Le vendredi 18 Décembre 2009 [15h30] : (Unità Naziunale, www.unita-naziunale.org – Corse – Lutte Internationale) Trois jeunes hommes ont été interpellés en Seine-et-Marne, dans les Landes et à Anglet dans le cadre d’une enquête antiterroriste en relation avec le groupe Irrintzi. D’après des sources policières et judiciaires, ces arrestations ont eu lieu hier, à 6 heures du matin. Les trois sont actuellement en garde à vue, l’un d’eux à Levallois, et les deux autres à Bordeaux, selon l’AFP.Stéphane Callou, Sébastien Callou et Lyonel Lareyrie sont âgés de 22 ans et ont la nationalité française. Ils ont été interpellés, respectivement, à Avon (Seine-et-Marne), à Anglet et à Hossegor dans le cadre d’une enquête préliminaire menée par le parquet de Paris, compétent en matière antiterroriste. D’après l’agence AP, l’enquête a été confiée, à présent, à la Direction interrégionale de la police judiciaire de Bordeaux.
Les enquêteurs les soupçonnent d’appartenir à Irrintzi et d’avoir «participé à des actions violentes» en 2009, a ajouté la source judiciaire. Ces jeunes hommes ne seraient pas connus des services de police, et n’appartiendraient pas au mouvement abertzale, ce qui, pour la police, aurait engendré des difficultés supplémentaires pour retrouver leurs traces, d’après France Bleu. Cependant, l’AFP affirme que la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP), qui travaillait sur des éléments franciliens d’Irrintzi connus pour manifester leur soutien aux membres d’ETA arrêtés sur le territoire français, est parvenue, en octobre, à identifier le principal suspect. Son téléphone portable a trahi sa présence sur les lieux de certains attentats au moment où ils se produisaient.
Traces ADN concordantes
En outre, les enquêteurs ont pu récupérer des traces de l’ADN du jeune homme sur un verre qu’il venait d’utiliser dans un bar. Ces renseignements de la DRPP ont été transmis à la section antiterroriste de la brigade criminelle de la police judiciaire de la préfecture de police (SatPP) et à la Sdat. L’enquête de police technique et scientifique a permis d’établir une concordance entre les traces ADN du suspect et celles retrouvées sur certains des engins posés par le groupe.
Selon le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, les trois hommes seraient soupçonnés d’«une quarantaine de faits différents, pose d’engins explosifs, mitraillages, alertes à la bombe, entre août 2005 et septembre 2009».
La police enquête sur leur participation, notamment, à une tentative d’attentat sur un golf de Saint-Jean-de-Luz en juillet 2009 et une alerte à la bombe dans un hôtel de Biarritz en août. Ils sont également soupçonnés d’être à l’origine de tirs qui n’avaient pas fait de victimes sur deux voitures de vacanciers en août au Pays Basque Nord.
Askatasuna a dénoncé ces arrestations et le fait que la presse espagnole en ait été la première informée : «cette opération ressemble beaucoup à certains montages policiers que nous avons connus».
Brice Hortefeux a déclaré que cette affaire «plus largement, s’inscrit dans le cadre d’une collaboration avec la police espagnole qui a abouti, depuis le début de l’année, à l’interpellation de 36 personnes», qui seraient eux, d’après l’AFP, «proches de l’organisation séparatiste basque espagnole ETA». Le ministre a finalement inclu dans le même groupe différents mouvements, chose que la police ne s’est pas aventurée à faire jusqu’à maintenant.
G.T. (lejpb.com)
Le dimanche 20 Décembre 2009 [15h05] : (Unità Naziunale, www.unita-naziunale.org – Corse – Lutte Internationale) Une convocation a suivi les arrestations de trois jeunes hommes réalisées en Seine-et-Marne, à Biarritz et Anglet, survenues jeudi. La mère de Stéphane Callou a été écoutée par les enquêteurs hier matin.
Pendant ce temps, son fils, Lionel Labeyrie et Sébastien Callou étaient encore entre les mains de la Police à Paris. La compagne de Stéphane Callou aurait été placée en garde à vue le jour même de l’opération policière, d’après des sources proches de la famille. Cette même source a informé que la veille, les équipes des sections anti-terroristes avaient longuement perquisitionné à Soustons la résidence de la grand-mère de Stéphane Callou.
