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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 17:56

Dix personnes, quatre policiers et six militants maoïstes, ont été tués dans le centre de l'Inde, l'un des fiefs des rebelles d'extrême-gauche que les forces de sécurité s'apprêtent à combattre au cours d'une vaste offensive, ont indiqué lundi les autorités.
 
Quatre policiers ont été tués dimanche par une mine anti-personnelle lors d'une attaque maoïste à environ 250 km de Raipur, la capitale de l'Etat de Chhattisgarh, a indiqué à l'AFP un commissaire de police, Ambrish Mishra.
 
Dans un incident séparé, six rebelles présumés ont été tués au cours d'une fusillade avec la police. Une cache d'armes et d'explosifs a été découverte lors de cette attaque.
 
Le gouvernement et les forces armées préparent une opération d'envergure contre les maoïstes, qui ont multiplié ces derniers mois les actions violentes.
 
Le 8 octobre dernier, dix-sept policiers avaient été tués dans une attaque des rebelles maoïstes dans l'Etat de Maharashtra, dans l'ouest de l'Inde.

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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 17:00

Documentaire, en 4 parties, pour comprendre le processus national-démocratique actuel en Bolivie (et dans plusieurs pays latino-américains). Un processus réformiste bourgeois, qui tôt ou tard aura ses limites... Mais d'ici là, un processus à défendre de toutes nos forces contre les menées de la réaction oligarchique et de l'impérialisme (principalement US).

Telle était la position des vrais communistes sur la République (bourgeoise) espagnole des années 30 (contre les anarchistes et les trotskystes), telle est la position des vrais communistes aujourd'hui, contre le "purisme" gauchiste de certains petits-bourgeois occidentaux.

En Bolivia hoy, como en España ayer, EL FASCISMO NO PASARA !







Viva mi patria Bolivia - Hymne "officieux" populaire de la Bolivie




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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 15:56

Source : Amerikenlutte

Lors des dernières mobilisations amérindiennes contre la Loi sur l’Eau fin septembre, nous avions relaté les faits, le contexte et les enjeux généraux de ce mouvement .
 
L’article de Raúl Zibechi que nous publions ici approfondit cette question et donne un éclairage plus précis sur les principaux enjeux concernant la défense de l’autonomie des communautés autour de la gestion de l’eau, en particulier dans la région amazonienne, en relation avec les projet du gouvernement de gauche de favoriser le développement de l’extraction minière dans ces régions. 
Par Raúl Zibechi – 19 octobre 2009

À la fin de septembre s’est produit un soulèvement indigène en Équateur, cette fois pour la défense de l'eau, menacée par l’exploitation minière à ciel ouvert. Les organisations amérindiennes font face maintenant à un gouvernement qui se proclame antinéolibéral, partisan du “socialisme du XXIe siècle” et conduisant une“révolution citoyenne”

« Ce qui s'est passé à Cochabamba avec la guerre de l'eau, sera une miniature par rapport à ce qui va arriver en Equateur, car ce qui arrive c’est un soulèvement » déclare sur un ton persuadé Carlos Perez Guartambel, président de l’Union des Systèmes Communautaires de l’Eau d’Azuay [1]. Son point de référence est la Guerre de l'Eau à Cochabamba, en Bolivie, une insurrection sociale qui a obtenu d'inverser la privatisation et a marqué le début, en avril 2000, au cycle de protestations qui amenèrent Evo Morales au gouvernement.

« Mes parents m'ont appris que l'eau et le feu se partagent et ne se vendent pas », dit-il presque indigné pendant qu'il se rend à une assemblée communautaire à la Victoria del Portete, dans une vallée vaste et riche située à une quinzaine de kilomètres de Cuenca (capitale de la province méridionale d'Azuay), jolie ville coloniale pleine de touristes. Lorsqu’il tourne sur la route Panaméricaine vers la droite, il nous montre la maison de ses parents, où il est né il y a un peu plus de 40 ans.

« Enfant, j’allais à la fontaine pour chercher de l'eau avec un pichet d'argile. On le recouvrait avec le pocón, la feuille de maïs qui est biodégradable. Jamais je n'avais imaginé qu'un jour j’irai acheter une bouteille d'eau, jamais. Chaque litre vaut un dollar et 30 cents c’est-à-dire que le litre d'eau coûte plus cher qu'un litre de lait et un litre d’essence. La lutte pour l'eau va être la lutte pour la vie ». La différenciation sociale provoquée par les envois de fonds des émigrés peuvent se voir à l'oeil nu : à côté des modestes maisons aux toits de tôle, se dressent des grandes bâtisses de trois étages à vocation d’habitation, même si leurs propriétaires sont encore des agriculteurs.

Carlos Perez est quechua et avocat spécialisé en droit communautaire avec des diplômes obtenus sur les questions environnementales, avec un livre remarquable sur la justice communautaire. Ces dernières années, il a consacré tous ses efforts pour résister à l'installation d’entreprises minières avec des noms éloquents comme IAM Gold, sur les hauteurs de Quimsacocha, où naissent les sources qui irriguent la vallée dans laquelle des milliers de paysans pratiquent l’élevage du bétail. Il appartient à une nouvelle génération de dirigeants indiens, formés dans les universités, qui parlent plusieurs langues, participent à des forums internationaux, maîtrisent les nouvelles technologies mais restent attachés à leurs communautés et continuent de parler leur langue maternelle.

Quand nous arrivons à Victoria del Portete, il est garé au bord de la route où plusieurs centaines de villageois sont entassés sur une vaste esplanade entre le conseil paroissial et l'église. Il monte au balcon de la mairie et déclare ouverte l’assemblée du système local de distribution de l'eau qui devra prendre des décisions importantes. « Si les gouvernements précédents nous menaçaient avec la privatisation de nos réseaux d’approvisionnement en eau, ce fantôme est maintenant parti. Mais nous avons un autre, l'exploitation minière qui est la plus grande menace », dit-il avant l'ouverture de la réunion.

Dans cette région fonctionne le Projet Nero depuis 24 ans, peut-être le plus grand système communautaire de distribution de l'eau car il approvisionne six mille familles, soit quelques trente mille personnes de 45 communautés.
« Au départ, les familles s’installaient près de la rivière ou de la source, jamais près de la route parce qu'elles préféraient être près de l'eau. Ensuite, les rivières ont été polluées et les sources sont restées petites et cela a fait que dans les années 60 et 70 sont apparues des organisations comme Caritas qui installèrent des pompes manuelles dans les centres paroissiaux où les gens faisaient la queue pour obtenir de l'eau. Mais d'autres ont commencé à envisager d’installer eux-mêmes tout le réseau, lors de Mingas communautaires$ , et là il n'y avait plus besoin de transporter l’eau à dos d’homme mais pour la première fois avoir le robinet à la maison », dit Perez en rapportant l'histoire de sa communauté.

Au fil des années, les systèmes d'eau communautaires se sont répandus dans tout le pays. Dans la province d'Azuay il existe 450 systèmes, qui fournissent 30% de la population, surtout dans les zones rurales et les périphéries urbaines. Dans tout l'Équateur il y aurait environ 3.500 systèmes d'eau, construits, entretenus et gérés par les communautés elles-mêmes.

Un soulèvement différent

Le 27 septembre, la CONAIE (Confédération des nationalités indigènes d'Equateur) a lancé une nouvellle mobilisation contre la Loi sur l'Eau à laquelle elle n'a pas participé. Le projet de loi du gouvernement est arrivé au Parlement à la mi-août, mais déjà en 2008 le CONAIE avait développé son propre projet qui n'a pas été pris en compte par l'exécutif.

La critique portée par les mouvements est que la Loi sur les ressources hydriques permet le développement de projets miniers dans les zones de naissance des cours d’eau, assure la fourniture en eau des exploitations minières, mais pas pour les communautés autochtones et paysannes, et n'aborde pas la question urgente de la pollution des cours. En outre, cette loi vise à englober les systèmes d'eau communautaire dans une autorité centralisée de l'État, de sorte que les communautés perdront le contrôle sur la ressource.

Ricardo Buitrón de Acción Ecológista a mené une étude détaillée de la loi et estime qu'elle « contient des éléments de privatisation, comme le transfert de l’usage de l'eau avec celui de la propriété foncière et l'utilisation de l’eau dans l'industrie ou dans les affaires à d'autres endroits. Egalement que les infrastructures hydrauliques deviennent propriété de particuliers, que les eaux de surfaces retenues – dans les zones humides – fassent partie intégrante des prés, de la terre »[2]. De cette manière, les eaux pourront être acquises par ceux qui achètent la terre et en donneront l’usage selon leur convenance.

Il critique également cette loi car elle ne dispose d’aucun élément permettant la déprivatisation, en vue d’inverser la situation où les eaux sont maintenant dans des mains privées. Et que les milliers de conseils locaux des systèmes d’eau potable n'aient pas de participation réelle car leurs membres deviennent des usagers ordinaires assujetties à une Autorité Unique étatique qui contrôlera tout le réseau hydraulique.

Humberto Cholango leader de Ecuarunari, l'organisation quechua de la Sierra, a recueilli des données éloquentes lors de la conférence de presse du 24 septembre [3] : 45% de l'eau est légalement cédée (par des concessions), mais 55% est utilisé illégalement, 1% des utilisateurs consomment 64% de l’eau distribuée et 86% des Equatoriens n’accèdent qu'à 13% de ce volume global. « La loi est muette sur ces points, et le Plan National de Développement favorise l'exploitation minière et la floriculture ».

La loi n’envisage pas de sanctions pour la pollution ni le contrôle de la qualité de l'eau. « Le droit humain à l'eau est restreint à l'accès à l'eau potable et à son usage domestique, sans prendre en compte le droit lié à la santé, à la souveraineté alimentaire et à la culture », ajoute Buitrón.

Cholango, quant à lui, a souligné le rôle des communautés amérindiennes dans la construction des réseaux de distribution de l’eau: « Nous avons construit des canaux d'irrigation, des réseaux d'eau potable, et maintenant avec la présente loi du gouvernement, ils veulent nous transformer en simples usagers et que nous ne soyons plus des acteurs. Dans l'article 97, ils en viennent à établir le contrôle et l’administration exclusive des systèmes communautaires à l'Autorité Unique. Il s'agit d'une attaque à nos conseils de l'eau » [4]. Le résultat, à son avis, est que la loi donne la priorité de l’usage de l'eau pour l'exploitation minière.

Quand les protestations ont commencé, avec barrages de routes et manifestations pour forcer le gouvernement à dialoguer et écouter sa propre Loi sur l’Eau, inspirée par le Sumak Kawsay, le Bien Vivre [**] que garantit la Constitution, la réponse du président Rafael Correa a été très dure. « Que croient-ils ces dirigeants ? » dit-il. Il les a accusé d’être des  « extrémistes », de « faire le jeu de la droite » et de putchistes, en comparant la situation équatorienne avec le Honduras [5].

Le 30 septembre, la police a tiré sur des amérindiens Shuar dans la province amazonienne de Morona Santiago. Selon un communiqué d’Acción Ecológista, Bosco Wizuma, enseignant bilingue, est mort d'une balle alors qu'il faisait partie d'un groupe de 500 personnes qui avaient bloqué le pont sur la rivière Upano. Apparemment, c’était un "piège" parce que au même moment les dirigeants étaient appelés à un dialogue « pour détourner l'attention de la direction et les médias locaux » [6].

Il y a eu aussi des dizaines de blessés, dont plusieurs policiers. Le Président Correa a vite changé son discours et a appelé au dialogue: « Bienvenue frères. Ce gouvernement est le vôtre, celui des peuples autochtones, le Palais de Carondelet est à vous » [7]. Peut-être que c'était la seule façon de désamorcer un conflit qui menaçait la stabilité de son gouvernement. Même si le soulèvement n'a pas commencé avec la puissance des mobilisations indiennes antérieures, les enseignants et les autres secteurs sociaux s’y sont joints dès le départ. Mais quand il y a un mort, tout est possible.

Dialogue et tension

La direction de la CONAIE a décidé de suspendre les actions pendant la période de négociation que le gouvernement a ouvert. Cependant, dans la plupart du pays, les bases, c’est-à-dire les communautés ont continué de couper les routes et de fermer les marchés. Une division est née entre les organisations membres de la CONAIE, en particulier entre la sierra (Ecuarunari) et la forêt (Confeniae).

Le climat de méfiance n’a pas reculé. Le lundi 6 octobre, un dialogue direct télévisé a débuté au siège du gouvernement, au Palais de Carondelet. Des milliers d'Indiens se sont rassemblés à l'extérieur pendant des jours dans l’attente des résultats. Cent trente dirigeants entrèrent dans le palais et se sont entretenus avec Correa, dans un climat tendu. Le premier jour, six accords ont été conclus et, parmi les plus importants, on peut noter : l’institutionnalisation d’un dialogue permanent entre les deux parties, que le gouvernement examinera le projet de Loi sur l'Eau de la CONAIE et qu’il recevra une proposition de la part du mouvement indigène à propos de la Loi sur l’Exploitation Minière.

