Le Jura Libertaire
Athènes ce 8 décembre
Hier à Athènes avec des cocktails Molotov
Hier midi, il y a eu dans le centre d’Athènes une manif d’étudiant-e-s. Il y a rapidement eu des affrontements. Sur le chemin de la place Syntagma, les manifestants s’en sont pris aux banques et aux caméras.
Les manifestant-e-s très jeunes ont formé des blocs compacts ; la police leur a lancé des gaz. De petits groupes autonomes attaquaient en marge les barrages. La police avait le soutien des néo-nazis. Après la manif, environ deux cents personnes se sont rassemblées dans l’école Polytechnique pour s’en prendre ensemble à la police. Ce thème classique qui conduit à la discussion de la politique intérieure des dirigeants s’est développé très vite. D’abord deux voitures qui servaient de barricade ont pris feu à la sortie de Stournari, les troupes d’occupation ont été immédiatement attaquées. Parce que la porte de l’université est ici trop étroite pour les émeutes importantes, tout s’est déplacé à la porte principale, par laquelle les blindés sont entrés en 1973.
La police essayait toujours d’arrêter des gens dans la rue avec des attaques rapides de plusieurs côtés ou au moins de lancer des grenades dans l’entrée de l’université Polytechnique. Mais le MAT [Équivalent grec des CRS, NdT] est lent et toutes ses tentatives ont échoué dans une grêle de pierres et de cocktails Molotov. Le MAT lançait des grenades qui explosaient avec retard, lesquelles contiennent de la grenaille de gomme et brûlent avec de la poudre d’aluminium, grâce à l’apparition d’un feu très chaud après dix secondes. Avec cela des parties du corps ont déjà été brûlées. Les manifestant-e-s se sont servis de pointeurs laser, de frondes et de beaucoup de pierres et cocktails Molotov.
Les flics se sont retranchés derrière des kiosques et des maisons. Le MAT a aussi lancé des pierres. Pour soutenir une attaque des troupes à pied, une unité Delta a été envoyée, sur laquelle tout le matériel a été jeté. Tous les fonctionnaires ont dû prendre soin d’eux-mêmes, ainsi il n’y a eu qu’une seule arrestation au prix d’une véritable lapidation. Quand des fonctionnaires étaient brûlés en marge, cela suscitait l’approbation d’innombrables spectateurs. Beaucoup de jeunes ont participé à plusieurs reprises.
La lutte a fini après deux heures. Depuis la modification de la loi, l’autorisation du directeur n’est plus nécessaire pour chaque assaut d’une université. Le ministère public peut donner l’assaut, si la police certifie un danger pour la communauté à cause des molotovs. Des images de la police militaire luttant dans les universités déclenchent un tremblement de terre au gouvernement. Ainsi il y a eu ensuite cette nuit les discussions habituelles à la télévision. Des agitateurs exigent l’assaut de la police parce que dans l’université polytechnique auraient lieu des scènes de violence anarchiste armée, les militants soutiennent le contraire. Ainsi le premier jet de molotov devant l’université est plus qu’un moyen tactique dans le combat de rue, c’est aussi jeter un pavé dans la mare de l’équilibre politique de la Grèce. Les organisations ont reconnu cela et ont employé ce moyen dans les derniers jours très astucieusement. Les médias et les partis politiques donnent libre cours à leur fureur sur le thème de la violence anarchiste. Athènes est une ville où la police est haïe par beaucoup.
Traduit de l’allemand (Indymedia Allemagne)
par Gachet, HNS-info, 9 décembre 2009.
Marches contre la répression d’État
Des manifs contre la répression des derniers jours ont eu lieu à Athènes et Salonique ce mardi 8 décembre, alors que le gouvernement multipliait mensonges et arrestations (plus de 800 interpellations, 13 inculpations).
À Athènes la marche de protestation convoquée à Propylea pour 19 heures a trouvé encore une fois l’asile universitaire bloqué par un triple cordon de flics antiémeute en violation du seizième article de la Constitution. Sommés de répondre à la foule amassée en face d’eux, les policiers ont affirmé répondre à la demande des autorités académiques, se voyant répliquer : «Flics, télés et recteurs, toutes les canailles collaborent». Malgré la présence écrasante des forces de police et la fatigue de deux journées de confrontation continue, la manif forte de 2000 personnes a défilé dans Athènes jusqu’au Parlement puis à Omonia, scandant des slogans antiflic tout du long. Aucun affrontement cette fois-ci. Au même moment les locaux administratifs des Écoles techniques d’Athènes a été onvesti par des manifestant en protestation contre les brutalités policières et la violation de l’asile universitaire. Les organisations étudiantes ont appelé à une nouvelle manif vendredi prochain.
Plus tôt dans la journée plusieurs manifs lycéennes contre la terreur d’État ont sillonné les banlieues d’Athènes. À Chaidari les lycéens se sont attaqués aux flics à coups d’oranges et autres projectiles ; trois arrestations. Les flics ont aussi été pris pour cible à Kamatero, tandis qu’une autre manif a fini par des feux de joie autour de la prison de Koridalos. Enfin les lycéens de Grava ont une nouvelle fois marché sur le commissariat d’Agias Lavras déjà attaqué les jours derniers.
