La guerre nous l’arrache un tisseur de vie, de rêve et d’espoir
Andrés Fernando Muelas, son sourire chaud et sincère nous irradie encore. Cela que dans des moments de douleur comme de maintenant il nous anime et il nous rappelle que nous devons continuer de lutter.
Ils ne sont pas fatigués de causer de la douleur. Hier dans la nuit le compañero Andrés Muelas a été fauché par l’impact d’une balle, alors qu’il rentrait chez lui à moto. Il était près de 22h30, au lieu-dit El Frutal à cinq minutes du croisement de Mondomo, quand des hommes en uniformes militaires sont apparus sur la route en tirant sans discrimination. Suite à cette exaction le conducteur d’un tracteur a également été assassiné et quatre autres personnes qui étaient sur la route ont aussi été blessées. Les responsables de ce crime n’ont pas été identifiés, mais nous savons que dans ce secteur opèrent plusieurs groupes armés.
Andrés Muelas a commencé son travail communautaire en tant que coordonnateur du groupe Juvénile du village de Concepción au Nord du Cauca d’où il est originaire. Il a été un membre actif du mouvement en étant tout à tout alguazil, secrétaire et trésorier. Dans cet espace a aussi coordonné avec d’autres collègues le Programme de Communication et la Zone de Planification. Par son leadership et sa clarté malgré sa jeunesse la communauté l’a nommée coordonnateur du Projet Communautaire Sa’t fxine Kiwe (Territoire écrit par les Caciques). Il a fait partie du Tissu de Communication de l’ACIN au niveau de la production, il a été auxiliaire de santé et musicien du groupe "Son rumbero" de son village. Dernièrement ce compagnon et ami travaillait dans les environs en tant que coordonnateur du programme d’éducation pour des jeunes et des adultes de l’ACIN.
Aujourd’hui les balles assassines de ces messieurs de la guerre qui se croient propriétaires de la vie, menacent, déplacent et emptortent nos territoires et nous arrachent nos vies. Alors que les communautés de Jambaló, de Caldono et de Cajibio n’ont pas encore réussi à assimiler les impacts des confrontations armées de dont ils ont été l’objet le week-end dernier, cette guerre absurde recommence à attrister et à remplir de douleur le Peuple Nasa du nord du Cauca.
Actuellement, le territoire est totalement militarisé avec plusieurs barrages sur les routes. Sans aucune doute ce fait sera encore une excuse pour renforcer la présence militaire dans tous nos villages. Cela s’ajoute à l’ordre présidentiel de renforcer avec 5000 soldats supplémentaires les forces armées présentes sur le territoire. Les uns disent qu’ils luttent pour nous, les autres disent qu’ils luttent pour nous protéger. La vérité c’est qu’aucun d’entre eux ne défend la vie et leurs stratégies de terreur cherchent à nous arracher notre territoire pour en finir avec les ressources de notre Mère la Terre.
Andrés, ta famille, ta communauté et ton peuple pleurent ton départ. Aujourd’hui tu voyages pour te retrouver dans le ventre du Territoire du Grand Peuple pour accompagner ceux qui ont donné leur vie au nom de la liberté, au nom de tous les peuples du monde. Ta lutte ne sera pas vaine, il approche, le jour où nous les peuples dignes briserons les chaînes de la cupidité et de l’oppression, et où nous recommençons à sentir que nous avons droit à la vie. Et ce jour, Andrés, ton nom sera avec nous tous, accompagnant et guidant le chemin de ce peuple qui t’a vu grandir.
Bon voyage compañero ! (jointe plus bas la dernière interview d’Andrès datant du 16 février dernier)
Le bébé victime d’un bombardement dans la Haute Goyave est décédé
COMMUNIQUÉ POUR L’OPINION PUBLIQUE
L’Organisation Indigène d’Antioche a le regret d’informer l’opinion publique nationale et internationale, que vendredi dernier, 19 février, à 11h25, a eu lieu le décès du bébé d’un mois, fils de Celina Majoré, qui avait été victime du bombardement effectué conjointement avec la Force Aérienne par la 17° Brigade de Carepa, le 30 janvier 2010 dans la communauté de Haute Goyave, village indigène Urada-Jiguamiandó.
