Le Monde
La commune vosgienne avait été choisie par l'organisateur de la soirée, le député (UMP) Jean-Jacques Gaultier, parce qu'elle est la ville natale de l'écrivain nationaliste et antidreyfusard Maurice Barrès, référence suscitant la polémique. Une cinquantaine de militants du NPA, Parti de gauche ou Verts ont ainsi manifesté devant la mairie pour protester contre cet hommage à l'écrivain lorrain. Lors du débat, le président de l'association locale Mémoire de Barrès, invité comme "grand témoin" à la soirée, a exalté la pensée de l'auteur lorrain, assurant notamment que "la patrie est plus forte dans l'âme d'un enraciné que dans celle d'un déraciné", ou défendant le "nationalisme de Barrès" par opposition au "cosmopolitisme".
"C'est très grave, parce que cela confirme le regard caricatural de plusieurs membres du gouvernement sur la jeunesse de ce pays, avec des amalgames invraisemblables sur les jeunes musulmans", a déclaré le porte-parole du parti socialiste, Benoît Hamon. SOS Racisme a qualifié ces propos d'"abjects" et appelé le premier ministre François Fillon à "enjoindre ses ministres de cesser de tenir des propos stigmatisants".
"Après le voile et la burqa, haro sur les casquettes ! Comme nous l'avions redouté, le débat sur l'identité nationale dérape", affirme dans un communiqué Djamila Sonzogni, porte-parole des Verts. "Le ton est donné, le gouvernement persiste à confondre religion et nationalité" et "la religion musulmane est clairement pointée comme posant un problème", ajoute-t-elle. "Charters pour les afghans, dérapages successifs racistes et islamophobes... Le gouvernement y va fort pour récupérer les voix de l'extrême droite à quelques mois des élections régionales", souligne le communiqué. Pour les Verts, "ce jeu peut s'avérer très dangereux pour la cohésion sociale" et aussi "pour le gouvernement, qui prend le risque que cette manoeuvre lui revienne dans la figure comme un boomerang par une remontée spectaculaire du Front National".
Mme Morano a estimé, mardi, que sa phrase avait été "complètement sortie de son contexte". "Nous parlions de la problématique des jeunes qui viennent des banlieues, dont je viens et dont je suis issue, et je disais qu'avec cette caricature, cette stigmatisation qu'il y avait, moi, je leur conseillais, non seulement de ne pas porter leur casquette de travers, de ne pas parler verlan, mais j'expliquais aussi (qu'il fallait) que l'on utilise le potentiel de la double culture", a plaidé Mme Morano sur la radio RMC.
Selon un sondage de l'Observatoire de l'opinion LH2 pour Nouvelobs.com révélé lundi, seulement 40 % des Français considèrent que le débat sur l'identité nationale souhaité par le Nicolas Sarkozy est "tout à fait" ou "plutôt nécessaire" et, de façon plus tranchée, 42 % des personnes interrogées jugent qu'il a pris une tournure "plutôt négative". Sur la nécessité du débat, seules 14 % des personnes interrogées considèrent que ce débat est "tout à fait nécessaire".
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"Il semblerait qu'une nouvelle fois, vous ayez l'intention de faire participer la France à un charter de migrants vers l'Afghanistan", écrit l'élue au ministre. "Lors de la première opération similaire par laquelle vous aviez renvoyé dans ce pays trois jeunes Afghans, de nombreuses ONG et personnalités diverses avaient vigoureusement protesté. Il m'avait semblé que vous vous étiez alors engagé à ne plus procéder à ce genre d'action, au moins jusqu'au printemps. Aussi je suis très surprise de cette nouvelle et je vous demande instamment soit de la démentir, soit de surseoir à ce renvoi." Dans la lettre adressée à Nicolas Sarkozy, la députée demande au président de la République un moratoire sur le renvoi des Afghans "tant que la sécurité de ce pays ne sera pas assurée."
"RENVOYER DES AFGHANS, C'EST CONTREPRODUCTIF"
Eric Besson n'a pour sa part pas démenti l'organisation d'un retour forcé d'immigrés afghans : "Le cadre a été fixé par le président de la République. Les déboutés du droit d'asile doivent être reconduits (...) même en Afghanistan", a déclaré M. Besson. "Je ne crains rien à partir du moment où j'applique une politique de fermeté et d'humanité", a-t-il réaffirmé, en ajoutant : "Lorsqu'il y aura un vol avéré, je m'en expliquerai."
"Je trouve fou de renvoyer ces hommes dans leur pays contre leur gré", déclare Mme Hostalier. "Il s'agit d'un pays en guerre où la France a un engagement militaire opérationnel. Renvoyer des Afghans c'est contre-productif, c'est envoyer un mauvais message. Alors que la population estime que nos troupes ont amené et maintiennent le régime corrompu de Karzaï, nous travaillons, sur place, à prouver le contraire. Nous voulons démontrer que la présence militaire française est là pour assurer sécurité et développement. Nous voulons convaincre les Afghans que nous les respectons d'un côté du globe, et de l'autre on les renvoie de force et sans égards. Cela ne se fera pas sans conséquence sur place", prévient la députée. "Le ministère de l'immigration explique qu'il s'agit d'envoyer un message fort aux passeurs. Cela n'aura aucun effet sur eux, ils trafiqueront tant qu'il y aura des hommes pour les payer, et des hommes fuieront l'Afghanistan tant qu'il ne sera pas un Etat de droit", conclut Françoise Hostalier.