Un bon exemple du climat qui a prévalu dans les négociations est le dialogue suivant. « Marlon Santi, président de la CONAIE, a demandé le respect envers les autochtones. Ses paroles étaient liées à des déclarations dans lesquelles ils ont été décrits comme des ‘ fous’ qui n'avaient pas de représentativité. L’exigence était directe. Correa s’est interrompu et a demandé les noms des fonctionnaires pour ‘les virer immédiatement du gouvernement. Quel est cet imbécile ?’ a demandé Correa deux fois. ‘Vous, Président’ a répondu le dirigeant indien » [8].

Les organisations autochtones ont réussi à institutionnaliser le dialogue comme elles le voulaient. Le 14 octobre l’exécutif a promulgué le décret n° 96 qui établit la formation d'une Commission mixte composée de la CONAIE et ses trois filiales (la Côte, la Sierra et l’Amazonie) et pour le gouvernement, le ministère de la Justice, le secrétariat les Peuples, des Mouvements sociaux et de la Participation citoyenne et diverses institutions. La commission va examiner les deux lois sur l'eau (celle de l’Etat et celle des amérindiens) ainsi que des propositions de réforme de la loi minière en vigueur.

Mais l'échange d'accusations s’est poursuivi. Après la retransmission des samedis de Correa [***] la dirigeante amazonienne et ex-députée Monica Chuji a accusé le président d’être raciste : « Je réaffirme que les mots, les gestes et les actions du Président le caractérisent comme un raciste. Traiter les leaders indigènes de ‘culottés’, ‘réacs’ et de ‘ponchos dorés’ sont des expressions racistes. Utiliser le kichwa pour des intentions démagogiques et ensuite nier son officialisation est une attitude raciste. Minimiser la population indigène équatorienne en la réduisant à un vote dans les urnes est une attitude raciste » [9]

Bien qu’il soit important que le conflit ait été désactivé, d’autant que le précédent du massacre de Baguá [10], au Pérou, avait fait craindre le pire, les différences sont encore importantes. Pepe Acacho, président de la Fédération Shuar (de l'Amazonie) n'est pas d’accord avec les résolutions : « Nous avons lutté huit jours et il n'est pas juste que nous n’ayons pas obtenu que Morona Santiago soit déclarée province écologique, libre de toute exploitation minière et pétrolière » [11].

Le modèle de pays comme problème

La nouvelle Constitution équatorienne est l'une des plus avancées au monde en matière d'environnement, au point qu’elle définit la nature comme sujet de droit. La Constitution a été adoptée le 28 septembre 2008 par 64% des Équatoriens lord d’un référendum populaire. « La nature ou Pacha Mama, où la vie se reproduit et se réalise, a le droit que soit respecté pleinement son existence et le maintien et la régénération de ses cycles vitaux, de la structure, des fonctions et des processus d'évolution », dit l'article 71 consacré aux "Droits de la Nature".

Le problème est l'exploitation minière à ciel ouvert sur laquelle le gouvernement Correa a fortement misé. Alberto Acosta, fondateur du mouvement Alianza País qui ont conduit Correa à la présidence, et ancien président de l'Assemblée constituante, brandit un discours très proche des mouvements indiens : « La loi minière adoptée après la Constitution, menace la Carta Magna [****]. C'est le problème de fond. A quoi le devons-nous ? Sans aucun doute aux incohérences d’un gouvernement qui mène encore des politiques manifestement inspirées par la gestion néo-libérale, qui représente encore les intérêts économiques des groupes les plus traditionnels » [12].

Acosta affirme que les gouvernements progressistes d’Amerique du Sud « n'ont pas discuté ou remis en question le modèle "extractiviste" » même « les plus avancés » comme le Venezuela, la Bolivie et l'Équateur. À son avis, la croyance solide que « grâce à l'extraction des ressources naturelles nous allons trouver le chemin du développement » a empêché jusqu'à présent de dépasser ce modèle et, par conséquent, de rechercher « une nouvelle forme d'intégration dans le marché international ».

Un second problème est Correa lui-même. Acosta indique qu'il est entré recemment dans la vie politique en 2005, quand en Equateur se succèdent les révoltes indiennes depuis 1990. Il a tendance à penser en termes personnels : « Il assume le rôle de porteur de la volonté politique collective, et ne se rend pas compte qu'une grande partie du processus historique antérieur est ce qui explique les résultats positifs de Correa et Alianza País ». L’absence de structure, mouvement ou parti, conduit Correa, selon Acosta, à ne pas comprendre « qu'il est là, à la présidence, grâce  à tous les efforts déployés par la société équatorienne.» [13]

L'économiste Pablo Davalos coïncide avec cette approche mais il croit également que le gouvernement de Correa continue d’être néo-libéral. Le capital est aujourd'hui devant la nécessité de « relier les territoires avec le tourbillon de la spéculation financière » comme un moyen de surmonter la crise [14]. Les mouvements ont déclaré les régions amazoniennes et méridionales de Zamora et de Morona comme des territoires libre de toute exploitation minière. La collision avec les compagnies minières multinationales semble inévitable.

Dans le gouvernement Correa, et c'est un point essentiel, il y a des membres éminents de la droite ainsi que dans le parti qui le soutient, Alianza Pais. En conséquence conclut Davalos, au-delà des déclarations sur le socialisme et la révolution, le mouvement de Correa fait partie de la « dérive du post-néolibéralisme, c'est à dire comme une continuation du néolibéralisme, mais sous les modalités de la dépossession territoriale et des ressources et de la déterritorialisation de l'Etat. »

L'alternative la plus sérieuse semble être le projet ITT, visant à laisser le pétrole dans le sol et à chercher un autre modèle de développement [15]. ITT est un sigle formé par le nom de trois puits d'exploration forés dans la zone du parc Yasuni en Amazonie (Ishpingo, Tambococha et Tiputini). Au milieu de l’année 2009, le gouvernement de Correa a repris à son compte le projet élaboré par Acosta quand celui-ci était ministre de l'Énergie et des Mines. La proposition est de ne pas exploiter le pétrole comme contribution de l'Équateur à la lutte contre le réchauffement climatique.

Les réserves ITT représentent 20% des réserves totales de pétrole du pays. L'économie équatorienne est basée sur le pétrole: 22% du PIB, 63% des exportations et 47% du budget de l'Etat dépendent du pétrole. Mais ici réside également la force de la proposition : elle permettrait d'éviter l'émission de 410 millions de tonnes de CO2 freinerait la déforestation et la pollution, et serait une grande contribution au développement d’une économie post-pétrolière.

En contrepartie, le gouvernement de l'Équateur a demandé à la communauté internationale une compensation équivalente à 50% des revenus qui pourraient être obtenus si ce pétrole était exploité. Le parlement et le gouvernement allemand ont répondu favorablement en fournissant 50 millions par an au cours des treize années de dureraient les bénéfices tirés de ces puits. La Norvège et la Communauté de Madrid ont donné des signaux positifs.

Alors que beaucoup sont impliqués dans ce projet qui représente une révolution écologique, Acosta fait valoir qu’il « a vu le jour à partir des luttes de résistance des peuples autochtones, en particulier dans le sud-centre de l'Amazonie qui visaient à empêcher que l’activité pétrolière s’étende jusqu’à leurs territoires ainsi que les groupes de colons métis dans le nord de l'Amazonie et les peuples autochtones touchés par l'activité de la compagnie Chevron. »[16]


Notes

1    Entretien avec Carlos Pérez.
2    Ricardo Buitrón, El Telégrafo, op. cit.
3    Voir la conférence de presse sur en www.youtube.com/watch?v=tN3x3vE1jfE.
4    Communiqué de Ecuarunari dans  Ecuachaski du 17 septembre 2009.
5    Agence AFP, Quito, 25 septembre 2009.
6    "Noticias del Levantamiento en Defensa del Agua-1" à : www.accioecologica.org.
7    El Comercio, Quito, 3 octobre 2009.
8    El Comercio, 6 octobre 2009.
9    Déclarations du 11 octobre sur : http://ukhamawa.blogspot.com.
10    Voir "Masacre en la Amazonia: la guerra por los bienes comunes" sur http://www.ircamericas.org/esp/6181.
11    El Comercio, 6 octobre 2009.
12    Entretien avec Alberto Acosta, 6 septembre 2009.
13    Idem.
14    Pablo Dávalos, op. cit.
15    Matthieu Le Quang, entretiens avec Alberto Correa; Alberto Acosta, Eduardo Gudynas, Esperanza Martínez et Joseph H. Vogel, "Dejar el petróleo en tierra para el Buen Vivir: Elementos para una propuesta política, económica y ecológica para la iniciativa de no explotación petrolera en la Amazonia de Ecuador," Programa de las Américas Informe de la política (Washington, DC: Center for International Policy, 7 de julio de 2009): http://www.ircamericas.org/esp/6238.
16    Idem

NdT
* La Minga communautaire est le terme indigène pour travail collectif, communautaire, bénévole. Depuis ces dernières années, Minga signifie aussi moment de résistance, de mobilisation collective pour la défense des communautés. 
[**] Le préambule de la nouvelle constitution de l’Équateur invoque la Pachamama, Dieu, Simón Bolívar et le général Eloy Alfaro et s’engage à « construire une nouvelle forme de coexistence citoyenne, dans la diversité et en harmonie avec la nature, pour atteindre le bien vivre, le sumak kawsay ». Les droits au « Sumak Kawsay », un concept issu de la culture quechua, sont déclinés dans le chapitre 2 de la constitution : droit à l’eau comme bien commun inaliénable, droit à la  souveraineté alimentaire et énergétique, préservation des écosystèmes et de la biodiversité…
[***] Le “Informe semanal de los sabados“ est une émission de télévision hebdomadaire, relayée sur des chaînes de radio, d’une durée de 2h30 environ, dans laquelle Correa fait son “rapport hebdomadaire” aux téléspectateurs sur ce qu’il a fait dans la semaine écoulée. 
[***] Carta Magna = Constitution

Raúl Zibechi est analyste international pour l’hebdomadaire Brecha de Montevideo, professeur et chercheur sur les mouvements sociaux à la Multiversidad Franciscana de América Latina et conseiller auprès de plusieurs groupes sociaux. Il écrit le « Rapport mensuel de Zibechi » pour le programme de las Américas (www.ircamericas.org).

Ressources

Acción Ecológica: www.accionecologica.org.
Confeniae (organización indígena de la Amazonia): www.confeniae.org.ec.
Ecuarunari (organización indígena quichua): www.ecuarunari.org.
Proyecto de Ley de Recursos Hídricos, Uso y Aprovechamiento del Agua (República del Ecuador). *
Ley de Aguas para el Buen Vivir (CONAIE).**
Alberto Acosta, Eduardo Gudynas, Esperanza Martínez y Joseph H. Vogel, "Dejar el petróleo en tierra para el Buen Vivir: Elementos para una propuesta política, económica y ecológica para la iniciativa de no explotación petrolera en la Amazonia de Ecuador," Programa de las Américas Informe de la política (Washington, DC: Center for International Policy, 7 de julio de 2009): http://www.ircamericas.org/esp/6238.
Pablo Dávalos, "Levantamiento indígena y revolución ciudadana: los impasses del posneoliberalismo", www.alainet.org 10 de octubre de 2009.
Raúl Zibechi, entrevista personal a Carlos Pérez Guartambel, Cuenca, 22 de mayo de 2009.
Ricardo Buitrón, "Comentarios al 29 de setiembre" sobre Ley de Aguas.***
Ricardo Buitrón, "Si el río suena", El Telégrafo, 13 de octubre de 2009, en www.telegrafo.com.ec.
Yasser Gómez, "Los gobiernos progresistas de Suramérica no han puesto en tela de juicio la validez del modelo extractivista", entrevista a Alberto Acosta en revista Mariátegui, 6 de setiembre de 2009 en http://mariategui.blogspot.com.

= = =
Article traduit par : OCL
Publié sur : http://oclibertaire.free.fr/

Texte original : http://www.ircamericas.org/esp/6510

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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 21:57

 

Cet article a perdu à la fois son actualité et sa pertinence pour 3 raisons :

1°/ Hapoel a cessé toute activité après une assez longue période consacrée à souhaiter les fêtes juives et à demander vengeance pour Ilan Halimi (ce qui n'est pas un mal en soi, ce sont vraiment des pourritures ceux qui ont tué Ilan Halimi, du même bois mi-crapuleux/paumé mi-"islamiste" dont on fait aujourd'hui les commandos de Daesh).

