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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 12:52


Pour l'inénarrable Mélenchon, qui avait déjà traité en 2012 les émeutiers d'Amiens de "crétins" et de "larbins du capitalisme", les militants les plus combattifs du Testet sont des "clochards avinés" très certainement "infiltrés par l'extrême-droite" (il faut dire à sa "décharge" qu'il a reçu là-bas - la veille du drame - un accueil quelque peu mouvementé, dans la lignée de celui fait à Mitterrand au Larzac en 1974...) :

MélenchonTestet

Bref : le bon vieux et grand classique révisio-réformard de "faire la distinction" entre les "bons" manifestants - légalistes - et les "mauvais", les "extrémistes" et les "casseurs" qui "nuisent à l'image" et sont d'ailleurs "à tous les coups" des "flics" ou des "fachos" déguisés... Mélenchon a peut-être un certain nombre de qualités, mais certainement pas celle de l'imagination ! (en revanche on peut peut-être lui accorder celle de la célérité : devant le tollé d'indignation soulevé par ses propos, la publication a très vite été supprimée... mais malheureusement pas assez vite pour empêcher une capture d'écran he).

Pour Xavier Beulin de la FNSEA, représentant de la bourgeoisie rurale agro-productiviste (jeter un œil ici au CV du personnage) qui soutient à fond le projet, on a affaire à des "djihadistes verts" :

La FNSEA dénonce les "djihadistes verts" du barrage de Sivens

On voit bien là comment, dans la tête du Capital bleu-blanc-rouge, tous les "ennemis intérieurs" se connectent et se confondent. Le zigue a par ailleurs prétendu que le projet n'était pas du tout au service de l'agriculture industrielle et productiviste mais d'une "centaine d'agriculteurs (qui) veulent garder des fermes petites et moyennes pour y faire des productions à valeur ajoutée. (...) pour cela, ils ont besoin d'eau et donc d'un soutien pendant la période d'étiage avec de l'eau qui peut servir à l'agriculture mais aussi à d'autres usages". Une affirmation que viennent pourtant démentir de nombreux témoignages de petits agriculteurs locaux.

eric-brunet-vraiment-reac-L-0F23SI.pngLa FNSEA est historiquement liée à l'aile droite de la République bourgeoise et, globalement, les réactions dans cette famille politique (élus et autres dirigeants, "éditocrates" et "plateaucrates" télévisuels) sont du même acabit, qu'il s'agisse des députés UMP Christian Jacob et Éric Ciotti au Palais Bourbon, de Jean-Sébastien Ferjou (du site Atlantico, plutôt "ultra-libéral") sur i>Télé ou d'Éric Brunet (qui fait rarement mystère de ses opinions) sur BFM TV : "c'est un drame horrible" certes, mais "il faut voir la violence des ZADistes, ces radicaux, ces fanatiques" etc. etc. (on attend encore les propos de Zemmour, qui s'exprimera certainement dans "Ça se dispute" demain soir).

Le gouvernement PS est globalement sur la même ligne de défense, face notamment à ses anciens alliés Verts (qui s'approprient Rémi sans vraiment savoir s'il était militant ou sympathisant de leur parti mais bon). Lorsqu'en 1970 à Milan le militant Saverio Saltarelli avait été tué dans des circonstances très similaires (tir de grenade), "Restivo (Ministre de l'Intérieur démocrate-chrétien) et Berlinguer (premier secrétaire du Parti "communiste") s'étaient enflammés, disant que les 'extrémistes' seraient poursuivis" comme le chantait Pino Masi. N'a-t-on pas incroyablement l'impression d'observer le même tableau, aujourd'hui en "France", avec la mort de Rémi Fraisse ?

Et pour rester dans la "même famille politique" (dit avec ironie mais à peine...), en tout cas dans la même IDÉOLOGIE FRANÇAISE, les pseudo-"maoïstes" des "matérialistes.com" ont d'abord publié un article paraissant plutôt de soutien et disant des choses assez juste sur la logique capitaliste (agro-productiviste) qui sous-tend le barrage et l’État policier à son service, tout en évitant soigneusement d'aller sur nos thèses (que toute cette affaire ne fait que confirmer)... Mais ils sont ensuite passés - dans leur éditorial du 28 octobre - sur une explication absconse, incompréhensible d'où ils veulent en venir ("La mort de Rémi Fraisse a ainsi été « administrative » : la gendarmerie n'a fait qu'agir en militaire et il n'y a par conséquent aucun esprit de remise en cause. On est dans une logique d'administration par en haut, par ailleurs acceptée de manière populaire"...) avant de comparer carrément les démarches de type ZAD (Notre-Dame-des-Landes, Tarnac etc.) à... l'école pétainiste d'Uriage (école censée former les cadres économiques de la "Révolution nationale" et qui en réalité, passée à la "France libre" en 1942 et - du coup - fermée par la Milice de Darnand début 1943, fournira surtout son "excellence" à la République bourgeoise des Trente Glorieuses...). 

coup-de-latte1.jpgVoili voilou... Nous pensons, sans nul besoin d'exhaustivité, avoir fait le tour. Car toutes ces réactions à la tragédie, comme l'expliquait très justement le 'p''c''mlm' dans son (court) moment de lucidité du 28 octobre, ne sont que le reflet d'une seule et même chose : une idéologie "républicaine" francouille au service d'un Capital (grand ou même plus petit, comme c'est le cas à Sivens) dont la logique même repose sur l'appropriation des territoires (avec leurs ressources) et des populations pour les transformer en forces productives et en force de travail créatrice de plus-value... Et qui ne peut tolérer aucune contestation de cela - le refus d'"entendre" la contestation amenant la radicalisation d'éléments, qui amène elle-même plus de répression et plus de radicalisation etc. etc. ; non pas parce que le Capital et ses "pouvoirs publics" "pourraient dialoguer" mais "refusent" (comme des "gosses capricieux") de le faire, mais parce qu'il est dans leur nature même, parce qu'il est EXISTENTIEL pour eux de "ne pas reculer" sur ce type de dossiers. Quelles que soient les limites de leurs conceptions politiques, les mouvements ZADistes (qui affirment en substance l'environnement comme bien commun à préserver et non comme pure marchandise ou matière première) font partie, comme les mouvements squatteurs qui rejettent la logique propriétariste-rentabiliste dans le domaine du logement, les "indigènes"/colonisé-e-s intérieur-e-s qui posent la question de la colonisation d'hier, du néocolonialisme d'aujourd'hui ("secret de l'impuissance" du prolétariat hexagonal) et de leurs traductions dans l'ordre social "métropolitain", les Peuples niés qui posent la question des conditions mêmes de la construction de l’État/appareil du Capital et bien sûr le mouvement ouvrier organisé combattif et les communistes révolutionnaires, de ces forces dont l'émergence même dans le "débat public" n'est pas tolérable pour le système capitaliste "français".  

conrad1Y compris, dans ce même système qui est leur râtelier, pour des petits bourgeois soi-disant "maoïstes" : certes la "biosphère" est leur marotte, mais le système "France" est aussi (pour eux) un "fabuleux héritage de culture et de civilisation" (leur manière de dire "râtelier") et entre les deux leur cœur balance. Alors certes il "faut rejeter" les projets écocides comme ce barrage, il "faut" refuser le racisme (sans toutefois le comprendre comme un résultat systémique de la construction même du monde capitaliste dans lequel nous vivons : pour eux il s'agit d'une simple "division du peuple" et il existe un "racisme anti-blancs"), il "faut" résoudre la crise du logement et la "contradiction villes-campagnes", il "faut" combattre le fascisme (enfin surtout celui qui est principalement antisémite, celui qui est principalement islamophobe moins) et l’État policier de la bourgeoisie (quoique...) ; MAIS tout ce qui lutte concrètement en ce sens aujourd'hui doit être de la merde, pure "décomposition petite-bourgeoise" voire carrément... proto-fascisme, histoire (donc) de rejeter en pratique toute lutte antagonique contre le râtelier "France" en question.

Il leur faut aussi - encore et toujours - ménager et dépeindre comme "non-fasciste" l’État bourgeois "républicain", vu comme un "allié potentiel contre le fascisme" (manière de dire : "État bourgeois, siteuplé, j'ai Bac+10, intègre moââââ...."). Nous avons souvent et "lourdement" insisté sur le fait que le passage de la "démocratie" bourgeoise au fascisme provenait DU CŒUR MÊME de l’État et de la classe qu'il représente et sert, la grande bourgeoisie (par exemple - et pas du tout exhaustivement - ici, ici au point 4 ou encore ici). C'était peut-être une vision un peu unilatérale ; mais on peut dans tous les cas très certainement dire que le passage au fascisme consiste en une PRISE EN ÉTAU de la société entre (d'un côté) la "droite révolutionnaire", la prolifération des groupes d'extrême-droite ou "nationaux-socialistes" et de leurs violences avec éventuellement (comme c'est le cas aujourd'hui en Hexagone) la montée inexorable d'un grand parti de masse (le FN), et de l'autre (comme cela s'est toujours vérifié dans l'histoire) l'accumulation autoritariste, liberticide et répressive au sommet de l’État. Une accumulation que l'assassinat policier de Rémi Fraisse vient encore une fois illustrer en démontrant au passage son caractère indépendant des "couleurs" politiques bourgeoises, puisque c'est sous un gouvernement P's' (que le "peuple progressiste" avait chargé en 2012 de le "libérer du sarkozysme") qu'un militant écologiste vient d'être tué en manifestation pour la première fois depuis 37 ans, après les ladamiseletasviolences sans précédent contre les opposants à l'aéroport du "Grand Ouest" à Nantes, l'interdiction de manifestations pro-palestiniennes ou contre le néocolonialisme français... toujours autorisées auparavant (y compris sous Sarkozy), etc. etc. : nous avons bel et bien là, en réalité, une tendance inexorable face à des contradictions sociales de plus en plus explosives qu'il s'agit - par conséquent - d'écraser en ce marteau répressif et l'enclume du fascisme militant (y compris lorsque celui-ci feint de "prendre parti pour la contestation" - enfin, dans certaines limites tout de même).

Pour nous, les choses sont claires : la quête d'"harmonie" entre l'activité productive humaine et l'environnement naturel, impossible tant que l'"aménagement du territoire" sera entièrement et uniquement sous-tendu par la recherche du profit capitaliste, ne pourra trouver son aboutissement que sur une planète où territoires et populations se seront "retrouvés" et ne seront plus (les uns et les autres) de simples instruments productifs de plus-value, enfermés dans les États-enclos construits par les dominants à cet effet. Ils pourront alors (re)trouver leur "équilibre", comme celui qui existait avant l'étape capitaliste de l'histoire humaine mais À UN NIVEAU SUPÉRIEUR (avec le "progrès" que le capitalisme aura apporté à l'humanité).  

Telle est, en dernière analyse, la définition même de l'objectif stratégique que nous poursuivons : une Occitanie révolutionnaire, libre et socialiste-puis-communiste qui (non messieurs !) ne sera pas "un État de plus" fondé sur un soi-disant "nationalisme ethno-régional" (comme feignent de le comprendre nos détracteurs "gauchistes"), mais une organisation politique et sociale de type radicalement nouveau, CONFÉDÉRATIVE et SUBSIDIARISTE, fondée sur le POUVOIR DU PEUPLE (vivre, travailler et décider "au pays" ou "au quartier", là où l'on a son existence sociale). Un Peuple qui, libéré de la logique capitaliste, aura retrouvé un rapport direct avec la nature ; ce qui ne signifiera peut-être pas que "tout sera résolu" (la contradiction homo sapiens/"reste du vivant" mettra peut-être encore quelques générations à être solutionnée), mais sera assurément - déjà - beaucoup mieux !


communisme

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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 13:05

 

La tragédie que l'on pouvait hélas redouter vient de se produire, dans l'orgie de répression qui s'abat sur la ZAD du Testet depuis des semaines.

Un opposant au barrage vient d'être tué par un tir tendu de grenade de désencerclement. L'article ci-dessous est édifiant. C'est la première fois qu'un(e) militant(e) écologiste perd la vie sur ce type de mobilisation depuis Creys-Malville en 1977.

EXCLUSIF - Testet : Rémi Fraisse a été touché par une grenade ou un flash-ball

http://www.reporterre.net/spip.php?article6496

Isabelle Rimbert (Reporterre)

lundi 27 octobre 2014

Reporterre a recueilli les témoignages de personnes ayant participé aux événements de la nuit de samedi à dimanche sur la zone du Testet. Ils attestent que les gendarmes ont emporté le corps de Rémi Fraisse, qui est décédé cette nuit-là. Un témoin dit qu’il avait été touché par une grenade ou un flash-ball.


- Lisle-sur-Tarn, reportage

Dimanche 26 octobre, avant l’aube, dans la nuit, les affrontements se déroulaient sur le Testet, près du chantier où, après avoir terrassé la forêt défrichée, des engins devaient préparer la digue du barrage de Sivens. Parmi les groupes qui se confrontaient aux gardes mobiles, il y avait Rémi Fraisse, un étudiant toulousain de vingt-un ans. Il est décédé cette nuit-là, et son corps a été emporté par la police. L’autopsie aura lieu lundi après-midi.

Les affrontements ont commencé dans l’après-midi de samedi, vers 16 heures, au lieu-dit Les Bouilles. De nombreux camions de CRS et de gardes mobiles sont arrivés en renfort sur la zone. Les affrontements ont fait une dizaine de blessés, dont cinq ont été évacués vers l’hôpital. Parmi eux, une personne a reçu un tir de flash-ball dans la figure. Le SAMU, appelé par l’équipe de secours d’urgence des opposants, a refusé de venir sur place.

Après une accalmie vers 21 heures, les affrontements ont repris dans la nuit. Les gardes mobiles (GM) étaient positionnés au lieu-dit des Bouilles, derrière la grille.

À midi, ce dimanche, sur le lieu des affrontements de la veille, il n’y avait aucune présence policière et aucune sécurisation de la zone où aurait eu lieu le décès.

Témoignages recueillis dimanche matin. Les noms sont des pseudonymes. Voici leur récit. Une personne dit avoir vu M. Fraisse être touché par une grenade et tomber.

- Baïk :

« Entre 2 heures et 3 heures du matin, il y a eu des tirs tendus de grenades lacrymogènes incapacitantes et explosives [grenades dites de désencerclement, NDLR]. La scène était éclairée par les lumières des phares des camions de GM. À un moment, après un lancer massif de grenades, un groupe de GM s’est avancé sur la dalle de béton, a attrapé une personne à terre et l’a porté près de la route. Cette personne était à deux/trois mètres du grillage, elle a pu recevoir une grenade en tir tendu. On pensait que c’était une interpellation. Les affrontements ont continué jusqu’à au moins 4 heures du matin. »

- C’est sur ce terrain, près de la digue projetée, que se sont produits les affrontements et qu’a eu lieu le drame. -

- Ju :

« À un moment, lors des affrontements nocturnes, il y a eu une grosse salve de grenades lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Six GM ont ramassé un mec qui était au sol et l’ont traîné puis porté jusque sur la route. Quand je suis rentré au campement [à la Métairie, à 1,5 km du lieu des affrontements, NDLR], il était 5 h moins le quart, il y avait encore des tirs de grenades. »

- Impact au sol d’une grenade - assourdissante ou de désencerclement -, à quelques mètres du lieu où serait tombé Rémi. -

- Christian :

« J’étais sur le lieu des affrontements, devant, près des flics, sur la gauche, près de là où ça s’est passé. Entre deux et trois heures du matin, ils ont envoyé une grosse charge sur la gauche, gazé. Il y a eu un gros nuage opaque, puis dans les lumières des phares de fourgon, six ou sept gendarmes sont arrivés sur la dalle, ont attrapé quelqu’un au sol et l’ont porté à plusieurs. À la façon dont ils l’ont attrapé, le mec semblait inerte. J’ai crié : « Attention, ils embarquent quelqu’un. » On pensait qu’ils l’emmenaient en garde à vue. Environ vingt minutes plus tard, on a vu un gyrophare bleu. Ca semblait être des pompiers. C’était avant quatre heures du matin. »

- Bonnie :

« J’ai passé la soirée et la nuit sur le lieu des affrontements. Il y avait des tirs dans tous les sens. Vers 3 heures du matin, il y a eu une charge. Les GM se sont avancés sur dix mètres sur la route. Ils ont chargé à une vingtaine et tiré des lacrymos. C’était à droite, sur le lieu des affrontements. Sur la gauche, les flics se faisaient caillasser près du grillage sur la dalle en béton.

« Il y a eu des tirs de grenades, puis j’ai vu un gars au sol se faire traîner en arrière, tenu de part et d’autre par des flics. Après çà, il y a eu un écran de fumée, ils se sont retranchés, et les tirs de grenade se sont calmés. Plus tard, on a vu des lumières bleues d’ambulance. Il y a eu un blackout : les lumières des phares des camions de GM ont été éteintes (il y avait deux camions dont les phares étaient allumés). Puis ils ont recanardé un max. Plus tard dans la nuit il y a encore eu une énorme charge avec une vingtaine de lacrymo tirées. Ca a fait un gros nuage de fumée. Quand la fumée s’est dissipée, tous les camions de GM étaient partis. Au cours de la nuit, il y a eu plusieurs blessés, environ une dizaine dont cinq ont été évacués. À partir de trois heures avant la fin des affrontements, il n’y avait plus de sommations avant les tirs de grenades. »

- On voit le lieu où Rémi serait tombé, au deuxième plan. Le sang séché est cerclé de bleu. Au premier plan, à quelques mètres, l’impact au sol d’une grenade explosive. On observe dans le coin droit un bout de sangle de sac à dos. -

- Camille :

« Il était à trente mètres de moi sur ma gauche. Je l’ai vu se faire toucher alors qu’il y avait des explosions à côté. Ils ont envoyé des grenades explosives, des tirs de flash-balls. Après, cette personne s’est retrouvée à terre. Il y a eu une charge de flics, j’ai chargé aussi, mais je me suis retrouvé tout seul, du côté gauche. Mais tout le monde est arrivé trop tard, ils ont mis en joue ceux et celles qui arrivaient. J’ai vu ce gars à terre se faire trainer par les policiers et on n’a pas pu en savoir plus. »

- On voit la direction dans lequel le corps sanglant de Rémi aurait été emporté par les gendarmes. -

Source et photos : Isabelle Rimbert pour Reporterre.

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Lire aussi :

Un camarade tué au Testet – Appel à manifester contre la violence d’État – à Nantes et ailleurs

Rassemblement ce lundi 18h devant la préfecture de Nantes –Rendez-vous dès 15H place du Bouffay pour préparer et informer

Pendant la nuit de samedi à dimanche un manifestant, Rémi, a été tué au cours des affrontements qui se sont déroulés lors du rassemblement contre le barrage de sivens au Testet. Environ 7000 personnes ont convergé sur la ZAD du Testet après des mois d’attaques policières, de destruction de la zone humide et des habitats de ceux qui la défendaient. En fin d’après midi puis plus tard dans la nuit, des dizaines de personnes s’en sont pris aux forces de l’ordre qui protégeaient le chantier. Elles souhaitaient ainsi marquer leur colère et retarder la reprise des travaux, initialement prévue pour lundi. Elles ont été repoussées à coups de flashballs, de grenades assourdissantes, de désencerclement et de gaz lacrymogènes. D’après les témoignages des camarades du Testet, la personne décédée se serait écroulée suite à des tirs de grenade puis aurait été emmenée par les forces de l’ordre. La Préfecture affirme ne rien vouloir déclarer à ce sujet avant le résultat public de l’autopsie lundi. Le gouvernement a déjà commencé à stigmatiser les manifestants, et tente de diviser pour noyer le poisson. Mais ils savent bien que, quoi qu’ils fassent, cette mort aura des conséquences explosives.

Ce décès révoltant n’est malheureusement pas suprenant dans ce contexte. A Notre Dame des Landes, au Testet et partout où nous nous opposons à leurs desseins, nous avons dû faire face au déploiement crû de la violence d’État. Si nous avons bien compris de notre coté que nous ne pouvions nous contenter de les regarder docilement détruire nos vies, eux ont démontré qu’ils ne nous feraient aucun cadeau. Pendant les mois d’expulsion de la ZAD de Notre Dame des Landes, de nombreux camarades ont été blessés gravement par des tirs de flasballs et grenades. Sur la seule manifestation du 22 février 2014 à Nantes, 3 personnes, visées à la tête par des flashballs ont perdu un œil. Depuis des semaines au Testet plusieurs personnes ont été blessées elles aussi et d’autres accidents tragiques ont été évités de justesse lorsque des opposants se sont faits délogés, notamment des cabanes qu’ils avaient construites dans les arbres. Pourtant c’est bien, entre autre, parce que des milliers de personnes se sont opposées physiquement aux travaux, aux expulsions, à l’occupation policière de leurs lieux de vie que le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes est aujourd’hui moribond, et que le barrage du Testet et ceux qui devaient lui succéder sont largement remis en question. C’est cet engagement en acte qui a donné une puissance contagieuse à ces luttes et qui menace partout aujourd’hui l’aménagement marchand du territoire.

Plus quotidiennement la répression s’exerce face à ceux qui luttent dans les prisons, dans les quartiers et dans les centres de rétention et entraîne là aussi son lot de morts trop souvent oubliées, plusieurs dizaines chaque année. Face aux soulèvements et insoumissions, la démocratie libérale montre qu’elle ne tient pas seulement par la domestication minutieuse des individus et des espaces de vie, ou par les dominations économiques et sociales, mais aussi par un usage déterminé de la terreur.

Nous appelons à occuper les rues et lieux de pouvoir partout dès demain, pour marquer notre tristesse, saluer la mémoire du camarade tué ce samedi et pour exprimer notre colère face à la violence d’État. Nous ne les laisserons pas nous tuer avec leurs armes dites « non léthales ». Réagissons avec force pour qu’il y ait un avant et un après cette mort. Affirmons plus fort que jamais notre solidarité avec tous ceux qui luttent au Testet et ailleurs contre leurs projets guidés par les logiques de contrôle et de profit, mais aussi avec tous ceux qui tombent plus silencieusement sous les coups de la répression partout ailleurs. Nous ne nous laisserons ni diviser ni paralyser par la peur. Nous continuerons à vivre et lutter sur les espaces qu’ils rêvent d’anéantir, et à leur faire obstacle.

Nous ne laisserons pas le silence retomber, nous n’oublierons pas !

Des occupant-e-s de la ZAD de Notre Dame des Landes

Une seconde manifestation se prépare pour samedi 14h

Plus d’infos zad.nadir.orgnantes.indymedia.org

PDF - 8.3 ko

Et cette vidéo :

Un mort sur la ZAD du Testet // Appel à rassemblement from stéphane trouille on Vimeo.

