En tant que révolutionnaires communistes, avant-garde du prolétariat, nous combattons la bourgeoisie capitaliste et son stade suprême l'impérialisme comme un tout.
Cependant, il serait gravement faux de croire que la bourgeoisie, en particulier la bourgeoisie impérialiste, forme un bloc soudé et sans divergences internes. Cette grave erreur peut conduire - et a déjà conduit - de nombreux camarades à des dérives tragiques.
Comme le peuple, comme les communistes, la bourgeoisie est traversée par ce qu'on appelle des luttes de lignes, des divergences qui peuvent s'exprimer y compris très violemment.
Par exemple, la bourgeoisie est divisée entre différentes approches de sa dictature de classe : approche libérale voire sociale-libérale, approche conservatrice autoritaire, approche ultra-réactionnaire pouvant aller jusqu'au fascisme.
De même, sur le plan international, la bourgeoisie impérialiste a différentes "orientations stratégiques", qu'il est important de bien saisir en tant qu'anti-impérialistes, combattant principalement l'impérialisme français.
A quelques nuances près, l'analyse des différentes positions exprimées permet de dégager 4 grandes lignes :
- la ligne atlantiste ou "occidentaliste" : sans faire abstraction des intérêts de l'impérialisme français, elle prône un ancrage "occidental" clair, un partenariat solide avec les impérialismes anglo-saxons, principalement américain.
- la ligne "européiste" : pour une "Europe forte" face aux autres puissances (USA, Japon, Russie, Chine...), dans un monde "multipolaire". C'est peut-être la ligne la plus réaliste, mais elle implique de "limiter" les intérêts français face à ceux des autres partenaires européens.
- la ligne "souverainiste" ou "nationaliste intégrale" : "la France d'abord", envers et contre tous. Mais cette ligne se heurte à un obstacle majeur, elle surestime les capacités réelles de l'impérialisme français, incapable de faire "cavalier seul" depuis 1945, voire 1918.
- la ligne "eurasiste" : "de Brest à Vladivostok". Violemment hostile à l'impérialisme US, elle prône l'alliance avec ses adversaires : Russie, Chine, Iran et pays arabes... Elle prend ainsi souvent des accents "tiers-mondistes", antisioniste et contre les interventions US dans le monde.
La première et la dernière sont radicalement inconciliables, les deux autres balancent en fonction des circonstances.
Il n'est pas systématique que les "souverainistes" aillent avec les "eurasistes" et les "européistes" avec les "occidentalistes/atlantistes".
BIen sûr, le fascisme étant intimement lié à l'impérialisme, chaque ligne a "son" fascisme :
- les "atlantistes" ont les "néo-conservateurs" à la française, comme Alexandre Del Valle. L'écrivain Maurice G. Dantec est également sur cette ligne, mais on le voit peu dans les médias - il se considère "réfugié politique" de "l'islamo-socialo-communisme" au Canada.
- les "européistes" ont les tenants de l'Europe "civilisationnelle", de "l'Occident chrétien" contre les Musulmans, les "Asiates" (russes et chinois) et l'Amérique "décadente". Ils se retrouvent en particulier chez le Bloc Identitaire.
- les "souverainistes" ont diverses tendances, Pasqua, Le Pen et le FN, le MNR ou De Villiers. Certaines tendances ont des penchants "occidentalistes", d'autre plutôt "eurasistes/tiers-mondistes" (anti-américains).
- enfin les eurasistes sont représentés par les groupes liés au national-bolchévisme russe, dont la tête de file est Christian Bouchet, ou par les "nationalistes (pseudo)anti-impérialistes" de la mouvance Soral.
Si l'on tire un bilan d'ensemble de ce qui précède, on s'aperçoit que la ligne "néo-con atlantiste" a une audience plutôt confidentielle, hormis sur des thèmes comme le racisme "civilisationnel" anti-musulman. Elle implique en effet la soumission à une super-puissance, thème peu mobilisateur dans les masses.
En revanche, un "cocktail" d'"euro-souverainisme" (Europe des nations) à tendance "occidentaliste" est envisageable et c'est ce qui est en train de se dessiner, avec le rapprochement Villiéristes-Identitaires.
De même, le "nationalisme intégral" peut être mobilisateur, mais peu réalisable en pratique (d'où la division des souverainistes), tandis que l'eurasisme souffre du même handicap que l'atlantisme (en plus de son "tiers-mondisme" mal compris des "petits blancs" racistes). Mais un cocktail de nationalisme anti-américain, adoptant des causes "tiers-mondistes" mobilisatrices comme la cause palestinienne (ou le rejet de la guerre en Afghanistan), peut rencontrer un certain écho dans les classes moyennes et populaires.
Dans tous les cas, la compréhension de ces différentes tendances est indispensable, tout simplement pour éviter de tomber dans les bras de l'une en combattant l'autre !
Nombre de camarades (à peu près tous les communistes) se sont en effet jetés dans les bras des "nationalistes souverainistes" par anti-européisme (contre l'Europe capitaliste de Bruxelles), ou des "eurasistes/tiers-mondistes" par anti-américanisme... Et d'autres, par anti-nationalisme, tombent dans l'européisme voire le pro-américanisme (PCMLM) !
La position communiste doit être claire : quelle que soit son "orientation stratégique", un seul ennemi : l'impérialisme capitaliste, UN SEUL CAMP : LE CAMP DU PEUPLE !!!
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