2°/ Hapoel n'était pas "bundiste", comme nous avions pu l'analyser "à l'emporte pièce" à l'époque, mais bien "SIONISTE MASQUÉ" dans le sillage de ses maîtres du 'p''c''mlm' et de leur totale ambigüité (logique quand le gourou est un ancien du Betar...) sur la question du sionisme, de la Palestine etc. etc. Ses anciens membres "zonent" désormais sur les réseaux sociaux en s'assumant "sionistes de gauche", expliquant que "le sionisme ne peut se résumer à l'actuel État d'Israël, à vrai dire il est même mort avec la naissance de celui-ci en 1948" (!!!), vomissant la (grande) majorité des antifascistes qui sont solidaires de la Palestine etc. etc. Une raison de la disparition du site pourrait d'ailleurs être le virage ouvertement "républicain" et "anti-communautariste" pris par le combat du 'p''c''mlm' contre l'antisémitisme (et l'antisionisme, et le "fondamentalisme" musulman, et autres "barbaries" face auxquelles il se veut le "gardien de la civilisation")... virage incompatible bien sûr avec un tel sionisme assumé.

3°/ Nous ne sommes plus aussi catégoriquement qu'avant sur la position "classique" du marxisme-léninisme vis-à-vis du bundisme. C'est le cas par exemple lorsqu'un connard prétendument "maoïste" (pas 'p''c''mlm', non non, l'engeance pseudo-"maoïste" a encore vu naître un nouvel avatar ; nous ne déballerons pas ici la totalité des dizaines de mails échangés dans lesquels il s'affirme "MLM" tout en rejetant... l'universalité de la Guerre populaire, s'en prend à nos positions sur la Libération révolutionnaire des Peuples à coup de contre-vérités qui ont bien fait rigoler non seulement nous mais divers représentants des Peuples en question, pour finir par nous traiter... de "bundistes" justement, entre moultes insanités virilistes) nous explique doctement que "Tout révolutionnaire communiste doit s’opposer à la conception d’un parti du prolétariat organisé sur la base de la race, autrement dit s'opposer au bundisme"... Occasion, vous en conviendrez, d'un GRAND LOLILOL lorsque l'on sait que "tout révolutionnaire communiste" authentique et conséquent, aux États-Unis comme ailleurs, reconnaît et DÉFEND l'expérience et l'héritage du Black Panther Party... qui était un "parti organisé sur la base de la race". Reconnaît et défend un tel parti... car jugé nécessaire et pertinent dans la réalité concrète des États-Unis d'Amérique (pour éviter que les schémas de domination blanche ne se reproduisent, justement, dans un Parti "non-fondé sur la base de la race"...). "Tout révolutionnaire communiste" authentique et conséquent DÉFEND PAR PRINCIPE un "parti sur la base de la race" lorsque celui-ci est jugé pertinent dans la réalité sociale concrète - ou alors, il faudra venir nous expliquer (et surtout l'expliquer... à eux) que la quasi-totalité des maos et ML un-peu-conséquents d'outre-Atlantique ne sont pas des révolutionnaires communistes mais des "trous du cul d'bundistes".
Ce qu'il s'est passé avec le Bund, c'est tout simplement que les bolchéviks n'ont pas jugé nécessaire et pertinente l'idée d'un Parti spécifique pour la minorité juive ; minorité PARTOUT dans un corridor allant de la Mer Noire à la Baltique et non nationalité bien délimitée sur un territoire précis... EXACTEMENT comme les Noirs aux États-Unis. Telle était la position des bolchéviks (en plus du fait que le Bund se soit totalement lié aux positions de Kautsky, devenu révisionniste à partir de 1914 et finalement opposant à la Révolution d'Octobre, et de l'austromarxisme qui a suivi plus ou moins la même trajectoire)... et cette position a gagné la lutte de lignes au sein du mouvement révolutionnaire de l'Empire russe et s'est donc imposée (logiquement puisque la révolution a été dirigée par les bolchéviks). Était-elle pour autant JUSTE ? En vérité... nous ne savons pas. Ce que nous pouvons constater objectivement aujourd'hui c'est qu'elle n'est pas particulièrement brandie ni exaltée par les personnes se réclamant du léninisme, à quelques exceptions près comme notre connard ou (dans un article) le 'p''c''mlm' (donc des cas relevant un peu de la psychiatrie, sans vouloir être méchants). Ce n'est pas vraiment une "victoire idéologique" dont le mouvement communiste se "targue" aujourd'hui lorsqu'il aborde la question des Juifs et de l'antisémitisme à cette époque (première moitié du 20e siècle on va dire). Un autre fait objectif, il est vrai, c'est qu'en contrepartie de cette position (jusqu'au début voire au milieu des années 1930 en tout cas) le pouvoir soviétique a multiplié les "gestes" en direction de la minorité juive d'URSS, dont la condition n'avait clairement plus rien à voir avec l'avant-révolution (pour l'immense majorité, en tout cas, qui était de classe populaire). Le pogrom qui planait sur elle comme une épée de Damoclès sous le tsarisme était désormais puni de mort ; et la culture yiddish (presse, littérature, théâtre etc.) fleurissait dans toutes les villes abritant une communauté importante.
Ensuite, comme nous l'avons dit, à partir du milieu des années 1930 (début des "Grandes Purges") la direction de Staline a commencé à réprimer plus sévèrement ce qu'il restait du bundisme (déjà non-officiel, comme tout parti autre que le PCbUS) et à étouffer l'expression culturelle yiddish... ce dont nous interrogions déjà la pertinence dans cet article de 2010. Ceci pourrait-il être compté au rang de l'"élargissement du cadre de la répression" que Mao reproche à Staline dans sa critique de celui-ci ? De quoi les bundistes étaient-ils accusés ? D'"hitléro-trotskysme" (accusation "bateau" à l'époque) ? Si tel est le cas, l'attitude héroïque du parti (qui continuait à exister en Pologne et dans d'autres pays) face aux fascismes, au nazisme et la Shoah suffit à tourner en ridicule cette accusation. Le sionisme, qui souhaitait transférer les Juifs d'Europe en Palestine, pouvait se concilier avec l'antisémitisme nazi ; mais pas le bundisme qui voulait que des Juifs askhénazes vivant libres et démocratiquement en tant que tels dans leur Yiddishland d'Europe de l'Est.
Donc voilà : HÉTÉRODOXES assumés et PENSANT AVEC NOTRE TÊTE, nous ne sommes plus aussi catégoriquement (encore que nous l'étions déjà pas tout à fait) sur la position anti-Bund du marxisme-léninisme classique. C'est dit et dit clairement...

 

Hapoel Ha Antifashisti (le Travailleur Antifasciste en hébreu, curieuse appelation sachant que l'hébreu est peut-être la langue liturgique, mais en aucun cas la langue "culturelle" d'aucun juif de France, qui sont de culture yiddish, judéo-espagnole (sefarad) ou arabo-berbère) est un groupe qui s'est créé dans la mouvance "antifasciste" autour du PCMLM.

Ils se décrivent comme organisation antifasciste, MLM, de la "minorité nationale juive de France".

Curieuse organisation, et à la vue de leur site constellé d'étoiles de David, les abrutis de tous bords auront pour premier réflexe de dire "ils sont sionistes"... Et de les conforter ainsi dans leur logique.

Mais les abrutis seraient bien avisés, d'abord d'apprendre à lire, ensuite d'apprendre l'Histoire.

Hapoel est clairement, dans toutes ses prises de position sur le sujet, hostile au sionisme. Connaître l'Histoire et en particulier l'Histoire du mouvement ouvrier permet de les rattacher à une autre tradition.

Par son approche communautariste des questions de notre époque, Hapoel évoque une organisation qui a marqué la première vague de la révolution mondiale : le Bund.

Le Bund était une organisation marxiste, de son vrai nom Union des Travailleurs Juifs de Pologne, Lituanie et Russie.
Son champ d'action était donc initialement l'Empire russe (qui comprenait la Pologne et les pays baltes).

Il s'est opposé, très tôt, au Parti bolchevik de Lénine, par une vision communautariste de la question nationale dans les empires multinationaux d'Europe à cette époque.
Pour le Bund, le parti révolutionnaire de l'Empire russe devait comprendre des sections de chaque nationalité, y compris lorsque le développement du capitalisme en Russie faisait cohabiter ces nationalités sur un même territoire. Ainsi le parti, dans telle ville, devait comprendre une section russe, une section juive ashkénaze, une section finnoise, une section polonaise, une section géorgienne, etc.

Cette vision fut combattue vigoureusement par Lénine, et par Staline.

En tant que maoïstes, nous nous revendiquons d'une approche plutôt critique de Staline. Mais nous considérons que les ouvrages théoriques de Staline, surtout du vivant de Lénine, font partie intégrante de la théorie marxiste-léniniste.

Et si il y a un ouvrage phare de Staline, et du marxisme-léninisme, c'est bien Le Marxisme et la question nationale.

Or,  cet ouvrage est construit comme une démolition en règle des thèses du Bund !!!

De fait, le bundisme sera réprimé par Staline, principalement dans les années 30. On peut discuter de la pertinence, de la proportionnalité de cette répression, comme de beaucoup de répressions sous Staline. On peut aussi considérer que, dans un pays assiégé, allant droit vers une guerre d'extermination par ses ennemis, l'activité fractionniste du Bund constituait une menace.

Sur le plan pratique, le Bund était violemment, physiquement, anti-sioniste. Et il a joué, au contraire des sionistes (surtout les sionistes de droite, jabotinskystes) un rôle héroïque dans la lutte antifasciste, principalement dans les ghettos d'Europe orientale.

Sur ce plan là donc, rien à redire.

Si l'on revient à Hapoel, ils sont donc antifascistes (c'est leur raison d'être) et clairement antisionistes. Mais ils se conçoivent, tout aussi clairement, comme une section juive de l'"Action Antifasciste" constituée autour du PCMLM (et concentrée sur la région parisienne).

Cette conception est clairement bundiste.

Nous considérons, suivant en particulier les analyses des communistes afro-américains, que quand une minorité dans un pays impérialiste subit une oppression "reflet" de la domination impérialiste sur son pays (ou continent) d'origine (mais nous ne considérons pas que les juifs de France sont dans cette situation), le "communautarisme" (terme bourgeois) en tant qu'organisation par soi-même pour soi-même, est une étape nécessaire contre "l'intégrationnisme" bourgeois, qui cherche à en faire des "bons petits soldats" de la Patrie et du Capital.

C'est le cas des Noirs et des Mexicains aux Etats-Unis, véritables "colonies intérieures", et dans une certaine mesure, des Maghrébins, Africains, Antillais ou Turcs en France.

Mais c'est seulement une étape. Les Black Panthers, les mouvement "chicanos" américains ont toujours été très clairs sur ce point.

Le "communautarisme" peut jouer un rôle progressiste, mais la révolution ne peut venir que de son dépassement, de l'union de tous les prolétaires, de toutes les "cultures" et "origines", dans le parti révolutionnaire du peuple.
En France, où les quartiers populaires ne présentent pas le caractère "ethnique" très net qu'ils ont aux USA, c'est à la fois particulièrement possible et particulièrement nécessaire.

Même très claire sur nombre de points, comme l'était le Bund, une organisation révolutionnaire sur une base communautaire peut toujours (très facilement) se retourner en son contraire, en une force objectivement réactionnaire. Tout simplement parce qu'elle ne préfigure pas la disparition des "barrières", nationales, "ethniques" ou confessionnelles, comme un parti d'avant-garde devrait le faire.

Hapoel veut organiser la résistance antifasciste, tâche de première importance à notre époque, sur une base communautaire. Cela, alors même que la PCMLM dont il se réclame est extrêmement dur avec les Indigènes, le MIB, le FSQP et autres formations par lesquelles le prolétariat multi-origines des quartiers (maghrébin, africain, antillais etc.) prétend s'auto-organiser, ce qui pourtant dans leur cas serait 100 fois plus justifié (et progressiste) !!!

Nous ne savons pas où il vont, et ne prétendons pas le savoir, mais nous pensons qu'ils font fausse route. En tout cas, ils se rattachent à une tradition qui n'est pas celle du marxisme-léninisme, donc pas celle du maoïsme.

Bien entendu, tout droit de réponse sollicité sera accordé, dans les limites bien sûr de ce que la critique franche et ouverte autorise.
 

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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 19:21

Pas de procès pour l'antifascisme !

10, 100, 1000 ronde populaires antifascistes et antiracistes !!!

L'irruption policière du 11 octobre au Cercle du 1er Mai, les arrestations et la campagne de criminalisation qui se sont ensuivies sont la réponse des autorités politiques et judiciaires, gouvernement, préfecture et préfecture de police, à l'organisation légitime des communistes, des antifasciste, des anarchistes et des démocrates pour faire front et repousser la mobilisation réactionnaire, la réhabilitation du fascisme et les rondes racistes promues par le gouvernement de la bande Berlusconi.

La bande de racistes, fascistes, mafieux et spéculateurs qui siège au gouvernement est en train de promouvoir le racisme et la guerre entre pauvres.
Dans toute l'Italie l'approbation du "paquet sûreté" [lois sécuritaires NDLR]  fomente la naissance, le renforcement et le développement de nouveaux escadrons fascistes, qu'ils s'appellent rondes padane, volontaires verts, rondes noires, garde nationale, SSS : dans toute l'Italie les formations fascistes et réactionnaires secondent la police et les carabiniers dans les "sales besognes": chasse aux immigrés pauvres, aux homosexuels, aux musulmans, aux roms, aux jeunes de gauche.