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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 11:57


Charles Maurras (1868-1952) disait en substance aux Occitans, aux Bretons, aux Corses, aux Catalans et autres Basques : "c'est dans une France 'nationaliste intégrale' monarchiste et catholique que vos 'identités', vos 'valeurs' (forcément réactionnaires dans son esprit) et vos 'libertés' seront le mieux gardées". Centralisme "uniformisateur" et république parlementaire, "progressisme", "juiverie" et franc-maçonnerie vont de pair, proclamait-il. En somme : il y a un "concept France" et vous sentez bien qu'il vous écrase et vous opprime (tout particulièrement depuis l'"accélération" centralisatrice post-1789), que vous n'en faites pas réellement partie, que vous n'êtes pas réellement les "Français" que l'on veut faire de vous... Eh bien, plutôt que de vous imposer l'uniformité "française" à coups de "hussards noirs" républicains, nous allons vous reconnaître dans vos particularismes, dans vos "petites patries" que sont vos nationalités réelles, mais nous allons néanmoins vous souder au grand projet "France" face à l'ennemi tant extérieur qu'intérieur des "quatre États confédérés" juif, franc-maçon, protestant (= Allemagne et Angleterre) et "métèque" (étrangers extra-hexagonaux), auxquels vient encore s'ajouter le socialisme révolutionnaire marxiste ou l'anarchisme (à moins qu'il ne s'agisse là d'une "création commune" des quatre...).

L’État français était à l'époque plongé dans une double et énorme problématique : parachever son unité "nationale" encore imparfaite, fait largement nié aujourd'hui par l'historiographie du "siècle des révolutions", mais qui se reflétait pourtant quotidiennement dans la mobilisation politique elections-1849 (orléanisme ou républicanisme bourgeois "raisonnable" dans le Bassin parisien, agitation "rouge" républicaine avancée et socialisante dans le "Midi" occitan-arpitan ou le Nord voire en Alsace, royalisme catholique en Bretagne/Grand Ouest et dans une certaine mesure dans l'Est, "banditisme" = résistance populaire chronique en Corse voire dans les Pyrénées, émeutes régulières contre les forces de l'ordre dans toutes les périphéries rebellions-collectives-gendarmes-1800-1859...) ; et la confrontation avec une nouvelle et redoutable puissance, l'Allemagne, pour le contrôle de l'axe rhénan et la suprématie en Europe continentale (+ le partage impérialiste de l'Afrique et du reste de la planète) ; et voilà, à cette double problématique, la solution-synthèse que Maurras proposait.

C'est ce que l'on peut appeler le compromis maurrassien. Et c'est sans doute ce qui lui a valu l'hostilité d'une bonne partie de la droite de la droite de la IIIe République qui partageait pourtant, en dehors de ce "régionalisme", l'essentiel de ses conceptions ("État fort" autoritaire, militarisme, antisocialisme et anticommunisme, antisémitisme) ; et de passer à la postérité comme l'archétype d'une extrême-droite de l'époque qui ne se réduisait - en réalité - pas du tout à lui, avec au contraire des courants attachés au centralisme napoléonien beaucoup plus puissants que son Action française décentraliste (mais comme ces courants ont en bonne partie engendré le gaullisme, alors...).

Cette ligne est aujourd'hui globalement reprise par les Identitaires (ce sont eux qui en sont le plus proche), en y ajoutant l'échelon Europe ("patrie civilisationnelle") maintenant que l'impérialisme bleu-blanc-rouge a compris l'intérêt de travailler en partenariat avec ses voisins et ne se vit plus comme entouré d'ennemis. Certains éléments comme le breton Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon, ses compatriotes d'Adsav ou de Breiz Atao ou encore (dans une mesure à déterminer) la Ligue du Midi de l'ex-identitaire languedocien Richard Roudier font même carrément "sauter" l'échelon "France" entre leur nationalité réelle (bretonne, occitane) et l'Europe-"civilisation" ; autrement dit font comme le Parti national breton (PNB) des années 1930-40 ; mais l'esprit reste globalement le même (et le rapport à l'entité France reste dans tous les cas très ambigu : on sent bien que ne lui est pas vraiment reprochée son existence ni sa négation des Peuples à travers les siècles, mais seulement de ne pas être l’État ouvertement raciste qu'ils voudraient qu'elle soit).

Et en substance, Dieudonné et Soral disent aujourd'hui exactement la même chose aux colonisé-e-s intérieur-e-s ("indigènes"), aux personnes de culture musulmane et/ou afro-descendantes, et dans une certaine mesure directement aux néocolonies dont sont issu-e-s ces dernier-e-s : une France gouvernée par le Front National, par les "patriotes", serait la meilleure gardienne de vos "identités", de vos "valeurs" et de vos droits. "Tout ce dont vous souffrez au quotidien dans vos ghettos" (ou vos pays pillés) vient en réalité du "système" dirigé par les "sionisssses et les pédo-satano-francs-maçons", ceux-là mêmes qui se disent antiracistes et viennent vous dire qu'on est racistes alors qu'en réalité on est vos meilleurs potes.

En somme : vous ne vous sentez pas réellement "français", vous êtes exclus et parqués dans des ghettos par des gouvernements successifs "de droite comme de gauche" qui ne cessent pourtant de proclamer "l'intégration" et l'"antiracisme" ; eh bien nous, "patriotes français authentiques", nous vous tendons la main et vous allez vous unir à nous contre "l'Empire américano-sioniste" et ses agents intérieurs que sont justement les gouvernements de-droite-comme-de-gauche successifs, contre le "mondialisme" et ses corollaires que sont le féminisme, le "lobby gay" et les "idiots utiles gauchistes"... et vous verrez que tout ira beaucoup mieux car après tout, nos bonnes valeurs françaises catholiques et vos valeurs musulmanes n'ont-elles pas de très nombreux points communs ? Et tout cela rencontre hélas, dans une mesure non-négligeable, un certain écho.

Malheureusement (pour eux), la plupart des prises de position d'un FN en pleine "résistible ascension" viennent complètement contredire cela ; exactement comme la plupart des prises de position de la Fédération républicaine, des Jeunesses patriotes, des Croix-de-Feu, bref de 90% des forces d'extrême-droite des années 1930 et de la "Révolution nationale" (qui sera initiée en 1940 sur cette base idéologique) venaient contredire ceux qui avaient écouté Maurras ou d'autres dans le même style (comme le PNB).

Le régime de Vichy, qui avait totalement recyclé l'appareil d’État de la IIIe République, méprisera souverainement les nationalistes bourgeois (bretons et occitans principalement) qui avaient vu en lui un "vent de changement" pour leur reconnaissance en tant que nationalités (quelques heures d'enseignement facultatif de l'occitan à l'école par-ci, une région "Bretagne" amputée du Pays nantais par-là) ; et ni les tentatives de jouer la surenchère anticommuniste et antisémite, ni celles de traiter directement avec l'occupant nazi n'auront plus de succès. À la Libération, la répression s'abattra sur eux sans l'ombre de la moindre indulgence tandis que dans le même temps un René Bousquet (qui avait envoyé à la mort des dizaines des milliers de Juifs - hommes, femmes et enfants - et d'antifascistes), après - certes - trois petites années de prison à Fresnes, s'en tirait avec "5 ans de d'indignité nationale" dont il fut au demeurant... immédiatement relevé pour "faits de résistance" (à partir de la fin 1943, arrestation par les Allemands peu après le débarquement de Normandie), avant de poursuivre une brillante carrière dans le secteur bancaire, la presse (Dépêche du Midi) et la politique (radical-socialisme, proximité avec Mitterrand...) ; sans même parler des centaines de Maurice Papon qui ne seront même pas inquiétés (poursuivant eux aussi de brillantes carrières en entreprise ou dans l'appareil d’État).

Il en irait exactement de même, demain, pour toute la clique des "régionalistes" identitaro-réactionnaires à la Tillenon... et pour les racisés qui auraient suivi Dieudonné et Soral.

Ce qu'il faut bien comprendre, en réalité, c'est qu'en situation de crise générale du capitalisme vont pulluler les fantaisies réactionnaires chez les personnes "agressées" par cette crise, car le premier réflexe de l'être humain est d'abord de regarder vers le "paradis perdu" et les "valeurs sûres" plutôt que vers les lourdes tâches d'un avenir émancipé, lumineux mais totalement à construire. Et ces fantaisies réactionnaires vont bien sûr avoir leurs marchands du temple, car cela fait vendre des livres, des DVD et des t-shirts et donne - aussi - l'autosatisfaction du "tribun", du "gourou".

MAIS VOILÀ, pour paraphraser (encore une fois) C.L.R. James :

- le cours général de l'histoire de "France" est tel que tout mouvement fasciste d'étendue hexagonale (aussi déguisé soit-il) sera obligé de s'attaquer à la "puissance indigène", à l'affirmation et à la lutte des "minorités visibles"/colonies intérieures pour l'égalité ;

- le cours général de l'histoire de "France" est tel que tout mouvement fasciste d'étendue hexagonale sera obligé de s'attaquer à l'affirmation des Peuples conquis au fil des siècles et emprisonnés dans l’État (puisque les classes populaires n'ont globalement d'autre voie pour cette affirmation que la voie révolutionnaire communiste et la "bourgeoisie nationale" autonomiste celle de se faire le "parti de l'étranger" - se lier à des États voisins et concurrents comme le Royaume-Uni, l’État espagnol, l'Italie, l'Allemagne ou la Suisse ; ce qui est d'ailleurs également valable pour les colonisé-e-s intérieur-e-s : voie révolutionnaire ou alors se lier aux États d'origine dont certains - Algérie, Turquie - sont "turbulents" et "affirmationnistes", au Qatar et autres pétro-monarchies arabes qui cherchent des terrains d'investissement pour leurs capitaux sur-accumulés, à l'axe Iran-Syrie avec Dieudonné etc. etc. ; or l'agitation sociale-révolutionnaire et l'intelligence avec l'étranger sont deux choses que ne peut tolérer le fascisme, qui est l'instrument terroriste de la fraction la plus réactionnaire du Grand Capital et de son État pour la contre-révolution préventive et la guerre impérialiste mondiale).

Cela signifie - toujours en substance - qu'à l'arrivée, les "fantaisistes réactionnaires" qui auront suivi les Soral, Dieudonné et autres Kémi Séba ou qui auront fait du "régionalisme" identitaire à la Tillenon (sur le terreau idéologique putride de l'extrême-droite francouille) ne seront jamais que les PAUVRES DINDONS D'UNE SINISTRE FARCE.

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* Il suffit pour s'en convaincre de jeter un œil aux positions du Front National sur la - toute bénigne - Charte des langues minoritaires et régionales : http://www.frontnational.com/terme/langues-regionales/


Lire aussi (d'un blog militant réunionnais) : Comprendre le colonialisme et le racisme - le cas d’Alain Soral

 

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14 octobre 2014 2 14 /10 /octobre /2014 06:08

http://www.europe1.fr/politique/pasqua-zemmour-ne-connait-rien-a-la-realite-2257751

… et, entré dans la Résistance à l’âge de 15 ans, il défend quant à lui l’autre mythe, le grand mythe officiel de la République bourgeoise post-1944, celui de la vraie-France-la-France-libre défendant les "valeurs de la Républiiiique" dont le refus de l’antisémitisme contre un Vichy-nul-et-non-avenu seul (soi-disant) à porter un discours et des sentiments anti-juifs :

"Si M. Zemmour pense que Pétain a protégé les Juifs de France [...], c'est qu'il ne connaît rien à la réalité des choses", s'est énervé Charles Pasqua dans l'émission de Patrick Roger et Sonia Mabrouk. Il prend le polémiste à partie : "Je lui fais une proposition. Qu'il vienne me voir, nous irons dans le Midi ensemble", a-t-il lancé sur Europe 1. "Nous monterons sur la route Napoléon", pour rejoindre "un petit village qui s'appelle Séranon, dans lequel on verra des maisons détruites par les SS" et dont les habitants ont été "assassinés parce qu'ils avaient protégé des enfants juifs".

L'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua a rappelé avoir fait partie d'un club secret d'anciens résistants, "le club des 22", "composé à parité de gens de droite et de gauche". Il déclare que "si quelqu'un était venu tenir le genre de propos de Zemmour devant nous, je ne sais pas dans quel état il serait ressorti".

C’est bien, c’est beau… Sauf que cela a été démenti depuis longtemps, notamment par l’historien Simon Epstein (israélien comme Sternhell, mais dont les thèses quant à la genèse du fascisme BBR sont selon nous beaucoup plus intéressantes) dans ses deux ouvrages phare Les Dreyfusards sous l’Occupation et Un paradoxe français - antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance.

En réalité, en dehors des communistes (qui purent connaître un certain "flottement" à l’époque du Pacte germano-soviétique mais ne furent jamais vichystes ni antisémites) et encore, si l’on ne tient pas compte de la scission de Doriot, toutes les familles politiques d’avant-guerre étaient représentées dans l’un comme l’autre camp, à Vichy comme à Londres. AUCUN clivage d’avant 1940 n’est significatif pour délimiter collabos et résistants gaullistes, ni entre "gauche" et droite ni (surtout pas !) entre catholiques et laïcistes, ni entre dreyfusards et anti-dreyfusards ni entre antisémites et "philosémites". Le seul clivage était entre ceux qui pensaient que l’Allemagne allait gagner la guerre et que la France devait se faire sa place dans le nouvel ordre européen "à l’heure allemande", et ceux qui trouvaient insupportable une telle tutelle étrangère (surtout allemande !) sur le pays et qui pensaient que les Anglais tiendraient bon et, bientôt rejoints par les Américains, finiraient par gagneril fallait donc être de leur côté. Bien entendu, ces derniers étaient une infime minorité en 1940 tandis que les premiers le seront devenus quatre ans plus tard, dans la débâcle du "Reich du Mille Ans" ; s’étant opéré entre temps un gigantesque transvasement de chefs d’entreprise, hauts fonctionnaires, intellectuels, militaires de carrière etc. etc. entre l'un et l'autre camp.

Et puis bien sûr il y avait le clivage entre le camp de la révolution prolétarienne anticapitaliste qui, à quelques défections près, n’a jamais envisagé l’avenir des travailleurs sous la botte nazie et le camp de la bourgeoisie qui comme nous le voyons s’est divisé en deux (l’infime minorité du début devenant l’écrasante majorité de la fin et inversement).

Par la suite le jeune "Français libre" Pasqua s’inscrira à la droite de la droite du gaullisme, étant notamment (en 1968) l’un des plus chauds partisans d’arrêter et parquer les "gauchos" dans les stades – comme le feront réellement les juntes du Chili ou d’Argentine quelques années plus tard. Tout un programme... Deux fois "Premier flic" de sinistre mémoire, en 1986-88 (R.I.P Malik Oussekine) et 1993-95, il tentera vers la fin des années 1990 d’exister politiquement entre le chiraquisme (gaullisme social à la Chaban, la tête de veau en plus), le balladurisme (devenu sarkozysme) et le Front National avant d’être peu à peu poussé vers une retraite politique bien méritée et (surtout) ne venant pas trop tôt.

Quant à De Gaulle lui-même, on lui prête (de source plutôt fiable) ce florilège de propos :

Juin 1940 : De Gaulle n'est rejoint que par une troupe hétéroclite. "Encore un juif...", soupire-t-il quand on lui annonce Georges Boris, ancien secrétaire de Loewenstein et ex-directeur de la "Lumière", conseiller financier. (Cité par J.R. Tournoux Pétain et de Gaulle. Ed Plon 1964)

"Je n'aime pas les youpins". (Cité par André Le Troquer, La parole à Le Troquer, Ed. la Table Ronde 1962)

Au député UNR Dronne, ancien héros de la libération de Paris :
"Voulez-vous être bougnoulisés ? Voyons, Dronne ! Donneriez-vous votre fille à marier à un bougnoule ?" (Cité dans Le petit de Gaulle illustré. Ed. Le Crapouillot, 1967, et par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

À Léon Delbecque :
"Et puis, Delbecque, vous nous voyez mélangés à des musulmans ?  Ce sont des gens différents de nous. Vous nous voyez mariant nos filles avec des Arabes ?" (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

Au général Koenig :
"Évidemment, lorsque la monarchie ou l'Empire réunissaient à la France l'Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, le Roussillon, la Savoie, le pays de Gex ou le Comté de Nice, on restait entre Blancs, entre Européens, entre chrétiens... Si vous allez dans un douar, vous rencontrerez tout juste un ancien sergent de tirailleurs, parlant mal le français". (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

Au soir des accords d'Evian, en mars 1962 :
"Alors, Joxe, vous avez bientôt fini avec vos bicots ?" (Cité dans Le petit de Gaulle illustré. Ed Le Crapouillot, 1967-68)

"Tous ces bicots se chamaillent. Ils aiment les fusils, ils aiment s'en servir. Ils ont la manie de la  fantasia." (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

"Les Arabes, ce n'est rien. Jamais on n'a vu des Arabes construire des routes, des barrages, des usines... Ce sont d'habiles politiques. Ils sont habiles comme des mendiants." (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

"Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très intelligents. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et après-demain 40 ? Si nous faisons l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !" (Cité par A. Peyrefitte. C'était de Gaulle. Ed Gallimard, 2000 et B. Stora, Le transfert d'une mémoire, Ed. La découverte, 1999. Propos tenus le 5 mars 1959)

"Vous savez, cela suffit comme cela avec vos nègres. Vous me gagnez à la main, alors on ne voit plus qu’eux : il y a des nègres à l’Élysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner. Je suis entouré de nègres, ici. […] Et puis tout cela n’a aucune espèce d’intérêt ! Foutez-moi la paix avec vos nègres ; je ne veux plus en voir d’ici deux mois, vous entendez ? Plus une audience avant deux mois. Ce n’est pas tellement en raison du temps que cela me prend, bien que ce soit déjà fort ennuyeux, mais cela fait très mauvais effet à l’extérieur : on ne voit que des nègres, tous les jours, à l’Élysée. Et puis je vous assure que c’est sans intérêt." (Entretiens avec Jacques Foccart, 8 novembre 1968. cité dans ses Mémoires, tome 2. Le Général en mai. Journal de l’Élysée. 1968-1969, éd. Fayard/Jeune Afrique)

Charles-Pasqua-1280 

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12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 17:09


eric zemmour iDifficile d'avoir échappé à la "grande" actualité de ces derniers jours : la polémique et le tollé médiatique déclenchés par les propos d'Éric Zemmour dans son dernier ouvrage, où il s'en prend aux thèses de l'historien états-unien Robert Paxton (l'un des premiers à avoir soulevé la question de la contribution active de l’État français à la Shoah) et affirme que "le régime de Vichy a sauvé les Juifs français".

Voici une petite revue de presse non exhaustive (dans le champ politique progressiste) :
http://blogs.mediapart.fr/blog/francois-delpla/071014/vichy-non-zemmour-non-berstein-le-choix-nest-pas-entre-robert-paxton-et-robert-aron
http://www.slate.fr/story/93245/zemmour-vichy-deportation-juifs-paxton-rue89
http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/09/robert-paxton-largument-zemmour-vichy-est-vide-255385
http://blogs.mediapart.fr/blog/albert-herszkowicz/131014/zemmour-rehabilite-petain-les-dessous-de-son-combat
http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/06/comment-troll-eric-zemmour-attire-piege-255313
http://blogs.mediapart.fr/blog/m-bentahar/101014/mensonges-sur-letoile-jaune-zemmour-rehabilite-vichy

Rien de bien surprenant, dans cette dernière "sortie" en date du sinistre personnage, pour nous qui - antifascistes, révolutionnaires - observons dans nos vies quotidiennes les résultats concrets du discours ultra-réactionnaire dont il est l'un des porteurs (parmi BEAUCOUP d'autres). Rien de plus (ni de moins) que la "bonne vieille" rengaine droitarde réchauffée de "l'épée" (De Gaulle, la "France libre") et du "bouclier" (Pétain, Vichy, qui auraient "adouci" le sort des Français pendant que les premiers luttaient pour leur libération) ; un peu tombée en disgrâce ces 20 dernières années mais vieille comme la Libération et largement tolérée, aux côtés du culte "officiel" de la "France résistante vs Vichy-nul-et-non-avenu", dans des décennies d'après-guerre où pullulaient jusqu'aux plus hauts sommets de l’État (place Beauvau avec Raymond Marcellin, Matignon avec Maurice Couve de Murville puis carrément... Élysée avec Mitterrand) l'engeance très particulière des "vichysto-résistants" : ces partisans fervents ou (du moins) "consciencieux" de la "Révolution nationale" qui s'étaient ralliés au "Général Micro" de Londres à mesure que le vent de la guerre tournait en défaveur du Reich, et dont d'"excellents" exemples ont été (entre autres)... René Bousquet et Maurice Papon (globalement et sauf à avoir vraiment été milicien, combattu sous l'uniforme nazi et/ou commis des atrocités, s'être rallié à De Gaulle même le jour de la libération de sa ville ou de son département valait absolution).

Ce qui est finalement (plus qu'autre chose) rigolo, c'est plutôt l'"indignation" de toute une intelligentsia bords-de-Seine - "canalplusienne" dirait l'intéressé... - qui fait mine de découvrir MAINTENANT ce qu'est réellement la pensée d’Éric  Zemmour, auquel ils ouvrent pourtant grands leurs plateaux radio et télé depuis des années (notamment sur i>Télé, filiale de... Canal Plus ce qui ne manque pas de sel, où il étrille hebdomadairement le ridicule représentant social-républicard de la démocratie bourgeoise Nicolas Domenach). Il faut croire (manifestement) que s'en prendre quasi-quotidiennement aux "délinquants-noirs-et-arabes", aux joueurs noirs de l'équipe de France ou aux Turcs de celle d'Allemagne ne choquait pas autant leurs bonnes consciences. 

Concernant les faits historiques dont il est question, nous avions écrit ce qui suit à l'époque de la sortie du film "La Rafle" :

La responsabilité de l’État français de Vichy, qui n'est plus niée depuis les années 1990, est bien sûr clairement montrée.

Mais Vichy, conformément à l'Histoire officielle depuis 1945 (et en particulier de la Ve République), est montré comme un "accident" de l'Histoire de France, "à jamais nul et non avenu", une anomalie. Un régime d'occupation également, fantoche, totalement illégitime...

Cela apparaît clairement dans les propos de Roselyne Bosch, l'épouse du producteur : "même si la France a collaboré, même si les policiers ont exécuté les ordres, les Français, dans leur ensemble, désapprouvaient la politique antisémite de Vichy. Sur les 24 000 juifs que les Allemands comptaient déporter en juillet 1942, il en a manqué 10 000. C'est bien que la population les a aidés."

parcajeu.jpgOui, c'est une réalité : beaucoup des 300.000 Juifs/Juives présent-e-s en France à l'époque (les 3/4 environ) ont survécu parce qu'ils/elles ont été protégé-e-s par de simples français-e-s (ou résident-e-s de France), souvent des gens de classe populaire.

Mais Vichy n'est pas un accident de l'Histoire, Vichy n'était pas "illégitime" : sur le Parlement bourgeois de 1936 (celui du Front populaire !), les pleins pouvoirs à Pétain (donc le régime de Vichy et la "Révolution nationale") ont été votés par 569 députés et sénateurs, contre 80 et 20 abstentions.

