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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 17:29

 

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Lénine

Sur la dualité du pouvoir


 

Le problème fondamental de toute révolution est celui du pouvoir. Tant que ce problème n'est pas élucidé, il ne saurait être question de jouer consciemment son rôle dans la révolution, et encore moins de la diriger.

Notre révolution a ceci de tout à fait original qu'elle a créé une dualité du pouvoir. C'est là un fait dont il faut saisir la portée avant tout ; il est impossible d'aller de l'avant sans l'avoir compris. Il faut savoir compléter et corriger les vieilles « formules », par exemple celles du bolchévisme, car si elles se sont révélées justes dans l'ensemble, leur application concrète s'est révélée différente. Personne autrefois ne songeait, ni ne pouvait songer, à une dualité du pouvoir.

En quoi consiste la dualité du pouvoir ? En ceci qu'à côté du Gouvernement provisoire, du gouvernement de la bourgeoisie, s'est formé un autre gouvernement, faible encore, embryonnaire, mais qui n'en a pas moins une existence réelle, incontestable, et qui grandit : ce sont les Soviets des députés ouvriers et soldats.

Quelle est la composition de classe de ce deuxième gouvernement ? Le prolétariat et la paysannerie (sous l'uniforme de soldat). Quel en est le caractère politique ? C'est une dictature révolutionnaire, c'est-à-dire un pouvoir qui s'appuie directement sur un coup de force révolutionnaire, sur l'initiative directe, venant d'en bas, des masses populaires, et non sur une loi édictée par un pouvoir d'Etat centralisé. Ce pouvoir est tout différent de celui qui existe généralement dans une république démocratique bourgeoise parlementaire du type habituel et qui prévaut jusqu'à présent dans les pays avancés d'Europe et d'Amérique. C'est une chose qu'on oublie souvent, à laquelle on ne réfléchit pas assez, alors que c'est là l'essentiel. Ce pouvoir est du même type que la Commune de Paris de 1871, type dont voici les principales caractéristiques : 1) la source du pouvoir n'est pas la loi, préalablement discutée et votée par un Parlement, mais l'initiative des masses populaires, initiative directe, locale, venant d'en bas, un «coup de force» direct, pour employer une expression courante ; 2) la police et l'armée, institutions séparées du peuple et opposées au peuple, sont remplacées par l'armement direct du peuple tout entier ; sous ce pouvoir, ce sont les ouvriers et les paysans armés, c'est le peuple en armes qui veillent eux-mêmes au maintien de l'ordre public ; 3) le corps des fonctionnaires, la bureaucratie sont, eux aussi, remplacés par le pouvoir direct du peuple, ou du moins placés sous un contrôle spécial ; non seulement les postes deviennent électifs, mais leurs titulaires, ramenés à l'état de simples mandataires, sont révocables à la première demande du peuple ; de corps privilégié jouissant de «sinécures» à traitements élevés, bourgeois, ils deviennent les ouvriers d'une «arme spéciale», dont les traitements n'excèdent pas le salaire habituel d'un bon ouvrier.

Là, et là seulement, est l'essence de la Commune de Paris en tant que type d'Etat particulier. C'est cette essence qu'ont oubliée et dénaturée MM. les Plékhanov (chauvins avoués qui ont trahi le marxisme), les Kautsky (hommes du «centre», c'est-à-dire qui balancent entre le chauvinisme et le marxisme), et d'une façon générale tous les social-démocrates, les socialistes-révolutionnaires et leurs pareils qui dominent aujourd'hui.

On s'en tire avec des phrases, on se cantonne dans le silence, on se dérobe, on se congratule mille fois à l'occasion de la révolution, et l'on ne veut pas réfléchir à ce que sont les Soviets des députés ouvriers et soldats. On ne veut pas voir cette vérité évidente que, pour autant que ces Soviets existent, pour autant qu'ils sont le pouvoir, il existe en Russie un Etat du type de la Commune de Paris.

J'ai bien souligné : «pour autant». Car ce n'est qu'un pouvoir embryonnaire. Par un accord direct avec le Gouvernement provisoire bourgeois, et par diverses concessions de fait, il a lui-même livré et continue de livrer ses positions à la bourgeoisie.

Pourquoi ? Serait-ce que Tchkhéidzé, Tsérétéli, Stéklov et Cie commettent une «erreur» ? Allons donc ! Un philistin pourrait le penser, mais non un marxiste. La raison en est le degré insuffisant de conscience et d'organisation des prolétaires et des paysans. L'«erreur» de ces chefs, c'est leur position petite-bourgeoise, c'est qu'ils obscurcissent la conscience des ouvriers au lieu de l'éclairer, qu'ils propagent les illusions petites-bourgeoises au lieu de les réfuter, qu'ils renforcent l'influence de la bourgeoisie sur les masses, au lieu de soustraire celles-ci à cette influence.

Cela doit déjà suffire à faire comprendre pourquoi nos camarades, eux aussi, commettent tant d'erreurs en posant «simplement» la question : faut-il renverser tout de suite le Gouvernement provisoire ?

Je réponds : 1) il faut le renverser, car c'est un gouvernement oligarchique, bourgeois et non populaire, qui ne peut donner ni la paix, ni le pain, ni la liberté complète ; 2) on ne peut pas le renverser en ce moment, car il repose sur un accord direct et indirect, formel et de fait, avec les Soviets des députés ouvriers et, tout d'abord, avec le Soviet principal, celui de Pétrograd ; 3) on ne peut, d'une façon générale, le «renverser» par la méthode habituelle, car il bénéficie du «soutien» prêté à la bourgeoisie par le second gouvernement, le Soviet des députés ouvriers ; or, ce dernier gouvernement est le seul gouvernement révolutionnaire possible, le seul qui exprime directement la conscience et la volonté de la majorité des ouvriers et des paysans. L'humanité n'a pas encore élaboré, et nous ne connaissons pas jusqu'à ce jour, de type de gouvernement supérieur et préférable aux Soviets de députés des ouvriers, des salariés agricoles, des paysans et des soldats.

Pour devenir le pouvoir, les ouvriers conscients doivent conquérir la majorité : aussi longtemps qu'aucune violence n'est exercée sur les masses, il n'existe pas d'autre chemin pour arriver au pouvoir. Nous ne sommes pas des blanquistes, des partisans de la prise du pouvoir par une minorité. Nous sommes des marxistes, des partisans de la lutte de classe prolétarienne ; nous sommes contre les entraînements petits-bourgeois, contre le chauvinisme jusqu'auboutiste, la phraséologie, la dépendance à l'égard de la bourgeoisie.

Fondons un parti communiste prolétarien ; les meilleurs partisans du bolchévisme en ont déjà créé les éléments ; groupons-nous pour une action de classe prolétarienne, et les prolétaires, les paysans pauvres se rallieront à nous, toujours plus nombreux. Car la vie dissipera chaque jour davantage les illusions petites-bourgeoises des «social-démocrates», des Tchkhéidzé, Tsérétéli, Stéklov et autres, des «socialistes-révolutionnaires», des petits bourgeois plus «purs» encore, etc., etc.

La bourgeoisie est pour le pouvoir unique de la bourgeoisie.

Les ouvriers conscients sont pour le pouvoir unique des Soviets de députés des ouvriers, des salariés agricoles, des paysans et des soldats, pour un pouvoir unique préparé non par des aventures, mais en éclairant la conscience du prolétariat, en l'affranchissant de l'influence de la bourgeoisie.

La petite bourgeoisie - « social-démocrates», socialistes-révolutionnaires, etc., etc. - entrave par ses hésitations cet éclaircissement, cet affranchissement.

Tel est le véritable rapport des forces entre les classes en présence. C'est lui qui détermine nos tâches.

 

 

 

 


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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 11:05

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Harry Haywood (1898-1985) est un militant historique New Afrikan du mouvement communiste US, membre fondateur du premier PC des USA, et également un grand théoricien de la question noire US, qu’il est le premier à définir comme une nation opprimée, une « colonie intérieure ». Il fut également un membre actif de l’Internationale communiste et résida en URSS de 1925 à 1930, où il fut membre du PC bolchévik et participa à la lutte sans merci contre les trotskystes et les partisans de Boukharine. Après la trahison révisionniste (dès les années 1940 aux USA), il la dénonça et participa dans les années 1960 au Nouveau mouvement communiste US, anti-révisionniste.

Servir le Peuple n’est pas d’accord avec tout ce qui est dit dans ce texte. Mais le vieux Harry Haywood, « au bord du dernier rivage » comme disait Charles Tillon (il a 86 ans et mourra l’année suivante), a le mérite de remettre en question un certain nombre de dérives qui, surtout à partir de 1972 mais aussi dès les années 60 (avec par exemple les positions pro-De Gaulle contre les "deux superpuissances" de certains groupes français ou belges), ont entaché ceux et celles qui avaient rejoint la lutte de Mao Zedong contre le révisionnisme.

Une dénonciation d’autant plus importante, qu’aujourd’hui un certain nombre de marxistes-léninistes et de maoïstes, y compris de ceux qui citent Haywood comme une référence, suivent un chemin similaire…


La Chine et ses partisans se trompaient sur l’URSS (1984)

Harryhaywood.jpgAprès une brève période de construction du Parti dans les années 1970, le Nouveau mouvement communiste est maintenant mort. Il est tombé dans la désintégration organisationnelle, la confusion politique et le désarroi idéologique. Quelle est la source de cet effondrement de notre mouvement ? Comment pourrions-nous commencer un rétablissement politique ? Aujourd'hui ces questions sont devenues plus pressantes, alors qu'une nouvelle période de la crise impérialiste commence à changer radicalement l'équilibre mondial des forces et fait à nouveau surgir le danger de dépression et de guerre mondiale catastrophiques.

Il y a beaucoup de facteurs qui ont précipité la crise du Nouveau mouvement communiste, ce qui la rend difficile à résoudre. D’une part, sa base de classe s'est reflétée dans le mouvement pacifiste étudiant, les mouvements nationaux et la lutte anti-révisionniste. Il n'a pas eu une grande base ou composition ouvrière, et a été caractérisée par sa jeunesse et son inexpérience. Son « gauchisme » ultra a empêché son expansion dans des secteurs plus larges de la société des États-Unis, et il est finalement resté un ensemble de sectes isolées à la gauche de la société.

En outre, les bouleversements politiques en Chine et la mort de Mao ont contribué à l'instabilité des perspectives politiques du mouvement. À l'intérieur du Nouveau mouvement communiste, il y avait des difficultés sur les questions du centralisme démocratique et sur les questions de démocratie dans le Parti. En conséquence, beaucoup de groupes de la gauche révolutionnaire ont eu des difficultés pour conduire une lutte politique sérieuse. Enfin, l'intensification de la crise mondiale durant les années 1970 a rapidement changé les situations politiques et a amené des problèmes qu’ils ne pouvaient pas résoudre.

Le Nouveau mouvement communiste

Lorsque le Nouveau mouvement communiste a commencé à vaciller à la fin des années 1970, beaucoup de camarades et d'organisations ont résumé au sectarisme et au dogmatisme gauchiste ou au liquidationnisme de droite les causes de notre récession. Bien qu'il y ait beaucoup de vérité dans ces positions, elles ne vont pas au cœur du problème. La question essentielle est : quelle est la grande ligne qui a mené notre mouvement dans la crise et l'effondrement ?

Bien que beaucoup de problèmes aient contribué à la crise du Nouveau mouvement communiste, la cause sous-jacente de son effondrement a été la ligne stratégique incorrecte de la Théorie des Trois Mondes, que notre mouvement de construction du Parti a empruntée aux Chinois sans recul critique. Ce point de vue que l'Union Soviétique est un pays social-impérialiste, dans lequel le capitalisme a été reconstitué, marque pour les Chinois un changement fondamental dans l'équilibre international des forces. Ils ont dépeint l'Union Soviétique non seulement en tant qu'ennemi mais « ennemi principal » des peuples du monde. Cela a parfois conduit les Chinois à une alliance tacite avec les États-Unis. Cela a également créé des contradictions profondes dans la ligne politique du Nouveau mouvement communiste.

La question de l'Union Soviétique est fondamentalement stratégique. Elle signifie aborder la première question révolutionnaire posée par Mao : « Qui sont nos ennemis ? Qui sont nos amis ? ». L'Union Soviétique est-elle une amie ou une ennemie de la révolution ? La façon dont nous répondons à cette question détermine non seulement notre conception stratégique internationale, mais fonde également notre ligne sur toute une série de problèmes tactiques.

Tout au long des années 1970, les Chinois ont répondu à cette question par la Théorie des Trois Mondes. Sous sa forme la plus développée, la Théorie des Trois Mondes arguait du fait que l'Union Soviétique était « l'ennemi principal » des peuples du monde. Elle a également indiqué que « des deux superpuissances impérialistes, l'Union Soviétique est la plus féroce, la plus sans scrupules, la plus déloyale et la plus dangereuse source de guerre mondiale, à l'offensive partout dans le monde ».

Les Chinois ont affirmé que derrière ces développements internationaux se trouvaient des changements politiques dramatiques à l'intérieur de l'Union Soviétique. Après la mort de Staline, le révisionnisme est arrivé au pouvoir avec Khrouchtchev et Brejnev. Ceci, affirment les Chinois, a conduit à la « dégénérescence » du socialisme et à la restauration du capitalisme. Une nouvelle classe, la « classe monopoliste bureaucratique », a pris le pouvoir en URSS. Elle a apporté avec elle une économie « capitaliste monopoliste » d'État et un État de « dictature fasciste ».

Pour le Nouveau mouvement communiste aux États-Unis qui a regardé vers la Chine, ces aspects stratégiques ont créé de graves problèmes dans la ligne politique. D'une part, la stratégie de la Théorie des Trois Mondes encourageait une défense militaire forte des États-Unis et une alliance tacite entre les États-Unis et la Chine. D'autre part, une grande partie du Nouveau mouvement communiste s'est énergiquement opposée à toute forme de suggestion que cela signifie, pour les communistes des États-Unis, un « Front populaire » avec la bourgeoisie US.

En conséquence, une contradiction politique profonde a traversé une grande partie du Nouveau mouvement communiste. Il y avait une logique inhérente à la Théorie des Trois Mondes qui la poussait dans la direction de l'impérialisme US.

Les effets politiques et économiques de la crise mondiale de l'impérialisme ont forcé les États-Unis, après une brève retraite provoquée par la défaite au Vietnam, à essayer de réaffirmer leur hégémonie et de regagner leur ancienne domination par une course aux armements massive et une nouvelle projection de militaires US tout autour du globe. Le « nouveau militarisme » s’appuie sur une « nouvelle Guerre froide » ravivée contre l'Union Soviétique et la « menace » communiste dans le Tiers Monde. Une politique conflictuelle belliqueuse a maintenant remplacé la détente, et a fait surgir le spectre de la guerre nucléaire en Europe.

Clairement l'ennemi principal aujourd'hui dans le monde n'est pas l’Union Soviétique, c’est l'impérialisme des États-Unis. Pour être plus précis, ce sont les monopoles capitalistes des États-Unis. Pour les communistes américains cela signifie saisir le fait que « notre propre bourgeoisie », ici aux États-Unis, est la source la plus dangereuse de guerre et l’ennemi principal.

Un autre ensemble de problèmes stratégiques développés par la Théorie des Trois Mondes est lié à la thèse de la «force principale» et aux périodes historiques qui étaient à la base de cette analyse. En synthèse, la Théorie des Trois Mondes a avancé l'idée stratégique que « les pays et les peuples du Tiers Monde sont la force principale qui combat l'impérialisme, le colonialisme et l'hégémonisme ». Les Chinois ont argué, pour un ensemble de raisons, que le Tiers Monde jouerait ce rôle stratégique « pendant une période historique assez longue ».

Bien que la thèse de la « force principale » était correcte au sujet du rôle respectif du mouvement démocratique national et du mouvement ouvrier dans les pays impérialistes pendant la période entre 1950 et 1970 [les Trente Glorieuses NDLR, l’époque du « capitalisme à visage humain » pour les masses des pays développés], elle ne s'applique plus à la nouvelle période historique qui s'est ouverte dans les années 1970 en raison de la crise mondiale de l'impérialisme. Cette thèse a contribué à une sous-estimation, déjà existante, du potentiel révolutionnaire de la classe ouvrière dans les pays capitalistes avancés.

En conclusion, nous devons considérer la thèse que le capitalisme a été restauré en Union Soviétique. C'est la racine principale de la Théorie des Trois Mondes. C'est une thèse qui nous pose également des questions au sujet de la nature du socialisme. La croyance que le capitalisme a été reconstitué en Union Soviétique vient essentiellement d'une conception idéaliste du socialisme*. En premier lieu elle oublie la longue, compliquée, et tortueuse lutte des Soviétiques pour établir le premier pays socialiste sur la planète.

Au moment de sa naissance, la révolution socialiste en Russie a été attaquée par une invasion des forces alliées dans une «guerre secrète » contre la révolution. Puis sont venues les années dures de la récession économique et de la guerre civile suivies de la grande industrialisation des années 1930 ; et finalement une Guerre mondiale durant laquelle son territoire a été envahi, un tiers de sa richesse détruite et plus de 20 millions de ses habitants tués. L'Union Soviétique a supporté le choc de la guerre antifasciste et a joué un rôle décisif en sauvant le monde du fascisme. Tous ces événements ont eu lieu en une seule génération. Ainsi, durant son existence entière l'Union Soviétique a été soumise aux attaques de l'impérialisme occidental mené par les États-Unis. Afin de survivre, l'Union Soviétique a dû développer une défense militaire forte. Pendant la période suivant la 2e Guerre mondiale, elle a été confrontée à des États-Unis hostiles et agressifs. Confrontée à la doctrine de Truman, au plan de Marshall et à la menace constante de la bombe atomique, l'Union Soviétique s’est armée avec des armes nucléaires. Andreï Gromyko, sur l'utilisation des armes nucléaires stratégiques de l'Union Soviétique, a mis en avant une politique de « ne pas frapper en premier » que les États-Unis ont refusé d'adopter.

L'histoire démontre que, par-dessus tout, la politique extérieure de l'Union Soviétique a été fondamentalement défensive et non-agressive. Ceci ne signifie pas que tout ce que fait l'Union Soviétique est correct ni qu'elle ne peut pas faire des erreurs sérieuses ou poursuivre des lignes erronées. Par exemple, ses relations avec la Chine et d'autres pays socialistes ont été marquées parfois par le chauvinisme et l’hégémonie. Mais ces problèmes ne font pas de l'Union Soviétique une puissance social-impérialiste*.

