionistes et leurs défenseurs internationaux de droite comme de "gauche" (voire d'"extrême-gauche"), ayant bien compris que cela pouvait déstabiliser certaines consciences politiques faibles, aiment mettre en avant ce caractère "juif" du sionisme et "antisémitiser" ceux qui les combattent ; mais ce terrorisme intellectuel est totalement dénué d'effets sur nous. De même, le fait que certains résistants palestiniens se réclament d'idéologies islamistes ou nationalistes, aient des conceptions proches de ce que nous appelons l'antisémitisme etc. etc. n'est pas un motif pour rejeter la légitimité de la lutte dans son principe. En réalité, nous sommes très mal placés pour donner des leçons à ce sujet alors que nous vivons dans un État qui a plus que contribué, parfois au-delà des exigences nazies, à la VRAIE Shoah (c'est-à-dire l'extermination des Juifs d'Europe par le nazisme hitlérien, pas les roquettes de la résistance palestinienne sur les villes sionistes) et alors que nous bénéficions tous plus ou moins directement des crimes commis par notre impérialisme depuis des siècles et tout autour du monde (impérialisme dont la majorité des représentants, y compris FN, soutient le droit d'Israël à "exister et se défendre" - comprendre fidayyin"coloniser et massacrer" - et qui a même été son principal soutien international sous la IVe République). À la rigueur, lorsque l'on reconnaît clairement la légitimité de la résistance palestinienne, on est alors éventuellement en droit de s'interroger sur certaines idéologies ou pratiques qui peuvent selon nous l'éloigner de la victoire ; tout en sachant bien que ces questions ne peuvent être résolues que par les Palestiniens eux-mêmes et que ces derniers ne sont pas dans les conditions optimales pour le faire. Si par contre, dans le fond, c'est la lutte palestinienne en elle-même qui est illégitime (au nom de tous les arguments fallacieux que l'on voudra, "nous on lutte pour la classe ouvrière pas pour les nations" blablabli blablabla), on a alors le droit de fermer sa gueule ou de se la faire fermer à coups de manche de pioche.

- En Hexagone, on a raison de se révolter contre l'exploitation capitaliste et toutes les oppressions subies au quotidien. Le problème est que ces révoltes ne peuvent devenir révolution si elles restent dispersées ; elles ne peuvent triompher et peuvent même conduire à dresser une partie des masses contre une autre : les travailleurs du privés gênés (pour aller travailler et gagner leur vie) par une grève de ceux des transports publics par exemple, ou encore les travailleurs "de type européen" contre ceux "d'origine immigrée" (extra-européenne) qui "profitent, n'aiment pas ce pays et foutent la merde" etc. etc. "Il faut coordonner les luttes" dit et répète, sans y parvenir, l'"extrême-gauche" depuis des années. Tout simplement parce que "coordonner les luttes" signifie comprendre les oppressions subies comme un système dans sa totalité, où chacun-e a "sa place" qui explique lesdites oppressions. Il faut notamment bretagnecomprendre comment ce système du nom de "France" s'est construit à travers les siècles et (c'est indissociable) comment il fonctionne aujourd'hui. C'est seulement ainsi que l'on peut cesser de voir son État (la "République française une et indivisible") comme un "recours" contre les oppressions, ainsi que le voient malheureusement beaucoup de gens en lutte.

Dans le cadre de cette réflexion, nous avons notamment compris que l'entité "France" est une "Prison des Peuples", et pas seulement outre-mer (lire ici et suivre les "lire la suite") : elle a été construite historiquement PAR ET POUR le capitalisme émergent (sous l'autorité politique de la monarchie absolue, principalement) en annexant des territoires et leur population (= force de travail) qui se sont vus chacun attribuer "sa place" dans le système total, et un caractère de Centre ou de Périphérie. Et que si l'on veut parler (et nous parlons volontiers !) de "Commune universelle" ou de "République mondiale des travailleurs", il n'est possible de le faire qu'en entendant - par là - fédérer démocratiquement des Peuples LIBRES... Il faut donc libérer ces Peuples des Prisons qui les enferment : il faut abattre les murs de ces États-Prisons ! Nous avons ainsi compris que ce que ses détracteurs appellent "régionalisme" est en réalité une conscience de peuple qui est l'expression, dans un cadre géographique donné avec une histoire donnée, de la conscience de classe populaire (ouvriers, paysans et apparentés). Comprendre que l'on n'est pas "français" mais occitan ou breton (ou "indigène intérieur" d'origine ceci ou cela) n'est peut-être pas le seul moyen de rompre avec le "sens commun" et d'accéder à la conscience révolutionnaire, mais ce qui est certain c'est que c'en est un. Et ce qui est tout aussi certain, c'est que ceux qui limite la bave aux lèvres se répandent contre le "régionalisme identitaire" au nom de toutes les "classes ouvrières" et les "prolétariats qui n'ont pas de patrie" que l'on voudra sont en réalité des chiens de garde du système bourgeois "France" : un système qui est leur RÂTELIER et qu'ils s'ingénient, à grands coups de démonstrations "marxistes" ou "libertaires", à faire perdurer en attendant l'hypothétique et utopique "République universelle" dont ils rejettent la première condition (briser les murs des Prisons des Peuples pour les Peuples libres puissent se fédérer) !

3484740777- En Ukraine, à Maïdan, on avait par bien des aspects raison de se révolter contre le régime oligarchique et corrompu de Viktor Ianoukovitch. Personne n'a jamais dit le contraire, ni nous ni les camarades locaux de Borotba. Cependant, dès le début et très visiblement, le mouvement quelles qu'aient été ses aspirations légitimes a été détourné et pris en otage par des forces au service de l'impérialisme euro-US (libéraux de Vitali Klitchko etc.) et surtout des éléments ultra-nationalistes d'extrême-droite, nostalgiques de l'alliance du nationalisme ukrainien avec le IIIe Reich pendant la Seconde Guerre mondiale. Suite à la chute de Ianoukovitch le 22 février, ces forces sont désormais au pouvoir (les ultra-libéraux dirigent main dans la main avec le FMI, la Banque mondiale et l'Union européenne, le parti d'extrême-droite Svoboda a obtenu plusieurs postes importants et les milices fascistes du "Pravyi Sektor" ont été intégrées dans une soi-disante "Garde nationale"). "EuroMaïdan" c'est fini et bien fini, et les aspirations à la démocratie et à la justice sociale qui ont éventuellement pu s'y exprimer sont mortes et enterrées.

- Face à cela, les masses populaires dites russophones du Sud et de l'Est du pays ont raison de se révolter contre l'esclavage (démantèlement FMIsto-BCEsque de leur appareil économique, sans doute le dernier encore un peu solide en Ukraine), la négation (interdiction de la langue russe) voire le nettoyage ethnique et la mort qui leurs sont promis par les nouveaux maîtres de Kiev. Ceci est indiscutable. Bien sûr, là encore, les énormes insuffisances idéologiques de cette mobilisation populaire favorisent son détournement, cette fois-ci au profit des intérêts impérialistes russes. Il ne fait 628x471mystère pour personne que la Russie de Poutine ne veut pas que sa base navale de Sébastopol devienne comme la base US de Guantánamo, encerclée en territoire politiquement hostile. Il ne fait mystère pour personne que les dirigeants politiques de Crimée et de l’État séparatiste du Donbass (rebaptisé "Nouvelle Russie") sont des agents du Kremlin, parfois au sens propre comme le colonel du GRU (renseignement militaire russe) Igor Strelkov, devenu "Ministre de la Défense" du nouvel État. Mais la différence (et les raisons du relatif succès, contrairement aux déstabilisations US à Cuba) c'est qu'il y a aussi une authentique mobilisation populaire aux raisons plus que légitimes. Personne dans les classes populaires laborieuses n'a "spontanément" envie de devenir un esclave dans un système économique thatchérien (ou du type imposé par la Troïka en Grèce), avec de surcroît un pistolet néo-nazi sur la tempe, quand bien même cela donnerait l'opportunité de "gagner plus" à ceux qui "travailleraient plus". Et personne n'a envie de devenir un étranger, un "sous-homme", un colonisé dans le pays qu'il habite depuis des générations. Devant cette perspective, il est LOGIQUE (à défaut d'être correct) que puisque l'on est russophone et culturellement russe*, rejoindre la Fédération de Russie apparaisse comme une sortie de secours voire, pour certain-e-s, comme une "petite renaissance" de l'URSS dont la nostalgie est un facteur incontournable si l'on veut comprendre les événements politiques de là-bas ; quitte, si l'on n'aime pas Poutine, à voter contre lui en tant que citoyen-ne russe aux prochaines élections.

Du premier aspect, il n'y a évidemment rien à tirer et tout à dénoncer. Mais le second contient des potentialités éminemment positives, sauf à considérer que des gens luttant et mourant avec le drapeau rouge de l'URSS à la main contre d'autres arborant le Wolfsangel nazi constituent un événement politiquement anodin et insignifiant.

Déjà, comme l'explique dans un récent article en anglais le camarade Shapinov de l'organisation communiste Borotba, "en dépit du fait que la direction de la République populaire [du Donbass] n'appartienne pas au camp politique de la gauche - ce sont plutôt des conservateurs attachés aux 'valeurs traditionnelles', la logique même de la lutte [les] pousse vers des politiques anti-oligarchiques, si ce n'est pas carrément anticapitalistes ; exactement comme la même logique pousse les clans oligarchiques de Donetsk dans les bras de la junte de Kiev".

10378092_683717041705200_4485409615347167135_n.jpgEt puis dans tous les cas, c'est une question de cohérence politique : si l'on admet la légitimité du Peuple palestinien à résister contre la négation sioniste de son existence même, y compris sous des drapeaux et avec des idéologies (nationalistes, islamistes etc.) qui ne nous plaisent pas forcément, alors on doit admettre le droit à la résistance des masses populaires russophones d'Ukraine y compris sous des drapeaux russes avec ou sans aigles, des drapeaux cosaques etc. et avec une idéologie que les petits donneurs de leçons professionnels auront vite fait de qualifier de "rouge-brune" [de fait, ce mélange de nationalisme russe/slave anti-occidental virulent et de nostalgie pour l'URSS de Brejnev est actuellement la conception du monde hégémonique dans les masses populaires russes de Russie et des États voisins, un peu comme les "valeurs républicaines" et une certaine économie de marché encadrée par la loi et "sociale" sont finalement le dénominateur commun des masses d'Hexagone : il est bien évident que les masses russes doivent déconstruire ce carcan idéologique 10385395_655075697911559_3160398102734922813_n.jpgpour aller au communisme... mais l'agression barbare que subit le Donbass n'est pas tout à fait le meilleur contexte pour cela !]. Ou alors, il faut rejeter l'un et l'autre : on est alors un petit connard, certes, mais au moins un petit connard cohérent (de plus en plus de personnages de ce type, et c'est tout à leur "honneur", s'acheminent vers une telle cohérence politique).

La comparaison avec les nationalistes serbes dans la Yougoslavie des années 1990 est ici inopérante : pour ces derniers, il s'agissait de maintenir la position prééminente qu'ils avaient dans l'ancienne fédération (quitte à se partager la Bosnie avec leurs homologues croates, aspect principal du conflit jusqu'au printemps 1994) en "nettoyant ethniquement" le territoire revendiqué comme la "Grande Serbie". Ceci, sans "blanchir" pour autant les manœuvres de dépeçage des impérialistes US, allemands etc. dans les Balkans, était politiquement indéfendable pour un communiste conséquent. Leurs chefs de guerre étaient généralement des mafieux issus de la décomposition du capitalisme d’État "autogestionnaire" titiste, et leurs références politiques étaient plutôt à chercher du côté des Tchetniks anticommunistes de Draža Mihailović que de l'Armée populaire des Partisans de 1941-45 (c'était plutôt dans les forces bosniaques que l'on trouvait cette volonté de conserver, en Bosnie, une sorte de "réduit" de la Yougoslavie "socialiste" multiethnique de Tito).  

En Ukraine, ce sont les populations moskali (terme injurieux pour les russophones "pro-russes") qui sont justement menacées de "nettoyage ethnique" par le nationalisme bandériste ultra qui a pris le pouvoir à Kiev. Nous avons pu craindre, au début des événements, pour les Tatars (surtout présents en Crimée dont ils sont la population indigène, antérieure à la colonisation russe du 18e siècle) ; mais il semble finalement que les forces "pro-russes" les laissent relativement tranquilles, voire qu'elles leur aient fait miroiter l'image d'une Russie "multiethnique" où (sauf à être un séparatiste en mode djihadiste) "il n'y a pas de problèmes" pour les minorités, face à un nationalisme ukrainien dont la xénophobie n'est plus à démontrer (les Russes eux-mêmes sont considérés par lui comme des 1401897330 go-20"Tatars"). Les références anticommunistes sont présentes (surtout chez les revendiqués "cosaques") ainsi que la revendication de l'identité religieuse orthodoxe, mais on voit aussi beaucoup de références au passé soviétique et à la Révolution d'Octobre (tandis que les drapeaux communistes et les monuments à Lénine ou à l'Armée rouge sont la cible privilégiée de l'autre camp). Certains dirigeants (comme Strelkov) ont certes participé dans les années 1990 à l'appui impérialiste russe aux nationalistes serbes, mais les oligarques et les mafieux (c'est souvent la même chose) de l'Est ukrainien ont pour 99% d'entre eux cherché et trouvé un compromis avec le nouveau régime (rappelons que c'est le parti de l'oligarchie, le Parti des Régions de Ianoukovitch, qui a voté à l'unanimité la destitution de celui-ci en février) et la volonté de mettre l'appareil productif du Donbass en coupe réglée est plutôt du côté de ce dernier...  

Bref, les différences sont énormes et l'esprit qui règne chez les "pro-russes" (on devrait plutôt dire les anti-Kiev) du Donbass ou d'Odessa n'est absolument pas comparable à celui des nationalistes serbes de Bosnie, même si l'on peut voir dans les manœuvres du Kremlin un équivalent de celles de Milošević (lui-même appuyé par la Russie à l'époque) ainsi que d'autres similitudes et même des personnages récurrents (Strelkov).

10376723 762445917129659 2287306119129610635 nVoilà pourquoi nous avons sur les événements en Ukraine une position que d'aucuns (pour qui la réflexion politique se résume à jeter l'anathème) qualifieront de "pro-russe" alors que sur la Syrie, la Libye et (il y a très longtemps, alors que SLP n'existait pas encore) la Yougoslavie nous avons plutôt eu une position opposée à celle de la Russie et de ses supporters campistes internationaux : c'est tout simplement que nous ne sommes rien de tout cela et que nous ne raisonnons absolument pas en ces termes. La ligne de démarcation pour nous ne passe pas entre "impérialisme russe" et "Occident" mais entre communistes conséquents toujours aux côtés des opprimé-e-s et campistes ; elle nous sépare tout autant de ceux pour qui il faut systématiquement être du côté de Poutine (qui est une pourriture réactionnaire, nous n'avons jamais dit le contraire) que de ceux pour qui il faut systématiquement rejeter ce qu'il soutient (de près ou de loin). Elle nous sépare aussi bien de l'"extrême-gauche" BBR francouille colonialo-paternaliste version "ose défendre un Peuple victime de l'impérialisme occidental, surtout les Palestiniens victimes du sionisme, et tu vas voir sale rouge-brun antisémite conspi adorateur de nationalistes !" que de celle version "ose dire du mal d'un régime dont Fidel et Chávez disent du bien et tu vas voir sale BHL !" (les deux se rejoignant d'ailleurs souvent sur un point intéressant : "ose remettre en cause la construction historique bourgeoise 'France', affirmer les Peuples qu'elle emprisonne et nie et tu vas voir sale identitaire régionalo-pétainiste"). À vrai dire, elle nous sépare de l'"extrême-gauche" tout court car nous n'en faisons pas partie, puisque le terme d'"extrême-gauche" sous-entend une position au sein de quelque chose et non EN DEHORS : l'"extrême-gauche" du système capitaliste-impérialiste hexagonal et mondial. L'extrême-gauche est morte... Vive la révolution !

Une mise au point nécessaire sur nos positions internationalistes et aux côtés des Peuples Nous raisonnons ainsi parce que pour nous la notion d'avant-garde communiste (qui fait tant hurler les anarchistes bornés et met généralement fin à tout débat censé avec eux) signifie être au service du peuple, DANS LE CAMP DU PEUPLE en toute circonstance, être les porte-voix et l'expression militante radicale des classes populaires (dans notre propre pays et dans le monde entier car nous sommes internationalistes), et non être des petits profs qui méprisent, jugent en permanence le peuple et lui dictent ce qu'il doit faire et être.

Bien entendu pour qu'une mobilisation de masse soit politiquement "impeccable" (et encore... rien ne l'est jamais !), ne soit pas détournée par des forces ennemies du peuple et remporte la victoire (faire triompher les intérêts des exploité-e-s), il ne peut s'agir que d'une Guerre populaire révolutionnaire menée par un Parti communiste du prolétariat (nous n'avons donc, déjà, aucune leçon à recevoir de gens qui rejettent ces notions), comme en Inde. Mais nous savons qu'un tel phénomène social est aussi rare en politique qu'une mutation génétique engendrant une nouvelle espèce en biologie, et a à peu près autant de chances de succès (conduire la population concernée au communisme) que la nouvelle espèce biologique d'être viable ; car il s'agit de donner naissance à un nouveau type de société qui, au-delà d'un niveau élémentaire (atteint pendant quelques années et avec beaucoup d'imperfections par l'URSS, la Chine, Cuba et quelques autres pays), n'a pas de précédent dans l'Histoire.

En dehors de ces quelques cas (pour le moment) rarissimes, les masses résistent à l'oppression qu'elles subissent avec ce qu'elles ont "idéologiquement en main". Il est absolument inutile et vain de chercher la "pureté" idéologique communiste dans une mobilisation de masse, surtout lorsque l'on n'est pas un communiste local pour pouvoir y faire quelque chose.

ob fa3097 affiche-khdeirNotre raisonnement doit alors être : LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP ; déterminer qui est l'oppresseur et qui est l'opprimé, qui opprime et qui résiste à l'oppression, et nous placer résolument du côté de l'opprimé qui résiste. Car comme nous l'avons déjà maintes fois expliqué, ce qui est décisif pour qu'une mobilisation de masse contre l'oppression devienne communiste et révolutionnaire c'est 1°/ son caractère de classe certes (cela ne peut pas être une mobilisation de bourgeois ou d'autres dominants pour le droit d'exploiter et d'opprimer) et 2°/ l'attitude des communistes à son égard ; pas les conceptions idéologiques présentes qui en jaillissent de ci de là dans tous les sens.

Les "communistes" qui passent leur temps à reprocher aux classes populaires de ne pas être "purement" communistes ne verront jamais un Peuple communiste de leur vie, ni la révolution pour laquelle un tel Peuple est indispensable...

À la fin d'un de nos nombreux articles sur l'Ukraine, il y a deux mois, nous écrivions déjà ceci :

- Nous sommes revenus au début du 20e siècle ce qui signifie qu'en dehors de quelques cas de Guerres populaires (Asie du Sud, Philippines, ce qu'il en reste au Pérou ou en Turquie) et de luttes de libération relativement oubliées (Delta du Niger), tout évènement conflictuel dans le monde a principalement un aspect inter-impérialiste : si le conflit n'est pas piloté dès le départ par l'affrontement entre puissances et/ou 'blocs' impérialistes (comme c'est le cas en Ukraine), il le devient au bout de quelques semaines ou mois (Libye, Syrie) dès lors qu'une solution de "tout changer pour que rien ne change" (Tunisie, Égypte) n'a pas été trouvée par l'oligarchie locale et la "communauté internationale" impérialiste.

- Les évènements potentiellement intéressants pour nous communistes sont forcément secondaires ; forcément à rechercher AU-DESSOUS de cet aspect principal ; et généralement de nature ambivalente et contradictoire. Si nous nous arrêtons à l'aspect inter-impérialiste et inter-réactionnaire principal, nous ne pouvons pas les voir ; exactement comme quelqu'un qui se serait arrêté à l'affrontement entre l'Allemagne du Kaiser (avec ses alliés austro-hongrois et turcs) et les impérialistes franco-britanniques avec leur allié russe, pendant la Première Guerre mondiale, n'aurait pas pu voir la naissance de la Guerre de Libération irlandaise ou de la Guerre de Libération arabe (au Machrek) qui se poursuivent encore au jour où nous écrivons, ni même de la Révolution bolchévique ("coup" des Allemands selon la propagande de la bourgeoisie russe et des Alliés). Nous sommes comme face à un lac gelé dont il faut briser la glace pour aller voir sous la surface.

- Nous devons savoir évaluer les résultats concrets d'une action concrète en dépit des intentions et motivations idéologiques premières de leurs initiateurs, étant donné le flou artistique idéologique dans lequel le grand reflux du mouvement communiste international (1975-2000) a plongé les choses. Ceci est typiquement le cas dans l'Est et le Sud de l'Ukraine mais peut aussi s'appliquer aux "Bonnets rouges" bretons de l'automne dernier ou aux Forconi du Mezzogiorno italien, ou encore à la victoire psychologique du Hezbollah libanais sur l'entité sioniste en août 2006 (immense victoire pour tout le Peuple arabe du Machrek).

- Nous ne devons pas pour autant oublier les intentions et revendications légitimes premières sous prétexte que le résultat concret d'un mouvement est négatif : ceci s'applique à la Syrie mais peut aussi s'appliquer au mouvement EuroMaïdan de l'hiver dernier en Ukraine, ou ici en Hexagone aux mouvements populaires (colonisés intérieurs) de rejet de l'idéologie républicarde dominante et de ses "religions" ("laïcité", "Lumières", Droits de l'Homme BLANC, soutien indéfectible au sionisme en manipulant honteusement la mémoire de la Shoah) quand bien même ils déboucheraient sur des positions politiques réactionnaires comme le dieudonnisme ou le salafisme antisémite assassin d'un Mohamed Merah.

- Nous ne devons pas ignorer les résultats positifs mineurs d'évènements concrets sous prétexte que les résultats négatifs prédominent : cette prédominance est certes une réalité à court terme, mais les aspects positifs aujourd'hui mineurs peuvent être les "graines" de développements ultérieurs très positifs à moyen et long terme. Nous ne devons pas oublier que les classes dominantes (bourgeoisies impérialistes, oligarchies expansionnistes régionales et bureaucrates-compradores locaux) "font" peut-être l'histoire dans l'immédiat, mais que les masses font l'histoire sur la longue durée.

- Nous devons (ré)apprendre à analyser les évènements mondiaux dans TOUTE LEUR COMPLEXITÉ. Nous devons rejeter les dogmatiques et les révisionnistes qui veulent, vers tous les Orients compliqués de la planète, "voler avec des idées simples". Nous devons nous débarrasser des vieilles habitudes de la Guerre froide ce qui signifie ne pas se faire les thuriféraires aveugles des impérialismes russe et chinois, des "BRICS", de l'expansionnisme iranien ou de l'ALBA cubano-vénézuélienne dans lesquels certains cherchent à voir désespérément le bloc pseudo-"socialiste" soviétique dont ils sont orphelins, mais aussi ne pas "clôturer" les dossiers internationaux d'un revers d'un main sur un simple "c'est un affrontement inter-impérialiste entre factions locales bureaucratiques-compradores fascistes", comme c'était "tout simplement" hier "l'impérialisme occidental contre le social-impérialisme de Moscou" : ce maoïsme-là est précisément un maoïsme qui n'est pas sorti des réflexes de la Guerre froide (typiquement le maoïsme péruvien "pensée Gonzalo" de ce qu'il reste du PCP, et ses partisans internationaux). Les masses en mouvement sont le facteur historique déterminant en dernière instance et la révolution prolétarienne mondiale est inéluctable, quand bien même sembleraient prédominer pour le moment les manœuvres des impérialistes, des expansionnistes régionaux et des clans oligarchiques concurrents : JAMAIS ceux-ci ne pourront contrôler éternellement TOUTES les mobilisations de masse qu'ils auront suscitées. Dans la "matière brute" des forces révolutionnaires mondiales de demain se trouvent actuellement des partisans de la "République de Donetsk", de Nicolas Maduro au Venezuela ou du président déchu Zelaya au Honduras autant que des partisans déçus d'EuroMaidan à Kiev ou de la révolte populaire initiale en Syrie. En dehors des quelques Guerres populaires sous la conduite d'un Parti communiste maoïste comme en Inde, nous sommes à l'heure de la crise générale du capitalisme, de ses conséquences socialement destructrices et parfois guerrières-meurtrières pour les masses et des RÉSISTANCES à cela, des "radicalités" populaires et des "utopies pirates" bourrées d'ambivalences comme cette République du Donbass qui fait tant penser au Fiume de D'Annunzio en 1919 ; "radicalités" mathématiquement porteuses d'autant de fascisme que de réformisme démocratique bourgeois... ou de conscience révolutionnaire ; tout dépendant du rôle que pourront et sauront jouer les forces révolutionnaires marxistes avancées dans l'affaire.  

C'est cela, être des matérialistes dialectiques. Libre à qui le souhaite de nous traiter d'opportunistes... et BONNE CHANCE pour faire la révolution du haut de leur groupuscule "gardien du Temple" de la "Vérité révolutionnaire", qui sera sans doute (n'en doutons point !) rallié spontanément et in extremis par des masses qu'ils auront couvertes d'injures jusque-là !

À lire aussi (très proche de tout ce qui vient d'être dit et rappelant aux fondamentaux du marxisme et du léninisme) : À propos du mouvement de solidarité avec la Palestine et du Hamas du Comité anti-impérialiste ; excellent texte qui remet les pendules à l'heure !

Ou encore cette excellente mise au point par le dirigeant de l'organisation marxiste-léniniste Borotba Victor Shapinov (septembre 2015) : Le marxisme et la guerre dans le Donbass (ou "De l'internationalisme à géométrie variable d'une certaine extrême-gauche").


[* Cette question de "Novorussie"/"Novorusses" a été très largement débattue, et non sans raisons. En effet, les cartes "ethnographiques" tendent à montrer que les véritables Russes (selon, sans doute, l'ancienne classification soviétique des nationalités) ne sont majoritaires qu'en Crimée (~ 60%) et dans quelques raïons (districts) du Donbass, de la région de Kharkov ou encore proches de la Moldavie (Boudjak). Mais alors, sur quoi (diable) repose donc cette (fichue) identité "novorusse" du Sud et de l'Est de l'Ukraine ? Eh bien, elle repose peut-être précisément sur cela : ni les Russes, ni les Ukrainiens ni qui que ce soit d'autre (Bulgares, Tatars, Roumains/Moldaves, Gagaouzes etc.) ne représentent une écrasante majorité de 90% ou plus dans ces régions. La caractéristique locale est justement le multiethnisme.

Le bandérisme, cet ultra-nationalisme ukrainien fondé sur une "pureté" ethnique ukrainienne "plus-vraie-que-vraie", n'y fonctionne donc pas (sans même parler du fait que sa collaboration passée avec le nazisme, dans des régions martyres de la guerre d'extermination lancée par Hitler contre l'URSS, ne plaide pas en sa faveur...). Des idéologies au service de l'impérialisme russe telles que l'"eurasisme", le "panslavisme" (unité plus ou moins fédérale de tous les Peuples slaves) ou encore un certain "néo-soviétisme" peuvent y fonctionner - et de fait y fonctionnent ; mais le bandérisme, la population du Sud et de l'Est de l'Ukraine le vomit. Si l'Ouest (à 90 ou 95% ukrainien "ruthène") en veut, "tant mieux" pour lui ; mais au Sud et à l'Est on n'en veut pas, c'est ainsi.

On notera que cette culture de coexistence nationale s'accompagne généralement d'un usage de la langue russe comme lingua franca ou plus localement (surtout le long du Dniepr - en orange sur cette carte) d'un dialecte populaire mêlant russe et ukrainien, le sourjyk ; d'où la confusion qui tend à s'installer entre russophones (notion linguistique), "pro-russes" (notion politique) et "Russes" au sens de la classification soviétique des nationalités (notion "ethnique"). La carte de l'usage principal du russe dans la vie quotidienne, ou encore celle des partisans de sa co-officialité (aux côtés de l'ukrainien) montrent ainsi des réalités notablement différentes de celle des pourcentages de Russes "ethniques".]

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2 décembre 2013 1 02 /12 /décembre /2013 10:00


drapeau-franceLe drapeau tricolore de la République française n'a pas été inventé par un druide nazi adorateur du Soleil Nordique. Il a été formé en plaçant, au milieu des couleurs (bleu et rouge) de... Paris, le blanc... de la monarchie : tout un programme, aurait-on envie de dire ! Mais enfin, par le plus heureux des hasards, il se trouve aussi que par analogie avec le drapeau des États-Unis (cf. ci-dessous), de la Grande-Bretagne ou de la Hollande, ces couleurs étaient à l'époque celles de la "liberté" bourgeoise. Plus tard, on associera les trois couleurs du drapeau aux trois mots de la devise "nationale" : Liberté, Égalité, Fraternité. C'est ainsi qu'il fera "le tour du monde avec la gloire et la liberté de la patrie", comme le proclamait en 1848 Lamartine face au drapeau rouge de la "canaille partageuse". C'est l'emblème du pays des "Lumières" et des "Droits de l'Homme".

etats-unis-drapeauLe drapeau des États-Unis d'Amérique, Stars and Stripes ou Star-Spangled Banner, n'a pas été inventé par un druide nazi adorateur du Soleil Nordique (en revanche, ledit druide s'en est inspiré pour le sien). Il est constitué de 13 bandes rouges et blanches symbolisant les 13 colonies d'origine, qui déclarèrent leur indépendance contre l'Angleterre en 1776, et d'étoiles blanches sur fond bleu symbolisant le nombre d’États (13 au départ donc, et aujourd'hui 50). Le choix des couleurs, des bandes et des étoiles est expliqué ainsi, en 1777, par Georges Washington lui-même : "Nous prenons les étoiles du ciel, le rouge de notre pays d'origine (l'Angleterre), avec des bandes blanches en guise de séparation montrant ainsi que nous nous sommes séparés d'elle, et les bandes blanches passeront à la postérité comme symbole de liberté". Il est probable que les couleurs bleue, blanche et rouge évoquent les drapeaux de la Grande-Bretagne et des Provinces-Unies (Pays-Bas), pays d'origine de la plupart des habitants d'alors et de surcroît "pays de la liberté" (liberté que bafouait le roi Georges III d'Angleterre en refusant aux Américains le droit de voter, dans un Parlement, les impôts auxquels ils étaient soumis). Drapeau des Lumières s'il en est, c'est vraiment le symbole de la liberté. Toutes les personnes libres dans leur tête, comme Johnny Hallyday par exemple, portent le Stars and Stripes en bandana, sur leur blouson, leur jean, leur sac à dos etc.

union_jack.jpgLe drapeau du Royaume-Uni n'a pas été inventé par un druide nazi coupant le gui dans la forêt de Brocéliande. Il se contente de mêler harmonieusement les couleurs des différentes nations qui composent le royaume : Angleterre (croix rouge sur fond blanc), Écosse (croix en x blanche sur fond bleu) et, à partir de 1801, Irlande (à l'époque croix en x rouge sur fond blanc) ; en oubliant regrettablement le Pays de Galles mais bon, c'est pas grave. C'est tout de même un très joli drapeau, qu'il fait bon porter en badge, sur le capot de son Austin de bobo ou autre quand on est cool.

israelLe drapeau de l’État d'Israël n'a pas été inventé (on s'en serait douté) par un druide nazi prônant la supériorité de la "race nordique" celte et la haine des Juifs. Il ne fait que reprendre un symbole religieux millénaire (la Magen David, étoile de David), qui signifierait sans doute l'alliance d'"en haut" (le Ciel) et d'"en bas" (le monde mortel, terrestre), avec les couleurs azur et blanche du talit, châle dont on se couvre traditionnellement pour la prière. Comme le chantait Serge Gainsbourg en 1967 lors de la Guerre des Six Jours, "les Goliaths venus des Pyramides" reculent devant cette magnifique étoile qui les terrifie tel l'ail avec les vampires...

philippinLe drapeau des Philippines n'a pas non plus été inventé par un druide nazi. Ses couleurs bleue, blanche et rouge, que l'on retrouve sur les drapeaux de Cuba et de Porto Rico (concomitamment en lutte pour leur indépendance), sont les "couleurs de liberté" françaises, US etc. etc. en vogue à cette époque (fin du 19e siècle). Le triangle sur le côté gauche (également présent sur les drapeaux cubain et porto-ricain) est un symbole maçonnique, signature des démocrates et libéraux avancés qui menèrent la lutte de libération contre le colonialisme espagnol. C'est typiquement un drapeau de la Liberté, des Lumières triomphant sur le féodalisme !!! Les camarades communistes et/ou les simples ouvriers et paysans emprisonnés, torturés et/ou assassinés dans ce pays en savent quelque chose. 

C'est bien pour cela que, comme chacun et chacune le sait, ces États sont parmi les plus cools de la planète !