Des arrestations qui sont survenues alors qu’une réunion publique était organisée hier soir à Paris, à l’occasion du 9e mois de la disparition de Jon Anza. Sont intervenus la compagne du militant, son frère et sa belle-soeur, des compagnons de travail ainsi que Gabi Mouesca ancien président de l’Observatoire international des prisons et Anaiz Funosa de l’association de défense des prisonniers basques Askatasuna. Cette réunion est revenue sur les circonstances de la disparition du militant et qui conduisent à penser que J. Anza a été victime d’un enlèvement suivi d’un assassinat perpétré par des services policiers espagnols.
F.O lejpb.com
758 prisonniers politiques de la cause basque ! :
Le dimanche 20 Décembre 2009 [14h35] : (Unità Naziunale, www.unita-naziunale.org – Corse – Lutte Internationale) A l’approche des fêtes de fin d’année, le comité de soutien aux 758 prisonniers basques, Askatasuna, a l’habitude d’organiser un concert à Espelette. Il aura lieu aujourd’hui et réunit Zea Mays, Eraso, Malgata et Gozategi. L’occasion de faire le point sur la situation du frère et de la soeur d’Amaia Beyrie, kanboar habitant Itxassou, dont le frère, Xan, a été arrêté en juillet dernier et la soeur, Lorentxa, en 2001.
Quelle est la situation de vos frères et soeurs ?
Xan est retenu à Fleury Mérogis (à 700 km de Bayonne) depuis le mois de juillet. Et Lorentxa a quitté cette prison après y être restée quasiment 8 ans, pour être transférée à la centrale de Joux La Ville (à 845 km de Bayonne).
Elle a été condamnée, pour l’instant, à 30 ans de prison pour des faits liés à ETA, en revanche, votre frère est dans l’attente…
Son dossier est encore en instruction ; l’enquête est en cours. Pour le moment, lui et les trois jeunes arrêtés en même temps sont en prison sous des accusations de la police.
Comment vous organisez-vous pour leur rendre visite ?
La situation est récente, donc il n’y a pas de règle générale. Par exemple, la semaine dernière j’ai fait les deux visites à la suite. J’ai pris le train le vendredi soir pour arriver à 7 heures du matin à Paris, où j’ai loué une voiture. A 8 h 30 j’ai vu Xan, cette fois, pendant une heure. Après avoir roulé pendant 250 km, j’ai rendu visite de 13 heures à 16 heures à ma soeur. De retour à Paris, j’ai pris le train pour arriver au Pays Basque le dimanche matin.
Il est clair que pour des raisons économiques et humaines, nous aurons des difficultés à assurer des visites tous les week-ends. Le voyage m’a coûté 300 euros, c’est le coût minimum. Si, en plus, je voyage avec mes enfants et mon compagnon, la somme s’élève à 600 euros.
Pouvez-vous assurer des visites régulières ?
Il est important de préciser que les visites sont faites par la famille mais aussi par les amis. Nous avons donc réussi à ce qu’ils reçoivent des visites toutes les semaines.
Sont-ils avec d’autres prisonniers basques ?
Xan est avec Eneko et Ibai [deux jeunes labourdins arrêtés en même temps que lui] et d’autres Basques. Ils passent 22 heures par jour en cellule et deux en promenade. Quant à Lorentxa, on lui ouvre la cellule à partir de 14 heures car elle est en centrale. Elle est avec deux Basques, un couple ; sachant qu’à elle, on l’a éloignée de son mari qui est aussi en prison.
Dans quelles conditions avait été arrêté Xan ?
