Raid nocturne à Bil’in le 13 avril... une fois de plus ! (vidéo)
Par Eyad Bornat > majdarmajdar@yahoo.com
Mardi dernier, le village de Bil’in a été une fois de plus attaqué par l’armée israélienne. Vers 1h du matin, les forces armées sont entrées dans le village pour arrêter Khalil Ibrahim Yaseen, 16 ans, qui n’était pas chez lui. Les soldats ont remis à sa famille une convocation du bureau de la Shabak, disant que Khalil serait arrêté s’il ne se présentait pas à la convocation. Il y a à peine 2 mois, Khalil a été libéré de prison, après y avoir passé un mois pour son action dans les protestations non violentes.
jeudi 15 avril 2010 - 05h:51
Ziad Medoukh
Des noms comme : "Shatà, Be’er Shéva, Asel shéva, Shéva, Hédarim, Talmond, Nafhà, Askalan, El Ramlah, Navi Teritsa, Majido, Naqab, Ofar, Atlét" sont souvent répétés par les familles mais aussi par presque tous les Palestiniens ; ce sont des noms de prisons israéliennes.
Le lundi 12 avril 2010, le centre d’informations et de recherches francophone a visité le siège de la Croix-Rouge à Gaza qui se situe dans la rue d’Aljalaà, où les parents et les familles des prisonniers font un sit-in au sein de son siège d’une façon hebdomadaire par solidarité avec leurs fils qui sont emprisonnés dans les prisons israéliennes depuis longtemps.
Il y a environ 11 000 prisonniers palestiniens, dont de nombreux jeunes de moins de 18 ans, dans les prisons israéliennes ; et parmi eux, 800 sont de la bande de Gaza.
Une vingtaine de mères et solidaires vont chaque lundi face de la Croix-Rouge pour dénoncer les emprisonnements et dire leur solidarité avec leurs fils et pouvoir montrer et arriver à faire entendre leurs messages au monde extérieur.
L’équipe du Centre a rencontré plusieurs parents en provenance de toutes les villes de la bande de Gaza pour comprendre et expliquer le sens leur rassemblement. Ces personnes montrent des photos de leurs fils qui souhaitent les voir ; alors que notamment la majorité de ces parents sont interdits de visiter leurs fils dans les prisons israéliennes à cause de l’armée israélienne qui leur refuse des autorisations de visite.
Le Centre d’informations et de recherches francophone a rencontré plusieurs parents des prisonniers et il a écouté plusieurs histoires de leur lutte pour défier cette situation.
Il a d’abord écouté la mère du prisonnier Shadi abou l’Hssein qui est né à Khan Younis, au sud de la bande de Gaza, en 1979, et dont l’épouse a un bébé, Shadi a perdu son père le 7 octobre 2002 dans le massacre collectif par l’armée israélienne dès que les chars et les hélicoptères israéliens ont attaqué la ville de Khan Younis et ont fait tomber 14 martyrs et 147 blessés ; c’était un jour noir pour tous les habitants de Khan Younis et tous les Palestiniens.
Un jour en 2004, Shadi a essayé de visiter sa tante au nord de la bande de Gaza en passant par le check-point d’Abou Holly qui était installée entre la ville de Khan Younis et la ville de Deir El Balah, au centre de la Bande de Gaza, par l’armé israélienne avant leur retrait de Gaza en 2005. Les soldats l’ont arrêté et l’ont condamné à une peine d’emprisonnement de vingt-sept ans.
Actuellement Shadi est emprisonné à Nafha au nord d’Israël et depuis six ans aucune visite n’a été autorisée. Sa mère dit qu’elle vient chaque lundi au siège de la Croix-Rouge avec plusieurs mères de prisonniers ; notamment qu’au jour d’Aïd (qui est un jour de grande fête pour les musulmans durant lequel les Palestiniens visitent leurs proches, leurs amis et leurs voisins aussi). Mais dans ce jour-là, cette mère va toute seule au sein de la Croix-Rouge à Gaza avec sa photo pour fêter et discuter symboliquement avec son fils absent.
Cette mère nous explique, avec plein des larmes dans les yeux, qu’elle n’a ni informations, ni messages que ce soit par la poste ou par la Croix-Rouge. Alors seuls, les prisonniers de la même prison qui sont parfois libérés transmettent des messages de son fils ; sinon elle ne saurait plus rien de lui.
Nous avons aussi rencontré le père du prisonnier Imad Shahada, condamné à 47 ans.
Actuellement, Imad est emprisonné à la prison de Be’er Shéva en Israël... Son père dit que ça fait dix ans qu’il n’a pas visité son fils faute de permissions israéliennes pour le visiter, ajoutant que la mère d’Imad est morte l’année dernière sans ne l’avoir revu une seule fois depuis son arrestation.
La question qui se pose est-ce que le père de Imad aura la chance de le voir avant de mourir, ou l’histoire va-t-elle se répéter comme avec sa mère.