À Salonique la marche s’est élancée à 18 heures, motivée par les incursions récentes des voltigeurs Delta dans l’enceinte universitaire. À Rethymnon (Crète) les fascistes locaux se sont joints à la police dans son travail d’intimidation des manifestants.
Sur le front judiciaire, les 22 camarades de Resalto ont tous été libérés sous caution (les sommes extorquées se montent à environ 40'000 euros au total). Le procès est fixé au mois de mars.
Les journées de soulèvement qui viennent d’avoir lieu ont permis à l’extrême gauche de s’opposer au gouvernement. Dans un geste infect de propagande, l’aggresseur de Mme Koutsoumbou, levoltigeur à moto de la brigade Delta qui l’a renversée et tabassée jusqu’à lui occasionner des blessures cérébrales et une hémoragie interne, s’est porté à son chevet à l’hôpital en plaidant l’accident. Le Parti révolutionnaire des travailleurs EEK, dont Mme Koutsoumbou est membre, a tenu une conférence de presse pour rappeler comment le flic l’avait visée pour se déchaîner sur elle avant de s’en prendre à un médecin qui tentait de lui apporter les premiers secours. La police avait même refusé d’appeler une ambulance, au motif que c’était un piège des manifestants qui auraient voulu l’incendier. EEK affirme que cela revient à une tentative de meurtre par le policier en question. Le gouvernement maintient le mensonge de l’accident, dénigrants les partis de gauche qui se positionnent contre lui après avoir flirté avec lui quelques mois en arrière. La Coalition de la gauche radicale a taxé le ministre de l’ordre public d’hybride extrême-droitier et fasciste. À quoi le délirant M. Chrisochoidis a rétorqué en s’attaquant tant au Conseil municipal de Keratsini pour son soutien à Resalto et aux occupants de la mairie qu’à la gauche radicale traitée de «nazie» déguisée et de «vandale». Ce ministre décoré par le FBI est allé jusqu’à annoncer la fin de l’usage des gaz lacrymogènes et son remplacement par des blindés munis de canons à eau — ceux-là même que le premier gouvernement socialiste avait proscrits en 1981.
La manif anti-répression appelée à Athènes s’est achevée il y a quelques heures. Appelée par des groupes d’extrême-gauche (EEK, Réseau pour les droits sociaux et politiques, et d’autres) beaucoup d’anarchistes y ont participé. Pour la seconde nuit consécutive, les flics bloquaient l’accès des bâtiments universitaires aux manifestants, rue Panepistimiou. Tout comme la soit-disant agression contre le recteur Ceci confirme la volonté de remettre en cause l’asile universitaire, remise en cause ouvertement appuyée par plusieurs recteurs. Déjà, l’administration de la fac de Droit a décidé d’expulser manu militari la radio étudiante basée dans ses locaux et de ne plus admettre que s’y tiennent des activités «extra-universitaires.
Enfin, la caution des camarades de Resalto enfin relâchés se monte à 18 ou 20'000 euros : besoin urgent de lever des fonds pour leur venir en aide !
Suite des actions anti-répression ; nouvelle vague de facs occupées
Une manifestation anti-répression a aussi eu lieu hier à Salonique, rassemblant environ 2000 personnes. Pas d’émeute ni tir de gaz (chose plutôt rare). Manifs aussi à Trikala, Chania, Rethymno, Giannena, et plusieurs localités de la région d’Athènes. Aussi des rassemblements dans des stations de métro et sur des places d’Athènes, au cours desquels des textes ont été distribués sous forme de tracts ou lus au micro — ou à la radio, comme à Mytilène et Salonique. Les facultés ont été occupées par les étudiants à l’issue des assemblées qui s’y tenaient. Ceci en réponse à la répression inédite et aux incursions de la police à l’Université. Les revendications sont : 1) Abandon des poursuites et libération immédiate de toutes les personnes arrêtées ces derniers jours quelle qu’en soit la raison ; 2) Bas les pattes sur l’Université (respect du droit d’asile). Les revendications étudiantes portent en outre sur la politique menée par l’État au niveau de l’Éducation et du Travail, demandant l’interdiction des licenciements et l’abrogation des lois concernant l’enseignement supérieur initiées par le gouvernement précédent (privatisation, arrivée des entreprises à l’Université, etc. — lois passées en 2006-2007 malgré un large mouvement étudiant). Les étudiants ont prévu de manifester jeudi, jour auquel appellent également les anarchistes.
Ni un paso atras…
Une personne a été libérée aujourd’hui. Il était accusé d’avoir un sac de cocktails Molotov et risquait la prison ferme. Mais une vidéo prise durant son arrestation le montre sans sac aucun. Les flics ont dû admettre avoir attribué le sac à la personne arrêtée. Cet exemple n’est pas étonnant parmi la fabrication généralisée des fausses preuves ; dans ce cas le film de l’arrestation est une chance. Continuez comme ça, les flics de Grèce, et bientôt même les pierres vous haïrons…
Au moins 858 «détentions» et 177 «arrestations» à travers le pays. Certains ont été libérés depuis, d’autres iront en préventive, d’autres encore seront présentés au procureur dans les jours qui viennent. À noter aussi les nombreux blessés graves, ainsi que les personnes souffrant de problèmes respiratoires dus aux gaz chimiques.