D'un point de vue juridique, du point de vue du droit et des institutions bourgeoises, Vichy était parfaitement légitime. Le régime ne perdra sa légitimité que progressivement, en 1942-43, lorsqu'avec l'entrée en guerre des États-Unis et les revers de l'Allemagne en URSS, de plus en plus de hauts fonctionnaires, d'hommes politiques, de militaires et de capitalistes se rallieront à la "France libre"... parmi lesquels le premier artisan de la rafle (!), le chef de la police René Bousquet (qui prendra contact avec la Résistance fin 1943, sera arrêté et transféré en Allemagne en juin 1944 puis libéré par les Américains à la fin de la guerre et, de retour en France, emprisonné trois ans à Fresnes ; mais sera pratiquement "blanchi" lors de son procès en 1949).

Et pour ce qui est des rafles elles-mêmes... les Allemands, comme leurs supplétifs flics, gendarmes et miliciens français n'auront souvent qu'à "pêcher dans un aquarium".

Il ne s'agit pas seulement du premier (octobre 1940) et du deuxième (juin 1941) "statut des Juifs", ou du "fichier Tulard" regroupant les noms et adresses des personnes juives.

Non, car Vichy, loin d'être un "accident de l'Histoire", s'inscrit pleinement dans l'idéologie dominante de son époque, pourrissement ultime d'une "idéologie française" en vigueur peut-être depuis Napoléon, l'idéologie nationale de la France bourgeoise.

Bien avant le Statut des Juifs... Bien avant même les premiers bruits de guerre....

C'est dès le 12 novembre 1938 que le législateur français (la même Assemblée qui votera les pleins pouvoirs à Pétain) promulgue des décrets sur la "situation et la police des étrangers". Ces décrets prévoient le placement sous surveillance étroite des "apatrides" et des "indésirables", et même... l'internement d'une grande partie d'entre eux dans des "centres spéciaux" !

Or, ces "apatrides indésirables" sont bien souvent des réfugiés politiques antifascistes... ainsi que des Juifs (ainsi, en 1938, la Pologne a déchu les Juifs installés à l'étranger de leur nationalité, faisant d'eux des apatrides).

C'est donc dès 1939 que se met en place le système concentrationnaire français. Les premiers, début 1939, sont les réfugiés espagnols "rouges" de la retirada, la retraite devant la victoire franquiste.

Bientôt les camps fleurissent : en Catalogne-Nord (Argelès, St-Cyprien, Rivesaltes) pour les "Espagnols rouges", à Rieucros (Lozère), à Gurs (Béarn), aux Milles (près d'Aix-en-Provence). Femmes et enfants sont internés au même titre que les hommes.

Puis, avec la déclaration de guerre (septembre 1939), ce sont les ressortissants "ennemis" qui sont internés.

Mais en fait "d'agents du Reich", ces réfugiés d'Allemagne, d'Autriche, d'Italie ou de Hongrie... sont à 90% des réfugiés antifascistes dont, là encore, un grand nombre de Juifs !

Avec la défaite de juin 1940, l'Occupation et la collaboration de l’État français avec ces nazis qu'il a refusé jusqu'au dernier moment de combattre (espérant encore début 1940 qu'ils se retourneraient contre l'URSS...), le sort de tous ces internés était scellé...

On voit donc bien comment la Rafle du Vel d'Hiv' est un acte de barbarie extrême, mais d'une barbarie qui s'inscrit dans une logique... Qui n'est que l'aboutissement extrême d'une logique dans des circonstances particulières (l'occupation nazie, la "croisade européenne contre le judéo-bolchévisme") : une logique de chasse au "subversif" et au "métèque" (forcément "subversif") dont le Juif "cosmopolite" était forcément l'archétype le plus parfait... Il faut d'ailleurs souligner que quelques semaines plus tard, sous la conduite du chef de la police René Bousquet (radical-socialiste, homme de gauche pour l'époque !), étaient conduites d'autres rafles... mais en zone "libre" celles-ci (11.000 Juifs raflés en août 1942), c'est-à-dire en l'absence et sans la pression du moindre occupant allemand (fait unique en Europe) !

scan0012.jpgCeci s'inscrivait, comme vous l'aurez bien compris, dans notre préoccupation de montrer que le fascisme n'est pas un "bug", une "anomalie" de l'Histoire mais qu'il s'inscrit au contraire dans la totale continuité des idéologies et des pratiques de l’État où il voit le jour - continuité française donc, dans laquelle s'inscrit tant Vichy hier que le FN et Zemmour aujourd'hui.

Et pour ce qui est de l'étude des faits, ce qu'il en ressort est que factuellement Zemmour a raison. Les forces du régime de Vichy, qui allaient rappelons-le (au même titre que celles de la "France libre" à Londres) de l'extrême-droite cagoularde, maurrassienne ou larocquienne à... la "gauche" bourgeoise radicale et radicale-socialiste (René Bousquet, Maurice Papon) sans oublier les "néo-socialistes" de Marcel Déat, les doriotistes issus du PC et quelques trotskystes autour d'Henri Molinier ou Jean Rous, ont majoritairement fait pression pour que soit établi un distinguo entre les Juifs "français" (les "Juifs de 1791" à qui la révolution bourgeoise avait accordé l'égalité civile - principalement les communautés historiques d'Alsace, Lorraine, Provence et Gascogne), au nombre d'environ 80.000, et les Juifs étrangers immigrés principalement entre les deux guerres (1919-39) et de l'ordre de trois fois plus nombreux (250.000). Si les premiers, qui se recrutaient de fait dans toutes les classes sociales et dans tous les partis politiques (sauf peut-être l'extrême-extrême-droite), pouvaient voir reconnaître leur "patriotisme" ("démontré" notamment dans les tranchées de 14-18), les seconds quant à eux, généralement pauvres et proches des idées marxistes ou anarchistes ou au contraire très religieux et "communautaristes", ne trouvaient pas grâce aux yeux de grand monde - incarnations de cette "anti-France" que prétendait combattre la "Révolution nationale", "virus" humains de cette "décadence" qui avait (à travers le Front populaire) "conduit à la catastrophe" de 1940.

Et ce distinguo s'est traduit de manière très concrète dans les chiffres : si PRÈS DU TIERS des Juifs "métèques" ont été arrêtés et déportés (et plus de 97% n'en sont jamais revenus)* ; aux côtés (d'ailleurs) des réfugiés politiques antifascistes de toute l'Europe, déjà entassés dans des camps par la République dès 1939 et allègrement livrés à la Gestapo (ils eurent cependant un taux de survie légèrement supérieur) ; cela n'a été le cas que de moins de 10% des Juifs catégorisés "français" (nés ou naturalisés français avant 1919). Ainsi, lorsqu'il dit que "Vichy a sauvé 95% des Juifs français", Zemmour dit vrai (il se "trompe" certes de quelques % mais pourra toujours taxer son contradicteur de "pinaillage") ; et c'est à vrai dire un classique du personnage de savoir très exactement ce qu'il dit...

Reste à expliquer (ce qu'il ne fait bien entendu pas...) ce que cela enlève à l'ignominie de la chose. Pour tout esprit sensé, bien évidemment RIEN : un-e innocent-e, homme, femme ou enfant envoyé-e à la mort est un-e innocent-e envoyé-e à la mort. Mais pour le francouillasse que s'évertue à être ce fils de la très antique communauté juive amazigh ("berbère", tribus converties au judaïsme il y a près de 2000 ans), cela semble clairement faire une différence : Vichy a "protégé" "ses" nationaux... Ouf, le grand roman patriotique francouille est sauf ! Et le pire c'est que dans tout le tollé médiatique qui fait rage depuis des jours, "spécialistes" et autres "éditocrates" ergotent sur à peu près tout sauf cela : EN QUOI le fait d'avoir établi une "ligne de démarcation" entre Juifs français (nés en France avant telle date) et "métèques" atténuerait en quoi que ce soit la collaboration active de l’appareil d'État français dans la déportation des Juifs vers les camps d'extermination nazis... Voilà qui montre bien l'hégémonie acquise ces dernières années par les idées zemmouriennes, ou plutôt comment les idées de Zemmour s'inscrivent dans une pensée profondément française (de fait, la VRAIE idéologie dominante bleu-blanc-rouge !) qui, après avoir été quelque peu battue en brèche entre Mai 68 et la fin du siècle dernier, revient désormais en force... et égale à elle-même !

affiche antisemite frUne autre chose dont (par exemple) Zemmour se garde bien de parler, outre les "Statuts des Juifs" 1 (octobre 1940) et 2 (juin 1941) déjà d'initiative très largement (pour ne pas dire 100%) française, c'est de ce fait unique dans l'Europe de l'époque : la France de Vichy est le seul pays européen à avoir arrêté des Juifs (transférés ensuite à Drancy puis déportés vers la Pologne...) sur une partie NON OCCUPÉE de son territoire, en l'absence du moindre soldat ou SS ou gestapiste allemand, en zone dite "libre" au mois d'août 1942 (cette zone ne sera occupée que trois mois plus tard)** :
http://www.ugoprod.fr/documentaires/les-rafles-de-lete-1942-en-zone-libre
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article87
http://jewishtraces.org/les-rafles-du-26-aout-1942-rafles-oubliees/

Près de 7.000 personnes seront raflées en quelques jours, presque autant qu'en région parisienne un mois plus tôt... Pourtant ces évènements sont - encore aujourd'hui - très largement méconnus du grand public et c'est la Rafle du Vel' d'Hiv' que l'on commémore chaque année, car elle permet  (ayant eu lieu en zone occupée) de s'en tenir au "roman national" 2e édition tel qu'écrit par Jacques Chirac en 1995 : la "folie criminelle" (sic) de l'occupant a été SECONDÉE par des Français... mais JAMAIS, en AUCUN CAS la Fraaaaance (monsieur !) n'a pris elle-même l'initiative d'envoyer des personnes juives (pour le seul fait de l'être) à la mort dans les camps d'extermination et les chambres à gaz !!

Personnage emblématique (s'il en est) de ce qu'était la "Révolution nationale" puisque (comme nous l'avons dit) d'engagement politique radical-socialiste donc de gauche, René Bousquet aurait tenu au moment de ces rafles à un responsable de la police suisse (qui s'inquiétait de l'afflux de réfugiés à sa frontière) ces propos terriblement représentatifs de l'idéologie française de la persécution raciale : "Ces personnes ne nous ont pas été reconnaissantes et c’est la raison pour laquelle nous devons en libérer notre pays, pour sortir de la crise que nous traversons". N'a-t-on pas l'impression de lire là des propos quotidiens au jour d'aujourd'hui, bien que tournés désormais (principalement) vers d'autres communautés que les Juifs ?

Tout ceci relève tout simplement des spécificités du fascisme français qu'a été la "Révolution nationale". Il s'agit tout simplement de la combinaison, du compromis qui a été trouvé entre la volonté d'affirmation souveraine, le patriot(ard)isme d'un régime qui ne voulait pas apparaître comme "à la botte de l'étranger", et la volonté d'éradiquer le "virus de l'anti-France" couplée à l'hostilité aux Juifs qui structure profondément la pensée dominante de l’État "France", dont elle est indissociable de la formation historique comme nous l'avons bien expliqué ici : http://servirlepeuple.over-blog.com/article-il-y-a-800-ans-la-rouelle-premiere-etoile-jaune-123806591.html

Un compromis, aussi, entre le courant idéologique ("dreyfusard") favorable à une certaine acceptation assimilatrice des Juifs (à condition qu'ils sachent se montrer "reconnaissants", aurait ajouté Bousquet...) et les tenants de la ligne anti-juive "dure" traditionnelle (cf. ci-dessus), celle d'un Touvier par exemple - nous avons déjà vu que le clivage dreyfusard/anti-dreyfusard de 1900 n'a JAMAIS été synonyme systématique, 40 ans plus tard, de clivage résistant/collabo.

Tel est le genre de contradiction qu’Éric Zemmour (qui n'en est pas à une près...), petit Amazigh (son nom signifie "olivier" dans cette langue) de religion juive dont la famille a reçu de l'Occitan shuadit Crémieux (en 1870) une citoyenneté française qui lui sera retirée trois années durant (1940-43)... par Vichy, mais qui se veut maintenant plus français que la France, a dû apprendre à gérer... Et qu'il gère plutôt avec brio - mais non sans quelques "omissions" bienvenues de la part de son immense culture historique.

Quant à nous, nous sommes fiers d'appartenir à ce que la "Révolution nationale" de Vichy appelait haut et fort l'ANTI-FRANCE - et que la République bourgeoise issue de la "France libre" continue à penser comme tel tout bas !


la-rafle-du-Vel-dHiv1petain.jpg1287331298 194408 Resistantsjuifs

 

* Les chiffres fournis par Serge Klarsfeld indiquent que 75.000 Juifs ont été déporté de France vers les camps nazis et que seulement 2.000 d'entre eux en sont revenus (97,4% de mortalité). 24.500 (soit près du tiers) étaient de nationalité française mais ceci incluait environ 8.000 enfants nés en France de parents étrangers et 8.000 naturalisés (Vichy déchoyait de leur nationalité les naturalisés après 1919). Ceci ne laisse donc "que" 8.500 Juifs "vraiment" français à avoir été déportés.

** Erratum : il y a eu aussi la Slovaquie "indépendante" national-catholique de Mgr Tiso. Mais la source citée (Ivan Kamenec) affirme donc à tort que ce fut "le seul État non occupé à déporter "ses" Juifs par ses propres moyens". Il y eut aussi la France de Vichy... autre chose qu'une petite république fantoche d'Europe centrale !

 

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 08:51

 

Nous reproduisons ici un article de François Delpla, historien indiscutablement progressiste (normalien à la rue d'Ulm en 1968, il a sans doute croisé plus d'un mao voire en a carrément été, puis il a participé en 1998 au Livre noir du capitalisme - l'anti-torchon-de-Courtois - et contribue actuellement à Mediapart) qui critique de manière intéressante (bien que limitée) la thèse du fameux Zeev Sternhell, cet historien israélien porté aux nues par certains "maoïstes", comme quoi le fascisme serait d'abord et avant tout un "mouvement de rejet des Lumières".

Rappelons - car il faut le rappeler - que bien que "de gauche" et "du camp de la paix", Sternhell est d'abord et avant tout un sioniste pour qui il est absolument fondamental de "démontrer" cette "centralité anti-Lumières" du phénomène fasciste : d'abord parce qu'elle est synonyme, pour lui, de "centralité anti-juive" et apporte donc une caution "antifasciste" à la thèse de la "haine éternelle contre le Peuple juif" qui fonde son idéologie ; ensuite parce qu'elle permet, encore une fois, de "dissocier" le fascisme du CAPITALISME dont il est pourtant le pur produit (et dont les Lumières ont été au 18e siècle l'idéologie du triomphe), autrement dit de l'exclure du centre légitime des idéologies occidentales dans lequel il s'inscrit pourtant totalement. Le fascisme doit donc À TOUT PRIX être présenté comme un phénomène extérieur qui "prend d'assaut" le système politique capitaliste "normal" (caractérisé sans autre forme de nuance comme la démocratie libérale)[1] ; et non comme quelque chose qui naît en son sein même, au plus profond de celui-ci, dans un processus de fascisation dont les régimes comme le nazisme ne sont que l'aboutissement ultime et effroyable ; processus à l’œuvre pendant des décennies comme par exemple les 40 années préparant (ici à coup de "hussards noirs" etc.) la Première Guerre mondiale, et auquel nous assistons une nouvelle fois aujourd'hui en Europe et dans la plupart des grands Centres capitalistes mondiaux (Amérique du Nord, Russie, Extrême-Orient) bien que rien de comparable au Reich allemand ni même au fascisme italien n'y ait encore vu le jour.

frederic de prusse nazisUn bon exemple du fait que le fascisme, pris dans sa version la plus radicale c'est-à-dire le nazisme, n'était que tout relativement "anti-Lumières" est par exemple cet hommage (voir l'affiche ci-contre) rendu par le IIIe Reich en 1936 (pour les 150 ans de sa mort) à Frédéric II le Grand (1740-86), archétype du "despote éclairé", ami de... Voltaire et ayant (surtout) jeté les bases en son royaume de Prusse de l’État allemand moderne. Un État allemand moderne 1°/ produit et serviteur (comme tous les États modernes) du capitalisme dont les Lumières, on l'a dit, sont l'idéologie de la consécration et 2°/ dont le nazisme, dans un contexte bien particulier non seulement de crise capitaliste générale et de menace révolutionnaire mais aussi de bourgeoisie militairement vaincue et humiliée, n'a jamais été que l'expression particulièrement terroriste. Qu'y avait-il d'incongru, par exemple, à ce que le nazisme se revendique de Frédéric II lorsque l'on sait que le nom même de Prusse ne désigne pas la région de Berlin (celle-ci est le Brandebourg) mais des territoires actuellement situés en Pologne et en Russie (enclave de Kaliningrad) dont la population originelle, slave et balte, avait été exterminée ou asservie au Moyen Âge par les Chevaliers teutoniques jusqu'à ce que ces derniers (convertis entre temps au luthérianisme) ne les transmettent au 17e siècle à la principauté de Brandebourg - qui sera alors proclamée "Royaume de Prusse" en 1700 ? Un État , donc, d'une démarche colonialiste meurtrière que l'on ne retrouvera pas bien différemment dans le Generalplan Ost nazi, avec simplement la technologie du 20e siècle en plus ! [Le Reich exaltera donc aussi, logiquement, "l'épopée" de l'Ordre teutonique et l'URSS lui répondra en 1938 par le célèbre film d'Eisenstein Alexandre Nevski - histoire d'un prince russe victorieux des sinistres chevaliers au 13e siècle.]

Expression terroriste ultra, donc, de l’État moderne dans un contexte de crise générale du capitalisme et de révolution prolétarienne à l'ordre du jour, le fascisme peut par conséquent difficilement être un "rejet" des Lumières qui ne sont pas la remise en cause mais la consécration de cet État - se débarrassant simplement de l'instrument politique obsolète de l'absolutisme. Les "anti-Lumières" eux-mêmes n'étaient d'ailleurs (visiblement) pas si "anti-Lumières" que cela puisque, nous dit Delpla, ils cherchaient fréquemment à opposer les "bonnes" révolutions anglaise et américaine (Burke, par exemple, avait soutenu cette dernière) à la "mauvaise", la révolution bourgeoise française (conception que l'on trouvait déjà dans les maquis chouans et vendéens, dont bon nombre de leaders avaient fait la Guerre d'Indépendance américaine aux côtés de La Fayette, et que l'on a revue au goût du jour lorsqu'en 1989 le bicentenaire de ladite révolution a coïncidé avec la "chute du communisme") ; une "mauvaise" révolution française à laquelle ils reprochaient essentiellement son "dérapage" égalitariste "totalitaire" de 1792-94 et surtout... son expansionnisme "universaliste" (qui, lui, devait survivre à Thermidor) : rappelons qu'ils appartenaient souvent à des nations envahies et/ou en guerre contre les armées "révolutionnaires" bleu-blanc-rouges (Burke anglo-irlandais, Herder[2] allemand, Joseph de Maistre savoyard)... Un "universalisme" expansionniste qui devait forcément plus tard, pour les bourgeoisies du 20e siècle, évoquer celui de l'ennemi absolu : la Révolution bolchévique russe et son Internationale communiste !

Une autre grande référence de l'extrême-droite, ayant notamment donné son nom à un sinistre hebdomadaire, est elle aussi dans la même veine : Antoine de Rivarol. En parcourant sa biographie, l'on s'aperçoit que son œuvre la plus célèbre est un Discours sur l’universalité de la langue française (ce qui ne devrait pas déplaire à nos "maoïstes" sternhelliens !) prononcé à l'Académie de Berlin où il était l'invité de... Frédéric II ; et que dès Thermidor (chute de Robespierre et des ultra-démocrates) et a fortiori après le 18 Brumaire (coup d'État de Napoléon Bonaparte) son retour en France (qu'il avait quittée en 1792) était plus qu'une option - mais il mourra à Berlin en 1801 sans avoir pu réaliser son projet. Son attachement viscéral à l'institution monarchique et son rejet de l'égalitarisme (il était lui-même un "parvenu" de fausse noblesse...) n'en faisaient pas moins un "homme des Lumières", comme lorsque dans deux Lettres à M. Necker (en 1788) il professe un épicurisme élevé et soutient la possibilité d’une morale indépendante de toute religion, ou lorsqu'à partir de 1789 il participe aux Actes des Apôtres, une revue satirique monarchiste se réclamant de... Voltaire. Il n'était certainement pas hostile au "Progrès", au capitalisme d'ores et déjà triomphant ni (sans doute) à l'idée que l’État français d'Ancien Régime devait rapidement se réformer. Il voyait simplement dans la monarchie ou encore dans l’Église de nécessaires garantes d'ordre et de stabilité ; les "bafouer" revenant selon lui à ouvrir grandes les portes aux forces incontrôlables de la "populace" (ce à quoi, dès 1789, les faits ont pu sembler donner raison) : "quand les peuples cessent d'estimer, ils cessent d'obéir" proclamait-il. 

L'on pourrait encore citer, comme l'évoque Delpla, l'admiration d'Hitler pour l'Antiquité romaine (référence plutôt "lumiéreuse" s'il en est) ou encore pour Napoléon (à la pierre tombale duquel il réserva sa première visite à Paris) ; cette dernière étant bien sûr partagée avec une grande partie de l'extrême-droite hexagonale (Pierre Taittinger, fondateur des "Jeunesses patriotes" en 1924, était ainsi bonapartiste et l'on trouvait également des traces évidentes de bonapartisme chez les Croix-de-Feu/Parti "social" français, qui ont été - rappelons-le - la matrice idéologique du gaullisme, mais aussi chez le fondateur de "Jeune Nation" et de l'Œuvre française Pierre Sidos, qui revendique cette référence alors qu'il est traditionnellement plutôt classé national-catholique/maurrasso-pétainiste).

Nous avons déjà vu ici (deuxième partie de l'article : "Le fascisme entre tradition et modernité") comment le fascisme, s'il puise allègrement ses références dans le passé pour mobiliser en exaltant une communauté "organique" millénaire [et non un État simple construction politique historique, abritant parfois des nationalités (autres produits de l'histoire) différentes ("emprisonnées") et dans tous les cas des classes luttant entre elles, et voué à se transformer voire à disparaître dans cette lutte], n'est jamais "déconnecté" de son contexte historique réel aux problématiques duquel il est censé répondre. Il n'est donc, comme phénomène du 20e et maintenant du 21e siècle, JAMAIS véritablement "anti-Lumières" ; tout au plus (comme le suggère à un moment Delpla) une tentative de synthèse entre "Lumières" et "anti-Lumières" (entre gros guillemets maintenant que nous avons vu toute la relativité de ces définitions), dans un esprit d'"assumer toute l'histoire" de "l’État-nation" glorifié [l'on observe (aujourd'hui) particulièrement cette logique d'"assumer toute l'histoire" en Russie, où invalides.jpgtsarisme et capitalisme d’État soviétique sont gaiment réunis dans une même "continuité éternelle russe", mais aussi ici-même en France où convergent de plus en plus les tenants (principalement) de l’œuvre monarchique et ceux de l’œuvre bonapartiste et républicaine (clivage qui a sans doute lourdement handicapé le mouvement fasciste des années 1920-30), les uns (par exemple) acceptant la laïcité d'autant plus facilement qu'elle ne réprime plus que les "allogènes" tandis que les autres reconnaissent pour leur part les "racines chrétiennes" du pays, etc. etc.].

