En 2010, un blogueur "maoïste" me reprochait de ne "jamais parler du patriarcat". Il valait peut-être mieux... Maintenant, faudra pas se plaindre que je l'aie fait !

Alors ok, histoire de changer un peu de "l'idole des jeunes islamo-rac... euh, musulmans de banlieue", parlons-en : le milieu gauchiste... Réalité dont je suis "premier concerné" et pourrais parler très longuement, et bien loin des représentations que tout le monde s'en fait.

Qu'il s'agisse des traitements "brillants" et "express" comme celui d'AL dans l'affaire Fouad H., affaire où plus d'une dizaine de témoignages convergeaient sur le même gars, faisant que 1°/ ça écartait tout de même un peu fortement l'hypothèse d'une cabale politique (les meufs étant d'AL ou proches, a priori), ou de la vengeance de (plus de 10, donc...) cœurs brisés, et surtout, 2°/ l'orga ne POUVAIT PAS laisser passer un tel truc pour sa RÉPUTATION, surtout avec le précédent de la CGA qui s'était "un peu" faite tirer l'oreille pour un cas similaire à Montpellier (au début de la décennie). Car une orga politique ne peut pas se permettre des publications "féministes tant qu'il le faudra" l'accusant de "protéger un violeur" et qui seront toujours en ligne dans 10 ans même si l'affaire est archi-réglée depuis.

Ou qu'il s'agisse a contrario de l'affaire indémerdable type, pour les raisons exactement inverses, d'UNE meuf qui accuse UN SEUL mec qui se trouve être son ex, ce qui peut être aussi véridique que ça peut être une vengeance, mais passera effectivement plus facilement à l'as : parce que l'hypothèse d'un mensonge-vengeance est cette fois-ci crédible (ce n'est pas du tout rare dans nos milieux ultra-sensibilisés à la question, rien que perso je pourrais citer 2 ou 3 cas en France, + 1 encore plus grave mais je ne m'étendrai pas en public, et 1 très vraisemblable à l'étranger), et surtout parce que ça fera a priori moins de bruit, ça s'enterrera ; du moins ça dépendra du soutien que reçoivent respectivement la meuf et le mec, combien de gens diront "laisse tomber c'est une barge" vs combien diront "c'est vrai qu'il est problématique" ; parfois (voire souvent) la poire finira coupée en deux, le gars sera exclu de certains espaces, la meuf d'autres. Tout, en fait, sera une question de RAPPORTS DE FORCE... alors que la meuf peut effectivement mentir, mais aussi tout à fait être à 300% victime (et donc "déboutée" avec sa souffrance si le rapport penche malgré tout en faveur du mec) !

C'est comme ça que ça marche. Nos orgas, nos "places" militantes ont dans ces affaires des moyens d'investigation à proprement parler INEXISTANTS, plus faméliques encore que ceux de la police judiciaire qui n'est de toute façon pas saisie, principe à peu près constant, parce que les accusatrices et leurs soutiens (enrobant cela de toutes les théories qu'ils-elles veulent) pensent aussi à LEUR réputation, qui ne peut pas être d'avoir "livré un militant aux flics" (parce que forcément ils-elles devront raconter l'histoire au comico et donc dire que c'est un militant, et les flics se feront un plaisir de le coffrer pour cette raison réelle, même si "officiellement" ce sera pour le viol... et quelle que soit la véracité des faits, qui n'est pas la question ici, ce sera ÉVIDEMMENT utilisé par les partisans du mec !).

On peut pratiquement dire que la pire expérience dans la vie, hormis bien sûr d'être violée, suivi d'être accusé à tort, c'est d'être (pour faire court) un "responsable" d'orga et d'être "saisi" d'une telle accusation pour la traiter... Une affaire de parole contre parole (sauf si le mec reconnaît les faits, fut-ce en les minimisant, bon là ça fait quand même avancer les choses... et ça arrive assez souvent pour donner un peu d'oxygène), dans laquelle on n'a AUCUN réel moyen de faire la lumière, et on se retrouve pris entre les gens pour qui c'est simple pour ne pas dire pavlovien, "viol" => on se pose pas de questions, "soutien !!" ; le cercle militant de l'accusé dont il est un pilier, qui le connaît comme un "excellent militant" et non comme un salopard, et qui prend sa défense bec et ongles ; les féministes-et-alliés-mecs en permanence à deux doigts de te mettre en cause publiquement pour "protection de violeur", etc. etc. ; et pour finir, ton miroir devant lequel tu ne veux pas avoir commis une injustice ni dans un sens ni dans l'autre.

