La violation et le contournement de la Constitution et des lois, et les "tentatives de fascisme"
La bourgeoisie, le clergé et les autres riches n'ont pas de solution positive pour les masses populaires au marasme economique, environnemental, culturel et moral que leur système capitaliste et mercantile a créé.
Parce que le mal est dans leur système lui-même. Le marasme est un produit naturel de leur système.
Face au désastre que le système capitaliste et mercantile a créé, la bourgeoisie, le clergé et les autres riches n'ont pas la moindre solution constructive. Mais ils ont toutefois une solution qui pourrait leur permettre de prolonger la vie de leur système de relations sociales, de lui donner ici ou là de l'air : mobiliser dans leur pays la partie la plus réactionnaire ou la plus désespérée et la plus abrutie des masses populaires contre le reste des masses populaires, et mobiliser les masses populaires de leur pays à attaquer, piller, occuper d'autres pays. La droite bourgeoise est engagée dans la recherche d'une solution de ce genre.
C'est ce que les plus décidés, clairvoyants et criminels des bourgeois, des ecclésiastiques et des autres riches font déjà dans notre pays. Ceci est le sens des "tentatives de renaissance du fascisme" qui se multiplient : Forza Nuova, Casa Pound, les chemises vertes de Borghezio, etc. Elles sont promues par des aventuriers et des criminels que la bourgeoisie et le clergé ont formé et forment avec les campagnes de dénigrement du communisme et d'intoxication des consciences, et que les Autorités laissent libres d'essayer s'ils sont capables de mobiliser au service de la bourgeoisie la partie la plus arriérée ou la plus désespérée et abrutie des masses populaires, pour en faire un fatras de mercenaires prêts à tout, contre le reste des masses populaires et contre d'autres pays.
Même dans ce domaine Berlusconi et les types comme lui expriment dans la forme la plus concentrée et nette les caractères de la bourgeoisie de notre temps, ils sont les héros de la bourgeoisie de notre temps. Il ne fait pas de doute que l'opposition bourgeoise à la bande Berlusconi est impuissante et collaboratrice : parce qu'au fond elle a le même programme.
Ils s'opposent à Berlusconi principalement parce qu'ils aspirent à prendre sa place pour faire sa politique, en assurant à la bourgeoisie et au clergé qu'ils savent faire mieux que Berlusconi ce que Berlusconi dit et ne fait pas. Le gouvernement Prodi-D'Alema-Bertinotti (2006-2008) l'a montré clairement.
Pendant qu'ils déchargent sur les masses populaires le poids de la crise du capitalisme, ces politiciens violent ou contournent en même temps, et en diverses modalités éludent chaque loi qui dans quelque mesure défend les intérêts des masses populaires et limite l'arbitraire des patrons, du clergé et de leurs Autorités : parce qu'elle entrave, qu'elle limite la gouvernabilité, comme ils disent.
Avant même de réussir à créer les conditions pour l'abolir, ils ont déjà dans une grande mesure éludé la substance de la Constitution, qui prise à la lettre reflète encore le rapport de forces créé par la Résistance. La bande Berlusconi et ses collaborateurs extérieurs type d'Alema ont continué sur grande échelle et sans pudeur l'oeuvre d'élusion, le contournement et la violation de la Constitution que le régime démocrate-chrétien avait mené pendant des décennies avec onctuosité hypocrite et avec la complicité des révisionnistes modernes à la Togliatti et Berlinguer.
Le régime de contre-révolution préventive, instauré après la seconde guerre mondiale quand fut créée la République Pontificale, tombe en pièces. Le second de ses cinq piliers (les concessions économiques) s'est déjà écroulé, le cinquième (caractère fortement sélectif de la répression) est toujours plus ébranlé par l'avancée de la militarisation, de la guerre contre le terrorisme et de la répression, le troisième (la participation des masses aux élections à la remorque des partis bourgeois) et le quatrième (organisations de masse du régime) sont fortement bouleversés par les mesures pro-"gouvernabilité" (seuils de barrage, financement public et sélectif, mesures antisyndicales, etc), par l'illégalisme des Autorités et le développement de la mobilisation réactionnaire et le premier (manipulation des consciences) reste suspendu en air.
Les manifestations de l'illégalité diffuse du Pouvoir bourgeois sont aussi la tolérance et la complicité des Autorités pour les tentatives de renaissance du fascisme, alors que sont encore en vigueur, soit l'interdiction du fascisme établie dans la Constitution, soit les lois qui défendent toute activité et manifestation fascistes et font d'elles un délit que les Autorités sont encore tenues par la loi d'empêcher et de poursuivre, comme n'importe quel autre délit.
Cette tolérance est toujours plus fréquente et plus clairement complice : les Autorités persécutent avec zèle les antifascistes coupables de faire ce que de par la loi elles devraient faire et ne font pas. Ils recourent même à des initiatives illégales et des manoeuvres pour les condamner à des longues périodes de détention et d'assignations à domicile, avant même le procès.
Ce qui s'est produit en Toscane d'octobre à aujourd'hui (l'incarcération d'Alessandro Della Malva et la détention aux arrêts à domicile d'autres antifascistes) en est la claire démonstration.
Il ne fait aucun doute que ce climat d'illégalité profasciste continuera et s'aggravera. Berlusconi joue toutes les cartes dont il dispose pour exploiter à son avantage même le geste maladroit accompli dimanche 13 décembre par Massimo Tartaglia (qui paye à prix cher son délit de lése majesté). Mais il peut le faire grâce à la complicité des dirigeants de la droite bourgeoise qui se présentent comme ses opposants. Le geste de Tartaglia a mis hors d'usage Berlusconi pour seulement quelques jours et ne pouvait faire plus, mais il a eu la qualité de montrer la solidarité des principaux politiciens bourgeois avec le chef du Milieu organisé de notre pays. Ceux qui nourrissaient encore des illusions vis-à-vis de semblables politiciens peuvent en tirer des enseignements.
La bourgeoisie, le clergé et leurs Autorités élèvent les fascistes du futur proche. Et ils réussiront si nous ne brisons pas dans l'oeuf les tentatives de fascisme, pendant qu'en même temps nous développons la mobilisation révolutionnaire des masses populaires, pour éliminer le marasme créé par la bourgeoisie dont les fascistes profitent. Malgré la tolérance et la complicité de l'Autorité, nous communistes devons nous appuyer, soit sur le souvenir des entreprises criminelles accomplies par les fascistes dans le passé, soit sur les présentes activités des aspirants fascistes, pour mobiliser la population à empêcher à tout prix et par chaque moyen que les initiateurs des "tentatives de fascisme" installent dans les quartiers populaires leurs foyers d'infection fasciste.
C'est nécessaire, pour gagner du temps et développer sur une grande échelle la mobilisation révolutionnaire des masses populaires, et en particulier créer les conditions pour la constitution d'un gouvernement de Bloc Populaire.