Sans classe capitaliste monopoliste et sans rapports capitalistes de production* il n'y a pas de logique fondamentale et irrésistible dans l'économie soviétique qui crée un besoin d'exporter du capital et d'exploiter d'autres pays par le commerce. En conséquence, elle n'a également aucune colonie ni aucun empire à maintenir.

Une des leçons principales que nous pouvons tirer de nos expériences avec la Théorie des Trois Mondes et des changements de la situation internationale, est la nécessité absolue de développer une ligne communiste américaine indépendante basée sur les particularités de la situation interne et internationale des États-Unis.

Le monde tel que nous l'avons connu depuis la 2e Guerre mondiale est maintenant en grand reflux. L'impérialisme produit une nouvelle crise mondiale. Les craintes de dépression économique et de guerre sont élevées.

Aux États-Unis il y a des signes forts que le Peuple américain commence à répondre à cette crise. En 1982, un demi-million de personnes ont manifesté pour la paix et contre la guerre. En 1983, plus d'un quart de million a marché sur Washington en mémoire de Martin Luther King et pour rétablir les mouvements de droits civiques. Au cours des dernières années, il y a également eu un certain nombre de grandes manifestations nationales de travailleurs à Washington.

Ces événements annoncent un grand mouvement de masse concentré sur les questions de la paix, du travail et de la liberté. Une coalition de gauche, enracinée dans l'alliance de la classe ouvrière et des nationalités opprimées et composée de nombreux mouvements pour les droits démocratiques, prend maintenant forme. La crise mondiale crée des conditions favorables pour le développement d'une alliance stratégique mais les communistes des États-Unis sont dispersés, divisés et non préparés.

Ces développements rendent plus pressant pour les communistes américains de laisser de côté les idées politiques démodées et incorrectes, afin que nous puissions commencer à donner une direction à ces tendances. Notre première étape commence par la recherche d’un processus d'unité, basé autour d'une direction stratégique qui identifie clairement l'impérialisme des États-Unis comme Centre de la réaction mondiale*, menace principale pour la paix et ennemi principal des peuples du monde.


Harry Haywood dans le Guardian newspaper - 11 avril 1984


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* Un certain nombre de commentaires s’imposent :

- Ce texte dénonce impitoyablement la Théorie des Trois Mondes.

Il est clair que l’application de celle-ci à la lettre a dû être particulièrement difficile pour des communistes américains, vu qu’elle impliquait un quasi soutien à leur propre impérialisme et à ses alliés ou régimes laquais… Mais à partir du milieu des années 1970 (avec la nouvelle crise générale du capitalisme, en fait), on a pu observer un « resserrement des rangs » des impérialistes occidentaux (nord-américains, ouest-européens, japonais) dans une nouvelle « Grande Guerre Froide » : ainsi en France, les gaullistes partisans de « l’équilibre Est-Ouest » (Premier ministre Chirac) sont écartés et la France adopte à nouveau une politique « atlantiste » et antisoviétique. On verra pourtant à cette époque des « prochinois » soutenir l’opération impérialiste de Kolwezi contre les « mercenaires cubains et angolais du social-impérialisme »…

- Aujourd’hui, la Théorie des Trois Mondes est unanimement rejetée par les communistes révolutionnaires, marxistes-léninistes et maoïstes. Il est démontré qu’elle n’est pas (en tout cas comme stratégie, et non comme tactique) une théorie de Mao (qui n’a reçu Nixon que dans le contexte de la déroute US au Vietnam), mais bien de LA DROITE contre-révolutionnaire du PC chinois. Celle-ci n’était pas, en effet, prosoviétique mais pro-occidentale, détournant la lutte anti-révisionniste en antisoviétisme nationaliste bourgeois et en anticommunisme. C’est pourquoi elle a été forte au milieu des années 60, avant la Révolution Culturelle, lorsque Mao avait été mis à l’écart (avec des groupes comme celui de Jacques Grippa en Belgique ou Georges Frêche en France) ; et à partir de 1971, quand l’affaire Lin Piao a permis un retour en force du centre-droit (Chou Enlai) et de la droite (Deng, à partir de 1973) dans le Parti. C’est seulement pendant la Révolution Culturelle, entre 1966 et (disons) 1973, que des groupes comme la Gauche Prolétarienne (ou les Black Panthers, ou les communistes révolutionnaires d’Italie jusqu’en 1980) ont pratiqué le maoïsme pour ce qu’il est : un renouveau de la lutte révolutionnaire à un niveau supérieur, rejetant le révisionnisme et le réformisme collabo de classe mais aussi des pratiques erronées et ossifiées de l’époque léniniste comme une lutte trop économique et centrée sur l’usine, une mauvaise compréhension des problèmes spécifiques comme le racisme, les minorités, le patriarcat (sexisme, homophobie) etc. etc... et non être des officines de perroquets de Pékin comme les PC révisionnistes à la Thorez étaient les perroquets de Moscou !

Mais à l’époque où Haywood écrit, cette théorie n’avait encore été dénoncée que par Enver Hoxha (République populaire d’Albanie) et attribuée par lui à Mao - s’accompagnant donc d’un rejet du maoïsme ; ainsi que par Gonzalo au Pérou, et par quelques groupes relativement isolés (PCR aux USA, OCML-VP en France). Haywood tombe donc, finalement, dans le rejet du maoïsme : pas explicitement, mais à travers des thèses maoïstes fondamentales comme le rétablissement du capitalisme en URSS et le comportement « socialiste en paroles, impérialiste en actes » de celle-ci (ce qui diffère d’ailleurs de Hoxha, qui considère bien l’URSS comme impérialiste et prône un « ni-ni » systématique et borné).

- Servir le Peuple considère qu’il y a bien eu rétablissement du capitalisme en URSS. Ce rétablissement prend sa source dans les 30% d’erreurs et de fautes (politiques et économiques) attribués par Mao à la direction soviétique (Staline, Molotov, Jdanov etc.) lors de la construction du socialisme ; et dans les conditions imposées à l’URSS (militarisation, efficacité industrielle…) par l’encerclement réactionnaire, la menace fasciste et la guerre d’extermination nazie. Il commence après la mort de Staline, de manière progressive, par démantèlement de l’économie et des rapports sociaux socialistes construits jusque-là. Il s’accélère avec la crise générale du capitalisme (à partir de 1970) et encore plus (avec la crise profonde de l’économie soviétique) à partir de 1985 (Gorbatchev). Il traverse (en URSS et dans les pays d’Europe de l’Est) une étape de quasi guerre civile (1989-91 et encore 1992-94 en Russie, en Géorgie ou en Moldavie, sans parler de la Yougoslavie), pour aboutir finalement à la situation actuelle : capitalisme sauvage, régimes oligarcho-fascistes (pro-russes ou pro-occidentaux) en Russie et dans la majeure partie de l’ex-URSS, domination impérialiste (allemande, française…) des ex-"pays de l’Est", "socialisme de marché" (ou "capitalisme social", on ne sait plus trop...) au Vietnam ou à Cuba (et en Chine, mais c’est une autre histoire).  

MAIS il faut bien saisir l’aspect dynamique, en mouvement de ce processus de restauration ; ce n’est pas un système figé (malgré peut-être une certaine stabilisation sous Brejnev, entre 1964 et 1982) et il est difficile de le caractériser par une formule simple et définitive telle que « capitalisme monopoliste d’État ».

 Pendant toute cette période (des années 1950 à 1989), la politique internationale de l’URSS envers les nouveaux pays socialistes (Europe de l’Est, Cuba, Vietnam…), les partis prosoviétiques et les mouvements de libération nationale a évolué vers l’hégémonisme politique, les relations économiques inégalitaires (division du travail dans le COMECON), le soutien aux bourgeoisies nationales et à des éléments bureaucratiques (fusion de branches de l’appareil d’État, de capital bancaire et de grande propriété terrienne) dans les pays dominés par l’impérialisme, le soutien à la lutte réformiste et parlementaire dans les pays impérialistes. À partir de 1970, la direction soviétique développe (effectivement) une politique extérieure de plus en plus agressive, à mesure que la crise mondiale ronge son « modèle » économique : la guerre de type colonial menée en Afghanistan, le soutien à la junte militaire éthiopienne contre le mouvement de libération d’Érythrée (soutenu auparavant !), le soutien à des régimes comme celui d'Amin Dada en Ouganda ou de Saddam Hussein en Irak, les bonnes relations avec des régimes fascistes compradores comme la junte de Videla en Argentine ou Ferdinand Marcos aux Philippines, constituent une pratique digne d’un pays impérialiste de fait. Mais le soutien soviétique (avec Cuba) à la lutte contre le régime d’apartheid et ses mercenaires (UNITA, Renamo) en Afrique australe, ou contre les juntes fascistes pro-US en Amérique centrale, ne devait pas empêcher de soutenir ces luttes.

- EN TOUT CAS, quel qu’ait été le niveau d’avancement de la restauration capitaliste en URSS et la nature du régime politique (effectivement oligarchique, réactionnaire et répressif), faire de l’URSS l’ennemi principal était complètement délirant et catastrophique. Même si les USA ont « accusé le coup » après leur défaite au Vietnam (1973-80), la suite des évènements l’a démontré. Quelle qu’ait été la nature du système économique des années Brejnev ("capitalisme monopoliste d’État" etc. etc.), une chose est sûre : IL N’A PAS RÉSISTÉ à la crise mondiale. Soit directement, soit à travers les régimes ou les forces qu’elle soutenait, l’URSS a encaissé dans les années 1980 défaite sur défaite : Afghanistan, Éthiopie-Érythrée, Nicaragua et Amérique centrale, Europe de l’Est et finalement éclatement de l’URSS elle-même. La Russie du début des années 1990 est une puissance vaincue et humiliée, comme l’Allemagne des années 1920 ou le Japon des années 1950. C’est avec le « sursaut national » de Poutine (à partir de 1999) qu’elle devient ce qu’elle est maintenant : un pays impérialiste "tout court" (et non plus "social-impérialiste").

- Aujourd’hui, un grand nombre de communistes parfois sincères (ou parfois moins…) suivent malheureusement des thèses similaires. Les partisans, on l’a dit,  des thèses de Hoxha, mais aussi  ceux de Gonzalo préconisent un « ni-ni » systématique, le refus de tout « appui » sur un impérialisme contre un autre. C’est juste, sur le principe. Mais le problème c’est qu’aujourd’hui, dans la véritable guerre impérialiste mondiale non-déclarée à laquelle nous assistons, les impérialismes rivaux ont des intérêts dans pratiquement tous les conflits du monde. Toute lutte de libération contre un impérialisme bénéficie pratiquement du soutien objectif d’un autre : même les maoïstes du Népal (contre l’Inde, soutenue par les Occidentaux) et des Philippines (contre un régime-pilier pro-US en Asie-Pacifique) sont vus d’un bon œil par la Chine… Or le « ni-ni » ne fait pas la distinction DU POINT DE VUE DES MASSES, dans un pays donné, entre ennemi principal et ennemi secondaire impérialiste.

D’autres vont encore plus loin, et l'on voit surgir un mystérieux « bloc France-Allemagne-Russie » (les trois comparses de l’opposition anti-US en 2003 seraient donc liés pour la vie ?) opposé aux USA, ce qui les amène à soutenir objectivement les manœuvres et les crimes de l’impérialisme US (comme au Honduras) et de ses alliés (notamment Israël).

- FINALEMENT, derrière tout cela il y a la même vision du monde erronée, la même que dans la Théorie des Trois Mondes : la vision géopoliticienne du monde. La même, il faut le dire hélas, que celle des « nationalistes-révolutionnaires » et des révisionnistes pour qui « tout est géopolitique », tout ne se conçoit qu’en terme de « blocs » : « camp de la Paix » ou « camp anti-impérialiste » contre « Empire » US (et soutien à l’Iran, à la Chine, à la Birmanie, au Soudan, etc.), « Eurasie » contre « atlantisme », etc. etc.

S’y ajoutent d’autres théories erronée, comme celle que nous serions dans « l’offensive stratégique » de la révolution mondiale et qu’il faudrait « compter sur ses propres forces », alors que nous sommes bien évidemment au tout début de la 2e vague révolutionnaire mondiale (produite par la nouvelle crise générale depuis les années 1970) après le grand reflux stratégique des années 80-90 ; nous sommes à une époque que l’on peut qualifier de « 1905 », de renouveau et de développement des luttes et des organisations révolutionnaires (les plus abouties étant les guerres populaires maoïstes en Inde et aux Philippines), de construction des rapports de force, de luttes pas forcément sous le drapeau du communisme.

- CONTRE CELA, Servir le Peuple a adopté dès le départ une ligne simple : LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP, le camp naturel des communistes. Toujours se placer du point de vue des masses populaires. Dans chaque conflit, dans chaque « grand dossier », se demander : quel est le point de vue des masses ? Quel est leur intérêt dans l'immédiat (puisque leur intérêt à long terme, tout le monde est en principe d'accord là-dessus, c'est le communisme) ?

Cuba est-elle socialiste ? NON. Les masses cubaines ont-elle intérêt à revenir à la situation d’avant 1959 ? CERTAINEMENT PAS. Y va-t-on ? L’avenir nous le dira mais nous ne le souhaitons pas, ni ne nous en réjouirions comme une « confirmation » de nos thèses (sur le « social-fascisme » cubain ou autre…).  

Au Honduras, Zelaya était-il un révolutionnaire démocratique, anti-impérialiste ? Pas du tout. Un bourgeois national « progressiste » ? Même pas. Tout juste un grand bourgeois propriétaire qui a fait quelques concessions sociales et démocratiques… La situation des masses est-elle meilleure depuis le coup d’État contre lui ? Soyons sérieux…  

En Palestine, on voit mal ce qui pourrait être pire pour les masses que la situation actuelle… à part de nouveaux crimes d’Israël. La contradiction entre les masses et la résistance bourgeoise islamique est clairement secondaire.  

En Iran, dans quel camp se trouve l’intérêt des masses ? Peut-être qu’il y aurait un certain recul de la répression et de l’oppression sexiste avec les « verts »… Mais il se peut aussi que cette « libéralisation » se limite aux classes relativement aisées et urbaines. A priori, et sans y voir beaucoup plus clair entre les propagandes respectives, on aurait tendance à dire "AUCUN".

Pour ce qui est de savoir si, face à « l’obscurantisme religieux » des talibans, l'on devrait souhaiter la victoire de l’impérialisme en Afghanistan (sic le détraqué fasciste internétique "Oppong")… no comment.

- Au stade de commencement de la 2e vague révolutionnaire mondiale où nous sommes, les vieilles révolutions populaires démocratiques tombées dans le révisionnisme et la liquidation comme à Cuba et les processus réformistes bourgeois comme au Venezuela, en Bolivie ou en Équateur sont des tranchées conquises par les masses de ces pays et (en fait) de tout le continent. Il n’est pas question de perdre ces tranchées, même si c’est peut-être ce qui arrivera à force d’enlisement et de trahison réformiste, ou de liquidation révisionniste (ce qu’il faut dénoncer, sans bien sûr pouvoir y faire grand-chose de plus que les masses et les révolutionnaires locaux). Avec Lénine, nous affirmons aussi que TOUTES les luttes de libération nationale (et encore plus les guerres de résistance contre une occupation impérialiste de pillage et de meurtre) doivent être soutenues inconditionnellement DU POINT DE VUE DES MASSES ; même si l'on peut en pointer les insuffisances des forces progressistes ou regretter que le drapeau ne soit pas un drapeau communiste (mais un drapeau nationaliste, réformiste ou religieux)…

Nous ne sommes pas dans « l’offensive stratégique de la révolution mondiale » (ridicule, il suffit d’ouvrir les yeux !) mais au tout début d’une nouvelle vague révolutionnaire où se construit le rapport de force et la Guerre du Peuple pour sa libération. Toute résistance à l’oppression vaut mieux que la soumission à l’oppression, elle est le point de départ, l’étape « zéro » de la Guerre du Peuple. À mesure que les luttes sociales, populaires et de libération nationale se développent, une droite, une gauche et un centre se forment. La droite est condamnée à terme à l’échec et à la disparition, ou à se vendre et à se retourner contre les masses. La gauche doit alors se développer, se renforcer et gagner à elle ou au moins neutraliser le maximum de centristes pour passer à l’étape supérieure – et là rebelote : droite, gauche, centre... En cas d’échec de la gauche, on revient à la situation de départ – il n’est pas possible de revenir à pire. L’impérialisme agonisant et fou ne permet plus à la droite de prospérer dans l’imposture. L’URSS révisionniste n’existe plus et rien (ni Chine ni « groupe de Shanghai », ni « bloc France-Allemagne-Russie » ni projet « eurasiste » douguino-poutinien) ne peut lui être comparé en terme de prestige mis au service  de la trahison. Les PC révisionnistes, courroies de transmission de la ligne de Moscou (réformisme et légalisme dans les pays impérialistes, soumission à la bourgeoisie nationaliste dans les pays dominés), ont disparu ou sont réduits à presque rien. Toute analyse basée sur ces schémas des années 1960-80 est complètement à côté de la plaque.

- Le monde impérialiste actuel (car plus aucun Peuple sauf peut-être au fin fond de l’Amazonie, de la Papouasie ou de quelques déserts, n’échappe à l’économie mondiale des monopoles) est issu de la grande « Guerre mondiale de 30 ans » (1914-45) et de la déroute de l’URSS en 1989-91. C’est un monde complexe fait d’affrontements et de combinaisons entre impérialismes, sans que l’on puisse parler de « blocs » stables comme pendant la Guerre Froide. Un monde finalement comparable à celui d’avant 1914.  Les États-Unis y ont un rôle « tutélaire » : si l'on comparait avec l'Europe féodale du Moyen Âge, l'on pourrait dire qu’ils sont le « roi ». Les autres impérialismes sont les « grands féodaux ». Parmi eux, certains sont loyaux au « roi » : l’Angleterre, le Japon… D’autres sont « turbulents » : la France, l’Allemagne, la Russie… D’autres sont opportunistes : le Canada, l’Italie… Certains enfin veulent carrément prendre la place du « roi » : c'est le cas de la Chine - mais elle est encore loin d’y arriver !