C'est absolument INDÉMERDABLE. Tout ce que peuvent faire les gens épris de justice, dont je suis, c'est croiser les doigts en se disant que dans un milieu assez conscientisé et (tout de même) le plus intolérant au sexisme qui existe en ce bas-monde faute de mieux, si ça penche en faveur de la meuf c'est qu'il y a des raisons, qu'il ne peut raisonnablement y avoir toute cette fumée sans feu ; et si ça penche en faveur du mec c'est qu'il y en a aussi, en tout cas un doute suffisant pour devoir lui bénéficier. Bref, se dire que le rapport de force (dans des situations qui, arrêtons aussi de planer à ce niveau-là, ne sont pas un homme riche et puissant face à une prolétaire racisée...) est un reflet à peu près fidèle la réalité... mais sans jamais pouvoir en être ABSOLUMENT SÛRS.

S'accrocher autant que possible au principe que LA VÉRITÉ DOIT RESSORTIR D'UNE ENQUÊTE durant laquelle, aussi contradictoire que cela puisse paraître, l'accusé doit rester aussi présumé innocent (ce qui n'empêche pas de prendre des mesures "conservatoires" comme l'interdiction d'approcher la présumée victime, la suspension de son organisation etc.), et les pratiques de "lynchage" virtuel à son encontre être dénoncées du haut de leur autorité morale par les organisations, que L’ACCUSATRICE EST PRÉSUMÉE VICTIME (non-menteuse), les pratiques similaires à son encontre étant dénoncées de même. Se dire que même si le doute est suffisant pour devoir bénéficier à l'accusé, il devra aussi continuer à bénéficier à l'accusatrice qui en dehors de toute certitude à ce sujet ne sera pas "condamnée" pour mensonge ; et que les choses ne seront sans doute que "partie remise" car un prédateur vraiment dangereux se mangera tôt ou tard une ou plusieurs autres dénonciations, surtout si il a été fragilisé par la première... et là il ne pourra plus s'en tirer à si bon compte.

Si vous avez cru que toute cette énonciation de faits allait déboucher sur une ébauche de solution, eh ben vous vous êtes mis le doigt dans l’œil. Je n'ai PAS de solution à proposer. Sinon des projections utopiques : prise de conscience collective sur tous les plans, qui surviendrait très vite dans les années qui viennent ; formation de grosses structures qui puissent un peu plus fonctionner comme un "petit État" dans ce genre d'affaires et d'autres ; bref... que le milieu gauchiste cesse brutalement d'être le ramassis en décomposition qu'il est.

Ou alors des prêches dans le désert, appelant chacun-e à la responsabilité. Les mecs : respectez les meufs comme celle qui vous a mis au monde ; si votre bite vous tient lieu de cerveau, suggérez-lui au moins de vous suggérer que vous n'en serez que plus attirants ; si vous n'avez pas d'atouts, trouvez-vous en (la vie c'est pas tout simple, c'est un combat...), car l'alcool pour se donner le courage d'aller au "carton" n'en est pas un ; nous ne sommes pas la Nouvelle Angleterre puritaine du 17e siècle, ni une secte straightedge, mais ne méprisez pas pour autant trop abruptement les notions de monogamie et de fidélité, qui ont été inventées il y a des siècles parce qu'il y avait une RAISON (ça vous évitera y compris les vengeances !) ; soyez vigilants aux comportements autour de vous et éduquez vos congénères, la société jusqu'à nouvel ordre est patriarcale, si bien que votre intervention sera plus prise au sérieux que si vous étiez une femme, vous avez donc un rôle essentiel à jouer... Les meufs : le viol est un traumatisme À VIE pour celles qui le subissent, ce n'est donc pas UN JEU, et ce n'est pas quelque chose qu'on invente pour se venger de choses aussi désagréables soient-elles mais qui ne sont pas un crime, juste parce qu'on sait pertinemment qu'on a la CHANCE (que n'ont pas 99% des femmes) d'évoluer dans un milieu où ce sera largement cru et c'est relativement facile de plomber un mec comme ça. Ceci a en fait moins de chances de détruire le mec, que la crédibilité présente et future des dénonciations de faits véridiques qui sont la grande majorité ! D'autre part, chaque chose a un nom qui a un sens : dénoncer ce que l'on subit par son NOM, c'est mieux. Et j'ajouterais même : dénoncez ce que vous subissez pour ce que C'EST, qui en principe se suffit à lui-même, et non pour un autre motif, en l'instrumentalisant ou vous laissant instrumentaliser, ce qui (que ça nous plaise ou non, le monde n'étant pas fait de ce qui nous plaît) gênera considérablement son traitement. [Bon, toute la partie adressée aux meufs je vais me faire tomber dessus c'est sûr... je vais essayer (on ne sait jamais) de limiter la casse en précisant que ces cas sont BEAUCOUP MOINS nombreux que ceux visés en m'adressant aux mecs. Néanmoins, ils existent...*]

