Où va la CGT ?
Voilà cinq mois que le dit "Acte II" de la lutte des travailleurs sans-papiers est entamé. Cinq mois que des centaines de camarades tiennent, malgré l'impasse dans laquelle les ont entraîné les dirigeants syndicaux. Cinq mois que la recherche de la prétendue "circulaire apaisée et harmonieuse" n'a produit après bien des discussions qu'un texte bien ficelé pour répondre aux besoins de l'impérialisme, et rien d'autre.
Et pourtant, la direction confédérale est passée maîtresse dans l'art de faire prendre des vessies pour des lanternes, de faire croire à l'avancée de la lutte alors que tout montre qu'elle piétine et ne débouche pas.
Le dernier épisode vient de se produire avec la signature largement médiatisée d'une "approche commune" entre les syndicats et certains secteurs du patronat. Rien que le titre mérite la méditation... : approche commune entre exploiteurs et exploités ?
Et la lecture du texte complet (également en version imprimable ci-contre) montre où en sont arrivés nos dirigeants syndicaux. A négocier eux-mêmes les supposés "bons" critères qui seront acceptables et qui à leur tour serviront à exclure celles et ceux qui ne les rempliront pas.
Comme le dit un de nos lecteurs :
" Il est paradoxal que des syndicats tels la CGT, FSU, Solidaires aient pu signer une « approche commune » qui stipule « C’est une occasion de lutter réellement contre le travail illégal » alors que plus haut, ils reconnaissent que ces « étrangers » ….« d’une façon ou d’une autre s’acquittent et se sont acquittés de leurs cotisations et impôts, de même que leurs employeurs » .
Suivant cette définition, il ne s‘agit aucunement de « travail illégal » !
Les Sans Papiers en sont d’ailleurs les seules victimes et les patrons les seuls maquereaux ! On est loin du mot d'ordre du 48ème Congrès de la régularisation de tous les sans-papiers !"
On lira avec intérêt cette fameuse "approche commune", pour constater qu'effectivement les critères sont plus souples que ceux de Besson (par exemple il n'y a pas le critère des 5 ans de présence), mais qu'ils sont maintenus et par exemple de manière très restrictive pour ce qui est des intérimaires [à ce propos, notons l'échec de la fameuse collecte des Cerfas parmi eux, seulement 10% des grévistes concernés...]
Aujourd'hui, les dirigeants syndicaux tentent de présenter ce document (qui rappelons-le n'a aucune valeur) comme une avancée du mouvement. Il est important que sur tous les piquets nous revenions sur le fond : une circulaire, des critères, c'est le cas par cas, et on n'en veut pas !
Depuis le début du mouvement nous disons :
Non aux critères, non au cas par cas !
Régularisation sans condition de tous les sans-papiers !
Mais le mouvement des sans-papiers ne se limite pas à cette attente douloureuse et inquiète, sans trop de perspectives.
Le mouvement de soutien tient toujours, comme lors de la manifestation organisée par les syndicats le 13 février. Les collectifs tiennent, par à exemple à Bobigny (voir à gauche) où on organise le 2 avril une fête de soutien, ou à Aulnay (voir à droite) où l'UL CGT vient de contraindre sous la pression le patron de STN à lâcher les Cerfas, alors même qu'il engageait une procédure de licenciement contre un gréviste... dur dur le retour de bâton !
Par ailleurs, les arrestations de grévistes se multiplient. Pendant un temps, à l'automne, la carte de gréviste était une protection relative en cas de souci. Depuis la publication de la circulaire Besson, et particulièrement depuis quelques semaines, c'est fini, les contrôles se multiplient, les APRF et OQTF pleuvent, des grévistes sont envoyés en rétention, et il faut toute la détermination et l'expérience des militants chevronnés (en particulier de RESF) pour empêcher que les expulsions soient plus nombreuses... Encore récemment, un délégué a été sorti de l'avion en dernière minute, alors que tout semblait perdu... Voilà qui devrait faire méditer tous nos dirigeants qui prétendent que le dépôt de dossiers crée un risque supplémentaire pour les grévistes... Le risque, il est déjà là, tous les jours, depuis des mois et des années !