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           bloodysunday1972gaza en ruine

massacremaguindanao


Vous l'aurez compris, l'"intérêt" de ce petit article complètement débile est de répondre par l'absurde à l'article entier des "materialistes.com" sur les "origines réactionnaires du Gwenn ha Du" breton, article qui montre bien à quel point les évènements actuels en Bretagne les empêchent de dormir (ce que nous avons parfaitement analysé et expliqué). Un article sans l'ombre d'une réflexion, bien entendu, sur le pourquoi du comment ce symbole s'est depuis totalement intégré à la conscience populaire collective de la "région", ceci étant même... carrément nié ("Le Gwen ha Du n'est pas une bannière populaire, ce qu'il représente est étranger à la culture populaire authentique en Bretagne. Il est aujourd'hui l'emblème d'un capitalisme des terroirs français (lié à l'agro-industrie et au tourisme) et d'un milieu universitaire petit-bourgeois qui a fait mettre des panneaux en breton « unifié » à l'entrée de villes où personnes n'a jamais parlé breton... comme à Nantes ou à Rennes"), sans la moindre crainte du ridicule. Ils en remettent d'ailleurs un couche sur l'hermine qui orne historiquement ledit drapeau (à laquelle ils auraient pu opposer la fleur de lys, symbole beaucoup plus vegan montrant la supériorité indiscutable de la civilisation "française" !) ; et sur la manif de samedi dernier à Carhaix, à coup de photos manipulatoires se voulant "représentatives" du rassemblement* [méthode dont ils sont passés maîtres depuis les manifs pour Gaza en décembre 2008-janvier 2009 (un drapeau "islamiste" par-ci, une pancarte antisémite par-là), le mouvement des "Indigné-e-s" etc. etc. pour "fasciser", "antisémitiser" et "anticapitaliste-romantiser" tout ce qui ne leur plaît pas, tout ce qui "bouge" en dehors de l'avant-garde autoproclamée qu'ils prétendent représenter], accompagnées d'affirmations ouvertement mensongères lorsque c'est en réalité Thierry Merret (FDSEA Finistère) qui a tenu les propos ("sans patrons pas d'emplois") prêtés à Christian Troadec, lequel aurait quant à lui tenu un discours plus classiquement social-démocrate...

morvan-marchal.jpgPour ce qui est du "druide nazi" en question, Maurice/Morvan Marchal (1900-1963), il fut effectivement proche de l'Action française maurrassienne au sortir de l'adolescence, avant de s'engager dans l'Emsav ; il était effectivement antisémite (d'abord par maurrassisme catholique, puis par anti-christianisme viscéral) et au-delà, en plein délire "nordique" et "celtique" (nous avons déjà publié une citation de lui à ce sujet dans un précédent article, intégralement repompée par "lesmaterialistes.com"). Il faut comprendre qu'en réalité, l'Emsav de la première moitié du 20e siècle a été "happé" dans le "tourbillon" d'une époque où les principales idéologies dominantes (Royaume-Uni, USA, Allemagne) exaltaient les "nordiques", la "celtitude" et la "germanitude" etc. Ceci était même très présent dans l’État français : toute l'idéologie autour de la "vraie France, celle du Nord" de Jules Michelet, que l'on retrouve dans les écrits "nordistes" (souvent financés par les lobbies du sucre de betterave) contre les Occitans en 1907, les propos de Céline en 1938 et 1942 etc. etc. ; même si les républicains radicaux, souvent "méridionaux", préféraient mettre en avant l'héritage gréco-romain. Les Bretons étaient opprimés, méprisés, même si l'on n’est peut-être pas allé jusqu'à les qualifier d'"Ibériens" intermédiaires entre l'"Aryen" et le "nègre" comme le fit l'impérialisme anglais pour les Irlandais. Ils n'avaient qu'une seule carte en main pour "jouer dans la cour des grands" et c'était ces "origines celtes", contre une République française qui se verra vite dénoncée comme "méditerranéenne et juive". Faute d'une compréhension SCIENTIFIQUE MARXISTE du problème breton, problème d'une "province" conquise à la fin du 15e siècle et devenue PÉRIPHÉRIE sous la botte du Centre parisien, ce sont malheureusement ces thèses réactionnaires qui domineront dès les années 1910 (époque où "rayonnait" le pangermanisme allemand, le "pan-nordisme" britannique etc.). Car il faut voir aussi que très souvent, faute de comprendre que "les masses font l’histoire", les deux premiers Emsav sont allés chercher appui du côté des rivaux impérialistes de la France, tout comme le nationalisme irlandais de la même époque, c'est notoire, s'appuyait sur les impérialistes US et allemands. Le "panceltisme" était ainsi souvent mis au service des intérêts impérialistes anglais (pour tisser des liens économiques avec le Pays de Galles, l’Écosse etc.) ; et à partir des années 1920 il y aura l'engouement pour le nazisme allemand et son exaltation des "races nordiques".

gwenn-ha-du.jpgMais ce qu'"oublient" de dire "lesmaterialistes.com", c'est que Marchal était aussi positiviste (comme du reste l'Action française) et, passé son bref engagement maurrassien de jeunesse, républicain, franc-maçon (loge Volney du Grand Orient à Laval - cette franc-maçonnerie mayennaise qui était déjà un "vivier de Chouans" dans les années 1790), anticlérical et même antichrétien (ce qui l'amènera au druidisme et explique son refus de la Kroaz Du, la croix noire historique bretonne, comme emblème national) ; qu'il s'éloignera en 1931 du PNB** pour former la Ligue fédéraliste et la revue Bretagne fédérale, autonomiste à une époque où le clivage autonomisme/séparatisme recoupe à peu près le clivage "gauche"/"droite" dans l'Emsav ; qu'il fera même un détour... par le Parti radical (dont il sera tout de même exclu pour son anti-jacobinisme... mais pas pour autre chose !) avant d'atterrir au Rassemblement National Populaire de Marcel Déat (la "gauche" vichyste), autrement dit il rejoindra la collaboration PAR LA GAUCHE, par les "Lumières", comme beaucoup d’autres à cette sinistre époque... De même, prendre le drapeau US pour modèle de son Gwenn ha Du était plutôt un signe de modernisme et de libéralisme : pour le coup, l’Action française appréciait peu ce pays peuplé de "métèques" de tout poil, "sans racines", puissance "protestante et maçonnique" etc. etc. [très exactement, le Gwenn ha Du s'inspire des drapeaux US et grec : le "symbole de la démocratie moderne" et celui de la "démocratie antique"... pour un "anti-Lumières", waouh !]. Pas vraiment un "ennemi des Lumières" le Maurice/Morvan, donc, comme d'ailleurs personne (soyons sérieux deux minutes, messieurs les amis de Zeev Sternhell !) ne l'était dans les années 1920 ou 1930, un siècle et demi après la "révolution" bourgeoise de 1789, pas même l’Action française positiviste et dynastiquement orléaniste (pour la lignée de Philippe "Égalité", le Capétien régicide de son cousin Louis XVI)... et pas même le nazisme qui par exemple rendait hommage en 1936 à Frédéric II le Grand, précurseur en son royaume de Prusse de l'État allemand moderne (totalement logique pour une idéologie expression terroriste ultra dudit État bourgeois) et "despote éclairé" ami de... Voltaire (l'on pourrait encore parler de l'admiration d'Hitler pour Napoléon, Kant ou encore Hegel, pour l'Empire romain "vache sacrée" des "lumiéreux" etc. etc. : voir ici un très intéressant article où l'historien François Delpla remet en cause les thèses de Sternhell).  

Pas un ennemi des Lumières et même, par bien des aspects, un "homme de gauche"... pour l'époque : "bouffeur de curé" à une époque où c'était une ligne de démarcation droite/gauche très nette, radical-socialiste ce qui était la "gauche" sous la 3e République, puis au RNP qui était censé être la "gauche" du Nouvel Ordre vichyste. Un "homme de gauche" anticommuniste (défenseur de la propriété, classe-moyenniste), "bleu" (républicain libéral, tocquevillien), ANTISÉMITE d'abord par antichristianisme (comme pouvait l'être un Anatole France par exemple... ou plus près de nous Dieudonné, qui est rappelons-le à la base un anti-religion farouche en mode "voltairien"), anti-antifasciste par pacifisme après la Grande Boucherie de 14-18 et chauvin en mode racialiste comme il y en avait des millions dans la première moitié du 20e siècle ; avant qu'être "de gauche" n'exclue bon nombre de ces choses, parfois remplacées par d'autres plus "respectables", comme l'islamophobie par exemple (là encore souvent sous couvert d'"anticléricalisme", on peut dire que le 'p''c''mlm' s'y connaît en la matière !). Il est à supposer qu'il n'était pas, non plus, spécialement gayfriendly (rappelons que même le PCF prônait encore dans les années 1970 l'hôpital psychiatrique pour les homosexuel-le-s) ni féministe (il se dit que le fameux Gwenn ha Du fut dessiné dans une maison close après une orgie mémorable). Un "na ruz na gwenn" ("ni rouge ni blanc"), slogan que l'on entend encore assez souvent en Bretagne dans un mouvement national bourgeois se voulant souvent "centriste" ; un de ces insupportables "esprits libres" made in Lumières qui "pensent comme bon leur semble" et que l'on ne "fera pas rentrer dans une case idéologique"... Pas de gros "mensonge" de l'UDB, donc, si l'on replace les notions de "droite" et de "gauche" dans le référentiel historique de la période dont on parle. Tel était Morvan Marchal : ni meilleur ni pire que bien de ses contemporains défenseurs de la "Nation française, patrie des Lumières" et de la "République une et indivisible", mais version breizhou et non BBR ; loin de vouloir revenir à la chevalerie et aux corporations médiévales et encore moins au clan celtique des temps arthuriens (500 après Jésus-Christ), bien loin, en un mot, du délire des "materialistes.com". Mais forcément, quand on base toute sa démonstration sur l'existence d'une "Nation française" qui serait le "produit de l'humanisme et des Lumières" et sur l'inexistence de la Nation bretonne dont l'affirmation serait un "rejet" de cela... ça la fout mal de montrer que les Lumières, Maurice/Morvan Marchal en était un pur produit !

euskadi komunistaOn remarquera qu'exactement le même type d'article aurait pu être écrit au sujet du drapeau basque (ikurriña), dessiné en 1894 (à partir des couleurs "traditionnelles" basques, en particulier de la province de Biscaye***) par Sabino Arana Goiri : un personnage complexe, aux conceptions radicalement catho-conservatrices (évidentes dans les croix sur le drapeau) et racialistes (Basques "purs" contre Espagnols "métissés-dégénérés"), mais capable en même temps de féliciter les Cubains et les Philippins pour leur guerre d'indépendance contre l'Espagne, ou même... de prendre la défense des Hottentots d'Afrique australe pendant la Guerre des Boers, à une époque où personne n'en avait strictement rien à foutre. Ce n'est d'ailleurs pas seulement que l'on "pourrait" attaquer de la sorte l'ikurriña : ON PEUT, et toute une "gauche" voire un "communisme" espagnoliste, outre-Pyrénées, ne s'en prive pas !

En réalité, le drapeau basque et le MLNV (mouvement de libération nationale) dont il est l'emblème sont un PARFAIT EXEMPLE de la TRANSFORMATION D'UNE CHOSE EN SON CONTRAIRE, en l'occurrence d'une résistance nationale réactionnaire-passéiste en mouvement révolutionnaire de libération (ce que le MLNV était, en tout cas, des années 1960 jusqu'à la fin du siècle, avant de devenir en majorité réformiste), sous l'effet de ses contradictions de classe internes (passage d'une hégémonie bourgeoise et paysanne-propriétaire à une hégémonie ouvrière-populaire). Dans le "sens inverse", de l'émancipateur vers l'oppresseur, du progressiste vers le réactionnaire, les drapeaux rouges de l'URSS entrant en Hongrie (1956), en Tchécoslovaquie (1968) ou en Afghanistan (1979) et de la Chine "populaire" ultra-capitaliste d'aujourd'hui nous semblent être des exemples indépassables. Dialectique-dialectique, quand tu nous tiens... ou pas ! 

Strollad komunour breizhAlors, REPRENONS DU DÉBUT : il y a un Emsav breton depuis 120 ans, réaffirmation d'un Peuple nié par l’État français depuis plus de 5 siècles. Il y a un Emsav "progressiste", "moderne", rejetant les "chouanneries" passéistes et autres celtouillades racialistes depuis autant de temps ; malheureusement dominé pendant les trois premiers quarts de siècle par les tendances réactionnaires et (dans les années 1920-30) fascistes-racialistes, mais DOMINANT depuis les années 1960 et encore aujourd'hui, malgré un regain des courants d'extrême-droite dans le contexte hexagonal de montée du fascisme. Il n'y a pas d'Emsav assumant et inscrivant son combat dans la GUERRE POPULAIRE hexagonale dont les Périphéries, comme la Bretagne, sont les "campagnes" et les Centres, en premier lieu celui du pouvoir centraliste parisien, les "villes" à encercler et un jour prendre ; mais nous savons que cela viendra car telle est la tendance historique inéluctable, selon notre analyse qui est JUSTE en l'absence (à ce jour) d'une quelconque démonstration sérieuse du contraire ; et nous espérons, nous communistes révolutionnaires d'Occitània, y aider par notre exemple les camarades révolutionnaires bretons. Il y avait il y a 10 ans un PCMLM qui, a minima, reconnaissait ces faits et tentait de les analyser en termes marxistes (Manuel d’Économie Politique****). Il y a aujourd'hui, comme nous l'avons bien compris (et dit) depuis notre expulsion (suivie de peu par le coup d'envoi de Servir le Peuple) de leur forum "antifasciste" où nous étions venus porter le débat franc et ouvert (et qui passait plus de temps à dénoncer le "racisme anti-blancs", les affreux mangeurs de kebabs et de McDo halal ou pas, le reste de l'extrême-gauche "NR" et "antisémite" et les "z'islamiiiistes" ou les régimes réformistes sud-américains qu'autre chose), un groupuscule intellectualoïde aux abois qui dès que le vent de la remise en cause de l'ordre établi se lève, se replie en invoquant "l'orthodoxie" sur les positions les plus conservatrices qui soient, qualifiant la question bretonne de "mythe" et, systématiquement, tout mouvement populaire réel de "mythe mobilisateur à la Georges Sorel", "populisme", "poujadisme", "anticapitalisme romantique suintant le fascisme", "existentialisme" ou encore "post-modernisme décadent". CQFD.

Le rôle des communistes est de prendre le réel TEL QU'IL EST pour le transformer. Il n'est pas de passer leur temps à pourfendre un réel qui ne correspond pas à l'idéal de "pureté" qu'ils s'en font.

Lire ici la prise de parole de la Gauche Indépendantiste (Breizhistance) à la manifestation de Carhaix samedi.


breizh gwenhadu komunour


[* En tout cas, nous ne savons pas qui a pris ces photos, mais aller dénicher de telles "perles" au milieu d'un rassemblement de 30.000 personnes montre une volonté méthodique de jeter le discrédit sur un mouvement qui (pour les raisons que nous avons expliquées) dérange, par sa volonté affirmée de "Vivre, travailler et décider au pays" (mettant sur ce mot d'ordre un Breton sur cent dans la rue, l'équivalent de 660.000 personnes au niveau "français" !), autrement dit de ne plus être des pions du Capital, ce qui n'a qu'une seule traduction communiste : la COMMUNE POPULAIRE - le problème ici n'étant pas les réponses, erronées ou même réactionnaires, qu'apporte le mouvement, mais le simple fait de poser la question. Le même méthodisme est observé depuis plusieurs années envers les manifestations de soutien à la Palestine (qui sont tout simplement les seuls rassemblements anti-impérialistes conséquents en Hexagone, les seuls mobilisant réellement les masses populaires et en particulier les "indigènes intérieurs"). Il est généralement l’œuvre d'éléments "antifas" qui semblent faire totalement partie de l'aile "gauche" de l'Armée idéologique du Capital. Ces images (nous ne tomberons pas dans le conspirationnisme) sont authentiques ; pour autant, nous VOYONS ET PASSONS au-delà car LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP : nous préférons 100 fois un rassemblement POPULAIRE avec de telles "ratures" qu'un rassemblement "parfait" de bureaucrates syndicaux ou de bobos intellectuels, sans même parler de ceux qui n'existent que sur internet !]

[** Le PNB adoptera pour sa part la Kroaz Du (emblème chrétien) surmontée du triskell (emblème païen celtique), symbolique reprise aujourd'hui par Adsav. Une partie de l'extrême-droite locale mène d'ailleurs campagne ‎ pour la réaffirmation de la Kroaz Du contre le Gwenn ha Du du "franc-maçon Marchal".

Ce dernier aurait également signé en 1938 un étrange "Manifeste des Bretons fédéralistes" affirmant notamment "l'impérieux devoir de regrouper ceux de nos compatriotes qui ne veulent pas confondre Bretagne et Église, Bretagne et réaction, Bretagne et parti-pris puéril anti-français, Bretagne et capital, et encore moins Bretagne et racisme"...]

[*** L'inspiration est ici clairement l'Union Jack britannique... Or il est notoire que si un solide capitalisme basque s'est développé au 19e siècle, c'est en lien étroit avec la Grande-Bretagne : globalement c'est tout le Nord atlantique de la péninsule qui était dans l'orbite économique de Londres, dans un Royaume d'Espagne principalement sous tutelle française. Le reflet des contradictions inter-impérialistes, qui sous-tendent tous les mouvements nationaux de l'époque, dans la symbolique de ces derniers apparaît ici nettement. Si par exemple le nationalisme irlandais adopte (au milieu du 19e siècle) un drapeau tricolore à bandes verticales c'est parce que la France est alors vue comme l'alliée "naturelle", puissance à la fois républicaine, majoritairement catholique et ennemie héréditaire de l'Angleterre, qui envoya un contingent (général Humbert) appuyer Wolfe Tone en 1798. De même, dans les couleurs (bleu, rouge et blanc) ou dans la forme (bandes horizontales de couleurs différentes) se dénote l'influence russe dans les drapeaux slaves (serbe et yougoslaves en général, tchèque, slovaque, bulgare) d'Europe de l'Est, nations dont la Russie appuyait la lutte contre l'Autriche-Hongrie ou les Ottomans ; tandis que le drapeau roumain montre les liens historiques de ce pays avec l'impérialisme français ; etc. etc.]

[**** Ici un florilège de passages absolument ÉDIFIANTS, à mettre en parallèle avec la position actuelle pour mesurer combien le PIRE RÉVISIONNISME anti-peuples, tel que dénoncé par Ibrahim Kaypakkaya dans l’État turc, a pris le contrôle du 'p''c''mlm' :
Après la conquête romaine suit la conquête bretonne. Venus de Grande-Bretagne, les Bretons dépossédés de leurs terres par les Angles et les Saxons viennent s'installer en Armorique. (...) Cette invasion apporta avec elle le christianisme ; les noms des principaux chefs religieux donnant le nom des principales villes après que ceux-ci aient largement développé l'organisation religieuse. (...) Cette phase marque le début de la formation de la nation bretonne ; elle est particulièrement marquée par le développement de la culture populaire (contes et légendes, etc.).
(...) Cette phase va être particulièrement marquée par la lutte contre les Francs, lutte qui va sceller le parcours politique et économique de la Bretagne. La Bretagne était divisée politiquement en principautés ; la lutte contre les autres peuples va permettre l'unité.
(...) Puis, profitant des rivalités de la féodalité bretonne, les Plantagenêts, qui dominaient l'Angleterre, dominèrent de manière éphémère la Bretagne (1148-1203). Cette défaite scelle la délimitation historique de la " petite Bretagne " ; elle détermine sa géographie. Ce moment marque le développement totalement autonome de la féodalité bretonne, le développement de son économie et ainsi sa formation définitive en nation. Les réactionnaires nient ce moment ; ils considèrent que la Bretagne est "celte", niant ses caractères nationaux propres, montrant que leur concept de Bretagne est un prétexte à une idéologie agressive.
(...) L'histoire de la Bretagne se joue par la suite précisément à ce moment où la féodalité doit se stabiliser afin de permettre un développement continu de l’État. Ce moment est historiquement difficile pour les petites nations, puisque les grandes nations envahissent le pays ou soudoient des éléments féodaux pour s'approprier des territoires. (...) Mais la victoire de la France ne mit pas fin à l'existence de la Bretagne, qui continua la lutte contre la France qui dut reconnaître son existence en tant que duché. (...) Le duché de Bretagne connut alors un développement économique, politiquement plutôt indépendant tout en étant tiraillé par l'Angleterre et la France. Un siècle plus tard, les manœuvres de la France amenèrent une bataille à Saint-Aubin-du-Cormier où l'armée bretonne fut écrasée le 28 juillet 1488. Cette défaite décisive aboutit au traité du Verger par lequel le duc s'engagea à ne pas marier ses filles sans le consentement du roi de France.
(...) Cette phase historique est caractéristique de celle des petites nations où la féodalité a su se stabiliser et se développer mais où l’État n'a pas pu affronter des États plus puissants. Mais la faiblesse de l’État ne remet pas en cause l'existence de la nation bretonne.
Ce qui est écrit là est incroyablement juste, nous pourrions le signer des deux mains... Et aujourd'hui qu'avons-nous ? Des petits inquisiteurs "rouges", de petits Guillaume Arnaud et Bernard Gui pour qui l'"orthodoxie matérialiste" a remplacé le Saint Dogme catholique romain et à qui nous ferons, s'ils veulent encore une fois NIER LES PEUPLES D'HEXAGONE (pour en faire de la chair à usine de leur capitalisme "rouge"), une "conduite d'Avignonet" (village du Lauragais où en 1242 sept inquisiteurs dont Guillaume Arnaud, de cette Gestapo médiévale qui hérissait notre Occitanie de bûchers, furent surpris dans leur sommeil par les faidits - petits nobles occitans expropriés par les envahisseurs francs - de Ramon d'Alfaro et Pierre-Roger Bélissen de Mirepoix : réveillés en sursaut, ils n'eurent guère que le temps d'une dernière prière avant d'avoir le crâne pulvérisé à coups de masses d'arme. Mirepoix, qui commandait l'opération à distance et avait demandé qu'on lui ramène le crâne d'Arnaud pour en faire une coupe, se verra répondre dépité qu'il n'en restait plus rien... Dans le même esprit mais quelques siècles plus tard, on peut encore citer l'exécution de l'abbé du Chayla par les Camisards au Pont-de-Montvert en 1702).]

 

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12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 08:37

Retrouver l'article en bon état ici : "Esclave", "identitaire", "Chouan", "cul-terreux" arriéré de service : pour paraphraser Césaire, "n'allez pas le répéter, mais LE BRETON VOUS EMMERDE''

 

breizh gwenhadu komunourComme il fallait s'y attendre (bien que nous ayons apparemment été les seuls), cela n'a pas loupé. Il n'aura pas fallu beaucoup plus que quelques gwenn ha du (le fameux drapeau national) hissés bien haut, quelques slogans dans cet horrible baragouin (bara ha gwin = pain et vin) de brezhoneg et des bonnets rouges évoquant une révolte de 1675 contre le centralisme franchimand du bon Roi Soleil pour voir (re)surgir tous les stéréotypes, toutes les caricatures et les insultes contre le Peuple (ouvriers, employés, petits paysans, indépendants ou micro-employeurs) de Bretagne. Le Breton de 1913, de la 3e République du "petit père" Combes et du "tigre" Clemenceau, était un cul-terreux bigot défilant en procession, cierge et crucifix en main, derrière son curé et son châtelain. Le Breton de 2013 est un "esclave" défilant bonnet rouge sur la tête et gwenn ha du au vent (porté par un cochon) sous les vociférations de son patron-du-Medef-anti-écotaxe. Dans les deux cas, un abruti incapable de la moindre conscience autonome de ses intérêts de classe.

Et puis bien sûr, pour les un-peu-plus "culturés", il faut bien que le sempiternel argument sorte : les "identitaires régionalistes" qui manifestent à Quimper sous les gwenn ha du sont les z'héritiers des z'horribles nationaliiiistes du PNBééé, qui pendant la Seconde Guerre mondiale combattirent la Sainte République et le Saint Progrès sous l'uniforme hitlérien.

L'histoire de la Bretagne, nous l'avons plusieurs fois abordée dans nos études sur la construction de la Prison des Peuples "France" : celle d'une PROVINCE ; ce qui à l'époque (avant Villers-Cotterêts) où le latin était la langue officielle voulait dire ce que cela voulait dire : provincia, de pro (précédemment) vincere (vaincre), "pays précédemment vaincu", pays conquis ; bref, une Périphérie. Sous l'Ancien Régime, elle bénéficiait de cette autonomie que d'aucuns réclament aujourd'hui, avec sa propre assemblée représentant les classes possédantes (les États, siégeant dans différentes villes car non-permanents) et sa propre Cour suprême de justice (le Parlement, à Rennes), ce qui ne l'empêchait pas d'être déjà écrasée de misère et d'arbitraire[1], ses miséreux et prostituées des ports étant notamment raflés en masse pour être expédiés en "Nouvelle-France" (Canada) ou aux Caraïbes ; c'est ainsi qu'éclatera en 1675 la fameuse révolte des Bonnets rouges à laquelle il est fait référence aujourd'hui, contre une énième taxe tombant dans un contexte de grandes difficultés économiques.

En 1789-90, le nouvel État de la bourgeoisie seule la transformera en cinq départements, les députés bretons à la Constituante prévoyant une consultation des États provinciaux... qui ne seront jamais réunis, puisque abolis comme "privilèges locaux". La 1ère République jacobine (1793-94) "ratera" l'alliance ouvrière-paysanne ou plutôt, pour être exact, telle ne fut jamais son intention puisque la "manip" consistait justement, pour la bourgeoisie "centrale" francilienne, à reprendre la main en s'appuyant sur une démagogie "sociale" en direction du petit peuple de Paris (rien n'a bien changé avec les jacobins actuels, Mélenchon en tête...) puis à en éliminer les promoteurs une fois la tâche accomplie (Thermidor)[2]. Campagnes parmi les plus pauvres d'Hexagone (terres de bocage aux sols acides), les provinces de Bretagne (surtout la Haute-Bretagne, la Bretagne gallo), du Maine et du Bas-Poitou (Vendée), déjà échaudées par la politique anti-catholique sectaire de la Convention (l'Église jouait alors un rôle considérable d'"amortisseur social" et de "confidente" des misères du petit peuple paysan - une bonne réflexion sur ce catholicisme populaire armoricain se trouve dans l'ouvrage d’Émile Masson au chapitre IV "Foi") et soumises à l'arrogance des nouveaux riches "racheteurs" de biens seigneuriaux, se soulèveront contre la conscription en masse de 300.000 jeunes hommes à l'approche de la belle saison et des travaux des champs, tandis qu'une crise alimentaire guettait. Ce soulèvement, sans autre idéologie que le vendee-massacre-secherrefus du rouleau compresseur de l'État capitaliste triomphant sur la société traditionnelle (mouvement d'arrière-garde donc), mit à sa tête des nobles royalistes et autonomistes ou des religieux réfractaires à la Constitution civile du clergé (les uns comme les autres ayant peu émigré, forcément, vu la distance des frontières) mais aussi - apparemment - des membres des loges maçonniques locales qui furent, dit-on, de véritables "viviers de Chouans" : des BOURGEOIS donc, ou en tout cas des aristocrates et des religieux "modernes", pas des gens vivant au milieu des vieilles armures, des hallebardes et des toiles d'araignées... N'oublions pas que les "élites" locales, si elles pouvaient être libérales voire républicaines, étaient également (très généralement) fédéralistes, fortement anti-centralistes : ainsi le marquis de La Rouërie, monarchiste libéral et franc-maçon, héros de la guerre d'indépendance américaine et fervent partisan de 1789, fondera deux ans plus tard (1791) l'Association bretonne pour défendre l'autonomie de la "province" liquidée par la départementalisation - cette association est considérée par les historiens comme une matrice de la Chouannerie. Sa vision de la nouvelle France constitutionnelle et "éclairée" était plutôt celle d'une fédération des anciennes provinces avec leurs "États" (institutions propres), à la manière de ces États d'Amérique qu'il venait d'aider à se séparer de la Couronne britannique...

Et par ailleurs (au demeurant), lorsque ces Chouans et autres Vendéens défendaient bec et ongles "leurs" nobles locaux et "leur" Église (une Église indépendante, "non-jureuse"), était-ce vraiment par "obscurantisme" et par amour de la taille, du cens et de la dîme... ou n'était-ce pas plutôt par attachement à ce qui était vu comme des contre-pouvoirs face à un  État central qui (les institutions provinciales dissoutes) semblait s'annoncer tout-puissant (et allait effectivement le devenir avec Bonaparte quelques années plus tard) ? C'est bien la deuxième réponse qui s'impose à tout raisonnement sensé : la quête (faute d'établir soi-même un Pouvoir du Peuple) de contre-pouvoirs face au Capital triomphant ; le même genre de contre-pouvoirs que les sans-culottes parisiens voyaient (sans doute) dans leurs "sections" et dans la (première) Commune de Paris... CQFD.

[Au sujet de toute cette "problématique bretonne" durant la "révolution" bourgeoise "française", un bon résumé ici http://breizhcb.free.fr/fr.htm#B12a ou encore ici http://ablogjeanfloch.over-blog.com/article-29966859.html ; lire aussi ici au sujet de l'analyse "socio-économique" du phénomène chouano-vendéen : "Au début des années 1950, Marcel Faucheux montre que les causes profondes de l’insurrection sont à chercher bien au-delà de la constitution civile du clergé, de l'exécution de Louis XVI ou de la levée en masse, et qu'elles doivent être reliées à ce qu’il nomme le « paupérisme vendéen ». La Révolution n'a pas su satisfaire les espérances engendrées par la convocation des États généraux en 1789 : les métayers, majoritaires en Vendée, ne bénéficient pas de l’abolition des droits féodaux, qui sont rachetables (jusqu'en 1793), les biens nationaux profitent essentiellement aux bourgeois et aux marchands. À partir de là, le bouleversement des structures sociales traditionnelles, la réforme autoritaire du clergé et la levée en masse constituent tout au plus l’étincelle qui a provoqué l'explosion d'un mécontentement plus ancien. Se fondant sur l'analyse détaillée de la Sarthe, Paul Bois approfondit la question, en mettant en valeur la haine qui oppose alors le paysan au bourgeois et montre l’existence d’un profond clivage social entre urbains et ruraux, très antérieur à la Révolution, qui constitue l'une des causes majeures du soulèvement." (...) "Ces travaux ont été largement confirmés par les travaux du sociologue américain Charles Tilly, pour qui la croissance des villes françaises du XVIIIe siècle, l'agressivité économique de celles-ci et leur tendance à accaparer le pouvoir politique local ont suscité des résistances et des haines paysannes, dont l'insurrection vendéenne n'est qu'un exemple exacerbé." (...) "De son côté, Albert Soboul décrit des masses paysannes dans la gêne, prédisposées « à se dresser contre les bourgeois, très souvent fermiers généraux en ce pays de métayage, négociants en grains et acquéreurs de biens nationaux », (...) enfin l'assimilation, par les paysans, du tirage au sort pour la levée des 300 000 hommes à la milice, institution de l'Ancien Régime particulièrement honnie. S'il considère que « le caractère simultané du soulèvement autorise à penser qu'il fut concerté », il explique que les paysans « n'étaient ni royalistes, ni partisans de l'Ancien Régime » et que les nobles furent d'abord surpris par le soulèvement, avant de l'exploiter à leurs fins." (...) "Plus récemment, Jean-Clément Martin a indiqué que, si les paysans sont passés à la Contre-révolution, selon les provinces, pour des raisons très diverses, y compris entre les différentes zones de la Vendée, les mots d'ordre religieux et de la défense communautaire leur sont communs. Ces mots d'ordre sont dus au maintien du poids des impôts et des fermages, à l'aggravation du sort des métayers, à l'incapacité des petites élites rurales à acheter des biens nationaux, accaparés par les élites urbaines, à la perte de l'autonomie des petites communes rurales face aux bourgs, où sont installés les pouvoirs politique (le district) et économique, aux atteintes de la Constitution civile du clergé aux libertés des communautés, qui défendent leur prêtre et leurs cérémonies religieuses. Les tensions montent jusqu'en mars 1793, sans trouver d'exutoire, quand la levée en masse fournit l'occasion aux communautés de s'unir contre les agents de l'État, dans un mouvement qui renvoie aux jacqueries traditionnelles, et de former des bandes à la tête desquelles les élites locales sont placées, de plus ou moins bon gré"...]

[Ou encore : "La bourgeoisie qui, dans l'ensemble français, est parvenue à faire la jonction avec les paysans contre la féodalité, échoue en Bretagne : elle se heurte à la jonction révolte paysanne/ contre-révolution aristocratique. (...) La résistance contre-révolutionnaire des Chouans (l'échec de la bourgeoisie à séparer les paysans de l'aristocratie) ne résulte-t-elle pas de la volonté même des fractions dirigeantes de la bourgeoisie (avant Thermidor et surtout après) de ne pas soutenir une révolution paysanne radicale dont les germes existaient ? Dans ce cas, n'est-il pas unilatéral de qualifier la Chouannerie de contre-révolutionnaire ? L'analogie avec les Tchèques et les Croates n'attendant rien de la révolution bourgeoise (autrichienne) timorée de 1848 ne s'impose-t-elle pas ?

Enfin, soit, on ne refera pas la Révolution française. On ne peut que constater la carence de l'embryon de prolétariat, carence qui découlait de l'immaturité objective des rapports capitalistes de l'époque. Ce prolétariat, malgré son courage, a été écrasé par la bourgeoisie et n'a pas réussi à faire le pont avec les paysans pauvres de Bretagne." - Samir Amin, "Le développement inégal et la question nationale", 1979.]

C'est donc là que s'illustreront - dans l'horreur - les tristement célèbres Westermann, Turreau et ses "colonnes infernales", Kléber qui "s'illustrera" notamment à Clisson ou encore Carrier (un Oncle Tom occitan, auvergnat) le noyeur de Nantes : le premier sera guillotiné avec les dantonistes en avril 1794, mais le second poursuivra une brillante carrière militaire sous le Directoire, l'Empire et même la Restauration jusqu'à sa mort en 1816 ; le troisième sera "repêché" par Bonaparte et le suivra en Égypte où il tombera en 1800 sous les coups d'un  moudjahidine  ; tandis que le dernier votera la mort de Robespierre le 27 juillet (9 thermidor) 1794 mais sera rattrapé par son "dossier" (et d'autres massacreurs tels Fouché, futur "premier flic" de Napoléon, soucieux de se "blanchir" ainsi), et exécuté en décembre de la même année. Au total (Bretagne, Bas-Poitou, Anjou, Maine), les estimations vont de 100/150.000 à 380.000 (général Hoche en 1796) personnes tuées, principalement en "Vendée militaire" (ne comptant de Bretagne que la Loire-Atlantique) mais aussi beaucoup en "Chouannerie" (Nord de l'Anjou, Mayenne et Haute-Bretagne), dont 20 à 25% de républicains victimes des insurgés et le reste (donc) victime de la répression.