Une dernière chose, qui vaut pour le coup pour les uns comme les autres, les "spécialistes" se recrutant absolument dans les deux sexes, est qu'on ne "dénonce" pas une agression "au nom" de sa présumée victime ; autrement dit, on ne lance pas des RUMEURS : une dénonciation d'agression à prendre au sérieux est une dénonciation effectuée PAR SA VICTIME, avec tout le soutien moral tiers dont elle a besoin pour ce faire, mais PAR SA VICTIME. Une telle pratique, avant même de parler de la "présomption d'innocence" des accusés, est d'abord et avant tout un PIÉTINEMENT de la volonté de la présumée victime, qui ne se considère peut-être... tout simplement pas comme telle, ou souhaite passer à autre chose en cas d'agression relativement peu grave, ou ne souhaite en tout cas pas porter l'affaire sur la place publique. Ceci ne peut, de toute évidence, que poursuivre des intérêts TOTALEMENT ÉTRANGERS à ceux de la personne dont on instrumentalise la présumée agression pour régler ses comptes (ou... pour le simple plaisir de médire, assouvir une jalousie ou autre).

On peut toujours brâmer tout ça, que nul ne peut contester (j'espère), mais bon... L'espoir, au point où on en est, est mince.

À celles et ceux qui s'apprêteraient déjà à me tomber dessus à bras raccourcis, je répondrai simplement par avance : libre à vous de préférer la lèche, les petites parades de paons "safes" et "déconstruits" (exemple typique : "toujours" soutenir et croire les dénonciations... jusqu'à ce que ça tombe sur ton pote, là ça marche plus ; et si il est nécessaire de le préciser, dans les deux cas, essayer de mettre UN PEU le doigt sur la vérité et raisonner sur cette base ne t'a absolument jamais traversé l'esprit). Mais moi, la mission dont je me suis divinement auto-investi (LOL) c'est de dire les choses comme elles sont. Et elles sont ainsi.

[ET à celles et ceux qui voudraient lire dans mes propos (qui sont toujours fait pour être mal interprétés, c'est comme ça...) les "classiques cris à la dictature totalitaire féminazie" : NON... encore raté. TOUT AU BOUT de la chaîne, je serai plutôt tenté de dire qu'il y a... DES MECS. De bons gros gars, dont ces lignes et pratiques politiques décomposées ne sont au final que les instruments. Et pas vraiment non plus un régime totalitaire de parti unique ("féminazi" ou autre), mais plutôt un règne de "seigneurs de guerre" qui s'affrontent les uns les autres avec ces affaires comme armes ramassées par terre (les traitements corrects qui peuvent exister de la part des orgas concernées, relevant toujours quelque part d'un mécanisme de défense : oui, on considère peut-être que les éléments à charge sont suffisants, et sans doute le sont-ils, mais on "lâche" surtout le mec accusé pour sauver sa réputation et ne pas laisser les seigneuries rivales utiliser plus longuement l'affaire).]

[* Dans quelles proportions ? Difficile à dire. Dans la société "normale" : pour l'Hexagone, pas de statistiques. Les statistiques de la justice US évoquent "de 2 à 8%" de fausses dénonciations, ce dont on peut déjà relever le manque de précision : il y a plus d'écart entre 2 et 8, qu'entre 2 et 0 et entre 8 et 10 ! 8%, pas loin de 10, ce n'est pas "rien" : si on vous explique, devant une rivière, que 8 personnes sur 100 qui l'ont descendue en kayak sont mortes, vous tentez de la descendre tranquilles vous ? Ce chiffre serait déjà suffisant (pour un cerveau normal et non postmo-idpol) pour justifier une défense ferme et catégorique de la présomption d'innocence et du principe d'enquête, tout en défendant avec fermeté la présomption de victimité (présomption d'innocence de l'acte scandaleux de mentir) pour celle qui dénonce.