Derrière tout cela se trouve en réalité une contradiction intellectuelle fondamentale du capitalisme que nous avons déjà longuement évoquée : le capitalisme sécrète en permanence de l'humanisme (car il arrache l'individu producteur aux soumissions traditionnelles de "droit divin", oppose le "libre et créatif entrepreneur" au féodal parasite et doit aussi, très tôt, gérer le caractère social de la production) mais il doit aussi, immédiatement et continuellement, PIÉTINER cet humanisme à peine sécrété car son moteur reste fondamentalement un vol (l'extorsion de la plus-value au salarié) et la condition de cela reste et demeure "l'ordre" et le respect des hiérarchies sociales établies. Une contradiction que le fascisme (comme toutes les contradictions du capitalisme) doit et veut nier et qu'il nie donc, au besoin en niant le capitalisme lui-même (le terme ne désignant plus que la spéculation irraisonnée, les fortunes édifiées trop rapidement, le mode de production laissé en "roue libre" sans intervention de l'autorité politique ou tout simplement la "rapacité" économique, associée ou pas à l'épithète "juif")[3]... Mais cela ne veut pas dire que des tentatives de synthèse/négation de cette contradiction n'ont pas existé antérieurement, dès l'époque des Lumières (celles-ci ne sont-elles pas en elles-mêmes un ensemble de telles tentatives ?) voire de la Renaissance, avec peut-être moins d'urgence en l'absence de crise systémique du mode de production et de mise à l'ordre du jour de son renversement - encore que le tour "incontrôlable" pris (un moment) par la révolution bourgeoise française ait pu faire ressentir une telle urgence.

Ainsi, en substance, le fascisme n'est pas "anti-moderne" (ce qu'a peut-être voulu entendre Sternhell par "anti-Lumières") : il est un produit du capitalisme donc de la modernité que celui-ci induit. Ce qu'il veut c'est assumer cette modernité dans le respect de l'ordre et des "traditions" (synonymes de "valeurs d'ordre"), que "tout" ne "foute pas le camp", ce qui est finalement la problématique centrale du capitalisme en tant que tel : besoin de modernité (= développement des forces productives) mais, en même temps, conscience que cette modernité met chaque jour un peu plus son renversement à l'ordre du jour. De ce fait, si filiation du fascisme et en particulier du nazisme il y a, cela semble bien plus être avec l'aile droite des "Lumières"[4], celle-là même que Sternhell et tant d'autres qualifient à tort d'"anti-Lumières" [confusion que Delpla ne conteste pas voire... défend lorsque Sternhell lui-même en sort, au sujet de Burke], celle qui assume la nécessaire modernité mais sans vouloir rompre avec "l'héritage" et la "tradition", qui critique le "despotisme", le "cléricalisme" et vénère la "Raison" mais refuse les "excès égalitaristes" français de 1792-94 (autrement dit l'irruption des aspirations populaires sur la scène révolutionnaire bourgeoise - c'est typiquement la critique que Taine adresse à la période par exemple), qui admire l'Empire romain et ses "résurrections" temporaires (Charlemagne, Louis XIV, Napoléon), qui sanctifie la "liberté" et le "droit naturel"... pour les hommes blancs et aisés seulement et exècre les Juifs non en tant que non-chrétiens mais en tant (justement) que "pères" du christianisme... bref, bien plus avec ces "Lumières d'ordre" si bien incarnées par Frédéric II de Prusse qu'avec un supposé jésuitisme[5] qui rejetterait toute modernité postérieure au Moyen Âge (cela a-t-il seulement existé historiquement, passé le procès de Galilée en tout cas ?) ou même avec le "parti catholique" tel qu'il a pu exister en France au 19e siècle, opposé à la franc-maçonnerie (enfin surtout au Grand Orient, aile gauche la plus anticléricale de la franc-maçonnerie, beaucoup moins aux loges "écossaises" nettement plus conservatrices) : Hitler, comme le rappelle Delpla, détestait tout autant les catholiques (et à vrai dire le christianisme en général) que les francs-maçons... et autant de catholiques que de francs-maçons trouvèrent un modus vivendi tout à fait acceptable avec le régime !

Quant aux fameux fascistes "venus de la gauche" que met tant en avant Sternhell (voyant en eux l'aspect principal et le "moteur" du phénomène), les Valois, Déat et autres Doriot, ils se réclamaient carrément et sans hésitation... de la Convention montagnarde, du Comité de Salut Public et de "l'An II" ("L’État révolutionnaire de 1793 est singulièrement proche de l’État totalitaire ; ce n'est pas du tout l'État capitaliste et libéral (...). Disons en raccourci que la Révolution française a tendu vers un national-démocratisme, et que nous tendons maintenant vers un national-socialisme. Mais le premier mouvement était aussi révolutionnaire que le second, il avait le même sens, il allait dans la même direction. Il est absolument faux de vouloir les opposer l'un à l'autre" - Déat, Pensée allemande et pensée française, 1944) : non seulement les "Lumières", mais encore l'aile GAUCHE de celles-ci !

Pour ce qui est de l'"anticapitalisme" fasciste ("anticapitalisme romantique" comme disent les sternhelliens), il serait erroné de le réduire à une simple "démagogie pour mobiliser les travailleurs contre leurs propres intérêts" (bien que cette dimension ne soit pas à exclure, surtout aujourd'hui). Mais il faut bien comprendre que le terme de "capitalisme" émerge au milieu du 18e siècle, ne se répand réellement qu'au 19e ("révolution" industrielle)... et qu'au début du 20e encore, tout le monde ne lui donne pas le même sens strict que les marxistes : très souvent ne sont appelés "capitalisme" que les excès de celui-ci, l'inquiétude qu'il suscite dans une société bouleversée par la "révolution" industrielle (choc de modernité), voyant surgir sur la scène politique le prolétariat et ses revendications. On voit d'ailleurs bien qu'aujourd'hui, le fascisme ne se définit plus tellement comme "anticapitaliste" mais plutôt "contre le libéralisme", nouveau terme pour désigner les excès, "l'absence de régulation", la "finance mondialisée" et la "spéculation" auxquels est opposé le "bon" capitalisme "productif" et "enraciné". Eh bien, ce qui est entendu aujourd'hui par "libéralisme" équivaut peu ou prou à ce que les fascistes du 20e siècle dénonçaient comme "capitalisme". Le fascisme n'est pas "anticapitaliste", même lorsqu'il s'affirme tel : ce qu'il rejette c'est un capitalisme qui ne "gère" pas la société et permet à la révolution socialiste de se mettre à l'ordre du jour. Son modèle, en fin de compte, c'est le capitalisme des 16e-17e-18e siècles, qui s'appuyait sur les États "forts" absolutistes (ou "despotiques éclairés" comme la Prusse de Frédéric II...) mais leur devait aussi des comptes. Le fascisme est une certaine vision du capitalisme et non (comme l'affirment Sternhell et ses disciples) une autre vision du monde opposée à lui, ce qui mettrait notre époque politique dans une curieuse situation de "billard à trois bandes" : capitalisme-communisme-fascisme.

voltaireatable.gifQuant à l'antisémitisme, nous avons déjà vu qu'il plonge ses racines aux sources médiévales mêmes de l’État moderne et qu'il en est absolument indissociable (tant en Allemagne qu'en "France", en "Espagne", au Royaume-Uni  etc.) ; et nous savons également que la place des Juifs dans la société a toujours FAIT DÉBAT, jamais l'unanimité dans le mouvement des "Lumières" - entre partisans de leur rejet, de leur acceptation en tant que tels, de leur acceptation à condition de s'intégrer/assimiler etc. etc. ; la "main tendue" pouvant d'ailleurs (assez fréquemment) être suivie d'un violent rejet lorsque les Juifs semblaient la refuser, comme déjà au 16e siècle avec Martin Luther (dont le pamphlet Des Juifs et de leurs mensonges deviendra un livre de chevet des nazis), mais on retrouve très largement la même véhémence chez Voltaire et beaucoup de ses contemporains "éclairés" (... dont Frédéric II, là encore : faire Ctrl+F et chercher "juif" ici dans son Testament politique). Les Lumières n'ont JAMAIS été synonymes de "philosémitisme" systématique, la position consistant le plus souvent (au "mieux") en une sommation de se dissoudre dans l'"État-nation" ("tout leur accorder en tant qu'individus, tout leur refuser en tant que nation" - Stanislas de Clermont-Tonnerre, député libéral, décembre 1789) et la vieille hostilité médiévale se recyclant souvent (comme envers l'islam aujourd'hui !) sous couvert d'anticléricalisme (rejet des religions révélées dont le judaïsme est la "matrice")[6].

Ce n'est (comme nous l'avons dit) qu'après la Seconde Guerre mondiale, dans une volonté de dissocier le capitalisme des régimes fascistes vaincus qu'il avait pourtant engendré, que s'est développée cette conception "philosémite" parant de manière complètement irrationnelle les Juifs de toutes les qualités (donc toute aussi différentialiste que l'antisémitisme...) et proclamant que "s'en prendre aux Juifs c'est s'en prendre à la démocratie [capitaliste occidentale] elle-même"... tout cela restant d'ailleurs très relatif - tout le monde a en mémoire les "Français innocent" de Raymond Barre après l'attentat de la rue Copernic (1980), la "tronche pas catholique" de Laurent Fabius dans la bouche de Georges Frêche (pourtant défenseur acharné du sionisme !) ou encore le ramdam médiatique (comme par hasard au lendemain de la catastrophe financière de 2008) autour de l'affaire Bernard Madoff, cet escroc n'ayant certainement pas provoqué la crise à lui tout seul mais brusquement érigé en "symbole" de la délinquance financière... et se trouvant être juif. 

 

http://www.delpla.org/article.php3?id_article=261

À propos de Sternhell (Zeev), "Les anti-Lumières"

Paris, Fayard, 2006

Ce livre qui se lit comme un roman (si ce n’est qu’on l’apprécie plus encore à la seconde lecture !) montre l’intérêt de l’histoire des idées, même sans la moindre référence au contexte de leur élaboration, comme si elles se transmettaient d’auteur à auteur. Elles se transmettent aussi comme cela, et c’est certes, en amont, un facteur important de leur genèse, de même qu’un éclairage non négligeable, vers l’aval, sur leur portée. Une telle méthode donne au chercheur une légèreté qui lui permet de se déplacer à travers les siècles plus facilement que s’il devait traîner les impedimenta des conditions économiques, sociales et politiques -auxquelles Sternhell ne s’interdit d’ailleurs pas de faire allusion.

Au cœur du propos, le repérage d’une double modernité : contrairement à l’idée commune suivant laquelle tout adversaire des Lumières serait un réactionnaire, ceux que présente le livre sont bien de leur temps et d’ailleurs, le plus souvent sans le reconnaître, ils profitent largement de l’apport des Lumières. Celles-ci postulent l’unité du genre humain : l’homme, animal raisonnable, vit en société sur la base d’un contrat le plus souvent implicite ; les philosophes français, inspirés par Locke et prolongés par Kant, travaillent à l’expliciter pour montrer qu’on peut l’améliorer, en diminuant la part des superstitions et en augmentant celle de la raison. « L’autre modernité », celle des anti-Lumières, ne consiste pas à ce que chaque auteur exalte les institutions de son propre pays ou demande qu’on les rétablisse dans leur état ancien si on vient de les changer : ces penseurs ne sont donc ni conservateurs ni réactionnaires. Ils sont, comme les Lumières, cosmopolites : c’est partout, d’après eux, que l’existant est préférable au changement, car il est légué par d’innombrables générations qui savaient ce qui était bon dans tel endroit pour tel peuple. Ce qu’il y a ici de moderne, c’est un relativisme moral et politique, qui tend à répudier toute norme générale.

AVT_Zeev-Sternhell_7583.jpgCette modernité initiée par Burke et Herder, relayée entre autres par Renan, Taine, Barrès, Sorel, Spengler et Meinecke, puis, après la seconde Guerre mondiale, par le professeur d’Oxford Isaiah Berlin et les néo-conservateurs américains, calomnie les Lumières en prétendant, par exemple, qu’elles conçoivent l’homme comme partout identique -alors qu’un Montesquieu ou un Voltaire se sont beaucoup penchés sur les différences entre les civilisations. On prétend aussi, avec beaucoup de mauvaise foi, que les Lumières sont « européocentristes » et exaltent la supériorité de la civilisation occidentale. Or Voltaire, peu indulgent pour le « fanatisme » qu’il avait sous les yeux, savait au contraire lui opposer de sympathiques manifestations de tolérance repérées sous d’autres climats. [Là on ne peut être qu'en désaccord et s'étonner d'une telle méconnaissance, chez un historien, des propos violemment racistes et antisémites de Voltaire dans son œuvre : http://www.contreculture.org/AG%20Voltaire.html... Et dans un souci (certes) de contourner la censure monarchique et ecclésiastique, c'étaient plutôt les exemples de "fanatisme" qu'il allait chercher sous "d'autres climats" !]

Si le livre contient de savoureux passages sur Burke et sa condamnation intéressée de l’élargissement du suffrage, lui qui devait tant au système bien nommé des « bourgs pourris », il s’attarde surtout sur Herder, dont Sternhell montre à la fois qu’il a influencé plus de gens qu’on ne croit d’ordinaire et qu’il a exprimé des idées qu’on attribue volontiers à des auteurs plus tardifs, notamment à propos des Juifs : la thématique antisémite d’un Drumont est déjà, pour l’essentiel, en place dans son œuvre.

Il y a donc, pendant un bon siècle et demi, une accumulation d’écrits qui préparent le fascisme, en habituant les esprits à penser en termes nationaux et à ne prêter d’intérêt qu’aux entreprises qui permettent d’augmenter la puissance d’un pays, plutôt que le bonheur des hommes. Dans « fascisme », il faut entendre aussi « nazisme », et moins que jamais Sternhell ne cherche à distinguer les deux. C’est là sans doute la principale faiblesse de sa construction. S’il les mentionne à l’occasion, il n’explique en rien les formes infiniment plus nocives prises par le phénomène en Allemagne et méconnaît le caractère local et transitoire du fascisme partout ailleurs : témoin le fait que l’antisémitisme fut, en dépit de la révérence des dictateurs envers les anti-Lumières, bien peu virulent en Italie, en Espagne ou au Portugal. Pire, l’une des rares occurrences du nom de Hitler (p. 575) consiste à accuser Ernst Nolte, qui a certes de gros défauts mais non celui-là, d’exagérer son rôle :

En faisant du nazisme un reflet du communisme et une réponse légitime au danger bolchevique, en le coupant de ses racines idéologiques et culturelles, en mettant un accent démesuré sur le rôle du Führer, le nazisme peut être quasiment évacué de l’histoire nationale.

barbarossa2Cette impuissance même à distinguer le cas de l’Allemagne en prenant en compte la personnalité exceptionnelle de son leader, montre la voie à suivre pour tirer pleinement parti de ce maître livre et prolonger ses découvertes. D’une part, Hitler, qui était peut-être moins inculte que Sternhell ne l’imagine, avait probablement lu Herder et assimilé son antisémitisme, pour en faire, avec la logique implacable qui le caractérisait, une dimension essentielle de sa politique. D’autre part et surtout, la doctrine nazie n’était pas banalement ni entièrement « anti-Lumières ». Hitler était purement et simplement pro-allemand et d’ailleurs il réintégrait dans le panthéon intellectuel de sa patrie deux auteurs vomis par Herder et consorts, à savoir Kant et Hegel. Plus largement, il faut le considérer au moins en partie (et sans en faire un philosophe ni un intellectuel) comme un anti-anti-Lumières ou, en termes hégéliens précisément, comme l’auteur d’une synthèse qui prolonge, en les dépassant, la thèse et l’antithèse. L’idée d’un progrès l’intéresse, et non moins celle de l’unité du genre humain : c’est bien pour cela que les Juifs, ces parasites à détruire sans faiblesse, n’en font pas partie, et que les autres hommes forment des races et non des espèces.

Une autre différence irréductible entre le nazisme et les anti-Lumières apparaît lorsqu’ils pèsent les mérites de l’empire romain mais Sternhell, qui montre que les anti-Lumières le détestent pour son cosmopolitisme, ne paraît pas s’aviser que Hitler le porte aux nues, et omet en conséquence de se demander pourquoi. C’est que les nations n’intéressent précisément pas le dictateur allemand... si ce n’est la sienne. Il n’a donc rien contre un empire qui les étouffe et les mélange... pourvu que ses élites présentent un semblant d’unité « raciale ». Créé et dominé par des peuples indo-européens, cet empire maintient ceux qui ne le sont pas dans une double infériorité, par l’esclavage à l’intérieur et par le terme de « barbares » appliqué aux étrangers. Par ailleurs, il dégénère lorsqu’il devient chrétien, c’est-à-dire, pour parler comme Hitler, s’abandonne à l’influence juive. « Effacer 2000 ans de christianisme : voilà bien l’essence du projet nazi et ce qui le distingue le plus des régimes dits fascistes, tous plus ou moins tolérants envers les Eglises.

Les anti-Lumières eux-mêmes ont pour les religions les yeux de Chimène, à condition qu’elles ne soient pas trop missionnaires, puisqu’ils révèrent partout les traditions. Ils conçoivent l’homme comme inscrit dans la nature, et les sociétés comme des arbres. Ils n’ont que faire d’un jardinier volontariste qui révère aussi, à sa façon, la nature, mais en privilégiant une de ses leçons les plus inhumaines : tout est lutte et il ne faut pas s’opposer, au nom d’une vaine sensiblerie, à l’écrasement des faibles. Chez les anti-Lumières, montre Sternhell, il n’y a pas de contrat social mais un donné qui partout s’impose à l’individu et devant lequel il doit s’incliner. Parmi les passages les plus intéressants du livre figurent ceux qui montrent ces auteurs en extase devant les préjugés de caste ou de classe. Hitler en fait plutôt table rase : l’homme fort a tous les droits, et le devoir de plier tout ce qui existe à sa volonté. Loin de respecter l’état de choses existant comme une œuvre sacrée de la nature, il entend, en quelques années, remodeler la carte du monde en même temps que la biologie ! Or ce programme ne peut s’accomplir par la seule force brutale, sinon le réel se rebifferait immédiatement. Il faut apprivoiser et chloroformer les futures victimes, les diviser, sérier les questions, avancer à pas comptés et sous un masque, bref faire triompher la folie à grand renfort d’intelligence et de raison.

nazisme hitlerEn conséquence, il convient de dialectiser non seulement le rapport de Hitler aux Lumières, mais l’usage qu’il fait des anti-Lumières. Il flatte tant et plus leurs aspirations, lorsqu’il se présente comme un conservateur raisonnable qui met au pas ceux qui transgressent les règles admises ou menacent de le faire : homosexuels, suffragettes, marxistes, artistes modernes etc. Il séduit et neutralise d’autant plus sûrement ses précurseurs, adeptes d’une « révolution conservatrice », qu’il cultive son personnage d’autodidacte brouillon et vociférant, semblant leur dire qu’il a besoin de leurs compétences et aussi que, s’il va trop loin et commence à leur déplaire, ils pourront facilement se débarrasser de lui. La violence nazie se fait admettre à la fois parce qu’elle est beaucoup moins meurtrière qu’elle ne s’annonçait elle-même (et va jusqu’à se retourner apparemment contre elle-même lors de la nuit des Longs couteaux) et parce qu’elle semble temporaire. Elle arrive à se présenter comme un instrument, apte à rééquilibrer un pendule qui penchait trop vers la réforme ou le débraillé, et à rentrer ensuite sagement dans la boîte à outils. De ce point de vue, on peut bien dire que les anti-Lumières allemands des années 1920 (Spengler et Carl Schmitt notamment) ont fait le lit du nazisme, à condition de préciser qu’ils croyaient le faire dans la chambre d’amis et qu’ils se sont à leur grande surprise (et à leur désappointement impuissant) trouvés prestement interdits de séjour dans les pièces principales.

Sternhell écrit là un livre de combat à l’usage de notre époque. Membre de la gauche israélienne (comme il le suggère dans une note de la p. 499), il exalte la démocratie en dénonçant ses contrefaçons et montre implicitement les Etats-Unis à la croisée des chemins. La guerre froide a vu l’Occident se réclamer de la liberté plus que de la démocratie, et ce n’est pas un hasard. Sternhell montre qu’on peut aimer celle-là en détestant celle-ci, à l’instar d’I. Berlin et de son œuvre la plus connue, une conférence de 1958 sur la différence entre liberté négative et liberté positive. Il y proclame que seule la liberté négative (freedom from) est à rechercher et à défendre : celle qui consiste à ménager autour du citoyen un espace où il fait ce qu’il veut, sans limite ni contrainte légales. La liberté positive (freedom to), c’est-à-dire le droit d’aménager la cité de concert avec ses semblables, serait le germe de tous les totalitarismes. Or la liberté positive seule, rappelle Sternhell, a partie liée avec la démocratie -que ce texte de Berlin répudie donc sans le dire. Il ne va pas toujours aussi loin. Il ne se proclame pas adversaire des Lumières et il faut souvent un œil exercé pour s’en rendre compte, ainsi quand il annexe aux Lumières Burke en personne, en jetant un voile pudique sur ses anathèmes contre le peuple, assimilé tout au long de son œuvre à une populace excitée [c'est pourtant, pour le coup, tout à fait exact : Edmund Burke était un whig (libéral) qui défendra même au Parlement anglais (à ses risques et périls, donc) les Burke-Edmund-LOC.jpgindépendantistes américains et ne se détournera de la Révolution française que devant ses "excès"... et se méfier de la "populace excitée" n'a jamais été en soi antinomique des "Lumières"]. Il y a chez ces anti-Lumières tardifs beaucoup de confusion et, l’auteur n’hésite pas à l’écrire, de malhonnêteté, par exemple lorsqu’un disciple de Berlin reproduit ses articles en les réécrivant subrepticement (p. 521).

L’époque des Lumières est marquée par trois révolutions, l’anglaise de 1688, l’américaine et la française. Sternhell insiste sur leurs points communs et montre que l’effort d’une bonne partie des anti-Lumières consiste à les opposer, comme si la Manche formait une barrière idéologique : la mauvaise révolution française, trop démocratique, jurerait avec les deux autres, réduites à des mouvements d’humeur de portée locale contre les abus du despotisme. Sternhell dit après bien d’autres, mais en décryptant comme personne les efforts des anti-Lumières, depuis deux siècles, pour masquer cette vérité, que les révolutionnaires français puisaient aux sources anglo-saxonnes, mais poussaient plus loin sur la voie des droits de l’homme. Ce faisant, il rétablit le rôle majeur de la France dans la diffusion de la démocratie, tout en y associant le nom de Kant : l’ouvrage parle d’un bout à l’autre des « lumières franco-kantiennes » et les oppose, sur la scène allemande, au Sturm und Drang qu’anime Goethe aussi bien que Herder.