Le macabre décompte, on s'en doute, a été dès l'époque et reste encore aujourd'hui ultra-politisé, puisque pour toute une droite (pas forcément extrême et pas forcément, aujourd'hui et depuis un gros siècle, monarchiste) il s'agit là d'un "génocide" perpétré par la "République maçonnique" et son "fanatisme égalitaire", preuve de "l'essence criminelle (ou "satanique") de la gauche" (et/ou "de la République") et préfigurant les "totalitarismes du 20e siècle", "de Staline à Mao en passant par Hitler". Un point de vue bien entendu complètement ridicule puisque nous venons de voir (juste ci-dessus) l'appartenance à la franc-maçonnerie, la participation à la Révolution américaine et l'enthousiasme pour 1789 de bon nombre d'initiateurs du mouvement chouan comme La Rouërie (des "hommes de gauche" pour l'époque, donc) ; ceci sans même parler de la responsabilité (consciencieusement oblitérée du discours on s'en doute...) de la droite dure de l'époque, l’Émigration de Coblence, dans le "génocide" de ces "gueux" et de ces petits bourgeois (et même de ces nobliaux périphériques armoricains) dont elle avait fait sa chair à canon et pour lesquels elle n'avait pas "subitement" plus de considération qu'avant 1789... Le clivage principal n'était pas là, mais entre une bourgeoisie parisienne (et affiliée) centralisatrice et des élites locales autonomistes. Et puis ce n'est pas vraiment non plus comme si des crimes de masse tout à fait comparables n'avaient pas été le lot de la "pacification" de la Corse sous Louis XV et Louis XVI (gouvernorat de Marbeuf, 1768-86), du "Midi" occitan et en particulier des Cévennes ou encore de la Bretagne (révolte de 1675) sous Louis XIV, de la Franche-Comté  (population réduite de  plus de 60% !) ou encore des terres occitanes de "croquandage" et des places-fortes protestantes du "Midi" sous Louis XIII et Richelieu ; ceci sans remonter (par pure charité) aux conquêtes du Moyen Âge : si l'objectif est d'opposer une (bonne) France d'Ancien Régime "éternelle et chrétienne" ("fille aînée de l’Église") au "premier des totalitarismes gauchistes, produit automatique de l'idéologie égalitaire", c'est pour le moins raté... Le centralisme français oppresseur et assassin qui "commencerait" avec l'"apostasie nationale" de 1789, voilà sans doute la meilleure blague entendue au cours des deux derniers siècles !

170px-Carrefour_des_chats.jpgCes exactions ulcéreront jusqu'à Robespierre lui-même, dont l'apogée du pouvoir (avril-juillet 1794) verra d'ailleurs une accalmie et le rappel à Paris des principaux massacreurs de "province" (les Carrier, Fouché, Collot, Barras, FréronDumont et autres Tallien, qui deviendront les principaux artisans de Thermidor et souvent les "réacteurs" anti-jacobins suprêmes par la suite) ; tandis que le "premier communiste" Gracchus Babeuf se fendra (après Thermidor) d'un brûlot pour dénoncer le "système de dépopulation" (ou "populicide") dans les "départements de l'Ouest" (ce pamphlet aurait été, cependant, notoirement encouragé par Fouché pour "charger" Carrier)... En réalité, la Bretagne et les régions avoisinantes auront expérimenté très précocement ce que peut être l'aspect antipopulaire d'une révolution bourgeoise. Seuls des matérialistes conséquents peuvent saisir toute l'ambivalence dialectique de ce phénomène, "réactionnaire" puisque s'opposant à une "révolution" bourgeoise, aux "Lumières" et au "progrès" (quoique, comme on l'a vu...), mais AUSSI résistance POPULAIRE et nationale face à la bourgeoisie triomphante, à son mépris du Peuple et à son suprématisme centraliste parisien ; un phénomène finalement très comparable au carlisme basque ou au jacobitisme écossais et irlandais.

[Lire : http://partage-le.com/2018/10/linvention-du-capitalisme-comment-des-paysans-autosuffisants-ont-ete-changes-en-esclaves-salaries-pour-lindustrie-par-yasha-levine]

La Bretagne deviendra ensuite, au 19e siècle (l'économie locale étant vouée à être misérable), un grand réservoir de force de travail pour Paris et autres grands centres (on estime ainsi qu'un demi-million de Breton-ne-s émigreront rien qu'entre 1871 et 1911) dont leur propre capitale historique, la très francisée Nantes où ils ne sont pas franchement bien accueillis ; de chair à canon pour les guerres... et aussi de sabreurs contre le mouvement ouvrier naissant ; le paysan breton, misérable mais gardant (on l'a vu) un très noir souvenir de la "révolution", fermement encadré par son curé catholique et son châtelain royaliste, étant réputé "blanc", farouchement conservateur, encore que ce soit à relativiser - ainsi trois départements sur cinq (Finistère, Ille-et-Vilaine et Côtes d'Armor) donnent-ils déjà des scores honnêtes (entre 20 et 40%) aux listes démocrates-socialistes lors des élections législatives de 1849 (époque à laquelle, par ailleurs, le malouin Lamennais commence à réconcilier la pensée catholique avec les idées de liberté et même d'un certain démocratisme radical voire socialisant...).

[Samir Amin : "Les restaurations qui suivent 1793 opèrent un compromis : elles laissent l'hégémonie en Bretagne au bloc rural (aristocratie et paysans), à condition que celui-ci accepte à l'échelle française l'hégémonie de la haute bourgeoisie (parisienne, s'entend). Pendant un siècle fonctionne de la sorte une alliance de classes particulière. À l'échelon breton, le bloc rural (les Blancs) domine, isolant le bloc urbain constitué des Bleus (la bourgeoisie locale) et des Rouges (la petite bourgeoisie locale). L'hégémonie de la bourgeoisie industrielle à l'échelle française aide et contraint en même temps la propriété rurale aristocratique à se moderniser (produire pour le marché, s'équiper, etc.). Celle-ci le fait sans perdre le leadership rural qui fonctionne au plan idéologique grâce au Concordat, par des formules paternalistes (démocratie chrétienne etc.)."]

Les émigrés, devenus prolétaires à Paris, transmettent aux pays natal les idées nouvelles socialistes et dans les ports de commerce, militaires (Brest) ou de pêche (avec la petite industrie liée  - conserverie etc. - comme à Douarnenez), ou encore sur les chantiers navals (Saint-Nazaire) naissent des bastions "rouges" socialistes et (après 1920) communistes. Il règne cependant, dans ces bastions, un certain républicanisme francouille et un rejet de la langue et de la culture bretonne : dans sa construction de l'hégémonie intellectuelle et de la société civile socles de son pouvoir, l'État français a réussi le tour de force de faire de l'ouvrier breton un "privilégié" vis-à-vis de la grande masse de son Peuple restée paysanne (à mettre en relation avec l'accueil des migrants ruraux bas-bretons à Nantes, cf. lien plus haut). Comme le racontait il y a quelques années le chanteur brestois Miossec, pourtant pas vieux (né en 1964), "à Brest on ne parlait pas breton, c'était une ville ouvrière, rouge ; le breton c'était la langue des paysans de l'intérieur, cathos et réacs". De manière générale (hexagonale), ce jacobinisme ouvrier qui a tant infesté et infeste encore tant le mouvement socialiste, communiste comme anarchiste n'est en définitive rien d'autre que le résultat d'une formidable manœuvre de division du Peuple par le Pouvoir bourgeois ; division entre ouvriers et paysans, entre masses populaires urbaines et masses populaires rurales (qui étaient encore, rappelons-le, majoritaires en "France" à la veille de la Seconde Guerre mondiale) dans la droite ligne du sans-culottisme anti-rural de la "révolution" bourgeoise, dont le sieur Mélenchon ou la pathétique manif' du 2 novembre à Carhaix sont aujourd'hui les ultimes avatars...

bretagne.jpgPourtant, à la fin du 19e siècle va (enfin) surgir ce qui nous intéressera dans les paragraphes suivants : le mouvement politique appelé Emsav, "relèvement" ; autrement dit la réaffirmation d'être un PEUPLE face à l'État qui en est la prison, le centre de son oppression et de son exploitation. Si ce mouvement ne sera jamais réductible à une catégorie politique étroite et définitive, nous allons voir que son cheminement vers le majoritairement progressiste, disons-le en toute honnêteté, sera pour le moins tortueux (on pourrait cependant en dire autant du mouvement national basque, par exemple).

Le premier Emsav breton de la "Belle époque" (années 1890-1914) était extrêmement composite, avec des tendances socialistes et libertaires (Émile Masson et son Antée - Les Bretons et le Socialisme, Louis Napoléon Le Roux qui sera proche des républicains irlandais et contribuera en 1921 à La Bretagne libertaire avec Camille Le Mercier d'Erm) ou républicaines laïques et rad'-soc' (Anatole Le Braz, qui rejoindra plus tard les "Bleus de Bretagne") aussi bien que catholiques, traditionalistes et conservatrices. Ceci dit, le "côté chouan" de ce mouvement (alors représenté principalement par l'Union régionaliste, URB) a sans doute été largement exagéré par les radicaux "jacobins" de Paris, surtout que parmi la foule de ses revendications et de ses conceptions il y en avait une qui tendait à faire "dénominateur commun" : celle d'un développement économique autocentré de la Bretagne associé à une certaine idée d'"interceltisme" économique, autrement dit de liens économiques avec les Îles Britanniques : exportations agricoles vers celles-ci et importation de charbon gallois pour développer la sidérurgie en Bretagne, par exemple. Or, est-il utile de rappeler combien la Grande-Bretagne était à l'époque une grande rivale impérialiste planétaire de la "France" ? Bien plus tard, dans les années 1960, chahuté par des autonomistes lors d'une visite dans sa provincia d'outre-Couesnon, De Gaulle tiendra exactement le même discours : "à coup sûr, il y a les Anglais derrière tout cela"... CQFD. Depuis les entre-déchirements bourgeois de la Terreur, le "complot de l'étranger" est un thème récurrent de l'idéologie française.

Classiquement considérée comme la délimitation entre le 1er et le 2e Emsav, la Grande Boucherie de 14-18 jouera évidemment un rôle radical dans la prise de conscience progressiste en Bretagne : une saignée effroyable, autour de 150.000 morts soit 22% des mobilisés, peut-être plus du tiers (certains parlent de la moitié !) des jeunes hommes entre 18 et 35 ans... Or les rares oppositions à l'"Union sacrée" des bouchers se recruteront à cette époque plutôt à gauche de l'échiquier politique, du social-libéral Caillaux au mouvement anarchiste et syndicaliste-révolutionnaire, en passant par le socialiste Jaurès, les zimmerwaldiens etc. La droite "régionaliste" entamera son chemin vers le discrédit en se jetant dans la curée patriotarde. Ceci dit, un certain pacifisme même "de gauche" pourra aussi conduire, à l'approche de la guerre suivante, au rejet de l'antifascisme et finalement à la collaboration…

Force centrale et "matrice" du 2e Emsav, le Parti nationaliste breton (PNB) fondé en 1911[3] aura exactement la même multiplicité de courants de pensée. C'est que l'histoire tragique de la Bretagne au sein de l’État-prédateur français n'était absolument pas analysée, donc encore moins comprise. Le mouvement se voulait "Bretagne d'abord" (le fameux slogan "Breiz atao", qui deviendra en 1919 le nom du journal et du groupe militant constitué autour), apolitique et interclassiste ; si bien que chacun pouvait voir le "pic" de l'oppression anti-bretonne à l'époque qui l'arrangeait. Certains se souvenaient que sous l'Ancien Régime, la condition de la paysannerie et du petit peuple n'était guère rose tandis que les aristocrates bretons se pavanaient à la Cour. Mais pour d'autres, châtelains, ecclésiastiques, bourgeois ou personnes sous leur influence, c'étaient clairement les exactions républicaines de 1793-94 ou encore les attaques du "petit père Combes" (l'un de ces nombreux occitans vendus à la "république" bourgeoise monopoliste et patriotarde) contre le catéchisme en breton, au début du nouveau siècle, qui marquaient le sommet de la violence centraliste parisienne... Pour autant, des personnes très clairement à la gauche de la gauche étaient favorables à une "dé-périphérisation" politique et économique de la Bretagne et à la défense de la langue et de la culture populaire : on y comptait rien de moins que Marcel Cachin, natif du Goëlo (Paimpol, Côtes d'Armor), député socialiste puis communiste et directeur de L'Humanité de 1918 à sa mort (1958), ou encore l’instituteur Yann Sohier qui créera la revue Ar Falz ("la Faucille")... Et c'est au chant de L'Internationale que se clôture en 1928 à Châteaulin le premier congrès du Parti autonomiste (PAB, nom du "parti de l'Emsav" entre 1927 et 1931), qui s'affirme alors clairement sur une ligne de gauche et a le soutien du PC de Cachin. La scission de 1931 entre fédéralistes progressistes et nationalistes philo-fascistes (cf. ci-dessous) verra même l'apparition d'un éphémère "Parti national révolutionnaire" (PNRB) de tendance "bolchévique" - l'essentiel, en fait, de la section Trégor-Goélo (terre "rougeoyante" de longue date, terre de Cachin) du PAB.

Globalement, si l'on analyse les choses en termes de tendance, c'est donc plutôt une évolution vers la gauche qui caractérise la grosse décennie suivant la Première Guerre mondiale ; tandis que de son côté, le PCF s'efforce d'appliquer scrupuleusement les principes kominterniens de 1919 sur le droit à l'autodétermination. Mais dans les années 1930 le mouvement Breiz Atao va précisément éclater sur la question du rapport à l'Allemagne nazie, qui se présentait alors (rappelons-le) comme "socialiste" (un "socialisme national") et que bon nombre commençaient à voir comme une "championne des nationalités d'Europe" face à des États négateurs dépeints comme "judéo-maçonniques" (qu'elle contribue à partir de 1936, dans la Péninsule ibérique, à écraser un formidable mouvement d'affirmation des nationalités réelles sur une ligne progressiste, avant de mettre tous les Peuples européens dans les chaînes du même esclavage ; et qu'elle représentât par ailleurs en Allemagne même le régime le plus centralisateur que celle-ci ait jamais connu ne changera hélas rien - chez beaucoup - à cet absurde raisonnement). Les éléments antifascistes et progressistes s'en éloignent (pour demeurer sur une ligne fédéraliste-autonomiste, anti-séparatiste) et ne resteront sous l'étiquette (refondant le PNB, Parti national breton, en 1931) que ceux qui - à des degrés divers - iront jusqu'aux tréfonds de la logique "l'ennemi de mon ennemi est mon ami" (pour ne strictement rien y gagner d'ailleurs, puisque du moment où Vichy se jettera dans la collaboration, le Reich marginalisera les nationalistes et tout juste seront accordées quelques "concessions" linguistico-culturelles et un vague projet de régionalisation du pays, d'ailleurs à l'origine de la fameuse amputation de la Loire-Atlantique). Il faut dire, et il faudrait être fou pour imaginer le contraire, qu'un siècle entier de propagande "blanche" réactionnaire et anti-républicaine en Bretagne n'avait pas pu ne pas durablement contaminer les esprits. La "révolution" de 1789 (restructuration radicale de l'État français, parachèvement de son œuvre centralisatrice) et la "république" bourgeoise, définitivement au pouvoir depuis 1870, étaient souvent vues comme l’œuvre de francs-maçons méditerranéens et de Juifs, conception des futurs pires kollabos tels Olier Mordrel, Célestin Lainé, Roparz Hemon ou François Debeauvais que l'on retrouvera aussi dans les propos anti-occitans du demi-breton Louis-Ferdinand Céline. La "race nordique" exaltée par les théories nazies (et leurs prémisses dès avant 1914) incluait bien évidemment les Celtes[4]. Il n'en fallait pas plus à certains pour passer de "l'ennemi de mon ennemi est mon ami" à une adhésion idéologique pure et simple.

À mesure, cependant, que la guerre tournait en défaveur de l'Allemagne et que celle-ci se jouait de ses revendications, une grande partie du mouvement se réfugiera dans l'inaction et certains même dans des actes de résistance (il a au demeurant existé dès 1940 une Résistance gaulliste issue des rangs régionalistes et autonomistes d'avant-guerre). Une autre partie choisira toutefois la fuite en avant et, après l'exécution de l'abbé nationaliste Perrot par des partisans antifascistes, formera la Bezen Perrot qui combattra sous l'uniforme nazi (elle ne comptera cependant jamais plus d'une centaine d'hommes...) face à des maquis FTP 100% bretonnants et sur une ligne "bretons et français", luttant comme dans le reste de l'Hexagone (non sans une certaine naïveté) pour "la République", "aux accents mêlés de la Marseillaise et de l'Internationale" etc. etc. Mais dans tous les cas, le rôle joué par le PNB dans la collaboration avec les crimes du nazisme sera totalement négligeable comparé à celui de l’État français et des ses politiciens et hauts fonctionnaires purs produits de la République et de sa "méritocratie", 100% républicains, jacobins et patriotes bleus-blancs-rouges et même - bien souvent - "de gauche" (comme le rad'-soc' René Bousquet) avant la guerre...

Après la Libération la direction du PNB prendra la poudre d'escampette, souvent vers l'Irlande où De Valera avait fait mettre... les drapeaux en berne pour la mort d'Hitler. Depuis son exil, elle diffusera la thèse d'une "collaboration limitée" suivie d'une "épuration sauvage" rappelant les colonnes infernales de Turreau. Version très exagérée certes, puisque non seulement - comme dans tout l'Hexagone - de très nombreux kollabos bénéficièrent de la protection d'anciens fonctionnaires vichystes passés (sur le tard) à la "France libre", mais aussi... tout simplement faute de charges puisque comme on l'a dit, à partir de 1941, c'est plutôt l'inactivité qui domine en dehors de la Bezen Perrot et de quelques feuilles de chou antisémites. Au total, une cinquantaine de nationalistes auraient été exécutés (plus ou moins sommairement) pour un mouvement qui, au début de l'Occupation, comptait dans les 2.000 à 3.000 adhérents et sympathisants actifs - beaucoup de ces "victimes", au demeurant, seraient en réalité des membres de la Bezen tombés au combat contre les FTP.

Strollad komunour breizhDes "vétérans" du PNB, comme Yann Goulet ou Yann Fouéré, prendront activement part au "3e Emsav" à partir de la fin des années 1950, dans le Mouvement pour l'Organisation de la Bretagne (MOB), sur une ligne "apolitique" mais - dit-on - "en réalité de droite". Cela dit, les notions de "droite" et de "gauche" exigent parfois de savoir de quoi l'on parle : être hostile à ce CANCER de la "gauche" hexagonale qu'est le jacobinisme, l'idéologie républicaine "une et indivisible", c'est être de droite ? Alors, nous qui écrivons ces lignes assumons volontiers l'être... Le fait est que lorsqu'à partir de 1960 il y aura une partie de la gauche hexagonale (notamment le PSU) pour faire un pas en direction de l'Emsav, c'est sans problème qu'il y aura une partie de celui-ci pour faire un pas vers la gauche, et c'est ainsi que naîtra l'Union démocratique bretonne (UDB) en 1964 ; suivie de toute une série d'organisations et d'initiatives progressistes et révolutionnaires comme le Comité révolutionnaire breton (CRB, 1969), "maoïsant"/"spontexoïde", qui deviendra le Parti communiste de Bretagne (Strollad Komunour Vreizh, drapeau ci-dessus) en 1971, Sklerijenn ("Clarté", issue de la gauche marxiste-léniniste de l'UDB, qui rejoindra le PCMLF en 1975), la revue Bretagne Rouge liée à la LCR locale ou Gwirionez - Vérité-Bretagne, publication proche de la Cause du Peuple, les Comités d'Action Bretons (CAB, 1972, socialistes autogestionnaires) ou encore Stourm Breizh (anarchiste) ; les deux derniers formant en 1975 un Front autonomiste socialiste autogestionnaire (FASAB) avec le Strollad ar Vro ("Parti du Pays"), pourtant "réputé de droite" (héritier direct du MOB) mais ayant également évolué vers la gauche... [Au sujet de toute cette époque, lire ce passionnant mémoire universitaire : Drapeaux rouges et Gwenn ha Du - L'extrême-gauche et la Bretagne dans les années 1970 (en PDF 1ère et 2e partie)]

Parallèlement, en termes de masses, la conscience populaire collective bretonne se "centrera" autour d'une démocratie-chrétienne de droite ou de gauche (cette dernière se traduisant dans un vote PS), la première majoritaire jusqu'aux années 1980 et la seconde ensuite, les grands ports restant les bastions socialo-communistes qu'ils étaient déjà au début du 20e siècle et le pays devenant aussi une terre de scores écologistes élevés (ici et ici), ce que les terribles marées noires de 1978 (Amoco Cadiz) et 1999 (Erika) ou la pollution aux algues vertes (due à l'élevage porcin intensif) expliquent sans doute, mais aussi la position très anti-centraliste du mouvement écolo (après la disparition du PSU en 1990, c'est aux Verts que l'UDB liera son destin). Le fondateur du mouvement des Paysans travailleurs (auteur du fameux slogan "plus jamais nous ne serons des Versaillais !"), Bernard Lambert, était lui-même originaire de Bretagne (Loire-Atlantique) ; ce qui illustre particulièrement bien cette évolution vers une gauche autogestionnaire et écolo d'une partie conséquente de la ruralité armoricaine et du "catholicisme politique" qui la structurait souvent à cette époque (JAC/MRJC, JOC, CFTC devenue majoritairement - en 1964 - CFDT) ; époque qui voit par ailleurs la population active agricole diminuer de 40% et la population ouvrière ou petite-employée augmenter d'autant, ces fils et filles de paysans devenu-e-s prolétaires se syndiquant surtout à la CFDT (qui n'avait alors rien à voir avec le syndicat de collaboration de classe qu'elle est devenue aujourd'hui) et se trouvant souvent en pointe du "mariage" entre luttes sociales et affirmation du Peuple breton périphérisé et nié (comme lors de la célèbre grève du Joint Français à Saint-Brieuc en 1972 - lire pages 56 à 60 du mémoire en lien ci-dessus).

[Encore une fois Amin : "Le développement capitaliste résultant de ce compromis (entre aristocratie bretonne et grande bourgeoisie parisienne, dans la précédente citation), s'accélérant à partir de 1914 et surtout de 1945, finit par faire voler en éclats les alliances qui l'ont fondé. L'industrie et l'apparition d'un prolétariat ouvrier détachent progressivement les héritiers des Rouges de leur dépendance traditionnelle à l'égard des Bleus, qui, de leur côté, font la paix devant le péril socialiste avec les Blancs (abandon de l'anticléricalisme). Dans les campagnes, le processus de modernisation accélère la désintégration du monde rural (émigration massive) et substitue à l'ancienne paysannerie, relativement fermée sur elle-même (polyculture d'autosubsistance), une petite propriété modernisée et spécialisée, fortement soumise à la domination du capital agro-industriel (domination formelle). La grande propriété capitaliste a perdu son importance politique comme moyen d'encadrement des paysans ; la prépondérance électorale passe aux zones urbaines ; l'alliance Blancs-Bleus se substitue à l'alliance Bleus-Rouges ; le capital industriel intervient directement dans l'économie des paysans sans passer par l'intermédiaire des aristocrates. De cette désintégration des vieilles alliances émerge le mouvement autonome de la petite paysannerie soumise à la domination formelle.

(…) Si nous sommes convaincus de la justesse de l'analyse des luttes de classes proposée par Yannick Guin (dont c’est l’analyse qui est citée jusque-là) et de leur articulation aux luttes nationales, nous ne sommes pas toujours convaincus par les conclusions qu’il en a tiré.

La résistance contre-révolutionnaire des Chouans (l'échec de la bourgeoisie à séparer les paysans de l'aristocratie) ne résulte-t-elle pas de la volonté même des fractions dirigeantes de la bourgeoisie (avant Thermidor et surtout après) de ne pas soutenir une révolution paysanne radicale dont les germes existaient ? Dans ce cas n'est-il pas unilatéral de qualifier la Chouannerie de contre-révolutionnaire ? L'analogie avec les Tchèques et les Croates n'attendant rien de la révolution bourgeoise (autrichienne) timorée de 1848 ne s'impose-t-elle pas ?

Enfin, soit, on ne refera pas la Révolution française. On ne peut que constater la carence de l'embryon de prolétariat, carence qui découlait de l'immaturité objective des rapports capitalistes de l'époque. Ce prolétariat, malgré son courage, a été écrasé par la bourgeoisie et n'a pas réussi à faire le pont avec les paysans pauvres de Bretagne.

Mais après ? Pourquoi de 1914 à nos jours les Rouges ne sont-ils pas parvenus à s'allier aux paysans pour les détacher de l'aristocratie embourgeoisée ? N'était-ce pas ce qui aurait dû être la stratégie du mouvement ouvrier ? Pourquoi celui-ci a-t-il laissé l'initiative à la bourgeoisie et s'est-il retrouvé gros-jean comme devant lorsque les Bleus l'ont abandonné pour aller retrouver les Blancs ?

Et lorsque les paysans, à leur tour abandonnés par les Blancs et entraînés dans le capitalisme, soumis à sa domination formelle, ont commencé à se révolter, n'était-ce pas la tâche du mouvement ouvrier de s'allier à eux, puisqu'il s'agit d'une lutte contre le capital ? Est-il correct de juger cette lutte perdue d'avance parce qu'elle irait contre le «développement des forces productives» ? La lutte de la classe ouvrière elle-même, en réduisant le profit, ne va-t-elle pas elle aussi contre l'accumulation maximale ? Est-ce le rôle des exploités de faciliter aux exploiteurs, par leur silence, la gestion d'un développement maximal des forces productives ?

Ne doit-on pas aussi regarder différemment le soutien de la petite bourgeoisie à cette révolte paysanne ? De quelle petite bourgeoisie s'agit-il ? De petits producteurs (artisans, commerçants) menacés par le Capital, ou de cette nouvelle petite bourgeoisie de travailleurs non manuels, employés prolétarisés, déjà exploités par le Capital ? S'il en est ainsi, son alliance avec les paysans (dont elle est de fait, en Bretagne… souvent issue !), désormais également exploités par le Capital n'est-elle pas juste ? Et pourquoi la classe ouvrière ne s'y joindrait-elle pas ?

Priorité au développement des forces productives ou à la lutte des classes ? La tâche du prolétariat est-elle de ne rien faire qui s'oppose objectivement au développement des forces productives ? N'est-ce pas là une manière sociale-démocrate de voir cette tâche ? Le prolétariat ne doit-il pas se moquer de cet objectif qui est celui des classes exploiteuses, et s'occuper exclusivement de mobiliser les contradictions dans ce développement pour constituer un bloc révolutionnaire efficace ?

La revendication de régionalisation peut-elle être considérée unilatéralement comme une stratégie nouvelle de la haute bourgeoisie ? Cette revendication, comme tant d'autres, n'est-elle pas ambivalente ? Elle peut certes être récupérée par la bourgeoisie, du moins si elle s'inscrit dans une stratégie globale sociale-démocrate ; mais ne peut-elle pas aussi être un levier de mobilisation anticapitaliste ?

L'idéologie bretonne aujourd'hui, même si hier elle a été au service du bloc agraire blanc aristocrates-paysans, peut-elle être qualifiée unilatéralement de réactionnaire dans les conditions de luttes anticapitalistes qui encadrent sa renaissance ? Pourquoi ? Parce qu'elle s'opposerait au développement des forces productives et au rouleau compresseur de l'homogénéisation culturelle qui n'est que la généralisation de l'idéologie bourgeoise de l’homo consumens universalis ? S'agit-il de réveiller un mort, ou un mourant (la langue bretonne) ; ou d'une protestation contre l'idéologie bourgeoise qui se cache derrière le rideau de fumée de l'universalisme ?"]

Aujourd'hui, dans la mouvance autonomiste et indépendantiste (confondue), le courant (de loin) le plus représentatif est l'UDB, sur une ligne politique proche des Verts donc. Avec Breizhistance, sur une ligne relativement proche du NPA, on peut dire que l'autonomisme/indépendantisme progressiste est clairement majoritaire. Suivent deux mouvements de centre-droit, le Parti breton (issu de l'aile "gauche" de l'ancien POBL, qui se voulait l'héritier - via le Strollad ar Vro - du MOB, l'aile droite ayant entre autres formé Adsav) et le tout récent Breizh Europa. Ils sont relativement groupusculaires, bien que bénéficiant de toute une armada médiatique (TV Breizh, magazine Bretons) dont le dénominateur commun est l'ancien PDG de TF1 (et cadre de Bouygues) Patrick Le Lay, ou d'autres grands entrepreneurs bretons. Depuis quelques années (d'autant plus avec l'actuel mouvement des Bonnets rouges...) et sur une ligne "centriste" se voulant (légèrement) plus à gauche, mais néanmoins (souvent) lié électoralement au PB, le Mouvement Bretagne et Progrès de Christian Troadec connaît un certain succès dans le centre de la péninsule, autour de son fief de Carhaix. Quant à l'extrême-droite (Adsav, Jeune Bretagne, Bloc identitaire), elle est tout comme le FN à un niveau bien inférieur à d'autres "régions" de l'Hexagone, bien loin derrière l'autonomisme ultra-réactionnaire alsacien (Alsace d'abord) par exemple, et de surcroît frappée par un lourd syndrome de division (Adsav étant plutôt indépendantiste et "Europe aux 100 drapeaux", Jeune Bretagne autonomiste et le Bloc sur la ligne identitaire hexagonale des "trois patries").

Il n'empêche que "le mal est fait" et que, tout comme jadis le souvenir de la Chouannerie était agité par la 3e République des égorgeurs des Communes, le souvenir du nationalisme kollabo de 1940-44 est aujourd'hui le disqualifiant jacobin absolu contre toute affirmation du Peuple breton ; et il y aura toujours assez - puisqu'à vrai dire 10 spécimens suffiraient ! - de petits fachos dans le mouvement pour que les jacobinards de tout poil s'écrient en chœur "Aaaaah, vous voyez bien !".

Ce qui est tout de même, disons-le bien, tragi-comique puisque nous avons affirmé dans notre Déclaration du 11 Novembre et réaffirmons sans souci que la France a fait Hitler, que la politique des bons républicains bleu-blanc-rouges Clemenceau et Poincaré entre 1919 et 1924, le Traité de Versailles, "l'Allemagne paiera", l'occupation de la Rhénanie et de la Ruhr, la misère indicible des Peuples allemands dans les années 1920, tout cela de concert a ouvert au nazisme un boulevard vers le pouvoir absolu. La "République" des monopoles reproche donc au PNB de s'être allié avec le monstre qu'elle a elle-même engendré : voilà qui est parfait !

Rappelons aussi que les accointances nazies dans les années 1930-40 devraient également, à ce jeu-là, disqualifier définitivement le droit à l'autodétermination du Peuple irlandais : certes il y eut des "rouges", des antifascistes conséquents combattant en Espagne dans la Brigade Connolly, mais il ne devrait pas être plus difficile d'en faire "l'exception confirmant la règle" que ça ne l'est pour Yann Sohier et ses amis d'Ar Falz. Le même principe devrait conduire à disqualifier le mouvement anti-impérialiste d'Inde (dont les maoïstes actuels...) au nom de Chandra Bose, la résistance palestinienne au nom du mufti Amin al-Husseini, les droits à la libération d'à-peu-près tous les peuples d'Asie-Pacifique qui ont pu voir à un moment donné avec sympathie le Japon éjecter leurs colonisateurs européens, etc. etc. Énormément de Peuples, soumis aux gigantesques Empires coloniaux français ou anglais, ont eu en leur sein des éléments qui ont pu voir, au seuil de "minuit dans le siècle", des "alliés objectifs" dans l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste ou le Japon expansionniste. Des puissances impérialistes réactionnaires dont on est en droit de se demander, parfois, si l'on en parlerait tant comme du Mal absolu aujourd'hui si elles n'avaient pas (pour l'Allemagne nazie) fait 99% de leurs victimes en Europe ou (pour le Japon) osé défier les Empires blancs ; si elles n'avaient génocidé que des "sauvages" (ou à la rigueur que des communistes slaves, des Juifs pauvres et des Rroms) comme les bons vieux Empires français, britannique, US etc. Il est à douter que le "point Godwin" existerait si tel avait été le cas... Mussolini ne dérangeait pas grand monde quand il gazait les Éthiopiens et autres Libyens (aujourd'hui encore, on entendra souvent dire que le fascisme italien n'a "pas fait beaucoup de morts"... du fait qu'il n'en a pas beaucoup fait en Europe) ; pas plus que les Japonais quand ils massacraient atrocement 300.000 Chinois à Nankin en 1937. Le napalm impérialiste a carbonisé 3 millions de Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens dans les années 1960-70, et tout le monde s'en contrefout. Au fond, entre 1940 et 1945, l’Europe occidentale a vu ce que c’était d’être traitée comme une colonie, et il semble en résulter un traumatisme profond... Bref.

À ces cris venant souvent de rangs "communistes", s'amusera-t-on à rappeler l'attitude plus que désorientée de la direction PCF en 1940, tonton Duclos essayant de négocier la reparution de l'Humanité avec les autorités d'occupation, le lamentable "Peuple de France !" de Thorez le 10 juillet 1940, ne parlant pas une seule ligne de résister à l'envahisseur nazi (alors que le breton Tillon, lui, un jour avant De Gaulle, y appelait clairement) ? Hmmm hmmm... n'en rajoutons pas trop pour cette fois.

16-640x310Tout cela pour en arriver à la conclusion qui s'impose : le "jacobinisme", c'est vraiment de la merde. De gigantesque escroquerie de masse ayant permis, en 1793-94, à la bourgeoisie centrale francilienne de reprendre la main par la démagogie sociale en direction du "petit peuple" de Paris, il est devenu après l'hécatombe des Communards le ciment idéologique de l’État des monopoles pour garder sous sa coupe les "foules esclaves" patiemment conquises par les "grands rois qui ont fait la France" au fil des siècles. Lorsqu'il se prétend non seulement "de gauche", mais la seule "gauche" qui vaille, il est particulièrement méphitique ; et lorsqu'il s'en prend à des gens qui ne réclament que le droit de vivre là où ils ont leurs attaches des fruits de leur travail, dans un PAYS qu'ils aiment tout simplement parce que, de naissance ou d'adoption, c'est le leur, il donne envie de vomir.