EN MILIEU MILITANT, beaucoup plus sensibilisé à la question et où l'on trouve (constat de réalité) nettement plus de soutien en tant que présumée victime, il est tout sauf impossible que ce soit... nettement plus. Mais combien exactement, impossible à dire. Ça dépend, en fait, et notamment du niveau de "médiatisation" des cas : TRÈS "médiatisé" ? Moyennement ? Pas du tout ?

Les mecs, comme je l'ai dit, qui viennent en espaces militants pour s'y mettre la race et faire les sagouins avec les meufs, sont généralement tricards et bannis de ces espaces au bout de quelques mois. Ça arrive peut-être des centaines de fois par an... mais ça ne fait pas de bruit : pas une orga, pas un collectif n'écrit une seule ligne là-dessus.

L'affaire "très médiatisée" typique est celle où un "bon" militant, reconnu de tous et toutes au niveau local, un peu une "star" si on veut, se retrouve d'un seul coup sous un flot de mises en cause (une première entraînant plusieurs autres). En général, son collectif et la "scène" militante locale sont abasourdis, ne peuvent y croire et ont tendance à freiner à mort le traitement de l'affaire (les gens qui l'ont côtoyé, qui ont parfois été ses amis, pensant aussi à leur réputation !). C'est cette tension qui fait surgir alors les communiqués "féministes tant qu'il le faudra", qui médiatisent fortement la situation en dénonçant l'"étouffement" des faits, la "silenciation" des victimes par l'entourage politique "mascu" de l'accusé, etc. Par contre, il est clair que la multiplicité et la concordance des témoignages rendent infinitésimale l'hypothèse que les accusations soient mensongères, à moins d'avoir de grandes qualités de scénariste !

Les affaires de médiatisation "moyenne" sont plutôt typiquement celles "parole contre parole", une accusatrice vs un accusé, les deux seules personnes au monde à connaître la réalité des faits, et qui nient chacune catégoriquement la version de l'autre. Et c'est, naturellement, dans cette catégorie que se nichent principalement les possibles calomnies, vengeances etc. J'ai eu connaissance d'un certain nombre de ces cas qui étaient de toute évidence mensongers et calomnieux. Je pourrais, en dehors évidemment des cas où il y a (carrément) eu rétractation, ARGUMENTER, si tant est que ce droit existe encore (pour combien de temps ?), en quoi c'est sinon 200% certain, du moins je me suis forgé la CONVICTION, ferme sans quoi je ne l'exprimerais pas, de cela... Il est également arrivé (à l'étranger) qu'une organisation "juge", au sujet d'une telle accusation dans ses rangs qu'elle a eu à traiter, que cette accusation était mensongère, et explique pourquoi elle en est venue à cette conclusion (je m'en tiendrai alors à ces raisons qu'elle a données...), aussi simplement que cela : il n'est pas dit, cependant, qu'existe en Hexagone une organisation qui aurait le COURAGE de faire cela, je veux dire par là, d'arriver suite à enquête à une telle conclusion (juste ou hélas erronée, ce n'est pas la question) et de l'ASSUMER en donnant ses arguments, au lieu de tourner autour du pot et d'aligner les demi-mesures en pensant avant tout à sa "réputation" et à ne froisser personne (ce qui en général ne conduit qu'à dresser contre soi... tout le monde).

Ces affaires dont j'ai eu connaissance, et sur lesquelles je me suis forgé la conviction qu'elles étaient mensongères ou du moins, qu'elles ne seraient jamais "sorties" si ce n'était pour régler des comptes très au-delà des faits précis et de la personne de l'accusé en particulier, sont finalement... PLUS NOMBREUSES que les "grandes" affaires "très médiatiques" qui ont secoué le milieu et dans lesquelles la culpabilité du mec, en plus d'être très probable, a été reconnue par les organisations saisies. Mais c'est peut-être simplement que ces affaires qui font "grand bruit", pour les raisons que j'ai expliquées, sont beaucoup plus rares ; et peut-être aussi, sans doute même, que rapportés à toutes les affaires "parole contre parole" si promptement et facilement réglées (lorsque le mec, par exemple, reconnaît les faits, même en leur déniant la qualification d'agression) qu'elles ne font pratiquement aucun "bruit", ces cas sont clairement minoritaires (deux d'entre eux d'ailleurs, où il y a eu pour faire court rétractation, n'ont pas fait énormément ou pas du tout de "bruit" : j'en ai eu connaissance parce que j'en ai eu connaissance, c'est tout).

