Ce père de 3 enfants, en France depuis 8 ans, a été arrêté le 25 mars au matin (il revenait de déposer ses enfants à l'école) à son domicile de la Guillotière (Lyon 7e)... pour la 3e fois depuis janvier !
Il a déjà resisté 2 fois à son expulsion, ce qui lui a valu 2 mois de prison entre janvier et mars. Puis, lors de sa 2e tentative d'expulsion le 18 mars, c'est lors d'une escale à Francfort que le pilote (un juste) a refusé de décoller avec un passager spus la contrainte.
Mais l'acharnement de la Préfecture et des flics à détruire cette famille n'a pas cessé pour autant.
15 parents d'élève du quartier ont tenté de s'opposer à son arrestation du 25, et depuis la mobilisation continue dans ce quartier populaire de Lyon, avec notamment l'occupation de la maternelle :
MOBILISATION - Le mouvement de soutien à Guilherme Hauka Azanka, père angolais menacé d’expulsion s'amplifie. Il mobilise désormais bien au delà du seul cercle des parents d’élèves de l’école Gilbert-Dru, où sont scolarisés trois des enfants du couple Hauka-Mawete. En fin de matinée vendredi, deux députés socialistes du Rhône, Jean-Louis Touraine et Pierre Alain Muet, ont apporté un soutien appuyé au mouvement, qui s’organise pour ne pas baisser la garde pendant le week-end Pascal.
« C’est une situation exceptionnelle pour laquelle vous avez développé une mobilisation exceptionnelle », dit Jean-Louis Touraine, député PS du Rhône, vendredi matin à une trentaine de parents de l’école Gilbert Dru, dans le 7e arrondissement de Lyon. Ils sont mobilisés pour la régularisation de Guilherme Hauka Azanka depuis plusieurs semaines. Sur les marches de l’école, le député qualifie la situation de ce père angolais de « vraiment extrême ». Il rappelle que « sa femme est malade et doit s’occuper de quatre enfants », dit que « la place de cet homme est évidemment ici, aux côtés de sa famille, de manière naturelle et indispensable ». Pour lui, « le refuser serait une non assistance à personne en danger ».
A ses côtés, le député Pierre-Alain Muet salue « cette formidable mobilisation pour la défense des valeurs fondamentales de la République ». Dès la semaine dernière, il a exhorté par courrier le Préfet du Rhône à « faire usage de (son) pouvoir discrétionnaire pour mettre fin à ce drame humain ». De son côté, le député André Gerin (PCF) a écrit au ministre de l’immigration Eric Besson pour dénoncer un « inacceptable acharnement à l’égard d’un père de famille ». De nombreux citoyens ont également écrit au Préfet, et des illustrateurs pour la jeunesse lui ont adressé des dizaines de dessins, collages et peintures créées pour l’occasion.
En réponse, le Préfet a annoncé, dans un communiqué daté du 31 mars, que la 3e demande d’asile avait été refusée. Il estime que « le centre familial de M. Hauka Azanka est de toute évidence dans son pays, en Angola, où résident son épouse et ses cinq enfants (…) comme en attestent toutes les décisions de justice ». Les personnes mobilisées autour de la famille contestent ce point, documents à l'appui. Ils expliquent que son épouse est en réalité décédée et ses enfants dispersés. Deux auraient été mis à l’abri dans un pays voisin. Tous attestent que « le centre familial » de Guilherme Hauka Azanka est bien à Lyon, où il a refondé une famille depuis cinq ans. « Je veux pouvoir continuer à vivre avec mon compagnon à nos côtés » répète Florence Mawete, la compagne de Guilherme Hauka, affaiblie par une maladie chronique.
Après deux manifestations qui ont réuni près de 200 personnes dans le centre de Lyon, les soutiens à la famille Hauka-Mawete appellent à un nouveau rassemblement samedi à 16h sur la place des Terreaux, avec la lettre G comme Guilherme inscrite dans la paume des mains. De nombreux citoyens ont rejoint le cercle initial des parents d’élèves, comme en attestent les messages et gestes de soutien spontanés qui leur parviennent. Ils ont également prévu de se rendre dimanche matin au tribunal de grande instance de Lyon, où Guilherme Hauka Azanka doit comparaître devant le juge des libertés et de la détention. A la veille de ce long week-end pascal, ils assurent être "plus que jamais déterminés à poursuivre (leur) action".