Le 25 juillet dernier, à Massa, la première ronde Prolétaire Antifasciste a chassé à coups de pied dans le cul les rondes fascistes SSS et la résonnance de cette initiative a contraint le maire à les mettre hors la loi.
Les camarades de Massa ont montré qu'avec l'organisation et la mobilisation populaire il est possible de repousser la vague réactionnaire et de la retourner contre ceux qui la promeuvent et la soutiennent.

La 11 octobre à Pistoia était en train de se dérouler une réunion pour coordonner différentes forces et organismes avec l'objectif de développer sur une échelle régionale cette expérience.

En admettant que l'attaque au siège de la Casa Pound ait effectivement quelque chose à voir avec les arrestations des camarades, il s'agit en chaque cas d'un prétexte que la préfecture de police a utilisé pour écraser à la naissance l'organisation et la mobilisation pour développer le contrôle populaire du territoire, la vigilance antifasciste et antiraciste, les rondes populaires.
La meilleure réponse à cette provocation est de continuer sur la voie de la coordination, étendre la mobilisation, créer 10, 100, 1000 rondes antifasciste populaires et antiracistes, pour barrer la route à la mobilisation réactionnaire et enlever toute possibilité d'action politique à ceux qui fomentent la guerre entre pauvres, le racisme, l'homophobie.

C'est légitime, même si pour les patrons, leur gouvernement, leurs tribunaux et leurs agents c'est illégal!

Il est juste et légitime de s'organiser et de se mobiliser pour fermer les sièges des fascistes, pour les empêcher de s'installer comme foyers d'infection dans les quartiers populaires, pour leur empêcher d'attaquer les immigrés, les homosexuels et les camarades, de prendre d'assaut les sièges et cercles du mouvement communiste, ouvrier et anarchiste.

Le seul et vrai crime le commet celui qui permet que les repaires fascistes s'ouvrent dans nos villes, le vrai crime le commet celui qui les défend au nom de la "démocratie", comme si le fascisme était une opinion comme une autre, alors que la Constitution interdit la propagande et l'organisation des fascistes!

Le vrai crime est en train de le commettre, celui qui a exprimé et exprime sa solidarité aux racistes et squadristes de la Casa Pound, condamne l'attaque de leur siège et le qualifie de  "fait grave", pendant qu'il ferme les yeux sur les sbires de la préfecture de police qui ont séquestré trois camarades antifascistes:  Alessandro Della Malva en prison, Alessandro Orfano et Elisabetta Cipolli aux arrêts domiciliaires.

Faire front à la crise et barrer la rue au racisme et au fascisme est possible!

Avec l'implication populaire, la coordination, la mobilisation et la lutte!

Pour faire face aux effets de la crise de manière conforme aux intérêts des masses populaires et contrer la mobilisation réactionnaire, les organisations syndicales, les collectifs et les coordinations de travailleurs, d'étudiants, de femmes et d'immigrés doivent construire leur propre gouvernement, un gouvernement de Bloc Populaire qui traduise en pratique les mesures simple et nécessaires:

Aucune usine ne doit être fermée! Aucun(e) travailleur(se) ne doit être licencié(e) !

À chaque adulte un travail utile et une vie digne, à chaque usine tout ce qui lui sert pour fonctionner!

C'est la seule solution réaliste et constructive pour faire face à la crise et pour accueillir les revendications des millions de prolétaires qui sont en train de se mobiliser pour défendre les emplois et qui ont tout à perdre de la guerre entre pauvres, du squadrisme et du racisme.




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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 18:36

Manifestation historique à Donostia samedi 17 octobre

25 10 2009 (CSPB)
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre l'arrestation de dix dirigeants et membres de la gauche indépendantiste à l'appel des syndicats basques.

Cette manifestation fait suite à l'opération policière, ordonnée par le juge Garzon, ayant conduit à l'arrestation de dix membres de Batasuna et l'incarcération de cinq d'entre eux, dont le porte-parole A. Otegi.

Cette manifestation a réuni pour la première fois depuis la fermeture du quotidien Egunkaria, l'ensemble du mouvement politique et syndical abertzale ainsi qu' Ezker Batua (Izquierda Unida) [Parti Communiste Espagnol (réformiste) + écologistes NDLR].

Les organisations abertzale et celles de la gauche espagnole ont convergé pour dénoncer une «impulsion politique» derrière l'action judiciaire et voir en celle-ci un «obstacle à la paix».

Le parti socialiste [PSOE - au pouvoir en Communauté Autonome Basque depuis le printemps dernier, élection où tous les partis abrtzale ont été invalidés NDLR] a quant à lui dénoncé la présence du PNV dans la manifestation et l'a appelé, par la voix de son secrétaire général en Bizkaia Jose Antonio Pastor à choisir entre Dieu et le diable.

 

[Donostia = San Sebastian, à 20 km de la frontière d'Hendaye]

 


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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 17:50

(Article en italien) Traduction Servir Le Peuple.

Mercredi 21 octobre 2009

AFGHANISTAN :

Troupes d'occupation dehors !
Assez de l'OTAN !
La Résistance est légitime !!!

Il y a huit ans que Bush, après avoir défriché le terrain avec une campagne genocidaire de bombardements, donna le signal de l'invasion de l'Afghanistan.
Baptisée du nom prétentieux d'"Enduring Freedom" et déguisée en mission humanitaire, avec l'alibi de la lutte contre le terrorisme, elle obtint tout de suite l'aval des Nations Unies et l'implication de l'OTAN.
Quel type de "démocratie durable" a été exporté, est là sous les yeux de tous. Pour permettre au fantoche Karzai de rester en selle, l'aide des troupes mercenaires aguerries ne suffit pas, il a encore fallu maquiller les élections récentes avec des manipulations à l'échelle industrielle.

Bien différents étaient les buts réels de l'invasion.

L'Afghanistan est considéré par les stratèges américains comme un pays indispensable pour contrôler une aire géopolitique dont dépend l'avenir des ambitions impériales américaines. 
Les occupants ont cependant vendu la peau de l'ours un peu vite. L'Afghanistan est infesté d'afghans qui n'ont  aucune intention de se soumettre, qui considèrent les occupants "libérateurs" et leur démocratie comme une tyrannie, qui ne veulent pas succomber et combattent indomptablement, malgré l'infériorité numérique, pour chasser les troupes d'occupation.

Effrayé à l'idée que l'Afghanistan puisse devenir un autre Vietnam, que la Résistance puisse l'emporter sur l'OTAN et son administration, Obama a accru les troupes mercenaires en implorant que ses alliés en fassent autant. C'est une décision scandaleuse que de l'avoir décoré du Prix Nobel de la paix.
Pendant que les afghans doivent faire face à une guerre sans merci, l'opinion italienne et occidentale en subit une plus insidieuse, celle de la propagande.
Aux ordres du parti bi-polaire-droite-gauche, les médias ont mis en oeuvre un lavage de cerveau systématique au double objectif, de dépeindre l'invasion comme une mission charitable et de diaboliser la légitime Résistance.

De même que les afghani ont le droit de résister, nous citoyens occidentaux avons le devoir de nous défendre de l'intoxication informative, le devoir de dire la vérité, que n'est pas le peuple afghan qui menace notre liberté et la paix mondiale mais l'arrogance des États-Unis, alimentée par la sujétion des classes dirigeantes européennes.

FLORENCE Samedi 31 octobre, 10 heures
Salle du dopolavoro ferroviaire de S. Maria Conte, 4 via Alamanni

RENCONTRE NATIONALE
Intervenants :  Abdullah A. Salah (Afghanistan), Franco Cardini, Domenico Losurdo,
Massimo Fini, Fernando Rossi, Leonardo Mazzei


Introduction Moreno Pasquinelli

Pour adhésions et renseignements:
tél. 347 7815904 - e-mail via_dall_afghanistan@libero.it

La rencontre est soutenue par le Camp Anti-Imperialiste

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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 17:37
Où va la CGT ?

Un candidat contre Thibault au 49ème Congrès !

La réunion annoncée pour le 24 s'est finalement tenue, un peu "à l'arrache", certains camarades ne s'étant pas redéplacés juste après le retour de la manifestation de jeudi. Une grosse quarantaine de personnes, c'est peu d'une certaine manière, mais il y avait là des représentants de syndicats assez divers.
Des syndicats dans l'attente, une mozaïque d'oppositions éparpillés, chacun dans son coin, avec la difficulté de se retrouver "Tous ensemble" contre la direction confédérale, un peu à l'image de la manifestation de Jeudi. Pourtant nous sommes tous d'accord : il y a urgence. la situation économique ne cesse de se dégrader, et la dérive réformiste de notre direction confédérale ne cesse de s'accentuer. Il ne suffit plus de conspuer Thibault, il faut proposer une alternative !

Aussi, la discussion a été intéressante et constructive.
Sur la base de l'attente et de l'éparpillement que nous constatons tous, plusieurs initiatives ont été prises :
  • La mise en place d'une équipe nationale représentative des régions et des professions pour porter la voix de l'opposition dans la CGT
  • La réalisation d'une rencontre publique à Nantes, pendant le congrès confédéral, à l'image de la rencontre de Lille lors du 48ème Congrès. La région est moins favorable, et il va falloir que tous les camarades de l'Ouest, de la Bretagne à Bordeaux, en passant par La Rochelle, Cognac et Saintes (voire plus loin) se mobilisent pour l'occasion !
  • Et l'annonce de la candidature symbolique de Jean-Pierre Delannoy, secrétaire de la Métallurgie du Nord Pas de Calais, contre Bernard Thibault au poste de secrétaire général. Bien sûr, chacun sait que le secrétaire général est élu par la CEC, mais il y a le symbole que cela représente au regard des contradictions dans la confédération. Il y a eu débat dans la réunion sur l'opportunité de cette candidature. Certains jugeaient que les débats étaient encore insuffisants dans la CGT et qu'il fallait se contenter d'un porte parole. La majorité a jugé que l'heure était venue d'aller à l'affrontement, qu'il y avait besoin de matérialiser une orientation dans une personne, que c'était aussi quelque part un moyen de protéger le camarade, car on le sait, l'ambiance est tout sauf fraternelle dans la CGT...
  • Enfin, cette candidature n'a de sens que portée par une orientation, qui pour être minimum doit quand même démarquer sur un contenu. Nous avions abordé la question dans un article précédent, l'idée n'est pas de faire un catalogue complet, mais d'avoir une base à la fois minimum et qui démarque, permettant de regrouper. Pas non plus d'aller dans le détail de chaque revendication, mais de tracer quelques grands axes bien clairs et symboliques pour nos camarades de la CGT.
Immédiatement après la rencontre, une conférence de presse avait lieu, et ce dimanche matin même, la candidature de JP Delannoy contre Bernard Thibault était annoncée à la radio.
Maintenant, le sort en est jeté, il faut y aller. Depuis des mois sur ce blog, nous disons qu'il faut sortir du débat de couloirs, qu'il faut sortir du bois et regrouper les opposants, que l'heure est à l'affrontement ouvert et pas à se faire laminer les uns après les autres.
La meilleure protection est justement dans l'affrontement public.


Aussi le blog "Où va la CGT ?" alerte solennellement tous ses lecteurs, les dizaines de syndicats qui s'intéressent au débat, à l'évolution de la confédération, qui viennent chercher sur ce blog des éléments pour le débat.

Nous le disons, maintenant, il faut y aller. Que chaque camarade intervienne dans les structures, fasse connaître cette candidature symbolique pour forcer le débat d'orientation qui a tant de mal à s'engager.

Que chaque camarade, chaque syndicat fasse voter des résolutions pour soutenir cette candidature. Que chaque délégué au Congrès soit interpellé pour mener ce débat. Que tous les syndicats préparent le déplacement à Nantes dans la deuxième semaine de décembre, pour faire de la rencontre d'opposition un succès.

Nous ne sommes pas tous d'accord entre nous. Mais il y a une base minimum qui nous réunit.
  • Le constat que l'offensive du capital se mène sur tous les fronts (précarité, emploi, restructurations des services publics, sans-papiers, répression...) et que la riposte ne peut être que globale.
  • Le rejet des journées bidon et la nécessité d'une contre offensive d'ampleur  contre le capital.
  • La nécessité du "Tous ensemble" contre l'éparpillement, le cas par cas et la division.
  • L'affirmation de la démarcation entre le syndicalisme de lutte de classe et le syndicalisme d'accompagnement.
  • L'affirmation que la direction confédérale s'est rangée dans le camp de nos ennemis, et que ce n'est plus possible de continuer (ce que nous disons ainsi pour notre part sur ce blog : "des ennemis qui se cachent, pas des amis qui se trompent")
Il y a quelques revendications essentielles qui nous réunissent, parfois avec des nuances et des désaccords, mais qui font quand même un socle qui nous est commun :
  • L'arrêt de tous les plans sociaux, et l'interdiction de tous les licenciements,
  • Un SMIC à 1600 € nets,
  • Une véritable retraite à 55 ans avec 37 ans ½ de versement calculé sur les 10 meilleures années, 50  ans pour les salariés exerçant des travaux pénibles…
  • La régularisation sans condition de tous les sans-papiers
  • Halte à la répression anti-syndicale, solidarité avec les 6 de chez Conti
  • La défense de la santé, de l'éducation et des services publics contre les restructurations.
et peut-être quelques autres revendications.
Pour notre part, c'est de cette manière que nous soutiendrons la candidature de JP Delannoy et participerons à la campagne pour le 49ème Congrès.

