(Nouveau Népal)
La réunion du Comité Central du Parti Communiste Unifié du Népal - maoïste s'est conclue ce dimanche. Les différents rapports et déclarations publiques révèlent qu'une sérieuse lutte de ligne a animé cette réunion qui s'est étalée en durée sur presque un mois.
La lutte de ligne
La réunion avait commencé par la contestation du document présenté par Prachanda. Mohan Baidiya 'Kiran' et Baburam Bhattarai avaient en effet présenté leur propre document. C'était la première fois que cela arrivait lors d'une réunion du Comité Central du Parti.
Si Kiran et Bhattarai ont tout deux critiqué les méthodes de travail de Prachanda et notamment le manque de pratique du centralisme démocratique, le lignes qu'ils défendent respectivement sont en contradiction.
Kiran défend que depuis la réunion de Chunwang de 2005, le Parti avait abandonné sa ligne révolutionnaire et que les décisions de la réunion de Chunwang doivent être sérieusement modifiées.
La réunion de Chunwang était la réunion élargie qui avait adopté la ligne d'alliance avec les partis parlementaires, du processus de paix et du multi-partisme. A l'époque, Kiran (ainsi que Gaurav) étaient en prison en Inde.
“Nous devons reconsidérer la trajectoire du Parti depuis les Accords de 12 point [de novembre 2005] et en adopter une nouvelle. Sinon, nous finirons par devenir un autre parti parlementaire," aurait affirmé Baidiya, cité par un membre du Comité Central.
Ainsi, il argumente que la collaboration avec les partis parlementaires doit immédiatement être stoppée et que les préparations soient faites pour la 'révolte populaire', comme décidé lors de la réunion élargie de Kharipati fin 2009 qui avait réunie plus de 5.000 délégués du Parti.
L'ennemi principal identifié par Kiran est l'Inde puisque selon lui les réactionnaires locaux agissent selon les intérêts du voisin du sud.
Il critique Bhattarai et Prachanda comme étant respectivement révisionniste et centriste. "Le Parti doit aller de l'avant par la méthode du centralisme démocratique, mettant au centre l'objectif de changement radical du Parti," aurait affirmé Baidiya, cité par un membre du Comité Central.
De l'autre côté, Bhattarai affirme que le Parti doit plutôt renforcer et institutionnaliser la république démocratique et donc continuer à participer au processus parlementaire. Selon Bhattarai, le peuple se révoltera automatiquement si les réactionnaires empêchent l'écriture de la constitution populaire.
Il défend que la ligne définie lors de la réunion de Chunwang en 2005 doit être poursuivie.
Selon lui, l'ennemi principal sont les féodaux, les réactionnaires locaux.
Quant à Prachanda, il pense que les processus de paix et d'écriture de la constitution au travers du parlement doivent continuer et que la révolte soit préparée en même temps.
Selon lui, l'ennemi principal est composé de deux parties : l'Inde et les réactionnaires locaux.
Il affirme également que le Parti avance selon la ligne définie lors de la Convention Générale de 1999 plutôt que selon la réunion de Chunwang de 2005.
Selon un membre du Comité Central, voici ce qu'aurait affirmé Prachanda lors de la conclusion de la réunion :
"Nous devons nous préparer à une nouvelle forme de révolution pour assurer la paix et la constitution." "L'indépendance nationale formera la base de cette nouvelle révolution." "Nous devrions essayer de promulguer la constitution populaire à partir du processus actuel et si les forces réactionnaires fomentent une conspiration, nous devrions aller vers la révolte populaire."
"La ligne de Baidiya est 'extrême' ce qui n'est pas scientifique, alors que Bhattarai amène toujours de nouvelles idées, ce qui rend sa ligne révisionniste. Mais les deux lignes ne conviennent pas pour accomplir la révolution."
Des critiques ont également été émises à l'encontre de certains dirigeants pour avoir un "style de vie bourgeois" et pour avoir abandonné la "culture prolétarienne".
Les décisions
Comme les documents ne peuvent être fusionnés et afin de prendre une décision finale sur la ligne à adopter, les documents vont être étudiés par le Parti au niveau des comités d'état et de district. Les délibérations auront lieu lors d'une réunion plénière prévue pour novembre.
De même, le Parti a décidé de lancer une campagne contre l' "interférence étrangère grandissante" dans les affaires internes du Népal. Elle devrait durer un mois, du 17 septembre au 17 octobre. Cette décision pourrait être en lien avec l'affaire des écoutes téléphoniques (voir Sur l'affaire des écoutes téléphoniques et le rôle de l'Inde ).
Il est également fort probable que le Parti se retire de la course au poste de premier ministre. La décision devrait être prise après des consultations avec les différents partis qui ont soutenu Prachanda.
Kiran a indiqué que le Parti Communiste Unifié du Népal - maoïste avait déjà commencé à faire les préparations pour "s'emparer du pouvoir d'Etat" au travers d'une "révolte populaire". Il a clarifié que le parti avait opté pour la stratégie de la révolte car il n'y avait aucune autre alternative puisque les autres forces politiques empêchent les maoïstes d'accéder au pouvoir au nom de la 'neutralité et de l'intégration de l'armée'.
Il a également affirmé que le mois d'agitation annoncé par le Comité Central faisait partie de la préparation de la révolte populaire.
"Nous lançons une campagne d'information d'un mois qui inclue des assemblées publiques du centre jusqu'aux villages," a t'il annoncé. "Notre but est de s'emparer du pouvoir, tôt ou tar, par la révolte populaire."
A propos des écoutes téléphoniques, il a mis au défi de prouver la véracité de la cassette des écoutes téléphoniques (voir Sur l'affaire des écoutes téléphoniques et le rôle de l'Inde ). "La cassette est le dernier épisode d'une série de complots pour empêcher les maoïstes de prendre la tête du gouvernement." Il a affirmé qu'elle était fictive et préméditée.