Par ailleurs, les mobilisations des camarades sans-papiers se développent en toute indépendance. Les collectifs regroupés autour de la CSP75 se sont peu à peu structurés et prennent des initiatives très positives, comme les manifestations devant les préfectures de la région parisienne, pour exiger la régularisation. Baptisé "l'ouragan du Ministère de la régularisation de tous les sans-papiers", ce sont des centaines et des milliers de camarades qui défilent successivement devant les préfectures, dernièrement le 24 février à Bobigny.
Peu ou pas de soutiens dans ces manifestations, encore peu de grévistes en tant que tels. Mais la manifestation régionale de samedi dernier 6 mars a été un réel succès.
Enfin, il faut parler des mobilisations qui se sont poursuivies à l'initiative de "Droits Devants" sur le racket des cotisations sociales, qui ont conduit par exemple à une large manifestation devant Bercy le 4 février pour exiger la régularisation globale de toutes et tous les sans-papiers.
On le voit, la lutte continue, et au sein même du mouvement parmi les grévistes, les débats sont importants, à la fois pour s'organiser en toute indépendance, et pour comprendre comment sortir de l'impasse où on veut les maintenir enfermés...
Témoignage des centres de retentions (Vincennes) - Quotidien des sans-papiers :
« 95% des gens sont comme des zombis. C’est normal ça ? »
mercredi 10 mars 2010
Publié le 11 mars 2010 par
Entretiens téléphoniques avec les sans-papiers retenus au centre de Vincennes.
Où l’on apprend, entre autres choses, comment la politique consiste aujourd’hui à les matraquer de somnifères… qui font dormir 48 heures !
Première personne :
« Je suis retenu ici depuis 5 jours. Je ne vais pas mentir, on est nourri ici. Moi pour l’instant je n’ai pas eu de problème. Mais il y a des cas d’expulsions aberrants, j’ai vu quelqu’un qui a un père et qui s’est fait expulser.
Les policiers rentrent dans les chambres, ils nous violent notre intimité. Il y a un retenu qui avait redécoré sa chambre pour essayer de rendre son lieu de vie plaisant. Les policiers sont venus une nuit sans prévenir et ont arraché les posters. C’est pour nous mettre un coup sur le moral.
Il y a quelques jours, ils ont mis un médicament dans la bouche d’un détenu qui s’était embrouillé avec quelqu’un. Il a dormi 48h. On est pas des bêtes, on a pas à nous filer des médicaments sans nous prévenir.
Il faut qu’à l’extérieur les gens sachent. »
Deuxième personne :
« C’est la merde, c’est le sbeul, il y a pas d’hygiène.
Les médicaments qu’ils nous donnent sont super forts, ça fait dormir 48 heures.
Il y a tout le temps des bagarres, ça va cramer ici, il y a des gens qui sont ici pour rien. Moi par exemple , on m’a souvent posé la question pourquoi je suis ici alors que je parle le français sans accent. Je suis ici depuis dix jours.
Ils mettent les médicaments dans les barquettes de bouffe et ils savent à qui ils veulent les donner.
Par exemple, il y a un retenu que je n’avais pas vu depuis 48 heures, je lui ai posé la question où il était, il m’a répondu qu’il avait dormi pendant tout ce temps. Ils donnent ça pour adoucir les mœurs, pour pas que les gens parlent avant qu’ils prennent l’avion, ils droguent les gens gratuitement, les médicaments ont des noms et des couleurs bizarres, et lorsque les retenus se réveillent, ils ont faim mais ils ont passé l’heure des repas et il faut attendre le lendemain pour manger.
Là en ce moment je suis dans une salle en haut et ça gueule en bas.
95 % des retenus sont drogués aux cachetons. C’est normal ça ?
Il y a un retenu pour le calmer, ils ont mis dans sa barquette un médicament, il a échangé sa barquette avec un autre retenu parce qu’il a capté qu’on voulait l’endormir. L’autre gars, il a fait que dormir. Le lendemain les flics l’ont vu debout et lui ont demandé pourquoi tu ne dors pas ? Les flics voulaient faire ça parce qu’il a un vol le lendemain. Comme ça il aurait pas de force pour faire du bruit ou refuser, il prendrai l’avion avec douceur.