Maintenant, un pas en avant a été fait, une étape est franchie.
Maintenant, il n'est plus possible de rester spectateur, à râler dans son coin.
Maintenant, il faut se déterminer, et choisir de quel côté de la barricade on se situe.

En avant camarades, à l'offensive !

"Et vous les gardes-chiourmes de la classe ouvrière
Vous sucrer sur not’e dos, ça ne vous gêne pas
Vos permanents larbins nous conseillent la belote
Et parlent en notre nom au bureau du patron
Votez, manipulez, recommencez Grenelle
Vous ne nous tromperez pas, maintenant ça marche plus
Il n’y a que deux camps, vous n’êtes plus du nôtre
À tous les collabos, nous on fera la guerre
!" (Dominique Grange, Les Nouveaux Partisans)
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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 17:31

Article de Bruno Jaffré sur le Thomas Sankara Website

Thomas Sankara, leader d’un authentique processus révolutionnaire

Bruno Jaffré

Cet article est la première version de l’article écrit pour publication dans le Monde Diplomatique d’octobre 1987, avant les coupures dues aux contraintes de la presse qui font que la longueur est imposée et peut changer au fur et à mesure que s’élabore le journal notamment. On trouvera l’article effectivement publié sous le titre ’Thomas Sankara et la dignité de l’Afrique" sur le site du Monde Diplomatique à l’adresse http://www.monde-diplomatique.fr/2007/10/JAFFRE/15202

SankaraMural.jpg

Le 15 octobre 2007, sera commémoré le 20ème anniversaire de la mort de Sankara dans de nombreux pays. Si Sankara reste largement méconnu hors de l’Afrique, il reste sur le continent dans bien des mémoires, comme celui qui disait la vérité, celui qui vivait proche de son peuple, celui qui luttait contre la corruption, celui qui donnait espoir que l’Afrique renoue avec la confiance, qu’elle retrouve sa dignité bafouée. Mais il était bien plus que cela : un stratège politique ayant dirigé jusqu’à la victoire un processus révolutionnaire, un président créatif, porteur de révolte, d’énergie, qui s’est engagé jusqu’au sacrifice suprême et enfin une voie qui porta haut et fort les revendications du tiers monde.

Une longue préparation

Sankara est né le 21 décembre 1949. Son père est revenu infirmier gendarme de la deuxième guerre mondiale dont il lui a rapporté l’horreur. Sa mère lui raconte les injustices dont se rendent responsables les Naabas, les chefs que les révolutionnaires appelleront les "féodaux". Aîné des garçons dans une lignée de douze frères et soeurs, il acquiert vite des responsabilités. A l’école où il côtoie les fils de colons et découvre l’injustice. Il sert la messe mais refuse in extremis de faire le séminaire et opte pour le collège puis entre au Prytanée militaire du Kadiogo en seconde.

C’est paradoxalement dans cette école militaire que Sankara va s’ouvrir à la politique. Adama Touré militant du PAI, parti africain de l’indépendance, marxiste convaincu y enseigne l’histoire avant d’être le directeur des études. Il poursuit sur sa formation à l’école militaire inter-africaine d’Anstirabé à Madagascar. En plus des cours de stratégies militaires et tout ce qui a trait à la formation d’officiers, l’enseignement y est pluridisciplinaire : sociologie, sciences politiques, économie politique, français, connaissance de la culture malgache, "sciences agricoles". Militaires les civils ensemble entreprennent  dans ce pays des changements radicaux et notamment la rupture avec la France. Il effectue une année supplémentaire de service civique et effectue de nombreux séjours en zone rurale au milieu de la population et y découvre une nouvelle fonction de l’armée au service des populations.

En 1974, lors de la première guerre avec le Mali, son nom commence à circuler après un exploit militaire. A sein de l’armée il entreprend de regrouper les jeunes officiers de sa génération, d’abord pour défendre leur conditions de vie, leur dignité d’officier alors que tout leur manque pour effectuer leur commandement dans de bonnes conditions, parfois jusqu’à l’eau potable. Puis la politique prend le dessus et ils créent avec ses amis une organisation clandestine au sein de l’armée. Dès 1977, il demande au PAI d’organiser une session de formation politique d’une semaine, tout en entretenant des relations étroites avec des militants d’autres organisations. Il lit beaucoup, de tout, questionne, approfondit, prend goût au débat politique. Son charisme joue le rôle de rassembleur. Son réseau s’étend au sein de l’armée plus souvent par la sympathie que dégage le personnage que par conviction politique.

Sankara, à force de persévérance, obtient la création et le commandement d’une unité de commandos d’élite à Po.

Un pays en crise

Après l’indépendance, se succèdent des périodes d’exception et de démocratie parlementaire. Ainsi, la Haute Volta est le seul pays de la région à élire un président, le général Lamizana, au deuxième tour en 1978. Il procède d’une gestion paternaliste et bon enfant de l’armée comme du pays mais doit affronter plusieurs fois une classe politique composée pour l’essentiel de partis issus du RDA  A gauche, seul le parti de l’historien Ki Zerbo participe aux élections, parfois aussi au pouvoir, tout en étant implantés dans les syndicats.

C’est durant cette période que vont être créées les conditions des évènements qui aboutiront à la révolution : une exacerbation de contradictions, un puissant mouvement populaire et la montée en puissance d’un militaire révolutionnaire charismatique.

Plusieurs phénomènes vont en effet évoluer en parallèle pour produire une situation explosive.

Les politiciens se complaisent dans les joutes parlementaires, délaissant les débats sur les moyens de sortir de la pauvreté et se coupent petit à petit des forces vives du pays constituées alors de la petite bourgeoisie urbaine, tandis les campagnes restent sous la coupe des différentes chefferies. L’armée se divise coupée en deux entre une jeune génération montante ambitieuse et des officiers plus âgés moins éduqués. Les officiers supérieurs qui dans un premier temps rétablissent les finances publiques après 1966 et imposent une rigueur dans la gestion, vont finir d’une part par prendre goût au pouvoir se déconsidérer dans les scandales financiers.

Une crise des finances publiques se développe à la fin des années 70, d’une part du fait de scandales financiers, d’une gabegie de dépense lors de campagne électorale, mais aussi à la suite de mouvement sociaux puissants qui veillent ce que les promesses d’augmentation de salaires soient tenues.

Cette période est celle aussi d’une intense activité politique extra parlementaire. Le PAI reste clandestin. Mais il profite des périodes de liberté d’expression pour mettre en place en 1973 une organisation autorisée, la LIPAD, Ligue Patriotique pour le développement, qui développe une activité publique : conférences, diffusion d’un organe de presse, animation en direction de la jeunesse dans les quartiers ou durant les vacances scolaires. Par ailleurs de nombreux étudiants ayant été formés dans les débats politiques passionnés de la puissante FEANF, ou s’affrontent les différentes obédiences se réclamant du marxisme léninisme rentrent au pays. Des scissions successives issues du PAI vont créer d’autres mouvements clandestins, notamment l’ULC, l’Union des Luttes Communistes et le PCRV (Parti Communiste révolutionnaire). Les syndicats, traversés par les luttes de tendance, prennent la tête de puissants mouvements revendicatifs ou politiques, comme par exemple pour lutte contre une constitution jugée trop liberticide.

Un premier coup d’Etat militaire intervient en novembre 1980, avec le soutien d’une majeure partie de l’armée après une succession de grèves. Il reçoit le soutien de l’opposition politique légale en particulier du parti du Ki Zerbo. Mais le nouveau pouvoir, bénéficiant pourtant d’une certaine popularité va rapidement découvrir un visage répressif obligeant des dirigeants syndicaux à entrer dans la clandestinité. Des officiers vont être mêlés à des scandales. Sankara qui a été nommé secrétaire d’Etat à l’Information démissionne en direct à la télévision prononçant cette phrase devenu célèbre : "malheur à ceux qui bâillonnent le peuple".

Une situation révolutionnaire

Lorsqu’intervient le coup d’Etat du CSP (Conseil du Salut du Peuple) en 1982, c’est une nouvelle fraction de l’armée qui se trouve déconsidérée mais aussi le parti de Ki Zerbo. Le clivage va rapidement se faire sentir entre ceux qui souhaitent le retour à des anciens politiciens en avançant comme objectif une vie constitutionnelle normale et les officiers révolutionnaires regroupés autour de Sankara qui fustigent l’impérialisme et les ennemis du peuples. Ces deux groupes d’affrontent d’abord politiquement au sein de l’armée et la nomination de Sankara comme premier ministre est une première victoire. Il en profite pour exacerber les contradictions au cours de meetings publics où il exalte la foule et dénonce "les ennemis du peuple" et "l’impérialisme".

Il est arrêté le 17 mai 1983, alors que Guy Penne conseiller Afrique de Mitterrand atterrit à Ouagadougou. Blaise Compaoré arrive à rejoindre les commandos à Po dont il a pris le commandement en remplacement de Sankara. Les civils entrent en scène, en particulier le PAI qui organisent des manifestations demandant la libération de Sankara et redoublent d’activité, et dans une moindre mesure l’ULC de Valère Somé en voie de reconstitution. Sankara a su se faire respecter non sans mal par des organisations civiles qui se méfient des militaires mais aussi par les militaires qui reconnaissent en lui l’un des leurs, un militaire fier de l’être, et ce bien au-delà de ses proches qui se sont organisés autour de lui depuis plusieurs années. Sankara libéré, toutes ces forces bien organisées restent en contact permanent et préparent la prise du pouvoir.

Après plusieurs reports, les commandos de Po, dirigé par Blaise Compaoré, montent sur la capitale le 4 août 1983. Les employés des télécommunications coupent les lignes, des civils attendent les soldats pour les guider dans la ville et participent à différentes missions. 

Un programme simple et ambitieux

Sankara a longuement préparé son accession au pouvoir. Il s’y est longuement préparé sans jamais oublié son objectif principal : "Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. Briser et reconstruire l’administration à travers une autre image du fonctionnaire, plonger notre armée dans le peuple par le travail productif et lui rappeler incessamment que sans formation patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance. Tel est notre programme politique.[1]"

Et la tâche est immense, la Haute Volta est alors parmi les pays les plus pauvres du monde[2] : " Le diagnostic à l’évidence, était sombre. La source du mal était politique. Le traitement ne pouvait qu’être politique.", après avoir donné quelques chiffres : "un taux de mortalité infantile estimé à 180 pour mille, une espérance de vie se limitant à 40 ans, un taux d’analphabétisme allant jusqu’à 98 pour cent, si nous concevons l’alphabétisé comme celui qui sait lire, écrire et parler une langue, un médecin pour 50000 habitants, un taux de scolarisation de 16 pour cent, et enfin un produit intérieur brut par tête d’habitant de 53356 francs CFA soit à peine plus de 100 dollars.[3]"

La théorie et la pratique

Sankara cache à peine ses influences marxistes mais il va vite comprendre que ceux qui se pressent autour de lui et se réclament du marxisme sont souvent bien loin de partager ses préoccupations de placer comme priorité l’amélioration des conditions de vie de la population.

Il regroupe autour de lui à la présidence près de 150 collaborateurs qu’il a minutieusement choisis, quelques idéologues mais surtout les meilleurs cadres du pays les plus motivés. Les projets ne vont cesser de fuser tandis qu’il impose en permanence des délais d’étude de faisabilité jugés souvent irréalisables. Sans doute faut-il voir là, l’origine du "pouvoir personnel" dont on l’accuse alors que d’autres reconnaissent la difficulté à argumenter contre lui. C’est qu’il était par ailleurs un bourreau de travail et qu’il préparait avec minutie ses dossiers avec ses collaborateurs.