Mais quoi qu'il en soit, il n'en reste pas moins que la rhétorique postmo-idpol femrad "3e vague et demi" (si j'ose dire) selon laquelle "il y a suffisamment peu de fausses dénonciations" (dans la société, volontairement "confondue" avec le milieu militant) pour ne pas envisager l'hypothèse, et puis "t'façon" être accusé de viol à tort "c'est pas bien méchant" (PARDON ???) et donc le risque peut être couru plutôt que de ne pas écouter et prendre au sérieux une possible victime (mais QUAND a-t-il été question de cela ??) ; et puis "c'est jamais pris au sérieux, c'est la loi du silence et la répression de celles qui parlent" (en milieu militant d'extrême-gauche ? pardon ?? milite-t-on sur la même planète ?) ; tout est une affaire de "bloc" des femmes contre "bloc" des mecs (sauf que sur la planète où je milite, non : des tas de meufs défendent systématiquement les accusés et des tas de mecs prennent le parti des dénonciatrices, ce qui est possible par contre, c'est que les motivations de ces mecs ne soient pas exactement "la cause des femmes chevillée au corps"...) ; et puis finalement (non, parce que dit comme ça c'est peut-être plus simple), "dénonce comme pointeur le mec cishétéro de ton choix, si tu sais pas pourquoi, lui il le sait" ; toute cette rhétorique est une ABERRATION POLITIQUE ET PHILOSOPHIQUE comme l'est de toute façon toute cette idéologie gauchiste née de la décomposition au dernier degré de la perspective révolutionnaire en Occident depuis les années 1980... Et si, puisque nombre se piquent aujourd'hui de "décolonialisme", l'affaire Tariq Ramadan aura permis de montrer la DÉCONNEXION qui peut exister entre ces discours et les larges masses populaires (non-blanches en l'occurrence), et même la RÉVULSION qu'il peut leur inspirer, eh bien TANT MIEUX, ça aura au moins servi à ça !]

Post-scriptum : LES DEUX ICEBERGS

Oui, parce qu'on dit souvent (et à TRÈS JUSTE TITRE) que les violences/agressions sexistes dénoncées sont la "petite partie émergée (de l'ordre de 10%) de l'iceberg" de celles réellement subies au quotidien. Ce qui est tout à fait vrai (peu importe que "10%" soit un chiffre étayé ou une manière de dire "pas infiniment peu mais vraiment pas beaucoup quand même").

Mais ce qu'on oublie de dire... c'est que les violences/agressions, selon le critère disons "basique" du non-consentement de la personne qui les subit, ne sont ELLES-MÊMES que la partie émergée d'un AUTRE iceberg : les agissements, les comportements de dominant patriarcal TOUT À FAIT CONSENTIS par celles qui en sont l'objet. Et qui représentent FASTOCHE plus de 90% des rapports sociaux à caractère patriarcal, pour ne pas dire qu'ils sont tout simplement le fond d'écran de notre quotidien.

Il arrive, pas forcément rarement, que cela puisse se constater de visu. Une meuf (pas forcément féministe militante d'ailleurs) observe un couple et trouve très dérangeant, dominateur le comportement du mec. Sauf que la fille du couple, elle, n'y voit absolument... aucun inconvénient. Pour des raisons qui lui appartiennent, elle accepte SUBJECTIVEMENT ce rapport OBJECTIVEMENT ultra-patriarcal entre elle et lui. Vous voyez, à la télé, telle célébrité qui s'affiche avec un joli mannequin court-vêtue et qui l'exhibe OBJECTIVEMENT comme un trophée. Sauf qu'elle, elle ne se voit pas du tout comme ça. Cette situation est totalement CONSENTIE.

Dans notre société aussi patriarcale que capitalo-consumériste, ce mec est une VALEUR et être à ses côtés, dans sa tête, la valorise... Autant que lui se sent évidemment valorisé par son "trophée". C'est abject du point de vue "progressiste", militant émancipateur antisexiste qui est le nôtre ; mais c'est CONSENTI – montrant par là les limites de la notion de consentement elle-même.