Toutes les situations dans le monde doivent être étudiées au cas par cas. En ayant toujours une seule grille d’analyse : l’intérêt des masses exploitées du Peuple !

 

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 19:40

 

L’article Sur le Gouvernement de Bloc Populaire a été publié, sans que les camarades italiens aient eu le temps de donner leur avis dessus, ayant beaucoup de travail en raison du développement des luttes dans leur pays. Comme il était à craindre, leur conception du Gouvernement de Bloc Populaire à souffert de certaines déformations, et ils souhaitent y apporter quelques rectificatifs :

« Le GBP à la constitution duquel nous visons et pour lequel nous travaillons, n'est pas un équivalent, dans la situation italienne actuelle, du gouvernement Allende, du Front républicain français de 1956, des gouvernements de Front populaire espagnol et français de 1936. Il n'y a pas les prémisses pour que dans les mois à venir on constitue en Italie un gouvernement semblable à ceux-là. Limitons-nous à considérer les gouvernements de Front Populaire : aujourd'hui en Italie il n'y a pas de forces bourgeoises réformistes combinées avec des révisionnistes ou avec des communistes plus ou moins réformistes (c'est-à-dire plus ou moins fiables pour la bourgeoisie et le reste de la classe dominante, parce que dédiés substantiellement à promouvoir des luttes revendicatives et à participer la lutte dans les institutions politiques du régime), en somme cette combinaison politique et sociale qui rende possible à la bourgeoisie de tenir fermement en main la situation en mettant en avant son aile gauche, tandis que l'aile droite est politiquement en difficulté.

Le GBP, si nous réussirons à le faire constituer, sera une phase de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée que nous menons en Italie pour instaurer le socialisme. Il ne sera pas formé par la gauche réformiste (qui en Italie n'existe pas) et encore moins ne naîtra de la victoire électorale de l'aile gauche de la bourgeoisie. Il sera un gouvernement d'urgence formé d'hommes et de femmes qui jouiront de la confiance de la partie organisée de la classe ouvrière (OO) et du reste des masses populaires (OP). Le GBP se constituera lorsque les OO et les OP auront rendu le pays ingouvernable par tout gouvernement émanant de la République Pontificale et de ses parrains (USA, Organisations Criminelles, etc.). (Tout au plus le Parlement de la République bourgeoise pourra l’avaliser par un vote, comme elle l’a fait en France, mais dans un sens réactionnaire, en 1940 pour Pétain et en 1958 pour De Gaulle).

Le GBP s'installera et prendra les mesures particulières et concrètes (c'est-à-dire donnera forme et force d'actes de gouvernement aux mesures) qu’au cas par cas et au fur et à mesure que les OO et les OP l’indiqueront. Les OO et les OP assureront par capillarité (par leur contrôle, leur pression ou leur intervention directe) la réalisation scrupuleuse des mesures du GBP, en renversant, en sautant par dessus ou en contraignant les fonctionnaires de l’État pour que les mesures du GBP soient réalisées. Dans ce contexte, la renaissance du mouvement communiste se développera exponentiellement, fleurira la confiance des masses en elles-mêmes et en leur capacité à gouverner. Se créeront ainsi les conditions pour dissuader la bourgeoisie et le clergé de recourir à la guerre civile, ou pour les vaincre s'ils y recourent.

D'autre part les mesures d’urgence prises par le GBP, en se multipliant, pousseront par la force même des choses à agencer l'ensemble des relations sociales qu'elles produisent en un système de relations toujours mieux combinées et cohérentes. La transformation de l'urgence en «administration ordinaire», la stabilisation des mesures d'urgence, la correction des déséquilibres et des inconvénients auxquels chacune d'entre elles donnera lieu, l'adaptation d'une situation à l'autre, l'adoption universelle des procédures qui se montreront les plus efficaces et fructueuses, la répression toujours plus efficace de toute activité de boycottage et de sabotage, de tout parcours d'évasion, l'élimination croissante de chaque entrave à l’universalisation des relations sociales que la pratique montrera plus adaptée et supérieures, comporteront l'instauration du socialisme : c'est-à-dire l'instauration d'une nouvelle légalité, d'un nouveau système politique (constitué des organisations territoriales et d'entreprise des ouvriers (OO) et des masses populaires (OP) et des organismes supérieurs formés par leurs délégués), d'une nouvelle légalité et d'un nouveau système de relations sociales. Ceci sera le socialisme. »

Ceci rejoint, en fait, la deuxième (et principale !) partie de notre article. Ces personnes qui formeront le GBP seront des progressistes sincères, des militants ouvriers (comme, en France, un Xavier Mathieu) ou populaires (démocratiques, écologistes etc.) qui ne veulent pas simplement réformer le système pour le sauver, ou se donner bonne conscience, mais réellement changer les conditions de vie des masses par des mesures radicales, qui paveront la voie au socialisme comme les politiques réactionnaires actuelles pavent la voie au fascisme.

Or, ces personnes existent physiquement au jour d’aujourd’hui mais elles sont encore prisonnières, prisonnières de la gauche bourgeoise social-libérale ou de la gauche petite-bourgeoise réformiste, car prisonnières de l’idéologie bourgeoise nationale de l’État impérialiste, en France l’idéologie républicaine (et en Italie l’idéologie de la République pontificale, faite de "catholicisme de gauche" etc.). En plus de créer les conditions de l’ingouvernabilité, la tâche des communistes est donc de briser cette prison idéologique pour en arracher les progressistes sincères.

Servir le Peuple maintient donc que c’est (en même temps que créer les conditions de l’ingouvernabilité, dont nous sommes encore très loin…) la tâche première des communistes en France.

 

La Rédaction

 

 

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25 septembre 2010 6 25 /09 /septembre /2010 08:36


Dans les nombreux textes des camarades italiens du (n)PCI traduits sur Servir Le Peuple, revient souvent la notion de Gouvernement de Bloc Populaire (GBP). 

De quoi s’agit-il exactement ? Essayons de l’expliquer le plus simplement possible.

Il s’agit d’un gouvernement composé de personnalités progressistes sincères, mais aussi de personnes souhaitant réformer le capitalisme par peur de tout perdre (peur de la révolution), gouvernement appuyé par les organisations ouvrières (syndicats de base) et populaires, pour barrer la route à la mobilisation réactionnaire de la bourgeoisie de droite et des fascistes, et mettre fin aux effets les plus durs de la crise pour les masses populaires. Ce gouvernement doit permettre, selon le (n)PCI, aux révolutionnaires communistes de diffuser leur conception du monde et de montrer la justesse de celle-ci, de rassembler et organiser les forces révolutionnaires et (très important !) de préparer ces forces à l’inévitable contre-offensive de la bourgeoisie.

Un gouvernement qui ressemblerait finalement (comparaison confirmée par des camarades), dans des conditions différentes (l’Italie n’est pas un pays dominé, à souligner), au gouvernement Allende au Chili en 1970 (avec la contre-offensive tristement célèbre de 1973), ou encore à l’élection de Chavez (au Venezuela) en 1998 (avec la contre-offensive ratée de 2002, la bourgeoisie réactionnaire jouant maintenant le pourrissement et le retour par les urnes).

En effet, face à la montée des luttes du prolétariat, il y a toujours deux lignes dans la bourgeoisie : lancer une mobilisation réactionnaire de masse et aller vers la dictature terroriste ouverte (fascisme) ; ou alors, reculer temporairement, "lâcher du lest" avec un gouvernement social-démocrate et préparer un retour en force après l’échec des réformistes. Ce type de phase doit, selon les camarades italiens, être mis à profit par les communistes pour élever la conscience révolutionnaire dans les masses, mobiliser et organiser, avant de passer à une nouvelle étape de la lutte prolongée vers le pouvoir, vers la révolution socialiste. 

Il s’agit pour eux, explicitement, d’une tactique, et non d’une stratégie pour instaurer le socialisme. "Fermeté dans la stratégie (guerre populaire révolutionnaire de longue durée), souplesse dans la tactique", tel est le mot d’ordre. Prôner le GBP aujourd’hui ne veut pas dire le prôner demain, ils le disent clairement. 

S’ils prônent cette tactique, c’est sur la base d’une analyse de la situation dans l’État italien, qu’il ne s’agit pas de juger depuis ici. Il est vrai que l’on constate en Italie de grandes mobilisations populaires (500.000 personnes pour le No Berlusconi Day, 300.000 pour la journée antiraciste « sans immigrés », toutes les mobilisations contre la ligne TGV en Val de Suse, les grandes mobilisations ouvrières contre l’austérité, etc.) qui justement ne trouvent pas, voire rejettent, le chemin des directions de gauche "radicale", comme Refondation "communiste" etc… Les syndicats de base, les associations populaires de quartier, les centres sociaux, sont beaucoup plus nombreux et indépendants de l’État en Italie qu’en Hexagone, c’est un fait.

Ce ne sont là que des suppositions : c’est aux camarades italiens, et à eux seuls, d’analyser la situation politique dans leur pays. 

La question que nous, communistes révolutionnaires dans l’État français, devons nous poser, c’est est-ce que cette tactique est applicable ici, dans nos propres conditions concrètes

L’analyse de la plupart des communistes marxistes-léninistes et maoïstes, et de l’auteur de ces lignes, est que NON

Ce qui semble ressortir de l’analyse du (n)PCI, c’est qu’en Italie le fossé idéologique et culturel qui sépare le prolétariat de la petite-bourgeoisie/"classes moyennes" (réunis par le (n)PCI dans les "masses populaires"), est beaucoup moins important qu’en France. En tout cas, ce qui est certain pour nous communistes de France, c’est qu’en France il est énorme (sans être non plus infranchissable…). 

Pour bien comprendre cela, il faut bien comprendre les différences historiques entre la France et l’Italie

L’État français est un des impérialismes capitalistes les plus anciens au monde, après l’Angleterre et à peu près ex aequo avec les États-Unis. Il y a des traits caractéristiques qui ne trompent pas : l’importance des pays sous domination unique, véritables protectorats pseudo-"indépendants" (surtout en Afrique pour la France), l’importance et l’ancienneté de l’immigration de ces pays vers la métropole…

Et, sur le plan politique, l’importance des idéologies "radicales" petites-bourgeoises, en particulier le trotskysme, l’importance du "marxisme" intellectuel, l’importance du social-chauvinisme symbolisé par "l’Union sacrée" de 1914 ; alors qu’en Italie, Mussolini a quitté le Parti socialiste précisément parce que celui-ci refusait l’entrée en guerre du pays… 

Tout cela s’explique tout simplement par l’importance et l’ancienneté des classes moyennes, aristocratie ouvrière et petite-bourgeoisie salariée, financées par les bénéfices (surprofits) de la domination impérialiste sur une grande partie du Monde ; et par l’importance des travailleurs intellectuels (en particulier dans l’administration et l’enseignement) et leur influence historique sur le mouvement marxiste (socialiste puis communiste). 

Le France est un pays de révolution bourgeoise ancienne : un processus allant du 18e siècle (Lumières et Révolution de 1789) à 1848 (où le régime devient celui de toute la bourgeoisie, pas seulement des plus riches, et écarte le capital foncier, la propriété terrienne). Déjà les monarques absolus, d’Henri IV à Louis XV en passant par Louis XIII avec Richelieu et Louis XIV, avaient été des "rois bourgeois", jouant la bourgeoisie contre les féodaux pour asseoir leur pouvoir.

L’industrialisation est massive dans la première moitié du 19e siècle et, dans la seconde moitié, la France devient un pays impérialiste : colonisant de nombreux pays (en Afrique, en Indochine, dans le Pacifique) et dominant une grande partie du monde en y exportant des capitaux, tout en exploitant les ressources et la main d’œuvre.

À ce moment-là (entre 1870 et 1905), la bourgeoisie impérialiste (monopoles), fusion du capital industriel et du capital bancaire, mène une "deuxième révolution" contre la bourgeoisie traditionnelle de province, alliée aux résidus féodaux (propriétaires fonciers et Église catholique) dans le "parti catholique".

Elle s’est appuyée, pour cela, sur la petite paysannerie propriétaire (auparavant bonapartiste), les professions libérales et intellectuelles, une partie de la petite entreprise (commerce - artisanat), l’aristocratie ouvrière naissante, et le salariat d’État (employés administratifs), qui dès cette époque devient une spécificité française par son importance numérique. 

L’Italie, au contraire, a mené une révolution bourgeoise tardive, qui commence avec la libéralisation du Piémont (années 1830) et s’achève avec la conquête de Rome (1870). Cette révolution s’est faite par compromis, et même fusion entre les classes féodales les plus libérales et la bourgeoisie industrielle et marchande la plus conservatrice (au détriment de la bourgeoisie républicaine "jacobine", comme Garibaldi). Le capitalisme italien est ancien (Moyen-âge) et pendant toute la période qui va jusqu’au 19e siècle, il s’est "féodalisé", formant une "aristocratie des villes". Ce trait marque encore le capitalisme italien aujourd’hui, qui est toujours "une affaire de famille".

L’industrialisation est tardive, pas avant le milieu du 19e siècle (au Nord) et elle s’est faite par ces fameuses entreprises familiales : certaines sont devenues des empires (comme FIAT ou Pirelli), mais le capitalisme national reste dominé par un tissu de moyennes entreprises de ce type. Enfin l’Italie est venue tard à la table des impérialismes, peu avant la Russie et le Japon, entre la toute fin du 19e siècle et les années du fascisme (1920-30). "Collectionnant les déserts", essuyant des défaites humiliantes contre l’Éthiopie féodale et les tribus libyennes, finalement écrasée par les Alliés en 1943, elle est restée un impérialisme faible, secondaire, sans véritable « chasse gardée » comme la France en Afrique. 

Pour ces raisons, la France a développé beaucoup plus anciennement et profondément, non seulement des classes moyennes (aristocratie ouvrière, petite-bourgeoisie salariée des petits cadres, travailleurs intellectuels et salariés d’État), mais une véritable culture et idéologie propre des ces classes.

Alors qu’en Italie le (n)PCI semble considérer que les masses populaires (dans lesquelles ils incluent des personnes gagnant de 2.000 à 4.000 € par mois !) sont partagées, comme le prolétariat lui-même, entre l’influence réactionnaire ou fasciste de la bourgeoisie et l’influence du prolétariat révolutionnaire (progressisme), en France il y a une véritable idéologie petite-bourgeoise des classes moyennes. 

Les classes intermédiaires peuvent produire de l’idéologie, il est faux de dire le contraire. Un grand nombre d’aspects du fascisme, le social-chauvinisme, le réformisme démocrate-légaliste ou le marxisme intellectuel sont des productions idéologiques petites-bourgeoises/"classes moyennes". Ce qui est vrai, c’est qu’elles ne sont pas capables d’une lutte de classe autonome : soit elles se rangent dans le camp de la bourgeoisie, soit elles se rangent dans le camp du prolétariat.

Et l’idéologie classe-moyenne de France, même lorsqu’elle se présente comme "anticapitaliste", se place clairement dans le camp de la bourgeoisie, qui en a synthétisé les courants. Pour aboutir, globalement, soit à une pensée réformiste social-démocrate (attachée à la démocratie bourgeoise) soit à une pensée populiste social-fasciste (tendant vers le fascisme). La frontière entre l’une et l’autre étant parfois imprécise (et poreuse). 

Entre les deux, il y a un ciment, produit par l’histoire, par la fusion idéologique de la révolution bourgeoise de 1789-1848 et de la "deuxième révolution" monopoliste de 1870-1905 : c’est l’idéologie républicaine. 

L’État français repose donc sur une véritable idéologie touchant toutes les classes, jusqu’au prolétariat, en l’absence d’avant-garde révolutionnaire faisant son travail d’éducation politique...

La République bourgeoise avec ses valeurs républicaines, son drapeau, son hymne etc., est une véritable religion d’État, une divinité : dire que le France est un pays laïc est une escroquerie intellectuelle.

Il y a en France un véritable culte de l’État, comme entité "au dessus des classes", neutre et arbitrale, "au service de tous"… sauf lorsque l’État touche au portefeuille (impôts, amendes pour excès de vitesse), ou lorsqu’obtenir quelque chose nécessite des démarches administratives interminables : là peut surgir une certaine grogne anti-État.

Et toute la social-démocratie et la gauche "radicale" petite-bourgeoise baignent littéralement là-dedans ! 

La différence qualitative, dans le mouvement communiste, entre la France et l’Italie, s’explique en grande partie par là : le PC de France a toujours baigné dans l’idéologie républicaine, depuis sa création (1920). Le régime fasciste de Vichy, en abolissant formellement la République (ne sachant pas trop quoi mettre à la place, les opinions allant d’un régime présidentiel autoritaire au rétablissement des Bourbons…), n’a pas arrangé les choses. Après la victoire sur le fascisme en 1945, le Parti communiste s’est alors présenté en champion de l’idéologie républicaine, en "sauveur de la République" [exemple particulièrement significatif : en 1945 la Jeunesse communiste devient l’Union de la Jeunesse républicaine de France…].

De manière complètement anti-matérialiste, le PCF n’a pas compris que l’État profond était resté inchangé entre la IIIe République et Vichy... et entre Vichy et la IVe puis la Ve (!), inchangé depuis 1870 voire depuis Napoléon Ier ! Même l’aspect pseudo-laïc de l’idéologie nationale n’avait pas été remis en cause sous Vichy, en dehors du court passage du catholique intégriste Jacques Chevalier à l’Éducation (sept. 1940 – fév. 1941) [ceci sans même parler de la présence en son sein d'innombrables éléments venus de la "gauche" et assumant totalement l'héritage de la révolution bourgeoise de 1789].

Ainsi, le PC s’est mis à la remorque d’une idéologie bourgeoise, et même bourgeoise monopoliste, puisque l’idéologie républicaine qui s’est construite entre les années 1860 et 1900 s’est construite comme l’idéologie des monopoles (de l’impérialisme), contre la propriété foncière, l’Église catholique et la bourgeoisie familiale traditionnelle (pré-monopoliste) de province.

Et toutes les formations (LO, LCR-NPA) qui ont tenté depuis 1990 d’occuper la "niche électorale" laissée par l’effondrement du PC en ont fait de même. 

En Italie, l’État profond repose sur "l’aristocratie industrielle" du Nord, comme les Agnelli ou les Pirelli, la grande propriété agraire semi-féodale du Sud (dont les mafias sont la face noire) et le Vatican (qui est un véritable empire financier et réseau politique souterrain, en plus de contrôler les esprits). Les communistes italiens s’y sont historiquement toujours opposés (avec Gramsci en particulier).