Mais toutes ces idées jacobines (de merde), tombent-elles du ciel ? Viennent-elles au petit matin comme une envie de pisser ? Bien sûr que non. Elles reflètent des intérêts de classe. Ceux de la grande bourgeoisie monopoliste bien entendu, et autres "grands commis" de son État. Mais aussi ceux de toutes sortes de parasites sociaux (bureaucrates, chefaillons, ronds-de-cuir, petits mandarins, moralistes, plumitifs vaseux et éditocrates, professionnels de la prétention, thésards à vie, bobos et autres hipsters) qui ne doivent leur existence qu'au stade monopoliste du capitalisme, et à l'État qui y correspond. La "France" est un SYSTÈME et dans ce système, par exemple, les bureaucraties syndicales ont toute leur place. Elles ont horreur de tout mouvement à la base qui leur échappe, de tout incendie social qui se déclenche hors de leur contrôle, a fortiori s'il commence à remettre en cause l'ordre centralisateur et la religion républicaine ; et à Quimper, heureux concours de circonstances, il y avait les "petits patrons productivistes" et les "affreux rednecks anti-écolos" pour avoir bon dos et justifier l'ostracisme. Mais ceci est également valable pour tout un "socialisme" et un "communisme", toute une "extrême-gauche" qui fait totalement partie du paysage institutionnel de la "Républiiiiique" du Capital...

Lorsque les jacobins de droite comme de "gauche" dénoncent l'"horrible" affirmation "identitaire", "régionaliste", "chouano-vichyste" de vouloir "vivre, travailler et décider au pays", ils parlent évidemment pour les monopoles qui, comme le dit et dénonce très justement VP, veulent faire des travailleurs de simples "pions que le capital bouge et déplace en fonction de ses intérêts ou réduit au chômage pour les mêmes raisons" (...) "leur vie, leurs relations sociales, leurs intérêts d’hommes et de femmes" entièrement soumis "à la dictature économique du Capital, à la logique infernale de la concurrence capitaliste"...

Mais de la même manière, lorsque les jacobins pseudo-"maoïstes" du 'p''c''mlm' vomissent ces "identitaires" qui veulent "la petite-production et le rapport à la «terre», au terroir, plutôt qu'à la biosphère" (haareee kriiishnaaaa...) et qui refusent "l'universalisme et la planification à grande échelle de la production", il faut comprendre exactement la même chose et cela a le mérite d'être clair, tout comme leurs récents propos sur la libre-circulation des travailleurs migrants : le 'p''c''mlm' ne veut pas une autre société radicalement différente de celle-ci, un bouleversement radical de toute la manière de produire et de vivre en collectivité ; non, il veut la société que nous avons actuellement mais où "le Parti" (c'est-à-dire eux) aurait simplement pris la place de la bourgeoisie monopoliste (ils sont groupusculaires certes, mais néanmoins représentatifs d'une certaine conception du "léninisme"). C'est (concernant eux comme le reste de l'"extrême-gauche" de système) ce que nous répétons depuis maintenant des années... mais il fallait simplement que les choses "bougent" un peu sérieusement, que la crise terminale du capitalisme génère de grandes secousses populaires, pour que cela jaillisse au grand jour.

Pour ce qui est (si l'on sort des pourtant incontournables questions Centres/Périphéries et "provinciales" qui sous-tendent tout le cadre étatique hexagonal de la lutte des classes) de la petite bourgeoisie, des "petits patrons", paysans, indépendants etc., il n'y a guère plus à dire que ce que disaient déjà Marx et Engels en 1847 : "Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices ; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l'histoire. Si elles sont révolutionnaires, c'est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels ; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat" (Manifeste du Parti communiste)... Ce à quoi l’on pourrait ajouter qu’aujourd’hui, si ces travailleurs non-salariés ne représentent plus guère que 5% de la population active, le même raisonnement est valable pour des millions de personnes des classes moyennes salariées, de l’aristocratie du travail, qui voudraient revenir à "l’âge d’or" des années 1960-70. Mais nous ajouterions également la question suivante : croit-on réellement, sérieusement, que cette conscience de leurs intérêts futurs de prolétaires va descendre du ciel sur leurs têtes, à ces classes moyennes, comme le Saint-Esprit sur les Apôtres le jour de la Pentecôte ? Soyons sérieux ! Il est évident que non : c'est justement le rôle des communistes que d'en amener le plus possible à cette conscience révolutionnaire, socialiste ; sans quoi ce seront les fascistes qui se chargeront d'en faire leurs pires chiens d'attaque. Bien entendu cela passe, abstraction faite de leurs idées souvent réactionnaires, par l'expression d'une certaine solidarité, à travers la compréhension scientifique marxiste des terribles difficultés qu'ils et elles connaissent (débouchant par exemple sur d'innombrables suicides chaque année etc.). Pas par leur dire : "bon, demain vous êtes prolos, alors maintenant vous allez devenir communistes oui ou merde !!?"... Cela, c'est une conception digne du trotskysme, du rapport que Trotsky envisageait en Russie entre la classe ouvrière et les paysans.

 

Aux camarades révolutionnaires de Bretagne : Salut revolucionari ; Solidaritat ; Libertat, Socialisme ò la Mòrt ! Endavant !

 

Un deiz e vo sklaer an amzer war henchoù don ar brezel kuzh !


[1] Tout comme l'Irlande l'était autant avant qu'après la suppression de son Parlement en 1800 : l'institutionnalisme est une limite idéologique que nous devons désormais combattre de toutes nos forces. Concernant la misère, elle était particulièrement emblématique dans les Monts d'Arrée, un peu au nord de Carhaix, dans le Finistère (un "fief" actuel des "affreux régionalistes identitaires blablabla", comme par exemple la liste "Nous te ferons Bretagne" de Christian Troadec aux régionales 2010). Ainsi, vers 1780, un curé de campagne pouvait écrire que "ce territoire des Montagnes d'Arrée renferme des landes et des sous-bois peu fertiles. On conçoit très vite que les habitants ne doivent pas être très riches. (...) Ici, la voisine accouche sa voisine et ainsi tour à tour. De là, combien d'enfants meurent avant de paraître. D'autres sont infirmes ou impotents. (...) Rentrer chez eux, c'est la pauvreté même. À moitié nus, sans bois pour se chauffer, sans lits, si ce n'est qu'un peu de paille, du fumier". Et un journaliste local (Émile Souvestre) en 1816 : "la récolte de blé noir ayant manqué, on vit les habitants de l'Arrée descendre par centaines le long des montagnes et déborder dans le Léonais où, la besace sur le dos, le chapelet à la main, ils séjournèrent de longs mois, mendiant pour ne pas mourir de faim". En 1855, le gallois Davies venu chasser les loups dans le secteur écrivait : "À plus d'une lieue autour de Carhaix, les pauvres paysans n'occupent qu'une mauvaise cabane en compagnie de leur cochon et de leur vache, quand leurs moyens leur permettent d'en avoir". Ce sont donc ces hommes et ces femmes que venaient "évangéliser" à la "République" et à la "Raison" les envoyés de la Convention de 1793 puis les "hussards noirs" de Jules Ferry un siècle plus tard. Pendant ce temps-là, les ancêtres des détracteurs du mouvement actuel ("materialistes.com" et autres Françoise Morvan), autrement dit les petits mandarins et scribouillards des bords-de-Seine, dissertaient "Lumières" dans les cafés mondains : par deux fois (la deuxième étant "la bonne"), en 1848 et en 1870, ils l'auront leur "république"... et lorsque le Peuple travailleur viendra leur réclamer ce qu'ils lui avaient promis, ils le feront taire par la mitraille. Bref. Pour un aristocrate (le comte de Limur) écrivant en 1874, les habitants de ce Nord-Finistère où licencient aujourd'hui Gad, Tilly-Sabco, Marine Harvest etc. étaient des "sauvages", "la peau presque noire, les cheveux couleur du jais, ils portaient des culottes courtes et serrées, également propres à la danse et au combat ; la lutte était leur amusement préféré, lutte brutale où chacun s'efforçait de porter les plus rudes coups ; leur ignorance était complète ; ils ne parlaient qu'un breton rude et guttural". Mais pour le conteur et écrivain Jean-Marie Le Scraigne, natif de l'endroit (Huelgoat), l'explication de la misère locale était toute autre : les paysans les plus pauvres étaient tout simplement refoulés vers les collines (couvertes de lande inculte) par les propriétaires fonciers : "Les gens les plus pauvres étaient obligés de quitter pour laisser la terre aux riches. Des deux côtés refluaient vers la montagne les gens qui étaient éjectés en somme par les riches qui prenaient les terres. C'était vrai surtout du côté de Botmeur et de La Feuillée"... S'étonnera-t-on que la question agraire soit encore aujourd'hui au cœur de tous les problèmes de la région : clivage entre "gros" et petits producteurs, productivisme écocide, pression insoutenable des centrales de la grande distribution, crises catastrophiques de la valeur marchande des denrées etc. etc. ?

Lire à ce sujet : http://ekladata.com/bretons-negres-blancs-?.pdf

[2] Lire : http://servirlepeuple.over-blog.com/2018/11/annexe-a-l-etude-en-finir-avec-la-france-quelques-verites-sur-la-grande-revolution-bourgeoise.html

[3] Il existe en tant que tel jusqu’en 1914, puis après 1918 comme groupe informel autour de la revue Breiz Atao. Le Parti autonomiste fondé en 1927 (dont Sohier sera secrétaire général de la Fédération du Trégor) reprendra l’appellation voisine de Parti national breton en 1931.

[4] ‘‘Le génie latin brisa triomphalement, en un demi-siècle, l'œuvre de six cents ans de travail nordique. Ce fut la Renaissance (…) la suppression brutale d'un progrès continu de six siècles (…) ; c'est la nuit pour l'Intelligence du Nord. (…) le flambeau latin (…) vacille et va s'éteindre, pour faire place à la torche revivifiée des Nordiques. Les Celtes, et particulièrement la Bretagne, ont leur place parmi les porteurs du Feu Nouveau. Ils furent autrefois, face à Rome, les premiers d'entre les Barbares. (…) Nous avons le devoir, par notre passé et par notre tradition raciale, de participer à la formidable partie’’ (Morvan Marchal, éditorial de Breiz Atao, 1924).


Échange d'arguments fort intéressant sur la page Facebook de SLP :

Servir Le Peuple
http://lesmaterialistes.com/... [nous avons découvert cet article le 12/11 au matin alors que notre présent article était déjà dans les tuyaux, finalisé et prêt à être publié]
Absolument effarant.... Définition de la nation par Staline : "La nation est une communauté humaine, stable, historiquement constituée, née sur la base d'une communauté de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique qui se traduit par une communauté de culture", puis : "Il apparaît ainsi que la Bretagne a été assimilée à la nation française. Il n'y a pas eu de bourgeoisie nationale qui se soit développée, sur la base d'un marché fermé"... conditions dont "Saint" Staline ne fait JAMAIS ÉTAT [Où a-t-on jamais vu dans l'Histoire un "marché fermé" ? La Méditerranée communiquait déjà avec la Chine par la "route de la soie" au temps de l'Empire romain, voire avant. Dans cet Empire, les échanges commerciaux entre les provinces étaient faramineux (c'était sa raison d'être), y compris de "marchandise-force-de-travail" (esclaves), donc il y avait "sans doute" une "nation romaine" et non pas des Gallo-romains, des Hispano-romains, des Italiens, des Grecs, des Égyptiens, des Syriens etc. C'est pourtant ce qu'il y avait et même si, comme l'explique Engels, tout cela était noyé sous une prétendue civitas romana, c'est ce qui a fini par ressurgir à la faveur des "invasions barbares", chaque tribu germanique se taillant un royaume correspondant peu ou prou à un ou deux grands bassins de vie productive, nouveaux creusets de la formation nationale (l'Aquitania wisigothe puis duché indépendant de fait, le royaume burgonde et la Provincia "mouvante" donneront l'Occitanie, l'Armorique conquise par les Celtes d'outre-Manche donnera la Nation bretonne). Avant même l'entrée dans l'Histoire, on a aujourd'hui la trace d'échange commerciaux sur très longue distance : de l'ambre de la Mer du Nord en Méditerranée, du fer des Carpates dans l'actuel Hexagone etc. etc. C'est tout simplement grotesque ! Une nation comme réalité objective est une communauté de VIE SOCIALE PRODUCTIVE, avec un ensemble de classes ayant entre elles des rapports de production. En aucun cas un "marché fermé", cela n'a absolument jamais existé dans l'Histoire ! Ce qui est vrai c'est que la Bretagne, sans frontières naturelles, a toujours été très perméable à l'influence économique et culturelle de la "France d'oïl", sa Cour adoptant la langue et la culture du Val de Loire, et un bon tiers de la population l'"oïl populaire" gallo, etc. Mais la Cour d'Angleterre en faisait exactement de même et la langue anglaise est (du coup) truffée de "francismes", tandis que les liens économiques avec le continent n'ont jamais cessé ; pour autant personne ne va nier la Nation anglaise...]. (tout cela) sachant de surcroît que la définition de la nation a été affinée depuis, notamment par Kaypakkaya qui explique que les nations naissent À L'AUBE du capitalisme [clairement dans le texte en anglais, transcrit en "phase de formation du capitalisme" par les falsificateurs du 'p''c''mlm'], et non à un niveau de capitalisme avancé, d'où l'existence d'une Nation kurde, contrairement aux affirmations des "stals" turcs de l'époque [
Şafak] qui disaient en substance ce que dit le 'p''c''mlm' : il y a un "peuple kurde", une "question culturelle démocratique", les possédants kurdes font partie de la bourgeoisie turque etc. etc.
S'ensuit : "L'INEXISTENCE D'UNE LANGUE BRETONNE développée et unifiée témoigne de cela, tout comme l'intégration ABSOLUMENT PACIFIQUE ET POPULAIRE à la France depuis plusieurs siècles" ce qui au regard de la vérité historique minimale est hallucinant [pour la langue cf. ci-dessous ; pour "l'intégration pacifique et populaire" c'est tout simplement odieux, il y a eu une GUERRE de conquête à la fin du 15e siècle, et quid des Bonnets rouges sauvagement réprimés en 1675, quid de la Guerre des Chouans dans les années 1790 (centaines de milliers de mort-e-s) etc. etc. ?] ; pour se contredire eux-mêmes quelques lignes plus loin : "Toutefois, il existe un parcours historique tourmenté, donnant à la Bretagne historiquement des spécificités dans le cadre national français"... ah, quand même ! [Concernant l'existence d'une langue unifiée, il est vrai que l'on distingue classiquement 4 brezhoneg (Trégor, Cournouaille, Léon et Vannetais) aux différences minimes (surtout les 3 premiers), plus l'"oïl populaire" gallo en Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique et est des Côtes-d'Armor. Un travail d'unification académique a été mené au 20e siècle principalement par le 2e Emsav (entre-deux-guerre), dont on pourra dire du coup que c'est "une invention de collabos pétainistes". Mais il en allait exactement de même pour le BASQUE, unifié (batua) vers 1960, et sans doute le gaélique irlandais (variant d'un comté à l'autre et fort peu usité de toute façon : on parle anglais populaire) ; l'occitan, lui, ayant existé comme langue officielle et écrite au Moyen Âge a donc un peu été normalisé (norme du Béarn, norme du Languedoc, norme "mistralienne" provençale au 19e siècle) mais pas tout à fait unifié : on distingue globalement 6 grands dialectes, eux-mêmes non sans "subtilités" locales. Eh oui ! Il n'existe AUCUN IDIOME qui ne connaisse aucune variante géographique sur plus de 100 km de distance, et lorsqu'une nation a été PRIVÉE D’ÉTAT PROPRE à peine éclose, quelle "académie" a donc bien pu se charger d'"unifier" sa langue comme la "belle langue française" (totalement artificielle, superstructurelle et que d'ailleurs personne ne parle vraiment) de nos bonzes du 'p''c''mlm' ??]

Alex VeganEdge
Bravo au PCMLM ! Son analyse éclaire grandement la question.

Servir Le Peuple
Ben ma foi si un tel festival d'énormités, d'auto-contradictions d'un paragraphe à l'autre et de contre-vérités historiques éclaircit les choses, alors.... c'est toi qui le dis !
La Bretagne était en passe de devenir un État moderne avec le duc François II (1458-88), si à ce stade elle n'était pas une nation on se demande bien ce qu'elle pouvait être*. Mais non, pour le 'p''c''mlm' une nation c'est d'abord un État (les États multinationaux, connaît pas... quid des Kurdes, des Tamouls ? les Palestiniens ça on sait ce qu'ils en pensent...), ensuite c'est un État moderne bien consolidé, type royaume de France au 17e siècle, avec Richelieu, Louis XIV etc. C'est totalement anti-maoïste (anti-Kaypakkaya) et même anti-léniniste puisqu'en URSS il y avait bien reconnaissance des nationalités kazakh, tatar, ouzbek, tadjik, ossète et autres Tchétchènes ou Kalmouks dont le niveau de développement capitaliste et de formation étatique au moment de l'annexion à l'Empire tsariste n'était guère plus haut, sinon bien moindre que le duché de Bretagne lors de son annexion à la France.
Une nation est infrastructurelle, c'est un phénomène OBJECTIF qui consiste en les critères donnés par Staline + un début de capitalisme embryonnaire, une économie mercantile disons [elle naît spontanément, sans volonté politique planifiée, dans le cadre géographique d'un grand "bassin" productif où s'exercent des rapports de production entre différentes classes, favorisant une langue commune (mais non sans variantes locales, ni sans variantes DE CLASSE : il y a toujours une langue "du peuple" et une langue "distinguée" dans toutes les nations, quand la "haute société" n'en adopte pas carrément une autre, en l'occurrence l'oïl angevin ou normand puis le français académique en Bretagne), une culture, une "formation psychique nationale" etc. Dans le cas breton, ce "bassin" économique naturel est le bocage armoricain, "tranchant" avec la grande plaine céréalière d'entre-Seine-et-Loire, bordé par un littoral taillé d'abers (estuaires) qui sont autant de ports naturels favorisant une intense activité maritime ; puis ce seront les limites politiques du duché, à-peu-près fixes dès le 10e siècle (bien qu'il ne commence à devenir un État moderne qu'aux 14e-15e)]. Un État est une superstructure, une construction subjective, tout comme la "Grande Culture" qu'il sécrète pour justement se consolider. "Grande Culture" du 17e siècle que le 'p''c''mlm' considère justement comme l'acte de naissance la culture "nationale française".
Ensuite de quoi le 'p''c''mlm' pourfend les "trotskystes" et... "les populistes de la Gauche prolétarienne" (sauf qu'il y avait aussi toutes sortes de ML, pas seulement les gépistes) qui défendaient ces peuples périphérique
s en lutte dans les années 70. [Ce qui ne l'empêche pas dans le même temps de célébrer le FLB-ARB des années 1970-80... alors que justement ce mouvement était on-ne-peut-plus composite et éclectique idéologiquement, comptant notamment dans ses rangs Padrig Montauzier, futur fondateur du POBL (droite) puis gourou d'Adsav... Dans le registre "tout ce qui bouge est rouge", pour le coup, difficile de faire mieux !]
Pour nous, c'est au contraire l'analyse du problème la plus poussée historiquement... jusqu'à la nôtre (sans fausse modestie). Lorsque "Bretagne rouge, organe de la Ligue Communiste Révolutionnaire" écrivait en décembre 1976 que "Pour (eux) détruire l’État bourgeois c'est aussi détruire la France, création historique des classes dominantes aristocratiques et bourgeoises ; c'est la remplacer par une Fédération socialiste basée sur l'association autodéterminée des nationalités et des régions – et compte-tenu du lien étroit entre les luttes révolutionnaires à l'échelle de l'Europe, dépassant le plus vite possible le cadre actuel de l'Hexagone", nous pouvons dire que nous souscrivons à 99% à ce point de vue ! Le problème de ces orgas, nous l'avons dit dans l'article sur la Charte de Brest, a été un certain "schématisme tiers-mondiste", une tendance schématique à considérer le problème comme "colonial" sans autre forme de nuance, dans la "mania" d'alors pour les luttes du Vietnam, d'Algérie, de Palestine, d'Angola ou de Guinée-Bissau etc. C'était schématique donc erroné, et cela revenait en définitive à sous-estimer le problème et donc l'ennemi : sous-estimer le formidable complexe fortifié de "société civile" protégeant le système-France dans sa métropole hexagonale, avec en jeu son existence même, alors qu'il peut perdre une colonie d'outre-mer et se réorganiser (comme avec l'Algérie justement). À force de se briser contre cette muraille d'acier, ces orgas ont finalement lâché prise pour tomber, en effet, dans le réformisme radical type LCR, l'"institutionnalisme" (lutte pour la décentralisation) et le "culturalisme"... c'est-à-dire en définitive la ligne du 'p''c''mlm' : il faut reconnaître "démocratiquement" la langue et la culture populaire locale, et ça s'arrête là, les questions économique et sociales, elles, se traitent dans le "cadre français"... du coup on se demande ce qu'il leur reproche ! (sinon d'être réformistes)
Nous, nous considérons que le problème n'est pas "colonial" mais PROVINCIAL (pourquoi se priver de mots si l'ennemi nous en donne ?), en ayant bien à l'esprit que "province" vient de "pro vincere", "pays précédemment vaincu, conquis", et que finalement toute la spécificité de la question est contenue dans ce terme, dans la violence de son origine comme dans ce qu'il est devenu anodin et courant aujourd'hui (Paris et "la province") : oui, en effet, rien de "colonial" de nos jours en apparence... mais À L'ORIGINE une grande violence conquérante qui a totalement et définitivement déterminé ce cadre géographique où luttent les classes en présence. Nous disons dans l'article sur la Charte de Brest de 1974 que "Nos Peuples ne sont pas les Peuples d'Afrique, d'Asie, des Amériques (tout juste 'libérés' de la Couronne 'espagnole') ou d'Océanie colonisés ou semi-colonisés au 19e siècle, lorsque la logique capitaliste s'étend à la planète entière et se la partage entièrement (ce qui est la définition léniniste de l'impérialisme monopoliste). Notre problématique ne s'inscrit pas dans ce cadre, mais au contraire dans celui de la FONDATION des États modernes (monarchiques 'forts' ou absolus) comme instruments de l'accumulation PRIMITIVE du capitalisme (une bourgeoisie, liée au pouvoir monarchique, devenant dominante et subordonnant les autres, y compris dans sa propre nation), suivie de l'accumulation 'expansionniste pré-industrielle' (1500-1800, schématiquement) dans laquelle s'inscrit la problématique des Antillais ou des Peuples indigènes des Amériques, par exemple. Dit autrement, l'histoire de notre périphérisation et de l'ensemble de ses résultats politiques, économiques, sociaux et culturels aujourd'hui n'est pas écrite dans L'Impérialisme stade suprême du capitalisme de Lénine, mais dans L'Accumulation primitive de Karl Marx, section 8 du Livre 1 du Capital."
Enfin, c'est la sempiternelle rengaine de "vouloir faire tourner la roue de l'histoire à l'envers"... ben oui. Commençons par un petit retour aux fondamentaux. Une nation c'est quoi ? Sommairement ce sont des TRAVAILLEURS qui vivent uniquement ou ultra-principalement de l'usage qu'ils font de leur force de travail (que celle-ci soit "possédée" ou "achetée" par quelqu'un d'autre ou qu'ils soient "à leur compte", ou un peu des deux, ce qu'on appelle la féodalité), et des classes disons "possédantes", c'est à dire vivant en majeure partie de ce que crée la force de travail d'autrui, aujourd'hui toutes plus ou moins fusionnées sous le nom de "bourgeoisie". Bon.
Lorsqu'un pays est vaincu et conquis (pro vincere->provincia->province), il se passe que ses possédants sont... dépossédés pour beaucoup (comme les faidits en Occitanie, après la Conquista), ou alors subordonnés à ceux de la nation conquérante
[Kaypakkaya encore : "Quel est l'objectif de l'oppression nationale ? Cet objectif, de manière très générale, est de maîtriser la richesse matérielle de tous les marchés du pays sans avoir de rivaux, pour gagner de nouveaux privilèges, étendre les limites des privilèges actuels et s’en servir. Dans ce but, la bourgeoisie et les propriétaires issus de la nation dominante, afin de conserver les frontières politiques du pays font d’énormes efforts pour empêcher par tous les moyens les régions dans lesquelles vivent plusieurs nationalités de se séparer du pays. Dans les mots du camarade Staline : “Qui dominera le marché ?” [par exemple ici en Hexagone : la bourgeoisie du Bassin de la Seine ou occitane, lyonnaise, de Flandre-Artois, ou encore anglo-normande ? les foires de Champagne ou du Languedoc ? etc.]. C’est l’essence de la question. (...) L’oppression des travailleurs des peuples minoritairesacquiert de cette manière une double qualité : premièrement il y a l’oppression de classe utilisée contre les travailleurs afin d’exploiter et d’éradiquer la lutte de classe ; deuxièmement, il y a l’oppression nationale mise en œuvre pour les objectifs mentionnés plus haut contre toutes les classes des nations et des nationalités minoritaires. Les communistes font la distinction entre ces deux formes d’oppression parce que, par exemple, tandis que les bourgeois kurdes et les petits propriétaires s’opposent à la seconde forme d’oppression, ils supportent la première. En ce qui nous concerne, nous sommes opposés aux deux formes d’oppression. Afin d’éradiquer l’oppression nationale, nous supportons la lutte de la bourgeoisie kurde et des petits propriétaires, mais, d’un autre côté, nous devons nous battre contre eux pour mettre un terme à l’oppression de classe."]. Évidemment, ça ne leur plaît pas. Il vont donc résister et ils vont, effectivement, vouloir "faire tourner l'histoire à l'envers" : revenir au "temps béni" où ils étaient "seuls maîtres à bord après Dieu". Pour citer deux exemples parmi des centaines : c'est ce qu'ont fait l'émir Abd-el-Kader en Algérie ou encore le chef inca Túpac Amaru au Pérou. C'est un combat d'ARRIÈRE-GARDE et dans celui-ci, une partie de ces classes possédantes autochtones est liquidée, et une autre finit par se vendre, par négocier sa "niche écologique" dans le nouveau système. Reste une infime fraction, ultra-minoritaire. Dans le cas de la Bretagne, c'est celle qui a défendu les "libertés armoriques" de la province jusqu'en 1789 et sous la "Révolution" bourgeoise, puis a présidé au courant "bretoniste" romantique-catholique-réactionnaire du 19e siècle et aux deux premiers Emsav (1890-1945). Aujourd'hui ce sont les nationalistes bourgeois (sociaux-libéraux, démocrates-chrétiens comme l'est souvent la conscience de masse, ou d'extrême-droite), dont le poids électoral et militant reflète celui de la bourgeoisie qui les appuie et subventionne : minime. Il y a la même chose en Occitanie. En Corse où la situation est plus proche d'une situation coloniale, ils sont plus puissants ; ainsi que là où une bourgeoisie nationale assez "costaud" s'est formée : Catalogne, Pays Basque "espagnol", Écosse etc. Mais en Hexagone ces courants sont vraiment généralement très minimes, quantité négligeable en fait, même dans l'actuel mouvement breton où il y a plus un "poujado-régionalisme" de "pression" sur l'État qu'autre chose. Les possédants qui n'avaient pas disparu dans les luttes de résistance avant 1789 ont globalement, après cette date, trouvé leur "niche" sociale dans le système-France.
Et puis, il y a les TRAVAILLEURS, qui passent donc sous de nouveaux maîtres ou les voient se superposer aux anciens qui se sont soumis. Cela crée une situation que l'on appelle classiquement COLONIALE outre-mer, lorsqu'elle est survenue au stade de l'accumulation pré-industrielle ou de la révolution industrielle ou de l'impérialisme monopoliste ; et que nous appelons donc "périphérique" ou PROVINCIALE en "métropole", en Hexagone comme dans les Îles Britanniques ou dans l’État espagnol (là c'est encore assez particulier). Ils subissent une forme particulière, périphérique, d'exploitation et d'oppression. Et leur LIBÉRATION est entre leurs seules mains, et non entre celles de possédants nostalgiques de l'époque indépendante. Cette libération révolutionnaire signifie la mort de l’État du Capital et le règne triomphant des Peuples maîtres d'eux-mêmes, ce "rêve immémorial" de l'humanité que Marx évoque dans sa Lettre à Ruge (1843). C'est de cela que nous parlons depuis maintenant des années, et il faut effectivement séparer le bon grain (libération populaire révolutionnaire) de l'ivraie (nationalisme possédant). Mais cela se fait en METTANT LES MAINS DANS LE CAMBOUIS, pas en restant sur l'Aventin à donner des leçons. Une perte de contrôle de la Bretagne serait un coup de poignard radical pour l’État français, qui perdrait une façade maritime immense, des ports commerciaux et militaires de premier ordre etc. etc. Il faut donc se mettre au boulot et cette tâche inclut incontournablement la question nationale bretonne, qu'il faut déjà commencer par reconnaître et non par nier, de surcroît pas "entre la poire et le fromage", mais dans un document se voulant de valeur théorique. "La question bretonne est ainsi une culture démocratique et populaire", une "culture démocratique n'ayant pas atteint son stade national" : on aura décidément tout vu dans les fadaises de jacobins refoulés qui ne veulent pas, cependant, se couper totalement d'une "région" dont ils savent bien qu'elle abrite un "public" progressiste important... Un peu comme les "staliniens"-révisionnistes turcs de l'époque de Kaypakkaya : le 'p''c''mlm', en somme, est un petit
Şafak français !

 

* En réalité, la Bretagne a un peu la même formation socio-historique que l'Écosse, par exemple. C'est une terre historiquement distincte du riche Bassin parisien céréalier par son agriculture maigre (sols acides, bocage, lande) et son économie très tournée vers la mer (innombrables ports naturels). C'est vraisemblablement, sous les "rois légendaires" (5e-9e siècles), une société celte communautaire-clanique "réimplantée" par les colons... bretons (venus au 5e siècle de Grande-Bretagne, fuyant les Anglo-Saxons) sur une Armorique jamais franchement romanisée. Aux 9e-10e siècles elle acquiert plus ou moins le cadre géographique qui restera le sien (les 5 départements), unifiée par des "ducs" (pour le pouvoir franc)/ "rois" (pour eux-mêmes) comme Nominoë, Erispoë et Salomon (qui annexent même le Cotentin, la Mayenne, une partie de l'Anjou etc.), Judicaël, Alain le Grand, Alain Barbetorte etc. Mais à partir du 12e siècle, elle passe sous des dynasties du Val de Loire et du Bassin parisien [Plantagenêt angevins (1156-1221) puis maison capétienne de Dreux (1221-1341), maison de Blois (guerre de succession 1341-65) puis... Montfort icon_sad.gif(1365-1514)] qui, venues accompagnées d'une foule de nobliaux, y implantent la féodalité proprement dite ainsi que la langue et la culture de l'Ouest du Bassin parisien - d'où la naissance et le développement du gallo d'oïl au détriment du brezhoneg celtique, depuis une ligne (sommairement) Saint-Malo-Saint-Nazaire (vers l'An 1000) jusqu'à une ligne Saint-Brieuc-Le Croisic (16e siècle) puis Paimpol-Vannes (19e-20e). Néanmoins, comme les seigneurs anglo-normands d'Écosse et d'Irlande, cette féodalité va souvent "faire souche" et développer un patriotisme breton, jouant sur les rivalités franco-anglaises que suscite le pays pour asseoir son indépendance. Au 15e siècle, la dynastie Montfort (donc) commence à jeter les bases d'un État moderne, ce qui sera très net sous le duc François II (1458-88). Mais celui-ci se lance dans une entreprise inconsidérée contre la monarchie capétienne (Anne de Beaujeu, régente pour Charles VIII), la "Guerre folle" (1485-88), qu'il perd. Il est alors "condamné" à marier sa fille, la fameuse Anne de Bretagne, au jeune roi de France (1491) : le pays perd de fait son indépendance, ce qui sera officialisé par l'Union de 1532. Sous la férule capétienne, la pression seigneuriale sur les masses deviendra terrible et marquera profondément la société bretonne jusqu'au milieu du 20e siècle voire jusqu'à nos jours (après que les châtelains, nobles historiques ou bourgeois "racheteurs" sous la "révolution", soient devenus grands propriétaires fonciers, rentiers ou agro-capitalistes).

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 09:11


Jusqu’à présent, il faut bien le reconnaître, SLP a beaucoup critiqué et polémiqué avec diverses ‘voix’ se réclamant du communisme mais, hormis quelques attaques niveau collège (ex-site ‘Futur Rouge’ à ne pas confondre avec l’OC-FR actuelle, zombie des forums ‘Oppong’, fossiles vivants du F‘ml’ et du F‘uc’, ‘centre’ ‘mlm’ de Belgique), il n’a jamais fait l’objet d’une critique communiste sérieuse, alors qu’il est certain que beaucoup n’en pensent pas moins. Ceci est pourtant indispensable pour avancer ! Finalement, nous y sommes. Nous avons reçu d’une personne révolutionnaire du Peuple, militant de l’OCML-VP (par l’intermédiaire de cette organisation, indiscutablement classée dans les camarades), un courrier nous remontant un peu sèchement les bretelles : en fait, il est vrai que nos articles qui disent beaucoup de choses manquent parfois de clarté, et ce camarade, donc, a cru y déceler une vision positive… de Napoléon Bonaparte !!! De là à être classé dans la même rubrique que Max Gallo, il n’y avait qu’un fort dangereux pas ; une réponse s’imposait donc.

Et puis ce sera encore une fois l’occasion d’exposer, développer, sécréter la conception communiste du monde.

Voici le courrier du camarade de VP :

« Servir le peuple » et Napoléon 

SLP (servirlepeuple.over-blog.com) n'est pas le plus mauvais exemple de militance virtuelle. Il a souvent des analyses intéressantes. Normal, il se réclame du maoïsme.