Ces rappels sont propres à doper le moral des démocrates d’aujourd’hui et le pourront d’autant mieux qu’on ne fera pas du nazisme le produit quasi-mécanique d’une accumulation d’idées obscurantistes. Le libre débat qui avait permis à la France de se doter d’une république stable en dépit de Renan et de Maurras était en passe de produire cahin caha les mêmes effets dans l’Allemagne de Weimar... si Hitler avait été un vulgaire Boulanger. Mais ce politicien à l’intelligence insoupçonnée, et encore aujourd’hui généralement sous-estimée, sut exploiter les affrontements idéologiques pour imposer ses propres thèses, d’une grossièreté radicalement inédite. Ce livre, en aidant à connaître le milieu intellectuel dans lequel a baigné sa formation et qu’il a, par la suite, manipulé, affinera la connaissance du Troisième Reich et les leçons tirées de ce moment catastrophique de l’histoire, à condition de reconnaître que le terreau n’a pas spontanément engendré son laboureur.



[1] Une idéologie qui proviendrait selon lui de la "rencontre" entre la droite nationaliste "anti-Lumières" et une certaine gauche "syndicaliste révolutionnaire" et/ou "anticapitaliste romantique" ayant rejeté le marxisme - ce qui donne en fin de compte un étrange vernis d'"orthodoxie" marxiste (mais alors, comment être en même temps sioniste ?) posé sur les thèses de l'"antitotalitarisme" bourgeois (le fameux "les extrêmes se rejoignent", rappelons par exemple que Bernard-Henri Lévy partage globalement les mêmes analyses dans son ouvrage L'idéologie française)... En fait, tout ce que ceci montre c'est que Sternhell ne comprend absolument pas le concept marxiste-léniniste d'hégémonie (Gramsci). La réalité c'est qu'en situation de crise générale du capitalisme, ce que l'on qualifiera d'extrême-droite exerce petit à petit une HÉGÉMONIE intellectuelle TOTALE sur l'INTÉGRALITÉ du champ politique de la société capitaliste... ceci pouvant inclure jusqu'à des éléments de la "gauche de la gauche" [et bien sûr de la "gauche radicale d'affirmation des Peuples", comme typiquement Yann-Ber Tillenon ou Padrig Montauzier en Bretagne] - et s'ils ne sont pas ou que très superficiellement marxistes, c'est évidemment encore plus facile ! Mais ce sont des éléments de la mobilisation fasciste PARMI D'AUTRES ; il suffit de penser par exemple à la quantité de radicaux de la 3e République (qui seraient l'équivalent de notre PS d'aujourd'hui !), bien francs-maçons et "libres penseurs" comme il faut (purs produits des Lumières en quelque sorte !), qui se rallieront à la "Révolution nationale" pétainiste en 1940 ! Or Sternhell choisit de focaliser sur ce phénomène pour en faire la véritable "fécondation" de ce qui deviendra le fascisme (par exemple le "Cercle Proudhon" où peu avant la Grande Guerre "convergeaient" des militants de l'Action française - à l'initiative du truc, ce qui ne trompe pas ! - et quelques "syndicalistes révolutionnaires" comme Édouard Berth ou Georges Valois, proches de Georges Sorel - mais ce dernier était lui-même plutôt hostile à la démarche).

[2] En parcourant la biographie Wikipédia de ce dernier, on découvre même qu'il a totalement été un homme des Lumières, ami de Goethe et même... membre des "Illuminés de Bavière", société secrète de type maçonnique ayant donné naissance au délire des "Illuminatis" qui persiste encore aujourd'hui. Il a simplement pris ses distances avec la Révolution française après les Massacres de Septembre (1792). En revanche, il était bel et bien violemment hostile aux Juifs (dans un esprit très voisin de celui de Voltaire...) ; un antisémitisme des Lumières qui a sans doute autant sinon plus nourri l'antisémitisme exterminateur du 20e siècle que le vieil antijudaïsme chrétien (qui laissait, rappelons-le, l'opportunité aux Juifs de cesser de l'être en se convertissant, alors que l'antisémitisme les voyant comme une "race abjecte" ne le permet pas). C'est donc là encore une formidable illustration du "sérieux" de l'analyse de Sternhell et (donc) des "maoïstes" qui s'en réclament.

[3] Bien sûr, au même titre qu'avec le proudhonisme en Hexagone, l'une des composantes (loin d'être la seule...) de ce bric à brac idéologique va être l'exaltation du capitalisme naissant médiéval (généralement non désigné comme capitalisme) dépeint comme "pur", par opposition à "ensuite" - le capitalisme "en grand", triomphant, à partir du 18e siècle. C'est ainsi que le 'p''c''mlm' va nous présenter en ce moment même un certain Rudolf Jung (Allemand des Sudètes) et son "socialisme national" comme "à la base même" de l'idéologie nazie (il en a, en effet, été un contributeur important mais pas le seul) ; et va particulièrement insister sur "l'éloge de la paysannerie médiévale et du petit commerce" par celui-ci dans ce qui se veut une allusion "cryptée" et, en réalité... une compréhension complètement de travers de notre longue étude sur la société médiévale en général (occitane en particulier) publiée l'automne dernier. Toute l'activité du 'p''c''mlm' depuis 6 mois (au moins) consiste en effet à nous présenter sans jamais nous nommer comme des "anticapitalistes romantiques" et des nazis en puissance qui exaltent la société précapitaliste et rejettent le "progressisme" de sa destruction par le capitalisme et l’État moderne, "fantasment" une Occitanie conçue comme une communauté "organique" et "socialiste en soi" à laquelle le capitalisme serait "étranger" et "imposé de l'extérieur" etc. etc., tout ceci devant (bien sûr) nous conduire tôt ou tard à l'antisémitisme (à moins que ce ne soit déjà le cas, c'est en tout cas la position de certains), obligés que nous serions de pointer "le Juif" comme "seule explication possible" à ce que nous avançons. Travestissement grotesque - entre lecture en diagonale et mauvaise foi caractérisée - de ce que nous disons, mais passons.
Nous avons en substance, dans notre étude sur le païs médiéval (communauté paysanne/villageoise), défini celui-ci comme ayant deux aspects, comme étant à la croisée des chemins en quelque sorte : la communauté ancestrale collectiviste (produisant de manière collectiviste ce qui ne veut pas dire pour le seul bénéfice de la collectivité : il y avait évidemment le seigneur des lieux qui ponctionnait sa part du produit) qui se meurt, et le capitalisme rural qui émerge en générant d'un côté (un se divise en deux) une couche de notables, gros fermiers et autres possédants et de l'autre, un prolétariat rural et une paysannerie paupérisée que le développement du capitalisme dans les villes viendra peu à peu "aspirer". Tout ce processus est bien entendu interne et intrinsèque au païs considéré (cette société paysanne et villageoise qui représente 99% de la population au Moyen Âge et encore près de 90% à la veille de la "révolution" industrielle). L’État moderne comme cadre politique adapté et nécessaire à cette affirmation du capitalisme vient se superposer à cela, il ne "l'importe" pas même si en Occitanie, en l'occurrence, il est le fruit d'une conquête militaire par le Nord capétien. L'Occitanie du 13e siècle était, de fait, bien plus capitaliste que le Bassin parisien ; mais pour passer à un niveau supérieur de développement capitaliste il lui fallait un cadre politique (l’État moderne) qu'elle n'a pas su, pu ou (simplement) eu le temps de se donner et qui lui a (donc) été apporté par son annexion meurtrière au domaine capétien, futur État français : voilà ce que nous disons. Ceci, si l'on distingue très schématiquement une masse des producteurs et des couches possédantes (possesseurs de moyens de production, au titre du droit féodal évidemment à l'époque, mais prérequis indispensable à une économie capitaliste), s'est imposé de force à la première (comme tout appareil de domination de classe) mais de gré à une partie des secondes et de force à une autre - qui aurait peut-être "préféré" un cadre politique strictement national, ceci étant déjà (tout de même) en gestation alors, mais aussi dans bien des cas sans la moindre conscience de ce qui se jouait, dans un pur cadre de concurrence entre possédants (untel et untel et encore untel se tournant vers le roi de France contre ses ennemis héréditaires, etc.). La même chose (avec ses spécificités dans chaque cas) s'est déroulée à peu près pareillement dans toutes les parties des grands États qui composent aujourd'hui l'Europe, que ces territoires aient eu (d'ailleurs) des caractéristiques nationales à l'époque ou non (dans tous les cas la subsidiarité politique médiévale a été "tuée" au profit de l’État moderne centralisé dirigeant "du haut vers le bas" et l'autosuffisance économique des communautés populaires a été liquidée, ainsi que Marx le décrit en Angleterre sous l'État... anglais).
Ce que nous avons mis en avant dans notre étude (et d'autres documents), c'est donc surtout l'aspect collectiviste primitif résiduel du païs médiéval tout en soulignant bien le caractère inévitable du processus qui a suivi ; ainsi que la subsidiarité politique qui prévalait alors parce qu'elle rejoint notre conception de la société socialiste de demain, avec ses Communes populaires comme cellules de base et ses échelons territoriaux plus grands, indispensables mais ne devant s'occuper que de ce que la Commune ne peut pas faire toute seule. Quant au fait que l’État du Capital, là où nous vivons et le combattons (en Occitanie), soit le produit d'une conquête et d'une soumission militaire... nous le soulignons tout simplement parce que c'est la réalité et que comprendre cette réalité (et non la refuser) nous permettra seul de lutter victorieusement. Nous avons observé qu'une fois l’État constitué, le Capital... de la capitale (Paris) s'est naturellement retrouvé au sommet de la pyramide et qu'il a agencé le développement capitaliste et l'organisation sociale de la production (= l'organisation de l’État) conformément ses intérêts, en Centres et en Périphéries où se concentrent respectivement le POUVOIR (politique, économique et culturel) et l'exploitation, l'oppression et l'aliénation... et nous avons formulé à partir de là que la Guerre révolutionnaire du Peuple devait consister en un encerclement des premiers par les secondes. Nous avons également observé que l’État français, durant 8 siècles, a consacré d'immenses efforts à briser la résistance des couches possédantes réfractaires (bien sûr) mais aussi des masses populaires ; le premier combat s'inscrivant (en dernière analyse) dans le cadre de la concurrence capitaliste tandis que le second, lui, s'inscrit dans ce que Marx a décrit comme l'accumulation primitive du capital et l'arrachement des producteurs à tout moyen de production et de subsistance autre que leur force de travail (à "vendre" quotidiennement au capitaliste) ; les deux prenant dans tous les cas un aspect culturel : l'imposition de la langue et de la culture française à l'Occitanie. Or si ce combat culturel a presque totalement réussi dans les couches aisées, il n'en a pas été de même auprès des couches populaires, travailleuses, ouvrières et paysannes ; et ceci, cette conscience occitane résiduelle, n'est pas selon nous un "vestige obscurantiste du passé" qu'il faudrait achever de balayer mais au contraire la base de la prise de conscience de tout le reste, pour pouvoir engager le combat contre ce "tout le reste"... qui n'est autre que le capitalisme et l’État français. Voilà ce que nous disons !!! Pour ce qui est du "progressisme" du capitalisme et de l'État moderne, il est vrai que nous évitons ce terme devenu au fil du temps synonyme de "bien", de "positif". Nous voyons l'imposition du capitalisme et de l'État moderne (qui va avec) comme un passage souvent douloureux, parfois positif (progrès technique et scientifique, développement de la considération humaniste pour l'individu) et dans tous les cas nécessaire et incontournable de l'espèce humaine vers le communisme... ce qui n'est ni plus ni moins que la conception de Marx (il suffit de lire le Capital). Il nous semble simplement que la confusion entre progrès objectif (l'humanité devait objectivement en passer par là) et "progressiste" au sens de "positif" (connotation morale) a pu amener par le passé à célébrer l’œuvre de l'ennemi (l’État moderne devenu "République une et indivisible" par la révolution bourgeoise)... que l'on peut alors difficilement combattre. Nous, nous COMBATTONS l’État français appareil politico-militaire de la classe dominante capitaliste. Mais nous ne sommes pas non plus pour un État occitan, un État breton, un État corse etc. etc. qui seraient autant de petits États français miniatures : nous sommes pour une organisation sociale radicalement nouvelle, l'"État" des Communes populaires fédérées !
L'approche de Rudolf Jung, elle (puisque c'est l'exemple que veut mettre en avant le 'p''c''mlm'), nous semble bien différente... Son "éloge de la paysannerie médiévale et du petit commerce" nous semble surtout être un éloge de l'aspect capitaliste naissant de la société médiévale... tout en "déplorant" l'évolution par la suite, le capitalisme "en grand" avec ses banques, sa grande industrie (et mort de la petite), sa "spéculation" (et mort du petit commerce) etc. etc., toutes choses pourtant inévitables mais que Jung rejette et (seules) regroupe sous le vocable de "capitalisme". Et comme ce capitalisme "en grand" ne "peut pas" (dans son esprit) être le fruit naturel et inévitable... du capitalisme naissant, il ne peut donc résulter que d'une intervention extérieure et/ou d'un mal ("l'avidité") qui se serait emparé du "corps sain", et qui se trouve très vite identifié avec la "main du Juif" (identification pratiquement inévitable dans la région d'Europe où il vit). En tant que Sudète, la culture populaire de Jung est celle de ces petits villages de "défricheurs" de l'épaisse forêt médiévale, peuplée de deux "espèces nuisibles" : le loup et le Slave. Il est donc tout logiquement aux avant-postes pour célébrer cette mythologie du paysan-entrepreneur libre "défrichant" les terres sauvages et "construisant tout de ses mains", faisant "avancer la civilisation" sans l'intervention néfaste des "banques" ni de la "bureaucratie"... Un esprit que l'on retrouve, par exemple, omniprésent dans l'extrême-droite nord-américaine célébrant le "pionnier" et qui a rejailli de là (un peu) sur l'ancienne métropole britannique, elle aussi (à l'origine) nation de "défricheurs" libres (les yeomen) - sauf que dans tous ces pays le mot "socialisme" (quasiment synonyme de "marxisme" ici) est absolument tabou et il ne viendrait à l'idée de personne de s'en réclamer, c'est plutôt la "liberté" qui est mise en avant, mais l'idée de petits producteurs "libres" et "librement associés", "naturellement solidaires" sans imposition "bureaucratique" (idée que l'on retrouve ici chez Proudhon...) est en dernière analyse la même que dans le "socialisme national" de Jung.
Quant à la conception de l’État... Jung est tout simplement un partisan de la "Grande Allemagne" englobant toutes les communautés de langue germanique, comme des millions et des millions de ses contemporains (la "Petite Allemagne" de 1871 s'était plus imposée par défaut qu'autre chose), ce qui correspond particulièrement bien (de surcroît) à sa culture de "pionnier" sudète face au monde slave (Drang nach Osten). Cet État grand-allemand aurait dû être (selon lui) l'émanation "naturelle" de la communauté médiévale capitaliste primitive qu'il encense - il a correctement saisi que l’État moderne (dont il est un partisan) procède directement de l'émergence/affirmation du capitalisme (qu'il n'appelle pas ainsi et dit rejeter) ; mais des aléas ont fait que cela n'a pas été le cas et il ne comprend pas, ou refuse carrément de comprendre ces aléas (ce que seule une grille d'analyse marxiste permettrait). Ce ne peut donc être que "la faute à" la monarchie autrichienne (Habsbourg) qui serait tombée "aux mains des Juifs" (avec lesquels elle s'est effectivement montrée libérale à partir du 18e siècle). L’État est vu par Jung comme la "destinée" d'une communauté nationale (Volk) et l’État des Volksdeutsche doit être la Grande Allemagne, un point c'est tout, seule une "force maléfique" (= les Juifs) pouvant contrarier cette "destinée". Il n'est pas vu comme un instrument de classe (il n'y a pas de classes dans la communauté nationale idéalisée de Jung) ni le fruit d'un processus complexe et aléatoire, marqué notamment par la concurrence entre Centres capitalistes pour se tailler une base fondamentale d'accumulation et n'ayant d'ailleurs jamais, en Europe ni ailleurs, vraiment engendré d’États qui correspondent exactement à ce que les marxistes définissent comme une nationalité.
Par exemple, s'il n'y a pas d’État occitan, c'est parce qu'au moment décisif (13e siècle) les tentatives des classes dominantes occitanes (toujours partielles : Aquitaine-Gascogne, Languedoc, Provence, jamais l'Occitanie entière) ont échoué pour tout un faisceau de raisons et ont été écrasées par l'expansionnisme capétien, porté par la bourgeoisie francilienne. De même, s'il y a une Allemagne et une Autriche, c'est parce qu'au 19e siècle il y avait deux grands Centres de pouvoir (les Hohenzollern de Prusse appuyés sur la bourgeoisie brandebourgeoise et rhénane et les Habsbourg d'Autriche appuyés sur la bourgeoisie de Vienne) qui n'ont jamais réussi à s'entendre, revendiquant chacun l'unification des peuples de langue germanique sous sa seule coupe [de fait, si quelque chose marque la singularité du nazisme au sein du fascisme européen en général, c'est peut-être cet échec historique de la bourgeoisie allemande à assouvir son "grand" projet : un État allemand correspondant peu ou prou au Saint-Empire de l'An Mille et exerçant sa domination sur toute l'Europe centrale et orientale]. Tout cela est aussi aléatoire (dépend d'autant de facteurs) que le fait que dans la nature, le lion attrapera tel jour la gazelle et tel jour non ; mais Jung refuse d'admettre de tels aléas car il ne voit pas les choses en matérialiste mais en idéaliste, en termes de "peuple" comme communauté organique et d’État comme "destin" de cette communauté. Jusqu'en 1918 les Allemands des Sudètes se trouvaient dans l'Empire austro-hongrois, puis ils se retrouvèrent dans un nouvel État dénommé "Tchécoslovaquie". Ceci, effectivement, n'était pas démocratique : les Sudètes étaient niés à l'intérieur d'un État base d'accumulation pour la bourgeoisie tchèque (en réalité celle-ci était très faible et une telle chose n'était possible qu'avec le soutien impérialiste de l'Entente, les vainqueurs de la Première Guerre mondiale). Mais tout ceci n'était pas le problème de Rudolf Jung, qui avait d'ailleurs déjà commencé son militantisme pangermaniste depuis bien longtemps (sous l'Autriche-Hongrie), définitivement forgé son idéologie et mis le point final à son œuvre maîtresse (Le Socialisme national) alors que la Tchécoslovaquie voyait à peine le jour. Son problème, son objectif, c'était la Grande Allemagne qui n'avait pas réussi à se constituer au 19e siècle, projet impérialiste fort peu soucieux (d'ailleurs) de "pureté" ethnique allemande lorsqu'il s'agissait d'annexer (et d'asservir) des populations slaves.

Tout cela, ce sont des contradictions du capitalisme que le fascisme (ce qu'était l'idéologie de Jung) et, dans un sens, l'idéologie bourgeoise en général (mais de manière moins ouvertement agressive) a pour vocation existentielle de nier et dissimuler sous des mythes pour tenter de les "surmonter" et de faire exister ce que chaque bourgeoisie perçoit comme sa "destinée", plus ou moins contrariée par l'histoire ! [Il en va exactement de même du mythe de la "Gaule" et de "l'Hexagone", ce "cristal" parfait qui "ne pouvait avoir une autre forme", correspondant exactement aux "frontières naturelles" de la base d'accumulation "idéale" visée par l'expansion parisienne "française" tout au long des 17e, 18e et 19e (voire 20e) siècles.]

Nous, notre prétention est seulement de comprendre les processus du passé car de ceux-ci découle le présent ; afin de pouvoir transformer ce présent et construire l'avenir !!!

[4] Dans le cas spécifiquement français, au demeurant, dès 1789 et totalement dans la seconde moitié du 19e siècle, le clivage entre droite et gauche des Lumières tendra à recouper assez nettement un clivage Nord-Sud et à se coupler, dès lors, à une hostilité aux Juifs puisque l'Occitanie avait été leur Sion médiévale et puisqu'à l'époque les Juifs de France étaient soit alsaciens ou lorrains, soit occitans (communautés de Provence-Languedoc issues du Comtat papal et communautés gasconnes)... le clivage s'ancrera rapidement et par la suite, si les exceptions sont devenues célèbres (Maurras), l'Occitanie restera relativement hermétique à la "droite révolutionnaire" dont parle Sternhell - en revanche, sous Vichy, il existera une collaboration de gauche (René Bousquet etc.).

[5] Les Jésuites ne se caractérisaient d'ailleurs pas par un antisémitisme particulièrement virulent pour leur époque : http://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_Juifs_et_Jésuites...
Il s'agit vraiment du seul courant de pensée (en tout cas l'avant-garde du seul courant) réellement qualifiable d'"anti-Lumières"/"anti-moderne" à l'époque considérée. Ils s'opposaient à vrai dire non seulement aux Lumières mais à toutes les "idées nouvelles" surgies depuis le 16e siècle, y compris les grandes découvertes scientifiques indiscutables comme l'héliocentrisme de Copernic (le fait que la Terre tourne autour du Soleil et non l'inverse), et non seulement à l’État bourgeois (monarchie ou même république parlementaire) voulu par les Lumières mais aussi à l’État moderne sous sa forme monarchique absolue (mouvement des monarchomaques), tel que théorisé par Jean Bodin par exemple. Ils étaient, en réalité, les derniers défenseurs de la "république populaire" et de la subsidiarité médiévale sous le "patronage" bienveillant de l’Église ; et bien qu'attachés à certaines hiérarchies sociales et à l'obéissance à ces hiérarchies, ils opposaient même à la modernité de leur époque (affirmation quotidienne de capitalisme et de son État) des conceptions très démocratiques voire sociales, qu'ils mirent notamment en pratique dans leurs missions du Paraguay
[l'origine basque des deux principaux fondateurs de l'ordre, Ignace de Loyola et François Xavier, contemporains (au demeurant) de l'exécution militaire du Royaume de Navarre par le jeune État moderne espagnol, n'est sans doute pas dissociable de ce catholicisme "populaire", "foi du charbonnier" et "républicain" anti-absolutiste porté par les Jésuites ainsi que d'un certain esprit de syncrétisme avec les croyances ancestrales pré-chrétiennes que l'on retrouvera notamment dans les missions du Paraguay, puisque tout cela était caractéristique de la très catholique mais aussi très égalitaire et "républicaine paysanne" (dénuée de conception monarchique forte) société basque de l'époque]. Ils admettaient et faisaient même (pour certains) la propagande du tyrannicide, autrement dit l'élimination par n'importe quel individu du souverain devenu 'despote'. Ceci leur vaudra, bien avant les révolutions bourgeoises qui les vouaient évidemment aux gémonies (comme incarnations de l'"obscurantisme"), des relations exécrables avec toutes les grandes monarchies absolues (y compris de religion officielle catholique : France, Autriche, Espagne, Portugal) mais aussi tumultueuses avec la Papauté qui, bien que fortement "anti-moderne" elle aussi, voulait ménager les États absolutistes et en était, au demeurant, un elle-même (en Italie centrale). Ils refusèrent toujours catégoriquement de participer à l'Inquisition qui rappelons-le, bien qu'institution de l’Église, avait été l'un des premiers instruments de terreur de masse de l’État moderne ; et leurs ouvrages furent fréquemment mis à l'Index par elle.
Ce courant de pensée n'a pas de continuateurs directs au 20e siècle et encore moins aujourd'hui, après que les révolutions bourgeoises et la "révolution" industrielle aient tout balayé sur leur passage. On peut lui trouver un héritier très indirect dans le christianisme social, c'est à dire les éléments qui (vers le milieu ou la seconde moitié du 19e siècle) ont finalement accepté la modernité et le système politique issu des Lumières en endossant le rôle de "critique sociale humaniste et modérée" de la nouvelle société : c'est la position politique actuelle de 99% de la Compagnie de Jésus (qui existe encore bien entendu et compte 17.000 membres à travers le monde). Ceci peut parfois les conduire à droite, comme l'actuel pape Bergoglio (ex-"provincial" argentin des Jésuites) qui a milité dans sa jeunesse à l'aile droite du péronisme, mais aussi (souvent) très à gauche, vers la théologie de la libération (comme les franciscains, un peu dans le même esprit mais nés bien avant, dès 1210), ce qui vaudra à beaucoup la torture et/ou la mort sous les dictatures sud-américaines (d'où la polémique actuelle sur le rôle de Bergoglio/"François" pendant cette période). Nous avons vu comment, passé les Lumières et la "révolution" industrielle, la religion en tant qu'idéologie ne peut plus avoir aucun caractère autonome : elle "marque", certes, culturellement les différents pays du monde, mais les interprétations du corpus doctrinal peuvent aller de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. L'hégémonie intellectuelle sur la planète appartient aux idéologies issues des Lumières (aile gauche ou aile droite), combattues par l'idéologie communiste. Les pensées religieuses se positionnent par rapport à cela et non l'inverse - définition de l'hégémonie selon Gramsci.