Au-delà de ses influences idéologiques qui vont surtout le guider dans l’analyse du mouvement de la société et des rapports de domination au niveau international, la révolution s’entendait pour lui comme l’amélioration des conditions de vie de la population. Au plus fort de la crise politique il déclare à l’encontre de ceux qui prennent prétexte de divergences idéologiques pour comploter contre : "Notre révolution est et doit être en permanence l’action collective des révolutionnaires pour transformer la réalité et améliorer la situation concrète des masses de notre pays. Notre révolution n’aura de valeur que si, en regardant derrière nous, en regardant à nos côtés et en regardant devant nous, nous pouvons dire que les Burkinabè sont, grâce à la révolution, un peu plus heureux, parce qu’ils ont de l’eau saine à boire, parce qu’ils ont une alimentation abondante, suffisante, parce qu’ils ont une santé resplendissante, parce qu’ils ont l’éducation, parce qu’ils ont des logements décents, parce qu’ils sont mieux vêtus, parce qu’ils ont droit aux loisirs ; parce qu’ils ont l’occasion de jouir de plus de liberté, de plus de démocratie, de plus de dignité. Notre révolution n’aura de raison d’être que si elle peut répondre concrètement à ces questions…  La révolution, c’est le bonheur. Sans le bonheur nous ne pouvons pas parler de succès. Notre révolution doit répondre concrètement à toutes ces questions"[4].

Une rupture profonde, une authentique révolution

La Révolution s’analyse avec le recul comme une véritable rupture dans tous les domaines : transformation de l’administration, redistribution des richesses, lutte sans merci contre la corruption, action concrète tout autant que symbolique pour la libération de la femme, responsabilisation de la jeunesse, mis à l’écart de la chefferie quand elle n’est pas combattue en tant que responsable de l’arriération des campagnes et de soutien des anciens partis politiques, tentative presque désespérée de faire des paysans un classe sociale soutenant activement la révolution, transformation de l’armée pour la mettre au service du peuple en lui assignant aussi des taches de production, car un "militaire sans formation politique est un assassin en puissance", décentralisation et recherche d’une démocratie directe à travers les CDR, contrôle budgétaire et mise sous contrôle des ministres et la liste n’est pas exhaustive tant l’action engagé a été multiple et diverse.

Développement auto centré

Dès le début de la révolution, le CNR lance le Plan Populaire de Développement. Les provinces déterminent leurs objectifs et doivent trouver les moyens nécessaires pour les atteindre, une méthode que Sankara décrit ainsi : "Le plus important, je crois, c’est d’avoir amené le peuple à avoir confiance en lui-même, à comprendre que, finalement, il faut s’asseoir et écrire son développement ; il faut s’asseoir et écrire son bonheur ; il peut dire ce qu’il désire. Et en même temps, sentir quel est le prix à payer pour ce bonheur."[5]

Au point de vue économique, le CNR va pratiquer l’auto ajustement, les dépenses de fonctionnement diminuent au profit de l’investissement mais aussi la rationalisation des moyens. Mais le prix à payer va être lourd. L’effort Populaire d’Investissement se traduit par des ponctions sur les salaires de 5 à12%, une mesure tempérée cependant par la gratuité des loyers décrétée pendant un an. Une zone industrielle en friche a ainsi par exemple pu être réhabilitée à Ouagadougou.

Il s’agit de promouvoir le développement autocentré, ne pas dépendre l’aide extérieure : "ces aides alimentaires qui nous bloquent, qui inspirent, qui installent dans nos esprits cette habitude, ces réflexes de mendiant, d’assisté, nous devons les mettre de côté par notre grande production ! Il faut réussir à produire plus, produire plus parce qu’il est normal que celui qui vous donne à manger vous dicte également ses volontés"[6].  

Les mots d’ordre "produisons, consommons burkinabé" constituent une des traductions majeures de cette politique.

Ainsi les fonctionnaires sont incités à porter le Faso Dan Fani, l’habit traditionnel, fabriqué à l’aide de bandes de coton tissées de façon artisanale. Une mesure qui a joué un véritable effet d’entraînement, puisque la production du coton a augmenté, mais surtout de très nombreuses femmes se sont mises à tisser dans les cours, leur permettant ainsi d’acquérir un revenu propre les rendant moins dépendantes de leur mari. Les importations de fruits et légumes ont été interdites dans la dernière période pour inciter les commerçants à faire plus d’efforts pour aller chercher la production dans le sud-ouest du Burkina, difficilement accessible plutôt que d’emprunter la route goudronnée allant en Côte d’Ivoire. Des circuits de distribution ont été mis en place grâce à une chaîne nationale de magasins nationale, mais aussi pour atteindre via les CDR les salariés jusque dans leur services.

Précurseur

La défense de l’environnement fait aujourd’hui la une de l’actualité. Déjà à cette époque, Sankara avait pointé les responsabilités humaines de l’avancée du désert dans le Sahel. Le CNR lance dès avril 1985, les trois luttes : lutte contre la coupe abusive du bois, accompagnée de campagnes de sensibilisation pour le développement de l’utilisation du gaz pour la cuisine, lutte contre les feux de brousse et lutte contra la divagation des animaux, reprises non sans parfois quelques mesures coercitives par les CDR

Par ailleurs, partout dans le pays, les paysans se sont mis à construire des retenues d’eau souvent à mains nues pendant que le gouvernement relançait des projets de barrages qui dormaient dans les tiroirs. Sankara interpellait tous les diplomates ou hommes d’Etat leur soumettant inlassablement se projets, pointant les insuffisances de l’aide de La France en la matière alors que les entreprises françaises étaient les principales bénéficiaires des marchés des gros travaux. Il faudrait encore citer les campagnes de popularisation des foyers améliorés économisant la consommation du bois, tandis que le commerce en était régulé, les campagnes de reboisement dans les villages qui devaient prendre en charge l’entretien d’un bosquet sans oublier les plantations d’arbre comme un acte obligé à chaque évènement social ou politique.

La mondialisation, le système financier international, l’omniprésence du FMI et de la Banque Mondiale, la question de la dette des pays du tiers monde sont aujourd’hui des thèmes de combat au niveau international depuis le développement du mouvement dit altermondialiste. Dans un discours sur la dette[7], Sankara développe une analyse largement reprise aujourd’hui : la dette trouve son origine dans les « propositions alléchantes » des « assassins techniques ». Elle est devenue le moyen de « reconquête savamment organisée de l’Afrique, pour que sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangers ». Et il appelle ses pairs à ne pas la rembourser rappelant au passage la dette de sang due après l’envoi des milliers d’africains envoyés combattre l’armée nazie lors de la seconde guerre mondiale. Si le Burkina Faso est effectivement entré en discussion avec le FMI pour obtenir des prêts, la décision a finalement été prise au cours d’une conférence nationale de ne pas signer avec le FMI qui souhaitait imposer ses conditionnalités. Le Burkina s’est alors lancé seul dans la "bataille du rail", la population étant invitée à tour de rôle à venir poser des rails avec les moyens dont disposait le pays. 

Construire la démocratie

Lorsqu’on demande à Sankara ce qu’est la démocratie il répond : "La démocratie est le peuple avec toutes ses potentialités et sa force. Le bulletin de vote et un appareil électoral ne signifient pas, par eux-mêmes, qu’il existe une démocratie. Ceux qui organisent des élections de temps à autre et ne se préoccupent du peuple qu’avant chaque acte électoral, n’ont pas un système réellement démocratique. Au contraire, là où le peuple peut dire chaque jour ce qu’il pense, il existe une véritable démocratie car il faut alors que chaque jour l’on mérite sa confiance. On ne peut concevoir la démocratie sans que le pouvoir, sous toutes ses formes, soit remis entre les mains du peuple ; le pouvoir économique, militaire, politique, le pouvoir social et culturel".

Les CDR créées très rapidement après le 4 août 1983 sont chargés d’exercer le pouvoir du peuple. S’ils ont été à l’origine de nombreuses exactions, et servi de faire de lance contre les syndicats, il n’en reste pas moins qu’ils ont assumé de nombreuses responsabilités bien au-delà de la seule sécurité publique : formation politique, assainissement des quartiers, gestion des problèmes locaux, développement de la production et de la consommation des produits locaux, participation au contrôle budgétaire dans les ministères. Et la liste n’est pas exhaustive. Ils ont même rejeté après débats, plusieurs projets comme celui de "l’école nouvelle" jugée trop radical  Quant à leurs insuffisances, souvent dues aux querelles que se livraient les différentes organisations soutenant la révolution, Sankara était souvent le premier à les dénoncer[8]

Le complot

Ce président d’un type nouveau dont tout le monde veut bien louer aujourd’hui le patriotisme et l’intégrité, l’engagement personnel et le désintéressement était à l’époque devant gênant. Son exemple menaçait le pouvoir des présidents de la région et plus généralement la place de la présence française en Afrique. Le complot va s’organiser inéluctablement. Le numéro deux du régime, le président actuel du Burkina Faso, Blaise Compaoré[9] va s’en charger avec le soutien probable de la France, de la Côté d’Ivoire et de la Lybie. Ainsi selon François Xavier Verschave : Kadhafi et la Françafrique multipliaient les causes communes. Cimentées par l’antiaméricanisme. Agrémentées d’intérêts bien compris. L’élimination du président burkinabé Thomas Sankara est sans doute le sacrifice fondateur. Foccart et l’entourage de Kadhafi convinrent en 1987 de remplacer un leader trop intègre et indépendant au point d’en être agaçant, par un Blaise Compaoré infiniment mieux disposé à partager leurs desseins. L’Ivoirien Houphouët fut associé au complot"[10]. On connaît la suite, l’alliance qui se fait jour via les réseaux françafricains mêlant des personnalités politiques, des militaires ou des affairistes de Côte d’Ivoire, de France, de Libye et du Burkina Faso, pour soutenir Charles Taylor responsable des effroyables guerres civiles qui se dérouleront au Libéria puis en Sierra Leone. Blaise Compaoré participera encore à des trafics de diamants et d’armes pour contourner l’embargo contre l’UNITA de Jonas Savimbi. Aujourd’hui, après avoir abrité les militaires qui créeront les "forces nouvelles", Blaise Compaoré est présenté comme l’homme de la paix dans la région. Entre temps il est vrai c’est créé une Association Française d’Amitié Franco-Burkinabé, présidée par Guy Penne, dans laquelle on retrouve Michel Roussin, ancien des services secrets, condamnés pour des affaires de la mairie de Paris où il officiait aux côtés de Jacques Chirac et le numéro de Bolloré en Afrique, mais aussi Jacques Godfrain, présenté par Verschave comme un proche de Foccart[11]. Avec Pierre André Wiltzer, lui aussi ancien ministre de la coopération, mais membre de l’UDF, et Charles Josselin, lui aussi ancien ministre de la coopération mais socialiste, et nous avons là la françafrique reconstitué.

Tout a été fait pourtant pour effacer Thomas Sankara de la mémoire dans son pays. Rien n’y fait. Inéluctablement, Sankara revient, par le son, les images, les écrits. Internet ne fait qu’amplifier le phénomène. Une nouvelle génération est née qui cherche l’information, questionne, apprend, se mobilise très régulièrement aussi depuis l’assassinat de Norbert Zongo toujours impuni. Et qui commence à demander des comptes à ceux qui ont suivi sans état d’âme Blaise Compaoré jusqu’à aujourd’hui, devenu entre temps un fidèle exécutant des thèses libérales et le successeur d’Houphouët Boigny comme le meilleur allié de la France dans la région.

Cette génération, quelque peu désemparée devant le manque d’alternatives politiques internes, les partis d’opposition n’en finissant pas de se déchirer, souvent d’ailleurs grâce à quelques millions savamment distribués, conserve intact les traditions de lutte de son pays. Et puis une expérience nouvelle se renforce en Amérique Latine. Le Vénézuela multiplie les initiatives en direction de l’Afrique et reprend certains thèmes de la révolution burkinabé mais avec les moyens de son pétrole en plus. L’espoir doit revenir mais il convient auparavant de bien s’imprégner des réalités et des difficultés auxquelles a été confrontée la révolution burkinabé.

Bruno Jaffré

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Du même auteur, en octobre 2014 :

Thomas Sankara, précurseur des luttes d’aujourd’hui

Sanka_2306.jpgDe l’Islande à l'Amérique latine des Chavez et Maduro (Venezuela), Evo Morales (Bolivie) et José Mujica (Uruguay), en passant par les pays arabes, les révolutions sont à l’ordre du jour, prenant des formes différentes, des contenus différents, évoluant vers des victoires ou des échecs, sans que rien ne soit jamais acquis. Dans d’autres pays, à travers tous les continents, les peuples se mettent en mouvement, s’organisent, résistent et luttent pied à pied. Ce que nous proposons ici, c’est de prendre un peu de recul sur cette actualité et de nous plonger dans les paroles de Thomas Sankara, le leader de la révolution africaine qui a marqué la fin du 20ème siècle, la Révolution démocratique et populaire. Car ce sont les mêmes ennemis qu’affrontait le peuple du Burkina Faso : les multinationales, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et leurs complices locaux.

La révolution du Burkina est, en réalité, mal connue, si ce n’est à travers la personnalité de Thomas Sankara, très prisée sur le continent africain. Les T-shirts à son effigie ont fait leur apparition, les artistes de toute discipline s’en inspirent, la jeunesse s’en réclame de plus en plus. Internet a bien sûr favorisé ce phénomène, tout en le confinant dans une imagerie superficielle. Il importe de transformer cette popularité, dont on ne saurait se plaindre, en une appropriation progressive plus approfondie de sa pensée et des leçons de son action, de ses échecs et de ses réussites.