Et parmi le reste des femmes, enfants et hommes regroupés, nous nous sommes intéressés à une vieille femme assise sur une chaise en plastique à cause de sa fatigue parce qu’elle a passé toute la journée en créant liberté pour nos prisonniers Ce fut pour nous une rencontre inoubliable avec cette vieille femme, qui refusait qu’on l’appelle par son prénom, mais par son nom préféré, Oum Ibrahim, qui veut dire, selon la tradition palestinienne, la mère d’Ibrahim. Ibrahim son fils est prisonnier depuis longtemps dans les prisons israéliennes.
Ce sit-in est animé par les familles des prisonniers pour se manifester et dire non aux agissements inhumains israéliens non conformes aux conventions internationales contre les prisonniers palestiniens à qui il arrive même qu’on interdise de se soigner.
Tout le monde sait en Palestine, mais pas assez de gens sur la planète, qu’il y a beaucoup de prisonniers qui sont morts à cause de la politique israélienne injuste et le refus de donner les soins suffisants aux prisonniers palestiniens.
Un visage plein des rides exprime la souffrance et la fatigue d’une femme qui attend le retour de son fils condamné à 27 ans de prison avant ses 24 ans, et qui doit passer injustement toutes ces années en prison, et qui n’a pas vu sa mère depuis 3 ans. Et encore était-ce exceptionnellement, grâce à une rencontre avec un grand responsable qui est arrivé de Genève elle avait pu voir son fils par deux fois au bout de 13 ans. Quelle souffrance !!!
Quand il fut arrêté le 2 avril 1986, Ibrahim avait 26 ans, c’était la fleur de l’âge pour lui. Ton fils après les difficultés de l’avoir élevé, tu ne peux le voir à côté d’une épouse, mais en prison.
Oum Ibrahim nous a précisé « La prison est pour les héros et je suis fière de lui ; mais ce qui me rend triste c’est que je ne peux pas le voir même pour une seule minute ».
Tout le monde en Israël parle de Shalit et de la souffrance de ce soldat qui est détenu, bien traité, depuis 4 ans mais il y a des prisonniers dans les prisons israéliennes depuis 25 ans et plus. Et on en parle beaucoup moins.
Ibrahim a un jumeau qui est maintenan père et grand-père ; alors que le pauvre prisonnier jusqu’à maintenant n’est pas marié. C’est un terrible prix pour la cause palestinienne, contre la politique agressive israélienne et ses crimes quotidiens.
Oum Ibrahim ne se laisse pas abattre, elle attend encore la sortie de son fils de la prison ; c’est vrai qu’elle a 70 ans, mais elle endure et elle continue d’espérer pour son enfant.
Et comme autres exemples de la souffrance des prisonniers dans les prisons, il y a le fait que les transmissions de l’argent que les familles envoient pour eux n’arrivent pas aux prisonniers, pas plus que les vêtements envoyés. Ils ne peuvent pas non plus recevoir d’informations sur leur famille. Alors que pour ce qui est des soins, alors que le prisonnier aurait besoin d’une intervention chirurgicale, les Israéliens ne lui donne qu’un comprimé.
Oum Ibrahim expliqua encore à propos de la solidarité des familles des prisonniers en disant qu’ici, en Palestine, on trouve une solidarité assez forte, mais qu’on ne trouve pas la même solidarité ou une solidarité suffisante à l’extérieur.
Oum Ibrahim tourna la tête vers une autre femme assise aussi à coté de nous en disant « Sanaä, il faut dire ton histoire ».
A cette occasion, on a beaucoup vu, on a beaucoup écouté, mais la question importante, c’est « Quand le monde va-il réagir pour mettre fin à cette souffrance ? ».
jeudi 15 avril 2010 - 05h:40
Antoine Raffoul
Dans son article « Moment of truth » (ici en français) publié sur le site de Electronic Intifada, le 4 mars 2010, Rifat Kassis pose une bonne question : que signifie le « boycott », quelle est sa portée et son contenu ?
Nous, membres de 1948 : Lest We Forget souhaitons répondre à ceux qui appellent à un boycott sélectif d’Israël, et défier ceux qui nous mettent en garde, nous Palestiniens (et beaucoup de militants internationaux, par la même occasion) qui critiquons Israël contre les accusations d’« antisémitisme » (bien que nous soyons Sémites). Nous souhaitons également défier les politiciens qui réclament un nouveau cycle de négociations (proximité ou autrement) sur la question Palestine-Israël, car nous avons perdu le compte du nombre de pourparlers qui se sont tenus les 62 dernières années. Tous en vain. En fait, à chaque série d’entretiens, la Palestine rétrécit davantage et sa population est confinée dans des douzaines de Bantoustans.
Un boycott ne peut plus être sélectif. Comme M. Kassis l’a écrit : « l’occupation n’est pas une prise de pouvoir aléatoire et elle ne se déroule pas sur quelque terre éloignée : c’est une matrice complète de contrôle, stratégique, cohérente, délibérée, historiquement construite, extérieurement tolérée... » et, ne l’oublions pas, mise en oeuvre sur la terre palestinienne.
