Lyon Capitale :
Article actualisé le 23 janvier à 12h50
Un groupe d’une trentaine de personnes a agressé des manifestants rassemblés contre le débat sur l’identité nationale, organisé ce vendredi 22 janvier à Lyon.
Il est 17h45, à l’angle de la rue Dunoir et de l’avenue de Saxe (Lyon 3e). Rassemblés à l’appel de plusieurs organisations politiques* (lire article) depuis plus d’une heure contre la tenue d’un débat sur l’identité nationale, environ 400 manifestants crient et lancent des slogans hostiles à Eric Besson,à son ministère de l’immigration et à son débat. C’est à ce moment-là qu’un groupe d’une trentaine d’individus foncent sur la queue du rassemblement. Les slogans fusent “la France aux Français”, des bras se tendent façon salut nazi. Rapidement, ils sautent sur les personnes à leur portée. Certains utilisent des bombes lacrymogènes, d’autres sont armés de chaînes de vélos.
Les militants anti-fascistes, présents sur les lieux, répondent. Bagarre. Après plusieurs assauts, ils parviennent à chasser le groupe d’extrême droite de l’autre côté de l’avenue. Ceux-ci prennent la fuite dans les rues du quartier. Bilan de l’affrontement côté manifestants : un arcade sourcilière ouverte, un haut de crâne sanguinolent et, manifestement, une jambe cassée. Les pompiers, prudents sur le diagnostic, ont emporté la personne à l’hôpital, la jambe immobilisée.
La police protège Besson mais pas les manifestants
La poignée de membres de la police nationale n’ont pu qu’asperger de bombe lacrymogène les assaillants, arrosant au passage davantage les manifestants que les contre-manifestants d’extrême droite. Les CRS, quant à eux, sont arrivés après l’affrontement. Et à l'heure où nous postons cet article, aucune personne n'a été arrêtée. Pourtant, le quartier a été placé sous haute sécurité. Bouclé. Depuis 16 heures, les rues proches de la préfecture sont interdites au stationnement et à la circulation automobile. La ligne T1 du tramway ne fonctionnait plus. Environ quatorze camionnettes de CRS et dix cars de gendarmes mobiles stationnaient sur les voies au niveau de l’arrêt Saxe-Préfecture. Sans compter les autres véhicules positionnées dans les rues adjacentes.
“Les individus d’extrême-droite ont passé un par un les barrages de police”, justifie un policier en civil. Difficile à croire pour les premiers manifestants qui ont vu débouler sur l’avenue de Saxe les assaillants en groupe. En tout état de cause, le dispositif de sécurité n’était pas pensé pour protéger les manifestants d’une agression d’extrême droite.
Les Identitaires et “Indépendants du stade" accusés
Pour les militants antifascistes, aucun doute, ils ont repéré des militants des Jeunes identitaires lyonnais, baptisés Rebeyne. Un groupe d’extrême droite, affilié au Bloc identitaire, qui revendiquent une cinquantaine de membres à Lyon. Selon ces mêmes militants antifascistes, parmi les gros bras, il y avait des "supporters de l’Olympique Lyonnais Indépendants”. Peu avant l’agression, le président de SOS Racisme Rhône, Bruno Sauvé, avait pris la parole au mégaphone pour expliquer ce rassemblement contre le débat sur l’identité nationale : “ce débat a libéré les paroles racistes”. Le débat de Lyon sur l’identité nationale a démontré qu’il n’avait pas libéré que la parole.
- Publié vendredi 22 janvier 2010
Vendredi 22 janvier, le rassemblement contre le débat sur l’identité nationale a été attaqué par une trentaine de fachos. Alors que l’impressionnant dispositif policier laissait faire, les antifascistes ont mis les fachos en déroute.
La préfecture avait bloqué et interdit aux piétons les abords immédiat de la préfecture pour permettre la tenue du pseudo-débat sur l’identité nationale. Sur invitation (faut être membre de l’UMP ?) et derrière un impressionnant dispositif policier [1], Besson, Gérault [2] et leur clique ont donc brassé leur discours nationaliste aux relents passéistes pour légitimer leur politique xénophobe de chasse au sans-papiers.
Pendant ce temps, suite à l’appel de plusieurs organisations politiques (voir l’appel) environ 500 personnes s’étaient rassemblées pour protester contre l’hypocrisie de ce débat et la xénophobie des mesures gouvernementales.
Un petit groupe de fachos avait été vu dès le début du rassemblement, derrière les CRS à proximité du Cours Lafayette. Peu avant 18h ils se sont dirigés vers le rassemblement en remontant l’avenue de Saxe du côté opposé à la manifestation en brandissant un drapeau bleu blanc rouge. Quelques-uns étaient restés de l’autre côté de l’avenue et ont tenté d’attaquer des manifestants qui se sont défendus.
Ils ont ensuite traversé la rue pour attaquer le rassemblement, brandissant chaînes ou ceinturons à la main. Quelques antifascistes ont retenu la première attaque pendant qu’un policier lâchait sur les manifestants (et non pas sur les fachos) un jet de gaz lacrymogène.