L’erreur des communistes, en 1945-48, est d’avoir cru que la Constitution antifasciste et la proclamation de la République renverseraient cet État profond, alors qu’il ne s’agissait que d’une restructuration.

Le PCI de Togliatti s’est alors laissé institutionnaliser et transformer en aile gauche de la République bourgeoise, la "République pontificale". Mais lorsque les masses comprirent, dans les années 1960, que rien n’avait changé, un puissant mouvement révolutionnaire resurgit alors pour ne s’éteindre qu’au début des années 1980, après une violente répression… L’influence de cette lutte frontale contre l’État profond (années 1919-45 et 1960-80) imprègne encore une grande partie des masses populaires. 

Il y a donc en Italie des réformistes petits-bourgeois, profondément idéalistes et ultra-démocrates (ne comprenant pas le caractère de classe de la démocratie, soit bourgeoise, soit prolétarienne), mais qui se placent néanmoins en rupture avec ces piliers de l’État profond (en particulier LE pilier idéologique du Vatican, ainsi que les organisations criminelles, "visage sombre" de la semi-féodalité du Sud). C’est fondamental.

On peut parler de progressistes sincères, c'est-à-dire qu’ils veulent sincèrement changer l’ordre établi mais par une méthode fausse (des réformes), contrairement aux sociaux-traîtres qui veulent réformer l’ordre existant pour le maintenir.

C’est sur eux que le (n)PCI pourrait s’appuyer, à travers les organisations ouvrières et populaires, pour établir ce fameux Gouvernement de Bloc Populaire ; avec "l’accord tacite" de la bourgeoisie "de gauche", la bourgeoisie qui pense qu’il faut faire des concessions pour sauver l’essentiel – et revenir en force plus tard. 

En France, le problème est que les réformistes, jusqu’au NPA et à LO, ne sont pas en rupture avec l’État profond et son idéologie républicaine… ils en font même parfois partie ! On pense notamment aux innombrables profs qui dirigent ces organisations, l’Éducation nationale ayant en France une véritable fonction d’Église républicaine (malgré son "Vatican 2" post-68 ).

Certains sont clairement des social-traîtres, qui ne veulent réformer et "réguler" le capitalisme français que pour le sauver ("éviter l’explosion, l’anarchie"…), tandis que beaucoup d’autres, plus prosaïquement, ne font que défendre leur bifteck (la gauche de la démocratie bourgeoise étant historiquement plus favorable aux fonctionnaires et aux petits-bourgeois salariés du secteur public). 

Il ne s’agit pas, bien sûr, des troupes : quand on dit que l’on préfère 20% de NPA-Front de Gauche, en Limousin, que 20% de FN, on parle bien sûr de l’électorat, montrant un terreau populaire progressiste où la mobilisation réactionnaire n’a pas marqué beaucoup de points (sans compter que beaucoup de gens on voté par défaut, pour "le plus à gauche", tout en étant beaucoup plus avancés politiquement que cela). Non, il s’agit des directions

Le problème, ce sont les directions, les idéologues des ces organisations - et, plus encore, l'idéologie qu'ils portent. Sans une véritable rupture idéologique avec l’État profond patriote-républicain-"laïc", il n’est absolument pas possible de s’appuyer sur ces éléments qui vouent de toute façon une haine féroce (ou un mépris profond, ce qui revient au même) aux véritables révolutionnaires et aux prolétaires conscients

Le réformisme, en France, est pour ainsi dire historiquement une composante de l’État profond, un système immunitaire de celui-ci, faisant partie du paysage. 

Si l'on veut résumer tout ce qui vient d'être dit : en Italie la "gauche" bourgeoise est une force politique marginale et instable, velléitaire et pusillanime, qui n'a joué de rôle réellement significatif qu'avec le P'c'I "eurocommuniste" de Berlinguer (1969-84, sous Togliatti le PCI était perclus de révisionnisme jusqu'à la moëlle mais c'est avec Berlinguer qu'il devient réellement une "gauche" bourgeoise), et dans une certaine mesure avec l'alliance entre le PSI et l'aile gauche de la démocratie-chrétienne au milieu des années 1980 (ère Craxi). Ceci parce que dès l'époque du Risorgimento (fondation de l’État), comme l'écrit le (n)PCI lui-même dans son Manifeste Programme, "À cause de sa contradiction d'intérêts avec les paysans [qui formaient alors l'immense majorité de la population faute de véritable révolution industrielle, de très grande ville comme Paris ou Londres etc.], la bourgeoisie unitaire dut renoncer à mobiliser la masse de la population de la péninsule pour améliorer ses conditions matérielles, intellectuelles et morales. Elle renonça donc aussi à établir son hégémonie, sa direction morale et intellectuelle sur la masse de la population. Cette réforme morale et intellectuelle de masse était cependant nécessaire pour un développement important du mode de production capitaliste. Mais l'intention de la réaliser se réduisit à des tentatives et efforts velléitaires de groupes bourgeois marginaux".

Autrement dit son hégémonie sur les masses populaires est toute relative ; et le mouvement communiste qui "dès l'époque du Risorgimento et ensuite (a assumé) le rôle de promoteur de l'initiative pratique des masses populaires et donc, également, de leur émancipation d'une conception superstitieuse et métaphysique du monde" (encore le Manifeste Programme), s'il est suffisamment puissant, peut effectivement (peut-être) l'amener à agir dans le sens de ses objectifs révolutionnaires.

Dans l’État français au contraire, si elle est confrontée comme partout dans le monde (depuis les années 1970-80 et le triomphe du "néolibéralisme") au problème du "réformisme sans réformes", et a par conséquent considérablement décliné, la "gauche" bourgeoise est historiquement une force politique fondamentale dans son rôle constant de contrôle et d'encadrement des masses... et de REMPART de l'ordre bourgeois, dans l'établissement duquel elle a toujours assuré (depuis le 18e siècle) une fonction de premier plan. Il n'est tout simplement possible de rien faire sans faire sauter cette digue ; il n'est pas possible d'avancer sans dénoncer et affronter, déconstruire et écraser la "gauche" (et plus largement "la Républiiiiique" dont elle est la gardienne absolue du temple, la droite ne faisant depuis la fin du 19e siècle que suivre le mouvement, ayant compris - dixit Thiers - que "c'est le régime qui nous - la bourgeoisie - divise le moins"), son discours et ses "mythes fondateurs" qui sont autant de PRISONS MENTALES pour les masses.

Donc voilà. Il est permis de tenir compte des contradictions au sein de la bourgeoisie, en particulier sur le rythme de la marche vers le fascisme, et le plus il y en a, le mieux c’est pour nous communistes. Mais aucune caution ne peut être donnée à la social-démocratie, aussi "radicale" soit-elle ! 

La tâche des communistes de France est donc, parallèlement à la lutte contre les politiques réactionnaires et la fascisation larvée de la bourgeoisie majoritaire, de briser l’idéologie républicaine et de démasquer l’imposture social-démocrate et réformiste petite-bourgeoise, qui est l’aile gauche (et le REMPART !) de cette idéologie : l’aile sociale-républicaine en quelque sorte. 

C’est seulement à cette condition de briser l’idéologie républicaine de la "gauche" réformiste que nous pourrons réunir, organiser et renforcer (et finalement constituer en Parti) les forces révolutionnaires communistes, dont certaines sont fourvoyées dans ces organisations réformistes, et d’autres restent inorganisées car désabusées ; et dégager de ces organisations les progressistes sincères*, pour les agréger autour du Parti dans un Front uni. 

 


[*Un bon exemple est la LCR du début des années 1970, en rupture avec le PC thorézien révisionniste mais aussi avec le trotskisme "orthodoxe" gauchiste-réactionnaire, évoluant plutôt dans le bon sens et que le puissant mouvement communiste maoïste de l’époque (Gauche prolétarienne et PCMLF notamment) avait réussi à entraîner derrière lui, la poussant vers une pratique comme (par exemple) l’opération antifasciste de la Mutualité (menée avec le PCMLF). Le mouvement communiste maoïste avait réussi à influer sur cette organisation "marxiste anti-stalinienne" et sur ses contradictions internes, radicalisant la gauche (Bensaïd, Recanati), neutralisant le centre (les frères Krivine) et isolant la droite (Frank, Filoche) - même pas tenue au courant de l'opération. Mais depuis, la LCR est revenue au trotskisme "antitotalitaire" (contre la dictature du prolétariat) et finalement à la social-démocratie (NPA), occupant en définitive la niche politiquequi était celle du PSU dans les années 1960-70]

 

Suite à cet article, le (n)PCI avait réagi pour souhaiter apporter quelques précisions et rectifications : Rectificatif sur le Gouvernement de Bloc Populaire

 

[Finalement, une grande partie de tout ce que nous venons de dire au sujet de la "gauche" social-républicaine française à la Mélenchon pourrait être résumée dans le concept de social-chauvinisme : http://www.contretemps.eu/interventions/social-chauvinisme-injure-concept... En définitive, la grande différence que nous essayons d'expliquer pourrait se situer là : malgré les grandes limites et les atermoiements réformistes de son mouvement socialiste, l'Italie n'a pas connu dans la même mesure ce phénomène social-chauvin dont l'"apogée éclatante" en Hexagone aura été l'"Union sacrée" de 1914 ; les socialistes italiens pro-guerre de cette époque faisant rapidement scission autour de Benito Mussolini pour devenir quelques années plus tard le mouvement fasciste ; alors que leurs homologues français sont restés socialistes sans le moindre problème ni la moindre remise en question, certains rejoignant même sans encombre (sans autocritique) le PC lors de sa création en 1920 (et par la suite, outre cette question du positionnement face à la guerre de 1914-18, il y a eu toute celle de l'attitude par rapport à l'impérialisme colonial, sujet sur lequel le socialisme puis le communisme italiens ont également toujours été beaucoup plus clairs...) ! Ceci est lié, comme nous l'avons expliqué, au caractère beaucoup plus (historiquement) fort et solide de la bourgeoisie tricolore qui lui a permis de prendre dans sa "force d'attraction" une partie considérable du mouvement ouvrier, ce que la bourgeoisie transalpine a toujours été beaucoup trop faible pour faire (quoi qu'elle y ait pas mal réussi avec le PCI à partir de 1960, jusqu'à sa dissolution en 1991).]

 

ET POUR FINIR, si le problème de la "gauche de la gauche" dans l’État français est ce que nous avons longuement expliqué supra, celui de son équivalente italienne est sa grandissante inexistence en termes de résultats électoraux et de représentation parlementaire, ce qui dans le cadre d'une stratégie totalement fondée sur cela a fini par conduire le (n)PCI à soutenir en "substitution" le très populiste et de plus en plus réactionnaire "Mouvement 5 Étoiles" de Beppe Grillo (ce que nous avons vivement critiqué).

 

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 10:45

Avant-Propos

1. Classe ouvrière et prolétariat

La classe ouvrière, on l’a dit, est le noyau dur des forces de la révolution socialiste et de leur avant-garde organisée, le Parti. Par contre, pour les ouvriéristes, elle est la seule admise dans le Parti, voire dans le Front révolutionnaire qui ne se ferait pas avec d’autres classes, mais avec d’autres organisations politiques du moment qu’elles sont ouvrières – conception trotskyste "orthodoxe", où l’idéologie (conscience révolutionnaire pour soi) ne compte pas, seulement la classe en soi. C’est cette conception que nous réfutons.

La classe ouvrière, au sens marxiste strict, est la classe qui par son travail crée la plus-value en transformant la matière. Cela peut consister en le mineur qui extrait la matière première du sol, ou encore en l’ouvrier agricole qui récolte le fruit sur l’arbre. Et bien sûr, en l’ouvrier d’industrie, qui agit sur un objet avec une valeur A pour lui donner une valeur B supérieure. On pourrait admettre, aussi, qu’il existe des ouvriers des services, du moment que ce service est manuel, qu'il s’exerce sur un bien : on pense par exemple aux réparateurs, plombiers, électriciens etc. Ils prennent un bien à la valeur zéro (car inutilisable ; parfois même l’appartement entier, privé d’eau ou d’électricité, ne vaut plus rien) et lui redonnent une valeur, à la fois d’usage et marchande.

Cette classe compte, dans l’État de France, 6 à 7 millions de travailleurs auxquels il faut ajouter leurs familles et les retraités. Cependant, ce sont des données statistiques qui incluent l’aristocratie ouvrière. Celle-ci ne compte, en effet, pas seulement des travailleurs avec une fonction d’encadrement, mais simplement des ouvriers qualifiés, auxquels les bénéfices de l’impérialisme permettent d’offrir un bon salaire et donc un standard de vie petit-bourgeois. Ces personnes sont certes des ouvriers, mais pas des prolétaires. Politiquement, ils forment la base du réformisme, du légalisme, du culte de l’État bienfaiteur et, souvent, du chauvinisme (qui peut déboucher sur la xénophobie et, de là, le vote fasciste). Cela, les ouvriéristes ont souvent tendance à l’oublier.

D’une manière générale, cette classe souffre aujourd’hui de la délocalisation de la production vers des pays à moindre coût de main d’œuvre, et (surtout) de l’atomisation par le développement de la sous-traitance en petites unités productives, et la multiplication de l’emploi précaire, à durée limitée. Se souvenant des grands mouvements de 1936, des années d'après-guerre ou de 1968-75, la bourgeoisie redoute les grandes unités de production, comme Renault Billancourt, préfigurant le socialisme et où des milliers d’ouvriers peuvent se dresser d’un seul coup contre le Capital.

Mais existe-t-il d’autres classes prolétaires que les ouvriers ? Pour les camarades italiens du nPCI, la réponse est oui : Aux premiers siècles de l’existence du mode de production capitaliste, le prolétariat n’était composé pratiquement que de travailleurs manuels dans l’industrie, parce que seule la production industrielle était absorbée par le mode de production capitaliste. De là l’habitude que l’on a par inertie de considérer comme ouvriers seulement les travailleurs manuels de l’industrie. Graduellement le mode de production capitaliste s’est cependant étendu aussi aux autres secteurs productifs, a créé de nouveaux secteurs et a approfondi la division du travail à l’intérieur des entreprises : par conséquent, les travailleurs des autres secteurs et les travailleurs non manuels sont aussi entrés dans le prolétariat. Jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle, la classe ouvrière et le prolétariat ont été toutefois grosso modo encore la même chose. “ Par prolétariat s’entend la classe des ouvriers salariés modernes qui, ne possédant aucun moyen de production, sont contraints de vendre leur force de travail pour vivre ” (Engels). Dans la phase impérialiste de la société bourgeoise, la prolétarisation de la société s’est étendue, d’autres travailleurs ont été réduits à l’état de prolétaires (c’est-à-dire des travailleurs qui pour vivre doivent vendre leur force de travail) même s’ils ne travaillent pas aux ordres du capitaliste pour valoriser son capital. De cette façon sont apparues de nouvelles classes prolétaires, différentes de la classe ouvrière.

Ces autres classes prolétaires sont : — les salariés (on en exclut les dirigeants) de l'administration publique centrale et locale et des organismes qui dépendent de l’État ;

— les travailleurs employés dans des entreprises non capitalistes (entreprises familiales, d'artisanat et d'autres que les propriétaires créent et gèrent non pour valoriser un capital, mais pour en obtenir un revenu) ;

— les travailleurs qui sont attachés aux services personnels (serveurs, chauffeurs, jardiniers, etc.).

Cette liste peut bien sûr être discutée : certains voudront en retirer des catégories de travailleurs, d’autres en ajouter. Mais, pour certains, la conception du prolétariat du nPCI est révisionniste : le nPCI construirait un prolétariat "de bric et de broc" et nierait la "centralité ouvrière" (ils disent pourtant bien que c'est la classe ouvrière qui dirigera la révolution socialiste. Le parti communiste est son parti). Alors, qu’en penser ? 

Ce qui est sûr, c’est qu’autour de cette classe ouvrière, voire tout près d’elle (dans les mêmes quartiers, voire sous le même toit familial !) gravitent des millions de travailleurs salariés (non propriétaires des moyens de production), qui participent au processus de production, "intellectuels" (secrétaires, employé-e-s de bureau) ou manuels (préparateur-rice-s de commande, manutentionnaires, livreur-euse-s), et d’autres encore, qui participent à la distribution de la marchandise (serveur-euse-s, vendeur-euse-s, caissier-e-s) ou à son après-vente (réparateur-rice-s). Ou encore, qui participent au bien-être (et donc à la productivité) des producteurs (nettoyage). Etc. etc.

Sont-ils/elles des prolétaires ? Peut-être pas (certainement pas pour nos singes savants ouvriéristes)… Mais en admettant qu’ils et elles ne le soient pas, ce sont très clairement des travailleurs exploités. Le gain que leur travail rapporte au capitaliste, bien que moins facilement quantifiable que celui de l’ouvrier (qui est la différence entre la valeur du bien avant le travail et sa valeur après), ne leur est certainement pas intégralement, ni même en majorité, reversé sous forme de salaire…

On pourrait même dire que, s'ils/elles ne participent pas directement à la création de la valeur en transformant la matière, ils y contribuent, ils y collaborent activement : en permettant d’augmenter la productivité, en assurant la prise de commande (condition de la production) et la distribution de la marchandise (sans laquelle que vaudrait celle-ci ?) ou son maintien en état d'usage par la réparation ("capital confiance" du capitaliste) etc. etc. ; en d'autres termes en permettant la réalisation de la valeur ajoutée crée par le travail ouvrier, la transformation du capital-marchandise en véritable plus-value.

Donc, dire qu’ils sont des alliés naturels de la classe ouvrière est faible : ce sont des alliés automatiques, ni beaucoup plus, ni guère moins révolutionnaire que celle-ci dans les mêmes conditions objectives. On pourrait quasiment parler de prolétariat par assimilation.

Si l'on ne considère pas cela, il est impossible d’avoir une ligne de masse conséquente dans les pays impérialistes !

Dire cela n'a rien à voir avec la recherche de "nouveaux sujets révolutionnaires" (le hors-la-loi, l'immigré, "l'exclu"...) qui a foisonné dans les milieux intellectuels depuis les années 1970...