Ce n'est pas pour justifier le moins du monde la prostitution, dont je persiste et signe à faire de la disparition une tâche révolutionnaire prioritaire, mais oui, les idéologues "TS" n'ont pas tort lorsqu'elles disent comme argument que dans le monde d'aujourd'hui, pratiquement TOUT rapport social entre un homme et une femme est quelque part de la prostitution (donc du coup, on ne pourrait pas critiquer la prostitution dès lors que celles qui la pratiquent disent y consentir... mais on gardera ce débat pour un autre jour). Ceci mises à part quelques démarches volontaires et très minoritaires, comme par exemple... le port du voile, qui sont destinées à y échapper.

Telle est la société. Et le milieu gauchiste, tout microcosme replié sur lui-même et coupé d'elle qu'il soit, n'en est pas moins le FIDÈLE REFLET dans ce qu'elle a de PIRE.

Oui, je peux affirmer d'expérience et de l'intérieur que dans le milieu gauchiste pullulent et règnent les petits coqs dominants à harem, "populaires", "leaders naturels", plus ou moins zikos ou autres, et ceci sans pratiquement JAMAIS être mis en cause, dénoncés pour quoi que soit... à moins de "merder" : faire vraiment quelque chose de grave à force de croire que tout leur est dû, ou éconduire une meuf qui dénoncera leur "masculinité toxique" pour se venger (ou tenez, encore mieux : un rival qui met la main sur une éconduite et l'utilise comme arme...).

C'est limite encore plus flagrant en Allemagne, où le petit coq-leader local qui impose fermement la défense des meufs contre les "agressions", défend en réalité son harem contre les jeunes coquelets moins "populaires" qui tournent autour. Les meufs y sont aussi rigoureusement "respectées"... que JAMAIS "cheffes" d'un squat, d'une scène militante locale etc.

Concrètement (pour quitter l'Allemagne et revenir ici), les "affaires" les plus nombreuses (tellement nombreuses et vite réglées qu'elles ne sont pas "médiatisées") de mecs bannis des espaces pour "prédation", concernent surtout des mecs "non-populaires" refoulés par les meufs et qui insistent. Pendant ce temps (jusqu'à ce qu'il tombe éventuellement sur un "os"), le coq local règne...

Les féministes ultras, qui pourraient pointer du doigt cet état de fait, sont cordialement invitées à mettre en œuvre leurs principes de non-mixité et ainsi, mises hors du game. De toute façon, le coq est intelligent (c'est une qualité absolument requise pour le poste !), et il saura généralement se montrer "safe" à leurs yeux. Je ne suis pas en train de vous dire de vous l'imaginer en Tony Montana sur un sofa léopard, cigare au bec et avec deux top models de chaque côté. Non, ça, ça n'existe effectivement pas chez nous. C'est plutôt un "héros discret", comme ce guitariste mélancolique aux longs cheveux blonds qui était la coqueluche de votre classe de terminale. Il n'en reste pas moins que sa conception des rapports hommes-femmes a furieusement la forme d'un tableau de chasse.

Et tout ça, donc, c'est TOTALEMENT CONSENTI... et ça nous montre donc les limites de la notion même de consentement. Le nécessaire travail d'éducation au consentement ("même en soirée picole", "même dans une relation de couple" etc. etc.) que nous menons, ne dit lui-même en réalité qu'une toute petite partie des rapports sociaux de domination patriarcale !

Là aussi, encore une fois, cette énonciation de faits ne débouchera pas sur une ébauche de solution clé en main. Je n'en ai pas à proposer. Peut-être parce que là, c'est bien un changement RÉVOLUTIONNAIRE de société qu'il faut mettre à l'ordre de jour : pour que "être avec" une partenaire ne soit plus la "posséder", pour que séduire ne soit plus "conquérir" un "trophée", pour que le succès et la valeur d'un mec ne se mesure plus à son "compteur" de partenaires sexuelles, etc. etc.