95% des gens sont comme des zombis. C’est normal ça ?
Quand tu vas à l’infirmerie parce que tu as mal à l’ongle, l’infirmière te donne un somnifère. Je suis allé pour un rhume, le comprimé qu’on m’a donné, il rend mou, tu baves, tu as la bouche pâteuse. Je sais pas si c’est de la morphine ou quoi.
Pour nous endormir, y’a même des playstation avec des jeux, juste avant de te renvoyer au pays !
On en libère trois, y’en a 20 qui arrivent, il y a des dames de GEPSA en ce moment qui passent dernière moi, elles font le tour des chambres pour savoir s’il y a de la place, les gens mettent des matelas par terre pour dormir. »
Le retenu s’absente une seconde pour aller voir un employé de gepsa et demander combien ils sont dans le centre.
« Ah non ! Ça il a pas le droit de me le dire ! À cet étage il y a 24 chambres, sur la gauche ce sont des chambres de 4, et sur la droite ce sont des chambres de 2 mais il y a toujours un matelas en plus par terre. On peut aller voir les autres retenus dans l’autre bâtiment. Ce sont des bâtiments provisoires, pas en béton, parce que en fait le centre a brûlé. Il y a un chantier à côté pour un troisième bâtiment en construction.
En bas ça s’embrouille avec les flics. On est pas des criminels, on est juste en situation irrégulière. Même un ballon de foot ils veulent pas, alors on l’a fabriqué nous même. Y’a des tables de ping pong mais y’a pas de raquette.
La police est venue arracher un poster de basket dans ma chambre, même ça c’est interdit. On veut décorer la chambre où on vit pour rendre l’endroit plus personnel et ben même ça c’est interdit , soit disant les posters ça prend feu, alors que leur matelas là... Les nouveaux matelas c’est de la pacotille, sur les couvertures y’a marqué pénitentiaire et elles sont dégueulasses, je suis rentré sans boutons et maintenant j’en ai plein sur le visage.
L’ASFAM, ils sont bêtes comme leurs pieds, ils sont payés à rien foutre, ça vous enfonce parce qu’ils vous donnent des faux espoirs en étant là, mais en fait, ils font rien pour nous. On parle à peine 5 minutes avec la fille et après elle a l’air saoulée, fatiguée. Elle est censée arriver à 9h30 mais elle vient à midi. Les astuces qu’elle donne c’est pour préparer la valise ou qu’on nous rapporte de l’argent, mais elle nous donne pas d’astuces pour sortir d’ici.
Au niveau juridique, elle sert à rien, elle peut juste faxer des lettres aux avocats. Quand on lui demande pour faire les appels elle dit toujours que c’est trop tard, qu’il fallait le faire au commissariat. Elle nous garde 5 minutes en faisant signe qu’il y a la queue derrière. On essaie de prendre des conseils entre nous, on prend des cartes téléphoniques, on appelle nous même, puisque l’asfam sert à rien, son boulot c’est d’enfoncer les gens, de nous faire perdre l’espoir.
Quand tu es nouvel arrivant elle est censée t’appeler, mais si j’étais pas allée la voir elle ne m’aurait jamais appelé. Elle dit qu’elle a beaucoup de dossiers, je lui ai demandé d’appeler l’avocat, elle m’a dit qu’elle le ferai, je lui ai demandé de le faire devant moi, c’est normal non ? Elle l’a pris comme une insulte.
Il n’y a qu’une seule association et une dame à qui on donne de l’argent pour qu’elle nous fasse des courses.
En fait, la police, l’Asfam, tous, ils ont le même objectif c’est de nous faire couler. C’est un cercle vicieux. En fait ils s’entendent tous, on peut compter sur personne. »
[Source : fermeturetention@yahoo.fr]
En Italie aussi... :
Nouvelles luttes dans les CIE italiens. Témoignages de grévistes de la faim.