2. Le Parti révolutionnaire de la classe ouvrière : une conception du monde

Ce que l’on entend systématiquement chez les ouvriéristes, aussi bien petits-bourgeois (L"o", P"o"I) que réellement ouvriers (ou aristocrates ouvriers), c’est que "la priorité est à la construction du Parti ouvrier", qui déterminera ensuite ses alliances de classe. Quand on voit celles que font les petits-bourgeois et les aristocrates ouvriers du P"o"I ou de L"o", on en tremble d’avance, et l'on se prend à espérer que les ouvriéristes réellement ouvriers soient mieux avisés…

En tout cas, ceci est absolument faux. Le "Parti ouvrier" existe déjà virtuellement (les ouvriers conscients que le capitalisme ne peut plus durer), et il devrait exister réellement depuis des années voire des décennies. Son noyau d’avant-garde existe, et sa base de recrutement existe aussi : on trouve des éléments, voire des groupes entiers d’ouvriers rouges dans toutes les UL de la CGT, dans toutes les sections de L"o" ou du P"c"F, et dans toutes les organisations issues du P"c"F lors de sa liquidation social-démocrate des années 1990. Dans ce cas, pourquoi ne pas leur passer simplement un coup de fil : « Bonjour, c’est l’avant-garde du prolétariat à l’appareil »… Je vous laisse imaginer le sketch qui s’ensuit. C’est ridicule, évidemment.

Pourquoi ? Parce qu’en dehors de l’avant-garde communiste révolutionnaire, les ouvriers les plus rouges aujourd’hui, les plus combattifs et déterminés, envisagent de faire plier le Pouvoir, mais pas de le prendre, ne sachant tout simplement pas quoi en faire.

Et pourquoi cela ? Parce qu’ils sont prisonniers de l’économisme, dont l’ouvriérisme n’est que la variante gauchiste, sectaire. L’économisme, c'est-à-dire quand la lutte de classe s’arrête à la porte de l’usine

L’étape actuelle n’est pas là. La tâche actuelle des communistes, c’est que la lutte de classe jaillisse des usines comme un torrent, vers toutes les citadelles de l’exploitation (des McDo’s aux call centers en passant par les sociétés de nettoyage) et de l’oppression (quartiers-ghettos, Pôles Emploi, sociétés négrières d'intérim, prisons), et vers l’ensemble des masses populaires.

La conscience révolutionnaire de la classe ouvrière ne doit plus rester concentrée sur la relation de travail (et d’exploitation) patron/ouvrier, elle doit embrasser tous les sujets d’Hexagone, d’Europe et du monde (internationalisme), et avoir une position révolutionnaire sur chacun d’eux.

L’étape actuelle, c’est de briser le carcan de l’économisme, du mouvement purement ouvrier (Lénine, Que faire ?).

Cela passe par deux choses :

- les intellectuels organiques (Antonio Gramsci) : ce sont des intellectuels issus du prolétariat ; ou parfois, comme Lénine ou Mao, de la petite-bourgeoisie, mais sur les positions et au service du prolétariat – mais de préférence, ceux-là ne doivent intervenir qu’au début, lorsque les forces subjectives de la révolution sont encore faibles. Sans même parler de Lénine ou Mao, il y a des centaines de travailleurs intellectuels, liés au prolétariat par des liens familiaux, conjugaux, professionnels ou affinitaires, qui peuvent jouer ce rôle. Leur tâche est de dépasser (justement) l’économisme, d’élaborer une conception prolétarienne du monde et de briser l’hégémonie culturelle de la bourgeoisie sur le prolétariat et les masses populaires (Gramsci encore). 

- la ligne de masse, qui passe par des organisations de masse. Ainsi, la Jeunesse Communiste Marxiste-Léniniste est la première organisation communiste révolutionnaire de masse, en direction de la jeunesse populaire, à voir le jour depuis près de 40 ans. Simultanément, le PCmF prône la création du Front révolutionnaire anticapitaliste/antifasciste et populaire (FRAP), avec pour organe de communication la Cause du Peuple. Sur la région de Toulouse, le collectif Coup pour Coup 31 multiplie les initiatives anti-impérialistes et anticapitalistes, de même que le Comité Anti-Impérialiste, plutôt sur la région parisienne. Le Comité de Soutien à la Révolution en Inde assure la solidarité internationaliste, en Hexagone, avec la plus grande Guerre populaire sur la planète actuellement.

Ce sont là des initiatives, idéologiquement et géographiquement diverses, mais qui ne peuvent aller que dans le bon sens, quels que soient les incidents de parcours qui pourraient survenir.

Le Parti ouvrier n’est pas un "syndicat politisé". On sait de toute façon parfaitement que "l’apolitisme" des syndicats en France est une mascarade, et qu’ils sont tous liés à un mouvement réformiste. On sait, aussi, que le problème du PCF pendant des décennies (des années 1950 à 1990), c’est (justement) qu’il n’a finalement été que la machine électorale de la CGT…

Non, le Parti de la classe ouvrière, communiste révolutionnaire, est un instrument de conquête et – demain – d’exercice du Pouvoir. Il doit reposer sur une conception communiste du monde.

Pour reprendre toujours le même exemple, Lutte Ouvrière compte des militants ouvriers héroïques, comme Xavier Mathieu. Mais voilà, le problème, c’est que LO ne sait parler que de cela : des conflits du travail, des mouvements sociaux contre les "réformes" réactionnaires de l’État bourgeois. Et lorsqu’ils prennent position sur d’autres questions, leurs positions sont fausses, comme celle de considérer que les luttes de libération sont "bourgeoises". Lutte Ouvrière est donc incapable de prendre et d’assumer le Pouvoir : ils repoussent éternellement l’échéance, en disant que "les conditions ne sont pas mûres" (elles ne le seront jamais, car les conditions de la révolution se créent par le travail révolutionnaire et, de toute façon, les conditions d’une révolution purement ouvrière ne seront jamais réunies). 

3. La classe ouvrière et les autres classes dans la révolution

Une autre conception erronée, que l’on entend souvent chez les ouvriéristes, c’est que les autres classes exploitées ou écrasées par le capitalisme monopoliste sont les bienvenues dans le processus révolutionnaire… à condition de se plier aux intérêts et aux conditions de la classe ouvrière. C’est complètement faux. C’est perdre totalement de vue la mission émancipatrice de la classe ouvrière pour l’humanité entière.

La classe ouvrière ne "plie" pas les autres classes populaires à ses intérêts : ceci est une conception trotskyste, que Trotsky a partiellement mise en œuvre (vis-à-vis de la paysannerie) durant le communisme de guerre. Au contraire, elle réalise leurs aspirations (idéalistes) à la "justice", à la "dignité" et au "bien être", car c’est là un programme démocratique minimal, parfaitement englobé dans le programme maximal de la classe ouvrière qui est le socialisme et son aboutissement, le communisme.

Si l'on prend l’exemple de l’agriculture, les petits paysans ont intérêt à la collectivisation, à la mise en commun des moyens de production, à l’agriculture socialiste.

Cet intérêt est très clairement ressenti dans les pays où la grande propriété (semi-féodale ou agro-capitaliste) s’oppose à la micropropriété ou à une paysannerie sans terre. En France, il y a beaucoup de grandes propriétés agro-capitalistes (que la révolution expropriera et donnera aux masses laborieuses pour leur alimentation) d’un côté, et de l’autre, des paysans poussés par la faillite vers le prolétariat. Mais il y a entre les deux des petits paysans, pour qui la collectivisation sera la solution.

La révolution prolétarienne apporte aux paysans une solution qui est dans LEUR intérêt (ET dans celui des masses populaires), elle ne les "plie" pas aux intérêts de la classe ouvrière !
 


Post-scriptum : cet article a (sans surprise) soulevé quelques réactions (sans importance) sur un obscur forum où errent quelques vieux débris (sans importance...) de l'ouvriérisme et autres dogmatismes "ML". Qui n'ont d'ailleurs que cela à faire, ce qui en dit long sur leur militantisme révolutionnaire ...

Notons simplement, au vu de leurs réactions, qu'ils ont été ni plus ni moins qu'incapables de lire ce texte, ou en tout cas de le comprendre. Leur "grandiose" contribution au mouvement communiste en France, depuis plus de 30 ans, n'en est que plus compréhensible ...

 

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 23:38


Nous sommes un certain nombre de communistes, bien que pour certains maoïstes, à avoir pris conscience que l’étape actuelle en Hexagone en est (malheureusement) à la défense des bases élémentaires du léninisme, voire tout simplement du marxisme, plus qu’à la défense du maoïsme comme saut qualitatif dans un mouvement marxiste-léniniste qui serait déjà conséquent. Toute l’expérience de Servir Le Peuple, depuis près d’un an, tend vers cette conclusion.

Construire un Parti léniniste est la priorité, car toute défense des apports de Mao Zedong reviendrait autrement à construire sur du sable.

Dans ce cadre, Servir Le Peuple se propose de fournir un travail de réflexion théorique et d’analyse sur les principales déviations anti-léninistes. Ce travail est donc inauguré, avec la déviation ouvriériste. Il s’agit d’un travail de longue haleine, qui s’étalera sur plusieurs semaines voire plusieurs mois. Ce sera également un travail collectif : des précisions et des corrections viendront certainement améliorer ce premier jet. 

La déviation ouvriériste est une déviation historique, pratiquement aussi ancienne que le mouvement communiste lui-même.

Elle se base sur une interprétation étriquée des textes de Marx et Engels, en particulier Le Capital, écrits à une époque où le prolétariat consistait en pratique à 95% dans les ouvriers/ères (de l’industrie, des mines, de la construction etc.) car le capitalisme n’avait pas encore absorbé toute l’activité productive des pays industriels.

Ce n’est cependant pas aussi évident, car en anglais et en allemand (leurs langues d’expression principales), Marx et Engels parlaient de « travailleurs » : working class ou arbeitersklasse. Cette interprétation est aujourd’hui dévoyée par les révisionnistes et certains trotskystes qui, en parlant de « travailleurs », veulent mélanger les intérêts de classes différentes, à la conscience et aux intérêts immédiats très différents, parfois clairement antirévolutionnaires, pour mettre finalement en avant un programme minimal de type social-démocrate.

Pour autant, Marx et Engels ont eux-mêmes souvent souligné le rôle que pouvaient jouer les travailleurs intellectuels dans le mouvement révolutionnaire : n’étaient-ils pas eux-mêmes des intellectuels prolétarisés ?

Et Lénine disait même en 1902, dans Que faire ?, que « La conscience politique de classe ne peut être apportée à l'ouvrier que de l'extérieur, c'est-à-dire de l'extérieur de la lutte économique, de l'extérieur de la sphère des rapports entre ouvriers et patrons. Le seul domaine où l'on pourrait puiser cette connaissance est celui des rapports de toutes les classes et couches de la population avec l’État et le gouvernement, le domaine des rapports de toutes les classes entre elles. C'est pourquoi, à la question : que faire pour apporter aux ouvriers les connaissances politiques ? - on ne saurait donner simplement la réponse dont se contentent, la plupart du temps, les praticiens, sans parler de ceux qui penchent vers l'économisme, à savoir “aller aux ouvriers”. Pour apporter aux ouvriers les connaissances politiques, les social-démocrates doivent aller dans toutes les classes de la population, ils doivent envoyer dans toutes les directions des détachements de leur armée. »

C’était bien sûr une autre époque, où l’analphabétisme, l’absence d’instruction, l’absence de temps laissé à la réflexion personnelle, empêchait la classe ouvrière de développer par elle-même les instruments scientifiques de sa libération. L’eau a bien sûr coulé sous les ponts, le niveau culturel des masses en général et du prolétariat en particulier s’est considérablement élevé, et  aujourd’hui des camarades de la première importance sont issus directement des rangs ouvriers. Mais on peut retenir deux choses dans ce que dit Lénine :

- d’abord, que l’idée de la révolution socialiste n’est pas liée de manière absolue avec l’appartenance à la classe ouvrière, ce qui serait une vision totalement mécanique du matérialisme. L’idée du socialisme et du communisme naît dans le mode de production capitaliste, de la contradiction centrale entre le caractère social de la production et l’appropriation privée de la plus-value du travail. A partir de là, cette idée communiste se répand dans l’ensemble des classes de la société, de même que l’idéologie bourgeoise influence toutes les classes, y compris le prolétariat. Bien sûr, la conscience révolutionnaire l’emporte sur l’influence bourgeoise d’autant plus facilement (j’y reviendrai) que l’intérêt de classe à la révolution est clair, que la contradiction entre production sociale et appropriation privée est directement ressentie. Il n’y a pratiquement aucune chance pour qu’un bourgeois, vivant du revenu de ses actions, puisse envisager la moindre option révolutionnaire…

- ensuite, le capitalisme est devenu (déjà en 1902 lorsque Lénine écrit) un ordre social et non plus un simple mode de production. Il englobe toute la société, toutes les classes, tous les rapports sociaux sous son pouvoir politique et dans ses valeurs culturelles. Autrement dit : le capitalisme ne s’arrête pas à la porte de l’usine. La mission historique du prolétariat ouvrier n’est pas seulement sa propre libération : c’est la libération de la société entière. Lénine pourfend alors ce qu’il appelle l’économisme : nous y reviendrons.

Quoi qu’il en soit, Servir Le Peuple confesse de toute façon une fâcheuse tendance : celle de vivre dans le réel et non dans des « Textes Sacrés » et, accessoirement, d’avoir conscience que nous ne sommes plus en 1848, ni en 1880 ou 1914. De considérer le marxisme (Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao et d’autres auteurs) comme une grille d’analyse scientifique de la réalité qui nous entoure, et non comme un ensemble de « principes » intangibles qu’on récite comme un mantra.

Aujourd’hui, la réalité dans un pays impérialiste comme la France est que s’est développée une importante économie de services, par exemple, tandis que la production industrielle non qualifiée a été très largement exportée vers des pays comme l’Inde, la production moyennement qualifiée vers l’Europe de l’Est etc.

Or les travailleurs des services, qui peuvent être la caissière de Carrefour ou de McDonald’s comme le réparateur qui vient réparer votre plomberie, ne sont pas des ouvriers au sens marxiste strict, c'est-à-dire qu’ils ne transforment pas la matière pour lui donner une valeur ajoutée… Ce sont pourtant bien des prolétaires.

Servir Le Peuple a donné, à l’époque où le rédacteur de ces lignes n’était membre d’aucune organisation, la définition suivante du prolétariat :

--> les travailleurs non propriétaires des moyens de production. C'est le caractère fondamental. Les moyens de production sont la propriété du bourgeois capitaliste, c'est la définition de la bourgeoisie. Le prolétaire n'est propriétaire que de sa force de travail.

--> ensuite, car jusque là cela pourrait être n'importe quel salarié, échangeant leur force de travail (seul moyen de production dont ils disposent) contre juste de quoi la reproduire.

--> enfin extorqués, donc, de la plus-value de leur travail : c'est-à-dire que la différence entre ce que leur travail quotidien rapporte à l’employeur capitaliste, et ce qu’il leur est rétribué pour vivre sous forme de salaire (charges comprises), est accaparé par celui-ci.

La classe ouvrière, en laquelle consistait 95% du prolétariat à l’époque du Capital, n’en représente plus une telle proportion aujourd’hui. Elle en est simplement le noyau dur, la classe révolutionnaire jusqu’au bout, parce que, comme on l’a dit, elle crée la valeur ajoutée en transformant la matière (extraire le minerai du sol, transformer le morceau de métal en pièce d’automobile, le ciment en maison), et deuxièmement, parce qu’elle vit au quotidien le caractère social de la production et sa contradiction avec l’appropriation privée de la richesse créée.

Cela dit, si fertile que soit notre imagination, la conception du prolétariat exposée ici n’en est pas sortie toute habillée, puisqu’à vrai dire elle est totalement inspirée de celle de nombreuses organisations maoïstes.

Pour le PCR du Canada, le prolétariat consiste en : 

L’aristocratie ouvrière : Il s’agit de prolétaires dont le revenu leur permet, outre de reproduire leur force de travail, d’accumuler un certain montant pour avoir accès à des actifs mobiliers et immobiliers et s’affranchir de l’endettement. On en rencontre une part importante parmi la couche des employéEs techniques et une fraction appréciable du prolétariat industriel. C’est une couche très syndiquée.

Les employéEs techniques : Ce sont souvent des employéEs qui ont obtenu des formations techniques au niveau collégial dans les domaines de la santé, des sciences de la nature et les arts. Les pompiers/ères font aussi partie de cette couche. Leurs salaires sont supérieurs à ceux de l’ensemble du prolétariat.

Les employéEs exécutantEs : Parmi cette couche, on retrouve les emplois les moins payés, les plus féminins et avec le taux de temps partiel le plus élevé. La qualification scolaire est légèrement supérieure à celle du prolétariat industriel. On retrouve beaucoup d’emplois de passage pour des étudiantEs. Ces emplois, on en retrouve dans la restauration, l’hébergement, la vente au détail, les services sociaux, les emplois de bureau, le secrétariat, etc. La syndicalisation y est faible.

La classe ouvrière : On y retrouve toute la classe ouvrière traditionnelle des industries, des métiers de la construction et du transport. On ajoute aussi des ouvriers agricoles. Il y a un taux de travail à temps partiel supérieur à la moitié. La présence féminine est faible (le sixième). La majorité des hommes de ce secteur qui ont travaillé à temps plein font partie de l’aristocratie ouvrière. Ceux-ci sont fortement syndiqués.

Les rentiers/ères prolétaires : L’essentiel de leurs revenus provient des régimes de pensions de vieillesse, de supplément de revenus garantis et de régimes de pensions gouvernementaux. Par contre, pour les ancienNEs membres de l’aristocratie ouvrière, les fonds de pension privés représentent une part appréciable de leurs revenus.

L’armée de réserve : Dans l’armée de réserve, nous retrouvons touTEs les personnes qui sont en âge de travailler mais que, parce que le capitalisme ne permet pas à tout le monde de travailler pour des raisons de santé ou des raisons intrinsèques à ce régime, ne peuvent pas le faire. Les 2/3 de l’armée de réserve sont des femmes. Lorsqu’il y a de l’emploi disponible, l’armée de réserve diminue. Lorsque, suite à des récessions et des crises économiques, l’emploi diminue, l’armée de réserve croît. CertainEs sont bénéficiaires d’assurance-emploi, d’autres d’assistance-sociale. Par contre, une partie des membres de l’armée de réserve doivent se faire vivre par leurs conjointEs.