A-C JAMBAUD
Photo : Bertrand Gaudillère (Collectif Item)
MOBILISATION - Le mouvement de soutien à Guilherme Hauka Azanka, père angolais menacé d'expulsion, s'amplifie à Lyon. Les parents de l'école Gilbert-Dru, dans le quartier métissé de la Guillotière (Lyon 7e), occupent désormais l'école où ils ont dormi cette nuit. Ils multiplient manifestations et témoignages de solidarité, rejoints par des élus et quelques personnalités du monde culturel. Le Préfet du Rhône a annoncé pour sa part hier que la 3e demande d'asile de Guilherme Hauka Azanka, actuellement en centre de rétention, avait été refusée. Le père angolais peut désormais être renvoyé à tout moment dans son pays. Bertrand Gaudillière, du collectif Item, suit depuis le début le mouvement de solidarité autour de cette famille. Il nous a proposé son regard sur cette semaine de mobilisation à l'école Gilbert-Dru...
En France depuis huit ans, Guilherme Hauka Azanka a fondé une nouvelle famille à Lyon. Il a deux jeunes enfants avec sa compagne Florence Mawete, congolaise régularisée en 2005 dont il élève aussi les deux aînés. Trois de leurs enfants sont scolarisés à l'école Gilbert-Dru, où Guilherme Hauka Azanka est décrit comme très impliqué dans l'éducation de ses enfants et la vie de l'école. Jeudi 25 mars, après l'interpellation de son compagnon au retour de l'école, Florence Mawete est abasourdie : « Mon mari n’est pas un criminel, il est timide, il ne vole pas, il ne vend pas de la drogue. Sauf qu’il n’a pas ses papiers et ne veut pas quitter sa famille ». Toutes les demandes de régularisation de Guilherme Hauka ont été refusés jusque là, au motif qu'il avait déjà une famille en Angola. "Mais ses enfants sont dispersés et son épouse décédée" expliquent ses soutiens.
Depuis la première tentative d'expulsion de Guilherme Hauka Azanka, le 19 janvier dernier, les parents de l'école Gilbert-Dru sont mobilisés. Dans cette école maternelle accueillant 175 enfants, une bonne trentaine de parents sont fortement impliqués, et ils sont plus nombreux encore à être attentifs au sort de leur voisin. Ce ne sont pas des militants professionnels. "Ça fait deux fois que mon mari refuse de monter dans l'avion… je n'ai plus beaucoup d'espoir. Mais les parents de l'école me donnent la force de lutter" confie Florence Mawete.
Les manifestations, rassemblements et pétitions se multiplient pour la régularisation de Guilherme Hauka Azanka. Samedi 27 mars, sa compagne et les parents de l'école Gilbert-Dru ouvraient la manifestation organisée par RESF, Réseau éducation sans frontière. Mercredi soir, ils témoignaient à nouveau leur solidarité par un rassemblement silencieux place des Terreaux.
Depuis mardi 30 mars, les parents d'élèves occupent l'école Gilbert-Dru pour montrer leur soutien à la famille Hauka-Mawete et leur "désaccord" avec le Préfet du Rhône. Mercredi matin, le ministre Eric Besson, interrogé sur Europe 1 sur le cas de Guilherme Hauka, assurait "avoir une confiance absolue" dans le jugement du Préfet du Rhône, "l'un des plus expérimentés de France". L'après-midi même, le Préfet adressait un communiqué de presse ruinant tout espoir de réexamen du dossier et assurant que "le centre familial de M. Hauka Azanga est de toute évidence dans son pays, en Angola". Dans la nuit de mercredi à jeudi, les parents d'élèves, "plus révoltés que jamais", ont passé leur première nuit dans l'école Gilbert-Dru.
Légendes : Anne-Caroline JAMBAUD
Photos : Bertrand Gaudillère - Collectif Item
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