Le fascisme quant à lui, surtout dans les pays catholiques, a pu s'appuyer sur les thèses "sociales" de l'encyclique Rerum novarum - qui marque le véritable ralliement de la Papauté à la modernité triomphante (ralliement de l'Église aux Lumières, donc, et non l'inverse) tout en en critiquant les "injustices", et qui prétend "associer" Capital et Travail dans un esprit paternaliste. Mais sa filiation profonde n'est pas là : véritablement, Zeev Sternhell confond "anti-Lumières" et aile droite des Lumières ("Lumières d'ordre"). Le fascisme cherche d'abord et avant tout à arracher le capitalisme à la "mauvaise pente" sur laquelle il le voit, et il fait preuve dans cela d'un grand pragmatisme. En Allemagne, pays partagé entre catholiques et protestants et dont cette division a (justement) été le principal frein à l'unité et à la "volonté de puissance", Hitler "solutionne" la question en rejetant tout simplement le christianisme ("idéologie de la faiblesse" selon lui, dans un esprit nietzschéen) et en invitant les croyants à en faire une affaire strictement privée : au-dessus de tout doit être l’État, la Grande Allemagne et son unité face aux concurrents impérialistes et à la menace communiste.

De même, en France, Charles Maurras est profondément un homme de raison et sa démarche n'est pas celle d'un fanatique opposé à toute "idée nouvelle", mais celle d'un pragmatique. Provençal, il est attaché à sa "petite patrie" et hostile à la centralisation parisienne, mais non moins soucieux de la "Grande France" et de sa puissance internationale. La puissance nécessite l'unité et "l'ordre" contre les luttes de partis (bourgeois) et de classes ; elle nécessite un "État fort" que la IIIe République parlementaire n'est selon lui pas capable de lui donner. La lutte des classes marxiste doit s'effacer devant une "solidarité nationale" appuyée sur des "corps intermédiaires" librement organisés et non-étatiques, dont seul un État fort peut constituer la clé de voûte. Quant à la centralisation, avec ses conséquences l’étatisme et la bureaucratie (rejoignant ainsi les idées de Proudhon), elle est selon lui inhérente au régime démocratique : il estime que les républiques ne durent que par la centralisation, seules les monarchies étant assez fortes pour décentraliser. La république parlementaire libérale associe à ses yeux centralisme bureaucratique et décadence. Il faut donc un roi, appuyé sur le catholicisme comme religion ultra-majoritaire des Français (contre les "États confédérés de l'anti-France" que sont les Juifs, les protestants, les francs-maçons et les 'métèques', mais il s'agit là d'un catholicisme très gallican où l'autorité de Rome n'a pas vocation à être au-dessus de celle de l'État français) ; bien qu'il ait été lui-même (longtemps) un républicain modéré et un agnostique. Minoritaire au départ, il parviendra avec beaucoup d'habileté à imposer ce point de vue aux fondateurs de l'Action française, Henri Vaugeois et Maurice Pujo, hommes du Bassin parisien plutôt républicains (eux aussi), anticléricaux et... jacobins/bonapartistes, centralistes.

Au sujet de Maurras et de l'Action française (car pour Sternhell le fascisme n'est pas seulement "anti-Lumières" mais aussi né en France, ce qui pour le coup - d'ailleurs - est une thèse plus qu'intéressante à contre-courant des postulats "blanchisseurs" de René Rémond & co), voici ce que nous pouvions écrire il y a une dizaine de mois : "Combien n'a-t-on pas entendu, par exemple (et pas seulement du 'p''c''mlm'), que "Maurras et l'Action française, c'est le rejet des Lumières"... ? ARCHI-FAUX : Maurras et l'Action française se revendiquaient du POSITIVISME (dont on dit souvent, en "France", que "le marxisme s'inspire" alors que dans toute son œuvre Marx consacre peut-être trois paragraphes à Auguste Comte pour dire que c'est un triple crétin...) ; autrement dit des "Lumières", de la pensée bourgeoise et du "scientisme" du 19e siècle. À l'origine RÉPUBLICAINS de tendance conservatrice, anti-socialiste et chauviniste revancharde, souvent agnostiques (comme Maurras) ou en tout cas très "séculiers", ils se tourneront par pur pragmatisme vers l'idéologie national-catholique (comme "ciment" du "nationalisme intégral") et le principe monarchique... mais choisiront pour monter sur le trône la branche d'Orléans, celle de Louis-Philippe (Monarchie de Juillet) et du régicide Philippe "Égalité" (qui avait voté la mort de son cousin Louis XVI à la Convention), autrement dit la branche capétienne acquise aux "idées nouvelles" et aux "Lumières". Ce que voulaient simplement les maurrassiens, c'était un État fort et même "en acier trempé" au service du Capital ; et ils pensaient qu'aucun système républicain (forcément parlementaire dans leur esprit) ne pouvait l'assurer en termes de légitimité : il fallait donc un roi (comme en avaient d'ailleurs tous les États européens à l'époque où naissait l'AF, sauf la France et la Suisse). Ils n'avaient absolument aucun projet d'"effacer" toute la pensée bourgeoise produite au long des 16e, 17e et 18e siècles (celle qu'apprécie tant le 'p''c''mlm')... De même, parmi les théoriciens racialistes du 19e siècle qui seront repris sous toutes les coutures par le fascisme au siècle suivant, Joseph Arthur de Gobineau, certes légitimiste à l'origine, était un protégé de Tocqueville, tandis que Paul Bert était profondément "libre-penseur", positiviste, républicain et anti-clérical ; il est même considéré comme l'un des "pères fondateurs" de "notre" école républicaine publique et laïque... Comme "hommes des Lumières", il est difficile de faire mieux !"

[6] Les sternhelliens et autres postoniens (c'est un peu la même chose) nous disent que "l'antisémitisme n'est pas un racisme comme les autres" (mais quel racisme est comme les autres ? l'arabo/islamophobie est un racisme de "guerre des civilisations" depuis le Moyen Âge, la négrophobie un racisme de rabaissement infra-humain à l'état de "singe" ou de "grand enfant" idiot mais potentiellement dangereux etc.) : c'est un "anticapitalisme romantique" qui assimile les Juifs à "l'argent", l'usure, la spéculation, "l'avidité" etc. etc. Mais ceci n'est réellement "sérieux" qu'en prenant au mot... les antisémites eux-mêmes et leur définition du capitalisme !
Loin d'être "anticapitaliste", l'assimilation des Juifs à "l'usure" et à "l'avidité" accompagne en fait TOTALEMENT le développement du capitalisme durant TOUTE sa phase historique ascendante, du 12e au 20e siècle. De fait, princes et puissants "très chrétiens" du Moyen Âge obtenaient (déjà plus ou moins sous la menace...) des "prêts" des communautés juives, puis les accusaient d'"usure" pour refuser de les rembourser... et au contraire les chasser, les spolier voire les massacrer : de là vient la "légende"
[une politique, concrètement, d'extorsion de fonds en masse par les États modernes en formation à l'encontre des communautés juives, accompagnée d'expulsions et de massacres... dans laquelle on peut voir, peut-être, un des tous premiers mécanismes de l'accumulation primitive !!]. Et être contre "l'usure", la "spéculation" et "l'avidité" n'est NULLEMENT "anticapitaliste" : c'est au contraire une ABSOLUE NÉCESSITÉ du capitalisme lui-même, mode de production en lutte (en INSURRECTION) permanente contre sa propre crise (dont la spéculation est un symptôme) et qui, bien que basé sur la concurrence entre entrepreneurs, a besoin pour fonctionner de pratiques "loyales" et d'un certain nombre de "règles". Dans des pays où les Juifs sont historiquement associés à la spéculation, à l'avidité et à la déloyauté en affaires, cela peut effectivement faire "très mal" lorsque la crise capitaliste atteint un certain degré d'acuité ; et cela n'a pas attendu le 20e siècle (même si bien sûr les moyens techniques de celui-ci ont donné à la persécution une dimension jusque-là inégalée). Il y a alors (peut-être) des gens pour n'appeler "capitalisme" QUE les pratiques déloyales, l'avidité et l'accumulation "excessive", l'usure et la spéculation etc. Mais ce n'est pas la définition marxiste du capitalisme. Les gens qui définissent ainsi le capitalisme (pour ensuite, éventuellement, associer ce "capitalisme" aux Juifs et les persécuter à ce titre) ne sont pas des "anticapitalistes". Ce sont de PURS REPRÉSENTANTS d'un capitalisme en INSURRECTION CONTRE SA PROPRE CRISE. 

 

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11 septembre 2014 4 11 /09 /septembre /2014 17:40

 

Islamophobie et "échappatoire" salafiste

La proclamation du "califat" par l’État islamique en Irak et en Syrie est en train de donner naissance à un véritable "sionisme musulman" :

famille jihad

Pourquoi des Français sont attirés par le djihad
Jeunes hommes radicalisés, femmes mais aussi familles, près d'un millier de Français ont rejoint les rangs de l'État islamique. Explications.

Une famille entière s'enrôle pour le djihad en Syrie

La famille disparue dans l'Isère a bien pris la direction de la Syrie

Une fillette de 2 ans et demi emmenée par son père a pu être récupérée et remise à sa mère : Assia, la fillette sauvée du djihad en Syrie

Des adolescentes fuguent même de leur famille pour s'y rendre : http://www.ladepeche.fr/article/2014/03/27/1849563-lezignan-corbieres-soeur-sarah-ete-enrolee-syrie-reseaux-sociaux.html

http://www.bladi.net/nora-marocaine-15-ans-jihad-syrie.html

djihad-famille.jpgComme l'expliquent bien ces articles de la presse bourgeoise, il ne s'agit pas vraiment pour ces gens de se battre (ceux qui étaient prêts à le faire y sont déjà) mais bel et bien de participer à la construction du nouvel État et de la "nation islamiquement pure" proclamée par Abu Bakr al-Baghdadi à Mossoul au mois de juin... Nous avons donc là une logique qui, bien qu'avec des différences évidentes (que ne manqueront pas de souligner les critiqueurs professionnels sans arguments), rappelle celle du sionisme dans la première moitié du siècle dernier ou encore les projets comparables de "retour en Afrique" pour les Noirs américains et antillais, dont le plus célèbre est celui de Marcus Garvey : une logique consistant, pour une minorité ciblée par une mobilisation réactionnaire de masse, non pas à lutter concrètement là où elle se trouve pour ses droits démocratiques et son autodétermination en tant que minorité nationale, mais à chercher le "salut" dans la fuite vers une "terre promise" fantasmée (le plus souvent au détriment des populations qui s'y trouvent déjà comme on a pu le voir en Palestine, au Libéria grande "terre promise" du Back to Africa et maintenant dans les territoires du Machrek arabe sous le contrôle de l'"État islamique").

Sur le site Oumma.com, un intellectuel musulman ose ouvertement le parallèle : L’État islamique d’Iraq et Syrie et le projet sioniste

Cette démarche va évidemment se coupler à celle, expansionniste, du Capital arabe/musulman qui la finance et l'arme et va (dès lors) se chercher des "justifications" dans les textes sacrés pour prendre une tournure réactionnaire ultra-violente et fasciste, absente chez les quelques (rares et sympathiques) communautés rasta ayant pu s'installer en Afrique mais en revanche bien présente dans la colonisation et le "nettoyage" ethnique de la Palestine par les sionistes (bien que nous ayons Etat islamique Raqqalà un cas de "barbarie" "mentalisable" et donc finalement acceptable par les esprits occidentaux), l'idéologie puisant là aussi ses "justifications" dans l'Ancien Testament (bien que s'affichant - au début du moins - "laïque" et même "socialisante" devant des masses juives d'Europe séduites par les idées progressistes).

Cette logique a été vigoureusement combattue, en ses lieux et temps, par les marxistes juifs (Bund et léninistes) pour le sionisme et par les grands dirigeants communistes noirs américains comme Harry Haywood et C.L.R. James, Robert F. Williams puis les Black Panthers pour le Back to Africa ; dans une compréhension correcte que c'est seulement l'absence de réponse révolutionnaire et rationnelle à l'oppression subie qui entraîne les masses vers des réponses réactionnaires, irrationnelles et mystiques (qui sont essentiellement l'intégrationnisme - négation de son identité d'opprimé pour tenter de nier l'oppression et d'obtenir quelques miettes de "reconnaissance" des oppresseurs, l'exemple de faillite le plus tragique étant sans doute celui des Juifs d'Allemagne et d'Autriche ; le repli "attentiste" et passif sur sa communauté ou la fuite vers l'"ailleurs" idéalisé - sionisme, garveyisme et maintenant émigration salafiste vers l'"État islamique").

Les militant-e-s révolutionnaires des colonies intérieures catégorisées "musulmanes" doivent à présent prendre à bras le corps ce phénomène de recherche de réponses dans la religion et (désormais) l'émigration vers une soi-disante "Terre promise de l'Islam", afin d'apporter une RÉPONSE COMMUNISTE aux questions que se posent ces personnes (de plus en plus nombreuses) des classes populaires.

trinquier.jpgDe l'autre côté et à la source de cette fuite en avant identitaire et réactionnaire (car il faut bien être clairs sur les liens de cause à effet), il y a la France de la vague bleue-et-bleue-marine du printemps dernier, la France de la haine raciste (en général) et anti-musulmane (en particulier) qui a motivé (selon leurs propres dires dans toutes les enquêtes) 99% des électeurs FN (un FN qui d'ailleurs, une fois n'est pas coutume, soutient l'intervention militaire occidentale contre l'"État islamique") et dont un "bon exemple" a été donné cet été par la petite ville de Wissous dans l’Essonne (tout près de l'aéroport d'Orly).

Il est intéressant de souligner ici que le maire Richard Trinquier n'est pas "n'importe qui" : il est le fils du colonel Roger Trinquier, dont la théorie de la guerre contre-révolutionnaire moderne s'est exportée jusque dans l'Amérique du Sud des Pinochet en consorts... Autant dire qu'en matière de "lutte contre l'ennemi intérieur", il en connaît plutôt un rayon ! :

Wissous, la ville où l'islam est pointé du doigt

Déferlante de haine islamophobe et raciste à Wissous, le maire responsable

valeurs actuellesLe battage autour de l'"islamisation" de notre bonne vieille "fille aînée de l’Église" apparaît encore une fois bel et bien (ainsi que nous le disons depuis des années) comme la grande mobilisation réactionnaire de masse de notre époque. Nous en avons déjà de nombreuses fois analysé les causes : le racisme, présent depuis qu'il existe une immigration extra-européenne significative en Hexagone, reflète la domination impérialiste européenne et française sur le "tiers-monde" et la PEUR devant la contestation croissante de cette domination par celui-ci, dont les "immigrés" sont perçus comme les "ambassadeurs" ; ce racisme s'est spécifiquement centré sur la religion musulmane depuis que ("révolution" iranienne, guerre civile algérienne et attentats de 1995 puis 11-Septembre 2001) les forces militant au nom de cette religion apparaissent comme les plus agressives ; on peut aussi évoquer dans les masses une crainte devant le "choc de modernité" (crainte d'un monde qui "change trop  vite") représenté par la "mondialisation", à laquelle l'immigration extra-européenne est associée ainsi que l'émergence d'acteurs internationaux non-européens dont (là encore) les pays musulmans sont perçus comme les plus inquiétants ; exactement comme la crainte devant le "choc de modernité" représenté par la "révolution" industrielle et la modernisation très rapide de la société entre 1800 et 1940 s'était projeté sur les Juifs, qui obtenaient au même moment l'égalité civile dans la plupart des pays d'Europe et connaissaient pour certains une vertigineuse ascension sociale - avant d'être perçus, aussi, comme l'"avant-garde" des "idées nouvelles" démocratiques, socialistes et communistes "menaçant" l'ordre social "millénaire"... Il n'est donc pas étonnant (même si c'est à combattre) que face à cela, comme face à l'antisémitisme principale mobilisation réactionnaire de masse lors de la première crise générale du capitalisme (années 1870-1940), une réaction populaire possible soit de dire "puisque nous sommes des 'merdes' ici, allons donc nous 'réaliser' loin d'ici sur une terre 'à nous', où nous serons entre gens comme nous, entre frères et sœurs, avec nos valeurs et pas celles des autres qui nous détestent" etc. etc. !

extermination.jpgParallèlement (et en illustration) à tout cela (à ce fond d'ambiance), on notera que des amendes d'un montant "exorbitant" de... 3.000 euros (même pas un mois voire un demi-mois de revenu pour ces personnes) ont été prononcées contre Christine Tasin (de "Résistance républicaine" et "Riposte laïque") pour avoir proclamé et revendiqué sa haine des musulmans ainsi que contre le maire CNIP de Cholet, Gilles Bourdouleix, pour avoir déclaré au sujet des Rroms que "Hitler aurait dû finir le travail" (!!). Voilà qui devrait suffire (si c'était nécessaire) à illustrer la MASCARADE qu'est la "lutte" bourgeoise "républicaine" contre les idées fascistes, sauf dans certaines circonstances très particulières comme une "bouseuse" FN des Ardennes qui s'en prend à une ministre guyanaise (et encore a-t-il fallu un tribunal guyanais pour cela...) ou un "comique" afro-descendant antisémite... et le RIDICULE de voir dans l’État "républicain" un allié potentiel contre le fascisme !

L'antifascisme venu du cœur des classes populaires, lui, vient encore de donner un exemple lumineux à Calais face à quelques centaines de fascistes venus cracher leur haine des prolétaires migrants (qui s'entassent autour de cette ville dans les conditions inhumaines que l'on sait) : http://quartierslibres.wordpress.com/2014/09/10/rassemblement-de-sauvons-calais-racisme-autorise-solidarite-interdite/

facebook2.jpgfacebook-copie-1.pngwissous-saison4

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11 septembre 2014 4 11 /09 /septembre /2014 09:04

 

Tout y est : liens avec le crime organisé (cette forme spécifique de capitalisme aux règles antiquo-médiévales et non "modernes", "des Lumières" comme le capitalisme principal) mais aussi avec les partis de pouvoir et en particulier la droite berlusconienne (se présentant même aux élections sur ses listes), trafics en tout genre (drogue, pierres précieuses), extraction sociale plutôt aisée des cadres et des militants, appui à des rébellions armées soutenues par l'impérialisme occidental contre ses rivaux, etc. etc. en dépit de la posture "révolutionnaire" affichée.

L'Italie étant devenue ces dernières années le "laboratoire" de l'extrême-droite européenne, voilà qui devrait faire méditer ceux qui voient dans le FN et ses affidés une force "révolutionnaire" ou en tout cas "qui ne dit pas plus de conneries que les autres"... mais aussi ceux qui nient que le fascisme jaillisse de l’État et du Capital dans ce qu'ils ont du plus profond ! 

Casapound : chemises noires, poudre blanche et brillants

Casapound est une organisation d’extrême droite qui prétendait construire le « Fascisme du Troisième millénaire ». Depuis le 3 juillet dernier et le meurtre de Silvio Fanella, on sait désormais que derrière cette étiquette se cache une organisation qui a d’autres activités que la seule promotion du folklore fasciste italien. Les enquêtes qui se déroulent en ce moment, font apparaître clairement que la direction de Casapound et certains membres influents de l’extrême droite italienne sont impliqués dans des affaires criminelles de grande importance. Silvio Fanella était le « caissier » de Gennaro Mokbel, militant fasciste de longue date récemment condamné pour escroquerie et détournement de fond et trafic d’influence.

Gennaro Mokbel assigné à résidence
Gennaro Mokbel assigné à résidence

Mokbel est aussi en lien avec des familles ‘ndranghetistes (mafia calabraise).

Gennaro Mokbel et Franco Pugliese un "chefs supposés" devant un gâteau aux couleurs du PDL (parti de Silvio Berlusconi)
Gennaro Mokbel et Franco Pugliese un "chefs supposés" devant un gâteau aux couleurs du PDL (parti de Silvio Berlusconi)

Ce meurtre et l’enquête qui en découlent viennent briser l’image de militantisme alternatif que Casapound s’était créée en mettant en scène tout ses faits et gestes à grand renfort de communication sur le web. Gianluca Iannone, leader de Casapound, a nié que le tueur puisse avoir un lien avec son organisation, comme à chaque fois qu’un de ses militants tue quelqu’un. Et comme à chaque fois, les faits lui ont donné tort.

Giovanni Battista Ceniti, un des trois responsables du meurtre de Silvio Fanella et responsable de Casapound Verbania jusqu'en 2012
Giovanni Battista Ceniti, un des trois responsables du meurtre de Silvio Fanella et responsable de Casapound Verbania jusqu’en 2012

En revanche il n’a sans doute pas d’explication quant à  la présence de diamants issus d’un trafic clandestin trouvés dans la maison de campagne de Fanella lors de l’enquête qui a suivi son meurtre. En quelques années, ce groupe est devenu l’exemple à suivre pour bon nombre de ses homologues européens et notamment français. Différentes tendances allant des « Jeunesses Nationalistes » à « Égalité & Réconciliation », en passant par les Identitaires ou la mouvance skinhead autour d’Ayoub et le MAS ont tous voulu avoir les faveurs et l’attention des militants transalpins. Durant des années, le nec plus ultra pour les militants nationalistes de toutes obédiences était d’avoir une reconnaissance publique des militants de Casapound. Même un vaniteux comme Soral disait que s’il était italien il serait membre de Casapound.