Pour le (nouveau) Parti Communiste Italien : « Travailleurs dont le revenu vient, au moins pour la partie principale, de la vente de leur force de travail. En Italie, ils sont environ 15 millions. Avec le reste de leurs familles et les retraités, cela fait 36 millions.

1. Classe ouvrière

Les prolétaires embauchés par les capitalistes pour valoriser leur capital en produisant des marchandises (biens ou services). Il faut que celui qui les embauche soit un capitaliste (de l'industrie, de l'agriculture, des services, de la banque, des finances, etc.) et qu'il le fasse non pas pour qu'ils prêtent leurs services à des institutions ou à des organismes “ sans but lucratif ”, mais pour qu'ils travaillent dans une entreprise dont le but principal est la valorisation du capital.

Parmi les ouvriers, il existe des divisions objectives politiquement importantes, comme travailleur sans qualification et travailleur qualifié, ouvrier et employé, la possession de revenus autres que ceux du travail, la dimension de l'entreprise, le secteur auquel appartient l'entreprise, ouvriers des villes et ouvriers des zones rurales, sexe, nationalité, etc.

Ne sont pas des ouvriers, ces employés qui travaillent dans des entreprises capitalistes, dont le travail est, au moins pour une partie importante, un travail de direction, d'organisation, de préparation et de contrôle du travail d'autrui, pour le compte du capitaliste (pour donner un indice sommaire et approximatif mais simple, nous pouvons considérer qu'appartiennent à cette catégorie tous les subordonnés qui reçoivent des salaires ou des appointements annuels nets supérieurs à 25.000 €). Les ouvriers, ainsi répertoriés, en Italie sont environ 7 millions (dont presque un million travaillent dans des grandes entreprises, de plus de 500 personnes). En comptant leurs familles et les retraités, cela fait 17 millions.

Cela, c'est la classe ouvrière qui dirigera la révolution socialiste. Le parti communiste est son parti. 

2. Autres classes prolétaires

Les membres des classes indiquées ci dessous sont les alliés les plus proches et les plus solidaires de la classe ouvrière. Au cours de leur vie, beaucoup de travailleurs passent de l'une de ces classes à la classe ouvrière et vice versa. Cela renforce les liens de ces classes avec la classe ouvrière (et apporte dans la classe ouvrière les qualités et les défauts de ces classes). En Italie, ils sont environ 8 millions. En comptant leurs familles et les retraités, cela fait 19 millions. Ils se divisent dans les trois grandes classes suivantes :

- les salariés (on en exclut les dirigeants) de l'administration publique centrale et locale et des organismes qui dépendent de l’État ;

- les travailleurs employés dans des entreprises non capitalistes (entreprises familiales, d'artisanat et d'autres que les propriétaires créent et gèrent non pour valoriser un capital, mais pour en obtenir un revenu) ;

- les travailleurs qui sont attachés aux services personnels (serveurs, chauffeurs, jardiniers, etc.). »

Bien sûr, on peut légitimement être en désaccord avec ces définitions. Par exemple, les communistes de France classent rarement (comme le fait le PCR Canada) l’aristocratie ouvrière et les agents de maîtrise technique dans le prolétariat. L’analyse du prolétariat des camarades italiens semble plus juste, en revanche ils classent dans les classes populaires des personnes gagnant entre 2000 et 4000 € nets par mois… Dans le « sens commun » de populaire en France, il est clair que ces gens-là n’en font pas partie, mais appartiennent bien aux classes moyennes (et même moyennes supérieures !), à la petite-bourgeoisie salariée. Ils ne vivent pas dans des quartiers populaires, mais résidentiels.

En revanche, l'on comprend plus mal en quoi le débat franc et ouvert entre camarades ne pourrait se passer d’insultes…

La déviation ouvriériste, donc, n’est pas nouvelle. Et si elle n’est pas extrêmement répandue, contrairement aux déviations révisionnistes et trotsko-réformistes trans-classistes, elle est encore bel et bien présente de nos jours.

Elle est très présente dans le trotskysme « canal historique » dont l’exemple type est Lutte Ouvrière, en tout cas avant le virage « antilibéral » populiste des dernières années. Car si Trotsky n’était pas spécialement ouvriériste (plutôt arriviste), il a ramassé dans son combat contre l’URSS des ouvriers et des paysans tous les débris de conceptions anti-léninistes, et celles-ci imprègnent encore certains courants « orthodoxes ».

Elle est représentée, également, dans la « Gauche communiste », les gauchistes au sens historique strict.

Mais on la trouve également, malheureusement, dans le marxisme-léninisme. Il s’agit notamment d’une déviation de personnes et de groupes issus du courant pro-albanais, dont la lutte déterminée contre le révisionnisme et contre la théorie des trois mondes (soutenir les « petits impérialismes » - France etc. – contre les « deux superpuissances », puis tout simplement l’Ouest contre le « social-impérialisme », théorie attribuée à tort à Mao) ne souffre pas de remise en cause. La théorie des trois mondes étant, elle, la déviation historique du courant prochinois.

Cette déviation est souvent portée par des petits-bourgeois, visiblement en quête de radicalité : ainsi à Lutte Ouvrière, la très ouvriériste Arlette Laguiller était employée du Crédit Lyonnais, la plupart des cadres sont des profs et le « leader de l’ombre » Hardy est propriétaire d’une petite entreprise… De son côté, Anton Pannekoek (1873-1960), le père de la "Gauche communiste germano-hollandaise", était astrophysicien de son état.

Mais parfois, elle provient aussi directement des rangs ouvriers. La classe ouvrière de l’État de France a connu pendant les « Trente glorieuses » (1945-75) une élévation continue de son niveau de vie, puis avec la crise générale du capitalisme, une dégradation continue. D’où chez certains éléments assez âgés (au moins la quarantaine) un sentiment d’amertume et une radicalisation sectaire, un repli sur une classe ouvrière mythifiée : une dérive comparable au gauchisme de la petite-bourgeoisie broyée par le Grand Capital. Une amertume qui peut aussi provenir, chez certains vieux militants, des revers stratégiques du mouvement communiste au niveau mondial, dans les années 1970 à 1990. Des revers qu’ils mettent de façon simpliste sur la trahison des intellectuels, bien réelle, mais qui serait plus une conséquence qu’une cause à notre humble avis…

Quoi qu’il en soit, l’amertume n’est jamais un sentiment qui produit les grands révolutionnaires, ni une conception du monde juste. Lénine, Staline, Mao n’étaient pas des individus amers, mais au contraire des dirigeants d’un optimisme révolutionnaire et d’une positivité inébranlables.

Ces ouvriéristes en arrivent à oublier la mission historique de la classe ouvrière et du prolétariat révolutionnaire, qui n’est pas seulement de se libérer elle-même, mais de libérer l’humanité.

Leur conception considère que seule la classe ouvrière, et encore dans une définition ultra restrictive, constitue les prolétaires : les caissières, les esclaves-salariés de plateformes téléphoniques n’en sont pas !

Mais surtout, au-delà de la définition du prolétariat, ils ont une vision sectaire des alliances de classes indispensables à toute révolution. Ils considèrent que seule la classe ouvrière est vraiment révolutionnaire, de manière presque « innée » (la domination culturelle de la bourgeoisie ? connaît pas…) tandis que les autres ne le seraient pas, et seraient même foncièrement contre-révolutionnaires : elles devraient « se plier » aux conceptions de la classe « ouvrière » pour mériter un minimum de considération.

Les petits employés, les paysans pauvres, les petits indépendants et les travailleurs intellectuels pauvres : des contre-révolutionnaires, pourris de conceptions petites-bourgeoises ! De là à considérer qu’un ouvrier communiste est plus proche d’un ouvrier fascisant que d’un travailleur intellectuel progressiste, il n’y a parfois qu’un tout petit pas…

L’oppression générale, à l’époque de l’impérialisme, des monopoles grand-capitalistes sur les masses populaires (et qui dit oppression, dit résistance), les luttes populaires démocratiques (l’oppression capitaliste ne s’arrête pas à la sortie de l’usine), les luttes contre la destruction de l’environnement des masses populaires, tout cela n’existe pas, c'est "petit-bourgeois".

L’aspect démocratique du combat révolutionnaire dans les pays impérialiste est nié, alors qu’à mesure que la « démocratie bourgeoise » tombe le masque dans la crise générale du capitalisme, le rôle des communistes est de montrer aux masses populaires qu’il n’y a de vraie démocratie, de vraie « justice » (mots d’ordre idéalistes petits bourgeois) que dans la révolution socialiste. La concentration du pouvoir économique (et donc politique) par les monopoles fait que finalement, toutes les classes populaires, y compris les petits fonctionnaires et employés exécutants, les travailleurs intellectuels, les petits artisans/commerçants ou les petits paysans propriétaires ont intérêt à long terme dans le socialisme : le problème c’est qu’ils n’y ont pas forcément intérêt à court terme, et donc ne perçoivent pas cet intérêt.

De même, le rôle de la paysannerie et de la petite-bourgeoisie non-liées à l’impérialisme dans les pays arriérés et/ou dominés, est tout simplement nié.

Toutes ces conceptions ont notamment été, vers 1920, celles des gauchistes qui reprochaient aux bolchéviks leur travail en direction de la paysannerie et des autres classes exploitées dans l’Empire tsariste : Lénine l’a pourfendue dans La Maladie infantile (que nous aurons l’occasion de creuser ensemble dans de prochains articles).

Généralement, cette déviation ouvriériste conduit à des positions objectivement réactionnaires sur les pays dominés par l’impérialisme, car tout ce qui n’est pas dirigé par la classe ouvrière urbaine dans ces pays est à rejeter. Or, en l’absence de pays socialiste guidé par le marxisme-léninisme, ce n’est pour ainsi dire jamais le cas, et même les Guerres Populaires pour la Démocratie nouvelle, menées en Inde, aux Philippines, dans l’État turc, au Pérou, en Colombie, au Mexique (EPR) etc., reposent sur des alliances de classes : prolétariat urbain, prolétariat rural, paysannerie pauvre, petite-bourgeoisie, intellectuels etc.  

Prenons par exemple la Palestine. Le discours type est « sous les bombes des sionistes, sous les roquettes du Hamas, un seule classe ouvrière ! ». Ils ne font tout simplement aucune différence entre une classe ouvrière de type européen, dans ce qui est une « enclave » d’Europe au Proche-Orient, embourgeoisée par les bénéfices de l’occupation ; et un prolétariat de pays occupé et colonisé, une classe ouvrière comparable à la classe ouvrière noire en Afrique du Sud d’apartheid…

Et ici, dans les pays impérialistes, l’ouvriérisme mène tout droit à l’économisme : la limitation de la lutte de classe au strict cadre de l’usine, patron-ouvrier. Les luttes populaires démocratiques (contre la répression, contre la destruction de l’environnement, contre le développement du mouvement fasciste), ou encore les luttes des nations opprimées (basque, corse, bretonne etc.) sont rejetées comme « petites bourgeoises », sans autre forme de procès.

Finalement, quand les échecs répétés ont usé la détermination des nos « communistes ouvriers », on en arrive… au réformisme pur et simple ! Un cas emblématique est le PCOF (PéCOF pour les intimes), organisation historique « pro-albanaise » en France, qui a fini par intégrer le Front de Gauche « antilibéral » (social-démocrate).

Ce processus était déjà pointé du doigt par Lénine au tout début du 20e siècle :

« (…) nous pouvons dès la première manifestation littéraire de l'économisme, observer un phénomène éminemment original et extrêmement caractéristique pour la compréhension de toutes les divergences entre social-démocrates d'à présent : les partisans du "mouvement purement ouvrier", les adeptes de la liaison la plus étroite et la plus "organique" (expression du Rab. Diélo) avec la lutte prolétarienne, les adversaires de tous les intellectuels non ouvriers (fussent-ils des intellectuels socialistes) sont obligés, pour défendre leur position, de recourir aux arguments des "uniquement trade-unionistes" bourgeois. » (V. I. Lénine, Que faire ?, 1902).

Le travail de réflexion se poursuivra dans de prochains articles. Toutes remarques et suggestions sont les bienvenues et, comme on l'a dit, des précisions et corrections seront sans doute à apporter à cet article-ci.

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 16:47

 

 

Un article des camarades de l'AA Pévèle-Mélantois :

 

Détruisons le vieux monde (la fête « nationale »)

 

 

Hier était un grand jour parait-il. Hier, parait-il la France s’est libéré. On a donc logiquement eu droit à de couteux feux d’artifices, fait bien entendu avec l’argent du sur-travail des prolétaires.

On a aussi eu droit au grand déballage de drapeau tricolore, bleu et rouge pour le parisianisme et blanc pour la monarchie, voire une ou deux marseillaises entonnées férocement par les patriotards les plus zélés.

On pourrait nous dire « arrêtez de faire les gauchistes et regardez les choses en face, la révolution française a été un progrès! ».
Oui, c’est incontestable, mais notre critique n’est pas une critique de Chouan anachronique, mais une critique de révolutionnaire.

Il est dit que la révolution française à été ouverte et fermée par un homme: Sièyes. Le personnage importe peu, pour dire vrai, c’était un bourgeois dans le plus pur jus. Mais il a ouvert la révolution par une brochure « qu’est ce que le tiers état », qui oppose un groupe de personne à la noblesse et au clergé, et a fini la révolution en aidant le coup d’état de Napoléon Bonaparte.
L’histoire est écrite par les masses, c’est vrai. Mais qu’un individu aussi lamentable soit lié de prêt ou de loin à « l’événement » de 1789, cela suffit à nous dissuader de se joindre à la « liesse » construite autour du 14 juillet.

Le 14 juillet est aussi le symbole de la fondation de la république libérale bourgeoise, la forme de l’État aujourd’hui en France. État bourgeois avec un symbole tricolore.
République qui est à peu prêt tout sauf  la représentation des masses, l’action antifasciste Alsace nous rappelle à quoi à servi la république de 1789: à écraser la république des conseils d’Alsace-Lorraine, et les camarades bretons nous rappellent ici la manière dont les masses bretonnes ont vécu la république bourgeoisie.
C’est cette même république libérale bourgeoise qui a arrêté et déporté nos camarades communistes à l’aide du décret du social-démocrate Albret Sérol, à l’aube de l’invasion par l’Allemagne nazie (invasion, rappelons-le, préférée par la Haute bourgeoisie ralliée autour de  "plutôt hitler que le front populaire").
C’est toujours cette république libérale bourgeoisie qui le 10 juin 1968 assassine par son bras armée le camarade Gilles Tautin (se reporter à l’article du 10 juin 2010 de l‘aabx).

Et bien, permettez nous de dire que la seule fête en rapport avec la république libérale bourgeoise qui nous conviendra sera celle de son décès, et en aucun cas celle de sa naissance.

Car célébrer cette république serait célébrer le vieux monde, celui de la bourgeoise, de l’impérialisme et du fascisme, et en tant que communistes, nous croyons au nouveau monde, celui du socialisme, celui de l’égalité des sexes, celui de la paix universelle.

 

 

 

 

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30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 18:47

 

Le (n)PCI répond par une lettre ouverte à l'invitation du CPI (maoïste) d'Inde, de se positionner sur la question du processus en cours au Népal.

Si les camarades italiens refusent d'entrée de jeu de se prononcer sur la tactique suivie par le PC maoïste du Népal, de distribuer les bons et les mauvais points à des milliers de kilomètre de distance (on a connu cela en France...), ils saisissent l'occasion pour exposer leur position sur les tâches de la reconstruction du Mouvement communiste international, sur le bilan de la vague révolutionnaire du 20e siècle, et les tâches à venir.


 

 

Commission Provisoire du Comité Central du (nouveau) Parti communiste italien

 

Lettre ouverte au Bureau Politique du Parti communiste de l'Inde (Maoïste)

 http://www.nuovopci.it/ind60.gif

10 Juillet 2009

 

Chers camarades,

 

Dans la lettre ouverte que vous avez adressée le 20 mai 2009 au Parti communiste du Népal (maoïste) Unifié [UCPN (Maoïste)], vous invitez les révolutionnaires maoïstes du monde entier à participer au débat sur la stratégie et la tactique que les révolutionnaires maoïstes doivent suivre dans le monde actuel.

Le CPI (m) jouit justement dans le mouvement communiste international d'un grand prestige. Il est donc probable que votre invitation soit suivie par beaucoup de partis, d'organisations et d'individus et détermine un tournant dans le mouvement communiste.

C’est ce que notre Parti souhaite : pour ceci nous adhérons à votre invitation et à notre tour nous vous adressons cette lettre ouverte.

 

Intentionnellement, nous n'entrerons pas dans le sujet des lignes particulières et concrètes suivies par l’UCPN (m) pour mener la révolution de Nouvelle démocratie au Népal. Les succès que le CPN (m) a remportés dans les dix ans (1996-2006) de guerre qu’il a mené dans les campagnes et dans les trois ans suivant l'accord avec « l'alliance de sept parti » (SPA - Seven Parties Alliance) amènent et doivent amener tou-te-s à avoir à une haute estime de la capacité du CPN (m) à mener la révolution dans son pays. Mais au-delà de ceci, seul le Parti qui mène concrètement la révolution dans un pays est en mesure d'appliquer le marxisme-léninisme-maoïsme aux conditions particulières et concrètes de ce pays. En effet, il ne s'agit ni seulement ni principalement d’une tâche théorique (comprendre et interpréter les conditions, les formes et les résultats de la lutte de classe en cours dans le pays), mais d'une tâche pratique (transformer les rapports de force entre les classes).

D'intérêt et de compétence commune aux communistes du monde entier sont, par contre, les lois qui gouvernent le développement du système impérialiste mondial et les enseignements universels que l'expérience des 160 ans de vie du mouvement communiste et en particulier l'expérience de la première vague de la révolution prolétarienne et des premiers pays socialistes et les luttes révolutionnaires en cours aujourd'hui dans le monde (y compris au Népal) donnent aux communistes du monde entier.

 

Autour de ces leçons universelles, il y a aujourd'hui des profondes divergences même parmi les révolutionnaires maoïstes. Un débat franc et ouvert est donc utile et nécessaire. Il contribuera à la renaissance du mouvement communiste dans le monde. Il donnera aux communistes ce dont ils ont besoin pour profiter pleinement des conditions favorables à la révolution prolétarienne créées par la seconde crise générale du capitalisme et en particulier, à partir de l'an dernier, par la phase terminale de cette crise.