SLP se dit plus proche du PCmF (Parti communiste maoïste de France) que de VP, c'est son droit. Il a le droit de penser, comme le PCmF, que la guerre populaire prolongée est le mot-d'ordre qui s'applique partout sur la planète, quelles que soient les conditions économiques, politiques, géographiques. Que cette guerre populaire prolongée a démarré en novembre 2005 en France, avec les révoltes dans les banlieues populaires, et que depuis, elle se développe partout, dans les usines, les quartiers, les universités...

SLP établit un parallèle historique, plutôt juste, entre Staline et Napoléon, mais pour se positionner en défense de Staline. C'est son droit. Pourtant, ce que SLP n'a pas le droit d'écrire, c'est : « Personne en Europe, au 19e siècle, ne considérait que Napoléon avait été un contre-révolutionnaire ».

Nous pouvons citer, en preuve du contraire, deux auteurs connus : Marx et Engels. Dès « La Sainte Famille », ils expliquent que Napoléon incarne, alors que le peuple a fait tout le travail, l'issue bourgeoise de la révolution. Engels, dans un article au New Moral World du 4 novembre 1843, explique : « La liberté politique est une liberté apparente, la pire sorte d'esclavage... L'hypocrisie ne peut subsister, la contradiction qu'elle dissimule doit ressortir ; nous devons avoir soit un véritable esclavage – c'est-à-dire un despotisme non déguisé – soit une liberté réelle et une égalité réelle, c'est-à-dire le communisme. Ces deux conséquences sont ressorties dans la Révolution française ; Napoléon établit l'une et Babeuf la seconde » (cité dans « Sur la Révolution française », Ed. Sociales, page 41).

Et ce qui est éclairant pour la question de Staline, c'est cette distinction que font Marx et Engels entre politique intérieure, réactionnaire, et politique extérieure, encore révolutionnaire. Cette distinction entre contradictions internes et contradictions externes est à rapprocher de celle qui sépare et unit le contenu et la forme, ou l'être et le discours. « Napoléon balaye les mini-États malheureusement sans aller tout-à-fait jusqu'au bout. Face aux princes, il continue à être révolutionnaire » (Engels, Varia über Deutschland, op.cit. page 202).

Enfin, autre témoin à charge, Toussaint Louverture. Nous sommes bien « au 19e siècle », même si c'est au tout début du siècle. Napoléon rétablit l'esclavage qui avait été aboli par la Révolution. Et pour ce faire, il envoie deux flottes écraser les Antilles. Inutile de dire que ces figures de proue, Toussaint Louverture, Marx et Engels, ne font qu'incarner un large camp, ouvrier et colonisé, qu'il faut escamoter pour affirmer que « personne au 19e siècle ne considérait que Napoléon avait été un contre-révolutionnaire ».

Nous invitons SLP à revoir ces questions. Mais il peut aussi persister dans l'erreur, c'est son droit !

 

Et voici la réponse de SLP :

Camarades,

Nous avons bien reçu ta lettre de critique et elle est la bienvenue ; bien que nous n'en comprenions pas trop l'agressivité [explication ultérieure sur ce point, en substance : "qui aime bien châtie bien"] sur un thème aussi mineur et qui, de surcroît, DATE : nous disons cela principalement dans l'article "Sur la question de Staline" qui date de fin 2009. Nos positions ont sensiblement évolué depuis, comme nous allons le voir ensemble.

Sur la partie de ton courrier "Il a le droit de penser, comme le PCmF, que la guerre populaire prolongée est le mot d'ordre qui s'applique partout sur la planète, quelles que soient les conditions économiques, politiques, géographiques", SLP assume complètement : la Guerre populaire est la stratégie UNIVERSELLE de conquête du pouvoir par le prolétariat, même si elle revêt des formes, bien sûr, radicalement différentes selon les pays et les situations ; rassurez-vous si c'est ce qui vous inquiète, sauf situation comparable à la "Révolution nationale" de 1940-44 (avec ou sans chaperon étranger), un Yenan dans le Limousin n'est pas à l'ordre du jour. Pour ce qui est de "Que cette guerre populaire prolongée a démarré en novembre 2005 en France, avec les révoltes dans les banlieues populaires, et que depuis, elle se développe partout, dans les usines, les quartiers, les universités", c'est beaucoup moins caricatural que cela : une partie de la réponse se trouve dans notre note critique finale de cette traduction du (n)PCI : http://servirlepeuple.over-blog.com/article-gramsci-et-la-theorie-de-la-guerre-populaire-en-pays-capitaliste-tres-avance-1ere-partie-120623938.html  [Le (n)PCI, malgré les critiques que nous partageons avec VP sur sa ligne pro-Grillo, continue néanmoins à produire du matériel théorique digne a minima d'intérêt.]
17e5eb0aSur Staline en revanche, SLP a eu tendance à évoluer. Le site était alors (notoirement) assez proche de la JCML 69, devenue OC-FR et qui s'est rapprochée du PCmF. Mais nous aurions tendance aujourd'hui à être beaucoup plus proches des positions de VP que de celles de l'OC-FR et du PCmF, pour ce que nous en connaissons. Nous trouvons d'ailleurs que si VP a un immense mérite, peut-être unique dans le paysage ML/MLM francophone, c'est d'avoir mené une analyse véritablement critique et profonde des expériences révolutionnaires du siècle dernier, même celle qui lui ‘plaît’ le plus (la Chine), pour comprendre leurs échecs. Rôle de la théorie des forces productives, etc. etc. SLP a d'autre part pris conscience de son identité populaire occitane, et ceci implique à notre sens une vision critique, pas mal de recul sur Staline, en particulier quant à son traitement des nationalités (la pratique des années 1930-40-50, pas la théorie des années 1910-20) : déportation des Tchétchènes et autres peuples, liquidation de Sultan-Galiev, des bundistes avant-guerre puis des antifascistes juifs ‘cosmopolites sans racines’ ( !) après, etc. etc. [Il y a d'autres choses critiquables évidemment, mais c'est ce qui nous concernant nous a fait "prendre du recul" ; considérant également que faire la révolution à partir du Centre est un facteur énorme de dérive contre-révolutionnaire. Nous pensons également qu'en Chine le suprématisme han (question du Tibet etc.) est une problématique que
Mao n'a peut-être pas suffisamment abordé et bien traité.]

Venons en maintenant à Napoléon. Là, camarade, il se trouve en fait que la plupart des réponses à tes interpellations se trouvent… dans ton propre texte. Tu dis par exemple que Marx et Engels "dès "La Sainte Famille", expliquent que Napoléon incarne, alors que le peuple a fait tout le travail, l'issue bourgeoise de la révolution" : SLP ne dis pas autre chose !!! Lorsqu’il est dit qu'au 19e siècle Napoléon était considéré comme un révolutionnaire, il faut bien évidemment entendre "considéré PAR LA BOURGEOISIE (petite, moyenne et grande, et la paysannerie propriétaire ou fermière un minimum aisée, les anciens laboureurs) comme un révolutionnaire BOURGEOIS". Mais cette classe était alors intellectuellement hégémonique et influençait aussi beaucoup de prolétaires, dont Napoleonbeaucoup d’ailleurs n’étaient pas nés prolétaires mais paysans, artisans etc. C'est ce qui explique le triomphe de son neveu en 1848, y compris dans des départements votant massivement "républicain radical" ou "démocrate-socialiste" peu avant ou peu après, et y compris dans le Paris des Journées de Juin

Tu poursuis : "c'est cette distinction que font Marx et Engels entre politique intérieure, réactionnaire, et politique extérieure, encore révolutionnaire. Cette distinction entre contradictions internes et contradictions externes est à rapprocher de celle qui sépare et unit le contenu et la forme, ou l'être et le discours. « Napoléon balaye les mini-États malheureusement sans aller tout-à-fait jusqu'au bout. Face aux princes, il continue à être révolutionnaire » (Engels, Varia über Deutschland, op.cit. page 202)", et là encore c'est exactement ce que SLP a voulu dire, entendu à l'échelle européenne... encore que ce soit à relativiser, car les bourgeoisies libérales ibériques, italiennes ou encore allemandes avaient aussi en tête l'hégémon qu'était finalement devenu Napoléon, opprimant leurs nations. Mais ses aspects positifs étaient reconnus, la bourgeoisie savait parfois être dialectique, et les carbonari italiens accueillirent par exemple son neveu ‘Badinguet’ (futur Napoléon III) dans leur société secrète.

En réalité,

- Tu lis peut-être assidument Servir le Peuple, ou pas, mais nous avons procédé depuis bientôt un an à une PROFONDE ANALYSE de la société 'française' et européenne dans laquelle nous vivons et de sa construction historique ; ce que le 'p''c''mlm' appelle une 'pensée' et dont l'arrogance avec laquelle il brandit cela, et la nullité réactionnaire de la sienne, n'induit pas qu'il ne faille pas en produire une. Comme il a été dit plus haut, VP a hautement contribué à la pensée communiste internationale par son analyse critique profonde des expériences socialistes du 20e siècle ; on peut ne pas être d'accord sur tout mais au moins ils l'ont fait, ce qui n'est pas le cas de tout le monde, beaucoup se limitant à dire "URSS jusqu'en 1953 super, après caca" et idem pour la Chine (avec 1976).
Donc SLP s’est penché sur cela, peut-être avec un certain parti-pris occitan mais bon, pour en revenir au sujet, nous en sommes arrivés à la conclusion que la "révolution" française et ses ondes de choc européennes jusque tard dans le 19e siècle n'a pas été une VRAIE révolution, au sens de "mode de production en remplaçant un autre". Il restait des ‘droits’ féodaux sur les terres et les personnes, mais il y avait longtemps que comme mode de production (en "part du PIB" si l’on peut s’exprimer ainsi) le capitalisme avait totalement supplanté le rapport social féodal, depuis le 16e siècle vraisemblablement, si ce n’est pas la fin du 15e. Dans le champ politique, cette révolution véritable avait été menée par l'État moderne de la monarchie capétienne, qui s'est construit entre autres par la conquête de notre Peuple occitan. La "révolution bourgeoise" était donc (en fait) plutôt une "restructuration radicale" d'une superstructure étatique devenue obsolète face au défi de la révolution industrielle, à laquelle les forces productives de la fin du 18e siècle appelaient de toutes leurs forces, surtout que les Anglais et quelques autres avaient déjà commencé. Tout cela est abordé ici, en point 1 : http://servirlepeuple.over-blog.com/article-considerations-diverses-fin-octobre-2013-etat-et-revolution-bourgeoise-affaire-leonarda-khatchi-120703693.html

- DANS CE CADRE donc, dans ce sens-là de "révolution", Napoléon a été éminemment et principalement un "révolutionnaire" d'un point de vue bourgeois : la bourgeoisie lui doit ni plus ni moins que son État, l'État bourgeois français actuel, son cadre juridique (même si modernisé depuis par-ci par-là) autrement dit sa "volonté faite loi"… rien que ça ! Aucun régime ultérieur n'est Napol on franchissant le col du Grand Saint Bernard 2revenu sur cette part de l'œuvre. C'est dans ce sens qu’il faut comprendre qu'au 19e siècle, "personne", au sens de la grande masse politiquement consciente de la population, encore constituée largement de paysans propriétaires, de boutiquiers, d'artisans indépendants et autres petits entrepreneurs, d’intellectuels et de bourgeois proprement dits, mais aussi… de beaucoup d’ouvriers ‘en soi’ mais pas ‘pour soi’, restés des paysans ou des artisans dans leurs têtes, ce "personne"-là donc, ne considérait Napoléon comme un contre-révolutionnaire. Il avait réellement donné à l'Hexagone le cadre politique adéquat pour la révolution industrielle naissante. Les Montagnards, Jacobins et autres Cordeliers allaient trop loin : ils étaient, avant l'heure, des radicaux-socialistes ou des sociaux-démocrates, et il aurait fallu pour cela que la révolution industrielle ait déjà eu lieu [et de toute façon, l'objectif de leurs argentiers était de rétablir (au moyen d'une démagogie "sociale" envers le petit peuple de Paris) la suprématie du Centre bourgeois parisien sur les bourgeoisies "provinciales" et les Peuples, et nullement de fonder une quelconque république démocratique et égalitaire réelle]. Les royalistes voulaient revenir à ce qui avait justement fait son temps ; et les thermidoriens/directoriens n'avaient PAS de vrai projet, de vraie "vision", ils n'étaient pas des "Princes modernes" comme dit Gramsci, ces Princes de Machiavel que devaient être les leaders révolutionnaires bourgeois et que doit être maintenant (Prince collectif) l'avant-garde prolétarienne, le Parti. Napoléon (pas seul bien sûr, avec des gens autour de lui, des conseillers) a été ce "Prince" pour la bourgeoisie et ses nécessités d’alors, régnant 15 années d’affilée alors qu’aucun gouvernement depuis 1789 n’avait fait long feu. L'on considérait en revanche, très largement, que Napoléon avait aussi commis de (graves) erreurs ; tout ceci étant finalement bien résumé dans "Les Châtiments" du monument de la pensée bourgeoise qu'est Victor Hugo.[1]

Et il était dit, dans l’article incriminé, la même chose de Staline D’UN POINT DE VUE COMMUNISTE/PROLÉTARIEN : un révolutionnaire, indiscutablement, mais ayant commis des erreurs, pour ne pas dire des fautes (suivant le principe perseverare diabolicum) qui ont PERMIS le processus restaurationniste qui ne commencera réellement qu'après sa mort car de son vivant, sa propension au limogeage voire à la fusillade permettait certes à une néo-bourgeoisie de se former mais pas de se STABILISER. SLP est toujours assez largement sur ce point de vue. Dans un vieux Partisan de 2003 (nous semble-t-il), traitant du sujet, il était dit en substance que ‘‘Staline était révolutionnaire d’un point de vue bourgeois, mais réactionnaire d’un point de vue prolétarien’’. C’est en substance ce que SLP essaye de dire, mais en y mettant de la subtilité. Ce pourrait être exactement ce qui est dit, stalpeut-être, en ajoutant ‘objectivement’ avant ‘réactionnaire’ – car l’intentionnalité restait selon nous révolutionnaire, marxiste-léniniste, mais avec de lourdes erreurs comme la ‘‘théorie des forces productives’’, la productivité à tout prix au détriment de la ‘communisation’ dans les relations sociales etc.

Mais tu sembles en fait obnubilé, camarade, non pas par être sainement critique mais par REJETER absolument Staline, te démarquer à tout prix (et démarquer le maoïsme) de celui que la propagande capitaliste a érigé en ‘égal d’Hitler’, si bien que pour toi SLP défend Staline (ce qui n’était déjà pas exact fin 2009, et encore moins maintenant), donc SLP a une admiration – et beaucoup de mal à la refouler – pour Napoléon, et tout le propos du site n’est lu qu’à travers les lunettes brouillées de cet a priori préconçu.

En réalité, la majeure partie du "gros œuvre" napoléonien a été réalisée sous le Consulat (1799-1804), mais à partir du moment où il se sacre empereur, Napoléon singe ouvertement l'Ancien Régime (un curieux mélange de Louis XIV, Charlemagne et Charles Quint…) et c'est ce qui amènera finalement l'original "édulcoré" (Louis XVIII) à triompher sur la copie avec la Restauration, qui n'est pas vraiment une "contre-révolution" (la "révolution" n'en étant déjà pas une !) mais disons, dans la grande marche du capitalisme vers le pouvoir social total, depuis les "petites révolutions" urbaines du Moyen Âge jusqu'à l'apothéose de la fin du 19e, une "pause-rétrocession", une "petite marche arrière" : on a globalement le régime que l'on aurait eu si Louis XVI n'avait pas fait le con et été renversé en 1792 (mais tout rentre vite dans l'ordre dès 1830). Bref. Parmi ces erreurs, il y a le singeage de l'Ancien Régime et de sa Cour ; ou encore l'expansionnisme qui lui aliène les peuples européens, même les bourgeoisies libérales (comme les constitutionnels ‘espagnols’ de Cadix en 1812).

Le rétablissement de l'esclavage en est éminemment une, même d'un point de vue bourgeois, puisque ce mode de production aux colonies avait clairement fait son temps et montré ses limites, en plus de choquer la conscience humaine induite par le niveau des forces productives. Et pire encore fut, bien sûr, la guerre d’extermination menée en Gwadloup et en Haïti pour remettre la population noire dans les chaînes : l’historien Claude Ribbe parle de peut-être 80.000 mort-e-s (voire plus, Wikipédia évoque 100.000) pour Haïti et ce document d'un camarade ML (p. 6) de 10.000 pour la Guadeloupe (10% de la population en quelques semaines) ; étant considéré qu’un ‘nègre’ qui avait ‘goûté’ à la liberté ne pouvait plus être remis en esclavage, et devait donc mourir pour être remplacé par de nouveaux esclaves. Mais les ‘exploits’ colonialistes napoléoniens ne se limitèrent pas aux Caraïbes : quelques années auparavant il y avait eu l’expédition d’Égypte (1798-1801), pour soustraire ce pays à l’influence anglaise et (déjà !) y envisager le percement d’un canal reliant la Méditerranée à l’Océan Indien. Différentes autorités politiques et religieuses déclarèrent (on s’en doute) le djihad contre l’envahisseur et un moudjahidin, le Kurde syrien Suleyman al-Halabi, exécuta le général Kléber (qui s'était déjà "illustré" quelques années plus tôt en Vendée et Bretagne) que Bonaparte rentré à Paris (pour y prendre le pouvoir) avait laissé sur place comme proconsul investi des pleins pouvoirs. Pour cet acte patriotique, il sera jugé ‘conformément’ aux usages égyptiens et… empalé vif ! La description - par des témoins de l'époque - de ce supplice atroce fait véritablement frémir... D’une manière générale, les exactions de Napoléon puis (surtout) de Kléber rappelèrent aux peuples d'Égypte et du Machrek le temps des Croisades - la poudre à canon en plus. D’une manière générale, donc, la politique de Napoléon outre-mer aura été une sanglante préfiguration de ce que sera la politique coloniale ‘française’ à l’ère du capitalisme triomphant (puis des monopoles), ère que le Premier Consul justement inaugurait.

Nulle "contre-révolution" ici donc : si la "révolution" dont nous parlons est BOURGEOISE, nous n'avons là rien d'autre que le règne de la bourgeoisie dans toute sa "splendeur". Tu sembles en fait faire de "révolutionnaire" et "contre-révolutionnaire" des notions de "Bien" et de "Mal" avec un regard de 2013 : ce n'est pas matérialiste. Tout au plus peut-on parler de "mieux" : une révolution, changement radical de l'ordre politique, économique, social et intellectuel, amène généralement une amélioration de la condition humaine. Personne aujourd'hui n'aimerait vivre au Moyen Âge, par exemple. Pourtant cette époque était "révolutionnaire" par rapport à l'Empire romain où régnaient l'esclavage, les jeux de cirques etc. Le christianisme et l'islam, principales forces révolutionnaires de l'époque (devenant forces matérielles à travers les conquérants arabes et germaniques), avaient humanisé la condition du producteur : ils lui avaient donné quelques 'droits de propriété' sur sa propre personne, sa force de travail, ses biens d'usage et même ses moyens de production, ce que n'avait pas l'esclave antique. La considération pour la vie humaine s'était accrue en conséquence, le droit ‘de vie et de mort’ avait reculé, il fallait un procès pour pendre haut et court le serf contrevenant alors que l'esclave romain était crucifié sur simple ordre de son maître. Le capitalisme élève encore la considération pour l'être humain, devenu propriétaire plein et entier de lui-même mais privé (par contre) peu à peu de tout moyen de production ; il le fait cependant par un ‘tour de passe-passe’ : en réservant cette reconnaissance à une partie de l'humanité, "pleine et entière" en quelque sorte, et en en privant le reste. On distingue d'abord la ville (le bourgeois qui ne veut alors pas du tout dire "riche", mais "vivant en ville") de la campagne (qui reste sous régime féodal), puis le "sans feu ni lieu" du "bon père de famille" (le génocide des "vagabonds" entre le 15e et le 17e siècle est aujourd'hui bien tombé dans l'oubli), et bien sûr le chrétien du ‘païen’, du ‘barbare’ et de l'‘infidèle’ (musulman, juif, hérétique) ; puis on s'aperçoit que ces foutus curés ne peuvent pas s'empêcher de christianiser tous les sauvages qu'ils rencontrent, alors on crée le "blanc", la personne "de type européen" synonyme de "civilisée" ; au sein de quoi, ensuite, interviennent les différences de patrimoine, mais sur le papier les "droits" sont les mêmes. Napoléon était totalement sur cette ligne, il ne s'en est jamais écarté. Sa mission historique de "révolutionnaire" bourgeois était de briser les dernières subsistances de régimes juridiques différents selon les personnes : entre ordres (nobles, religieux et autres), entre régions, entre branches de métier (corporations etc.). Mais entre personnes BLANCHES, "civilisées".

Nous sommes assez choqués par l’accusation d'oblitérer ces points alors qu’ils sont assez souvent mis en avant sur SLP, saluant la mémoire de Louverture et Delgrès. Par contre, "Inutile de dire que ces figures de proue, Toussaint Louverture, Marx et Engels, ne font qu'incarner un large camp, ouvrier et colonisé"... là camarade c'est toi qui fais erreur, et lourdement : il y a un pas entre saluer le rôle historique de Louverture (dans la prise de conscience, en synthèse, que les droits démocratiques proclamés par la bourgeoisie au 18e siècle n’étaient pas "réservés aux blancs", comme le disaient la plupart de leurs proclamateurs eux-mêmes) et en faire un révolutionnaire prolétarien ou anti-impérialiste sur le même plan que Marx et Engels (qui au début étaient ‘légers’ en anti-impérialisme, au demeurant). Si l'on schématise la société coloniale qu'était alors Saint-Domingue, le "nègre évolué" qu'était Louverture était un "moyen-bourgeois", l'équivalent des Conventionnels de 1792-94 : affranchi depuis une vingtaine années (lorsque les évènements commencent en 1791), il est alphabétisé et en excellentes relations avec son ancien maître, il possède une petite plantation de café et même... quelques esclaves. Il était né esclave (équivalent colonial de prolétaire) puis avait été affranchi et avait gravi l’échelle sociale, comme en cette fin du 18e siècle d’innombrables personnes du peuple, en Hexagone, étaient devenues moyennes-bourgeoises – ce sera justement l’un des moteurs de la "révolution". Les "mulâtres" (métis à dominante blanche) étaient les grands bourgeois et les "blancs" les grands propriétaires, les oligarques (la plupart dégageront dans les années 1790, Dessalines fera massacrer les derniers en 1804). Les noirs affranchis de fraîche date étaient les petits bourgeois (aux côtés de quelques ‘petits blancs’) et les esclaves, les prolétaires. Louverture a donc été un révolutionnaire moyen-bourgeois ; d'ailleurs il calqua beaucoup son régime sur celui de Napoléon (champion de cette force sociale en Hexagone) : il mit en place un régime semi-autocratique de type césariste, très proche de celui de Bonaparte à Paris avec Cour, étiquette etc. mais dont le centre du pouvoir était l'armée noire (l'armée mulâtre de Rigaud étant écrasée en 1800, les planteurs blancs rappelés mais subordonnés et les représentants français renvoyés en métropole). Son successeur Dessalines se proclamera même empereur le 2 septembre 1804, après Napoléon donc, mais se fera couronner le 8 octobre... pour l'être avant (2 décembre pour le ‘petit caporal’) ! Sauf que dans la situation concrète précise, c'était progressiste et Napoléon, en effet, était le réactionnaire. Mais Louverture comme Dessalines restaient des bourgeois préoccupés de production et de commerce national, et c'est ainsi qu'ils mirent en place ce que l'on appelle le "caporalisme agraire" ou "règlements de culture" : les esclaves "libérés" restaient assignés sur les anciennes plantations, sous encadrement militaire, pour produire à coups de cravache le sucre - alors presque unique richesse de l'île. Par la suite, Dessalines sera liquidé par la ‘caste’ des mulâtres – Pétion etc., souvent ralliés de la dernière heure à l’indépendance – et ses partisans se réfugieront au Nord du pays avec Henri Christophe (qui se proclamera ‘roi’…) ; mais les uns comme les autres pratiqueront allègrement le ‘caporalisme agraire’ [lire documentation ici : caporalisme-agraire-haiti.pdf] . Jean-Pierre Boyer (mulâtre) réunifiera l’île en 1820 mais, sous la menace d’une nouvelle invasion, il signera avec Charles X un terrible traité de ‘réparations’ pour l’expropriation des plantations esclavagistes ; racket à l’origine de la misère actuelle d’Haïti. Eh oui ! Encore une fois il y a un (sacré !) pas entre reconnaître la valeur historique d'un personnage et l'idéaliser…

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Pour ce qui est, enfin, de la citation "La liberté politique est une liberté apparente, la pire sorte d'esclavage... L'hypocrisie ne peut subsister, la contradiction qu'elle dissimule doit ressortir ; nous devons avoir soit un véritable esclavage – c'est-à-dire un despotisme non déguisé – soit une liberté réelle et une égalité réelle, c'est-à-dire le communisme. Ces deux conséquences sont ressorties dans la Révolution française ; Napoléon établit l'une et Babeuf la seconde" (bien d’autres que Babeuf auraient pu être cités : les sections sans-culottes, les Enragés de l'abbé Jacques Roux - souvent confondus avec les "Exagérés" comme Hébert - qui inspirèrent Babeuf et plus tard les Canuts, les Demoiselles d’Ariège, les sociétés républicaines ouvrières sous Louis-Philippe, les partisans de ‘la Sociale’ en 1848-51 etc.) ; c’est en substance ce qui est dit dans un passage de l’article en lien plus haut : "Les grosses ‘machines’ monarchiques étaient devenues des freins à l'‘appel’ des forces productives, ‘appel’ à la révolution industrielle, et même dans les ‘républiques’ qu'étaient alors les grandes villes, ou des territoires ruraux comme les Escartons alpins, ou encore bien sûr les cantons suisses, les Provinces-Unies néerlandaises et les Cités-États italiennes, le pouvoir était devenu oligarchique, monopole de quelques grandes familles dominant les corporations, et empêchait les nouvelles couches bourgeoises, tournées vers la modernité, de se développer pleinement. Il fallait donc un ‘changement radical’ et ce furent les ‘révolutions’ bourgeoises de 1789 à 1871 environ ; mais ce ne furent pas de véritables révolutions au sens où un mode de production (le capitalisme) en aurait renversé un autre (la féodalité) régnant alors sans partage, et n'aurait réellement pu exister qu’ainsi. Cette véritable révolution-là, c'est la construction monarcho-grande-bourgeoise des États modernes qui l'a menée (et les révolutions républicaines oligarchiques de Suisse, des Pays-Bas, des cités italiennes aux 13e-14e siècles etc.). C'est ce qui explique les grandes ambiguïtés de cette période 1789-1871, le jeune prolétariat et la paysannerie pauvre, eux, voulant mener ce ‘changement radical’ jusqu'au bout, c'est-à-dire au socialisme (hélas pas encore théorisé scientifiquement comme tel), et ne récoltant généralement que des volées de plomb…"

Voilà, nous pensons avoir fait le tour.

Nous ne souhaitons pas polémiquer sur la "militance virtuelle" (comme si un site, qu'on se casse le derrière à faire tous les jours ou presque, n'était pas une réalité donc une force matérielle, donc une pratique, ce en quoi nous sommes pour le coup complètement d'accord avec le 'p''c''mlm') ; ni sur l'éventuelle "non organisation", comme si une personne non organisée était forcément "inférieure" théoriquement à une personne organisée, ce qui relève selon nous, comme le disait un camarade il y a quelques années, du mépris du peuple... Ceci n'étant de toute façon plus valide depuis septembre dernier puisque, conformément aux analyses menées depuis 2 ans, SLP est entré dans une démarche de construction d'un Parti communiste révolutionnaire d'Occitanie (tu ne seras peut-être pas d'accord, inutile là aussi de polémiquer), comme il y un PC maoïste de Galice ou un PC maoïste de Manipur (en Inde). Pour le coup le PCmF ne sera pas d'accord non plus, à vrai dire pas grand monde ne le sera, tant le mythe selon lequel l'État français se confond avec une "nation" est fort même dans les secteurs les plus avancés des masses populaires. Auparavant, en effet, après une brève expérience d'encartage politique, s’était imposée la conclusion que la démarche SLP n'avait de sens qu'EN DEHORS de toute organisation, de tout "centralisme" aussi nécessaire qu'hélas souvent stérilisant ; dans une logique d’"interpellation permanente", par une "voix du peuple avancé", des organisations qui, pour avoir un sigle, croient souvent détenir seules la vérité. À la hauteur des modestes moyens, l’impression aujourd'hui est que le résultat démontre la validité de ce choix…

Fraternellement,SLP

 

[1]  Lire : http://servirlepeuple.over-blog.com/2018/11/annexe-a-l-etude-en-finir-avec-la-france-quelques-verites-sur-la-grande-revolution-bourgeoise.html

[2] Distinguer "d'un point de vue bourgeois" et "d'un point de vue communiste prolétarien" signifie clairement que SLP n'a aucune sympathie pour Napoléon, mais que les prolétaires révolutionnaires doivent regarder Staline COMME les bourgeois du 19e siècle regardaient Napoléon : en reconnaissant les grandes réalisations, mais sans complaisance ni 'moulin-à-justifications' pour les erreurs et les fautes, parfois objectivement lourdes (exemple : l'URSS a gagné la Seconde Guerre mondiale certes, c'est d'ailleurs pourquoi la restauration capitaliste a pris des formes très différentes de la Restauration de 1815 en 'France' - contexte de défaite ; mais gagner en 'Espagne' aurait peut-être évité de la FAIRE, la guerre mondiale... or la ligne suivie par Staline et le Komintern dans ce conflit a grandement contribué à la défaite). Comme, PAREILLEMENT... mais pas dans le même CHAMP POLITIQUE !!! C'est cela que veut faire comprendre SLP. La bourgeoisie du 19e siècle, rarement favorable à un retour à l'Ancien Régime et certainement pas au Moyen Âge ou à Henri IV, défenseuse des acquis de 1789-1815, était dans l'ensemble capable de ce point de vue dialectique. Le mouvement communiste aujourd'hui, malheureusement, semble encore partagé sur la question de Staline entre le rejet total et la sacralisation au mépris de tout bon sens (et parfois à la limite du malsain). C'est sûrement que la bourgeoisie du 19e siècle, déjà installée dans ses positions de pouvoir depuis plusieurs siècles et pour qui 1815 n'avait pas été une défaite stratégique, était une classe plus sûre d'elle que le prolétariat aujourd'hui. 

Napoléon, nous l’exécrons bien évidemment, mais c'est bien normal : c'est un héros de la bourgeoisie, alors que notre camp est le camp du Peuple (et bien sûr en tant qu'Occitans ; ayant été l'un des pires centralisateurs de tous les temps). Le prolétariat du 19e siècle, soumis au livret ouvrier, à l'interdiction de toute coalition pour défendre ses intérêts, à la conscription par tirage au sort pour aller mourir sur les champs de bataille, à des vétérans d'un nombre variable de graaaandes batailles dans les casernes et, souvent, à des fortunes bâties entre 1799 et 1815 dans les usines, partageait sans doute ce point du vue. Les autres classes, en revanche, avaient toutes ou presque une certaine forme d'admiration.

Aujourd'hui, ce n'est pas seulement Staline que déteste la grande et moyenne bourgeoisie, c'est le communisme, en tout cas sa mise en pratique : Lénine, Staline, Mao, Hô Chi Minh aussi bien que le Che et Fidel Castro, Trotsky ou Tito. La petite bourgeoisie (ou plutôt la classe moyenne salariée), à la rigueur, peut dans certains cas avoir une vision plus positive de ces dirigeants, sauf Staline et Mao qui ont vraiment "tué beaucoup de gens" (en fait, à l'année et selon le même mode de calcul/supercherie, Lénine et Trotsky en auraient 'tué' plus mais c'est pas grave...[3]). Le prolétariat, lui, DEVRAIT POUVOIR avoir de ces leaders et des expériences sous leur direction une vision HISTORIQUE, 'détachée', pesant le 'pour' et le 'contre', apprenant des succès et tirant leçon des erreurs et des échecs. Ce n'est pas encore tout à fait le cas, mais ça viendra ! 

[3] Ainsi la terrible guerre civile de 1918-19-20 a provoqué une situation de crise alimentaire causant la mort directe, par sous-nutrition, de millions de personnes - des photos de cela seront d'ailleurs réutilisées lors du grand hoax Goebbels-Hearst sur l'Ukraine. En 1932-33 en revanche, en Ukraine et en Russie du Sud, la crise alimentaire causée par les sabotages des koulaks (une petite guerre civile non-déclarée !) n'a rien provoqué de tel, hormis une certaine surmortalité et - surtout - baisse de la natalité (grossesses remises à plus tard). Ceci a amené une différence avec les 'projections' statistiques, de l'ordre de 3 ou 4 millions de personnes, le même type de 'trou' démographique que l'on observe en 'France' entre 1914 et 1919, et la propagande anticommuniste a transformé cela en 'victimes de la famine'. Peu importe que des dizaines de témoins visitant ces régions à l'époque n'aient rien vu de tel : elles ne visitaient, voyez-vous, que des 'kolkhozes Potemkine' ; des personnes qui n'y ont jamais mis les pieds, par contre, font autorité. Enfin... surtout depuis les années 1970, lorsque la néo-bourgeoisie engendrée par les erreurs et les fautes de la direction stalinienne avait fait de l'URSS une proie facile ; car à l'époque concernée, l'affaire montée médiatiquement par Goebbels et le groupe de presse US (pro-nazi) Hearst était vite retombée comme un soufflé, et plus personne n'en parla pendant près de 40 ans. D'ailleurs les nationalistes ukrainiens qui font de cette 'famine' un point central de leur propagande sont généralement implantés... dans des régions d'Ukraine qui n'étaient PAS SOVIÉTIQUES en 1932 ! Pour "exterminer le sentiment national ukrainien", Staline aurait donc affamé les régions d'Ukraine (région du Donets etc.) les MOINS nationalistes, les PLUS liées et fidèles à la Russie, ainsi que des parties de la Russie elle-même (région du Don, Kouban)... cherchez pas à comprendre ; même si, on l'a dit, SLP est profondément critique sur le traitement par Staline de la question des nationalités.