Publié le 8 mars 2010 par
Quelques nouvelles des luttes initiées il y a quelques jours dans les centres de rétention italiens (appelés là-bas, CIE = centres d’identification et d’expulsion) et puis des témoignages des grévistes de la faim du centre de rétention de la via Corelli à Milan.
Lien en italien : http://lombardia.indymedia.org/node...
À Corelli, après plusieurs jours de grève de la faim les détenu/es ont commencé à être affaiblis et fragilisés. Certaines filles du secteur des transsexuelles ont été mises sous perfusion et une a été transportée à l’hôpital. Les détenus ont demandé à être pesés et suivis en permanence par du personnel médical, comme c’est la pratique en cas de grève de la faim, mais, dans le centre de la via Corelli, ça ne se fait pas. Toutefois, malgré les difficultés, les détenus continuent avec détermination, soutenus également par la solidarité des anti-racistes qui amènent constamment de l’eau et du jus dans le centre et maintiennent des contacts continus.
À Rome aussi, vingt détenus continuent la grève. Les gestionnaires du centre apportent de la nourriture et eux la renvoient. Certains, qui avaient commencé la grève quelques jours avant les autres ne mangent plus depuis maintenant dix jours et sont très faibles. Contrairement aux détenus de Milan, à Rome ils semblent être pesés et contrôlés régulièrement, mais la nouvelle coopérative qui a pris la place de la Croix-Rouge (la Coopérative Auxilium vient de gagner l’appel pour la gestion du centre au détriment de la Croix Rouge) pour l’exploitation du centre ne permet pas que les personnes solidaires apportent des jus et des boissons de l’extérieur. Chaque détenu reçoit un seul litre d’eau par jour, divisée en deux bouteilles d’un demi litre, l’une le matin et l’autre dans la soirée. Et seulement avec ça ils poursuivent leur lutte.
À Turin, en attendant, et la grève est toujours relayée.
Bologne est un cas à part. Après deux jours, il n’y avait plus d’autres nouvelles de l’intérieur, les détenus ont répondu aux appels de solidarité. La grève a été interrompu après la première journée, sauf pour un retenu qui poursuit sa grève de la faim en solitaire, pour des raisons personnelles. La raison de cette difficulté est simple : il semble que dans ce CIE la nourriture des prisonniers soit droguée avec des tranquillisants, ce qui fait que chaque fois qu’ils se rencontrent, quels que soient l’heure et le jour ils sont complètement endormis et abrutis.
Voici quelques déclarations recueillies par les services de trans du CIE de Corelli.
« Nous sommes vingt personnes qui font la grève de la faim. Dans chaque chambre, nous sommes quatre personnes. Les murs sont pleins de moisissures, les draps sont changés une fois par semaine mais les couvertures ne sont jamais changées. Tous les quinze jours on nous donne un gel douche. Dans la soirée, nous devons nettoyer notre chambre avec le balai et le seau. Les fenêtres n’ont pas de rideaux comme ça le matin tôt, la lumière entre dans la chambre. Nous sommes obligés de mettre la couverture sur la fenêtre pour dormir. Les toilettes sont dégoûtantes. C’est très sale. Les évacuations sont toutes bouchées, nous sommes obligés de faire nos besoins debout. À huit heures et demie du matin, nous prenons un verre de lait et un croissant. Nous ne pouvons pas boire de choses chaudes si ce n’est avec la machine payante. La nourriture est très insuffisante, ils nous amènent souvent de la dinde. Nous qui avons des implants en silicone nous ne pouvons pas manger de la dinde. Pour cette raison, beaucoup d’entre nous ont eu des inflammations aux implants mammaires ou de hanches. Lorsque nous allons à la Croix-Rouge pour nos problèmes de santé, nous donner des tranquillisants pour nos problèmes de santé ils nous donnent des tranquillisants pour supprimer la douleur, mais ces gouttes nous font dormir. Quand nous avons trop de douleur, ils nous donnent de l’aspirine (ou paracétamol). »