 

Si nous considérons la situation au niveau mondial, c’est un fait qui depuis quelques décennies (environ depuis le milieu des années 70) le système impérialiste mondial est entré dans une nouvelle crise générale (économique, politique et culturelle) et qu'encore aujourd'hui le développement des forces communistes et de leur direction sur les masses populaires se produit à un rythme fortement inférieur par rapport au rythme auquel se développe la crise générale du capitalisme. Dans les pays impérialistes et dans beaucoup de pays opprimés la résistance des masses populaires au système impérialiste et à sa crise est encore sans direction ou est dirigée de forces non communistes. Le cas le plus sensationnel est celui des pays arabes et musulmans (Palestine, Liban, Iraq, Afghanistan, Somalie et autres).

 

Dans cette situation les Partis communistes qui obtiennent des victoires dans leur pays proposent aux autres Partis communistes leurs lignes particulières comme lignes universelles. Cela s'est passé il y a quelques années avec le Parti communiste du Pérou. Cela se passe aujourd'hui avec le Parti communiste du Népal (maoïste). Des situations analogues ont eu lieu dans le passé : lorsque le Parti communiste russe mena avec succès la Révolution d'Octobre et construisit l'Union soviétique ; lorsque le Parti communiste chinois mena avec succès la Révolution de Nouvelle démocratie en Chine et constitua la République populaire de Chine ; les victoires de la révolution à Cuba, en Vietnam et ailleurs donnèrent lieu à des situations analogues.

 

Nous avons appris qu'il appartient principalement aux communistes des pays où la révolution n'a pas encore vaincu, d’apprendre des Partis qui sont plus avancés. Celui qui cherche principalement à copier, combine en général peu de bon. Lénine et Staline mirent en garde plusieurs fois les Partis de l’Internationale communiste de ne pas copier les Russes, mais d’apprendre de l'expérience des Russes. Les Partis communistes plus avancés font bien de chercher à transmettre aux autres partis le maximum de leur expérience.

Mais il est inévitable que dans une grande ou petite mesure ils finissent par parler pour eux-mêmes, par parler dans la langue de leur pays. Lénine au quatrième congrès de l'Internationale communiste (1922) reconnut que la résolution sur la structure d'organisation des partis communistes, sur les méthodes et sur le contenu de leur travail, votée l'année précédente au troisième congrès, était totalement juste, même excellente, mais incompréhensible et de toute manière irréalisable par les partis de l'IC parce que totalement russe, basée sur les conditions et la mentalité russe : non seulement elle serait restée lettre morte, mais "avec cette résolution nous avons commis une grave erreur, nous nous sommes mêmes coupés la route vers des succès ultérieurs", dit Lénine.

Seuls les dirigeants avec une grande expérience du mouvement communiste international ont réussi à élaborer personnellement, à partir des nombreuses expériences particulières de divers pays, des lois et des principes universels qui ont servi à tout le mouvement communiste. Certainement, un travail collectif, un débat et une recherche à laquelle participent des partis et des camarades de beaucoup de pays, facilitent l'élaboration de lois et de principes universels à partir des expériences particulières de différents pays, pour apprendre tou-te-s, de chaque expérience particulière, ce qu'elle contient d'universel. Ils créent un contexte plus favorable pour réaliser cette élaboration.

 

Pourquoi le rythme de la renaissance du mouvement communiste, si nous considérons l'ensemble du monde, est-il aussi lent par rapport au rythme auquel se développe la seconde crise générale du capitalisme ?

Parce que la plupart des organisations et des Partis communistes n'ont pas encore une stratégie expressément déclarée et consciencieusement suivie pour mener la révolution socialiste dans leur pays. La plupart des Partis des pays impérialistes agissent encore dans une large mesure à l'aveuglette. Beaucoup appliquent des lignes et suivent des méthodes de travail que, dans leur pays, les Partis communistes ont déjà suivies pendant la première vague de la révolution prolétarienne, sans atteindre la victoire. La plupart des Partis des pays impérialistes n'ont pas encore fait un bilan des luttes que le Parti communiste a mené dans leur pays pendant la première vague de la révolution prolétarienne. Ni n’ont expliqué, en premier lieu à eux-mêmes, pourquoi pendant la première vague de la révolution prolétarienne leurs prédécesseurs n’ont pas réussi à instaurer le socialisme dans leur pays.

C’est un fait : quels Partis communistes des pays impérialistes ont expressément déclaré aujourd'hui une stratégie pour instaurer le socialisme dans leur pays, et la suivent consciencieusement et systématiquement ?

 

Guidé par le marxisme-léninisme-maoïsme, notre Parti a élaboré à partir de l'expérience de la première vague de la révolution prolétarienne dans les pays impérialistes, et en particulier dans notre propre pays, la stratégie de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée, appliquée aux pays impérialistes.

Nous sommes arrivés à cela, grâce à la compréhension de quelques caractéristiques économiques (principalement : les crises par surproduction absolue de capital et les Formes Antithétiques de l'Unité Sociale) et politiques (principalement : le régime de contre-révolution préventive) de l'impérialisme, qui pendant la première vague de la révolution prolétarienne n'ont pas été comprises ou n'ont pas été valorisées de manière adéquate par les Partis communistes des pays impérialistes et de l’Internationale communiste. Nous avons exprimé notre conception du monde, notre bilan de l'expérience du mouvement communiste, notre ligne générale et notre méthode de travail dans le Manifeste Programme de notre Parti, publié au printemps de l'an dernier (la version anglaise du MP est trouvable dans la section anglaise des EiLE sur le site Internet http://www.nuovopci.it).

A présent nous appliquons systématiquement cette stratégie dans les conditions concrètes, pour faire de l'Italie un nouveau pays socialiste et contribuer ainsi au succès de la seconde vague de la révolution prolétarienne. Les victoires remportées par les communistes dans les autres pays renforcent notre lutte et sont de grande aide pour comprendre encore mieux la situation et nos tâches, et même de grande aide pratique. Tôt ou tard les victoires que nous remporterons attireront sur l'œuvre que nous menons l'attention des partis frères aussi : alors ils pourront probablement apprendre quelque chose de nous, comme nous apprenons et nous avons appris des autres. Le plus tôt ceci se produira, le plus tôt s'accélérera la renaissance du mouvement communiste. Pour cela nous sommes favorables au débat franc et ouvert au niveau international. Nous sommes favorables à ce que chacun cherche et puisse apprendre aussi de l'expérience des autres. Pour cela nous participons avec toutes les forces dont nous disposons.

 

Tous les Partis communistes qui se disent marxistes-léninistes-maoïstes ou même seulement marxistes-léninistes partagent la thèse qu'au niveau mondial, au siècle dernier, les révisionnistes ont pris le dessus dans le mouvement communiste et ont pris sa direction. Ceci est un fait évident à tous.

Suite à cet événement la première vague de la révolution prolétarienne a peu à peu perdu son élan jusqu'à s'épuiser. Les premiers pays socialistes ont dégénéré et au final se sont soit écroulés [URSS, Europe de l’Est NDLR], soit transformés en leur contraire [Chine, Vietnam etc. NDLR]. Presque tous les Partis communistes qui avaient été formés au cours de la première vague de la révolution prolétarienne ont dégénéré et finalement la plupart ont soit disparu, soit changé radicalement de couleur.

La classe ouvrière et les masses populaires du monde entier ont cédé à la contre-offensive que la bourgeoisie impérialiste a lancée, poussée par la nouvelle crise générale du capitalisme, et ont perdu une grande partie des conquêtes qu’ils avaient remportées pendant la première vague de la révolution prolétarienne. Ce sont des faits que tous les Partis communistes qui se disent marxistes-léninistes-maoïstes ou même seulement marxistes-léninistes reconnaissent et déclarent.

 

Mais pourquoi les révisionnistes ont-ils pris le dessus sur la gauche dans le mouvement communiste ? La juste réponse à cette question permet aux communistes du monde entier de tirer des leçons importantes sur la stratégie et la tactique qu'ils doivent suivre et renforce la confiance dans la victoire de la révolution prolétarienne. Beaucoup de Partis, au contraire, se contentent de constater le fait : ce sont les révisionnistes qui ont momentanément gagné et pris la direction du mouvement communiste dans le monde.

Mais la victoire (certes temporaire) des révisionnistes n'était pas du tout un événement prévu et inévitable. Les révisionnistes étaient les porteurs de l'influence de la bourgeoisie et des autres classes réactionnaires dans le mouvement communiste. Ils étaient la droite dans le mouvement communiste. Pourquoi la droite a-t-elle eu le dessus sur la gauche ?

Mao nous a enseigné qu'il est impossible d’empêcher que la bourgeoisie et les autres classes réactionnaires, aussi longtemps qu’elles existent, exercent une certaine influence sur le mouvement communiste. Du reste, pendant la première vague de la révolution prolétarienne, nous avons bien vu que le mouvement communiste exerce également une certaine influence sur le camp de la bourgeoisie.

 

Mais s'il n'est pas possible d'éliminer la droite, il est généralement possible à la gauche d’empêcher que l'influence de la bourgeoisie et des autres classes réactionnaires prévale dans le mouvement communiste. Il est possible à la gauche d’empêcher que la droite ait le dessus.

Aux fins de la renaissance du mouvement communiste et de la victoire de la seconde vague de la révolution prolétarienne, il est décisif de découvrir les raisons pour lesquelles, au cours de la première vague de la révolution prolétarienne, malgré les grands succès atteints (l'instauration des premiers pays socialistes qui unirent un tiers de l'humanité, la destruction du vieux système colonial, les grandes conquêtes politiques, économiques et culturelles de la classe ouvrière et des masses populaires dans les pays impérialistes, la défaite du nazi-fascisme), la gauche n'a pas empêché la victoire de la droite dans le mouvement communiste : de cette victoire de la droite a dérivé en définitive la ruine d'une grande partie de l'œuvre construite par la première vague de la révolution prolétarienne.

 

Aujourd'hui, beaucoup des Partis communistes qui se disent marxistes-léninistes et même des Partis qui se disent marxistes-léniniste-maoïstes n'ont pas apporté de réponses ouvertes et systématiques à ces questions. Donc, ils agissent dans une large mesure à l'aveuglette.

Beaucoup de Partis se contentent d'attribuer la dégénérescence, et la ruine des premiers pays socialistes qui a suivi, à l'infiltration et aux subversions des États et des agences des pays impérialistes : "les agences occidentales ont infiltré et ont subverti les pays de l'Europe orientale et même l'ex-Union soviétique".

D’autres y ajoutent la dégénérescence des membres et en particulier des dirigeants des partis communistes en une classe bureaucratique, faite de carriéristes et d'individus adonnés aux plaisirs et au luxe.

 

En somme, les premiers attribuent aux causes extérieures la prééminence sur les causes internes : ce qui ferait de la dégénérescence des premiers pays socialistes une exception par rapport à la loi de la prédominance des causes internes sur les causes extérieures, relevée dans la nature et dans l'histoire de la société humaine. De plus, leur conviction paralyse le mouvement communiste : qu’est-ce qui nous garantit que l'infiltration et les subversions des impérialistes ne ruinent pas notre œuvre dans le futur, comme elles l'auraient déjà ruinée dans le passé ?

Les seconds ajoutent une teinte moraliste (carriérisme, luxe, plaisir, etc.) à la vieille théorie semi-anarchiste et anticommuniste de Trotski de la dégénérescence bureaucratique de l'Union soviétique.

 

En réalité, les révisionnistes n'ont pas vaincu parce qu'ils auraient été des carriéristes, des corrompus, adonnés aux plaisirs et au luxe. La droite n'a pas prévalu sur la gauche dans le mouvement communiste, presque dans le monde entier, parce que les hommes par nature, dès qu'ils peuvent, seraient des carriéristes, des corrompus, attirés irrésistiblement par le plaisir et le luxe. Ce sont des conceptions de prêtres. Ce sont des conceptions indignes de communistes. La conception de Trotski repropose la conception anarchiste selon laquelle tout dirigeant est un despote, un profiteur, un exploiteur. En opposition avec la réalité du mouvement communiste qui a mis en lumière (et met encore en lumière aujourd'hui) des milliers et des centaines de milliers de dirigeants complètement adonnés à la cause du communisme.

 

Avec ces conceptions antidialectiques, semi-cléricales et semi-anarchistes, les communistes s’empêchent eux-mêmes de comprendre leurs propres limites réelles, par lesquelles la gauche du mouvement communiste n'a pas pu empêcher que la droite prévale.

En premier lieu, ce furent des limites dans la compréhension des conditions, des formes et des résultats de la lutte de classe. Ces limites de compréhension ont à leur tour engendré des limites dans la lutte pratique, ont empêché la gauche de pousser efficacement en avant la lutte de classe. Pour mener de façon efficace la transformation de la société actuelle en société communiste, pour faire la révolution socialiste, il est en définitive indispensable de comprendre de manière suffisamment juste le monde dans lequel on agit : pour être l’initiateur principal de la transformation du monde actuel, le Parti communiste doit être son juste interprète, son interprète le plus avancé, aussi avancé que nécessaire pour donner une réponse victorieuse aux problèmes pratiques que la révolution socialiste doit résoudre pour avancer.

 

Si durant la première vague de la révolution prolétarienne, à partir d'un certain point, les Partis communistes qui dirigeaient les premiers pays socialistes n'ont plus donné de solutions adaptées aux problèmes de croissance de ces mêmes pays socialistes et aux tâches relatives à leur rôle de bases rouges de la révolution prolétarienne à niveau mondial ; si durant la première vague de la révolution prolétarienne, aucun des Partis communistes des pays impérialistes n’a élaboré une stratégie adaptée pour instaurer le socialisme dans son pays ; si durant la première vague de la révolution prolétarienne beaucoup de Partis des pays opprimés ne se sont pas mis à la tête de la révolution de nouvelle démocratie en menant des guerres populaires révolutionnaires de longue durée ; tout ceci révèle les limites que le mouvement communiste international n'avait pas encore dépassées, révèle les limites que le mouvement communiste doit dépasser : limites dans le processus de connaissance des communistes (limites auxquelles est exposée aussi la gauche), plus encore que des limites dans le dévouement à la cause (limites caractéristique de la droite).

 

En ce qui concerne le Parti communiste de notre pays (le vieux PCI), il nous paraît évident que le principal motif pour lequel Palmiro Togliatti (principal représentant de la droite du vieux PCI) a prévalu dans le PCI ne fut ni son adresse personnelle, ni l'inclinaison de la masse des membres du PCI.

 

Le motif principal fut que les représentants de la gauche (dont le principal était Pietro Secchia) n'avaient pas de stratégie pour instaurer le socialisme dans notre pays : ils naviguaient à vue. Dans l'article publié dans notre revue La Voce (n° 26, Juillet 2007 - www.nuovopci.it), Pietro Secchia et deux importantes leçons, nous avons illustré cette limite de la gauche du vieux PCI dans une phase concrète de l'histoire de notre pays : la victoire de la Résistance sur le nazi-fascisme et l'instauration de la République Pontificale (1945-1948).

Pour aller de l’avant, chaque Parti communiste doit déterminer et dépasser les limites qui ont empêché la victoire de la révolution prolétarienne dans son pays. Le bilan de l'expérience de la première vague de la révolution prolétarienne, le bilan de l'expérience des premiers pays socialistes, en bref le bilan de l'expérience historique du mouvement communiste est indispensable pour la renaissance du mouvement communiste. C’est un aspect indispensable du débat sur la stratégie et la tactique que les révolutionnaires maoïstes doivent suivre pour mener la seconde vague de la révolution prolétarienne à la victoire.

 

Nous souhaitons que le glorieux Parti communiste de l'Inde (maoïste) [CPI (Maoïste)] développe en ce sens le débat qu’il a lancé par la lettre ouverte du 20 mai 2009 à l’UCPN (m), et auquel il a invité les révolutionnaires maoïstes du monde entier. Un tel débat imprimerait un tournant au mouvement communiste, en particulier dans ces mois où le monde entier est bouleversé par la phase terminale de la seconde crise générale du capitalisme et où les masses populaires doivent emprunter une voie pour faire face à la situation.

Nous offrons à un semblable débat notre Manifeste Programme. Dans celui-ci, en effet, nous avons mis à disposition de tous les communistes les réponses que nous avons trouvées aux questions formulées ci-dessus. Dans l'espoir qu'elles soient utiles aux communistes du monde entier, et dans la confiance que leur concours les enrichira, les complétera et, si nécessaire, les corrigera.

 

Nous attendons votre réponse ouverte et adressons au Politburo du CPI (Maoïste) nos salutations révolutionnaires.

 

Commission Provisoire du Comité Central du (nouveau) Parti communiste italien

 

 

 


 

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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 18:27

 

apero-identitaire-n.1276093395.thumbnailDe plus en plus, la date du 18 Juin devient une date fondamentale pour la mobilisation fasciste, choisie notamment "à titre symbolique" pour l'apéro "saucisson pinard" islamophobe convoqué via Facebook.

Contrairement au FN des années 1970, composé largement de nostalgiques de Pétain (et d'anti-gaullistes "Algérie française"), plus grand monde aujourd'hui ne se revendique ouvertement de Vichy, de la collaboration, hormis une poignée de "national-catholiques" type Renouveau Français, sur le thème de "l'épée" (De Gaulle, reconquérant la France de l'extérieur) et du "bouclier" (Pétain, qui aurait "protégé" les Français-es pendant ce temps).

Au contraire, dans les années 1990 Le Pen a commencé à mettre systématiquement en avant De Gaulle (allant jusqu'à "recruter" un petit-fils du Général), la Résistance, d'anciens résistants etc.

Et aujourd'hui, les références à la Résistance fleurissent sur le Web nationaliste et identitaire ou des sites "multi-tendances" comme Fdesouche, se présentant comme des "résistants" à "l'invasion islamique", à "l'invasion migratoire" ou, chez les NR et les soraliens, au "nouvel ordre mondial américano-sioniste"... Les Identitaires du Dauphiné allant jusqu'à prendre le nom de "Maquisards", en référence aux résistants de cette région (Vercors, Glières etc.) ! Et le 8 mai dernier, ces "Maquisards" et les Identitaires de Lyon et de Savoie se sont rassemblés aux Glières pour un "hommage" (bien salissant...) à la Résistance, "leurs prédecesseurs"...