Le même type de manipulation existe sur le Grand Bond en Chine (1958-1961), qui fut effectivement un échec économique (mal préparé, et peut-être sabotages par des cadres qui lui étaient hostiles... et étaient sans doute majoritaires dans le Parti). Mao y aurait 'tué' entre 30 et 40 millions de personnes (5% de la population de l'époque) et au total, pendant son 'règne', "de 50 à 70 millions" ou "de 60 à 80 millions" (les deux versions existent), ce qui fait 10% de la population moyenne de la Chine pendant ledit 'règne'. C'est ce qui explique sans doute que la population chinoise, entre 1949 et 1976, ait augmenté de... 72% (de 540 millions environ à 930 millions, on voit ici la courbe à partir de 1961, 39% d'augmentation rien qu'en 15 ans) ; alors qu'une 'saignée' bien moindre (3% de la population) en 1914-18 a fait stagner la population hexagonale pendant près de 30 ans ! La réalité, c'est que si UN SEUL mérite devait être reconnu à Staline en URSS et à Mao en Chine (il y en a d'autres, évidemment...), c'est d'y avoir mené la 'révolution' industrielle et agricole que l’État français a connu entre 1750 et 1850, et d'avoir fait DISPARAÎTRE la famine de ces pays. Dans la 'guerre de tranchées' idéologique qui fait partie intégrante de la lutte des classes, la bourgeoisie doit donc déployer d'énormes efforts sur ce 'front'-là : la fameuse rengaine du "communisme affame le peuple".

Au demeurant, si l'on étudiait à la loupe les statistiques démographiques, il est probable que la période de la Grande Dépression aux États-Unis (années 1930, principalement la première moitié) révélerait le même genre de forte surmortalité, peut-être de l'ordre de plusieurs millions de personnes entre sous-alimentation et maladies favorisées par celle-ci, froid (dans la rue ou faute de moyens de chauffage), suicides "directs" ou "à petit feu" (par alcoolisme notamment) etc. etc. Il y a d'ailleurs déjà de telles études qui avancent des chiffres de l'ordre de plusieurs millions, évidemment démenties par les sacro-saints et sempiternels "experts sérieux"... Mais que tendrait à corroborer la nette inflexion que l'on voit entre 1930 et 1939 sur la courbe de la population américaine, courbe par ailleurs parfaitement linéaire depuis 1870 (la précédente inflexion étant les années 1860 soit... la Guerre de Sécession !) et reprenant tranquillement son ascension ensuite (la population gagnant ainsi presque 20 millions dans les années 1940 alors qu'il y a eu la guerre, 300.000 jeunes hommes tués, des millions de couples séparés etc.). Cela tombe d'ailleurs sous le sens vu que jusqu'au milieu de la décennie (premières lois welfare en 1935), les victimes de la "main invisible" du marché de l'emploi ne bénéficiaient d'absolument aucune protection sociale, l'absence de travail signifiant l'absence totale de revenus (début 1933 il y a 15 millions de chômeurs soit 60 à 70 millions de sans-revenus par répercussion, seulement 10% d'emploi à plein temps donc salaire "décent", 2 millions de sans-abri etc.)... S'ajoute à cela qu'évidemment, le "rêve américain" ne faisait plus rêver grand monde et, le gouvernement ayant par ailleurs drastiquement "serré la vis" niveau immigration (1924), pour la première fois dans leur histoire il sort plus de personnes des USA (environ 90.000), au cours de la décennie 1930, qu'il n'en entre. Les "experts" susmentionnés répondront que non, pas du tout, les statistiques officielles indiquent que "seulement" 110 indigents sont par exemple morts de faim à New York à 1934, donc par extrapolation au maximum quelques milliers dans tout les États-Unis pendant la terrible décennie... C'est exactement là la différence dont nous parlons entre des "morts de faim" au sens strict et une surmortalité (encore plus un déficit démographique) conséquence d'une situation économique difficile. Ce qui est quasi certain, c'est qu'avec les mêmes "méthodes" de calcul que pour l'URSS ou la Chine du Grand Bond, on pourrait affirmer sans problème qu'il y a eu des millions de morts aux États-Unis lors de la Grande Dépression. Des "travaux" de propagande russe (alors que comme chacun-e le sait, les tensions russo-occidentales au sujet de l'Ukraine font rage), gaiment repris (évidemment) sur tous les sites fascistes "révolutionnaires" et/ou conspis, le démontrent parfaitement.

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 11:27

 

Nous y sommes : le 'centre' 'mlm' de l’État belge, centre on-ne-sait-trop de quoi sinon de la Belgique universitaire, elle-même pitoyable appendice de la 'France' intello-parisienne du 'p''c''mlm', a publié le n°4 de sa revue 'Clarté rouge' consacré à la Guerre populaire (le dernier numéro sur le sujet était plutôt intéressant), et s'y livre enfin aux attaques promises contre le (nouveau) Parti communiste italien. Le ridicule de s'attaquer à des gens ayant, pour certains, passé plusieurs années en prison ne tuant manifestement pas ces petits bourgeois prétentieux, le jour de l''exécution politique' est donc arrivé (héhéhé !) ; et comme disait Robert-François Damiens au matin de son écartèlement en 1757 : "la journée sera rude" :) !

1. En premier lieu, le document aborde (et repose sur) les trois formes de lutte constituant, selon le 'centre' 'mlm', la 'vraie' Guerre populaire en pays impérialiste. Ces trois formes sont :

- la lutte armée (entendue au sens ETA, Brigades rouges etc. : actions violentes clandestine, avec armes à feu ou explosifs) ;

- le sabotage

- le combat de rue (de type black- ou red-blocks).

Déjà, pour commencer, ce découpage est totalement fallacieux. Car en réalité :

- la lutte armée et le sabotage ne font qu'un : le sabotage est une forme de lutte armée, visant des biens, des installations et non des personnes. Les actions des Cellules Communistes Combattantes de Belgique (CCC), visant des installations et des 'symboles' du capitalisme et de l'impérialisme et se voulant (à ce stade) non-létales (elles ne le furent que par accident), étaient du sabotage, dans le cadre d'une lutte armée.

- le combat de rue type 'black-block' ou kale borroka (au Pays Basque) est lui aussi une forme   particulière de lutte armée, sans armes à feu et 'au grand jour' (bien que le visage couvert, évidemment). En Italie, dans les années 1970, il y avait même parfois des combats de rue avec armes à feu (il en reste des photos célèbres).

DONC, les trois formes de lutte que nous donne le 'centre' 'mlm' pour la Guerre populaire sont en fait des formes différentes de lutte armée.

Anni di piombo22. Reste donc entière la question de toutes les autres formes de lutte, et (bien sûr) de l'articulation de celles-ci avec la lutte armée dans ses différentes formes. Quid des 'luttes économiques' DURES, avec occupation d'usine, séquestration des cadres, menaces de tout faire sauter (menace qui seront peut-être, un jour, mises à exécution) ? Quid, dans des pays impérialistes frappés durement par la crise du logement, de l'occupation-autogestion des logements contre les 'marchands de sommeil' (ces logements occupés pouvant aussi devenir, comme en Italie ou en 'Espagne', des centres de diffusion culturels 'alternatifs' contre la culture dominante) ? Quid, dans des pays globalement riches mais frappés par la 'crise du pouvoir d'achat' et la consommation à crédit, des actions d''auto-réduction' contre la grande distribution capitaliste ? Quid, dans des États qui sont d'énormes machines de guerre où les masses financent leur propre oppression (pendant que les Cahuzac de tout poil planquent leur pognon en Suisse), des actions visant à 'frapper au portefeuille' : la 'grève' des taxes, impôts locaux injustes, 'droits', péages (ah c'est vrai, il n'y en a pas en Belgique... les veinards !) et autres prélèvements qui étranglent le prolétaire au SMIC obligé de payer exactement comme le cadre à 5.000 euros par mois ; voire carrément de la grève des loyers, tickets/billets de transport etc. etc. ? Quid des actions d'agit-prop diverses (banderoles, affiches, stickers, 'happenings' divers pratiqués par les fascistes qui ont là 13 longueurs d'avance, etc. etc.) ? Quid du combat contre les fascistes qui, dans les pays 'développés', sont une forme particulière, para-étatique d'ultra-réaction ; une sorte de 'société politico-militaire parallèle' dans la 'société civile' ?

Pour ce qui est de la lutte armée au sens où l'entend le 'centre mlm', en Europe industrialisée, sa difficile accessibilité au 'prolétaire lambda' et la logistique clandestine qu'elle suppose ont déjà montré, par l'expérience, sa principale limite, qui est l'isolement avant-gardiste de l'organisation combattante, même là où les conditions étaient les plus favorables à un large soutien de masse (Irlande du Nord, Pays Basque 'espagnol' et Italie dans les années 1970) ; au contraire des pays du 'tiers-monde' où il est possible de prendre le contrôle de régions reculées entières, même au stade d'une très faible défensive stratégique, et d'y instaurer le Pouvoir populaire.

En réalité, même lorsque les circonstances (condition première !) d'une grande violence répressive du Capital (descente sur le terrain de la guerre civile) rendent cette forme de lutte acceptable par les masses d'un point de vue d'agitation et de propagande, elle va alors être 'centrale' d'un point de vue idéologique ('référence' politique des personnes en lutte) et organisationnel, mais 'marginale' d'un point de vue opérationnel... tout simplement parce que le terrain ne permet pas autre chose ! Même pendant la Seconde Guerre mondiale, en Europe de l'Ouest (Italie, 'France'), les grands 'maquis' n'ont véritablement existé que lorsqu'il y a eu 'débandade', dissolution de l'État réactionnaire fasciste (nazi-vichyste et mussolinien) face aux débarquements alliés de 1943 et 1944, avec aussi une question de légitimité de celui-ci ('marionnette' d'une occupation étrangère brutale). Avant cela, region-paris-squat-social-1972-1973l'intensité de la lutte armée clandestine (et du sabotage) n'était guère plus haut que le niveau de l'Italie des années 1970 (sans le combat de rue, qui aurait évidemment conduit à un massacre de masse)... En Belgique, qui comptait alors déjà près de 280 habitants au km², jusqu'à ce que les armées alliées pénètrent sur le territoire, c'était totalement impossible (sauf dans certains secteurs des Ardennes, peut-être). Et dans un contexte d'État bourgeois 'libéral', à façade démocratique et à 'société civile' forte, c'est tout simplement inenvisageable (même le simple fait d'utiliser mortellement, de manière organisée dans ce but, des armes à feu ou des explosifs est problématique, et doit être bien pensé) !

Il n'est donc pas possible de faire tout simplement 'abstraction' des autres formes de lutte que nous avons citées ; formes qui, loin d'être de la 'pseudo-guerre populaire' et des 'cache-sexes pour opportunistes', permettent l'engagement large et concret des masses opprimées dans le processus révolutionnaire ; la lutte armée, lorsqu'elle existe, servant de 'point de référence' : même dans un contexte de Résistance antifasciste, lorsqu'il n'y a pas plus 'descendu sur le terrain de la guerre civile' que la bourgeoisie d'alors, et que la légitimité de la lutte armée avec mort d'homme ne laisse pas l'ombre d'un doute dans les masses, elles ont encore leur place !

Quant à la question de l'articulation/ coordination de toutes ces formes de lutte, c'est évidemment la question du Parti, avant-garde révolutionnaire des masses constituée et consolidée (en lien avec celles-ci) en 'centre directeur/coordinateur' de toutes les actions visant à renverser le capitalisme... et non une bande de bouffons auto-proclamés avant-garde !

3. La mauvaise foi, la simplification/caricature et l'ultra-critique destructive qui caractérisent de tout temps la petite bourgeoisie gauchiste : "Donc, pour le (n)PCI, la première phase de la guerre populaire consiste à participer aux élections, aux luttes économiques et à former des clubs de gym et des cinéclubs !
Cette première phase doit nous amener à la seconde phase, la guerre civile lors de laquelle « les forces armées populaires disputeront le terrain aux forces armées de la bourgeoisie impérialiste, lors de laquelle existeront des territoires libérés, etc. ».
Pas une action armée, pas une action violente n’est évoquée entre ces deux phases. Pas même un mot sur l’organisation du Parti et de ses organisations périphériques en vue de l’affrontement armé. Il faut croire que le public sortira des cinéclubs du (n)PCI pour disputer le terrain aux forces armées de la bourgeoisie en leur lançant des paquets de pop corn...
Rarement l’opportunisme ne s’est affiché de manière aussi impudente, rarement les principes du maoïsme ont été à ce point bafoués."

La caricature du propos critiqué [l'article du (n)PCI Il faut distinguer lois universelles et lois particulières de la Guerre populaire (2004), voir les extraits dans l'article du 'centre' 'mlm' en lien] est on-ne-peut-plus grossière, et en définitive pathétique pour le groupuscule qui l'émet. S'il ne s'agissait 'que de cela', il est évident que le (n)PCI et ses organisations générées (CARC, Syndicat des Travailleurs en Lutte, Solidarietà Proletaria, groupe 'Caccia allo Sbirro' contre les violences policières etc.) ne feraient pas face à la répression qu'ils subissent, même si celle-ci est évidemment moindre que pour le PC politico-militaire, qui (lui) prônait directement la lutte armée. 1248614219686 carcrissap g 0627L'article attaqué donne au contraire de grandes et précieuses précisions sur la conception de la Guerre populaire en Italie, au stade de la 'défensive stratégique' [ou plutôt, devrait-on dire, vu la faible emprise d'un quelconque Parti - (n)PCI ou autre - sur les masses, à l'étape zéro de la GPP] ; et notamment sur la thèse de l''irruption dans le petit théâtre de la politique bourgeoise' : la participation aux échéances électorales, qui est beaucoup reprochée au (n)PCI (déjà en Italie même) et sur laquelle s'est beaucoup exprimé SLP. L'on peut ne pas être d'accord (ainsi, sur le fait de soutenir des listes bourgeoises 'de gauche' ou petites-bourgeoises 'contestataires', et non de présenter des listes du mouvement dirigé par le Parti, nous ne le sommes pas) ; l'on peut critiquer la pratique qui en découle (ce que nous faisons également, précisons aussi que l'article date de 2004 et que nous sommes en 2013, depuis il y a eu la 'Grillo-mania' etc.) ; mais avoir ainsi besoin de caricaturer pour argumenter, c'est la marque de ceux qui n'ont définitivement rien à dire.

La critique destructive du 'centre' 'mlm' ignore, avec un ton péremptoire ‘marque de fabrique’ de leurs parrains intello-parisiens, des réalités essentielles de l'activité politique révolutionnaire en Italie :

- Il y a des choses qui ne se crient pas sur les toits : l'Italie n'a pas seulement une législation 'anti-terroriste' comparable aux autres pays d'Europe et d'Occident, elle a également une législation 'anti-subversive' extrêmement large et élastique, datant de Mussolini et jamais abrogée (elle fut notamment appliquée massivement dans les années 1970-80). Cette législation, permettant de frapper des personnes n'ayant commis aucune violence ni même rien d'illégal (mais qui seraient 'susceptible de'), est sans doute la plus dure du continent, ex aequo avec celle de l'État espagnol. Il est évident qu'au stade de la défensive stratégique, voire de l''étape zéro', lorsque la supériorité politico-militaire et idéologique/culturelle de l'ennemi est totale, on ne va pas clamer publiquement comment l'on compte, bien plus tard, passer à une véritable guerre civile armée, et les préparatifs que l'on fait en ce sens. Le ton d'AUCUN média révolutionnaire marxiste-léniniste ou maoïste italien (dont l'existence est pourtant indispensable, pour diffuser la conception communiste du monde dans les masses) n'est guère plus 'radical' et violent que celui des CARC et du (n)PCI (à la rigueur, des site comme Redblock des jeunesses du PCmI ou 'Militant' assument le combat de rue, mais c'est tout) ; tout simplement parce qu'en Italie cela entraînerait une 'exécution électronique' immédiate du site, et l'inculpation de ses administrateurs. Dans un éclair de lucidité (en dernier paragraphe), le 'centre mlm' dit d'ailleurs lui-même que "Une authentique préparation à la guerre populaire implique une discrétion telle que mettre au défi telle ou telle organisation de « prouver » qu’elle prépare réellement la guerre populaire serait ni plus ni moins une provocation policière"...

- L'Italie est un pays de fort 'civisme' populaire et de grande illusion en la politique électorale (une abstention de 25%, comme aux dernières législatives, peut être considérée comme extraordinaire !), et le mouvement communiste italien a une LONGUE histoire d''électoralisme' (traduire, d'utilisation des 'tribunes' électives dans les buts qu'il s'est fixé) : Gramsci lui-même était député (1924-26), et portait la contradiction à Mussolini himself dans l'hémicycle ! Dans les années 1970, même les organisations combattantes ou militantes 'très radicales' comme Lotta Continua donnaient des consignes de vote pour Democrazia Proletaria... ou carrément pour le vieux PCI ! Cela ne veut pas dire que c'était juste et qu'il faille le refaire ; il s'agit simplement de montrer que les arguments du (n)PCI ne reposent pas sur rien ou sur n'importe quoi : il y a dans la 'formation psychique nationale' des communistes italiens un fort terreau en ce sens. Quoi qu'il en soit, ni Lénine ni Mao n'ont jamais dit (bien au contraire) qu'il ne faille jamais, en aucun cas, s'impliquer dans un 'moment électoral', surtout dans des pays impérialistes/avancés où ce 'moment' engendre une particulière 'réceptivité' des masses au discours politique (et beaucoup d'illusions quant à la 'citoyenneté' et à la 'démocratie'... nous ne sommes pas au Pérou !). La 'ligne de démarcation', c'est et cela a toujours été de faire de cette implication une forme de lutte (tactique) parmi d'autres, ou au contraire d'en faire une fin en soi (avoir des élus, gagner des mairies, des sièges de député etc.), ce qui conduit à l'opportunisme et à l'institutionnalisation.

solidarietàgramigna2- L'Italie est également un pays où, depuis les années 1970 où ils ont succédé aux 'maisons du peuple' et autres 'cercles culturels' d'un PCI institutionnalisé, les 'centri sociali' (qui n'ont rien à voir avec les centres associatifs subventionnés par les mairies ici) jouent un grand rôle dans la lutte de classe réelle (celle que les groupuscules type 'centre' 'mlm' ignorent totalement, du haut de leur chaire universitaire). Ces 'centres sociaux' sont les 'cinéclubs' et autres 'clubs de gym' de l'insinuation perfide du 'centre mlm' contre le (n)PCI. Quiconque connaît l'Italie sait que l'on est fort loin de cette caricature (même si, sous des municipalités 'de gauche', certains de ces centres ont pu finir par s'institutionnaliser).

- L'Italie est un pays où l'organisation massive des travailleurs pour les 'luttes économiques' est encore une réalité : ainsi par exemple, l'Union des Syndicats de Base (USB), un syndicat alternatif et réputé 'dur', compte plus de 250.000 adhérent-e-s et la CGIL (grand syndicat le plus 'à gauche')... près de 6 millions (dont près de 400.000 pour la seule FIOM, syndicat réputé 'dur' de la métallurgie et de la mécanique), en comptant certes les retraité-e-s. Notre bonne vieille CGT (son équivalent hexagonal) en compte moins de 700.000 (là encore, retraité-e-s inclus-es) et l'Union syndicale Solidaires (SUD), plus ou moins l'équivalent de l'USB, autour de 100.000 ! Peut-on ignorer une réalité comme celle-ci, lorsque l'on prétend diriger les masses populaires vers le communisme ? Ces organisations sont, certes, 'réformistes radicales', ou encore 'subversivistes' au sens de Gramsci (contestataires du 'système', mais 'intégrant' intellectuellement la position d'infériorisés). Il y a du travail (beaucoup...) pour en extraire des forces révolutionnaires conséquentes... Mais qui va le mener et comment, ce travail, si l'on refuse catégoriquement de se lier aux prolétaires qui y voient, pour le moment, le meilleur voire le seul instrument de résistance aux agressions du Capital ?? Les camarades du PC maoïste, eux, travaillent (politiquement) pour l'essentiel dans le Slai COBAS (COBAS désigne en Italie les 'comités de base' pour un syndicalisme ouvrier-employé 'de combat', apparus à la fin des années 1970 et très nombreux). À vrai dire, il n'y a dans ce pays aucune organisation communiste un tant soit peu conséquente qui pratique les élucubrations anti-syndicales du 'centre' 'mlm' ou de ses 'parrains' parisiens.

4. Le (n)PCI tire sans doute, en fait, 'trop' les leçons des années 1970 ; et dérive ainsi vers le légalisme et l'électoralisme. Lorsque, nous l'avons déjà dit ici-même, le succès électoral (en mode 'ballon de baudruche') d'un mouvement contestataire populoïde et archi-ambigu comme celui de Beppe Grillo est décrit comme une véritable 'attaque au cœur de l’État' (au cœur des 'sommets de la République pontificale'), c'est ce qu'il convient d'appeler du délire...

autonomiaSelon nous (pour s'être cognés 300 pages de Manifeste Programme, on en sait quelque chose !), le (n)PCI a une analyse critique erronée de la période (dont certains de ses cadres sont issus), analyse dont découle peut-être (voire sans doute, même) les autres erreurs : pour lui, tout est une question de 'dérive militariste' et 'clandestiniste', de 'coupure' avant-gardiste armée avec les masses (ce qui est peut-être vrai à partir de la fin des années 1970). La conclusion (erronée) est donc qu'il faut 'mieux accumuler les forces', au travers d'une pratique légaliste et pacifique prolongée... Pour nous, au contraire, la 'petite guerre populaire' qui sévissait alors dans la 'Botte' italienne présentait une très grande et très intéressante variété de formes de lutte (notamment celles que nous avons citées au point 2), en plus des formes de lutte armée illégale (celles que cite le 'centre' 'mlm'), et un très fort appui de masse, en tout cas au début. Le problème a été, principalement, outre une confusion entre début de la nouvelle crise générale et effondrement imminent du capitalisme (ce que dit aussi le (n)PCI), un problème de division de la direction politique, d'absence de centre dirigeant unifié : parfois sur de VRAIES questions idéologiques (mais sans véritable lutte de ligne permettant le triomphe de la position juste ou 'meilleure') et parfois, aussi, sur des questions de dogmato-sectarisme voire des hostilités de personnes ; suite à quoi, dans les 'interstices' laissés par cette division, se sont engouffrées de idéologies erronées et 'perdantes' à terme ('francfortisme' marcusien, situationnisme et operaïsme qui en est une forme italienne spécifique, semi-anarchisme 'autonome', théories sur les 'nouveaux sujets révolutionnaires', élucubrations de Toni Negri etc. etc.).

Mais le 'centre mlm', lui, ne tire aucune leçon de l'expérience des CCC... y compris de la propre autocritique de celles-ci (notamment le fameux document La Flèche et la Cible) ; sur le fait de s'être, même armées d'un marxisme-léninisme 'solide', retrouvées dans la position d'une 'minorité agissante' (une dizaine de personnes) semi-anarchiste à la Action Directe ou RAF (bien que ces organisations aient ensuite essayé de 'torpiller' les CCC), sans grand lien avec le mouvement réel des luttes de classe (d'ailleurs en grand recul à l'époque, au milieu des années 1980).

200px-Communist Combatant Cells LogoReste entière la question de la manière dont ces 'trois formes de Guerre populaire' (en réalité, trois formes de lutte armée...) s'articulent avec et s'appuient sur d'autres formes de luttes populaires, plus 'accessibles' au prolétaire 'de base', pour éviter l'avant-gardisme armé.

Reste entière la question du LIEN tissé entre le Parti qui mène ces actions et LES MASSES exploitées/opprimées, lien qui (avec l'existence du Parti lui-même) est la condition du passage de l''étape zéro' à la défensive stratégique proprement dite ; en fait, la question d'une véritable mobilisation révolutionnaires dans les masses, permettant une 'réceptivité' aux actions 'hors des clous' de la légalité, sans quoi les 'trois formes' de Guerre populaire de nos théoriciens en herbe restent une activité groupusculaire de 'minorités agissantes' coupées des masses, et contre lesquelles la bourgeoisie pourra même facilement mobiliser dans un sens réactionnaire... Question qui est en fait, tout simplement, celle de l'hégémonie intellectuelle/idéologique/culturelle selon Gramsci, hégémonie qui plus encore que la force armée/policière et la répression pénale, dans un capitalisme suffisamment avancé, est un pilier essentiel de la domination de classe : en fait, c'est le SECRET du 'pourquoi' les masses ne se reconnaissent pas (de manière spontanée, 'immédiate') dans le type d'actions que prône le 'centre mlm', sauf dans quelques parties réduites de l'Europe comme l'Irlande du Nord, le Pays Basque etc., où la conflictualité a de profondes racines historiques. Pour nous, la construction de cette influence idéologique progressiste/révolutionnaire de l'avant-garde sur les masses, condition pour que des actions clairement extra-légales soient 'suivies', est la première tâche essentielle de l'avant-garde en question, à l''étape zéro' (une tâche qui se mène DANS les gramsciluttes de masses telles qu'elles sont, et non du haut d'une 'chaire' internet, les luttes n'étant pas ce qu'elles devraient être).

La stratégie actuelle du (n)PCI est connue et a été suffisamment abordée sur SLP : à travers leur 'Gouvernement de Bloc Populaire' ou (aujourd'hui) de 'Salut National' (gouvernement de dirigeants syndicaux 'durs' et autres tribuns politiques 'alternatifs'), ils espèrent constituer un 'cadre' dans lequel ce lien pourra se nouer rapidement, dans lequel le Parti pourra facilement et massivement accumuler (et armer) des forces pour l'étape suivante, celle où la bourgeoisie reprendra l'offensive et descendra sur le terrain de la guerre civile : pour nous, ceci est 'trop simple' et donc erroné, sans parler des méthodes pour parvenir à ce fameux gouvernement, qui peuvent laisser effectivement pantois. Mais en tout cas, l'analyse que font à peu près tous les ML et MLM de l'étape actuelle en Italie nous laisse mesurer le chemin à parcourir devant nous, lorsque l'on sait que cet État est beaucoup plus faible que le nôtre (tant dans le champ de la 'société politico-militaire' que de la 'société civile'), déléguant nombre des tâches 'normales' d'un État à d'autres forces (à l’Église et aux organisations mafieuses, principalement).

5. Vient enfin la prise de conscience : "Nous avons traité dans notre précédente contribution la question des « conditions préalables » à la guerre populaire. Pratiquement, tout élément essentiel au processus révolutionnaire pourrait devenir « condition préalable » : la fondation d’un Parti communiste MLM, ou l’établissement d’un lien aux masses (la préparation de « bases d’appui »), d’une base de masse, ou l’élaboration d’une pensée, et à partir de celle-ci, d’une stratégie, etc.
Le propre de ces « conditions préalables » est d’être :
- Légitimes en ce sens qu’il s’agit effectivement de conditions préalables, sans lesquelles le déclenchement de la lutte armée ne serait pas le déclenchement d’une guerre populaire mais le déclenchement d’une lutte armée aventuriste, militariste, opportuniste de gauche
".

Ben oui, ce sont effectivement les conditions essentielles pour sortir de l''étape zéro' des résistances populaires à l'oppression, et passer à la véritable défensive stratégique d'une Guerre populaire planifiée. Un apport indéniable du (n)PCI, là-dessus, au mouvement communiste en Europe (quoi que l'on pense ensuite de leur pratique), est que ces conditions sont en fait, dès lors qu'il y a une crise générale du capitalisme, essentiellement subjectives et qu'elles se construisent (cf. ce que nous disons plus haut) : trop souvent, sur notre continent, les communistes se sont contenté de les 'attendre', sous la forme d'une crise aiguë, économique ou 'de régime', c'est pourquoi ils ont fait du sur-place dans leur lutte et ont fini (principalement dans le cadre des 'Trente Glorieuses') par s'institutionnaliser. Mais de ces conditions indispensables, nos petits donneurs de leçon nous disent qu'elles sont "floues, en ce sens que chacun peu interpréter à quel degré d’achèvement ces conditions doivent être arrivées pour légitimer le déclenchement de la guerre populaire. L’opportunisme de droite utilise ce « flou » pour étendre sans cesse la phase consacrée à la réunion des « conditions préalables » — et donc reporter sans cesse le déclenchement de la guerre populaire. De plus, cela finit par faire des « conditions préalables » des objectifs en soi. Et pour progresser dans la réunion des « conditions préalables », on en vient à faire des choix et développer des pratiques qui, sous couvert de servir la réunion des « conditions préalables » à la guerre populaire, rend le déclenchement de celle-ci encore plus problématique. Par exemple, en invoquant la constitution d’une certaine « base de masse » comme préalable à la guerre populaire, les opportunistes de droite vont développer des pratique qui, certes, peuvent multiplier les connexions du parti dans les masses, mais qui rendent ces connexions inutiles dans une véritable perspective de guerre populaire (parce qu’elles sont toutes bien connues de la police par exemple)"... ben oui, c'est tout le risque de ce qui s'appelle l'opportunisme (le (n)PCI dénonce précisément ce type d'attitude !) ; et en même temps, il faut ces conditions pour pouvoir 'parler sérieusement', et il faut travailler à les construire. L'opportunisme de droite n'a en fait nullement sa source dans leur recherche et leur construction, ni même dans l'attente passive de celles-ci (qui n'est qu'un 'terreau favorable'), il a sa source dans les aspirants néo-bourgeois que génère inévitablement la société capitaliste et qui vont, pour certains, voir dans le militantisme 'révolutionnaire' cette 'voie royale' - les gauchistes façon 'centre mlm' n'en sont qu'une autre version. C'est là une lutte idéologique à mener au sein même du mouvement communiste organisé, en développant la ligne de conduite : 'Servir le Peuple !'.

Kakashi Rouge2En attendant, c'est sûr que des pseudos comme 'Volodia Gigot' ou 'Toupie-qui-tourne', ça respire, ça 'suinte' (comme dirait l'autre) les gars qui préparent avec tout le sérieux requis la Guerre populaire révolutionnaire... version Armée des Clowns !

Pour le reste, "On ne joue pas avec l’insurrection, on ne joue pas avec la guerre populaire, on ne joue pas à la guerre populaire. La guerre populaire est l’activité centrale de la stratégie révolutionnaire. Tout doit y ramener, tout doit s’y subordonner. Comme disait le PCP : la centralité, c’est le combat. Se prendre en photo avec des armes, dans des poses avantageuses, sur fond de drapeau rouge, multiplier des effets d’annonces et des déclarations de guerre, baptiser « action de guerre populaire » des initiatives qui relèvent de l’agit-prop la plus banale (comme accrocher une banderole ou un drapeau rouge), voire même mener l’une ou l’autre action armée, ce n’est pas encore faire la guerre populaire. Un des caractères de la guerre populaire, c’est qu’elle doit est la pratique centrale des communistes. Un parti qui ne consacrerait qu’une portion minime de son activité, de ses forces, de ses moyens, aux procédés spécifiques de la guerre populaire (le sabotage, le combat de rue et la lutte armée) ne peut être considéré comme menant la guerre populaire"... voilà qui pourrait s'appliquer pleinement, sinon à eux-mêmes, du moins à leurs 'petits maîtres à penser' parisiens, rois de la photo de stickers déposés par leurs soins. Même si l'agit-prop, nous ne disons pas le contraire, c'est important !

En réalité, il n’y a qu’une SEULE ET UNIQUE universalité de la Guerre populaire : c'est d'être l’action prolongée, consciente et organisée, planifiée (par un Parti révolutionnaire), de négation du capitalisme par le communisme ; jusqu’à la prise du pouvoir par le prolétariat (et dans ce but assumé, évidemment) – après, c’est la transition socialiste. Ce processus ne peut certes pas se faire sans une part de violence (aucune classe dominante ne se liquidant elle-même ‘gentiment’), encore moins sans une part d’illégalité, puisque la légalité n'exprime rien d'autre que les intérêts de la classe dominante (leur volonté faite loi disait Marx)… mais cela, les marxistes le disent depuis Marx et Engels, même si des révisionnistes l’ont épisodiquement oblitéré : le ‘centre mlm’ n’a franchement pas révolutionné la pensée communiste. Et dans ce processus, rejeter dogmatiquement UNE forme de lutte possible parce qu’elle ne correspondrait pas aux fantasmes de cyber-warriors que l’on se fait de la Guerre populaire, c’est condamner celle-ci à la défaite ! Rejeter ce que le ‘centre mlm’ appelle les ‘clubs de gym’ et les ‘cinéclubs’, c'est-à-dire en réalité les outils de conquête de l’hégémonie intellectuelle par le prolétariat révolutionnaire, c’est carrément catastrophique !!!

Pour finir, le numéro de 'Clarté rouge' version 'centre mlm' nous sert un entretien avec le PC politico-militaire italien, durement frappé par la répression. C'est un document, effectivement, intéressant : il participe, avec ses points justes et sans doute ses erreurs (nous n'avons pas la prétention de trier les uns des autres), à la décantation/reconstruction du mouvement communiste en Italie, au même titre que le PC maoïste et le (n)PCI et d'autres encore. Le PCPM considère que l'étape actuelle permet le développement d'une forme de lutte armée ; le (n)PCI considère que les formes de lutte de l'étape où nous sommes sont celles exposées dans l'article du 'centre mlm' en lien ; le PCmI prône les luttes économiques et démocratiques 'dures', les occupations, les expropriations et le combat de rue. Tout ceci participe du débat. D'ailleurs, quelles que soient les divergences de vues, lorsque le PCPM est tombé sous les coups de la répression en 2007, il a reçu le soutien... du (n)PCI, des CARC et de Solidarietà Proletaria. Quiconque a approché le mouvement communiste transalpin aura été frappé, au-delà des prises à partie parfois vives, par le très faible sectarisme politique dans la pratique, à des années-lumière du 'centre mlm' et de ses amis internationaux (qui, après avoir constitué une éphémère 'internationale anti-népalaise', se sont ensuite gaiement étripés entre eux).

