Où va la CGT ?
Le Vendredi, c'est la fin...
[Le numéro du Peuple aujourd'hui est pourri, mais c'est pas de notre faute, c'est de la faute de la Conf' !!!]
Quoi dire aujourd'hui ? La messe est dite. On prendra le temps un peu plus tard de revenir sur le bilan général de ce congrès... D'ailleurs, si vous avez un avis, n'hésitez pas !
Ah, oui. L'élection du Bureau Confédéral ce matin. Pas de surprise, c'est personne pour personne la liste annoncée par Le Monde le 1er décembre. Il se confirme que Monsieur Rémy Barroux, journaliste spécialisé, a des dons de voyance particulièrement affutés.
Car voyez-vous, le résultat gêne certains, bon, c'est vrai, la démocratie là dedans, c'est pas top. Mais nos contradicteurs justifient : "Quoi donc, pourquoi vous étonnez-vous ? C'est le rôle de la CE sortante de préparer la nouvelle direction". Bien, bien, bien... Il y a un problème, preuve à l'appui. C'est que la CE sortante, n'a pas été consultée, non vraiment pas. Et si nous le disons, c'est que nous avons des preuves. Et ces preuves on les a.
En l'occurence un courrier d'un membre de la CE sortante, par ailleurs secrétaire de l'UD93, qui s'étonne des fuites dans la presse alors qu'il n'est informé de rien...
Alors, on arrête les conneries, OK ? La prétendue "démocratie" à la CGT, c'est réservé quand il faut faire taire les opposants...
Sinon, on ne va pas vous parler du discours de clôture de Thibault, aucun intérêt. Même les menaces voilées à notre égard, nous les syndicalistes de classe, ne nous impressionnent pas. Les choses sont claires, il y a deux camps. Et nous ne sommes pas du même côté de la barricade !
Nous arrêtons là cet article, mais il va s'enrichir progressivement dans les jours qui viennent, avec des compléments, des liens vers des documents officiels, la liste des élus de la nouvelle CE avec les votes individuels etc. Donc n'hésitez pas à y revenir, il y aura des compléments !
Nouvelobs
Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a été reconduit sans surprise vendredi pour un quatrième mandat de trois ans, au dernier jour du 49e congrès de la confédération qui s'est déroulé cette semaine à Nantes, a-t-on appris auprès de la CGT.
Bernard Thibault, 50 ans, a été réélu à la tête de la première confédération syndicale de France jusqu'en 2012.
Durant ce congrès, le rapport d'activité présenté par la direction sortante de la CGT a été approuvé à 77,29% des 520.221 voix dont disposaient statutairement environ un millier de délégués présents au congrès.
"Vous me permettrez de considérer que 77%, c'est un score très honorable pour un direction réputée être coupée de la base. Nous connaissons au moins un président de la République qui rêverait que la France d'en bas approuve sa politique dans de telles proportions", a ironisé Bernard Thibault dans son discours de clôture.
A l'ouverture du congrès lundi, Bernard Thibault s'était défendu d'être "atteint de sarkozysme aigu", assurant au contraire être "vacciné contre cela", alors qu'une petite partie de sa base reprochait de trop négocier avec le président de la République et le gouvernement. AP
Congrès . Le secrétaire général est reconduit.
Luc Peillon
Opération recadrage. Après une semaine de débats parfois agités, Bernard Thibault a clôturé vendredi à Nantes le 49e congrès de la CGT sur quelques rappels à l’ordre. Réélu pour trois ans à la tête de la centrale, au cœur d’une direction renouvelée et resserrée, le secrétaire général a consacré une part non négligeable de son discours final à tancer l’opposition interne, tout en rappelant les règles de l’organisation. Après avoir salué le départ de nombreux membres de la direction, dont ceux de Maryse Dumas et de Jean-Christophe Le Duigou, ses ex-numéros 2, Bernard Thibault s’est gentiment moqué d’une presse «bruissant des rumeurs les plus alarmantes» concernant les votes sur l’activité passée. «77%, c’est un score très honorable pour une direction réputée être coupée de la base», a-t-il poursuivi, ajoutant connaître«un président de la République qui rêverait que la France d’en bas approuve sa politique dans de telles proportions».
Mais c’est surtout les interventions de délégués oppositionnels, concentrées sur la journée de mercredi, qui ont inquiété la direction, au point de demander au secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, d’annuler sa venue (Libération de vendredi). A ceux-là, Bernard Thibault a clairement indiqué que, «à la CGT, il ne peut y avoir par principe une opposition et une majorité, comme si tout devait demeurer figé une bonne fois pour toutes […]». Autrement dit, pas «d’écuries» ni de «tendances» prétendant agir «dans la CGT en marge des règles de vie commune». L’organisation n’a besoin ni de «gourou» ni de «sauveur».
Le congrès s’est-il si mal déroulé aux yeux de la direction que Thibault ait éprouvé le besoin d’évoquer, jeudi, une révision des «conditions dans lesquelles on permet à la démocratie de s’exercer» ? Sans réitérer ces propos vendredi en clôture, le secrétaire général a tout de même demandé aux délégués de faire remonter leurs analyses afin «de tirer tous les enseignements utiles pour l’avenir et mieux préparer le prochain congrès». Remettra-t-il en cause les «débats interactifs», ces instants où le micro est distribué dans la salle sans inscription préalable, et dont ont profité nombre d’opposants pour intervenir ? Non, a assuré Thibault aux journalistes à la suite de son discours, «je préfère cette forme d’échanges aux longues interventions, comme cela se fait dans une autre grande organisation». Sous-entendu à la CFDT. Pour d’autres, ce sont surtout les présidents de séance qui ont été un peu légers au moment de donner la parole. Une chose est sûre : les opposants, eux, n’ont plus qu’à serrer les fesses.