Il a été arrêté en juin avec sa copine et la police l’avait retenu en garde à vue pendant quatre jours. Au même moment, une opération policière s’était soldée par une dizaine d’arrestations au Pays Basque Nord. Lorsque Xan était passé devant le juge des Libertés, il avait été relâché, considérant que les accusations prononcées à son encontre ne justifiaient pas son emprisonnement. Toutefois, le procureur avait fait appel et Xan avait été placé sous écrou. L’instruction est en cours et il est régulièrement auditionné par le juge qui ne lui pose, essentiellement, que des questions sur ses idées, sur les gens de son entourage… évoquant très peu les faits qui lui sont reprochés, soit, le fait d’avoir posé un engin explosif dans une maison d’Halsou.
Son arrestation avait été musclée…
Effectivement, les policiers l’avaient plaqué au sol au parking d’un supermarché, et dans la voiture, ils lui avaient mis un sac plastique sur la tête. Ensuite, pendant quatre jours il avait subi des menaces incessantes, du chantage. Dans l’ensemble, lors de cette opération, toutes les gardes à vue avaient été violentes, et pour la première fois, les policiers avaient prononcé des menaces de torture, se référant aux pratiques de la garde civile espagnole.
Dans quel état d’esprit êtes-vous face à sa situation ?
Cette opération est une action qui a pour objet de faire peur aux jeunes qui s’organisent, notamment, aux membres de Segi et ceux des gaztetxe. Il n’y a qu’à voir le nombre de personnes convoquées suite à ces arrestations. A Cambo, par exemple, toutes les tantes et oncles de Xan, ses amis, son patron, ont été convoqués par les enquêteurs. Des convocations qui sont devenues des interrogatoires, plus que sur Xan, sur les activités et les idées de ces jeunes. Je vois là un dérapage de la répression qui sert à «ficher» les gens et provoquer la peur. En tant que soeur, je ressens, bien sûr, de la douleur, mais en tant que citoyenne, cette situation m’est intolérable.
Qu’est-ce qu’il en ait du respect des droits de Lorentxa ?
Bien qu’elle soit mariée, on l’empêche de voir son mari, alors qu’elle y aurait droit ; ils ne peuvent pas s’appeler autant que ce que prévoit la loi ; elle a passé huit ans en détention préventive, et cela n’est pas permis ; il peut arriver que certaines demandes de visite n’aient pas été prises en compte, et il nous est arrivé de revenir de Paris sans avoir eu droit à la visite…
Toutes ces conditions rendent plus difficile le maintien des relations avec son entourage. Pendant huit ans, en préventive, tout son courrier étant lu, il a été difficile d’écrire en toute liberté. Avec mes enfants, je ne la vois que tous les deux mois, dans une petite salle, pendant une heure, après avoir passé la nuit dans le train… un ensemble d’entraves qui empêchent de maintenir des relations.
Quelle est la réaction de votre entourage ?
A Cambo, Itxassou et Espelette, un énorme mouvement de solidarité a suivi les arrestations de Lorentxa et de Xan. Et les gens sont présents, et proches de nous. En plus, Xan était très impliqué dans le village, au comité des fêtes, au rugby, et son entourage a du mal à croire qu’il est ce qu’ils veulent nous faire croire, c’est-à-dire, une personne dangereuse. Ils remettent en question cette tentative de criminalisation.
Quant aux élus, le maire ne s’est pas manifesté lors de l’arrestation de Xan ; il l’avait fait pour Lorentxa. Certains élus, toutefois, ont suivi les réunions d’information et en parlent autour d’eux.
Concernant les quatre jeunes, dont, Xan, nous avons créé un comité et nous demandons qu’ils soient immédiatement libérés, sans condition. Et plus généralement, nous demandons qu’ils cessent cette politique de harcèlement qui vise les militants, qu’ils soient militants politiques, syndicalistes ou, tout simplement, des personnes qui bougent et s’organisent. Et bien sûr, nous demandons le respect des droits des prisonniers politiques. Concernant, l’incarcération de Lorentxa, enfin, nous devrons arriver à la résolution de ce conflit. Cela ne passera pas par la répression.
Comment allez-vous passer noël ?
Leur absence se fera plus que jamais ressentir. Autour de la table deux chaises resteront vides. Et bien sûr, nous participerons au rassemblement des derniers vendredis du mois.
Goizeder TABERNA
ENTRETIEN/ Amaia BEYRIE / Sœur de deux prisonniers basques