Toutes choses qui sont bel et bien de la domination patriarcale à l'état pur, mais jamais remises en question car il n'est absolument (et heureusement) question de RIEN faire sans le consentement des meufs ; et même carrément, que remettre en question ne peut être que l’œuvre d'un "frustré" (sauf que voilà, c'est dommage... mais je ne le suis NULLEMENT , merci quand même !).[On pourrait aussi prendre un exemple de la vie sociale "en général" ; prenons le grand exemple médiatique qui a "tout déclenché" ces derniers  temps : l'affaire Weinstein. Dans l'affaire Weinstein, il faut absolument arriver à aller AU-DELÀ de la question du viol/consentement, pour interroger celle de la SEXUALITÉ DE POUVOIR – le droit de cuissage moderne, en d'autres termes. C'est ÇA la position révolutionnaire face à cette affaire. Parce que sinon, on restera toujours dans le même bizness : des meufs disent qu'il les a violées ou agressées, et en face, "oui OK on veut bien vous croire, mais pourquoi vous avez attendu 10 ans pour en parler ?"... Parce que dans 99% des dénonciations qui le visent, osons le dire, le schéma est celui-là : un rapport sexuel non-consenti par sentiments ou attirance physique, mais "laissé faire" dans l'espoir d'une perspective de carrière cinématographique, ou du moins "laissé imaginer" dans la même perspective et débouchant ainsi sur une agression ; et des années plus tard, une meuf parle pour des raisons qui sont les siennes et des dizaines d'autres lui emboîtent le pas, ainsi que contre d'autres types ayant eu des pratiques similaires dans la même position. Droit de cuissage moderne... car oui, il faut oser le dire aussi, le patriarcat est subordonné à la position de classe et la violence patriarcale a un CONTENU DE CLASSE, qui ne permet pas de mettre Weinstein ou DSK sur le même plan que le "paye ta schneck" de rue, bien qu'il faille également critiquer et combattre ces pratiques aussi. Et à un niveau "micro", les positions de pouvoir/prestige de cette nature se retrouvent également en milieu militant ; d'autant plus, je serais tenté de dire, que le centralisme démocratique y est inexistant au nom du "y a pas d'chef".]

SUR FACEBOOK : comme il fallait s'y attendre, huhu haha, mon post dont cet article est la reproduction a reçu le magnifique score de... ZÉRO LIKES, mhuhuhu mwaha !

Mais que vouliez-vous que je dise d'autre, surtout si ce compte est FAIT pour dire ces choses-là ? Ce milieu est à VOMIR. C'est un royaume d'imposture, d'hypocrisie, d'égo-roi, de courtisanerie. Et sur un tel terreau... tout ce qui pourrait se construire de bien, ce qu'il est NÉCESSAIRE, même, de construire de bien, comme par exemple "comment traiter les problèmes liés aux contradictions de genre qui traversent toute la société à laquelle le milieu n'est pas étranger", devient un MONSTRE. Un de ces monstres du clair-obscur qui apparaissent lorsque l'ancien n'est plus qu'un cadavre ambulant pestilentiel, mais que le nouveau échoue encore et encore à apparaître.

Encore une réflexiounette :

Il faut oser le dire quitte à se faire fesser une pelle : les choses vont parfois loin, trop loin.

On peut absolument comprendre, et je le comprends tout à fait, qu'il y ait réponse à une attente : celle des victimes, et de leur paralysie face au plus gros problème avec ce crime qui est celui de la preuve (plus que le patriarcat en fait... en cet an de grâce 2017 après Jésus-Christ où la grande majorité du personnel judiciaire est féminin) ; laquelle jusqu'à nouvel ordre, dans la conception à peu près mondiale du droit pénal, fait loi.

Mais franchement, certains textes féministes radicaux 3e vague et demie sur ce réel problème ont de plus en plus les apparences de véritables Manuels de Parfaite Dénonciation Calomnieuse. Pratiquement, de véritables "questions-réponses" contre toute possible expression d'un doute susceptible de profiter à l'accusé (comme il en va normalement dans une justice démocratique...).

Frisant souvent limite la théorie du complot, le présupposé d'une "conspiration générale anti-victimes" ("en faire taire une c'est les faire taire toutes" etc.) qui ne s'est en réalité JAMAIS observée dans la vie réelle, où tout le monde baigne certes dans une certaine culture du viol mais tout le monde n'en déteste pas moins les violeurs, ou du moins, pense trop à sa réputation pour s'en mêler en faveur d'un mis en cause.

Du coup, si la société en général baigne encore largement dans la culture de la honte, de la culpabilité... de la victime et du "tu ne pourras rien prouver de toute façon", dans les milieux POLITISÉS disposant de ce type de "manuels", il est mathématiquement impossible (la possibilité des choses faisant, pour les matérialistes que nous sommes, leur réalité) qu'ils ne soient pas utilisés pour des dénonciations calomnieuses visant à détruire leurs cibles de la façon bien décrite dans cet article : https://blogs.mediapart.fr/veronique-nahoum-grappe/blog/151117/usage-politique-de-la-sexualite

Même lorsque s'est posée la question du renversement de la charge de la preuve en matière de pédophilie (revendication qui sera stoppée net par l'affaire d'Outreau...), aussi loin que remonte ma mémoire, ça n'allait pas aussi loin. Il n'existait pas de tels "manuels" contre toute possibilité pour l'accusé de se défendre contre la parole de l'enfant : ce devait être à lui de se défendre et de prouver que les accusations étaient fausses (principe du renversement de la charge de la preuve) ; mais il n'était pas question de prévoir un "tir de barrage" contre chaque possible argumentation de sa part pour, justement, prouver son éventuelle innocence !