Donc, la messe est dite : B. Thibault a été reconduit à la tête de la centrale à une écrasante majorité.
La candidature de Delannoy était intéressante, pas tellement par son programme (revenir, au fond, au syndicalisme "musclé" des années 70-80 - déjà très très réformiste) mais par ce qu'il incarnait, la mouvement de fond derrière lui : la plus forte contestation de la direction du syndicat par la base depuis les années 68-73.
Mais elle a échoué, et c'était absolument écrit.
Car le problème, ce n'est pas tant le "verrouillage bureaucratique" de la direction - bien que bien réel. Partir de ce principe serait faire complètement fausse route.
Le problème, c'est la crise totale du syndicalisme français depuis 20 voire 30 ans, face à la seconde crise générale du capitalisme et à la remise en cause, par la bourgeoisie, des "conquêtes" sociales et de l'amélioration continue du niveau de vie, sur lesquels le syndicalisme "réformiste dur" des années 50-70 avait précisément bâti sa position.
Aujourd'hui, on le répète assez souvent dans les médias, le taux de syndicalisation des salariés en France ne dépasse pas 10% en France, tous syndicats confondus (CGT, CFDT, FO, SUD, CGC/CFE - cadres), toutes catégories (ouvriers, employés, agents de maîtrise, cadres) et surtout en comptant le "secteur public" : fonction publique et entreprises à capitaux d'Etat, les "services publics" (EDF, Poste, SNCF etc.).
Dans le secteur concurrentiel à capitaux privés, les citadelles de l'exploitation comme les PME sous-traitantes industrielles, la grande distribution et la consommation de masse, les services téléphoniques (plateformes), le taux de syndicalisation ne dépasse pas 5%.
En fait, en France, la tactique syndicale léniniste (invoquée par les camarades de "Où va la CGT"), d'aller dans les syndicats à la rencontre des travailleurs les plus conscients et les plus combattifs, tombe un peu à l'eau.
Car en réalité, ce sont de moins en moins les travailleurs les plus combatifs qu'on trouve dans les syndicats. Mais au contraire, les plus "installés", les plus qualifiés (donc l'aristocratie ouvrière), les plus réformistes, les plus corporatistes (ou "culture d'entreprise")... Ceci n'est pas une affirmation péremptoire : nous l'avons vérifié de nos yeux - sans rentrer dans les détails.
Les travailleurs les plus révoltés, conscients et combatifs, ont tendance à se détourner des syndicats, ou à (au moins avoir envie de) déchirer leur carte. Sans parler de ceux dont la précarité, si elle les révolte beaucoup, leur interdit de se syndiquer...
Les 77% de Thibault le collaborateur de classe ne tombent pas non plus du ciel, ils ne sont pas le fruit d'un pur bourrage d'urnes...
Bien sûr, il reste localement (unions locales, certaines sections d'entreprise, pas forcément CGT d'ailleurs...) des éléments de conscience de classe et de combativité prolétaire.
Ces éléments vont à l'avenir, de plus en plus, s'autonomiser de la direction réformiste et conciliatrice. Mais ils ne suffiront pas, à eux seuls, à jeter les bases d'une nouvelle CGTU.
La CGTU, syndicat révolutionnaire de lutte de classe (1921-1935) a pu exister, parce qu'existait un puissant et organisé PARTI COMMUNISTE (S.F.I.C.) avec une ligne politique révolutionnaire. La politique au poste de commandement.
"L'indépendance" politique des syndicats, grand principe du syndicalisme français depuis la Charte d'Amiens (1906), est une pure mascarade - d'autant plus risible quand on sait que Solidaires c'est le NPA, que FO est noyauté par les entristes trotskystes du POI, que la CGT de 1945 aux années 90 c'était le PC... La lutte syndicale doit être au service de la stratégie, du projet révolutionnaire.
Sans une ligne politique, sans s'inscrire dans une stratégie révolutionnaire qui pose la question du pouvoir, la question du mode de production ; la combativité de classe, le rejet de la direction réformiste et le refus de "payer la crise" ne franchiront jamais les limites de la "radicalisation" contestataire.
Sans ligne politique révolutionnaire offrant un débouché politique (le Pouvoir au Peuple !) aux revendications des exploités, il y en aura toujours pour dire qu'il vaut mieux obtenir un peu en négociant, que rien du tout en faisant de la contestation permanente... C'est l'argument massue des réformistes à la Thibault, et il est sans doute pour beaucoup dans les 77% - surtout dans la situation économique actuelle.
Cette ligne politique, c'est à nous communistes, les éléments les plus avancés, les plus conscients du prolétariat et des masses populaires, de l'amener à ceux qui, partout, veulent en finir avec la vie de misère, les "fins de mois qui sonnent creux", l'exploitation, la pression psychologique qui mène à la dépression voire au suicide... en un mot avec l'enfer du capitalisme !
AU TRAVAIL !!!
Poser la question de l'impérialisme par exemple, qui a permis pendant 50 ans d'acheter le prolétariat de France à coup de "niveau de vie confortable"... et aujourd'hui de délocaliser la production pour décupler sa plus-value, en laissant des milliers de familles sur le carreau... ça serait pas mal non ?