Maquisards-les-résistants-identitaires-du-Dauphiné-AffichLe fascisme du 20e siècle est de moins en moins cité en exemple, voire condamné en apparence, et utilisé pour "nazifier" l'adversaire : "communisme ou 'gauchisme' = fascisme", "islam = fascisme" ou "nouvel ordre mondial = nouveau Reich", les "gauchistes" (nous) étant les "collabos".

Mais au fond, quoi de plus normal ? Tant qu'à être les supplétifs de la bourgeoisie impérialiste la plus réactionnaire, chauvine et militariste, autant se rattacher à la branche "gagnante" de celle-ci ! Et à l'idéologie générée par celle-ci, celle de l'impérialisme bleu-blanc-rouge "rénové" d'après 1945, dans laquelle De Gaulle, le 18 Juin et la Résistance jouent un rôle central, et Vichy, en tout cas les collabos jusqu'au-boutistes (car les retournements de veste furent légion !), le rôle de boucs émissaires et "d'accident de l'histoire"...

Il faut bien comprendre, en fait, que les fascistes de notre époque sont au service de la bourgeoisie impérialiste DE NOTRE ÉPOQUE, et non de 1930 ou 1940 ! Ils doivent donc se rattacher à l'idéologie de celle-ci, l'idéologie dominante : en France, l'idéologie de la branche impérialiste victorieuse en 1945, celle de la "France libre".

C'est la même chose aux États-Unis : alors que la bourgeoisie impérialiste la plus réactionnaire appuyait dans les années 30 ouvertement le nazisme (le plus célèbre étant Henry Ford), aujourd'hui la nazification (et la stalinisation !) de l'adversaire est l'arme favorite de l'extrême-droite populiste et fascisante. Car cette extrême-droite se rattache à l'idéologie dominante : celle de la branche de la bourgeoisie impérialiste qui a soutenu Roosvelt, et vaincu le nazisme en 1945...

C'est à la fois la tradition et la modernité des fascistes ! 

degaulle fdesoucheC'est pourquoi le combat contre le culte, la mythologie du 18 Juin est un combat fondamental de notre époque, un combat qui se mène en mettant en avant le 17 Juin de Tillon et la Guerre de Libération menée par les communistes dès cette date.

Pour briser le mythe bourgeois impérialiste d'une "Résistance" purement "patriotique" et nationaliste, vidée de tout son contenu démocratique, social et révolutionnaire. Briser le mythe bourgeois, aussi, de la "non résistance communiste jusqu'en juin 1941 (invasion de l'URSS)", qui fait des résistants communistes les combattants d'une "cause étrangère", ce qui rejoint la caricature bourgeoise du "pacte" (accord temporaire de non-agression) germano-soviétique, et donc le "communisme = fascisme" (auquel s'ajoute "= islam" aujourd'hui).

Pour lever le drapeau de la Révolution prolétarienne, il faut briser ce mythe fondateur de l'idéologie dominante, l'idéologie de la branche victorieuse de la bourgeoisie impérialiste, de l'impérialisme "rénové" après 1945 sous le drapeau de la "France libre". Impérialisme dont les assassins de masse et les tortionnaires de Madagascar, d'Indochine, d'Algérie, du Cameroun etc. étaient d'ailleurs essentiellement d'anciens "Français libres" (Bigeard, Aussaresses, Massu, Messmer) et non d'anciens pétainistes...

Il faut aussi nous souvenir que cette "rénovation" a été permise avec la complicité de dirigeants "communistes" opportunistes : nous souvenir pour en tirer les leçons. 

C'est le sens de l'article des camarades de Pau.

 


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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 10:47


Certaines personnes aimeraient que les choses soient simples, et que chaque fois que la violence engendre l'Histoire, il y ait deux camps bien définis, seuls en lice, les "bons" et les "méchants". Les choses sont en réalité, dans le vaste monde où nous vivons, beaucoup plus complexes.

En réalité, les contradictions (les conflits) sont souvent étroitement entremêlés.

Cette question s'est déjà posée avec acuité plusieurs fois dans l'Histoire. Notamment lors de la Première Guerre impérialiste mondiale.

Voici ce que disait Lénine en 1916 : 

“Il y a une guerre inter-impérialiste. Avec cette guerre nous n'avons rien à faire. Mais il y a également des guerres de libération nationale menées par des nationalités opprimées. Le soulèvement irlandais est à cent pour cent justifié. Même si l'impérialisme allemand a essayé d'en profiter, même si les chefs du mouvement national ont maille à partie avec les Allemands, ceci ne change en rien la nature juste de la guerre irlandaise d'indépendance contre l'impérialisme britannique. C'est la même chose avec la lutte de libération nationale dans les colonies et les semi-colonies, les mouvements nationaux indien, turc, persan”.

“C'est également valable pour les nationalités opprimées en Russie et en Austro-Hongrie. Le mouvement national polonais est un mouvement juste, le mouvement national tchèque est un mouvement juste. Un mouvement de libération mené par n'importe quelle nationalité opprimée contre l'oppresseur impérialiste est un mouvement de nature juste. Et le fait que les directions de ces mouvements pourraient les trahir en les associant politiquement et administrativement à l'impérialisme est une raison de dénoncer ses chefs, mais pas de condamner ces mouvements en tant que tels”. 

Ainsi, Lénine luttait contre les sociaux-démocrates traîtres, ralliés à leur impérialisme et défendant l'intégrité de leur État (et Empire) bourgeois contre les "menées étrangères" (comme la "gauche" anglaise vis à vis des Irlandais), mais aussi contre les gauchistes, qui au nom de la lutte prioritaire contre leur propre impérialisme, rejetaient des mouvements de libération, des mouvements anti-impérialistes supposément "liés" à leur impérialisme... Ainsi Rosa Luxemburg (bien que d'origine polonaise) rejetait le mouvement national polonais dont il est question ici, car l'impérialisme allemand justifiait en partie sa guerre contre la Russie par la nécessité de "libérer la Pologne".

De même, la logique aurait voulu que Lénine rejette le mouvement national tchèque. Car son ennemi principal, l'Empire tsariste, appuyait ce mouvement. Une "Légion tchèque" sera même constituée avec les prisonniers tchèques de l'armée austro-hongroise, et après la Révolution d'Octobre ceux-ci... combattront les bolchéviks aux côtés des Blancs !

Mais Lénine savait distinguer les contradictions, et considérer que si l'on a pas à prendre parti dans des contradictions entre États impérialistes, on doit soutenir les peuples en lutte contre l'oppression, même si notre propre impérialisme en profite.

Cette analyse d'il y a presque un siècle, que n'est-elle pas encore d'actualité ! 

Au Honduras : DEUX GUERRES. L'une oppose les intérêts russo-chinois (à travers l'ALBA) et européens (à travers le Brésil et l'Argentine), soutenant le camp Zelaya, aux intérêts impérialistes US appuyant les putschistes et le nouveau président "démocratiquement élu" Pepe Lobo. Mais une autre guerre, une guerre de classe oppose les masses populaires exploitées des villes et des campagnes à l'oligarchie et à ses forces militaires et paramilitaires. 

En Thaïlande : DEUX GUERRES. L'une entre la Chine, qui soutient le milliardaire populiste Shinawatra, et les Occidentaux qui appuient l'armée et le Palais royal. Mais l'autre entre les "rouges" des quartiers populaires et des campagnes déshéritées, et les "jaunes" représentant l'élite compradore et bureaucratique de Bangkok. 

En Iran, DEUX GUERRES : celle qui oppose la fraction pro-occidentale à la fraction pro-russo-chinoise de la bourgeoisie, et celle qui oppose les masses populaires à la bourgeoisie et à la théocratie.

En Palestine et au Sud-Liban aussi, il y a deux guerres : d'un côté une guerre, par Hezbollah et Hamas interposés, entre l'Iran des mollahs et Israël (et les alliés de chacun) ; mais de l'autre, la juste résistance des masses populaires palestiniennes et libanaises contre l'occupant sioniste qui terrorise la région ! 

BIEN SÛR, les affrontements inter-impérialistes existent, ils font partie de la réalité, et les comprendre est essentiel pour comprendre le monde où nous vivons.

Mais nous ne devons pas oublier QUI NOUS SOMMES. Nous ne sommes pas des experts en politique internationale.

Nous sommes l'avant-garde du prolétariat mondial, lui-même avant garde des Peuples opprimés et exploités.

En toute circonstance, LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP.

Trop de "révolutionnaires" ont aujourd'hui tendance à l'oublier. Le Honduras ? "Mais enfin, Zelaya est un pur agent de l'Union Européenne !". Et alors ? Ceux et celles qui ont cru aux conquêtes démocratiques et sociales qu'il a fait entrevoir, à l'amélioration de leur existence tout simplement, méritent-ils/elles de mourir pour autant ?

Le pire, c'est que les mêmes sont souvent très prompts à se jeter sur la contestation iranienne, dont le caractère de classe est bien moins évident (même si le régime théocratique est ignoble et doit être abattu... mais est-ce vraiment le but des "verts" ?).

Comme, il y a quelques années, certains défendaient très justement la résistance du Peuple afghan contre une Armée qui n'avait de rouge que le nom, mais dénonçaient les "mercenaires du social-impérialisme soviétique" dans ceux qui luttaient en Amérique centrale ou en Afrique australe. Et aujourd'hui, sont d'ailleurs beaucoup plus tièdes envers la résistance afghane, contre une occupation cette fois occidentale... Étrange, étrange...

Car Lénine ne s'est pas arrêté là. Il a ajouté : "Il y a au moins deux guerres, et nous voulons représenter une troisième". Cette troisième guerre, c'est bien sûr la guerre révolutionnaire pour le renversement des classes exploiteuses, pour le Pouvoir du Peuple et du prolétariat ! Celle qui a éclaté en Russie en 1917.

De la misère, de l'oppression, de l'exploitation et de la guerre des exploiteurs (et de ses souffrances pour le Peuple), cette guerre jaillira inévitablement.

À condition que les révolutionnaires jouent leur rôle. À condition, pour commencer, qu'ils sachent reconnaître leur camp.

 

 

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Flash info - importance haute : la manifestation pro-palestinienne de demain à Paris est INTERDITE
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Grande manif contre les crimes sionistes à Paris (13/07)
Magnifique manifestation pour la Palestine à Tolosa, capitale d'Occitanie occupée
Petites considérations sur le sionisme et l'identification-"obsession" palestinienne
Considérations diverses : une mise au point nécessaire sur nos positions internationalistes et aux côtés des Peuples

juin 2014

POSITION DES COMMUNISTES RÉVOLUTIONNAIRES DE LIBÉRATION OCCITANE SUR LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET EUROPÉENNES DES PROCHAINS MOIS

L'affaire Dieudonné-Valls :
Plutôt bon article sur la ‘Déclaration de guerre de la République à Dieudonné’ (la pseudo-controverse réactionnaire entre l’antisémite dégénéré et les gardiens du temple républicain)
Quelques mises au point complémentaires (et conclusives) sur la ‘‘question Dieudonné’’ (et Dreyfus, le Front populaire, l’antisémitisme etc.)
Réflexion théorique : loi Gayssot, lois antiracistes et "mémorielles", "antifascisme" bourgeois etc., quelle position pour les communistes ?

Dossier Breizh :
Breizh : comment l'étincelle écotaxe a mis le feu à la lande
"Esclave", "identitaire", chouan, cul-terreux arriéré de service : pour paraphraser Césaire, "n'allez pas le répéter, mais le Breton il vous EMMERDE"
Considérations diverses – en guise de ‘‘petit debriefing’’ de ces derniers mois : Bretagne, fascisme, ‘‘Lumières’’ et Kaypakkaya… (point 1)
Considérations diverse (26/11/2013) : eh oui, Servir le Peuple a toujours quelques petites choses à vous dire ;-) (point 1)
Appel de la gauche indépendantiste bretonne (Breizhistance) pour le 30 novembre (avec notre critique de la position du ROCML)
Le Top Five des drapeaux qui n'ont PAS été inventés par un druide nazi  (mortel !)
Et en guise (provisoire) de conclusion : La Gauche indépendantiste bretonne revient sur la mobilisation de Karaez/Carhaix

Comité de Construction du PCR des Terres d'Òc : Déclaration du 11 Novembre

La phrase du moment :

"La tyrannie cessera parmi mon peuple ; il n'y aura que liberté, liberté toute nue, sans déguisement. Bouleversements d’États entiers : je les renverserai de fond en comble, il n'y aura rien de reste. Il va y avoir de terribles renversements de conditions, de charges et de toutes choses. Je veux faire un monde nouveau, je veux tout détruire. Je veux appeler à moi la faiblesse, je veux la rendre forte. Pleurez gens du monde, pleurez grands de la terre, vos puissances vont tomber. Rois du monde, vos couronnes sont abattues !"

Élie Marion, "prophète" et guérillero camisard cévenol, 1706.

Amb l'anma d'un Camisart, Pòble trabalhaire d'Occitània endavant !

 

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  • ANTARSYA (Coordination de la gauche anticapitaliste pour le renversement, avec des trotskystes, des 'maos' etc., en grec)
  • ANTARSYA - France (site en français)
  • Laïki Enotita ("Unité populaire") - France (en français et en grec, scission anti-capitulation de SYRIZA, pour s'informer)
    EKKE (Mouvement communiste révolutionnaire de Grèce, 'maoïsant' et membre d'ANTARSYA, présentation en anglais, le reste en grec)

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    Nouvelle Turquie (nouveau site)
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    PKK (Kurdistan "de Turquie", site en anglais)
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    ActuKurde (site d'information en français)

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Collectif Antifasciste 34

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Occitània Antifascista (page Facebook)

Breizh Antifa (page Facebook)

Perpignan Antifa (page Facebook)

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Ipar Euskal Herria Antifaxista (Pays Basque du Nord antifasciste)

REFLEXes - site d'informations antifascistes

La Horde, portail d'information antifa

Rebellyon - rubrique "Facho"

Redskins Limoges

Droites extrêmes - blog Le Monde (site d'information bourgeois bien fourni, parfait pour le "watch")

Document : Ascenseur pour les fachos (série de 6 vidéos Youtube, Antifascisme.org, site social-démocrate)

 

Guerre pop' - Asie du Sud :

Inde Rouge (nouveau site "officiel" francophone)

Comité de Soutien à la Révolution en Inde

Comité de solidarité franco-népalais

Fil d'actu "Inde - Népal" du Secours Rouge - APAPC

J. Adarshini (excellent site en français)

Revolution in South Asia (en anglais)

Maoist Resistance (guérilla maoïste indienne - en anglais)

NaxalRevolution (Naxalite Maoist India, en anglais)

Banned Thought (en anglais)

Indian Vanguard (en anglais)

The Next Front (Népal - anglais)

Signalfire (sur la GPP en Inde et aux Philippines, le Népal et les luttes populaires dans le monde - en anglais)

Communist Party of India (Marxist-Leninist) Naxalbari (a fusionné avec le PC d'Inde maoïste le 1er mai 2014)

New Marxist Study Group (maoïste, Sri Lanka)

Parti communiste maoïste de Manipur (page Facebook)

 

Guerre pop' - Philippines :

Philippine Revolution (en anglais)

The PRWC Blogs

(tous deux remplacés apparemment par ce site CPP.ph avec notamment les archives d'Ang Bayan, l'organe officiel du Parti)

Solidarité Philippines

Fil d'actu "Philippines" du Secours Rouge - APAPC

 

Guerre pop' & Luttes armées - Amérique latine :

CEDEMA - actualité des mouvements armés en Amérique latine (+ qqs documents historiques)

 

Nuevo Peru (Pérou, basé en Allemagne, en castillan et allemand principalement)

Guardias Rojos (Pérou, page FB)

Fil d'actu "Amérique latine" du Secours Rouge - APAPC

Archives

Autres documents théoriques

 

Récapitulatif des "grandes thèses" de Servir le Peuple


À lire également, les Considérations Diverses, petits "billets" trop courts pour faire un article et donc regroupés par trois, quatre ou plus, exprimant notre CONCEPTION DU MONDE sur toute sorte de sujets. 


Même étude sur l'État espagnol (1 et 2) ; le Royaume-Uni (1 et 2) et l'Italie.

 

APRÈS 8 SÈGLES… (Huitième centenaire de la bataille de Muret 1213 & DÉCLARATION FONDATRICE de notre Comité de Construction du PCR-Òc)

 

 






 

 

 


 


 

 

Le 'centre mlm' de Belgique, la Guerre populaire et le (n)PCI (sur la stratégie révolutionnaire en pays impérialiste) ; et dans la continuité :

Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (1ère partie)

et Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (2e partie)

 

 

 

EXCLUSIF : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970) [avec un salut rouge et fraternel à l'AA Bordeaux ]

Manifeste Programme du (n)PCI

Présentation

du chap. 1 du Manifeste pour les lecteurs/trices francophones (valable pour tout le Manifeste)

 

(Chapitre I): PDF - WORD

 

 

 MANIFESTE COMPLET

(version non-définitive ; chap. 4 et 5 pas encore validés par les camarades italiens)

 

IMPORTANT pour la compréhension du Manifeste :

La crise actuelle, une crise par surproduction absolue de capital (en PDF)

article de 1985 paru dans Rapporti Sociali n°0

[en bas de la page en lien, icône
PDF - Télécharger le fichier pour télécharger le document]

Autres analyses d'actualité









Situation décisive au Népal 

En matière de conclusion sur la situation au Népal, et ses répercussions dans le Mouvement communiste international 

Questions-réponses sur la situation au Népal

 

Discussion sur la "gauche" en Amérique latine et la bourgeoisie bureaucratique

 

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria : l'analyse d'un communiste abertzale

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 2e partie

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 3e et dernière partie  

 

 

 

 


Considérations diverses 03-2013 - et un peu de polémique/critique, ça fait pas de mal ! (sur Chavez, le 'bolivarisme', le 'fascisme' de celui-ci et autres choses...)

Autres articles historiques

 

25 avril 1945 : le Peuple italien terrasse le fascisme

 

 


 




Et en guise de récapitulatif/synthèse : Considérations diverses sur les États, les Nationalités, la Subsidiarité et le Pouvoir populaire ; ici (point 1) : Considérations diverses – fin octobre 2013 : État et révolution bourgeoise et ici : Considérations diverses : 1/ Le cœur des nations est aujourd’hui le Peuple