Car, en réalité, Thomas Sankara était un précurseur des luttes d’aujourd’hui. Sur deux thèmes centraux, on peut même dire vitaux de notre époque, la préservation de la planète et la lutte contre la dette illégitime, que l’on veut faire supporter par les peuples.

Ainsi, le Conseil national de la révolution (CNR) lance, dès avril 1985, trois luttes : lutte contre la coupe abusive du bois, accompagnée de campagnes de sensibilisation pour le développement de l’utilisation du gaz pour la cuisine, lutte contre les feux de brousse et lutte contre la divagation des animaux. Les Comités de défense de la révolution (CDR) se chargent de traduire ses mots d’ordre dans la réalité, non sans parfois quelques mesures coercitives.

Par ailleurs, partout dans le pays, les paysans se sont mis à construire des retenues d’eau, souvent à mains nues, pendant que le gouvernement relançait des projets de barrages qui dormaient dans les tiroirs. Sankara interpellait tous les diplomates ou hommes d’État, leur soumettant inlassablement ses projets, pointant les insuffisances de l’aide de la France, alors que les entreprises françaises étaient les principales bénéficiaires du marché des gros travaux. Parmi les autres trains de mesures, signalons les campagnes de popularisation des foyers améliorés, économisant la consommation du bois, ou les campagnes de reboisement dans les villages, qui doivent prendre en charge l’entretien d’un bosquet. Par ailleurs, chaque évènement social ou politique devait être accompagné de plantations d’arbres[1].

La mondialisation, le système financier international, l’omniprésence et les diktats du FMI et de la Banque mondiale, la question de la dette des pays du Tiers Monde sont aujourd’hui aussi au centre des problèmes internationaux et des mobilisations citoyennes, atteignant maintenant les pays européens.

En précurseur, Sankara développe, dans un discours sur la dette publié plus loin, une analyse largement reprise aujourd’hui. Et il appelle ses pairs à ne pas la rembourser, rappelant au passage la dette de sang due après l’envoi, par dizaines de milliers, d’Africains pour combattre l’armée nazie lors de la Seconde Guerre mondiale. Si le Burkina Faso avait entamé des discussions avec le FMI, il déclinera la conclusion d’un accord. Le Fonds refusa de financer la construction du chemin de fer vers le nord. Le pays s’est alors lancé seul dans la « bataille du rail », avec l’aide de Cuba et les moyens dont disposait le pays, la population étant invitée à tour de rôle à venir poser des rails.

Thomas Sankara rappelait à qui voulait l’entendre que les premiers objectifs étaient de donner à la population de l’eau potable, une alimentation saine, la santé, l’éducation, des loisirs, des logements décents, etc. Des objectifs pragmatiques, alors que la direction de la révolution se déchire en 1987 sur des querelles idéologiques. On réalisera plus tard, lorsque fut retrouvée l’intervention que devait prononcer Thomas Sankara le jour où il a été assassiné, qu’il s’agissait pour certains de ces idéologues dogmatiques de pouvoir surtout bénéficier de leurs positions aux plus hautes sphères de l’État, pour s’enrichir.

Au début des années 1980, le Haute-Volta, ancienne colonie française, traverse une grave crise des finances publiques, doublée d’une crise politique. Différents régimes se sont succédé depuis l’indépendance sans remettre en cause le système néocolonial. L’écrasante majorité de la population, en ville comme à la campagne, survit dans la pauvreté. La tâche est immense, la Haute-Volta figure parmi les pays les plus pauvres du monde.

Sur quelles forces s’appuyer ? Thomas Sankara regroupe par son charisme personnel et sa clairvoyance politique une nouvelle génération de jeunes officiers, aspirant à un changement radical, tout en développant des relations avec des cercles de jeunes intellectuels marxistes. Ceux-ci, anciens étudiants ayant souvent milité au sein de la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France), contribuent à la création d’organisations clandestines. Les salariés des villes se mobilisent dans les syndicats, où s’aguerrissent les militants de ces organisations susmentionnées, qui en prennent, ici ou là, la direction. Pour le reste, pays rural à 90%, souvent sous l’influence de la chefferie, la population était jusqu’ici spectatrice et plutôt fataliste, après avoir constaté combien les différents pouvoirs qui s’étaient succédé ne s’intéressaient guère à leurs difficultés.

Sans la participation active de la population, rien n’était donc possible, car le budget de l’État ne permettait que peu d’investissements, et le pouvoir était décidé à ne pas céder aux diktats du FMI et de la Banque mondiale.

Pour Thomas Sankara, gagner la confiance de son peuple était une des tâches primordiales du début de la révolution, un gage de son succès.

Le plus important, je crois, c’est d’avoir amené le peuple à avoir confiance en lui-même, à comprendre que, finalement, il faut s’asseoir et écrire son développement ; il faut s’asseoir et écrire son bonheur ; il peut dire ce qu’il désire. Et en même temps, sentir quel est le prix à payer pour ce bonheur[2].

Cette citation, extraite d’un film, révèle en quelque sorte la pédagogie de Thomas Sankara, une qualité peu soulignée. Or il exprime ici une démarche qui l’a guidé dès la prise du pouvoir. Il l’avait déjà exprimée, en des termes voisins, quelques jours avant qu’il ne prenne le pouvoir[3].

Et, sur cet aspect comme sur beaucoup d’autres, il fait ce qu’il dit ou en tout cas tente de le faire. Dès les pouvoirs provinciaux mis en place, après une réforme administrative de décentralisation rondement menée, la population est amenée à se réunir et à se fixer des objectifs réalistes en recherchant d’abord ce qu’elle peut elle-même réaliser, en grande partie par ses propres moyens.

C’est ainsi qu’est conçu l'ambitieux Programme populaire de développement (PPD), dès octobre 1984, dont la réalisation est programmée jusqu'en décembre 1985. L'objectif affiché est d'améliorer les conditions de vie de la population et d'augmenter les infrastructures du pays : barrages, retenues d'eau, magasins populaires, dispensaires, écoles, routes, cinémas, stades de sport, etc.

Une fois bouclé le PPD, le gouvernement travaille sans attendre à la conception du premier plan quinquennal en s’appuyant sur les enseignements tirés de ce premier plan expérimental. Réalisé entre 70 et 80%, son principal mérite, en dehors de ses nombreuses réalisations, aura été d’inventorier les besoins, de mieux évaluer les coûts, mais aussi la capacité d’autofinancement.

Les succès de la révolution sont certes dus en partie à la créativité, au charisme, à la vision politique, aux qualités de dirigeant de Sankara, mais aussi à cette démarche, osons le mot, « participative », en réalité les prémices d’une véritable démocratie. Il s’en est suivi de multiples réalisations, en termes de production, de construction d’infrastructures de toute sorte, barrages et retenues d’eau, écoles, dispensaires, etc. Au-delà des preuves qui n’ont pas tardé à être avancées quant à la volonté du pouvoir révolutionnaire de stopper la corruption, à travers notamment les tribunaux populaires, le pouvoir a convaincu par cette démarche et ses premiers succès de son engagement à vouloir améliorer les conditions de vie de la population. On pourrait citer aussi les dégagements de fonctionnaires corrompus ou champions de l’absentéisme, mais ceux-ci ont aussi donné lieu à quelques excès, notamment au plus fort des luttes politiques entre les différentes organisations engagées dans la révolution, ou contre certains opposants.

Le pays a pu ainsi résolument s’engager dans son auto-développement ou développement autocentré. Les dépenses de fonctionnement diminuent au profit de l’investissement, en même temps qu’une rigueur implacable s’attache à rationnaliser les maigres ressources. L’économie ne doit pas s’appuyer sur les exportations – rajoutons pour payer la dette –, ce que cherche à imposer le FMI et la Banque mondiale et que refuseront les révolutionnaires burkinabè, mais sur l’exploitation des ressources internes. La production agricole va considérablement augmenter, alors que le gouvernement lance des tentatives de réindustrialisation. Il s’agit de produire la valeur ajoutée dans le pays, créer des filières, s’appuyer sur la transformation des matières premières au lieu de les exporter brutes, ce qui passe par la sollicitation, souvent volontariste, du marché intérieur. Tel est le sens du mot d’ordre « produisons, consommons burkinabè ». Les importations de fruits et légumes sont interdites dans la dernière période pour obliger les commerçants à prendre les pistes de villages burkinabè dans le sud-ouest du Burkina, difficilement accessibles, plutôt que d’emprunter la route goudronnée allant en Côte d’Ivoire. Des circuits de distribution ont été mis en place grâce à une chaîne nationale de magasins sur tout le territoire, mais aussi pour atteindre, via les CDR, les salariés jusque dans leurs services.

L’Effort populaire d’investissement se traduit par des ponctions sur les salaires de 5 à 12%, une mesure tempérée cependant par la gratuité des loyers décrétée pendant un an. Il s’agit de ne pas dépendre de l’aide extérieure car « il est normal que celui qui vous donne à manger vous dicte également ses volontés[4]. » 

Ce qui ne va pas manquer de créer des contradictions, puisque ce sont les salariés qui sont sollicités en premier. Les fonctionnaires sont incités à porter le faso dan fani, l’habit traditionnel, fabriqué à l’aide de bandes de coton tissées de façon artisanale. Une mesure qui a joué un véritable effet d’entraînement, puisque la production du coton a augmenté. Mais surtout de très nombreuses femmes se mettent à tisser chez elles, accédant ainsi à l’indépendance économique.

Aux critiques concernant ces retenues sur salaires et autres cotisations, Thomas Sankara répond qu’il est injuste que ceux-ci reçoivent régulièrement un salaire, contrairement aux agriculteurs. Là encore, dans la redistribution des richesses, la révolution est rapidement passée de la parole aux actes. En plus des salariés, les commerçants et quelques entrepreneurs seront dans l’obligation de contribuer au développement du pays.

Au-delà des questions économiques, la révolution va se traduire comme une véritable rupture dans tous les domaines. Citons, en plus de ce qui a déjà été relevé : transformation de l’administration, lutte sans merci contre la corruption, action concrète tout autant que symbolique pour la libération de la femme, responsabilisation de la jeunesse, ce qui libérera toute son énergie, mise à l’écart de la chefferie, quand elle n’est pas combattue en tant que responsable de l’arriération des campagnes et soutien des anciens partis politiques, tentative presque désespérée de faire des paysans une classe sociale soutenant activement la révolution, transformation de l’armée pour la mettre au service du peuple en lui assignant aussi des tâches de production, car un « militaire sans formation politique est un assassin en puissance », décentralisation et recherche d’une démocratie directe à travers les CDR, contrôle budgétaire et mise sous contrôle des ministres. Et la liste n’est pas exhaustive, tant l’action engagée a été multiple et diversifiée.

Lorsqu’on demande à Sankara ce qu’est la démocratie il répond :

La démocratie est le peuple avec toutes ses potentialités et sa force. Le bulletin de vote et un appareil électoral ne signifient pas, par eux-mêmes, qu’il existe une démocratie. Ceux qui organisent des élections de temps à autre et ne se préoccupent du peuple qu’avant chaque acte électoral, n’ont pas un système réellement démocratique. Au contraire, là où le peuple peut dire chaque jour ce qu’il pense, il existe une véritable démocratie, car il faut alors que chaque jour l’on mérite sa confiance. On ne peut concevoir la démocratie sans que le pouvoir, sous toutes ses formes, soit remis entre les mains du peuple ; le pouvoir économique, militaire, politique, le pouvoir social et culturel[5].

Les CDR sont chargés d’exercer le pouvoir du peuple. S’ils ont été à l’origine d’exactions et servi de fer de lance contre les syndicats, il n’en reste pas moins qu’ils ont assumé de nombreuses tâches, bien au-delà de la seule sécurité publique : formation politique, assainissement des quartiers, gestion des problèmes de voisinage, développement de la production et de la consommation des produits locaux, participation au contrôle budgétaire dans les ministères, etc. Ils ont même rejeté, après débats, plusieurs projets comme celui de « l’école nouvelle » jugée trop radical. Quant à leurs insuffisances, souvent dues aux querelles que se livraient les différentes factions soutenant la révolution, Sankara était souvent le premier à les dénoncer.

Dernier élément et non des moindres, Thomas Sankara portait haut la voix des opprimés dans les instances internationales, redonnant fierté à son peuple, rappelant sans cesse l’oppression que subissaient les Noirs d’Afrique du Sud et les Palestiniens, avec la complicité des puissances occidentales, dénonçant sans répit l’impérialisme, comme le montre son discours à l’ONU publié en partie ci-après. Il fit campagne pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, un affront que les dirigeants français ne lui pardonneront pas.

Ce président d’un type nouveau était à l’époque devenu gênant pour les puissances occidentales. Son exemple menaçait les pouvoirs des présidents de la région et plus généralement la présence française en Afrique.