« Moi je m’appelle ... je suis ici depuis une semaine. J’ai immédiatement commencé une grève de la faim parce que nous ne pouvons pas rester ici six mois. Je suis également séropositive, je devais faire des tests sanguins pour savoir quels médicaments je devais prendre mais ils m’ont amenée ici, et m’ont fait sauté la visite. J’ai eu trois jours de forte fièvre. J’étais tellement mal qu’ils m’ont emmené à l’hôpital pour une occlusion intestinale. Après ils m’ont ramenée à Corelli toujours sans médicaments pour le VIH. Je suis en Italie depuis neuf ans, je suis tombé malade en Italie et je ne peux pas rester ici. Nous avons besoin de nous maintenir (gagner notre vie) et de maintenir notre famille dans le pays. Nous voulons notre liberté parce que nous n’avons rien fait et qu’on nous force à rester ici sans pouvoir rien faire. Il y a un psychologue qui vient une fois par semaine, mais à la fin, on nous donne toujours trente gouttes de Valium ou pour dormir et allez... À la fin nous devenons toutes dépendantes... »
« J’ai eu un très grave accident en dehors d’ici. J’étais toujours traitée en physiothérapie, mais il m’ont prise et emmené à la CIE. Je m’étais fracturé l’omoplate gauche, le fémur et le genou. Ici, souvent la blessure à ma jambe s’enflamme. Je vais à l’infirmerie, on me donne une crème hydratante c’est tout. Beaucoup d’entre nous ont été prises à Pise, et qui vient nous voir a droit à sept minutes de visite pour cinq heures de voyage.... Il y a plein de cafards et d’asticots dans les toilettes et la douche. La police nous maltraite, nous traite comme des chiens, nous insulte en disant que nous sommes tous des gays, fait des blagues sexistes contre nous. Quand nous disons des choses qui ne leur vont pas bien, ils nous donnent des gifles au visage, pour la moindre chose ils nous agressent et nous traitent comme si nous n’étions pas des êtres humains, avec un mépris total. Nous savons qu’une trans s’est suicidée ici à Noël... Il y a une fille qui est ici depuis quatre mois qui a vu ce qui s’est passé lorsque la jeune fille s’est suicidé et maintenant elle est folle, parce qu’une personne normale ne peut survivre ici à l’intérieur, et beaucoup la mort comme unique porte de sortie... Il y a des gens avec des problèmes psychiatriques, et nous devons tous vivre ensemble dans une situation de conflit, avec toutes les diverses pathologies tous ensemble et ici nous sommes forcés de côtoyer diverses maladies, même en prison ça n’est pas comme ça. »
Et un témoin, du secteur des femmes :
« Mon nom est ... je vous raconte mon histoire. Je suis arrivée en Italie en tant que touriste car j’aimais beaucoup ce pays. La dernière fois que la police m’a arrêtée, ils m’ont demandé le permis de séjour. J’avais seulement le visa touriste mais ils m’ont emmenée à la préfecture (police) où je suis restée trois jours et puis à Corelli. Ils m’ont prise le 26 Janvier et j’avais en poche le billet d’avion pour retourner au Brésil pour le 16 février... Eh bien je suis encore ici. Maintenant je dois quitter ce pays comme une criminelle, escortée par la police. Je n’imaginais pas qu’en Italie pouvait exister un endroit pareil. Je me sens inutile, je suis très mal. Ils nous traitent comme des animaux, et ce n’est qu’un début... nous avons à faire six mois dans cet enfer pour ensuite sortir d’ici avec une expulsion pour dix ans.
Nous demandons à tous ceux qui nous entendent que même si on nous appelle clandestins nous sommes aussi des gens qui avons un cœur. Nous sommes venus en quête d’une vie meilleure. Nous faisons la grève pour faire comprendre aux gens que nous sommes des êtres humains et nous avons le droit de vivre ici comme tout le monde et qu’ils ne peuvent pas nous ôter la liberté. Il devrait y avoir d’autres moyens pour obtenir ce bout de papier sans passer par cet enfer. C’est vraiment d’une loi injuste, je ne sais pas qui l’a inventée et nous ne voulons pas la respecter. Pour nous, la seule option que nous avons c’est de lutter. »
Témoignages du samedi 6 mars
Mais tous les travailleurs / immigrés sont nos frères,
Tous unis avec eux / on vous déclare la guerre !