Casapound a été fondée officiellement en 2008 à Rome et a connu un développement rapide ces dernières années. Ceci est tout dû à la politique d’équidistance pratiquée par les sociaux-libéraux qui dirigeaient la municipalité et qui ont permis à ce mouvement d’ouvrir des centres sociaux et ainsi de se structurer sur le territoire. Les « socialistes » italiens considéraient que les « extrêmes » étaient à traiter de la même manière.

Gianni Alemanno jeune
Gianni Alemanno jeune

Puis Casapound a connu un essor considérable lors du dernier règne de Berlusconi et surtout à Rome lorsque Gianni Alemanno était maire : le petit mouvement a été protégé et arrosé financièrement. Il a bien grossi et semble avoir pris goût à l’argent et au pouvoir.

Ce mouvement qui s’est donné des airs « populaire » et « canaille » est constitué majoritairement de personnes issues de classes sociales aisées (la percée du Blocco Studentesco , branche étudiante de Casa Pound, lors des élections a eu lieu dans les conseils d’écoles privées).

Les dirigeants de Casapound aiment leur confort autant que la violence. Cette violence, ils l’ont exercée dans un premier temps sur les militants de gauche parlementaire molle et sur les immigrés.

Cette violence fasciste a pour marque de fabrique la cocaïne et les armes. Elle s’épanouit dans les virages de supporters, dans les quartiers périphériques des villes. C’est logiquement que « les fascistes du troisième  millénaire » ont fait de l’argent sale.

Ils sont issus des beaux quartiers et connaissent les milieux d’affaires mais ont aussi des réseaux dans la rue, les virages de stade, des connexions avec le monde politique italien, et un réseau international. Le col blanc et la chemise noire vont bien ensemble, ils permettent de faire un maximum de profits.

Gianluca Ianonne en Birmanie
Gianluca Ianonne en Birmanie 

Karens avec le drapeau de Casapound
Karens avec le drapeau de Casapound

Parfois ils mettent des habits de brousse et prétextent faire de l’humanitaire (comme leurs collègues français) en Birmanie auprès des Karens chrétiens. On note au passage que la Birmanie est située dans le triangle d’or et qu’on y trouve des diamants. Cela n’a pas échappé, semble-t-il, aux fascistes du troisième millénaires et à leurs associés.

Depuis trois ans, cette violence s’abat désormais aussi sur les militants d’extrême droite. Andrea Antonini, vice président du mouvement Casapound, se faisait « gambizzare », c’est à dire tirer une balle dans la jambe. Alors que Casapound se vantait en vitrine de faire le ménage dans un monde « moderne » corrompu, en coulisses les activités criminelles commençaient à se multiplier comme en attestaient les règlements de compte à caractère crapuleux.

Andrea Antonini
Andrea Antonini

Des vieux militants fascistes des NAR des années de plomb comme Massimo Carminati (lui aussi impliqué dans cette affaire) ont fait le lien avec la nouvelle génération militante et les organisations mafieuses.

Massimo Carminati
Massimo Carminati

Lorsque le financement par Berlusconi et ses sbires s’est tari, cela a incité cette mouvance à chercher de nouvelles formes de revenus (la peur du déclassement, sans doute).

Casapound et l’extrême droite italienne en général ont fini par converger avec les organisations mafieuses. Les tiraillements générés par le partage de l’argent sale ont fait craquer le vernis « respectable » de Casapound.

C’est ainsi que le 3 juillet 2014 le masque d’une alternative « fasciste » au libéralisme économique est tombé. Le meurtre de Silvio Fanella et l’arrestation d’un de ses meurtriers blessé sur le lieu de l’homicide ont permis de découvrir ce que beaucoup de gens faisaient semblant d’ignorer : les braves militants nationalistes trempent dans les activités criminelles les plus sales. Trafic de drogue, extorsion de fond, vols à main armée, blanchiment, escroquerie et même trafic de pierres précieuses.

 L’extrême droite italienne fait partie d’un réseau mafieux : le fasciste du troisième millénaire est en fait une sorte de yakuza, soit un nationaliste qui cherche un alibi moral à ses activités criminelles.

Durant des années, les fascistes ont clamé qu’ils étaient à la fois une alternative à la démocratie parlementaire et surtout des incorruptibles face aux organisations criminelles. C’était un beau slogan publicitaire, dans les faits les relations entre militants fascistes et organisations criminelles existent de manière régulière depuis au moins les années de plomb. Ils ont été le bras armé de la « Démocratie Chrétienne » et donc des USA dans la lutte contre le communisme.

Pour le pouvoir en place, dans un pays avec des structures étatiques faibles, les fascistes et les organisations criminelles ont été les fers de lance de la lutte contre les luttes sociales et les mouvements de gauche. L’extrême droite italienne est un hybride du squadrisme et du crime organisé : un agent de conservation de l’ordre social extrêmement agressif.

L’esthétique et l’éthique fasciste et mafieuse se confondent : violence, ascension personnelle économique fulgurante pour ceux qui sont fidèles à l’organisation. La posture de rebelle qui ne remet pas en cause les injustices sociales mais permet, à grand renfort de prise de cocaïne et avec un couteau, de croire qu’on devient quelqu’un en s’en prenant à son prochain, s’est imposée au cours de la dernière décennie. Massimo Carminati ancienne figure du terrorisme d’extrême droite, braqueur de banque notoire a par exemple fait partie de la « Banda della Magliana » et sa vie a inspiré le personnage d’Il Nero de « Romanzo Criminale ».

Entre passages à tabac et exécutions de militants politiques et syndicaux, actions contre les immigrés et leurs soutiens ou la mise en place d’attentat terroristes, sans parler des contacts avec les services secrets du temps de la guerre froide, les parallèles ne manquent pas entre le libéralisme économique sauvage pratiqué par les mafias et la défense des intérêts italiens à coups de couteaux ou de flingue par les fascistes.

Il y a donc une certaine fatalité à voir aujourd’hui les chemises noires devenir un maillon de la chaîne du crime organisé qui empoisonne la vie quotidienne de millions de personnes.

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10 septembre 2014 3 10 /09 /septembre /2014 08:30

HISTOIRE INVENTÉE DE TOUTES PIÈCES pour "faire du buzz" autour de la petite secte "postmofasciste" "Futur Rouge", sur laquelle a été publié le (long) texte de mise en garde suivant :

http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/une-critique-politique-de-futur-rouge-a127998920

Nous laissons en ligne l'article suivant, en gage de notre bonne foi et preuve de nos dispositions tout à fait amicales vis-à-vis de ce groupe à l'époque des pseudo-"faits" (contre tout mensonge voulant que nous les aurions "toujours poursuivis de notre haine"...).

 

N'attendons rien d'un appareil d’État bourgeois qui vient de libérer le meurtrier de Clément Méric ; COMPTONS SUR NOS PROPRES FORCES !

Il y a un peu plus d'un an, en août 2013 (ce que bien sûr des abrutis ne manqueront pas de souligner, "pourquoi elle a attendu un an non mais franchemeeeeent", comme si les choses étaient psychologiquement faciles après un tel crime !), une militante communiste et antifasciste de l'Organisation communiste Futur Rouge était violée par un fasciste de sa ville comme le racontent aujourd'hui ses camarades de lutte :  

"Salope de gauchiste, pute d'antifa" : c’est ce qu’a dit un militant fasciste à notre camarade Lucie pendant qu’il la violait, le 9 août 2013, dans la rue, alors qu’elle était à une soirée.
Pour protéger notre camarade, nous protégerons son anonymat. Nous ne donnerons pas plus de précisions, ni nom, ni localité et nous vous demandons de respecter ce choix nécessaire.
C’était clairement une attaque ciblée contre une militante antifasciste dont l’objectif était de briser le développement d’une activité antifasciste dans sa ville en la brisant elle. Ce qui a doublement échoué. C’était aussi un message adressé à l’ensemble des militant-e-s antifascistes de l’État français.
C’est son choix de dénoncer le crime dont elle a été victime et ce choix est une autre preuve de son courage exemplaire que nous saluons. Notre camarade souffre de séquelles physiques à vie.

Nous avons donc affaire à un crime (ce qu'est le viol) et plus particulièrement à un crime POLITIQUE, un crime DE GUERRE puisque c'est bien en guerre que nous sommes avec les fascistes, l'extrême-droite et les ultra-réactionnaires de tout poil, nos ennemis politiques et de classe les plus irréductibles - la différence étant que nous sommes le plus grand nombre qui veut se libérer de l'exploitation et de toutes les formes d'oppression et non les miliciens d'une minorité qui exploite et opprime le plus grand nombre, aussi n'avons-nous pas besoin de la barbarie comme instrument de terreur de masse dans notre combat : nous n'exerçons la violence révolutionnaire que comme autodéfense et justice du Peuple.

La militante victime de ce crime politique refuse d'en appeler à la police et à la "justice" bourgeoise, et s'en explique avec une dignité admirable :

ACAB

Notre camarade Lucie, violée par un fasciste au mois d’août 2013, souhaite expliquer pourquoi elle ne portera pas plainte. Nous souscrivons bien entendu à cette déclaration et c’est avec fierté que nous la publions. Solidarité avec les victimes de violences policières, avec les prisonnier-e-s !

Quand on me dit « police » j’ai la nausée, quand je les vois je suis énervée. Pourquoi ? Parce que, pour moi, ce sont les nervis du Capital, ce sont mes ennemis au quotidien, ce sont eux qui nous matraquent, qui nous expulsent, qui nous arrêtent, qui nous frappent, qui parfois nous violent ou nous tuent aussi. La police n’est et ne sera jamais mon alliée. Je ne cesserai jamais de les haïr. La bourgeoisie leur donne le pouvoir de s’adonner à leur pulsion barbare.

• Jeudi 21 Août 2014, des policiers traînent de force un algérien de 51 ans sous le coup d’un arrêt d’expulsion qui meurt « d’asphyxie » selon le parquet… Qui considère cette mort comme a priori accidentelle…
• Le 21 avril 2014 les militant-e-s de la CREA (Campagne de Réquisition, d’Entraide et d’Autogestion) de Tolosa sont réprimés pendant l’ouverture de deux maisons dans le quartier de la Roseraie. Encerclé-e-s par une centaine de flics, les occupant-e-s décident de partir en évitant les arrestations. Pourtant les militant-e-s désigné-e-s comme CREA sont violenté-e-s par les flics : matraques, lacrymo, grenades de désencerclement… un militant prend une balle de LBD 40 dans la tête, plus de la moitié des os du visage explosent. Quatre personne ont été mises en garde à vue, puis relâchées.
• Le 31 Octobre 2013, un couple arrêté après la violente répression de l’émotion déclenchée par un verdict au tribunal de Cergy, un couple est victime de violences policières et ISMAHENE est menacée de viol par les policiers. C’est le couple qui est accusé d’outrage.
• Le 6 février 2013, à Strasbourg un métallurgiste d’Arcelor Mittal venu manifester perd l’usage de son œil suite à un tir de flashball.
• Le 31 décembre 2011, la police clermontoise s’acharne sur WISSAM EL-YAMNI qui tombe dans le coma puis meurt. Aucune justice n’a été rendue à sa famille.
• En 2010, la police suisse abat au fusil mitrailleur UMUT, un jeune kurde, pour vol de voiture, blanchit les assassins et réprime son frère jumeau et l’un de ses amis.
• Le 9 mai 2008 à Grasse, ABDELHAKIM AJIMI meurt lors d’une interpellation. Pourtant condamnés à des peines de 18 et 24 mois de prison, les policiers sont toujours en poste.
• Ce même mois JOSPEPH GUERDENER est assassiné de trois balles dans le dos par un gendarme alors qu’il tentait de s’échapper de la gendarmerie de Draguignan. La Cour d’assises de Draguignan a jugé qu’il avait accompli « un acte prescrit ou autorisé par les dispositions législatives ou réglementaires ». Détail ayant son importance : Joseph était gitan.

Les flics, c’est un danger pour les personnes prostitué-e-s, ils profitent de leur situation précaire pour en faire leurs victimes, en sachant très bien combien ce sera compliqué pour elles et eux de réclamer justice.

En tant que victime, je pourrais me dire que porter plainte est un bon choix. Après tout, la justice est censée faire son travail sans discrimination. Mais la réalité est tout autre... LIRE LA SUITE >>

Mais bien sûr, il ne s'agit absolument pas de "garder le silence" sur ce crime abominable. Il s'agit au contraire de le faire absolument connaître, de construire la solidarité la plus large dans les classes populaires et que cette solidarité devienne haine implacable pour son auteur, ses comparses et le fascisme dont ils sont des militants (en plus, évidemment, de la haine générale pour le viol comme crime sexiste) ; un fascisme dont la montée n'est plus un secret pour personne (et il faut considérer que quelque part, chaque fois qu'il fait X% aux élections, il est en quelque sorte "X% au pouvoir") et dont il faut dévoiler au grand jour et le plus largement possible le vrai visage, celui de la pire barbarie comme instrument "normal" de domination :
Solidarité avec notre camarade Lucie, violée par un fasciste !

(en anglais) Solidarity with our comrade Lucie, raped by a fascist !
Rassemblement pour Lucie à Tours

On notera "pour archives" (comme ils disent) que le 'p''c''mlm' en a encore "profité" pour prendre une position ignoble : L'inacceptable position du groupe «futur rouge» au sujet d'un viol commis par un fasciste ; position qui ne mérite même pas l'effort intellectuel d'une réponse point par point tant le texte parle de lui-même, surtout quand on le met en parallèle avec la dignité de la camarade victime. Étalage à tous les niveaux de leur complaisance (pour ne pas dire servilité) envers les institutions "républicaines" bourgeoises (soi-disant "antifascistes"), où l'on découvre stupéfait que la police et la justice du Capital peuvent être des... "alliés" dans une affaire de crime POLITIQUE contre une militante révolutionnaire (rien que le texte de celle-ci égrène pourtant les contre-exemples) ; incapacité du RESPECT le plus élémentaire envers la victime d'un tel acte quand bien même on ne partagerait pas sa position ; transformation des révolutionnaires victimes des fascistes (contrairement à eux qui ne "militent" que devant un ordinateur) en... "cinquième colonne" de celui-ci ; et même occasion d'un énième vomi islamophobe alors que les agressions de femmes musulmanes portant le voile se sont multipliées ces derniers temps et que tout le monde sait très bien que le prochain cap franchi sera un viol, car parmi les choses que les fascistes ne supportent pas dans le voile musulman, il y a le fait que ces femmes les privent de la vue et de la jouissance de leurs corps.

C'est que les évidences et les faits intangibles rappelés par Lucie sont un cinglant démenti à leurs positions fondamentales : NON la République bourgeoise ne fait pas "face" à un fascisme qui l'assaillirait "de l'extérieur" (et contre lequel il faudrait la "défendre" comme "moindre mal") ; NON sa flicaille (dont un certain Alain S. aime d'ailleurs tant revêtir l'uniforme) n'est pas l'"alliée" - même "potentielle", même "à l'occaze" ! - des classes populaires contre ce prétendu "assaut" ; le VRAI fascisme vient du cœur même de la République bourgeoise et de son idéologie pourrissante ! L’État bourgeois "républicain" est "antifasciste" lorsque des dieudonnistes ou des islamistes (positions politiques dont nous ne répèterons pas pour la 100e fois notre rejet) défendent des positions géopolitiques ouvertement antagoniques avec celles de la fraction bourgeoise au pouvoir (positions qui conduisent généralement à l'antisémitisme, mais ce n'est même pas cela qui est déterminant) ; à la rigueur lorsqu'une ministre afro-descendante est attaquée de manière extrêmement primaire par une candidate locale FN (et encore faut-il pour cela un tribunal de Guyane, pays majoritairement peuplé d'afro-descendants... à voir si un tribunal de "métropole" aurait pris la même décision !) ; mais lorsque des fascistes/racistes BLANCS agressent, violent ou même TUENT des "minoritaires visibles" ou des "gauchistes" IL S'EN FOUT COMPLÉTEMENT, sans même parler de quand il s'agit de ses propres flics... et quoi de plus "normal" lorsque l'hégémonie intellectuelle qui sous-tend ces actes, à coup de Zemmour et de Rioufol, de Finkielkraut et de Xavier Raufer, de "Riposte laïque" et de Valeurs Actuelles, a pignon sur rue au quotidien !

Décidément, il n'y a que deux côtés à la barricade et celui où se trouve le 'p''c''mlm' ne fait désormais plus aucun doute pour la moindre personne progressiste.

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31 août 2014 7 31 /08 /août /2014 14:25

 

Le FPLP, qui vient de passer 50 jours sous les bombes sionistes en Palestine, exprime sa solidarité avec la lutte des Noirs aux États-Unis suite aux évènements de Ferguson :

Quartiers Libres : l'Empire s'effondrera de l'intérieur

Le FPLP salue la lutte des Noirs aux États Unis :  L’Empire s’effondrera de l’intérieur

michael Brown Mohammad Abou Khdeir

À la lumière de l’assassinat par la police du martyr Michael Brown et de la lutte en cours à Ferguson, dans le Missouri, aux États-Unis, le Front Populaire de Libération de la Palestine salue et soutient fermement la lutte incessante des Noirs et de toutes les communautés opprimées aux États-Unis. Lors d’un entretien avec les médias du FPLP, le camarade Khaled Barakat a déclaré que « la brutalité policière, l’oppression et le meurtre dirigés contre le Peuple noir aux États-Unis, et contre les Latinos, les Arabes et les Musulmans, les gens de couleur et les pauvres n’ont jamais été de simples « erreurs » ou des « violations des droits individuels » mais font plutôt partie intégrante d’un racisme intégral et systématique qui reflète la nature du système politique étatsunien ». « Chaque fois qu’un crime est commis contre le Peuple noir, il est expliqué qu’il s’agit d’un « incident isolé », mais quand vous voyez le nombre considérable d’« incidents isolés » la réalité ne peut plus être occultée : il s’agit d’une politique ininterrompue qui demeure violemment raciste et oppressive. L’empire américain a été construit sur le dos des esclaves noirs et le génocide du Peuple noir ainsi que sur la colonisation et le génocide des peuples indigènes », a ajouté Barakat. « Les habitants de Ferguson résistent, héritiers d’une longue tradition de résistance noire, et nous soutenons leur résistance légitime à l’oppression raciste. » « De même que les peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du monde Arabe sont les témoins de la brutalité des États-Unis en dehors de ses frontières, ces communautés sont confrontées à l’oppression raciste et coloniale à l’intérieur de ses frontières. Ces deux phénomènes sont  inextricablement liés », a déclaré Barakat.

FergusonPolice

« Nous voyons également l’exploitation et le pillage par les États-Unis des ressources des peuples à travers le monde. Et aux États-Unis, les Africains, les Latinos, les Philippins, les Afghans, les Arabes qui ont subi la guerre et l’impérialisme des mains des États-Unis en dehors de leurs frontières sont les mêmes communautés qui font face à la criminalisation, la brutalité, l’exploitation, l’isolement, les meurtres et les assassinats des mains de l’État. Nous voyons la chasse aux migrants et aux réfugiés à l’intérieur des États-Unis après que leurs pays ont été ravagés par l’impérialisme, la guerre et l’exploitation par les mêmes forces dirigeantes. » Barakat a souligné que « l’emprisonnement de masse et l’incarcération ont été un outil central du contrôle raciste aux États-Unis. Un homme noir sur trois y sera emprisonné ; toutes les 28 heures, une personne noire est tuée par l’État ou par une personne protégée par l’État. Les Palestiniens connaissent bien l’utilisation de l’emprisonnement de masse pour maintenir la domination raciste et l’oppression. Briser les structures racistes de l’emprisonnement est crucial pour notre mouvement de libération. Nous saluons Mumia Abu-Jamal[1] et tous les prisonniers politiques du mouvement de libération noire dans les prisons américaines et nous appelons à leur libération immédiate. » Barakat a de plus ajouté que « depuis les premiers temps du mouvement noir aux États-Unis, des esclaves en révolte pour la liberté jusqu’au mouvement pour les droits civiques et au-delà, le peuple, les organisations et les mouvements noirs ont été confrontés à une impitoyable répression étatique, au ciblage, à l’incarcération et aux meurtres des mains de l’État. Les agences de renseignement intérieur américaines telles que le FBI, qui dirigent la répression d’État contre les communautés Palestiniennes et Arabes, ont eu pendant des années pour objectif principal l’attaque des mouvements, des dirigeants et des communautés noires. » Le racisme, la pauvreté et l’oppression sont les réalités premières rencontrées par les nations et les communautés opprimées aux États-Unis.

Le Peuple noir aux États-Unis est en fait en état de siège. Et de la même façon que nous exigeons la fin du siège pour notre peuple palestinien, à Gaza et partout ailleurs, nous exigeons la fin du siège du racisme et de l’oppression institutionnalisés dans l’éducation, le travail, les services sociaux et tous les domaines de la vie, et nous soutenons les mouvements noirs en lutte pour mettre fin à ce siège. « Quand nous voyons aujourd’hui les images qui parviennent de Ferguson, nous voyons une autre Intifada émerger dans la longue lignée des Intifadas et des luttes qui ont été menées par le peuple noir aux États-Unis et au niveau international. Le mouvement de libération nationale Palestinien salue le mouvement de libération noir, et a beaucoup appris des expériences de Malcolm X[2], Martin Luther King[3], Frederick Douglass[4], des Black Panthers, de Sojourner Truth[5], et des générations de révolutionnaires noirs qui ont ouvert la voie dans la lutte pour la libération et l’autodétermination », a déclaré Barakat. « La lutte au sein même des États-Unis fait partie intégrante de la lutte contre l’impérialisme – et plus, il s’agit d’une lutte centrale, car elle se déroule dans le ventre de la bête. C’est aussi le cas de la lutte des peuples Indigènes et des nations d’Amérique du Nord, où les pouvoirs coloniaux se sont construits à la fois par le vol des terres et par le génocide, mais où les peuples Indigènes ont toujours résisté et continuent de résister encore aujourd’hui », a-t-il dit. « Chaque victoire à l’intérieur des États-Unis et chaque conquête politique par des mouvements populaires et des luttes de libération est une victoire pour la Palestine et une victoire pour un monde de la libération des Hommes. Ceux qui pensent que le destin des peuples aux États-Unis est lié aux partis de la classe dirigeante, les Républicains et les Démocrates, et ce jusqu’à la fin des temps, ceux-là vivent dans l’illusion. De même que ceux qui croient que la Palestine peut conquérir sa liberté en recherchant des alliances ou des garanties de la part de ceux qui oppriment le Peuple noir », a déclaré Barakat.

policeFerguson

« La lutte noire conduit le monde vers la lutte pour un système politique alternatif qui mènera l’Empire américain à la défaite. Nous savons que cela n’arrivera que par la lutte, par l’organisation du peuple, émergeant à travers les soulèvements et la colère des communautés contre l’injustice » a déclaré Barakat.« Le mouvement anti-raciste et le mouvement anti-sioniste ne sont pas et ne peuvent pas être séparés. Se battre contre le racisme signifie se battre contre le capitalisme ; se battre contre le capitalisme, c’est se battre pour le socialisme », a déclaré Barakat. « Le Front encourage tous les Palestiniens, et en particulier notre communauté palestinienne aux États-Unis, à poursuivre et à intensifier leurs efforts en faveur du mouvement de libération Noir, à se joindre aux actions de soutien à Ferguson et en l’honneur de Michael Brown, à maintenir à long terme une lutte commune et une solidarité mutuelle avec le mouvement Noir. Il existe une longue histoire de cette œuvre commune, et il est essentiel pour l’ensemble de nos communautés d’élargir et d’approfondir nos liens de lutte et de solidarité. » Le FPLP envoie ses salutations révolutionnaires, son message de solidarité et ses saluts au peuple de Ferguson en lutte, sur les lignes de front s’opposant à l’empire américain, et aux générations successives de la lutte noire. Notre mouvement de libération de la Palestine et le mouvement de libération noir font partie d’une seule et même lutte. Cela a été une position de principe pour le Front depuis sa fondation ; nous réaffirmons cette position aujourd’hui et nous le ferons jusqu’à ce que nos deux peuples — et notre monde — soient libérés.