Le complot va s’organiser inéluctablement. Le numéro deux du régime, le Président actuel du Burkina Faso, Blaise Compaoré, va s’en charger avec le soutien de la France, de la Côte d’Ivoire et de la Libye. On connaît la suite : l’alliance qui se fait jour via les réseaux françafricains mêlant des personnalités politiques, des militaires ou des affairistes de Côte d’Ivoire, de France, de Libye et du Burkina Faso, pour soutenir Charles Taylor, responsable des effroyables guerres civiles qui vont éclater au Libéria puis en Sierra Leone.

Tout a été tenté pour effacer Thomas Sankara de la mémoire dans son pays. Rien n’y fait. Inéluctablement, Sankara revient, par le son, les images, les écrits. Internet ne fait qu’amplifier le phénomène. Aujourd'hui son rayonnement, de par sa vision de précurseur, notamment sur les questions de l’environnement, le système financier international et la dette, atteint désormais les militants écologistes et anticapitalistes des pays occidentaux.

Puisse ce modeste recueil d’extraits de discours, douloureusement choisis, permettre de leur donner un rayonnement à la mesure de leur importance.

Bruno Jaffré, auteur d’ouvrages sur la révolution burkinabè, est un des animateurs du site thomassankara.net et de la campagne « Justice pour Sankara. Justice pour l’Afrique ».


[1] Nombre de ces mesures semblent issues du rapport « La République Populaire et Démocratique de Haute-Volta n’est pas ‘en voie de développement’ mais ‘en voie de destruction’ », rapport de René Dumont et Charlotte Paquet, PNUD, janvier avril 1984. René Dumont est le précurseur de l’écologie politique et était « persona non grata » en Afrique tropicale francophone, pour ses livres très critiques sur le développement en Afrique.

[2] Extrait d'une interview dans le film Fratricide au Burkina, Sankara et la Françafrique de Thuy-Tiên Ho et Didier Mauro, production ICTV Solférino, France, 2007.

[3] Voir l’annexe de Biographie de Thomas Sankara, la patrie ou la mort de Bruno Jaffré, L’Harmattan, Paris, 2007, p. 333.

[4] Discours prononcé devant 1ère conférence nationale des CDR le 4 avril 1986.

[5] Idem.

Graf Sankara


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23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 13:01

Où va la CGT ? - 22 octobre 2009

22 octobre : deux manifs imbriquées l'une dans l'autre

Du monde, pas mal de monde aujourd'hui. Peut-être pas les 30 000 revendiqués par la Conf', mais pas mal de monde.
Du monde des quatre coins de la France, de toutes les usines. Un cortège ouvrier, populaire. Une multitude de banderoles d'entreprises, touchées le plus souvent par un plan de restructuration. Mais pas vraiment de gros cortège significatif. Les cortèges sortaient du cadre habituel des délégués, mais quelques dizaines de personnes au plus par entreprise. Les Freescale étaient une trentaine, un peu comme les Ford, les diverses entreprises de Renault etc. Seuls les Conti étaient assez nombreux, avec deux autocollants de lutte, l'un contre la répression, l'autre pour l'interdiction des licenciements... et ils ont aussi retapissé le lion de Denfert d'autocollants des pneus dont ils ont manifestement récupéré le stock, très joli pelage jaune et noir pour la bestiole qui avait pris une nouvelle jeunesse ! [on espère vous mettre bientôt une photo en ligne..]

Mais une impression bizarre dans cette manif, surtout si on la compare à celle du 17 septembre. Ce jour-là, c'était clair et net, une manifestation de lutte de classe, dure, offensive, optimiste.
Aujourd'hui, bien différent. D'un côté, le volet traditionnel des journées bidon de la CGT. Le cortège qui avance par régions, bien calibré par les voitures sonos éparpillées au fil de la manif pour scander les mots d'ordre confédéraux (défense de l'industrie etc...) mots d'ordre que personne ne reprend. Et qui va permettre à la direction confédérale de plastronner dans les médias.

De l'autre B. Thibault qui se fait huer, siffler, couvrir par les pétards en rafale, une véritable bronca pendant son discours [et pas seulement du fait des Conti comme le rapporte la presse, on ne citera pas de nom, mais on était là !], à tel point que le service d'ordre (la quarantaine de gros bras et petites têtes habituels, tous en noir crâne rasés - carrément style mafieux) doit littéralement "l'exfiltrer" à la fin du discours pour éviter la rencontre avec des manifestants particulièrement remontés... On a bien entendu "Thibault démission" haut et fort repris par tous les premiers rangs !
Et puis dans tous les cortèges, entre les voitures sono confédérales, les cortèges d'entreprise avec banderoles "interdiction des licenciements", "non aux licenciements" et toutes les variantes qui expriment au fond la haine croissante de la classe ouvrière contre la règle du jeu du capital, alors que les milliards coulent à flot pour les banques et les patrons.

On sentait de manière palpable le décalage croissant entre la base militante et la direction confédérale, mais aussi que ce décalage ne produisait pas encore de rupture nette.
Par exemple, le projet de banderole unique pour regrouper tous les secteurs en lutte et combatifs autour du mot d'ordre "Interdiction des licenciements", proposé initialement par les camarades de la CGT GM Strasbourg n'a pas pu se faire.
Pourquoi ? A notre avis, parce qu'il aurait fallu assumer ouvertement "d'aller au baston" contre la direction confédérale. Si une telle banderole reste "tolérable" pour une entreprise isolée, le fait d'apparaître regroupés, en opposition ouverte avec la direction confédérale est encore impossible pour nombre de camarades.

Alors, bien sûr tout au long de la manif, on a vu la répétition du mot d'ordre. Mais éparpillés, isolés, les uns à côté des autres.
Et l'heure est au regroupement, à marcher au combat en rangs serrés et organisés contre la direction réformiste qui nous fait tant de mal. Il ne s'agit pas de faire pression, il s'agit de s'affronter : "des ennemis qui se cachent, pas des amis qui se trompent", c'est notre formule. Il ne s'agit pas seulement de siffler Thibault (ce qui ne fait pas de mal par ailleurs !!!), mais de se regrouper pour proposer une orientation syndicale de classe face à la direction confédérale.

C'est ce que font les camarades de Continental.
C'est ce qu'on fait les camarades de la SEVA sur l'emploi industriel.
C'est ce qu'on fait les camarades de Saint-Gobain pour les sans-papiers.
C'est dans ce sens qu'il faut aller, et c'est de cela qu'il faut discuter à la réunion syndicale de ce Samedi 24 Octobre, à 14h, au CICP, 21ter rue Voltaire 75011 PARIS.

[Ca craque, ça craque de toute part dans le mammouth syndicalo-réformiste de la CGT... Bientôt les travailleurs comprendront qu'il n'y a plus rien à attendre non seulement de la direction, mais du TYPE D'ORGANISATION lui-même - les 93% de non-syndiqués que compte le salariat de France l'ont déjà compris...
Que dès maintenant s'organisent les Comités de Base pour une nouvelle CGTU !!!

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L'affaire Dieudonné-Valls :
Plutôt bon article sur la ‘Déclaration de guerre de la République à Dieudonné’ (la pseudo-controverse réactionnaire entre l’antisémite dégénéré et les gardiens du temple républicain)
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Dossier Breizh :
Breizh : comment l'étincelle écotaxe a mis le feu à la lande
"Esclave", "identitaire", chouan, cul-terreux arriéré de service : pour paraphraser Césaire, "n'allez pas le répéter, mais le Breton il vous EMMERDE"
Considérations diverses – en guise de ‘‘petit debriefing’’ de ces derniers mois : Bretagne, fascisme, ‘‘Lumières’’ et Kaypakkaya… (point 1)
Considérations diverse (26/11/2013) : eh oui, Servir le Peuple a toujours quelques petites choses à vous dire ;-) (point 1)
Appel de la gauche indépendantiste bretonne (Breizhistance) pour le 30 novembre (avec notre critique de la position du ROCML)
Le Top Five des drapeaux qui n'ont PAS été inventés par un druide nazi  (mortel !)
Et en guise (provisoire) de conclusion : La Gauche indépendantiste bretonne revient sur la mobilisation de Karaez/Carhaix

Comité de Construction du PCR des Terres d'Òc : Déclaration du 11 Novembre

La phrase du moment :

"La tyrannie cessera parmi mon peuple ; il n'y aura que liberté, liberté toute nue, sans déguisement. Bouleversements d’États entiers : je les renverserai de fond en comble, il n'y aura rien de reste. Il va y avoir de terribles renversements de conditions, de charges et de toutes choses. Je veux faire un monde nouveau, je veux tout détruire. Je veux appeler à moi la faiblesse, je veux la rendre forte. Pleurez gens du monde, pleurez grands de la terre, vos puissances vont tomber. Rois du monde, vos couronnes sont abattues !"

Élie Marion, "prophète" et guérillero camisard cévenol, 1706.

Amb l'anma d'un Camisart, Pòble trabalhaire d'Occitània endavant !

 

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Guerre pop' - Asie du Sud :

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Comité de Soutien à la Révolution en Inde

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Fil d'actu "Inde - Népal" du Secours Rouge - APAPC

J. Adarshini (excellent site en français)

Revolution in South Asia (en anglais)

Maoist Resistance (guérilla maoïste indienne - en anglais)

NaxalRevolution (Naxalite Maoist India, en anglais)

Banned Thought (en anglais)

Indian Vanguard (en anglais)

The Next Front (Népal - anglais)

Signalfire (sur la GPP en Inde et aux Philippines, le Népal et les luttes populaires dans le monde - en anglais)

Communist Party of India (Marxist-Leninist) Naxalbari (a fusionné avec le PC d'Inde maoïste le 1er mai 2014)

New Marxist Study Group (maoïste, Sri Lanka)

Parti communiste maoïste de Manipur (page Facebook)

 

Guerre pop' - Philippines :

Philippine Revolution (en anglais)

The PRWC Blogs

(tous deux remplacés apparemment par ce site CPP.ph avec notamment les archives d'Ang Bayan, l'organe officiel du Parti)

Solidarité Philippines

Fil d'actu "Philippines" du Secours Rouge - APAPC

 

Guerre pop' & Luttes armées - Amérique latine :

CEDEMA - actualité des mouvements armés en Amérique latine (+ qqs documents historiques)

 

Nuevo Peru (Pérou, basé en Allemagne, en castillan et allemand principalement)

Guardias Rojos (Pérou, page FB)

Fil d'actu "Amérique latine" du Secours Rouge - APAPC

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Autres documents théoriques

 

Récapitulatif des "grandes thèses" de Servir le Peuple


À lire également, les Considérations Diverses, petits "billets" trop courts pour faire un article et donc regroupés par trois, quatre ou plus, exprimant notre CONCEPTION DU MONDE sur toute sorte de sujets. 


Même étude sur l'État espagnol (1 et 2) ; le Royaume-Uni (1 et 2) et l'Italie.

 

APRÈS 8 SÈGLES… (Huitième centenaire de la bataille de Muret 1213 & DÉCLARATION FONDATRICE de notre Comité de Construction du PCR-Òc)

 

 






 

 

 


 


 

 

Le 'centre mlm' de Belgique, la Guerre populaire et le (n)PCI (sur la stratégie révolutionnaire en pays impérialiste) ; et dans la continuité :

Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (1ère partie)

et Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (2e partie)

 

 

 

EXCLUSIF : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970) [avec un salut rouge et fraternel à l'AA Bordeaux ]

Manifeste Programme du (n)PCI

Présentation

du chap. 1 du Manifeste pour les lecteurs/trices francophones (valable pour tout le Manifeste)

 

(Chapitre I): PDF - WORD

 

 

 MANIFESTE COMPLET

(version non-définitive ; chap. 4 et 5 pas encore validés par les camarades italiens)

 

IMPORTANT pour la compréhension du Manifeste :

La crise actuelle, une crise par surproduction absolue de capital (en PDF)

article de 1985 paru dans Rapporti Sociali n°0

[en bas de la page en lien, icône
PDF - Télécharger le fichier pour télécharger le document]

Autres analyses d'actualité









Situation décisive au Népal 

En matière de conclusion sur la situation au Népal, et ses répercussions dans le Mouvement communiste international 

Questions-réponses sur la situation au Népal

 

Discussion sur la "gauche" en Amérique latine et la bourgeoisie bureaucratique

 

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria : l'analyse d'un communiste abertzale

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 2e partie

Sur la liquidation réformiste en Euskal Herria, 3e et dernière partie  

 

 

 

 


Considérations diverses 03-2013 - et un peu de polémique/critique, ça fait pas de mal ! (sur Chavez, le 'bolivarisme', le 'fascisme' de celui-ci et autres choses...)

Autres articles historiques

 

25 avril 1945 : le Peuple italien terrasse le fascisme

 

 


 




Et en guise de récapitulatif/synthèse : Considérations diverses sur les États, les Nationalités, la Subsidiarité et le Pouvoir populaire ; ici (point 1) : Considérations diverses – fin octobre 2013 : État et révolution bourgeoise et ici : Considérations diverses : 1/ Le cœur des nations est aujourd’hui le Peuple