Après quelques minutes d’insultes ils ont retraversé l’avenue pour attaquer à nouveau les manifestants qui, plus nombreux pour faire face, ont réagi en repoussant les fachos jusque dans une rue de l’autre côté de l’avenue où ces derniers, après quelques derniers coups, ont pris la fuite sans plus de cérémonie, abandonnant leur drapeau sur place.
Pendant ce temps des CRS se sont massés le long de l’avenue mais avaient laissé les fachos attaquer le rassemblement sans réagir, puis les ont laissé partir sans être inquiétés, avant de former un cordon autour des antifascistes.
Un manifestant a eu la jambe cassée dans l’attaque et a dû être emporté par les pompiers. Deux autres ont à déplorer des blessures légères.
Les manifestants ont plus tard quitté la préfecture en cortège en scandant "français, immigrés, même patrons, même combat", et le nouveau slogan de la soirée “JI au lit la leçon est finie !", avant d’aller se disperser place Gabriel Péri à la Guillotière.
Ce soir a été un double échec pour les fachos, ceux du gouvernement d’abord, qui ont, par l’organisation de ce débat et la connivence avec les militants d’extrême-droite, montré une fois de plus l’hypocrisie de leur politique ; ceux venus attaquer le rassemblement d’autre part qui n’ont pas fait le poids face à la réactivité antifasciste des manifestants.
Pas de fachos dans les quartiers,
Pas de quartiers pour les fachos !
(Vidéo : voir lien)
Identité nationale : enfin, le vrai débat
Vendredi 22 Janvier, Éric Besson est venu à Lyon pour un débat sur l'identité nationale. Le quartier de la préfecture a été verrouillé par les CRS, tout le monde n'était pas le bienvenu, loin de là, dans la salle. Des organisations sociales démocrates, réformistes, ont appelé à "un rassemblement citoyen" pour "en finir avec le débat de la honte".
Oui, elles ont tout intérêt à avoir honte de ce débat raciste, qui les met effectivement fort mal à l'aise. Une partie de la sociale démocratie y participe et soutient ouvertement les positions gouvernementales, tel Manuel Valls. Une autre, comme Peillon, s'y dérobe. Ce que cache cette dérobade, c'est un accord de fond de la part de la gauche bourgeoise et réformiste avec le gouvernement sur la question : elle ne peut se démarquer de la droite. Cela se vérifie dans la pratique, il suffit de constater quelle a été la politique menée par les organisations politiques sociales démocrates, y compris le PCF, une politique anti-immigrés et impérialiste.
Ce débat est un vrai débat, l'alternative à la lutte des classes présentée par la bourgeoisie étant l'identité nationale. La mise en avant de cette identité nationale vise à diviser les travailleurs d'origine française et immigrés, à creuser des contradictions non antagoniques entre eux.
La gauche bourgeoise n'a pas de réponse autre à apporter au débat, nous en avons une : la solidarité de classe et la lutte contre la bourgeoisie. Nos camarades spécialisés dans la lutte antifasciste ont traité le débat de façon juste et saine, à coups de barre de fer contre la cinquantaine de fascistes venus agresser les personnes rassemblées, tandis que les organisateurs n'avaient prévu aucun dispositif de sécurité. Nous saluons la préparation de l'action défensive menée par nos camarades, qui ont obtenu, malgré un blessé grave (une jambe cassée), une victoire tactique dont ils peuvent se féliciter contre les fascistes.
Pendant ce temps, la gauche bourgeoise a fui, à part quelques militants, le rassemblement auquel elle avait elle même appelé. Ce refus de se montrer solidaires est une ligne de démarcation véritable entre les antifascistes conséquents et ceux qui ne le sont que sur le papier. Ceux là disent défendre "les valeurs de la république française (liberté, égalité, fraternité, laïcité)". Nous, nous ne soutenons pas ces valeurs, notre identité est prolétarienne et nos valeurs sont prolétariennes. Qui ne remet pas en cause le système capitaliste jusqu'à son renversement et ne soutient pas jusqu'au bout le prolétariat dans la lutte des classes sera amené à rester passif, à soutenir la répréssion voire à réprimer lui-même le prolétariat.
Le combat antifasciste est un combat contre le capitalisme, comme cela était scandé dans la manifestations sauvage qui a suivi les affrontements. C'est un combat contre la domination de la bourgeoisie dont le fascisme est une forme particulière de la dictature. Nous avons constaté la collusion entre l'appareil d'état bourgeois, les médias (refusant de filmer le fond politique des affrontements) et les fascistes (qui n'ont eu aucun mal à se rendre au rassemblement, malgré la présence policière importante).
Un combat antifasciste est tactiquement nécessaire à la lutte des classes, de façon défensive comme offensive, mais ne saurait être victorieux que relié à une stratégie d'ensemble pour vaincre la bourgeoisie et à une organisation révolutionnaire capable d'appliquer cette stratégie. C'est cette stratégie et cette forme d'organisation que permettent d'avoir le marxisme-léninisme.
Derrière le fascisme, c'est le capital, à bas l'état bourgeois !