1. NdT : Mumia Abu Jamal, prisonnier politique noir américain emprisonné depuis 1981, ancien membre du Black Panther
Party. Son combat s’inscrit toujours dans la lutte anti-carcérale et de libération noire.
2. NdT : Malcom X, noir américain militant du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis, assassiné en 1965.
3. NdT : Martin Luther King, pasteur militant pacifiste du mouvement pour les droits civiques, assassiné en 1968.
4. NdT : Fréderick Douglass, homme politique et écrivain noir américain, né esclave, militant abolitionniste, mort en 1895.
5. NdT : Sojourner Truth, militante abolitionniste noire américaine, née esclave, morte en 1883 

Déclaration (PDF) du FPLP: FPLPFerguson

Fondé en 1967 sous la direction de Georges Habache et Ahmed Jibril, le Front Populaire de Libération de la Palestine est une organisation palestinienne révolutionnaire combattant le sionisme et le capitalisme.

Traduit par les Éditions Premiers Matins de Novembre pmneditions@gmail.com

***************************************************************************************

Et pendant ce temps là, voilà que de son côté Aymeric Chauprade, "Monsieur géopolitique" du FN, tête de liste en Île-de-France aux européennes et intellectuel qui "compte" pour les pseudo-"antisionistes" de Soral & co, affiche son soutien "de raison" à Israël et au sionisme contre l'"ennemi principal" qui ne peut être que le "fondamentalisme islamique sunnite" en dehors de l'Hexagone et "l'extrême-gauche pro-palestinienne, la racaille de banlieue et les islamistes" (traduire : les révolutionnaires conséquents et les colonies intérieures conséquences et incarnations de la domination impérialiste bleu-blanc-rouge sur la planète) à l'intérieur :

L'honneur de la France selon Chauprade, Soral et Cie

Depuis maintenant plus de 5 ans, celles et ceux qui s’autoproclament « dissident.e.s » n’ont eu de cesse d’affirmer une posture alternative : celle d’un nationalisme français qui serait compatible avec une lutte contre l’impérialisme américain et les Juifs (a.k.a. « la Banque » ou le sionisme, pour échapper aux procès). Tout a été enrobé dans un baratin confus mais avec des mots compliqués pour donner une apparente consistance à ce qui était « la pensée » révolutionnaire du moment. Un charabia qui rendait possible dans des raisonnements compliqué l’unité entre Pétain, De Gaulle, l’OAS et le PCF au nom du génie français.

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Il a fallu trouver des experts afin de justifier les contresens historiques, la négation de la chronologie et les contradictions de ce discours. C’est ainsi que sont apparus des référents idéologiques qui validaient ces thèses délirantes. Bien qu’estampillée « trans-courants », cette mouvance n’a reçu l’appui que de personnes appartenant aux droites radicales: les Soral & cie n’ont contribué à rien d’autre qu’à mettre en scène et donner en spectacle les débats des différents courants d’extrême droite.
Ce spectacle a fonctionné, à grand renfort de clash, de conférences et d’interviews à rallonge, de conférences chez Dieudonné. Dieudonné, caution politique et raciale, qui a permis à toute la famille des droites radicales de diffuser à un plus large public son racisme et sa vision de la hiérarchie sociale.
Une sorte de « mal-éducation populaire » via une PME d’internet, sponsorisée et orchestrée par le FN (du moins le cercle proche de Marine Le Pen) qui a compris que moins les gens comprennent pourquoi la situation se détériore, plus ils veulent taper sur leur voisin pour conserver leur « confort ». Génie français, quand tu nous tiens…

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Parmi les experts dont Soral a tressé les lauriers ou bien utilisé la parole avec leur caution, on trouve Aymeric Chauprade. Il suffit d’aller sur le site de l’entreprise de divertissement à caractère politique de Soral pour se rendre compte que Chauprade compte dans la fourniture de matériel idéologique auprès de cette mouvance.

Chauprade a été la tête de liste du FN en Île-de-France aux dernières élections européennes. Il n’est pas un simple compagnon de route, il oriente la « géopolitique du FN ». Il est aux commandes d’un parti qui peut accéder au pouvoir et dont les slogans polarisent la vie politique française depuis 1984 (immigration, islamisation, insécurité…).
Cette tête pensante du FN a écrit un communiqué déclarant que la France doit intervenir militairement pour sa sécurité et son honneur.
Où et quelle intervention ?
En Palestine, pour lutter contre le sionisme que prétend dénoncer Soral depuis qu’il vend ses salades sur le net ?
Au Kivu, pour aider les populations en proie à des violences et des massacres de masse ?
En Syrie ou en Lybie, pour aider les populations en pleine guerre civile ?
Non.

Il faut intervenir en Irak pour sauver les chrétiens. Parce que la France serait chrétienne :

« Mais il s’agit aussi d’une question d’honneur. Certes laïque, la France n’en est pas moins historiquement une nation catholique, fille aînée de l’Eglise. Elle a, depuis les Croisades et la libération du tombeau du Christ, un devoir particulier envers ses frères chrétiens d’Orient ».

La ligne est claire : la France est blanche et chrétienne. Ce qui la menace est forcément issu du tiers monde et de l’Islam, et ce qui fait atteinte à son honneur ce n’est pas la perpétuation de crimes contre l’humanité ou d’injustices mais qu’on puisse s’en prendre à des Chrétien.ne.s.

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Soral nous vendait l’oubli des crimes coloniaux et une réconciliation en s’acharnant sur les Juifs, et Chauprade, sa caution géopolitique, nous propose d’aller plus loin avec les Croisades comme ligne de mire et un alignement sur la politique américaine.
Comme quoi, pour beaucoup de dissident.e.s, la critique du 11 septembre n’avait pas pour but de remettre en cause l’impérialisme des Européen.ne.s et des Américain.e.s, mais de faire passer leur vision raciste de manière sournoise.

Les violences de masse à l’encontre des minorités religieuses et ethniques (Chrétien.ne.s, Kurdes, Yezidis…) incarnent à l’extrême le fiasco politique de l’impérialisme. La situation de cette région a des racines qui remontent au début du XXème siècle: mise en place de l’exploitation du pétrole par les Européen.ne.s, colonisation sioniste, colonisation européenne (tracé des frontières absurde), soutien aux pétromonarchies, intervention militaire étrangère…
Le FN qui veut aujourd’hui défendre les Kurdes n’a jamais fait preuve d’une quelconque sympathie en direction des mouvements de libération du peuple kurde. Le FN est resté fidèle à ses allié.e.s idéologiques dans la région , c’est-à-dire les forces politiques Chrétien.ne.s dont le mouvement le plus important et "présentable" est celui du Général Aoun (formé en France et aux USA) mais aussi composé des forces libanaises de Samir Geagea et des phalangistes chrétiens qui ont perpétré des crimes de guerre durant la guerre civile libanaise et à l’encontre des réfugié.e.s palestinien.ne.s sous le regard bienveillant d’Ariel Sharon (leur allié de l’époque).

Si le baratin de Soral est clairement orienté sur une ligne antisémite hostile aux Juifs, il n’est en rien opposé aux sionistes et au sionisme, puisqu’il encourage vivement les Juifs français à partir en Israël – donc à coloniser la Palestine – et qu’il est en phase avec Gilles William Goldnadel. Dans la réalité, ses supports idéologiques ont comme constante le choc des civilisations comme matrice idéologique: Poutine, son modèle politique, massacre les Musulman.e.s et soutient la politique israélienne. Les convergences d’intérêts existent entre le courant soralien et la LDJ, chacun ayant besoin de l’autre pour leur justification politique.

Extrait du Blog d’Aymeric Chauprade:

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Ce grand écart idéologique est devenu intenable, au point que le servile supplétif Mathias Cardet est obligé de prendre ses distances avec son patron.
Si l’honneur et la sécurité de la France ont, selon Soral et Chauprade, comme point commun l’appartenance à la chrétienté, c’est que dans les faits les droites radicales appartiennent malgré tout au même camp que les Américain.e.s dont ils ne sont pas les ennemi.e.s politiques mais les concurrents économiques.
La situation des Chrétien.ne.s d’Orient leur importe peu, c’est la vision d’une guerre de civilisation et la défense de l’impérialisme français, et plus largement occidentale, qui conditionne leur position et déclaration.

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C'est là encore un coup dur et un rude retour à la réalité pour la "dieudosphère" qui cherche depuis des années à lier l'affirmation des colonies intérieures d'Hexagone au Front National fasciste (sur la base, essentiellement, du préjugé antisémite et des valeurs patriarcales). Nous avions déjà abordé cette question dans un récent article : Quand le fantasme sert de réalité aux soraliens...

MÀJ mi-septembre : Soral hurle à la "trahison" de Chauprade dans une vidéo qui fait le tour du Net. Nous n'aurons pas grand chose à ajouter aux propos de Danielle Bleitrach ici : http://histoireetsociete.wordpress.com/2014/09/22/soral-le-vieux-pantin-qui-exhibe-ses-ficelles/ (petite précision car beaucoup de bruits ont couru, issus des milieux "anti-anti-impérialistes" : ce site est celui de Danielle Bleitrach, "révisio orthodoxe" ayant quitté le P'c'F en 2003, position politique que l'on peut ne pas partager donc mais ce n'est pas un site "soralien" ni "rouge-brun" ni rien de tout cela). Tous les masques tombent dans la panique d'un sinistre bouffon que l'on congédie après bons-et-loyaux-services, car il n'est plus (et n'a à vrai dire jamais été) dans le mainstream de la mobilisation réactionnaire de masse - celui qui rapporte le plus de voix, c'est-à-dire celui qui cogne sur l'immigré-racaille-assisté-musulman et le "péril islamiiiiiiste" plutôt que sur la "vision talmudiste du monde" et "l'axe américano-sioniste". Le mainstream en question s'en réjouit d'ailleurs : http://ripostelaique.com/soral-menace-le-fn-insulte-chauprade-et-calomnie-marine-et-aliot.html. Crépuscule grotesque d'un courant de pensée certes répugnant, certes ennemi de tout ce pourquoi nous nous battons, certes détourneur/stérilisateur terrible de consciences politiques émergentes, mais dont nous n'avons peut-être fait finalement (dans le sillage de tout un antifascisme) que trop parler. Ce "séisme" de la rupture Soral-Chauprade (donc Soral-FN définitive, puisque les trois quarts du discours de Soral portent sur la géopolitique et que la ligne géopolitique du FN c'est Chauprade) ne fait qu'apporter la confirmation finale à tout ce que nous avons dit et répété depuis des années, depuis cette curieuse époque où pour certains "maoïstes" et/ou "antifascistes" il ne fallait pas dénoncer les golpes contre certains gouvernements d'Amérique latine ou encore les crimes d'Israël contre les Palestiniens parce que vous comprenez, Soral et Dieudonné le faisaient aussi (alors...). Discours que l'on a d'ailleurs réentendu cet été lors de l'offensive sionarde contre Gaza, ou encore sur la question des russophones d'Ukraine... Enfin bref.

L'on pourra également vous inviter à lire ce cinglant article d'un blog anticolonialiste basé et luttant dans l'une des dernières colonies directes tricolores (la Réunion) ; autrement dit à qui on ne fait pas prendre des vessies "antisionistes" antisémites pour des lanternes anticapitalistes et anti-impérialistes :

Comprendre le colonialisme et le racisme : le cas d'Alain Soral

 

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DOSSIER PALESTINE (conflit de juillet 2014) :
Sionisme, islamisme et ennemi principal : quelques précisions
Post-scriptum important : le cas Feiglin
Le sionisme, "fils de France"
Au cas où il serait utile de le préciser...
Deux clarifications importantes
Flash info en direct : ils ont semé la hoggra, ils ont récolté l'Intifada !
Flash info - importance haute : la manifestation pro-palestinienne de demain à Paris est INTERDITE
Le problème avec la Palestine...
Grande manif contre les crimes sionistes à Paris (13/07)
Magnifique manifestation pour la Palestine à Tolosa, capitale d'Occitanie occupée
Petites considérations sur le sionisme et l'identification-"obsession" palestinienne
Considérations diverses : une mise au point nécessaire sur nos positions internationalistes et aux côtés des Peuples

juin 2014

POSITION DES COMMUNISTES RÉVOLUTIONNAIRES DE LIBÉRATION OCCITANE SUR LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET EUROPÉENNES DES PROCHAINS MOIS

L'affaire Dieudonné-Valls :
Plutôt bon article sur la ‘Déclaration de guerre de la République à Dieudonné’ (la pseudo-controverse réactionnaire entre l’antisémite dégénéré et les gardiens du temple républicain)
Quelques mises au point complémentaires (et conclusives) sur la ‘‘question Dieudonné’’ (et Dreyfus, le Front populaire, l’antisémitisme etc.)
Réflexion théorique : loi Gayssot, lois antiracistes et "mémorielles", "antifascisme" bourgeois etc., quelle position pour les communistes ?

Dossier Breizh :
Breizh : comment l'étincelle écotaxe a mis le feu à la lande
"Esclave", "identitaire", chouan, cul-terreux arriéré de service : pour paraphraser Césaire, "n'allez pas le répéter, mais le Breton il vous EMMERDE"
Considérations diverses – en guise de ‘‘petit debriefing’’ de ces derniers mois : Bretagne, fascisme, ‘‘Lumières’’ et Kaypakkaya… (point 1)
Considérations diverse (26/11/2013) : eh oui, Servir le Peuple a toujours quelques petites choses à vous dire ;-) (point 1)
Appel de la gauche indépendantiste bretonne (Breizhistance) pour le 30 novembre (avec notre critique de la position du ROCML)
Le Top Five des drapeaux qui n'ont PAS été inventés par un druide nazi  (mortel !)
Et en guise (provisoire) de conclusion : La Gauche indépendantiste bretonne revient sur la mobilisation de Karaez/Carhaix

Comité de Construction du PCR des Terres d'Òc : Déclaration du 11 Novembre

La phrase du moment :

"La tyrannie cessera parmi mon peuple ; il n'y aura que liberté, liberté toute nue, sans déguisement. Bouleversements d’États entiers : je les renverserai de fond en comble, il n'y aura rien de reste. Il va y avoir de terribles renversements de conditions, de charges et de toutes choses. Je veux faire un monde nouveau, je veux tout détruire. Je veux appeler à moi la faiblesse, je veux la rendre forte. Pleurez gens du monde, pleurez grands de la terre, vos puissances vont tomber. Rois du monde, vos couronnes sont abattues !"

Élie Marion, "prophète" et guérillero camisard cévenol, 1706.

Amb l'anma d'un Camisart, Pòble trabalhaire d'Occitània endavant !

 

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Grèce :

  • KOE ('maoïsant', allié à la gauche bourgeoise SYRIZA, en anglais) [dissous dans SYRIZA en 2013, publie maintenant Drómos tis Aristerás, en grec]
  • KKE(m-l) (marxiste-léniniste 'maofriendly', partie en anglais, le reste en grec)
  • ANTARSYA (Coordination de la gauche anticapitaliste pour le renversement, avec des trotskystes, des 'maos' etc., en grec)
  • ANTARSYA - France (site en français)
  • Laïki Enotita ("Unité populaire") - France (en français et en grec, scission anti-capitulation de SYRIZA, pour s'informer)
    EKKE (Mouvement communiste révolutionnaire de Grèce, 'maoïsant' et membre d'ANTARSYA, présentation en anglais, le reste en grec)

Karayib (Antilles-Guyane) & Larényon (Réunion) okupé : 

Monde arabe / Résistance palestinienne :

État turc / Kurdistan : 

  • Maoist Komünist Partisi (PC maoïste de Turquie/Kurdistan-Nord)
  • DHKP-C (ML, tendance 'guévariste')
  • TKP/ML (maoïste)
  • MLKP (ML, site francophone)
  • ATİK (Confédération des Travailleurs de Turquie en Europe, maoïste, en anglais)
  • Nouvelle Turquie (information et soutien à la Guerre populaire et aux luttes, en français) [ancien blog]
    Nouvelle Turquie (nouveau site)
  • YPG (Unités de Protection du Peuple, Kurdistan "de Syrie", en anglais)
    PKK (Kurdistan "de Turquie", site en anglais)
    PYD (Parti de l'Union démocratique, Kurdistan "syrien", site en anglais)
    ActuKurde (site d'information en français)

Afrique :

Asie & Océanie :

Antifa :

Action Antifasciste Bordeaux (plus mis à jour, mais "cave aux trésors")

AA Alsace (idem)

Union Révolutionnaire Antifasciste du Haut-Rhin (URA 68, page Facebook)

Collectif Antifasciste Paris - Banlieue

Action Antifasciste Paris - Banlieue

Montpellier Antifa

Collectif Antifasciste 34

Collectif Antifasciste Rennais (AntifaBzh)

Cellule Antifasciste Révolutionnaire d'Auvergne (CARA, page Facebook)

Carcin/Quercy Antifascista (page Facebook)

Occitània Antifascista (page Facebook)

Breizh Antifa (page Facebook)

Perpignan Antifa (page Facebook)

Action Antifasciste de Pau

Union Antifasciste Toulousaine

Ipar Euskal Herria Antifaxista (Pays Basque du Nord antifasciste)

REFLEXes - site d'informations antifascistes

La Horde, portail d'information antifa

Rebellyon - rubrique "Facho"

Redskins Limoges

Droites extrêmes - blog Le Monde (site d'information bourgeois bien fourni, parfait pour le "watch")

Document : Ascenseur pour les fachos (série de 6 vidéos Youtube, Antifascisme.org, site social-démocrate)

 

Guerre pop' - Asie du Sud :

Inde Rouge (nouveau site "officiel" francophone)

Comité de Soutien à la Révolution en Inde

Comité de solidarité franco-népalais

Fil d'actu "Inde - Népal" du Secours Rouge - APAPC

J. Adarshini (excellent site en français)

Revolution in South Asia (en anglais)

Maoist Resistance (guérilla maoïste indienne - en anglais)

NaxalRevolution (Naxalite Maoist India, en anglais)

Banned Thought (en anglais)

Indian Vanguard (en anglais)

The Next Front (Népal - anglais)

Signalfire (sur la GPP en Inde et aux Philippines, le Népal et les luttes populaires dans le monde - en anglais)

Communist Party of India (Marxist-Leninist) Naxalbari (a fusionné avec le PC d'Inde maoïste le 1er mai 2014)

New Marxist Study Group (maoïste, Sri Lanka)

Parti communiste maoïste de Manipur (page Facebook)

 

Guerre pop' - Philippines :

Philippine Revolution (en anglais)

The PRWC Blogs

(tous deux remplacés apparemment par ce site CPP.ph avec notamment les archives d'Ang Bayan, l'organe officiel du Parti)

Solidarité Philippines

Fil d'actu "Philippines" du Secours Rouge - APAPC

 

Guerre pop' & Luttes armées - Amérique latine :

CEDEMA - actualité des mouvements armés en Amérique latine (+ qqs documents historiques)

 

Nuevo Peru (Pérou, basé en Allemagne, en castillan et allemand principalement)

Guardias Rojos (Pérou, page FB)

Fil d'actu "Amérique latine" du Secours Rouge - APAPC

Archives

Autres documents théoriques

 

Récapitulatif des "grandes thèses" de Servir le Peuple


À lire également, les Considérations Diverses, petits "billets" trop courts pour faire un article et donc regroupés par trois, quatre ou plus, exprimant notre CONCEPTION DU MONDE sur toute sorte de sujets. 


Même étude sur l'État espagnol (1 et 2) ; le Royaume-Uni (1 et 2) et l'Italie.

 

APRÈS 8 SÈGLES… (Huitième centenaire de la bataille de Muret 1213 & DÉCLARATION FONDATRICE de notre Comité de Construction du PCR-Òc)

 

 






 

 

 


 


 

 

Le 'centre mlm' de Belgique, la Guerre populaire et le (n)PCI (sur la stratégie révolutionnaire en pays impérialiste) ; et dans la continuité :

Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (1ère partie)

et Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (2e partie)

 

 

 

EXCLUSIF : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970) [avec un salut rouge et fraternel à l'AA Bordeaux ]

Manifeste Programme du (n)PCI

Présentation

du chap. 1 du Manifeste pour les lecteurs/trices francophones (valable pour tout le Manifeste)

 

(Chapitre I): PDF - WORD

 

 

 MANIFESTE COMPLET

(version non-définitive ; chap. 4 et 5 pas encore validés par les camarades italiens)

 

IMPORTANT pour la compréhension du Manifeste :

La crise actuelle, une crise par surproduction absolue de capital (en PDF)

article de 1985 paru dans Rapporti Sociali n°0

[en bas de la page en lien, icône
PDF - Télécharger le fichier pour télécharger le document]

Autres analyses d'actualité









Situation décisive au Népal 

En matière de conclusion sur la situation au Népal, et ses répercussions dans le Mouvement communiste international 

Questions-réponses sur la situation au Népal

 

Discussion sur la "gauche" en Amérique latine et la bourgeoisie bureaucratique

 

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria : l'analyse d'un communiste abertzale

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 2e partie

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 3e et dernière partie  

 

 

 

 


Considérations diverses 03-2013 - et un peu de polémique/critique, ça fait pas de mal ! (sur Chavez, le 'bolivarisme', le 'fascisme' de celui-ci et autres choses...)

Autres articles historiques

 

25 avril 1945 : le Peuple italien terrasse le fascisme

 

 


 




Et en guise de récapitulatif/synthèse : Considérations diverses sur les États, les Nationalités, la Subsidiarité et le Pouvoir populaire ; ici (point 1) : Considérations diverses – fin octobre 2013 : État et révolution bourgeoise et ici : Considérations diverses : 1/ Le cœur des nations est aujourd’hui le Peuple