[Concrètement, et après mûre réflexion sur cet épineux sujet, nous en sommes venus à la conclusion que :

- Le (n)PCI a PENSÉ l'Italie, là-dessus il n'y a pas photo, et c'est peut-être la seule grande organisation ML ou maoïste existante à ce jour à l'avoir fait de manière aussi poussée dans ce pays. C'est l'objet de tout un immense chapitre 2 de leur Manifeste Programme que nous avons traduit ; et dont nous avons repris une bonne part dans notre article sur la construction historique de cet État.

- Mais attention, les conclusions auxquelles ils aboutissent ensuite sont un peu boîteuses : l'idée que le "vrai" pouvoir en Italie ("République pontificale") serait en fait le Vatican et son (bien réel) empire financier ; lui-même pilier essentiel d'une espèce d'"ordre mondial" aux côtés de l'impérialisme US-UE, du sionisme etc. L'Italie est "pensée", sur la base de Gramsci et d'une très sérieuse étude, mais à l'arrivée on a l'impression que la subjectivité des auteurs, anticléricale et "Italie = colonie du Système impérialiste mondial" (raisonnement très présent dans le mouvement communiste révolutionnaire des années 1970), finit par prendre le dessus. Cela revient un peu, en définitive, à nier l’État italien (qui serait finalement "fantoche"), la bourgeoisie italienne et (puisqu'on a parlé de Gramsci) la "société civile" qui les protège.

- C'est sans doute là qu'il faut voir la source de la "Guerre populaire révolutionnaire" qui devient in concreto électoralisme pour un "Gouvernement de Bloc Populaire" (GBP) jusqu'au soutien au mouvement populiste de Beppe Grillo (qui est une "grogne" de la "société civile" protégeant l’État et la bourgeoisie, mais nullement une rupture avec celle-ci). L'aboutissement logique de cette erreur finale d'analyse étant que, bien que soit affirmé et réaffirmé le contraire dans le Manifeste et par ailleurs, l'étape première de la lutte en Italie serait finalement une révolution démocratique bourgeoise... qui peut tout à fait, du coup, passer par les urnes (et un activisme démocratique et syndical principalement légal). Des sympathisants du P-CARC avec qui nous avons pu discuter, nous ont d'ailleurs confirmé que le GBP serait quelque chose comme un gouvernement "à la Chávez" : les communistes et les "organisations ouvrières et populaires" prendraient, finalement et en quelque sorte, l’État italien ; puisque celui-ci est en dernière analyse "fantoche" ; et le conduiraient à ne plus être "fantoche" et à l'affrontement ouvert avec (donc) le Vatican et le "Système impérialiste" dont il est un pilier. En gros, c'est de cela qu'il s'agit. Et oui... mais NON !]


Lire aussi à ce sujet :

Les bases urbaines du maoïsme
(PCR Canada, revue Arsenal ; traduction du titre anglais : "Sur la question de la guerre révolutionnaire dans les pays impérialistes")

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 08:21


Le 5 mai prochain (anniversaire de l’élection du social-démocrate Hollande), face au scandale de l’affaire Cahuzac, Jean-Luc Mélenchon appelle à manifester en masse pour un ‘grand coup de balai’, une ‘révolution citoyenne’ et une ‘VIe République’ (appel rallié par Eva Joly d'EELV, représentante typique du courant 'girondin idéaliste' de l'idéologie républicaine, mais ce ralliement est contesté dans son parti).

Mais qu’y a-t-il donc derrière ces slogans ? Quelle doit être la position des communistes révolutionnaires authentiques face à cet appel, quand bien même (comme cela est probable) il ne serait pas massivement suivi ? Voyons cela de plus près avec quelques citations du ‘tribun du peuple’ :

1821740 3 e074 jean-luc-melenchon-en-meeting-a-metz-mercred"Un impôt n'est pas destiné à punir, il est destiné à partager. Il ne s'agit pas d'humilier les gens qui ont de l'argent, il s'agit de leur dire 'les amis ça va mal, la société toute entière doit participer à l'effort commun'." [Récemment, au sujet de la taxe à 75% sur les hauts revenus : les grands bourgeois sont donc les 'amis' du ‘camarade’ Méluche et il ne s'agit 'pas (de les) humilier' (les pauvres choux !), encore moins (on suppose) de les exproprier de leurs privilèges... au moins cela a le mérite d'être clair !]

sardou temps-béni"La France, la France de la VIe République que nous voulons construire, la France n'est pas une nation occidentale, elle ne l'est ni du fait de son peuple bigarré, ni du fait qu'elle est présente dans tous les océans du monde, du fait qu'elle existe, vit et rayonne à proximité des cinq continents, de la Nouvelle Calédonie, la Polynésie, la Réunion, Mayotte, les Caraïbes, la Guyanesardou musulmanes française qui a la plus longue frontière de France, 800 kilomètres avec le Brésil." (Discours de campagne place du Capitole à Tolosa, 5 avril 2012)

Sur l'interdiction du foulard aux élèves musulmanes dans les 'écoles de la République' (2004) : "On ne porte pas le foulard à l'école, parce que c'est comme ça chez les Français !"

        temps-des-colonies

"Non, ce n'est pas la jeunesse qui est en cause ! Ce sont quelques personnes. Et je vais dire à ceux qui foutent le feu à un gymnase ou à une bibliothèque : ce sont des crétins. (...) Nous les rejetons, ils n'ont rien à voir avec la contestation de la société capitaliste. C'est le contraire ! Ils en sont les larbins, les fourriers, les bouffons, ils nous jettent la honte à tous" [au sujet des émeutiers d'Amiens, août 2012]


Débat au Sénat sur la Charte européenne des langues régionales, 13 mai 2008 : 

(L’association Diwan) "C'est une secte !"

"Je suis persuadé que tous ici vous vous sentez aussi patriotes que moi, aussi attaché que moi à l'unité et l'indivisibilité de la République française, et dignes continuateurs de l'ordonnance de Villers-Cotterêts, qui a établi le français comme langue du royaume, permettant à chacun de se défendre, de témoigner et d'attaquer en justice en étant entendu par les autres. Pour moi, fier d'être jacobin, ne parlant que la langue française - et l'espagnol, langue de mes grands-parents - et qui, si je devais apprendre une nouvelle langue, choisirais l'arabe, langue minoritaire la plus parlée dans ma région, il ne s'agit pas de savoir si l'on est pour ou contre les langues régionales, pour ou contre la diversité culturelle, mais si le cadre légal existant est adapté et si la France a besoin de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires."

400px-SpeakFrenchBeClean"Si le nombre de locuteurs diminue et que leur âge moyen s'élève, il faut en chercher la cause ailleurs que du côté de la République et de la loi."

"Je ne dis pas que les langues et les cultures régionales conduisent nécessairement à la sécession et au communautarisme, mais le risque existe. On ne crée pas de droits particuliers pour une catégorie particulière de citoyens du fait d'une situation particulière. Le fait de parler une langue différente ne peut pas instituer des droits particuliers pour ses locuteurs."

"La langue bretonne est celle qui résulte du dictionnaire dit unifié de 1942, qui se substitue aux cinq langues bretonnes existantes. Je n'évoquerai pas son auteur, collaborateur qui fut condamné à mort par contumace, ni les conditions dans lesquelles ce dictionnaire fut rédigé et financé à l'époque..." [réponse cinglante de l'historien Philippe Martel ici]

"La France américanisée..."


  mélenchon 6e répsuper dupont 


‘Espoir du peuple de gauche’ pour un nombre conséquent (dans les 10%...) d’esprits… désespérés, Jean-Luc Mélenchon nous offre en réalité, dans ses discours et dans sa conception de la ‘VIe République’ qu’il appelle de ses vœux, une ILLUSTRATION PARFAITE de l’idéologie ‘française’ dans sa version ‘social-républicaine’ au service du Grand Capital impérialiste !

Son intention de ne pas toucher à la bourgeoisie en tant que classe (ni même de l’’humilier’, comme le ferait la taxe à 75% sur les hauts revenus de Hollande), mais simplement de l’appeler à plus de ‘solidarité nationale’, est affirmée noir sur blanc.

Les autres propos illustrent parfaitement la manière dont l’État français, instrument politico-militaire de la grande bourgeoisie (devenue depuis monopoliste), s’est déployé depuis le Moyen-Âge jusqu’au 20e siècle en conquérant d’abord au fil de l'épée nos Peuples ‘hexagonaux’ (notre Peuple occitan, le Peuple breton, le Peuple basque etc.) puis, par la poudre à canon et les rafles négrières, les Peuples d’outre-mer (Caraïbes, Guyane, Corse, Kanaky, Polynésie sans compter les peuples du Maghreb et d’Afrique, aujourd’hui pseudo-‘indépendants’) ‘grâce’ auxquels, selon notre Méluche ‘national’, il ‘rayonne sur les cinq continents’… un déploiement politico-militaire et idéologique qu’il s’agit maintenant précisément, pour les révolutionnaires, de nier, dans le sens inverse, au moyen de la Guerre populaire !

Voilà la CONCEPTION DU MONDE que propose, aux masses indignées par l’affaire Cahuzac, l'appel mélenchoniste à la mobilisation du 5 mai prochain !

NOUS, COMMUNISTES RÉVOLUTIONNAIRES POUR LA LIBÉRATION DU PEUPLE OCCITAN, DISONS CLAIREMENT :

Il n’y a pas de porte de sortie à la crise terminale du capitalisme dans une ‘refonte’ de l’État des monopoles !

Le Pouvoir aux travailleur-euse-s, aux exploité-e-s, aux opprimé-e-s !

Que mille Communes révolutionnaires (re)fleurissent d’un bout à l’autre de l’Hexagone, des corons ch’tis aux montagnes basques, catalanes ou corses, en passant par les ‘quartiers’ du 9-3, de Lyon, de Marselha et Tolosa !

big provence flag

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 08:16

 

Source

L'article dont parle Pédraupe (contraction de Pédro et Taupe) vaut son pesant de saloperies, faut dire que le gamin est légèrement névrosé et psychotique :

http://servirlepeuple.over-blog.com/article-mort-d-hugo-chavez-au-venezuela-115947040.html

Au final, on a bien fait de purger les canalisations du FUC.

 

Oui oui, bien sûr… ou alors, ce sont les ‘canalisations’ qui se sont purgées toutes seules de la merde putréfiée ‘nationaliste-révolutionnaire’ kadhafo-assadiste (à la Chatillon) qui régnait et règne encore en 'maître' sur le Forum ‘unité’ ‘communiste’…  Mais curieusement, PAS UN MOT sur les Bashar Al Assad Chavez 27 6 2010ultra-gauchistes délirants du ‘p’’c’’mlm’ et leurs groupuscules d’amis internationaux (comme le 'centre' 'mlm' de Belgique), pour lesquels Chavez était un ‘fasciste au service du capitalisme bureaucratique’ (autrement dit, un coup d’État réussi contre lui aurait été une ‘libération’)… seul Servir le Peuple est attaqué, alors que sa position rejette précisément ceci. COMME C’EST ÉTONNANT !!!

Voilà qui illustre parfaitement, encore une fois, dans toute sa ‘splendeur’, l’alliance OBJECTIVE entre le révisionnisme le plus putride et le dogmato-gauchisme ‘plus-rouge-que-moi-tu-meurs’. Et qui montre bien où se situe la ‘voie’, la CONCEPTION DU MONDE qui mène les masses opprimées du peuple vers leur émancipation : le maoïsme authentique, auquel se rattache Servir le Peuple. Car comme le disait le camarade Mao lui-même : "Si nous sommes attaqués par l'ennemi, c'est une bonne chose, car cela prouve que nous avons tracé une ligne de démarcation bien nette entre l'ennemi et nous. Et si celui-ci nous attaque avec violence, nous peignant sous les couleurs les plus sombres et dénigrant tout ce que nous faisons, c'est encore mieux, car cela prouve non seulement que nous avons établi une ligne de démarcation nette entre l'ennemi et nous, mais encore que nous avons remporté des succés remarquable dans notre travail".

segunda-republica-1Qu’était donc la République espagnole de 1931-39 ? C’était une République BOURGEOISE, démocratique et réformiste. Il n’y a aucun mal à le dire : en réalité, il n’y a pas d’autre analyse communiste sérieuse de cette réalité historique. Pour autant, il fallait la défendre sans hésitation contre l’offensive contre-révolutionnaire franquiste.

Il en allait de même pour le régime de Chavez (qui ne s'est d'ailleurs jamais conçu autrement, et que les masses du Venezuela n'ont jamais perçu autrement : il n'était pas communiste et l'a toujours dit haut et fort) ; et c'est ce que Servir le Peuple a simplement - et TOUJOURS - dit.

Ce type de régime (comme, autre antécédent historique, Allende au Chili) est la traduction d'un REPLI TACTIQUE de la classe dominante face à l'agitation des masses ; classe dominante dont la frange réactionnaire la plus noire va alors préparer (et lancer) sa contre-offensive : en 'Espagne', la ligne du Komintern et de toutes les forces révolutionnaires conséquentes a été que déjouer cela pourrait ouvrir la voie à une révolution prolétarienne véritable. Telle est toujours la ligne du mouvement communiste international authentique aujourd'hui.

Evita-Campora-PeronDans les pays dominés, un régime à la Chavez n'a RIEN À VOIR avec la mise en place d’un CAPITALISME BUREAUCRATIQUE (forme particulièrement ‘avancée’, ‘terminale’ de compradorisme), mise en place qui n’intervient QU’UNE SEULE FOIS : au Venezuela, en l’occurrence, ce fut sous le dictateur Marcos Jimenez Pérez (1948-58), puis sous le régime ‘puntofijiste’ (partage du pouvoir AD-COPEI) après 1958 [en Chine, ce fut sous le Kuomintang de Sun Yat-sen et Tchang Kaï-chek (1911-49), replié ensuite à Taïwan ; en Argentine, sous la ‘révolution radicale’ (Yrigoyen, 1916-30) puis sous la ‘décennie infâme’ de dictateurs militaires (1930-43) et enfin sous le péronisme (1945-55) – qui tente le ‘saut’ volontariste vers un ‘capitalisme national indépendant’ mais échoue ; au Brésil, sous Getulio Vargas (1930-45 et 1951-54), les gouvernements suivants (1954-64) tentant également le ‘saut’ ; au Mexique sous Obregón et Calles (1920-28) puis sous le régime du PNR devenu PRI en 1946 (1929-2000), avec la parenthèse ‘plus à gauche’ de Lazaro Cardenas (1934-40) ; au Pérou ou encore au Chili sous une succession de gouvernements civils ou militaires entre les années 1920 et 1960 - notamment, au Chili, les gouvernements d’abord inspiré du fascisme, puis  se présentant comme ‘social-réformiste’, du général Ibáñez (1927-31 et 1952-58) ; en Turquie sous Mustafa Kemal Atatürk et Ismet Inönü (1922-50) ; en Iran sous les Pahlavi (1925-79) ; etc. etc.].

Lazaro Cardenas 1895-1970 04Cette mise en place se fait presque toujours sous l'égide, en effet, de formes de gouvernement 'fortes', particulièrement autoritaires et répressives, voire fascisantes (avec des exceptions, comme l'Argentine d'Yrigoyen - mais ensuite il y eut la 'décennie infâme' - ou le Mexique de Cardenas) ; ensuite, cela dépend du niveau de conscience et d'antagonisme des luttes populaires : puissantes, hautement conscientes et (surtout) armées, elles verront face à elles des régimes réactionnaires terroristes 'durs', répressifs fascistes, comme en Turquie sous l'égide du Conseil militaire de Sécurité nationale (depuis 1960), au Venezuela sous Betancourt et Leoni (années 1960) ou au Pérou sous Garcia et Fujimori (1985-2000) ; mais lorsqu'elles restent globalement non-armées, et bien encadrées par des organisations de masse réformistes, comme au Chili en 1970 ou au Venezuela en 1998, une bonne part de la classe dominante peut pencher vers une solution réformiste. D’autre part, il faut compter aujourd’hui avec de nouvelles allendecouches petites et moyennes-bourgeoises qui ont émergé depuis les années 1980 (dans le cadre du ‘néolibéralisme’), ‘paramètre’ incontournable pour toute analyse matérialiste sérieuse du phénomène, faisant que les ‘bolivarismes’ et autres ‘gauches’ sud-américaines sont très différents de la mise en place des capitalismes bureaucratiques au siècle dernier. Enfin, il faut bien distinguer les régimes visant à mettre en place le capitalisme bureaucratique (Sun Yat-sen en Chine, Yrigoyen et Perón en Argentine, Kemal en Turquie, Calles et Cardenas au Mexique, etc.), dont le ‘modernisme’, lorsque les masses ‘jouent le jeu’, peut revêtir un visage ‘progressiste’, et les régimes visant à sa conservation (Tchang Kaï-chek, Pinochet ou les juntes argentines, juntes militaires turques, PRI mexicain à partir des années 1960 etc.).

Le ‘chavisme’ est un RÉFORMISME intervenant (et demeurant, malheureusement) dans le cadre de ce capitalisme bureaucratique, qui est la forme particulière de capitalisme des pays semi-coloniaux semi-féodaux à un certain niveau de développement des forces productives ; tentant de le réformer, d’améliorer la condition des masses pour les contenir, mais sans rompre réellement avec lui : cela, il est possible de le dire, et SLP n’a jamais dit autre chose...

 

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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 18:58

 

Le "pc" "mlm" n’a plus rien de marxiste, ni léniniste encore moins maoïste.

Sur l’impérialisme, domination absolue du capital financier

Dans son édito du 29/11/2012, le "pc" "mlm" revient encore sur son affirmation anti-léniniste qu’à l’époque de l’impérialisme, la bourgeoisie au pouvoir et le président de la République qu’elle a choisi, servirait la bourgeoisie industrielle. Il continue donc à présenter Sarkozy comme représentant de la  bourgeoisie industrielle en s’appuyant sur ses « multiples diatribes contre le monde de la finance ». Les faits montrent au contraire que Sarkozy a largement aidé les monopoles à restructurer leur appareil de production au détriment des travailleurs. Il n’y a qu’à demander aux ouvriers de Gandrange ce qu’ils en pensent…*

L’époque de l’impérialisme est celle de la fusion du capital bancaire et du capital industriel, formant le capital financier. Les monopoles sont les principaux acteurs du capital financier, sont côtés en bourse et soumettent toute la société à leur diktat financier, dirigent tout le marché. Toute la société est soumise à cette dictature du capital financier. Il n’y a quasiment plus de capitalistes indépendants, eux-mêmes étant soumis à la loi du marché dirigé par le capital financier. Ceci est clairement expliqué par Lénine dans son fameux ouvrage « L’impérialisme stade suprême du capitalisme ».

Si l’on peut émettre des critiques sur la stratégie des organisations d’extrême-gauche, l’argument qu’elle « en a fait le grand représentant du capitalisme, alors qu'en réalité le capitalisme passe de plus en plus sous la domination des monopoles, que Sarkozy ne représente pas » est complètement faux. Le capitalisme est déjà sous la domination des monopoles. La tendance est à la concentration du Capital, c'est-à-dire à une domination de plus en plus écrasante de monopoles toujours plus puissants. Les monopoles s’interpénètrent les uns les autres, notamment par le biais de représentants dans les Conseils d’Administration et la possession d’actions. Sarkozy a toujours été le représentant des monopoles, il ne s’est jamais opposé à la domination du capital financier sur le reste de l’économie. Et pour cause, la seule issue pour briser cette domination serait de construire le socialisme !

Encore une fois, l’analyse du "pc" "mlm" est en complète contradiction avec l’analyse de Lénine sur l’impérialisme.

Sur le fascisme

Le "pc" "mlm" attaquait le PCmF quand celui-ci parlait du fascisme moderne comme un processus. Mais voilà qu’il se réveille. Il présente Copé comme celui qui « durcissait le discours de Sarkozy, mais pour le faire sortir du libéralisme ultra, pour le faire rejoindre celui du fascisme », que « Copé est un agent historique du fascisme, un « passeur » voué à disparaître », que « son rôle est simplement de faire imploser la pseudo droite unie, pour refaire vivre l'UDF et le RPR […] mais en mode transitoire, comme organisation transitoire pour permettre au Front National de s’institutionnaliser. Une fois que cela sera fait, alors réellement l'élan fasciste pourra être lancé en grande ampleur. »

Pourquoi alors avoir nié ce que nous avons décrit comme le processus de construction d’un fascisme moderne adapté à notre époque ? Ce fascisme moderne qui n’est pas un bloc tombé du ciel mais qui est un processus dont la pointe avancée est le Front national qui se renforce, ralliant pas à pas les éléments les plus réactionnaires de la droite et une partie de la classe ouvrière et des couches populaires blasée, écœurée par la politique de trahison et de conciliation de la gauche. Ce fascisme moderne qui franchit des étapes par les mobilisations réactionnaires des masses qui sont possibles grâce au terrain fertile développé par Sarkozy depuis sa nomination au poste de ministre de l’Intérieur. Ce fascisme moderne qui peut avancer de manière relativement souple en l’absence d’une organisation révolutionnaire suffisamment conséquente, développée, ancrée dans les masses et basée sur une stratégie claire. Si nous prétendons vouloir développer une telle organisation –et c’est ce que nous faisons dans notre travail quotidien, aussi bien les militants que les sympathisants-, alors il faut voir le mur avant que l’on y fonce droit dedans.

Si le "pc" "mlm" a nié et continue de nier le fascisme moderne tout en affirmant que le fascisme arrive d’ici une ou deux décennies, c’est parce qu’il est incapable de comprendre qu’il s’agit d’un processus de décantation qui est déjà commencé. « L’élan fasciste » dont parle le "pc" "mlm" comme devant arriver dans une ou deux décennies est déjà là, il se déroule sous nos yeux. Cela témoigne encore une fois du fait que le "pc" "mlm" ne comprend rien à la dialectique. En fait, c’est un scolastique qui répète des phrases toutes faites, qui plaque le passé sur le présent et ne  replace pas la définition du fascisme dans le contexte de notre époque.

Dimitrov a décrit avec justesse le fascisme comme étant l’aile la plus réactionnaire du capital financier. Le fascisme d’hier s’est bâti sur le développement de la crise, mais à une époque où s’édifiait l’URSS, un Etat socialiste puissant, et où existaient de puissants partis communistes, notamment en Italie, en Allemagne et en France. La menace anticapitaliste était grande.

Aujourd’hui, il n’y a plus d’Etats socialistes et les anciens partis communistes puissants sont devenus réformistes. Mais comme « là où il y a oppression il y a résistance », les masses se soulèvent et les révoltes spontanées éclatent ci et là. En outre, avec l’approfondissement de la crise synonyme de fragilisation relative du système, la bourgeoisie a besoin de renforcer sa dictature et de recourir au fascisme. Les conditions actuelles étant différentes des premières expériences fascistes, le fascisme ne se développera pas de la même manière ni ne prendra les mêmes formes. C’est pourquoi la bourgeoisie a besoin d’un fascisme moderne qui s’édifie peu à peu, se renforce, se radicalise sans que cela soit aussi clair que lorsque l’on appuie sur un interrupteur. C’est aussi pourquoi s’opère une décantation dans les rangs de la bourgeoisie vis-à-vis de la nécessité du fascisme et que le processus de décantation s’amorce également dans les rangs communistes et au sein du peuple vis-à-vis de la nécessité de la révolution.

Sur le soutien à la Guerre Populaire en Inde

Le "pc" "mlm" ne comprenant rien à la dialectique, ne comprenant rien au processus de décantation né de la lutte des contraires, de la lutte de classe, etc., il se fige sur une position dogmatique, dite de principe. Ces positions dogmatiques servent de fait l’ennemi de classe, car il freine le processus de regroupement d’une avant-garde révolutionnaire, la formation des partis là où ils n’existent pas et leur développement là où ils existent.

Ainsi, il attaque la Conférence de Hambourg de Soutien à la Guerre Populaire en Inde (voir Le "pc" "mlm" de plus en plus provocateur !) après avoir donné des leçons au Parti Communiste d’Inde (maoïste) qui dirige la guerre populaire la plus avancée du monde. Si encore il avait une pratique à mettre en avant, mais il le fait assis devant son ordinateur, complètement coupé de la classe ouvrière et des masses populaires de France qu’il a attaqué ouvertement dans plusieurs articles (voir Provocations du p"c""mlm" contre la classe ouvrière).

Tel un professeur distribuant les bons et les mauvais points (surtout les mauvais en ce qui le concerne), il a attaqué les organisateurs de la Conférence de Hambourg : le Comité International de Soutien à la Guerre Populaire en Inde et la Ligue Contre l’Agression Impérialiste d’Allemagne qui regroupe des anti-impérialistes conséquents. Ne pouvant s’arrêter là, il a attaqué le Parti Communiste des Philippines qui mène depuis trente ans la guerre populaire et d’autres partis dont le Parti Communiste maoïste d’Italie, le Parti Communiste de Galice maoïste et le Parti Communiste maoïste de France.

Mais la Conférence de Hambourg a été un succès : plus de 300 personnes, des organisations de plus de 20 pays ont apporté leur soutien à la guerre populaire en Inde, se sont engagées à élargir ce soutien, à développer la lutte dans leur propre pays, faire connaître à la classe ouvrière et aux masses populaires les avancées de la révolution en Inde pour qu’elle soit une source de réflexion et d’inspiration.

Les dogmatiques n’étaient pas là sous le prétexte que la solidarité avec la guerre populaire ne pouvait être pure. Il aurait sans doute été préférable pour eux de réunir les « purs », les « vrais », qui en réalité ne comprennent pas les lois de la dialectique, qui ne voient pas que l’on ne peut transformer les choses qu’en s’en emparant, au travers d’un processus d’unité et de lutte, que la lutte se déroule toujours à travers un processus où s’opère la décantation.

Sur le Comité de Solidarité Franco-Népalais

Après avoir affirmé des contre-vérités sur la nature de l’Etat et de ses représentants à l’époque de l’impérialisme, la domination du capital financier, après avoir nié l’apparition du fascisme moderne, après avoir attaqué les masses, attaqué les partis et organisations maoïstes, donné des leçons aux partis engagés dans la guerre populaire au Pérou, en Inde, aux Philippines et en Turquie, attaqué la Conférence de Hambourg, le "pc" "mlm", dans son article « La fin silencieuse du Comité français-népalais de solidarité », a prétendu que le Comité de Solidarité Franco-Népalais avait mis la clé sous la porte parce qu’il n’avait rien publié depuis juin2012 et que nous passions d’une guerre populaire à l’autre, pour avoir un blason.

N’ayant jamais participé à aucun Comité de soutien à la guerre populaire, le "pc" "mlm" parle sans savoir. Le Comité de Solidarité Franco-Népalais suit toujours l’actualité au Népal et a rencontré en octobre dernier Gaurav,  un des dirigeants du PCN-maoïste nouvellement formé suite à la scission d’avec Prachanda et Bhattarai. Un compte-rendu de cette rencontre devrait d’ailleurs être publié prochainement sur le blog du CSFN. Le Comité attend surtout le prochain Congrès du PCN-maoïste qui doit avoir lieu à la mi-janvier et qui décidera de la ligne politique du Parti.

Le CSFN, malgré une faible activité, n’est pas dissout. Etant lié directement à l’évolution de la situation au Népal, il est normal que celui-ci n’ait pas une activité débordante en cette période de réorganisation du mouvement. D’autre part, si nous avons également été à l’initiative de la formation du Comité de Soutien à la Révolution en Inde, c’est parce qu’au niveau international s’était formé le Comité International de Soutien à la Guerre Populaire en Inde et que c’est aujourd’hui la Guerre Populaire la plus avancée. Pourtant, elle reste dans l’ombre médiatique et très peu de gens connaissent ce qui se passe en Inde. Il nous a donc paru nécessaire de développer ce travail en France sur la base de la lutte contre notre propre impérialisme et pour que cela renforce la lutte de classe dans notre pays. Nous avançons dans ce sens.

Sur le changement de nom du PCmF

Le comble du ridicule dans l’article contre le CSFN a été d’attaquer le PCmF pour avoir changé de sigle. Le Parti Communiste de France (maoïste) a été fondé en septembre 2001. Il a ensuite changé de nom pour Parti Communiste maoïste de France, tout simplement parce que les masses ne faisaient pas la distinction entre PCF et PCF (maoïste). La pratique a montré que nous nous étions trompés dans le nom du Parti alors nous l’avons changé. Le "pc" "mlm", en l’absence d’arguments suffisamment solides et surtout en carence totale de pratique et de lien avec les masses, utilise décidément n’importe quel prétexte pour calomnier et dénigrer. Sa dernière trouvaille est donc que nous aurions choisi le premier sigle pour nous calquer sur le Parti Communiste du Népal (maoïste) et en tirer prestige (sic !), puis le deuxième pour être sur la ligne du Parti Communiste maoïste - Italie. Le "pc" "mlm" prétend que le PCR du Canada était venu en France pour créer le Parti. La vérité est que le PCR est bien venu en France, quelques années après la création du PCF(m) (qui n’avait pas encore changé de nom), non pas pour créer le parti, mais pour favoriser l’unification de trois organisations se réclamant du maoïsme.

Conclusion

Le "pc" "mlm" n’a pas de pratique. Il n’est pas lié aux masses, ne va pas vers elles. C’est un groupuscule sectaire qui se contente de donner la leçon derrière un ordinateur. C’est un cyber-« maoïste ». De ce simple fait, ce que raconte le "pc" "mlm" n’a aucune valeur à nos yeux. Il s’agit pour nous de rétablir les faits et montrer l’inconséquence de la plupart de ses analyses (sa seule véritable activité).

Par ses dernières publications, le "pc" "mlm" et son site Voie Lactée sont définitivement tombés dans l’abîme d’un trou noir. Plus le temps passe et moins ses analyses sont valables, plus il semble déconnecté de la réalité, isolé, usant de prétextes plutôt que d’arguments. Mais le plus grave reste encore son mépris pour toutes les organisations sérieusement engagées dans la pratique et pour les masses. De caricature du maoïsme, il passe à parodie. Plus grand monde n’est dupe, il est le bouffon de la politique.

PC maoïste de France


Décembre 2012

*Sarkozy, alors président, avait promis en février 2008 que l’usine sidérurgique de Gandrange ne fermerait pas. Elle n’a pourtant pas échappé à la « restructuration » du Capital.

 

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 13:06

 

Dans la grande controverse qui traverse à notre époque, au niveau international, les organisations révolutionnaires basées sur le marxisme-léninisme-maoïsme, les chefs de file de la ligne ultra-gauchiste dogmato-sectaire, à savoir le PCMLM/Voie-Lactée, se sont encore fendus d’un ‘pamphlet’, sous la forme d’un éditorial de leur site, à l’encontre des ‘nouveaux révisionnistes’ que sont selon eux les signataires maoïstes de cette Déclaration du 1er Mai 2012, parmi lesquels Servir le Peuple.

Cela devient fastidieux, pour ne pas dire fatiguant, mais il faut pourtant 's’y coller', il faut répondre : car cette controverse traverse, on l’a dit, le MOUVEMENT INTERNATIONAL MAOÏSTE, autrement dit, le NOYAU DUR autour duquel peut et doit s’agréger et se reconstituer un vaste mouvement révolutionnaire mondial, pour la révolution prolétarienne. Cela n’a donc rien à voir avec une 'obsession' mais, au contraire, tout à voir avec un débat idéologique, de conception du monde, CAPITAL pour la nouvelle vague de la Révolution prolétarienne mondiale qui se lève partout dans le monde.

Et puis, ne nous en cachons pas… c’est tout de même amusant  (quand autant d’auto-assurance rime avec autant d’affirmations erronées, approximatives, ou en tout cas, portant sur des questions toujours en débat dans le MCI et nullement tranchées).


Passons rapidement sur les éternels et répétitifs épithètes de 'populistes' ou de 'syndicalistes révolutionnaires' : ils signifient tout simplement, dans leur novlangue pseudo-léniniste, le lien avec les masses, le lien avec le mouvement réel de la lutte de classe, dont ce groupuscule internétique est totalement dépourvu.

Selon nos pseudos ‘’intellectuels organiques’’ autoproclamés ‘’Parti de la science MLM’’ (en réalité, banals intellectuels petits-bourgeois, rejetons du plus pur pédantisme universitaire francouille), les organisations de la ‘’ligne rouge’’ ‘’maintiendraient le cap’’ selon lequel "le marxisme-léninisme-maoïsme est une science, toute puissante, produite par l'époque de la Nouvelle Grande Vague de la Révolution Mondiale" ; tandis que les ‘’nouveaux révisionnistes’’ rejetteraient cela. Pour ces derniers, le MLM serait "des méthodes décisives, une approche plus efficace", non pas "des principes mais une source d'inspiration, la plus créative qui soit". Il faudrait alors nous expliquer , quand, comment a-t-il été affirmé une telle chose par les ‘’nouveaux révisionnistes’’ que nous sommes. En tout cas, pas sur Servir le Peuple. SLP a toujours affirmé clairement que "le marxisme révolutionnaire est la SCIENCE qui permet de conduire la lutte du prolétariat organisé à la victoire", et que "le marxisme-léninisme-maoïsme est le marxisme révolutionnaire de notre époque", l’époque postérieure à la première vague de la Révolution prolétarienne mondiale (de 1905 à 1980 environ), époque de bilan et de synthèse de cette première vague.