Bien qu’une autopsie n’ait pas encore été pratiquée afin de déterminer la cause de la mort de l’enfant, nous pouvons affirmer que ce fait lamentable a possiblement un lien avec les traumatismes dont souffrait le bébé, occasionnés par les multiples impacts des bombes qui ont été lancées par l’armée contre le "tambo"[NDT : ???] où il se trouvait en compagnie de sa mère et de trois autres personnes, parmis lesquelles deux sont encore hospitalisées. De même nous dénonçons qu’il n’a pas été possible de secourir ce mineur parce que l’armée qui occupent actuellement le villade d’Urada-Jiguamiandó, a empêché une quelconque communication entre la communauté, l’Organisation Indigène d’Antioche ou toute autre organisation indigène, en réalisant une assignation à résidence forcée pour tout le village.
Ces faits configurent une infraction claire et ouverte aux Droits de l’homme et aux normes du Droit international Humanitaire de la part de l’armée colombienne, qui n’a pas seulement bombardé mais qui a en plus empêché d’apporter des soins à l’enfant malgré la demande explicite de la communauté. L’Organisation Indigène d’Antioche responsabilise la 17° Brigade de Carepa et les Force Aérienne de l’Armée Nationale pour ces faits terribles et rejette l’occupation militaire à laquelle sont soumis les villages indigènes, les restrictions que cette occupation implique, et en appelle au gouvernement colombien au travers du Ministère de la Défense et la Présidence de la République pour qu’ils assument leur responsabilité quant à ces faits. l’OIA en appelle également aux institutions de la justice (le Ministère Public) afin d’initier immédiatement les enquêtes qui doivent être menées et placent sous contrôle judiciaire les responsables directs, pour que ces crimes ne restent pas impunis.
De même nous en appelons à la solidarité et à l’accompagnement de toutes les organisations sociales et communautaires nationales et internationales qui se préoccupent du respect des Droits de l’homme, et en particulier des Droits des Peuples Indigènes, pour qu’ils condamnent ces délits de lèse humanité.
Pour la défense de la vie, du territoire, de l’unité, de la culture et de l’autonomie Conseil du Gouvernement Indigène Organisation Indigène d’Antioche
Medellín 22 de febrero de 2010. e-mail : indigena[at]oia.org.co Web : http://www.oia.org.co Tel : 284 48 45 Fax : 291 00 08 Cra. 49 # 63 – 57 Medellín – Antioquia – Colombia_
Source : Nasa ACIN
"La guerra nos arrebata un tejedor de vida, sueños y esperanzas "
"Falleció el bebe, víctima de un bombardeo en Alto Guayabal"
Traduction : Primitivi
par Christine RENAUDAT, à Bogota
mercredi 24 février 2010, par
La Colombie est horrifiée par l’ampleur des massacres commis depuis les années 1980 par des miliciens d’extrême droite qui reconnaissent aujourd’hui leurs crimes
Plus de 30 000 assassinats, 2 500 disparus en moins de vingt ans. Ces chiffres parlent d’une violence effroyable, tout juste comparable, en Amérique latine, à la répression de la dictature argentine qui aurait fait disparaître 30 000 opposants. Pour la première fois, le parquet colombien a donné le 17 février les statistiques officielles d’une vague de meurtres longtemps niée par le pays.
Elles correspondent aux crimes avoués par les milices paramilitaires dans le cadre d’un processus dit de « justice et paix » mis en place depuis leur démantèlement en 2003. Une loi, polémique, avait alors été adoptée : moyennant des aveux complets, les paramilitaires qui rendaient les armes ne pourraient pas être condamnés à plus de huit ans de prison.