Ceux qui réclament un boycott sélectif ne comprennent pas que les décisions prises en Israël, à l’intérieur des territoires palestiniens occupés et dans l’ensemble de la Palestine historique, le sont par les dirigeants sionistes (et leurs collaborateurs), dans le but d’annexer, d’occuper et de nettoyer la totalité des territoires palestiniens, pas simplement ceux qui correspondent à la résolution 181 des Nations unies ni à la ligne d’armistice de 1947 ni aux territoires conquis en 1967, mais l’ensemble de la Palestine historique. La récente prise de bec entre l’administration étasunienne et Israël au sujet de la question des colonies prouve que l’aile la plus à droite de l’administration israélienne de Benyamin Netanyahu est décidée à multiplier les colonies dans l’ensemble de Jérusalem-Est annexée et dans le reste de la Cisjordanie.
Nous ne pouvons pas balayer les 62 dernières années de l’occupation sioniste illégale en nous contentant d’accepter un statu quo temporaire dans l’attente d’un accord sur le statut final. Ces 62 années douloureuses ne peuvent pas être subdivisées en zones coloniales nommées A, B, C, Gaza ou Jérusalem. Elles ne peuvent pas être jetées dans les poubelles de l’histoire par un cessez-le-feu, un checkpoint ou un mur de ségrégation. L’occupation est totale et illégale ? Il doit en être de même pour le boycott : total et jugé légal.
Nous ne devons pas nous contenter de boycotter l’huile d’olive produite en Cisjordanie parce qu’elle est produite dans une colonie illégale en Cisjordanie ; nous devons également boycotter tous les produits fabriqués dans toutes les colonies illégales. Nous ne devons pas simplement boycotter une institution académique impliquée dans des projets militaires financés par l’État, nous devons également boycotter d’autres établissements impliqués dans des activités culturelles, scientifiques et scolaires financées par l’État. Nous ne devons pas nous contenter de boycotter des équipes de sportifs israéliens jouant internationalement sous la bannière israélienne, mais boycotter également une compagnie de danse ou de théâtre israélienne envoyée à l’étranger pour blanchir l’image fasciste d’un Etat fasciste cruel. Nous devons non seulement boycotter Caterpillar parce qu’il démolit des maisons et déracine les oliveraies palestiniennes, nous devons également boycotter les entreprises qui fournissent le sable et le ciment pour la construction du mur d’apartheid .
Nous défions ceux qui réclament un boycott modéré et sélectif de nous trouver un établissement israélien, grand ou petit, qui ne fait pas partie de cette matrice de contrôle qui suffoque notre nation palestinienne. Comme cette occupation est totale et impitoyable, il doit en être de même pour notre lutte visant à y mettre fin. Comme l’occupation israélienne cruelle couvre toute la Palestine historique, il doit en être de même pour l’appel que nous lançons afin de renverser le processus qui a mené à cette occupation pour le remplacer par un système de démocratie et de justice englobant toute la Palestine historique. Une Palestine pour toute sa population, qu’elle soit juive, musulmane, chrétienne, copte, athée ou non-conformiste.
Pour atteindre ce but, il nous faut un boycott total de l’État sioniste. Pour atteindre ce but, nous devons identifier cet État. Pour identifier cet État, nous devons démêler la politique de l’intrigue qui a produit la résolution 181 de l’ONU préparant le terrain pour la création de cet État. Afin de démêler la politique embrouillée de cette résolution, nous devons nous atteler à dépoussiérer les archives officielles qui remontent à la déclaration Balfour de 1917. Nous devons creuser profondément dans la politique et les personnalités obscures qui ont donné la nation d’un peuple à un peuple regroupant de nombreuses nations. Et le comble est que ceci a été fait contre la volonté de plus de un million de Palestiniens autochtones.
Nous avons fermé la boucle maintenant et par conséquent notre boycott doit être un boycott total.
Par conséquent, ne nous contentons pas de lire les pages d’un seul chapitre de cette saga sans nous plonger dans les autres parce qu’il serait plus facile « d’oublier le passé ». Israël n’a jamais cédé sur ses objectifs, ses buts ou son agression déterminée contre le peuple palestinien. Il n’a jamais cessé de défier le droit international. Il n’a jamais infléchi son arrogance envers son allié le plus puissant, les USA.
Pourquoi devrions- nous faire des compromis dans la bataille du boycott ? Le premier remède à tout ce qui précède est un boycott total.
Un boycott total contre une occupation totale. C’est un minimum.
* Antoine Raffoul est un architecte palestinien habitant et pratiquant à Londres. Il est né à Nazareth et a été expulsé avec sa famille de Haïfa en avril 1948. Il est le fondateur et le coordonnateur de 1948 : Lest.We.Forget. un groupe faisant campagne pour la vérité au sujet de la Palestine. On peut lui écrire à info@1948.org.uk
5 avril 2010 - Cet article peut être consulté ici :
http://www.redress.cc/palestine/ara...
Traduction : Anne-Marie Goossens