Ce qui a, par contre, également et toujours été dit, c’est que le marxisme révolutionnaire est une science JEUNE, n’émergeant qu’au milieu du 19e siècle, il y a un peu plus de 160 ans, ce qui est très peu à l’échelle de l’humanité ; et qu’elle ne peut encore prétendre saisir, ni comprendre, ni encore moins résoudre, à la seule lumière de ces 160 petites années d’expérience et sans esprit créatif, toutes les situations et toutes les problématiques rencontrées par le développement historique des sociétés humaines, en tout lieu de la planète, et encore moins tout le fonctionnement général de la nature et de l’univers. Le maoïsme (qui n’est pas, lui-même, l’œuvre de Mao seul, son nom servant simplement de repère historique) en est l’étape actuelle, ‘’l’encyclopédie’’ la plus complète à ce jour. Si l’on rejette les apports théoriques de Mao, et des maoïstes de son époque et postérieurs, l’on se heurte très vite, dans la pratique militante comme – éventuellement – dans l’exercice de la direction d’un processus révolutionnaire, à des LIMITES de conception du monde, qui conduisent immanquablement à l’échec. Mais le maoïsme n’est sans doute pas, lui-même, l’étape la plus aboutie, finale et définitive de la science marxiste ; il n’a pas ‘’réponse à tout’’ et il est sans doute appelé, un jour, à être à son tour dépassé. Il est probable, à vrai dire, que la science marxiste ne sera à peu près complète… qu’au seuil du communisme, lorsque s’achèvera, selon les mots de Marx, la ‘’préhistoire de l’humanité’’ : son Engelsdéveloppement aura accompagné dialectiquement le processus historique vers cette nouvelle ère de la civilisation humaine, et elle deviendra alors obsolète, inutile dès lors que celle-ci sera atteinte. Ainsi que le disait Engels, dans l’Anti-Dühring en 1878 (c'est-à-dire hier, à l’échelle de l’humanité), ‘’nous sommes encore plutôt au début de l'histoire de l'humanité et les générations qui nous corrigeront doivent être bien plus nombreuses que celles dont nous sommes en cas de corriger la connaissance, - assez souvent avec bien du mépris’’. La première qualité d’un communiste, ‘’armé’’ de sa science marxiste, c’est donc l’humilité, la modestie ; et la première marque de cette modestie, pour qui se prétend ‘’avant-garde’’, ‘’cadre’’ de la révolution à venir, c’est le lien permanent, dialectique, avec les masses populaires et leur mouvement réel de lutte de classe, de résistance à l’oppression imposée par le capitalisme. Rien n’empêche alors d’être ‘’créatif’’, dans les méthodes de travail révolutionnaire, dans les tactiques employées, dans l’approche des diverses problématiques rencontrées (analyse concrète de la situation concrète), et même dans la pensée (l’analyse marxiste de la réalité sociale qui nous entoure, dans – et bien souvent CONTRE – laquelle nous luttons) ; du moment que la PRATIQUE est seule juge de cette ‘’créativité’’, et que son jugement est sans appel. Ainsi, au Népal, on peut effectivement considérer qu’à partir du moment où Prachanda s’est retrouvé propulsé à la tête de l’exécutif (2008-2009), puis éjecté de celle-ci et ‘’incapable’’ de lancer le soulèvement général promis, il n’y avait plus débat et que sa ‘’créative Voie Prachanda’’ vers la ‘’démocratie du 21e siècle’’ était totalement et définitivement condamnée par la réalité des faits (et, de fait, démasquée comme néo-bourgeoise).

L’assertion selon laquelle le "nouveau révisionnisme" "ne connaît pas le matérialisme dialectique et n'en maîtrise pas les concepts" a, de même, de quoi faire éclater de rire : nos ‘philosophes-astronautes’, semi-intellectuels de Monoprix, voudraient nous faire croire que des gens qui militent dans le mouvement communiste depuis des dizaines d’années (qu’il s’agisse des camarades du PCmF, du PCmI, de l’OCML-VP, du PCR-Canada etc.) ne maîtrisent pas les bases élémentaires du marxisme… Alors qu’eux-mêmes ignorent superbement la dialectique, concernant par exemple le nepalNépal où ‘’tout serait fini’’, comme si la fin d’un cycle, un ‘creux de la vague’ de la lutte révolutionnaire de classe dans un pays donné, n’appelait pas (sans l’ombre d’un doute) à ce qu’une nouvelle vague se lève (comme dans le mouvement communiste en général, après le ‘creux de la vague’ des années 1980-90), à ce que dans le Parti – devenu révisionniste – de Prachanda et Bhattarai, des éléments révolutionnaires, une ‘gauche’, se mobilise, s’organise et finalement rompe avec la social-trahison (ce qui est désormais chose faite) ; selon le principe élémentaire que ‘’un se divise en deux’’, et notamment les organisations politiques du prolétariat, dans lesquelles il y a toujours une gauche (révolutionnaire, pour avancer vers le communisme), une droite (pour ‘en rester là’, se contenter de réformes de l’organisation sociale) et un centre (pour tergiverser, hésiter, vouloir ‘mettre tout le monde d’accord’, et qu’il s’agit de rallier à la gauche ou au moins, de neutraliser). Et à ce qu'une telle lutte de lignes apparaisse et se développe immédiatement dans le nouveau Parti, où tout n'est pas réglé, comme par exemple la question de reprendre les armes, la question du rapport (purement tactique ou opportuniste et faisant litière des principes) à l'impérialisme chinois contre l'Inde, etc. En ce qui le concerne, SLP a abordé la question du matérialisme dialectique notamment ici et ici.

Poursuivant sur les organisations de la soi-disant ‘’ligne rouge’’, nos donneurs de leçons affirment qu’"elles considèrent que l'époque produit des pensées dans des situations concrètes, la synthèse du MLM dans un pays donné". Qu’est-ce qu’une pensée ? Cela, le PCMLM l’explique assez bien dans de nombreux documents (comme celui-ci) : une pensée consiste en l’analyse et la synthèse, à la lumière de la science marxiste, de la société dans un État bourgeois donné, des classes et des mécanismes de domination en présence, de l’organisation sociale – qu’il  s’agit de renverser – et de l’idéologie, de la culture qui la soutient ; ceci débouchant sur "une synthèse révolutionnaire qui consiste dans le programme révolutionnaire et les méthodes pour le réaliser’’, "résultat de l'application de la vérité universelle de l'idéologie du prolétariat international aux conditions concrètes de chaque révolution’’ (dans chaque État bourgeois comme cadre gramscigéographique d’action). Et cela est parfaitement juste. Mais s’agit-il, pour autant, d’un ‘’talisman’’, d’une ‘’formule magique’’ ? En Italie, le (n)PCI a produit une telle pensée, analysant et synthétisant l’histoire et les problématiques structurelles du pays, en s’appuyant lui-même sur les travaux de Gramsci, des brigadistes rouges et autres révolutionnaires communistes des années 1970, etc. : il s’agit du Chapitre II de leur Manifeste Programme, un document d’une grande valeur pour qui veut comprendre ce grand pays voisin du nôtre. Mais cela n’empêche pas que, sur le programme révolutionnaire de cette organisation et les ‘’méthodes pour le réaliser’’, SLP ait de nombreuses et sérieuses réserves et, logiquement, le PCMLM devrait en avoir encore plus ; puisque le (n)PCI prône la participation aux élections, un forte implication dans le mouvement syndicaliste ‘’radical’’, etc. L’ancien PCI, et le mouvement communiste italien en général, basés sur la pensée de Gramsci, ont eux-mêmes connus de nombreux revers et échecs ; le PCI a fini sa trajectoire dans le pire révisionnisme et de nombreux autres groupes, ayant émergé contre ce révisionnisme dans les années 1960-70, ont fini de même par la suite. La ‘’pensée’’, entendue comme l’analyse marxiste et la synthèse de l’histoire, de l’organisation sociale, de l’idéologie et de la culture d’un cadre géographique donné (État bourgeois, continent ou région d’un continent, nation sans État etc.), est donc un préalable absolument nécessaire à l’établissement d’un programme révolutionnaire et des méthodes, du plan général du travail au service de celui-ci… mais absolument non-suffisant pour garantir la justesse de ce programme et de ce PGT ! Encore une fois, la modestie - et l'épreuve des faits - s’impose.

occitania rojaEt ici, en Hexagone, qui a produit un début d’analyse concrète et systématique de la manière dont s’est construite la ‘’France’’ (terme qui désignait, il y a 1000 ans, la seule Seine-Saint-Denis actuelle...), comme appareil politico-militaire et idéologique au service d’abord de la monarchie capétienne (‘’stade suprême’’ de la féodalité, 13e-18e siècles), puis de la bourgeoisie qui a ‘’fait son nid’’ au sein de celle-ci, avant de la renverser en 1789 ? Le PCMLM ? Non : SERVIR LE PEUPLE, dans des articles tels que ‘’La Question nationale au 21e siècle’’ (voir notamment l’annexe à la fin) ou ‘’Considérations diverses : Un gros pavé sur la question nationale’’ (voir en particulier le point 3). Le PCMLM, lui, ne produit que des cours magistraux d’histoire artistico-culturelle des classes dominantes, depuis l’âge roman (des 10e-12e siècles), au sein duquel il oublie complètement l’Occitanie, ‘’Andalousie du Nord’’ de l’époque, jusqu’aux romantiques (fils et filles de grands bourgeois et d’aristocrates déchus) du 19e siècle. Il célèbre ‘’l’humanisme’’ bourgeois des 16e-17e-18e siècles pour son caractère progressiste à l’époque, en ignorant complètement tout l’aspect antipopulaire du cadre politique (la monarchie absolue, la "première vague" de colonisation outre-mer etc.) dans lequel celui-ci prospérait, et du capitalisme en accumulation primitive qui le sous-tendait…

Toutes ces question et ces problématiques ‘’fondent’’ pourtant la société ‘’française’’ d’aujourd’hui, dans laquelle vivent et luttent les communistes. 

Quant à l’éclectisme, nous assumons totalement cette attaque, et ce depuis bien longtemps. ‘’L’éclectisme’’, cela signifie tout simplement que OUI, nous sommes au tout début d’une nouvelle vague de la Révolution prolétarienne mondiale (on peut considérer que la Guerre populaire au Pérou aura été la ‘’porte’’ en la première vague et la nouvelle), dont nous sommes convaincus qu’avant la fin de ce siècle elle balaiera l’ordre capitaliste et impérialiste mondial ; et que OUI, nous en sommes à l’heure du BILAN et de la SYNTHÈSE de l’expérience de TOUT le mouvement communiste international au cours du siècle dernier ; et, non seulement nous en sommes à cette étape, mais celle-ci est INDISPENSABLE pour assurer les victoires de demain. Et ce bilan-synthèse doit passer au crible tout, absolument TOUT ce qui, au 20e siècle, s’est réclamé du mouvement révolutionnaire du prolétariat pour le communisme.

S’il n’y a, aujourd’hui dans le monde, AUCUN pays engagé sur la voie du socialisme et du communisme (pas même Cuba, et encore moins la Corée du Nord, le Vietnam, la Chine ou le Laos, sur lesquels nous laisserons se pignoler les révisionnistes de tout poil), c’est bien que RIEN, dans le sillage de Lénine, Staline et Mao (tous les Partis communistes ayant pris le pouvoir, au siècle dernier, étaient dans ce sillage-là ; sans oublier les grandes expériences comme la Guerre populaire au Pérou, en Turquie, aux Philippines, en Inde et au Bangladesh dès 1967, les luttes armées en Amérique latine et en Afrique, etc.), n’était à 100% parfait et exempt de critiques. Et, a contrario, l’on peut dire que RIEN de ce qui n’a pas été léniniste, staliniste et/ou maoïste n’a été à 100% mauvais, contre-révolutionnaire, ennemi du peuple, à rejeter ou à brûler sans autre forme de procès… Servir le stalinePeuple a toujours défendu la position que Staline n’était pas le démon, le ‘’fossoyeur de la Révolution russe’’, le ‘’fasciste rouge’’ que dépeignent (de concert avec la bourgeoisie) les trotskystes, les anarchistes, les ‘’marxistes libertaires’’ et autres ‘’socialistes révolutionnaires’’ anti-léninistes ou tout au moins anti-staliniens ; que le personnage, ses partisans et leur bilan à la tête de l’URSS et du mouvement communiste international étaient beaucoup plus complexes que cela, et ne se résumaient pas à un long ‘’Livre noir’’. Que l’époque (entre-deux-guerres et Seconde Guerre mondiale) n’était pas à la franche rigolade, et qu’il faut savoir replacer les choses dans leur contexte. Que si critique de Staline (et de la direction ‘’stalinienne’’ du PCbUS et du MCI entre 1925 et 1953) il doit y avoir, elle se doit au moins d’être matérialiste et scientifique. Mais, d’un autre côté, Trotsky, les personnalités et les groupes dans son sillage (avec lesquels celui-ci, on le sait, entretenait des relations en dents de scie...), et globalement tou-te-s ceux et celles qui se sont opposé-e-s ou ont critiqué la direction ‘’stalinienne’’ de l’URSS et du Komintern dans les années 1920-50, et dont beaucoup auront été liquidé-e-s, notamment dans la seconde moitié des années 1930 (en URSS, en Espagne, etc.) et encore après-guerre (en URSS et en Europe de l’Est), ne peuvent se résumer à des hérétiques à brûler sur le bûcher, ou à des ‘’hyènes’’ contre-révolutionnaires, serviteurs de l’impérialisme et du fascisme, à abattre d’une balle dans la nuque.

Si, à partir des années 1950, tous les communistes conséquents sont plus ou moins d’accord sur le caractère (à tout le moins) non-révolutionnaire de l’URSS et des forces affiliées (ce qui ne veut pas dire, selon SLP, qu’il n’ait pu y avoir ponctuellement des choses positives) ; les personnes et les groupes (trotskystes ou ‘’trotskysants’’, libertaires, ‘’conseillistes’’ ou bordiguistes, ‘’marxistes’’ ou ‘’socialistes révolutionnaires’’ de type POUM, PSOP, rosméristes-monattistes, etc.) qui, avant cette époque, ont pu ‘’interroger’’ ou critiquer, parfois durement, la praxis de la direction soviétique et kominternienne, ne méritent pas qu’un haussement d’épaule ou des crachats au visage. Ils ont très bien pu mettre le doigt sur des problématiques, des limites bien réelles de la conception marxiste-léniniste du monde, du Parti, de l'État révolutionnaire, de la Révolution mondiale défendue par Staline et ses partisans (quand bien même leurs réponses à ces problématiques et à ces limites ont été, ensuite, globalement erronées et finalement liquidatrices). Car le révisionnisme n’est pas tombé du ciel le 5 mars 1953, jour de la mort du GenSek. Il s’est certes révélé très rapidement au grand jour après cette date, surgissant du cœur même de l’appareil d'État et du Parti (on peut même penser que, si Beria l’avait emporté au lieu d’être renversé et exécuté par Khrouchtchev, la liquidation aurait été encore plus rapide) ; mais il avait forcément ses racines dans le système antérieur, dans ses limites et ses dysfonctionnements.

Mao lui-même, en plein feu de la lutte (ultra-prioritaire) contre le khrouchtchévisme, s’est permis en 1963 de faire un bilan critique raisonné, mais sans concession de la direction de Staline à la tête de l’URSS et du MCI. Lorsque nos ‘’érudits’’ assènent que ‘’en Europe et en Amérique du Nord, le nouveau révisionnisme rejette Staline’’, ils montrent bien où se situe leur ligne de démarcation : Staline, et non Mao. Ils ignorent totalement le dépassement qualitatif, ‘’par la gauche’’, que représente le maoïsme par rapport au marxisme-léninisme appliqué par Staline, la direction du PCbUS et du Komintern entre les années 1920 et 1950. Ils ignorent la critique maoïste de Staline, critique qui a même pu être reprise par des groupes marxistes-léninistes conséquents qui n’étaient pas à proprement parler maoïstes, comme les Cellules Communistes Combattantes (CCC) de Belgique (La Flèche et la Cible - p. 101). Il n’y a pas, du coup, beaucoup à s’étonner de les voir rejoindre les positions des pires révisionnistes thorézo-brejnéviens ou hoxhistes sur, par exemple, les mouvements populaires arabes en cours. Dire que, si ces mouvements échappent à toute direction marxiste-léniniste ou maoïste, et même ‘’communiste’’ au sens large, c’est qu’ils sont ‘’totalement pilotés par l’impérialisme’’, est bien un exemple typique de lecture ‘’stalinienne’’ du mouvement réel de l’histoire.

De plus, cette fascination acharnée et totalement acritique pour le Secrétaire général Staline éveille de sérieux soupçons de visées néo-bourgeoises chez nos super-ultra-révolutionnaires-prolétariens-de-la-galaxie. Font-ils réellement la révolution pour servir le peuple, émanciper le prolétariat et les classes populaires des chaînes du capitalisme et les mener vers le communisme ? Ou alors, leur insistance obsessionnelle à se poser en ‘’cadres’’ de la révolution, en ‘’Parti’’ qui ‘’dirige les masses’’ et sans lequel ‘’il n’y a rien’’, cache-t-elle une aspiration à rester, lorsque la situation révolutionnaire, l’explosion populaire générale surviendra, sur le haut du panier ?

De la même manière, l’assertion comme quoi "le nouveau révisionnisme nie complètement l'expérience de la lutte armée des années 1960-1990 à laquelle il ne connaît strictement rien" est tout simplement grotesque, lorsque l’on sait que parmi les esprits sensés qui ont quitté le navire ‘’pcmlm’’ à temps, il y a par exemple Libération Irlande (ceux qui, dixit, ‘’fantasment sur l’Irlande du Nord’’), qui a une excellente connaissance de la lutte de libération irlandaise et notamment de ses éléments révolutionnaires marxistes, ou encore l’Action antifasciste de Bordeaux qui avait publié cet excellent document de Lotta Continua (pas une organisation armée à proprement parler, mais de lutte prolétarienne autonomia operaia‘’musclée’’ et dont beaucoup d’éléments ont rejoint ensuite - après sa dissolution en 1976 - les Brigades rouges ou - surtout - Prima Linea) ; qu’il y a autour de Servir le Peuple des personnes connaissant parfaitement la lutte de libération nationale basque (notamment son ‘’apogée’’ de 1975-85), la lutte armée révolutionnaire italienne des années 1970, l’expérience des Cellules Communistes Combattantes de Belgique ou la résistance populaire révolutionnaire libanaise des années 1975-83 ; au PCmF d’anciens membres de la Gauche prolétarienne qui pratiquait également un militantisme ‘’musclé’’, dans le ‘’Kasama Project’’ (autres ‘’nouveaux révisionnistes’’ caractérisés) d’anciens Black Panthers ou Brown Berets, etc. Et où, quand a-t-on vu le 'p''c''mlm' dans les initiatives de solidarité avec Georges Ibrahim Abdallah, combattant communiste révolutionnaire de la résistance arabe et plus ancien prisonnier politique d'Hexagone, enfermé depuis 1984 ? Jamais, nulle part, pas même sur leur site. Cette cause ne les intéresse tout simplement pas... La seule lutte armée dont le ‘p’’c’’mlm’ puisse revendiquer une connaissance pointue, c’est la lutte armée allemande des années 1970-80, qui n’était pas un ‘’sommet’’ en matière idéologique et stratégique (il s’agissait essentiellement de ‘’solidarité internationaliste armée’’, considérant que le prolétariat de RFA n’était pas ‘’mûr’’ pour la révolution). 

Nous passerons brièvement sur deux dernières énormités :

- "Le nouveau révisionnisme, en Amérique latine, n'hésite pas à trouver quelque chose de positif dans les contradictions propres aux régimes fascistes, niant que seule la Guerre Populaire est le chemin valable" : nous aimerions bien savoir qui, où et quand aurait "nié" que la Guerre populaire est la seule voie de la révolution prolétarienne, non seulement en Amérique latine, mais universellement. Le PCMLM ferait-il allusion à ses amis de l'UOC-mlm de Colombie, qui prônent quant à eux la "révolution socialiste" (dans un pays archi-dominé et pétri d'oligarchisme et de semi-féodalité) par la "Grève Chavez Santospolitique de masse" ? Possible, mais néanmoins peu probable ; on imagine mal nos super-révolutionnaires-prolétariens signer des déclarations de 1er Mai avec des "nouveaux révisionnistes"... Trêve de plaisanterie, PERSONNE (parmi les incriminés, c'est-à-dire globalement les signataires du 1er Mai ici) n'a jamais affirmé une chose pareille. MAIS la Guerre populaire, guidée par son Parti révolutionnaire du prolétariat, sa "pensée" et son plan général de travail, se déroule au sein d'une RÉALITÉ et doit tenir compte de celle-ci. En Amérique latine, les "régimes fascistes", c'est-à-dire (traduction) les gouvernements RÉFORMISTES de type Chavez, Morales (radicaux, nationalistes et social-populistes) ou époux Kirchner, Lula/Roussef, Mujica (plus modérés, sociaux-démocrates/sociaux-libéraux), "concession" et "repli tactique" de l'oligarchie face aux mouvements sociaux de masse (qui ont conduit certains pays à l'ingouvernabilité : Bolivie, Équateur, Argentine) ; et leur emprise sur les masses populaires exploitées, de par la faiblesse du mouvement communiste suite à la guerre d'extermination menée contre lui, depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux années 1990 (Pérou) ; font partie de cette réalité. Les contradictions qui traversent ces régimes (dont Servir le Peuple n'a JAMAIS manqué de dénoncer les social-trahisons), les opposent aux masses ou opposent la base aux dirigeants, comme le montre par exemple cette déclaration sur la "milice bolivarienne" du Courant révolutionnaire Bolivar et Zamora, datant d'un petit moment déjà, ou encore la levée de bouclier face à l'arrestation et l'extradition, par la police de Chavez, de militants colombiens (des FARC, de l'ELN ou de la solidarité avec ces guérillas), ou les différends qui opposent, en Équateur, les puissantes organisations indigènes au gouvernement Correa, en font également partie. Si les maoïstes latino-américains ne veulent pas, pour arracher au réformisme bourgeois (et au révisionnisme qui le soutient) de nombreux secteurs avancés des masses populaires ouvrières et paysannes, reconnaître et mettre à profit ces contradictions, c'est - selon SLP - une grave erreur. De même, la caractérisation de ces gouvernements réformistes bourgeois comme "fascistes" relève, dimitrovselon nous, de ce que Dimitrov dénonce comme du "schématisme" dans la caractérisation du fascisme, un schématisme qui "désoriente la classe ouvrière dans la lutte contre son pire ennemi" (qui en Amérique latine, on le sait, est le régime militaire de type Pinochet ou dictatures argentines, semi-militaire semi-civil comme en Uruguay dans les années 1970-80 ou actuellement au Honduras, ou civil ultra-réactionnaire à la Fujimori au Pérou ou Uribe en Colombie ; régimes avec leurs cortèges de paramilitaires fascistes et d'"escadrons de la mort", de centres de tortures secrets et d'opposants enterrés on-ne-sait-où ou jetés à la mer, etc.).

[PS : le dernier communiqué du PC d'Équateur - Comité de reconstruction, sur les dernières élections vénézuéliennes, est un exemple-type de cette caractérisation erronée et, de surcroît, d'une confusion totale : on n’y comprend absolument plus rien ! Chavez est-il un fasciste, que le PCE-CR va jusqu'à comparer à Hitler et Mussolini ; ou est-il un réformiste comme le laisse entendre "il convient de rappeler les sages paroles de Lénine: 'Le réformisme est un moyen que la bourgeoisie a de tromper les ouvriers'", "faire face au révisionnisme qui tente d'attirer les masses à vivre l'illusion du réformisme", ou encore "s'applique une façade « révolutionnaire » dans le discours et la propagande, accompagnée de quelques réformes, précisément pour freiner un véritable déclenchement révolutionnaire des masses pauvres" et "Les réformes et les miettes que le gouvernement Chavez donne aux masses ne sont qu'un mirage momentané et passager : l'histoire des régimes similaires (..) démontre comment ces gouvernements Relatives-of-victims-of-General-Augusto-Pinochets-military-servent exclusivement à contenir les masses" [souligné par SLP], ce qui est la définition marxiste du réformisme ; et non du fascisme, qui est "la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier" (Dimitrov), ou des éléments liés à eux dans les pays semi-colonisés : autrement dit, l’écrasement pur et simple, policier, militaire et paramilitaire de toute force ouvrière et paysanne organisée, révolutionnaire ou même simplement réformiste/progressiste ‘sincère’ ; et non le simple fait de vouloir ‘canaliser’ les ‘énergies’ populaires, par des concessions de ‘miettes’ et des organisations de masse réformistes, comme hier, en France, l’Union de la Gauche PS-PC-CGT-FO, ou le SPD et les syndicats géants en Allemagne, le Labour et les trade-unions en Grande-Bretagne, etc. D’autre part, concernant l’affirmation selon laquelle ‘’Il n'y a pas l'ombre d'un pouvoir populaire au Venezuela’’ et ‘’tout le monde peut s'organiser, mais sous les ordres de Chavez’’, c’est certes le ‘job’ des Chavez et autres Morales, Correa, Kirchner ou Ortega, vis-à-vis de l’oligarchie, que de ‘canaliser’ les résistances et les revendications populaires autour de leurs personnes ‘charismatiques’, mais le ‘mouvement social’ préexistait à leur émergence sur la scène politique et les FAITS (trop nombreux pour les énumérer ici) suffisent à démontrer que la situation est beaucoup plus complexe.]

- "En Asie, cela s'exprime par la tendance au réformisme armé, qui date des années 1960 déjà"... nous y sommes, la messe est dite, l'allusion est on-ne-peut plus claire : la Guerre populaire en Inde (qui "s'acharne", voyez-vous, à reconnaître les "nouveaux révisionnistes" comme ses camarades internationalistes à l'étranger) est du "réformisme armé". Servir le Peuple appelle toute les organisations maoïstes à travers le monde, qui liraient ces lignes, à se prononcer sur une telle affirmation. Quelles que soient les critiques (franches, entre camarades) que l'on puisse adresser à la conduite de la Guerre populaire en Inde par le PC maoïste, les auteurs d'une telle attaque destructive devront l'assumer devant l'histoire.
maoist naxal 20091026-ePour conclure, nous ne disserterons pas sur le texte du Mouvement Populaire Pérou lui-même. C'est là une organisation d'une autre importance, avec une autre histoire que les trois guignols du "p""c""mlm". Il affirme que le PCP possède toujours un Comité central, donc une direction centralisée, ce que nous sommes ravis d'apprendre. Il est toutefois permis de regarder la situation du mouvement maoïstes péruvien avec une certaine circonspection, nonobstant le respect dû à ceux qui se battent les armes à la main contre un État oligarchique toujours aussi féroce et impitoyable ; et de trouver que le "détour" évoqué par le président Gonzalo dans son dernier discours, après son arrestation et son exposition dans une cage, a tendance a se prolonger sans
que l'on en voie l'issue, en l'absence d'un sérieux bilan et synthèse de l'expérience de la Guerre maoist paintingpopulaire entre 1980 et 1993. Et de regretter, également, le positionnement sectaire d'attaque destructive dans lequel s'enferme, depuis de nombreuses années déjà, le MPP ; en affirmant par exemple qu'il n'y a pas de Guerre populaire en Inde (mais une simple "lutte armée") car il n'y aurait pas de "pensée", comme si Mazumdar, et après lui des théoriciens tels que Azad ou Kishenji, cela n'existait pas (même si leurs travaux n'ont, sans doute, jamais été définis comme "pensée"... mais pas plus que ceux de Gramsci, de Siraj Sikder au Bangladesh, d'Alfred Klahr en Autriche ou d'Ulrike Meinhof en Allemagne, que met pourtant en avant le PCMLM ; ni même ceux de Lénine - on n'a jamais parlé de "pensée Lénine", etc.). Un sectarisme et une attitude pédante et destructive qui en revanche, cela va de soi, a tout pour ravir les "érudits" du "p""c""mlm"... 

 

 


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DOSSIER PALESTINE (conflit de juillet 2014) :
Sionisme, islamisme et ennemi principal : quelques précisions
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Le sionisme, "fils de France"
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Considérations diverses : une mise au point nécessaire sur nos positions internationalistes et aux côtés des Peuples

juin 2014

POSITION DES COMMUNISTES RÉVOLUTIONNAIRES DE LIBÉRATION OCCITANE SUR LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET EUROPÉENNES DES PROCHAINS MOIS

L'affaire Dieudonné-Valls :
Plutôt bon article sur la ‘Déclaration de guerre de la République à Dieudonné’ (la pseudo-controverse réactionnaire entre l’antisémite dégénéré et les gardiens du temple républicain)
Quelques mises au point complémentaires (et conclusives) sur la ‘‘question Dieudonné’’ (et Dreyfus, le Front populaire, l’antisémitisme etc.)
Réflexion théorique : loi Gayssot, lois antiracistes et "mémorielles", "antifascisme" bourgeois etc., quelle position pour les communistes ?

Dossier Breizh :
Breizh : comment l'étincelle écotaxe a mis le feu à la lande
"Esclave", "identitaire", chouan, cul-terreux arriéré de service : pour paraphraser Césaire, "n'allez pas le répéter, mais le Breton il vous EMMERDE"
Considérations diverses – en guise de ‘‘petit debriefing’’ de ces derniers mois : Bretagne, fascisme, ‘‘Lumières’’ et Kaypakkaya… (point 1)
Considérations diverse (26/11/2013) : eh oui, Servir le Peuple a toujours quelques petites choses à vous dire ;-) (point 1)
Appel de la gauche indépendantiste bretonne (Breizhistance) pour le 30 novembre (avec notre critique de la position du ROCML)
Le Top Five des drapeaux qui n'ont PAS été inventés par un druide nazi  (mortel !)
Et en guise (provisoire) de conclusion : La Gauche indépendantiste bretonne revient sur la mobilisation de Karaez/Carhaix

Comité de Construction du PCR des Terres d'Òc : Déclaration du 11 Novembre

La phrase du moment :

"La tyrannie cessera parmi mon peuple ; il n'y aura que liberté, liberté toute nue, sans déguisement. Bouleversements d’États entiers : je les renverserai de fond en comble, il n'y aura rien de reste. Il va y avoir de terribles renversements de conditions, de charges et de toutes choses. Je veux faire un monde nouveau, je veux tout détruire. Je veux appeler à moi la faiblesse, je veux la rendre forte. Pleurez gens du monde, pleurez grands de la terre, vos puissances vont tomber. Rois du monde, vos couronnes sont abattues !"

Élie Marion, "prophète" et guérillero camisard cévenol, 1706.

Amb l'anma d'un Camisart, Pòble trabalhaire d'Occitània endavant !

 

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Document : Ascenseur pour les fachos (série de 6 vidéos Youtube, Antifascisme.org, site social-démocrate)

 

Guerre pop' - Asie du Sud :

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Comité de Soutien à la Révolution en Inde

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Fil d'actu "Inde - Népal" du Secours Rouge - APAPC

J. Adarshini (excellent site en français)

Revolution in South Asia (en anglais)

Maoist Resistance (guérilla maoïste indienne - en anglais)

NaxalRevolution (Naxalite Maoist India, en anglais)

Banned Thought (en anglais)

Indian Vanguard (en anglais)

The Next Front (Népal - anglais)

Signalfire (sur la GPP en Inde et aux Philippines, le Népal et les luttes populaires dans le monde - en anglais)

Communist Party of India (Marxist-Leninist) Naxalbari (a fusionné avec le PC d'Inde maoïste le 1er mai 2014)

New Marxist Study Group (maoïste, Sri Lanka)

Parti communiste maoïste de Manipur (page Facebook)

 

Guerre pop' - Philippines :

Philippine Revolution (en anglais)

The PRWC Blogs

(tous deux remplacés apparemment par ce site CPP.ph avec notamment les archives d'Ang Bayan, l'organe officiel du Parti)

Solidarité Philippines

Fil d'actu "Philippines" du Secours Rouge - APAPC

 

Guerre pop' & Luttes armées - Amérique latine :

CEDEMA - actualité des mouvements armés en Amérique latine (+ qqs documents historiques)

 

Nuevo Peru (Pérou, basé en Allemagne, en castillan et allemand principalement)

Guardias Rojos (Pérou, page FB)

Fil d'actu "Amérique latine" du Secours Rouge - APAPC

Archives

Autres documents théoriques

 

Récapitulatif des "grandes thèses" de Servir le Peuple


À lire également, les Considérations Diverses, petits "billets" trop courts pour faire un article et donc regroupés par trois, quatre ou plus, exprimant notre CONCEPTION DU MONDE sur toute sorte de sujets. 


Même étude sur l'État espagnol (1 et 2) ; le Royaume-Uni (1 et 2) et l'Italie.

 

APRÈS 8 SÈGLES… (Huitième centenaire de la bataille de Muret 1213 & DÉCLARATION FONDATRICE de notre Comité de Construction du PCR-Òc)

 

 






 

 

 


 


 

 

Le 'centre mlm' de Belgique, la Guerre populaire et le (n)PCI (sur la stratégie révolutionnaire en pays impérialiste) ; et dans la continuité :

Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (1ère partie)

et Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (2e partie)

 

 

 

EXCLUSIF : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970) [avec un salut rouge et fraternel à l'AA Bordeaux ]

Manifeste Programme du (n)PCI

Présentation

du chap. 1 du Manifeste pour les lecteurs/trices francophones (valable pour tout le Manifeste)

 

(Chapitre I): PDF - WORD

 

 

 MANIFESTE COMPLET

(version non-définitive ; chap. 4 et 5 pas encore validés par les camarades italiens)

 

IMPORTANT pour la compréhension du Manifeste :

La crise actuelle, une crise par surproduction absolue de capital (en PDF)

article de 1985 paru dans Rapporti Sociali n°0

[en bas de la page en lien, icône
PDF - Télécharger le fichier pour télécharger le document]

Autres analyses d'actualité









Situation décisive au Népal 

En matière de conclusion sur la situation au Népal, et ses répercussions dans le Mouvement communiste international 

Questions-réponses sur la situation au Népal

 

Discussion sur la "gauche" en Amérique latine et la bourgeoisie bureaucratique

 

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria : l'analyse d'un communiste abertzale

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 2e partie

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 3e et dernière partie  

 

 

 

 


Considérations diverses 03-2013 - et un peu de polémique/critique, ça fait pas de mal ! (sur Chavez, le 'bolivarisme', le 'fascisme' de celui-ci et autres choses...)

Autres articles historiques

 

25 avril 1945 : le Peuple italien terrasse le fascisme

 

 


 




Et en guise de récapitulatif/synthèse : Considérations diverses sur les États, les Nationalités, la Subsidiarité et le Pouvoir populaire ; ici (point 1) : Considérations diverses – fin octobre 2013 : État et révolution bourgeoise et ici : Considérations diverses : 1/ Le cœur des nations est aujourd’hui le Peuple