Ces remises de peine ont permis de commencer à lever le voile sur des années de violences. Dans les salles d’audience, bien des mères de victimes se sont effondrées en écoutant les bourreaux raconter d’un ton mécanique comment ils avaient découpé le corps de leur fils à la machette pour le jeter dans un fleuve.
Une ascension éclair avec la complaisance des autorités
Créées dans les années 1980 par des propriétaires terriens et des militaires pour lutter contre le racket de la guérilla marxiste, les « Autodéfenses » colombiennes ont contrôlé des régions entières, assassinant non seulement des guérilleros, mais aussi ceux qu’ils considéraient comme leurs complices.
Paysans, militants de gauche, étudiants ou simples villageois ont été supprimés, parfois pour avoir vendu une cigarette à l’ennemi. Leur ascension éclair, avec la complaisance des autorités et l’appui d’une partie de l’opinion colombienne qui les voyaient comme un mal nécessaire, en avait fait la faction armée la plus puissante du pays.
En 2002, alors qu’Ingrid Betancourt était enlevée par la guérilla des Farc, histoire qui faisait alors la une des journaux, les 30 000 combattants des groupes d’autodéfense expulsaient des milliers d’Indiens de la Sierra Nevada colombienne, brûlaient dans des fours certaines de leurs victimes, ou les jetaient aux caïmans dans les immenses haciendas de leurs chefs.
Un tiers des parlementaires soupçonnés de complicité
Le pays n’a pas fini d’entendre leurs confessions macabres. Luis Gonzalez Leon, chef de l’Unité de justice et paix qui reçoit les aveux de ces combattants, affirme qu’ils pourraient reconnaître 120 000 meurtres. Une règle mathématique : « Nous en sommes au quart du processus », explique-t-il.
Certains parlent de leurs liens incestueux avec la politique. Associés aux cartels de la drogue, qui ont parrainé leur naissance, les paramilitaires avaient fini par prendre directement le contrôle du négoce de la cocaïne. Leur puissance leur permettait de choisir leurs candidats dans les régions.
Près du tiers des parlementaires colombiens élus en 2002 font l’objet d’une enquête pour complicité avec ces escadrons de la mort. La grande majorité portait l’étiquette de partis proches de l’actuel président Alvaro Uribe. Parmi eux figure même l’ancien sénateur Mario Uribe, son cousin. Selon l’éditorialiste Leon Valencia, les paramilitaires étaient alliés « à une partie de l’élite régionale qui a servi de support au projet politique du chef de l’État ».
De nouvelles bandes armées : les "néoparamilitaires"
Or, cette élite est toujours là. L’an dernier, la presse a révélé que les juges qui enquêtaient sur ces dossiers avaient été placés sur écoute par les services secrets colombiens. Le procureur de la Cour pénale internationale s’en est inquiété lors d’une visite en Colombie. « Les plus hauts responsables doivent être jugés », a-t-il martelé à Bogota.
D’ici là, d’autres pourraient bien avoir récupéré le négoce des Autodéfenses. On parle aujourd’hui dans le pays de « néoparamilitaires ». Ces bandes armées, héritières de leurs anciens chefs, ont fait remonter les indices de violence de Medellin, Cali et la côte pacifique colombienne à des niveaux préoccupants.
Dans ces régions, certaines familles ont eu à peine le temps de récupérer les restes d’un proche tué par les Autodéfenses, qu’il leur fallait déjà enterrer une victime de ces nouveaux groupes.
Source : La Croix
A l'oppression, le Peuple répond Résistance ! :
La guérilla des FARC a tendu une importante embuscade mardi dans le sud-ouest due la province de Cauca. Une charge explosive a été déclenchée au passage d'un véhicule de la police militarisée qui faisait route vers la capitale provinciale, Popayan, et une violente fusillade s'en est suivie. Trois policiers, dont le capitaine commandant la patrouille, ont été tués, et quatre autres blessés.
Les incidents armés se multiplient dans la province de Cauca où se tiendront en mars des élections régionales. L'incident le plus violent ayant eu lieu il y a dix jours, lorsque neuf militaires ont été tués et quatre autres ont été blessés.