Il a peut-être jusque récemment fallu briser le silence qui recouvrait les actes de prédation dans nos milieux, mais aujourd'hui, une dizaine d'années plus ou moins après l'enclenchement de ce processus, c'est probablement pour dire cela qu'il faut oser le briser.

[Il semble en fait y avoir, dans le milieu gauchiste, un certain courant "féministe" (idéologiquement) non-prolétarien basé sur la logique de guerre des sexes critiquée par les camarades maoïstes du Québec, et qui considère que la révolution renversant "toutes les oppressions" ne sera plus qu'une question d'heures lorsqu'elles auront PRIS LE POUVOIR dans le milieu... Comme si tout était aussi simple et mécanique ! Comme si n'entrait pas par exemple en ligne de compte, je dis ça au hasard, des questions de COMPÉTENCE des militant-e-s révolutionnaires pour exercer des responsabilités.

Prenons un exemple : un mec qui dirige une organisation (ou une section locale d'organisation) de 20 personnes, qu'on imaginera pour la démonstration à stricte parité, ce sont donc de fait 10 femmes qui ne sont pas dirigeantes... mais aussi 9 mecs. Il se peut qu'une de ces 10 femmes aurait été en réalité plus compétente pour le poste, et qu'elle ait été écartée parce que femme : c'est inacceptable. Il se peut, aussi, qu'un des 9 mecs eut été dans ce cas, et ait été écarté par d'autres manœuvres sans principes (ou par des préjugés racisto-classistes, au hasard) : c'est inacceptable. Un "bon" dirigeant révolutionnaire, de toute façon, est un dirigeant qui s'emploie à tirer ses camarades, touTEs ses camarades VERS LE HAUT : c'est aussi de son intérêt (partage des responsabilités, moins de boulot) et cela permet que tout ne repose pas uniquement sur lui, et que l'organisation ne puisse pas être détruite à travers sa seule personne. Préparer sa PROPRE succession par une femme, ou pourquoi pas carrément une femme non-blanche (même si je prône par ailleurs que les non-Blancs aient leurs propres organisations autonomes), est un geste politique fort qui honore un révolutionnaire et fait la différence avec un petit bourgeois en goguette.

Mais cela ne signifie pas, ne PEUT PAS signifier que toute relégation à une position non-dirigeante puisse être contestée en invoquant simplement le "sexisme" du dirigeant et de ses soutiens ; si la véritable raison en est tout simplement que l'on n'est pas jugée compétente pour exercer ces responsabilités ! Le sexisme existe et structure la société capitaliste ; tout comme le racisme existe et structure la société capitaliste ; mais ce ne sont pas pour autant FORCÉMENT ET TOUJOURS les SEULES raisons pour lesquelles on est "relégué" en politique ; à moins, comme je l'ai évoqué plus haut, que ç'ait été la raison pour ne pas être correctement aidé-e et formé-e à progresser.

Je parle là de choses dont j'ai été témoin dans mon parcours militant : j'ai été témoin de ce type de cas où une personne complètement portnawak politiquement parlant, incapable par son attitude personnelle d'exercer des responsabilités dirigeantes et également contestée pour son tout-et-n'importe-quoi idéologique (du point de vue idéologique du groupe qu'elle prétendait diriger...), ni ne s'autocritique et se rectifie ni ne fait valoir par des arguments la justesse de ses positions, mais dénonce le "sexisme" de celles et ceux (pas uniquement des mecs loin de là) qui la contestent et la mettent à l'écart.

"La révolution", donc, "à l'ordre du jour" si simplement "les meufs" prenaient le pouvoir dans les forces révolutionnaires ? Avec des "numéros" comme celui auquel je pense, je me permets fortement d'en douter...

Je parle de tout cela, bien sûr, dans le sens où cette logique de "prise de pouvoir" peut évidemment être une motivation de fausses accusations de sexisme et violences en milieu militant.]